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Quelques développements nouveaux sur les principes émis dans la brochure intitulée: De la formation des églises/De la nomination des Pasteurs

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De la nomination des Pasteurs.

Avant de traiter la question de la ruine de l’économie actuelle, nous parlerons un peu du choix des pasteurs. Notre frère ne veut pas insister sur le passage des Actes, le seul qui parle du choix des Anciens, et qui peut être allégué selon la traduction ordinaire qui dit, par l’avis des assemblées. Je ne doute pas que cela se fit dans l’unité de l’Esprit avec tout le corps, mais par cette expression : ils leur choisirent des Anciens, il est évident que le mot ils se rapporte ici à Paul et à Barnabas. Si je disais dans une assemblée, je vous choisis tel ou tel pour être Ancien, pourrait-on dire que l’assemblée aurait choisi ? L’introduction des mots « par l’avis des assemblées » est purement gratuite. Notre frère dit que c’est par préoccupation qu’on a ôté ces mots : « par voie de suffrages. » Prenons le verset 41 du chapitre x des Actes des apôtres, où le même mot se retrouve dans l’original, et donnons-lui la signification qu’on veut lui donner dans Actes, xiv., v. 23, et l’on en verra l’absurdité : « Non à tout le peuple, mais aux témoins auparavant[1] ordonnés de Dieu par l’avis des assemblées, ou par voie de suffrages ! » Quoique dans le mot employé ici il y ait une allusion à l’habitude d’élever la main en votant, on l’emploie tout simplement pour signifier choisir, ou plutôt désigner quelqu’un. La traduction « par l’avis des assemblées » est absolument fausse, car si l’on insiste sur ce que le mot grec veut dire voter en élevant la main, alors selon cette traduction ils votèrent par l’avis des assemblées ; mais il est impossible d’attribuer par ce même mot le choix aux apôtres, et l’avis à l’assemblée. Si c’était une votation, l’assemblée a dû élever les mains et ainsi choisir. Cette expression, choisir par l’avis des assemblées, je le répète, est fausse dans tous les cas. On attribue au mot le sens de choisir par l’avis de quelqu’autre. Ceux qui élevaient leurs mains choisissaient ; on ne peut pas ainsi couper le mot en deux.

Le fait est, qu’il est dit tout simplement que les Apôtres choisirent des Anciens. Mais notre frère dit qu’on peut établir quand d’autres ont choisi. Cela est vrai. Mais il s’agit de savoir si les autres ont choisi. Je réponds qu’il n’y a dans la Parole aucune trace d’élection de Pasteurs, nous n’avons que le seul cas du choix des Anciens, et encore ce choix était fait par les Apôtres ou par leurs délégués. Tite avait été envoyé comme délégué de l’Apôtre pour le remplacer à certains égards, et ainsi le moyen employé pour établir des Anciens, reste toujours en dehors d’une Église. Il peut y avoir plusieurs Pasteurs dans un troupeau lorsque Dieu les a suscités, et qu’il les a donnés sans aucun choix d’homme ; car les Pasteurs sont un don d’en Haut, et, dans ce cas, les établir Pasteurs n’est pas l’œuvre de l’Église[2].

Du reste, je ne vois ni l’Esprit ni la Parole sanctionner une votation d’Église.

Nous avons dans la Parole cette instruction (Éphés. iv), que les Pasteurs sont des dons d’en-Haut que Christ distribue. Nous voyons dans l’histoire des Apôtres qu’ils choisirent des Anciens pour les Églises (Act. 14). Nous trouvons aussi que l’Apôtre envoya Tite pour en établir dans chaque ville, suivant ce qu’il lui avait ordonné, les qualités requises pour être Évêque ou Surveillant n’étant décrites dans aucune Épître adressée à une Église, mais seulement dans une lettre adressée à un individu qui remplaçait l’Apôtre à cet égard. Nous n’avons pas un seul exemple du choix d’un Évêque ou d’un Ancien fait par une Église, ni d’une votation sur aucun sujet quelconque. La question à déterminer est qu’est-ce que la Parole nous autorise à faire dans ce cas ?

