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Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/109

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En leur pays d’or immobile, où le bonheur
Descend, sur les rives de fleurs entr’accordées
Elles dresseront les hautes idées,
En sainte-table, pour mon cœur.[1]

La certitude de la guérison se fait de plus en plus sentir. À mesure qu’approche le soleil sauveur, le brouillard se dissipe. Le poète n’ignore plus qu’il a vagué dans l’ombre comme en les galeries d’une mine, ni qu’il s’était creusé un inextricable labyrinthe dans le dur rocher de la haine, au lieu de suivre, parmi les hommes, le grand chemin dans la lumière. Et voici que surgit, éclatant et joyeux, dominant la voix timide de l’espérance et de la prière, le triomphe soudain de la certitude. Pour la première fois, Verhaeren trouve la forme du poème de l’avenir : le dithyrambe. Là, où jadis hurlait au perdu dans la solitude la plainte de la douleur, où sonnait son « carillon noir », toutes les cordes du cœur vibrent et chantent à présent.

Sonnez toutes mes voix d’espoir !
Sonnez en moi ; sonnez, sous les rameaux,
En des routes claires et du soleil.[2]

  1. « Les Saintes » (les Apparus dans mes chemins).
  2. « Saint Georges » (idem.)