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Répertoire national/Vol 1/Le Jubilé

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Collectif
Texte établi par J. Huston, Imprimerie de Lovell et Gibson (Volume 1p. 216-217).

1833.

LE JUBILÉ.

Heureux mortels, tressaillez d’allégresse,
Fille du ciel, vers vous descend la paix !
Un Dieu clément efface vos forfaits
Et vous rappelle au sein de sa tendresse.

Il ne vient plus armé de son tonnerre,
Plein de vengeance, escorté du trépas,
À juste droit foudroyer des ingrats
Dont l’existence encor souille la terre.

Il ne vient plus à l’aspect de nos crimes
Qui vont troubler son éternel repos,
De son courroux précipiter les flots
Et sur nos pas entr’ouvrir des abîmes.

Non ! le fléau qu’enfanta sa colère
S’est arrêté dans son cours désastreux :
Bientôt luira l’arc-en-ciel radieux,
L’Éternel fait sa paix avec la terre.

 
Mais s’il devient notre juge propice,
S’il se répent de ses justes rigueurs,
C’est qu’il s’attend qu’un soupir et des pleurs
Désarmeront le bras de sa justice.

Inébranlable au fracas de la foudre
Que fit naguère éclater son courroux,
L’impie a dit : Je braverai ses coups !
Que l’Éternel tonne et me mette en poudre.

Dieu débonnaire autant qu’il est terrible,
Pour triompher de ce cœur sans remords.
De sa clémence il ouvre les trésors,
Il ne veut point qu’il demeure invincible.

Pécheur ingrat, mettras-tu donc ta gloire
À dédaigner d’ineffables bienfaits ?
Oseras-tu combler tes noirs forfaits ?
Même à ton Dieu disputer la victoire ?

Il en est temps, réponds à sa tendresse,
Contre sa voix n’endurcis pas ton cœur :
Brebis errante, accours au bon pasteur ;
Vois… il t’attend… il t’invite… il te presse !

Dors, si tu veux, à l’ombre du tonnerre
Qu’a déposé ce Dieu plein de douceur !
Mais songes-y : il est un Dieu vengeur ;
Son souffle seul peut te mettre en poussière !

Vous que revêt le lys de l’innocence,
Ô vous, du moins, chers élus du Seigneur,
Aux purs Esprits unissez-vous en chœur,
Chantez, louez, célébrez sa clémence.