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Petit cours d’histoire de Belgique/p11/ch1

La bibliothèque libre.
Maison d'édition Albert De Boeck (p. 161-165).



CHAPITRE I

Révolution de 1830.


1. Explosion de la révolte. — En présence des injustices du roi Guillaume, les catholiques et les libéraux constituèrent un puissant parti national, l’Union pour le redressement des griefs. Le renvoi du ministre Van Maanen fut réclamé, car il passait pour l’inspirateur des mesures iniques du gouvernement. Le roi s’y refusa.

Or, en juillet 1830, les Français renversèrent le roi Charles X qui, par ses Ordonnances, avait voulu restreindre leurs libertés. Ces événements provoquèrent une effervescence vive en Belgique. Le 25 août, au théâtre de la Monnaie, la salle comble qui écoutait la Muette de Portici, applaudit avec un enthousiasme inquiétant les vers patriotiques des conspirateurs napolitains :

Amour sacré de la patrie.
Rends-nous l’audace et la fierté !

Et quand ensuite, au bruit sinistre du tocsin, ils réclamèrent « des armes et des flambeaux ! » l’auditoire menaçant sortit du théâtre en répétant : Des armes et des flambeaux ! La foule se porta devant la demeure de Van Maanen, et bientôt l’hôtel était incendié aux acclamations d’une multitude en délire. La révolution était commencée !

Le lendemain, le vieux drapeau de Brabant aux trois couleurs flottait à l’hôtel de ville. Les notables organisèrent une garde bourgeoise pour empêcher le retour des excès, et cinq délégués furent députés vers le roi pour le supplier de faire droit aux justes réclamations des Belges. Cette démarche fut vaine.

Guillaume envoya ses deux fils en Belgique avec une armée qui s’avança jusqu’à Vilvorde. Bruxelles aussitôt fit des préparatifs pour une résistance vigoureuse : on dépava les rues, les barricades s’élevèrent, de toutes parts arrivèrent, des renforts et trois cents volontaires accoururent de Liège sous la conduite d’un jeune avocat, nommé Charles Rogier. Les Liégeois portaient le képi et la blouse bleue liserée de rouge, qui devint bientôt l’uniforme de tous les volontaires.

Cependant, le prince d’Orange, très populaire en Belgique, recourut d’abord à la conciliation, il entra dans Bruxelles avec six officiers, se rendit à l’hôtel de ville au milieu d’une foule silencieuse, parfois hostile, et, après avoir écouté les plaintes des Belges, il promit d’intercéder auprès de son père. Mais cette chevaleresque intervention n’eut aucun succès auprès du roi.

2. Journées de septembre. — Le prince Frédéric, frère du prince d’Orange, prit alors ses mesures pour s’emparer de Bruxelles. Il attaqua la ville par trois points, le 23 septembre, à cinq heures du matin. Les Hollandais furent repoussés à la porte de Laeken et à celle de Louvain, car du haut des fenêtres, les habitants faisaient tomber sur eux une grêle de pierres et même des ustensiles et des meubles. Plus heureux à la porte de Schaerbeek, ils détruisirent les barricades à coups de canon, et dès neuf heures et demie ils étaient maîtres du parc et des alentours. Mais là s’arrêtèrent leurs succès, et bientôt même leur situation devint critique. Des maisons voisines, transformées en forteresses, les balles pleuvaient par les fenêtres. Les Hollandais s’abritèrent dans les bas-fonds du parc. Ils y furent harcelés sans trêve par les volontaires pendant les journées du 23, du 24, du 25 et du 26 septembre. Le 26, le combat fut meurtrier et se prolongea jusqu’à deux heures du matin. Le dimanche 27, quand les volontaires se disposaient à rouvrir le feu, ils trouvèrent le parc désert : les Hollandais avaient profité de la nuit pour s’esquiver.

