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Poésies de Marie de France (Roquefort)/Fable LXXVIII

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FABLE LXXVIII.

Dou Lou et del Hirechon[1].

Un Leux se fu acumpaigniez[2]
Al Ireçon ét acuntiez ;
Or avint que li Lox fu pris,
Au Hireçuns a dit : amis,
Ajue moi se Diex t’aïst[3] ?
Li Hireçuns respunt è dist :
Jou ne te puis néent aidier,
Au saintuaire vai proier
Pur-qoi tu es pris è loiez
Que tu par ax soies aidiez[4].10
[a]Jeo quis que tu lor promisis

Tel chose que tu ne fesis ;
Tun weu te cunvient aquiter
Ains qu’an te puisse délivrer.

MORALITÉ.

Jà ne te aiderai anchois.
Tex est la custume et la lois
Ce veit-hum suvent del’ bricun[5]
Tant s’atent à sen cumpaignun
K’il méismes est engingniez
E jà par lui n’en iert aidiez.20


  1. C’est le sujet de La Fontaine, liv. VI, fab. xvi. Le Cheval et l’Ane ; liv. VIII, fab. xvii. L’Ane et le Chien qui se trouvent dans Ésope, fabul. cxxv, et dans les Préceptes de santé de Plutarque, sous le titre du Chameau et du Bœuf.
  2. S’associa avec un Hérisson.
  3. Aide-moi pour l’amour de Dieu.
  4. Afin que les Dieux te secourent.
  5. Trompeur.
Variantes.
  1. Jou sai ke tu lor porméis
    Tel cose ke pas ne tenis ;
    Ton vou t’estuet ainz aquitier,
    Que nus ne te puet délivrer.