L’auteur de la brochure admet (p. 70) que la Parole de Dieu ne parle pas du choix de l’Église, c’est déjà une concession qui dit beaucoup, mais il ajoute que l’analogie est en faveur de cette pratique. Nous avons le cas de Matthias et des Diacres. Quant à Matthias, non seulement il fut nommé avant la descente du St. Esprit, mais cela se fit d’après un principe tout autre que celui du choix de l’Église, savoir d’après le principe judaïque qui consistait à tirer au sort. Quant aux Diacres, ou du moins quant aux sept qui furent choisis pour le service des tables, l’analogie est contraire à ce que notre frère a voulu démontrer. Les Apôtres ayant reçu un don d’en-Haut, un ministère de Dieu (ministère dont il est dit : « Vous ne m’avez pas choisi, mais moi je vous ai choisi Jean, xv, 16), n’ont pas voulu se mêler d’un ministère temporel ; et pour le service des tables, le choix fut accordé à l’Église, parce que l’Église fournissait les tables ; comme aussi le choix était réservé à Dieu, lorsque Dieu fournissait le don. C’est ainsi que St. Paul, pour que le ministère de la Parole que Dieu lui avait confié, ne fût pas suspecté, a refusé de prendre l’argent que les Églises désiraient lui confier, à moins qu’il n’y eût quelqu’un de choisi par les Églises pour l’accompagner et pour s’en charger avec lui. Ainsi, si l’on examine les passages cités, on trouvera que l’analogie est entièrement contraire à la conclusion qu’on désire en tirer, et qu’elle appuie le principe que j’ai exposé.

Mais je trouve dans la brochure même une pleine confession du véritable état de cette question.

Voici les vues de l’auteur sur ce point. En approuvant un passage du traité qui conseille de ne pas dépasser les dons, il dit : [3] « Le chef de l’Église saura bien envoyer en son temps des Docteurs, des Anciens, des Diacres, sans que nous ayons besoin de les faire avant qu’il les envoie. » C’est là ma pensée ; je la crois la pensée de Dieu sur ce sujet ; mais je m’arrête là, désirant marcher dans l’humilité, priant ardemment que Dieu suscite de tels hommes pour les besoins de l’Église. Je bénis aussi Dieu pour les dons inférieurs peut-être, mais utiles, qu’il daigne donner en attendant, et j’agis sur les principes universels de la Parole qui s’appliquent à un tel état de choses. Voyez 1 Pierre, v, 5 ; 1 Cor. xvi, 10, 11, 12, 14, 15, 16, 18 ; Ph. ii, 20, 30, et d’autres passages.

C’est un état de faiblesse sans doute ; mais dans cet état, si l’on s’attend à Dieu, et si on l’honore, « à celui qui a il sera donné davantage. » Il honorera notre attente. Mais voici comment notre frère continue : « En attendant, choisissons pour l’ordre et la bienséance des hommes qui président, qui fassent marcher les affaires, et qui, selon le don qui est en eux, remplacent jour par jour, selon leur pouvoir, les charges qui ne sont pas encore manifestées. » On avoue donc qu’en attendant que Dieu agisse, il faut l’action de l’homme pour remplacer les charges qui ne sont pas encore manifestées. C’est là le nœud de la question. Où se trouve une telle chose dans la Parole ? Où y a-t-il une trace d’un tel principe, d’une telle idée ? Il résulte de cela que si quelque vrai don de Pasteur ou d’Ancien se manifeste, l’organisation étant déjà complète, il faut par conséquent déposer de sa présidence le remplaçant provisoire, opération propre à produire tout ce qu’il y a de plus pénible dans une compagnie de chrétiens. Un tel acte ressemblerait à de l’ingratitude et à de la propre volonté ; il serait désigné comme révolutionnaire par un assez grand nombre, et pourrait nourrir dans le corps les dispositions et les habitudes les plus nuisibles à la vraie sanctification. Voilà ce qui arrivera nécessairement si l’on veut agir en attendant que Dieu agisse. Si l’on n’arrive pas à ces conséquences, alors le véritable Ancien restera hors de sa place, et les fidèles en souffriront proportionnellement. Le fait est que l’effet le plus ordinaire de ce procédé est d’empêcher presqu’entièrement le développement des véritables dons.



  1. La traduction de Lausanne dit « désignés. » Pourquoi a-t-on ajouté ces mots : « par voie de suffrages » au chapitre xiv des Act. v. 25, tandis qu’ici on les a omis ?
  2. Je ne veux pas répondre aux arguments accessoires ; je n’insisterai que sur ce qui va directement au sujet principal ; mais je peux dire, en passant, que si l’on examine de près Deut. I, et si on le compare avec Ex. xviii, on trouvera que ces passages disent tout le contraire de la conclusion que notre frère veut en tirer.
  3. Page 106