Page:Zola - Travail.djvu/493

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l’électricité ne coûterait presque plus rien, nous pourrions la donner à tous, la répandre, en faire le victorieux agent du bien-être universel.  »

Il s’enthousiasmait, il se grandissait sur ses petits pieds, avec des gestes passionnés, lui si muet, si réfléchi d’ordinaire.

«  Le jour doit venir où l’électricité sera à tout le monde, comme l’eau des fleuves, comme le vent du ciel. Il faudra non seulement la donner, mais la prodiguer, laisser les hommes en disposer à leur guise, ainsi que de l’air qu’ils respirent. Elle circulera dans les villes telle que le sang même de la vie sociale. Dans chaque maison, il y aura de simples robinets à tourner, pour qu’on ait à profusion la force, la chaleur, la lumière, aussi aisément qu’on a aujourd’hui l’eau de source. Et, la nuit, dans le ciel noir, elle allumera un autre soleil, qui éteindra les étoiles. Et elle supprimera l’hiver, elle fera naître l’éternel été, en réchauffant le vieux monde, en montant fondre la neige, jusque dans les nuages… C’est pourquoi je ne suis pas très fier de ce que j’ai fait, un bien petit résultat, à côté de ce qu’il reste à conquérir  » Et il conclut, d’un air de tranquille dédain  :

«  Je ne peux pas même encore mettre en œuvre, pratiquement mes fours électriques pour la fonte du fer. Ils sont toujours des fours de laboratoire, des fours d’expérience. L’électricité reste trop chère, il faut attendre que l’emploi en soit rémunérateur, et pour cela, je le répète, elle doit ne pas plus coûter que l’eau des fleuves et l’air du ciel… Quand je la pourrai donner à flots, sans compter mes fours transformeront la métallurgie. Et je connais bien l’unique chemin, je me suis remis au travail.  »

La fête de nuit fut merveilleuse. Les danses et les chants avaient repris, dans les halles étincelantes, où tout le peuple célébrait les noces. Ce qui éclatait dans