3. Expulsion des Hollandais. — Cependant le pays entier avait pris les armes : toutes les villes, arborant les couleurs nationales, avaient chassé les étrangers, qui se replièrent vers le nord. Les volontaires se mirent à leur poursuite. Ils emportèrent d’assaut le pont de Waelhem, où tomba Jenneval, l’auteur de la Brabançonne ; ils furent vainqueurs à Berchem, où périt l’héroïque Frédéric de Mérode. Le 27 octobre, ils entraient dans la ville d’Anvers, et une suspension d’armes fut conclue avec les Hollandais, maîtres encore de la citadelle et de l’arsenal. Malheureusement, quelques volontaires, apercevant les soldats ennemis aux fenêtres de l’arsenal, se prirent de querelle avec eux, et bientôt des coups de fusil furent échangés. Le général Chassé braqua aussitôt ses canons sur la ville. La citadelle et la flotte embossée dans l’Escaut lancèrent des bombes sur la grande métropole commerciale depuis trois heures de l’après-midi jusqu’à dix heures du soir. Quatre cents maisons furent détruites et l’entrepôt fut incendié : Celui-ci contenait des marchandises pour plus de 3.000.000 de florins. Enfin le général Chazal accourut et parvint à faire cesser le feu.

En ce moment les Hollandais ne possédaient plus en Belgique que Maestricht et la citadelle d’Anvers. Cependant les délégués des grandes puissances, réunis en conférence à Londres, posèrent les bases du traité des XVIII articles, qui devait régler la séparation des Pays-Bas du nord et du midi.

1. Explosion de la révolte. — En présence des injustices du roi Guillaume, les catholiques et les libéraux constituèrent un puissant parti national, qui s’intitula l’Union. Bientôt la révolution française de juillet fit naître en Belgique une effervescence menaçante. Des troubles se produisirent à Bruxelles dans la nuit du 15 août : à la suite de la représentation de la Muette de Portici, l’hôtel du ministre Van Maanen fut incendié. Le lendemain, le drapeau brabançon fut arboré, et cinq notables, députés à la Haye, allèrent solliciter le redressement des griefs.

Mais Guillaume répondit par l’envoi d’une armée de 10.000 hommes qui s’avança jusqu’à Vilvorde. Aussitôt Bruxelles fit des préparatifs pour une résistance vigoureuse : on dépava les rues, des barricades s’élevèrent, des renforts arrivèrent de partout, et trois cents volontaires accoururent de Liège sous la conduite de Rogier.

2. Journées de septembre. — Le 23 septembre, les Hollandais attaquèrent la ville. Ils parvinrent à pénétrer jusqu’au parc ; mais là, ils furent vivement assaillis par les volontaires, qui les harcelèrent sans trêve pendant quatre jours, et, dans la nuit du 26 au 27 septembre, ils s’esquivèrent bravement sans bruit.

3. Expulsion des Hollandais. — Les Hollandais chassés en même temps de toutes les villes, se replièrent vers le nord. Les patriotes leur infligèrent les défaites de Waelhem et de Berchem, et s’emparèrent de la ville d’Anvers. Mais le général Chassé, retiré dans la citadelle, bombarda la cité pendant sept heures et y causa des pertes immenses.

Cependant les délégués des grandes puissances s’étaient réunis en conférence à Londres. Ils imposèrent un armistice aux belligérants et posèrent les bases de la paix des XVIII articles.

4. Gouvernement provisoire. — Le 25 septembre, un gouvernement provisoire s’était formé à Bruxelles. Il comprenait à l’origine le baron Emmanuel d’Hooghvorst, Jolly et Rogier, qui s’adjoignirent bientôt Félix de Mérode, Gendebien, Van de Weyer et Vanderlinden, avec le baron de Coppin et Nicolaï comme secrétaires.

Le gouvernement provisoire assura le succès de la révolution, proclama l’indépendance de la Belgique, et décréta la convocation d’un congrès de deux cents membres élus par le peuple.

5. Congrès national. — Le congrès national se réunit le 10 novembre. Il décréta que la Belgique formerait une monarchie héréditaire, exclut à perpétuité la maison d’Orange de tout pouvoir en Belgique, et vota le 7 février 1831. l’admirable Constitution qui n’a été révisée qu’en 1893.

La couronne de Belgique fut alors offerte au duc de Nemours, fils de Louis-Philippe. Mais ce prince la refusa et le baron Surlet de Chokier fut nommé provisoirement régent du pays.

Le 4 juin 1831, le congrès élut roi le prince Léopold de Saxe-Cobourg, par 152 voix sur 196 votants.