Rome contemporaine/Préface

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Lévy Frères (p. iii-iv).
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PRÉFACE.


Ceci n’est ni un pamphlet ni même un livre politique. Si le lecteur y cherchait des considérations générales sur le gouvernement du pape, il serait trompé dans son attente.

On a dit pour et contre le pouvoir temporel tout ce qu’il y avait à dire, et je n’ai ni assez d’autorité ni assez de liberté pour résumer les débats. J’ai joué un rôle trop actif, comme accusateur et comme accusé, pour que mon impartialité ne soit pas suspecte. La parole est au président, qui se tait.

Il se pourrait d’ailleurs que le temps des discussions fût passé, comme le temps des sages conseils et des réformes utiles. La question romaine est assez bien élucidée pour que les moins clairvoyants distinguent le vrai et pour que les plus hésitants aient pris un parti. Les uns se sont décidés par des raisons de conscience, les autres par des raisons d’intérêt ou de politique ; mais il est certain que l’action a succédé à la parole.

Le travail que j’offre au public n’est donc pas autre chose qu’une étude littéraire sur les États du pape. J’ai réuni en corps de volume toutes les observations que j’avais notées durant un voyage de six mois.

Ces matériaux ont aujourd’hui deux ans de tiroir. Il me semble pourtant qu’ils ont mûri plutôt que vieilli. Rome n’a pas changé sensiblement sous un régime qui se glorifie d’être immuable. Bologne et quelques autres villes n’ont fait que proclamer une révolution qui était accomplie depuis longtemps dans les esprits et dans les mœurs.

Le jour où tous les sujets du saint-père auront les mêmes idées, les mêmes mœurs et les mêmes droits que les Bolonais en 1860, mon livre ne sera plus qu’une curiosité archéologique, mais je ne m’en plaindrai pas.