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Poésies de Marie de France (Roquefort)/Fable LVII

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FABLE LVII.

De l’Ostour et dou Roussegnol[1].

Ci nus racunte d’un Ostur[2],
Qui sor un fust se sist un jur
[a]U li Rossengnox ot sun nit,
E ses oiseax i ot nurri.
A sei le prist à apeler,
Si li cumanda à chanter.
Sire, feit-il, jeo ne porroie
Tant cum si près de moi vus voie,

[b]Mais s’il vus plest à remuer[3]
E sus un autre fust munter,10
Ge canteroie mult plus bel,
Ce seivent tuit cil autre Oisel.

MORALITÉ.

Autresi est de mainte gent,
Ne puéent pas séurement
Là ù il doutent bien paller.
Si vunt là ù n’estuet duter.


  1. Cette fable a quelque ressemblance avec celle de la Fontaine, liv. IX, fab. xviii, le Milan et le Rossignol, qui est tirée d’Hesiod., oper. et dies, v. 201.

    AEsop., fab. iii.

    Phædr. append. Burm., fab. xviii.

    Romul. Nilant., lib. II, fab. xxviii.

    Anonym. Nilantius, fab. xxxix.

    Luscinia, Accipiter, et Auceps.

  2. Un épervier s’étoit perché sur un arbre où le rossignol avoit bâti son nid.
  3. A remuer de quitter la place.
Variantes.
  1. Là où l’oursignols eust son nit.

  2. Se vos plesoit à remuer.