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Séances de la Société agricole et scientifique de la Haute-Loire/8 décembre 1881

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SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1881.


Présidence de M. le Dr Langlois.

M. le Président lit une lettre en date du 1er décembre courant, par laquelle M. Bonnet, adjoint au maire du Puy, sollicite une subvention de la Société en faveur de l’Harmonie du Velay, société musicale qui vient de se constituer au Puy.

Cette société compte actuellement quarante membres exécutants, tous excellents musiciens, et a pour but principal de rehausser par sa présence nos fêtes municipales, les concours agricoles départementaux et régionaux, et de créer, dès que ses ressources le lui permettront, un cours gratuit de musique instrumentale pour les élèves des écoles municipales.

L’assemblée, désireuse de donner à cette nouvelle société musicale un témoignage de vive sympathie, vote à l’unanimité une somme de 30 francs qui sera versée chaque année au profit de l’Harmonie du Velay et exprime le regret de ne pouvoir, vu l’exiguité de ses ressources, coopérer dans une plus large mesure à une création aussi agréable et aussi utile à nos concitoyens.

Le Journal de l’agriculture, de M. Barral (no du 3 décembre 1881), renferme une lettre de M. Destremx, ancien député du Gard, constatant que la race chevaline ne figure point au programme du concours d’Aubenas qui doit avoir lieu du 29 avril au 8 mai 1882. Il déplore cette omission et pense qu’il suffira de la signaler au ministre de l’agriculture pour qu’elle soit réparée. On ne saurait trop, dit cet agronome, encourager les éleveurs de la région ardéchoise et prendre les moyens de donner, soit par des encouragements, soit par la création de stations d’étalons, la taille et l’ampleur qui manquent à la race chevaline de ces montagnes.

Une autre amélioration s’impose aussi d’une manière absolue ; c’est l’envoi, dans les stations d’étalons de la région méridionale, de baudets pour la production mulassière.

M. Langlois fait observer à ce sujet l’importance qu’il y aurait pour notre département a placer à Saugues, par exemple, centre de la production mulassière de la Haute-Loire un baudet de choix pour faire concurrence à ceux des particuliers qui sont tous tarés. Si l’on n’obtenait pas du gouvernement un étalon de ce genre, on pourrait demander à l’État d’exercer un droit de visite sur les baudets et de primer au besoin les meilleurs. On sait combien sont nombreux aux foires du Puy, et notamment à celles de la Toussaint et de la Saint-André, les spécimens de la race mulassière de nos montagnes et le parti avantageux et lucratif qu’en tirent nos éleveurs. Il faudrait donc, pour encourager cette industrie, posséder des reproducteurs doués des qualités nécessaires pour faire de beaux produits, et l’intervention de l’État, dans cette circonstance, ne saurait être plus opportune et plus urgente.

M. Nicolas, directeur de la ferme-école de Nolhac, a récemment publié un petit livre intitulé : Notions d’agriculture à la portée des enfants des écoles primaires et des fermes-écoles, Le Puy, Marchessou fils, 1881, in-18.

M. Langlois rend compte, comme suit, de cet ouvrage.


Depuis notre dernière séance, j’ai reçu d’un de nos collègues un de ces opuscules que l’on serait heureux de voir se multiplier parce qu’ils sont intelligibles pour tous, et peuvent servir à l’instruction des enfants du peuple. L’agriculture dans notre département est encore à l’état d’enfance ; les notions les plus simples en sont complètement ignorées par ceux qui cependant seront appelés plus tard à fournir la nourriture à la nation tout entière ; c’est donc faire œuvre patriotique que de résumer sous une forme simple, facilement comprise et d’une utilité pratique incontestable, les premiers éléments de la science agricole. C’est ce qu’a fait M. Nicolas, directeur de la ferme-école de Nolhac, dans une brochure intitulée : Notions d’agriculture à la portée des enfants des écoles primaires et des fermes-écoles. Une organisation nouvelle du professorat agricole venait d’enlever à M. Nicolas les moyens de propagande dont il se servait utilement, depuis vingt ans, à l’école normale d’instituteurs du Puy ; il n’a pas voulu renoncer à son privilège, et c’est aujourd’hui sous forme de brochure qu’il continue son enseignement. Son travail est divisé en deux parties : l’étude des éléments du sol arable et des terrains en général ; celle des fumures et des amendements employés à leur fertilisation.

M. Nicolas passe en revue successivement les différentes espèces de terrains : il indique leur existence dans les cantons de la Haute-Loire, les améliorations qu’il est facile de leur apporter. Il étudie les récoltes que ces divers terrains sont susceptibles de produire, les amendements nécessaires pour augmenter leur rendement ; il indique ceux qui sont applicables suivant les différentes variétés du sol. La plupart des indications données par M. Nicolas sont faciles à mettre en pratique dans notre département ; l’explication est résumée en peu de mots, elle est dépourvue de phrases, et l’homme de la campagne, l’enfant même, peuvent facilement la comprendre et en faire l’application.

La seconde partie est le complément nécessaire de la première. Elle passe en revue les différentes espèces d’engrais, les soins à leur donner, leurs propriétés, leur mode d’emploi.

Si tous les cultivateurs étaient bien imprégnés des conseils donnés par M. Nicolas, ils arriveraient facilement et sans augmentation de dépenses à obtenir de leurs terres un rendement bien supérieur à celui qui est la moyenne du département. La plupart du temps, dans notre pays, les fumiers et les engrais de toutes sortes ne sont l’objet d’aucuns soins ; et il semble qu’on les laisse à plaisir perdre leurs éléments les plus actifs : les purins coulent dans des terrains vagues et vont se perdre dans des mares sans issue, devenant ainsi, au lieu d’être un objet utile, une cause d’insalubrité. Plus encore que la première partie du travail, la seconde doit être le sujet des méditations de l’agriculteur, et les principes qui y sont exposés laisseront certainement dans l’esprit de l’enfant des notions dont il trouvera plus tard l’application dans la pratique.


Le même membre donne également communication d’un mémoire qu’il a fait sur le sucrage des vins[1].

M. Jacotin met sous les yeux de l’assemblée un sceau cylindrique en fer creux, en forme d’étui, et portant à l’une de ses extrémité des armoiries qui sont à déterminer. On lit sur la face extérieure de ce sceau l’inscription suivante :

A LABÉ DV CLOCHÉ DE NOSTRE DAME DV PVY, 1746.

Du Cange, au mot abbas clocherii, définit les attributions de l’abbé du clocher, il avait pour mission de veiller à la sonnerie des cloches de la cathédrale du Puy, et dans le vieux langage il était désigné sous le nom de l’abbat dey clouchié.

Au nom de M. Henri Blanc, qui n’a pu assister à la séance, M. Lascombe donne lecture d’une notice de notre confrère sur la chapelle de Saint-Maurice d’Orzilhac[2].

MM. Langlois et Lascombe sont chargés de faire un rapport sur la candidature de M. Félix Varennes, demeurant au Puy, proposé comme membre résidant.


A. Lascombe.




  1. Voyez t. III, Mémoires, p. 355.
  2. Voyez t. III, Mémoires, p. 197.