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Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/84

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cette douleur du contact jusqu’à la réduire à un sentiment. Il lui faut un système nerveux plus affiné que celui des autres hommes. Là où ceux-ci ne sentent rien ou ne reçoivent qu’une impression confuse, il doit avoir déjà une perception claire, accompagnée de sentiment, pouvoir en déterminer la valeur et vibrer en concomitance. À chaque excitation, dès les premiers livres de Verhaeren, correspond une réaction d’espèce toute particulière. Son sentiment, à vrai dire, ne se déclanche que selon des excitations fortes, intensives, aiguës. La finesse de sa perception n’a rien d’anormal ; l’énergie du choc en retour est seule remarquable. Ses premières excitations d’ordre artistique, venues des paysages flamands, n’impressionnent que sa rétine : éclat des couleurs et charme plastique. C’est dans les Moines que se cristallise pour la première fois un sentiment délicat des nuances psychiques.

Sur ces entrefaites la vie extérieure de Verhaeren se trouva transformée. Il se détourna de la nature et résolut de se cultiver : il y subit des excitations différentes qui devaient susciter d’autres réactions. Il avait fait de grands voyages et connu Paris, Londres, l’Es-