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Revue Musicale de Lyon 1904-02-17/Nouvelles diverses

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Nouvelles Diverses

M. Alfred Bruneau a prié M. Albert Carré de le relever de ses fonctions de chef d’orchestre au 20 juin prochain, afin de permettre au directeur de l’Opéra Comique de représenter, dans le courant de la saison prochaine, son opéra-nouveau, intitulé l’Enfant roi, dont le livret est de Zola. M. Albert Carré s’est prêté de fort bonne grâce au désir de M. Bruneau.

M. Albert Carré, directeur de l’Opéra-Comique, dont le privilège expire le 1er janvier 1905, en a demandé le renouvellement par anticipation à partir du 1er septembre, date d’ouverture de la saison théâtrale. La demande se fonde sur la nécessité d’être fixé à l’avance sur la prolongation de ses pouvoirs pour pouvoir faire à temps les engagements d’artistes et les commandes de matériel scénique. M. Chaumié, ministre des beaux-arts, a fait mettre immédiatement la question à l’étude. — Simple formalité. Car, bien entendu, la nouvelle nomination de M. Albert Carré s’impose et sera signée avec enthousiasme.

Les droits d’auteur de Richard Wagner rapportent annuellement à ses héritiers près de 800,000 francs.

Lohengrin a été joué, l’an dernier, 997 fois dans les pays allemands, 420 fois dans les pays latins, particulièrement en France, 318 fois en Angleterre et aux États-Unis. Il a rapporté 272.000 marks.

Le Tannhaüser représenté 478 fois, sans compter les représentations en pays slaves, a rapporté 141,000 marks, c’est-à-dire 370 fr. en moyenne par représentation.

Les Maîtres Chanteurs on rapporté 72,000 marks, le Vaisseau fantôme, 51,000 marks, la Walkyrie, l’Or du Rhin, Siegfried et les autres pièces du maître ont rapporté, en Allemagne seulement, 102, 000 marks. Au total, et sans compter les représentations de Bayreuth, plus de 600,000 marks.

Tous les ans, le théâtre de Monte-Carlo monte un ouvrage sensationnel d’un compositeur français ou étranger. Il y a deux ans, ce fut le Jongleur de Notre-Dame, œuvre inédite de Massenet. L’an dernier, Fedora, de Puccini, une reprise d’Hérodiade avec Tamagno, Renaud Mmes Calvé et Deschamps Jehin, ainsi que la Damnation de Faust furent les clous de la saison.

Cette année, on a demandé à Camille Saint-Saëns un ouvrage inédit. L’auteur de Samson et Dalila s’est mis à la besogne cet été et sa nouvelle œuvre, intitulée Hélène, poème symphonique et lyrique dont il a écrit lui-même mes paroles et qui comporte une importante mise en scène avec de nombreux changements à vue, sera exécutée cette semaine par M. Alvarez (Paris), Mmes Melba (Hélène), Héglon (Pallas) et Blot (Vénus).

On a donné la semaine dernière à Monte-Carlo la première représentation de Pyrame et Thisbé, drame lyrique en deux actes de notre jeune compatriote Edouard Trémisot, dont l’ouverture exécutée il y a deux ans au concert Colonne avait été en général assez malmenée par nos confrères parisiens. Il est difficile de dire si l’œuvre de M. Trémisot a obtenu du succès, toutes les œuvres lyriques étant jouées trois fois à Monte-Carlo quelque soit leur intérêt. Nous serions heureux que l’œuvre de notre compatriote ait une valeur plus grande que les opéras de M. Cohen (Isidore de Lara) qui, on se le rappelle, furent montés par le théâtre de la principauté de Monaco.

Le bruit court que les Isola ne continueraient pas au square des Arts-et-Métiers les saisons lyriques qu’ils ont inaugurées cette année. L’Opéra émigrera très probablement au boulevard l’an prochain. Les directeurs de l’Olympia ont l’intention d’édifier sur l’emplacement de leur music-hall une salle de spectacle modèle, où ils feront accueil aux productions de l’art musical français et étranger. Ils estiment qu’un seul grand music-hall comme les Folies-Bergères suffit aux Parisiens et ils se proposent de supprimer la concurrence qu’ils se font, pour ainsi parler, à eux-mêmes.

D’autre part, par un nouveau traité signé entre MM. Isola et MM. Hertz et Coquelin, la Gaîté passe aux mains des anciens directeurs de la Porte-Saint-Martin, MM. Isola restant propriétaires jusqu’en 1911 du droit au bail et sous-louant, pour une durée de six années, leur salle bleue et or à MM. Hertz et Coquelin. Le genre de la Gaîté sera la pièce à spectacle, historique ou fantaisiste, en vers ou en prose.

La première représentation du Kobold, de M. Siegfried Wagner, a eu lieu, cette semaine, à Hambourg. Bien que le livret, qui est également de S. Wagner, soit très compliqué, qu’il contienne à la fois des éléments comiques, réalistes, féériques, populaires et vécus, et que la partition se ressente de ce méli-mélo de sentiments divers, le Kobold a été très applaudi. Le troisième acte surtout a produit une impression profonde. Le compositeur-poète a été rappelé sur la scène après chaque acte.

La veuve du ténor Ludwig Schnorr von Carolsfed, le premier interprète de Tristan, — qui ne survécut que peu de semaines à son importante création et succomba le 21 juillet 1865. Mme Schnorr von Carolsfed vient de mourir à Carlsruhe. Elle avait créé à Munich, à côté de son mari, le rôle d’Isolde (10 juin 1865) qu’elle a chanté en tout quatre fois, cae, après son deuil, elle ne reparut plus au théâtre. Son nom de jeune fille était Malvina Guarrigues, son lieu de naissance Copenhague. On a dit qu’elle descendait d’une famille française réfugiée en Allemagne après la révocation de l’édit de Nantes et qu’elle était l’arrière-petite-nièce du célèbre tragique anglais Garrick, qui modifia le dénouement de Shakespeare pour Roméo et Juliette. Mlle Malvina Guarrigues débuta dès l’âge de dix-huit ans à Dresde, après avoir suivi à Paris les leçons de Manoel Garcia ; elle épousa Schnorr à Carlsruhe.

Le Maestro Puccini en renvoyant à la maison Lami, de Pise, un grand piano qu’il avait loué ces mois derniers, a écrit sur le couvercle du clavier : « Giacomo Puccini a composé sur ce piano Madame Butterfly, 1903 » Voilà un instrument qui sera très recherché, s’écrie Il Mondo Artistico, en publiant ce fait…

Il vient, dit-on, de se constituer en Italie une grande association pour l’exploitation de la plus grande partie des théâtres lyriques, ce qu’on pourrait appeler une espèce de « trust » Le capital souscrit à cet effet est d’un million, formé de petites coupures. La Société organisera tout le personnel artistique de façon à le faire passer successivement de ville en ville.

À l’occasion du concours de chant de Francfort, l’Empereur d’Allemagne a décidé de faire réunir tous les chants populaires allemands, en y comprenant aussi les chansons néerlandaises, tyroliennes, styriennes, autrichiennes et suisses. Deux commissions, consultative et exécutive, ont été nommées ; elles seront présidées par le conseiller intime baron de Liliencron, poète bien connu.

MM. les Artistes et Organisateurs de Concerts qui désirent qu’il soit rendu compte de leurs auditions sont priés d’adresser un double service à la Rédaction de la Revue Musicale de Lyon, 117, rue Pierre-Corneille.

Le Propriétaire-Gérant : Léon Vallas.

Imp. Waltener & Cie, rue Stella, 3, Lyon.