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Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/290

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une étude raisonnée des lois de la pesanteur conduiront le philosophe à l’unité de la connaissance. Le poète, lui, ne discernera l’évolution du monde vers l’harmonie et l’unité qu’à travers une extase et dans un enthousiasme débordant. Dans sa propre admiration, il reconnaîtra une loi cosmique ; il fera de son lyrisme une condition vitale. Pour le poète « toute la vie est dans l’essor ». Verhaeren, qui ne décrivit jamais les choses dans leur état statique, mais dans leur activité interne, ne conçoit l’univers que dans une agitation perpétuelle et passionnelle.

La passion a toujours gouverné ses rapports avec le monde extérieur. Il s’est échauffé au contact de la vie, comme un amoureux en présence de la femme qu’il désire. Seule le satisfait la possession de ce pour quoi il a lutté. Nous n’avons aucune action sur les choses, tant que nous nous bornons à les regarder avec un calme insouciant comme nous considérerions un spectacle, un tableau qui se déroulerait à nos yeux. Pour saisir les rapports qu’elles ont avec nous, les liens qui rattachent le poète à l’univers, et tous les hommes entre eux, il faut passer de l’analyse à l’évaluation, il faut ressentir une sympathie ou une antipathie personnelles. Déjà,