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Râja-yoga/Préface

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Râja-yoga ou Conquête de la nature intérieure
Traduction par S. W..
Publications théosophiques (p. xiii-xviii).


PRÉFACE




Depuis l’aube de l’histoire, il est question de phénomènes variés et extraordinaires qui ont eu des hommes pour témoins.

Il ne manque pas de gens, à notre époque, pour affirmer la réalité de pareils événements, et cela au sein d’une société qui se développe et que la science moderne inonde de clarté. L’on ne peut ajouter foi à la grande masse de ces témoignages ; ils nous viennent en effet d’ignorants, de superstitieux ou de trompeurs. Dans biens des cas, les soi-disant miracles sont de simples imitations. Imitations de quoi ? Un esprit scientifique et sincère ne rejette rien sans s’être livré d’abord à un examen consciencieux. De superficiels savants, incapables d’expliquer ces phénomènes remarquables et variés, affectent d’ignorer leur existence. Ils sont en cela plus coupables que ceux qui croient à la présence au-dessus des nuages, d’un ou de plusieurs êtres répondant à leurs prières ; plus coupables que ceux qui comptent sur leurs suppliques pour décider ces êtres à modifier la marche de l’univers. Ces derniers ont l’excuse de l’ignorance ou l’excuse, au moins, d’un mauvais système d’éducation première, qui leur enseigne à demander secours aux êtres en question ; cette dépendance est partie intégrante de leur nature dégénérée. Les savants, eux, n’ont même pas cette excuse.

Depuis des milliers d’années l’on a examiné, étudié, généralisé ces phénomènes.

Les facultés religieuses de l’homme ont été analysées et la science de Râja Yoga est le résultat tangible de ces recherches. Contrairement à quelques impardonnables savants modernes, Râja Yoga ne nie pas l’existence de faits très difficiles à expliquer ; d’autre part, il dit aux superstitieux, en termes doux mais fermes, que la superstition, croyante en un ou plusieurs êtres d’au delà les nuages, n’explique en rien les miracles, l’efficacité des prières, le pouvoir de la foi, toutes choses véritables en fait. Il dit aux hommes que chacun d’eux n’est qu’un canal par où passe l’océan infini de savoir et de puissance en réserve. Il enseigne que l’homme a des désirs et des besoins, qu’il a aussi le pouvoir d’y suffire ; que lorsqu’un désir, un besoin, une prière ont été exaucés, à quelque moment, quelqu’endroit que ce soit, c’est de cette réserve infinie qu’en est venue la satisfaction, et non pas de quelque être surnaturel. La croyance aux êtres surnaturels peut, dans une certaine mesure, accroître l’action chez l’homme, mais elle engendre aussi la déchéance morale. La dépendance, la peur, la superstition l’accompagnent ; elle dégénère en une misérable croyance à la faiblesse de l’homme. Il n’est pas, dit le Yogî, de manifestations surnaturelles ; il en est de grossières et de subtiles, dans la nature. Celles-ci sont les causes, celles-là les effets. Il est aisé, grâce aux sens, de percevoir tes manifestations grossières, mais non point les subtiles ; or, pratiquer Râja Yoga met à notre portée les plus subtiles d’entre elles.

Tous les systèmes orthodoxes de la philosophie hindoue n’ont en vue qu’un seul but : libérer l’âme par la perfection. On y parvient par la méthode de Yoga. Ce nom embrasse un très vaste enseignement ; mais l’école de Sânkhya et l’école Vedantiste tendent toutes deux au Yoga sous une forme ou sous une autre.

Le sujet de ce volume est précisément la forme ou variété de Yoga connue sous le nom de Râja Yoga. Les aphorismes de Patanjali[1] constituent l’autorité la plus haute dont elle se réclame ainsi que son livre saint. Les autres philosophies, bien qu’en désaccord, parfois, sur quelques points, se rattachent, en général, à la méthode de pratiquer de Patanjali.

La première partie de ce livre rassemble un certain nombre de conférences faites par l’auteur à New-York.

La seconde traduit assez librement et commente les aphorismes (Sutras) de Patanjali ; on s’est efforcé d’éviter les expressions techniques et de conserver l’allure libre et facile de la conversation. L’élève désireux de pratiquer trouvera dans la première partie un certain nombre d’indications ; mais, à peu d’exceptions près, l’enseignement direct d’un maître est indispensable si l’on ne veut pas faire fausse route ; on ne manquera pas d’en trouver un, si ces causeries parviennent à faire naître le désir d’en savoir plus long.

Le système de Patanjali est basé sur celui des Sânkhyas et en diffère peu. Il s’en écarte en deux points principaux :

Patanjali admet un Dieu personnel, qui serait un premier maître, tandis que le seul Dieu admis par les Sânkhyas est un être presque parfait, temporairement chargé d’un cycle.

2° Les Yogis soutiennent que l’intelligence pénètre toutes choses avec l’âme ou « Purusha »[2], et les Sânkhyas ne le croient pas.

l’auteur.
  1. Ce volume ne contient que la première partie de Râja Yoga tel qu’il fut publié en anglais, et non les Aphorismes de Patanjali dont il est parlé plus loin. — Note du Traducteur.
  2. Dans tous les mots sanscrits l’u se prononce ou. N. D. T.