Page:Zola - Travail.djvu/667

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moi, le grand-grand-papa, tu m’aimes bien, mon Grégoire, tu voudras toujours être sage et beau n’est-ce pas  ? quand tu te souviendras de moi… Baise-moi, baise-moi très fort.  »

Et, pour finir, il prit les deux derniers, Clément et Luce, le frère et la sœur, l’un sur le genou droit, l’autre sur le genou gauche. Clément avait cinq ans, Luce avait deux ans. Ils étaient nés de Ludovic Boisgelin et de Mariette Froment. Mais ici les souvenirs se levaient en foule, avec Ludovic, fils de Paul Boisgelin et d’Antoinette Bonnaire, avec Mariette, fille d’Hilaire Froment et de Colette, la délicieuse, l’aînée de Nanet et de Nise. Les Delaveau, les Boisgelin, les Bonnaire, mêlés aux Froment, renaissaient sous ces fronts purs, aux légers cheveux bouclés.

«  Venez, venez, petit Clément, petite Luce, mes chers amours. Si vous saviez tout ce que je retrouve, tout ce que je lis au fond de vos yeux clairs  ! … Petit Clément, tu es déjà très bon et très fort, oh  ! je le sais, je suis renseigné par grand-père Hilaire, qui est bien content de t’entendre toujours rire… Et toi, petite Luce, si petite, parlant à peine, on te sait tout de même une brave petite femme, car tu ne pleures jamais, tu tends gaiement tes menottes au bon soleil… Il faut aussi me baiser, vous deux, mes beaux enfants adorés, le meilleur de ce que je vais laisser de moi, toute ma force et toute mon espérance  !   »

Les autres s’étaient rapprochés, il aurait voulu avoir les bras assez longs, pour tous les prendre et les serrer tous sur son cœur. C’était à eux qu’il confiait l’avenir, il leur léguait son œuvre, comme à des forces nouvelles qui devaient la revivre et l’élargir sans fin. Toujours il s’en était remis aux enfants, aux générations futures pour achever l’œuvre du bonheur. Et ces chers enfants nés de lui, et dont il était si tendrement entouré, dans la paix sereine de sa dernière heure, quel testament de