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Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/296

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Les moindres phénomènes prennent de l’importance, pour qui les considère avec sympathie. Et plus ils nous paraissent considérables, plus notre vie s’élargit, plus notre moi se développe dans l’infini. L’œuvre éthique suprême, pour un homme vraiment supérieur, sera de découvrir, dans chaque objet, la plus haute valeur qu’il recèle, de dégager cette valeur des obstacles dont l’entourent l’indifférence ou l’antipathie. La sublime grandeur d’un noble enthousiasme sera de ne point s’effrayer des résistances que la réalité semble lui opposer. Lorsque la beauté en est absente, on y découvre une force qui, par sa puissance, atteint encore à la beauté. Si la nature nous paraît parfois étrangère et laide, dans le sens que nous avons admis jusqu’ici, ce sera pour nous une œuvre admirable que de trouver en elle une signification esthétique nouvelle. Découvrir, dans un monde nouveau, ces attraits ignorés, voilà l’œuvre considérable d’un effort poétique qui parvient de l’état d’inconscience à l’état de conscience, qui, de la connaissance, s’élève jusqu’à la loi.

Verhaeren a compris le caractère sublime de ces grandes villes qui paraissent à tous stériles et déplaisantes ; tous les poètes avaient horreur