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Pauvres fleurs/Aveu d’une Femme

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Pour les autres éditions de ce texte, voir Aveu d’une femme.

Pauvres fleursDumont éditeur Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 35-38).



AVEU D’UNE FEMME.


Savez-vous pourquoi, madame,
Je refusais de vous voir :
J’aime ! et je sens qu’une femme,
Des femmes craint le pouvoir.
Le vôtre est tout dans vos charmes,
Qu’il faut, par force, adorer ;
L’inquiétude a des larmes :
Je ne voulais pas pleurer.


Quelque part que je me trouve,
Mon seul ami va venir ;
Je vis de ce qu’il éprouve ;
J’en fais tout mon avenir :
Se souvient-on d’humbles flammes,
Quand on voit vos yeux brûler ?
Ils font trembler bien des âmes ;
Je ne voulais pas trembler.

Dans cette foule asservie,
Dont vous respirez l’encens,
Où j’aurais senti ma vie,
S’en aller à vos accens,
Celui qui me rend peureuse,
Moins tendre, sans repentir,
M’eut dit : « N’es-tu plus heureuse ? »
Je ne voulais pas mentir.

Sous l’éclat de vos conquêtes,
Si votre cœur s’est donné,

Triste et fier au sein des fêtes,
N’a-t-il jamais frissonné ?
La plus tendre, ou la plus belle,
Aiment-elles sans souffrir ?
On meurt pour un infidèle :
Je ne voulais pas mourir.