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Poèmes (Vivien)/Pendant qu’elle chantait en s’accompagnant

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IV


PENDANT QU’ELLE CHANTAIT EN S’ACCOMPAGNANT
sonnet précieux


How oft, when thou, my music, music sweetly play’st….
Sonnet CXXVIII. Shakespeare.


Sous tes doigts lents et doux naît la lente musique,
Et mon cœur est pareil aux cordes sous tes doigts.
Soumis, il accompagne et commente ta voix,
Et comme eux il subit le servage rythmique.

En esclave, je sers le vouloir despotique
De tes accents régies selon les justes lois,
Et je pleure, à ton gré, les baisers d’autrefois,
À ton gré, je gémis et supplie et réplique.


Instrument dont l’écho se prolonge et ravit,
Ô bois mort, plus heureux que la bouche qui vit,
Toi le confident cher des soucis et des fièvres !

Obéis comme moi, le serviteur, l’amant.
Pourquoi prefères-tu ces cordes à mes lèvres,
Puisque aussi bien tu les fais vivre infiniment ?