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Poèmes (Vivien)/Pour l’Une, en songeant à l’Autre

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POUR L’UNE EN SONGEANT À L’AUTRE


Je vous admire et je vous sais Indiscutable
Autant qu’une statue en face de la mer.
Vos regards ont ce bleu périlleux qui m’est cher,
Vos cheveux d’or brûlé sont plus doux que le sable.

Vous éclatez ainsi qu’un hymne triomphal,
L’eurythmie elle-même a décidé vos poses.
J’aime, pour vos cheveux, ces rubis et ces roses
Rouges, pour votre corps ce lourd manteau ducal.


Maintes et maintes fois, relisant votre face,
Jo vous admire, ainsi qu’un poème éternel.
Vous êtes évidente à la façon du ciel,
Gloire de votre terre et fleur de votre race.

Oui, vous êtes pareille, avec la cruauté
De vos regards d’azur, de vos hanches profondes,
À celle qui posa ses pieds nus sur les ondes,
Et je célèbre en vous l’implacable beauté.

Vous êtes despotique, invincible, éternelle,
Et vos caprices ont l’autorité du vent.
Jamais nul ne dira trop haut ni trop souvent :
Elle est belle ! — Car vous êtes belle, très belle.

Je vous sais belle ainsi, Pourquoi faut-il alors,
Ô parfaite ! qu’auprès de vous je me souvienne
D’un visage blêmi comme une image ancienne,
Et de pâles cheveux sans rayons et sans ors ?


Pourquoi faut-il que ce chant d’éloges alterne
Avec un long sanglot sur le mode mineur,
Qui célèbre sans fin — ainsi le veut mon cœur —
Les yeux moins lumineux, la chevelure terne ?

Mes jours auprès de vous sont plus clairs et meilleurs,
Vous n’avez jamais eu le geste qui repousse,
Et vous êtes plus belle et vous êtes plus douce…
Pourquoi faut-il qu’on aime ailleurs ? toujours ailleurs ?