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Séances de la Société agricole et scientifique de la Haute-Loire/9 janvier 1879

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EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX
DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ
DES AMIS DES SCIENCES, DE L’INDUSTRIE ET DES ARTS
DE LA HAUTE-LOIRE

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SÉANCE DU 9 JANVIER 1879.


Présidence de M. le docteur Morel, vice-président.


En l’absence de M. Aymard, qu’un accident, heureusement sans gravité, empêche d’assister à la séance, M. le docteur Morel prend place au fauteuil de la présidence. L’honorable vice-président se fait l’interprète des sentiments unanimes de l’assemblée, en exprimant le désir de voir bientôt revenir au milieu de nous, notre sympathique et aimé Président.

M. L. Balme annonce qu’en réponse à une lettre de M. le Préfet, M. Aymard a demandé que, suivant l’usage, la chasse soit fermée dans les premiers jours de février et qu’en outre, il ne soit plus permis, à partir de cette époque, de chasser les oiseaux de passage. À ce propos, M. Blanc-Marthory croit qu'il serait possible d’obtenir du gouvernement l’interdiction de colporter le gibier en temps de neige. M. L. Balme répond que cette question été souvent soumise à l’attention de nos législateurs, mais qu’en présence des difficultés pratiques que cette interdiction aurait pu présenter, on a dû y renoncer. M. L. Gratuze, l’un des secrétaires, donne lecture de la communication suivante de M. A. Mauras, ancien notaire, sur le fonctionnement des fourneaux économiques de la ville du Puy :


Messieurs,

« Notre président, M. Aymard, dont l’active curiosité ne néglige aucun détail utile, m’a prié de vous donner quelques renseignements sur la façon dont fonctionnent les fourneaux municipaux et de charité des rues Haute-Ville et de Lille : je tâcherai d’être à la fois bref et clair.

Les fourneaux ont été ouverts, cette année, le mardi 3 décembre. La nécessité de faire une quête n’a pas permis de les ouvrir plus tôt. Cette quête, messieurs, a été aussi fructueuse qu’on pouvait s’y attendre ; elle a donné, comme résultat, 4,600 francs environ.

Pour la première fois, l’administration des fourneaux a été réellement constituée.

Elle se compose d’un directeur et d’un directeur-adjoint, ayant la haute main sur l’œuvre et sur le personnel, chargés des achats, de l’acceptation ou du refus des denrées, des détails de l’alimentation.

Un médecin spécial, le docteur Alirol, a bien voulu se charger du rôle hygiénique, et ses observations motivées donnent la preuve du sérieux avec lequel il remplit cette tâche ; c’est assez vous dire quels services il rend à l’administration des fourneaux.

Un inspecteur est chargé de passer de temps à autre dans les établissements des rues de Lille et Haute-Ville, de recueillir les observations des commissaires et d’assister, en leur absence, à la distribution du jour.

Enfin, un trésorier centralise chaque jour les sommes et bons perçus aux fourneaux par MM. les commissaires, de façon à pouvoir dresser l’état mensuel des recettes et des dépenses ; cet état visé par les directeurs est adressé à la municipalité, fondatrice et directrice naturelle de cette œuvre de sage charité, car il ne faut pas oublier que, si l’on dit couramment et avec raison : fourneaux économiques, il faut dire officiellement fourneaux municipaux de charité, seule formule qui indique nettement l’origine et le but.

Si maintenant nous passons aux détails, il suffira d’indiquer deux choses : Le mode de distribution et les menus.

La distribution a lieu dans les deux fourneaux, de onze heures à midi, tous les jours, dimanche compris ; elle est présidée par un commissaire de surveillance qui est, soit un membre du conseil municipal, soit un simple, mais dévoué citoyen.

Les commissaires sont libres d’apprécier les cas assez nombreux où il y a lieu de donner des portions gratuites ; ils ne doivent, en outre, ne délivrer des portions de pain que contre des bons ; vous avez pu voir les nouveaux bons en laiton, à forme hexagonale, portant sur une face les armes de la ville et sur l’autre l’indication : Bon de portion, et en exergue, la mention : Fourneaux économiques et de charité.

Après chaque distribution, le commissaire de surveillance fait la caisse et signe le résultat de cette distribution qui, comme nous l’avons dit plus haut, va se centraliser chez le trésorier.

Quant aux menus, en voici la nomenclature :

Dimanche. — Pois et saucisses.

Lundi. — Riz au gras.

Mardi. — Haricots en sauce, lard.

Mercredi. — Macaroni au gras.

Jeudi. — Pommes de terre et lard.

Vendredi. — Lentilles ou haricots en salade.

Samedi. — Macaroni au gras.

Chaque portion de légume pèse environ 500 grammes, chaque portion de lard, chaque saucisse pèse 70 grammes. Telles sont, messieurs, les indications générales qui peuvent vous donner une idée du fonctionnement des fourneaux municipaux et de charité de la ville du Puy. »

Le Directeur,
A. Mauras.


L’assemblée vote de chaleureuses félicitations à MM. A. Mauras et Badiou, pour les soins persévérants qu’ils apportent à la bonne administration des fourneaux économiques.

M. A. Couderchet, vice-président du Comice agricole, signale les omissions commises dans le programme du concours régional de Guéret, au préjudice des races bovines du Mezenc et d’Aubrac, auxquelles on a attribué un nombre de prix inférieur à celui des précédents concours régionaux. La Société, sur le désir exprimé par l’honorable M. Couderchet, prie le bureau de demander satisfaction à M. le Ministre de l’Agriculture qui certainement, en présence des succès antérieurs remportés par ces races, n’hésitera pas à faire droit à cette légitime réclamation.

À propos du rôle important joué par les protestants en Velay et surtout à Tence, sous le règne de Louis XIV, M. C. Rocher donne le résumé d’une très-intéressante étude historique, qui sera publiée dans le prochain numéro des Mémoires de la Société[1]. Puis notre honorable confrère rappelle en quelques mots la création, en 1689, du siège présidial du Puy[2].

M. Moullade présente une boite contenant une très belle série de lépidoptères exotiques. Ces papillons qui proviennent de San-Salvador ont été généreusement offerts au Musée, par notre confrère M. Hugon.

Avant de clore la séance, M. le Président donne la parole à M. Alu, qui, dans un aperçu très clair, expose la situation financière de la Société. Il résulte de cette communication que l’état de la Société est des plus prospères, et l’assemblée est heureuse de constater que cette situation est due, en grande partie, aux soins dévoués et intelligents que son zélé trésorier met dans l’accomplissement de ses pénibles fonctions.


L’un des Secrétaires,
A. Jacotin.



  1. V. deuxième fascicule, Mémoires, p. 205.
  2. V. deuxième fascicule, Mémoires, p. 212.