Saint-Yves/1/10

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Saint-Yves : Aventures d’un prisonnier français en Angleterre
Traduction par Th. de Wyzewa.
Hachette (p. 87-96).


X

Les Conducteurs de Bestiaux.


J’eus besoin de faire un certain effort pour me mettre au pas de mon nouveau compagnon ; car, bien qu’il marchât avec un balancement disgracieux de tout son corps, et sans apparence de hâte, sans cesse j’avais à courir pour ne pas me trouver en arrièree de lui. Nous nous examinions l’un l’autre : moi avec une curiosité toute naturelle, lui avec un mépris non dissimulé. J’ai su depuis qu’il était fort mal disposé à mon endroit : il m’avait vu plier le genou devant les dames et m’avait aussitôt diagnostiqué « un idiot à façons ».

« Ainsi, vous allez en Angleterre, hein ? » me dit-il.

Je répondis affirmativement.

« Il y a des endroits meilleurs, il y en a de pires ! » observa l’homme. Et il retomba dans un silence qui ne fut plus interrompu pendant le quart d’heure qui suivit.

Ce quart d’heure nous amena au pied d’une vallée verte et nue, qui montait et descendait doucement parmi les collines. Un petit cours d’eau coulait au milieu, produisant une succession de limpides étangs ; et, près du dernier de ces étangs, j’aperçus un troupeau de bétail tout boueux, sous la garde d’un homme qui me parut être le pendant exact de mon ami M. Sim. Ce second conducteur (j’appris bientôt qu’il s’appelait Candlish) était assis sur une pierre et s’occupait à déjeuner d’un morceau de fromage. Il se leva à notre approche.

« Voici un petit jeune homme qui va faire la route avec nous, dit Sim. C’est la vieille femme, la mère Gilchrist, qui le veut comme ça !

— Bon ! bon ! » dit l’autre homme.

Puis, se rappelant les convenances, il me regarda avec un grognement solennel et me dit :

« Une belle journée ! »

J’en tombai d’accord avec lui et lui demandai comment il se portait.

« Ça va ! » fut la réponse. Après quoi, sans autres civilités, le couple se mit à rassembler le troupeau. Dans cette tâche, d’ailleurs, comme dans presque toutes les autres qui concernaient le bétail, mes amis avaient pour principaux auxiliaires une paire de chiens, intelligents et sympathiques, que Sim ou Candlish se bornait à diriger parfois d’un monosyllabe.

Bientôt nous commençâmes à gravir la montagne par un sentier vert assez raide. Un bruit incessant et confus, formé des cris d’une foule d’oiseaux de marais, accompagnait notre marche, rendue à présent insupportablement lente pas le pas mesuré et l’éternel appétit du bétail. Au milieu du troupeau, mes deux guides s’avançaient, dans un silence satisfait que je ne pouvais m’empêcher d’admirer. Plus je les regardais, plus j’étais frappé de la ressemblance extravagante qu’il y avait entre eux. Ils étaient vêtus de la même grosse toile de ménage, ils tenaient en main le même gourdin, ils avaient mêmement les alentours du nez tout barbouillés de tabac, et chacun portait sur les épaules un de ces plaids qu’on appelle, je crois, des tartans de berger. Vus de dos, on ne serait point parvenu à les distinguer, et, même de face, ils étaient pareils. Une incroyable similitude d’humeur entre eux renforçait encore pour moi cette impression. Trois ou quatre fois je jetai des jalons pour aboutir à quelque échange de pensées, de sentiments, ou, tout au moins, de paroles humaines. Un oui ou un non fut toujours la seule réponse que j’obtins, et le sujet soulevé par moi retomba, sur le flanc de la colline, sans écho. Je finis, en vérité, par en éprouver de la peine ; et quand, après deux heures de marche, Sim se retourna vers moi et me présenta une corne de bélier pleine de tabac à priser, en me demandant « si j’en usais », je répondis avec animation : « Je vous assure, monsieur, que je serais prêt à priser du poivre, si cela pouvait vous faire plaisir et amener entre nous un peu de cordialité ! » Mais cette plaisanterie même ne porta point, et mes compagnons s’obstinèrent dans leur odieuse réserve. Vers dix heures, nous parvînmes au sommet d’une crête d’où nous vîmes le sentier descendre en pente droite dans un vallon désert, d’à peu près une lieue de longueur, et se terminant, à l’autre extrémité, par une série de buttes également dénudées. Tout à coup Sim s’arrêta, ôta son chapeau et fit une moue.

« Voilà ! dit-il, nous voilà à la Tête de Howden !

— La Tête de Howden, oui ! reprit Candlish.

— Monsieur Ivey, êtes-vous sec ? » dit Sim, s’adressant à moi.

Je le regardai, cherchant à comprendre le sens de sa question.

« Vous êtes donc malade ? me dit-il. Je vous offre la goutte !

— Oh ! s’il y a quelque chose à boire, répondis-je, je prétends être pour le moins aussi sec que vous ! »

Sur quoi Sim tira d’un coin de son plaid une bouteille noire, et nous bûmes à tour de rôle en portant nos santés. Je m’aperçus bientôt que ces messieurs suivaient, en pareille occasion, une étiquette invariable, où vous pensez bien que je ne fis nul embarras de me conformer. Chacun de nous s’essuyait la bouche du revers de la main gauche, soulevait la bouteille dans la main droite en proférant avec emphase : « À la vôtre ! » — et avalait autant de liqueur que sa fantaisie le lui suggérait. Cette cérémonie, qui était la seule chose qui chez mes compagnons ressemblât à de la politesse, se répétait à des intervalles presque réguliers, mais de préférence après une montée. À l’occasion, nous partagions aussi un morceau de fromage de brebis et une tranche d’un pain détestable qui s’appelle, si j’ai bonne mémoire, shearer’s bannock. Et c’est à cela que se bornèrent, je puis le dire, toutes nos relations durant cette première journée.

Je n’en fus que plus à l’aise pour observer l’extraordinaire désolation de ce pays, à travers lequel notre route serpentait, d’heure en heure et de jour en jour. Une succession continue de collines basses et pelées, séparées par le cours rapide de dix mille ruisseaux, que nous passions à gué, et au bord desquels nous campions la nuit ; des perspectives infinies de bruyères, des quantités infinies d’oiseaux de marais ; çà et là, au bord de l’eau, de charmants bouquets de saules, ou de bouleaux argentés ; çà et là, des ruines de vieux châteaux forts : tels étaient les caractères, sans cesse renouvelés, du paysage. Parfois, mais toujours de loin, nous apercevions la fumée d’une petite ville ou d’une ferme isolée ; plus souvent un troupeau de moutons sous la garde d’un berger, ou un petit champ de blé non encore moissonné. Mais, sauf ces quelques exceptions, je puis dire que nous voyagions dans un vrai désert ; et, quand je songeais que nous n’étions qu’à peu de lieues de la capitale du royaume, cela me donnait une idée singulière de ce pauvre, stérile, et cependant, glorieux pays, où je me trouvais. Mais, plus encore, peut-être, ce spectacle célébrait pour moi la sagesse de mistress Gilchrist, qui avait eu l’idée de me faire voyager avec ces rudes compagnons, et par un chemin aussi peu fréquenté.

Nous étions à présent près de la frontière. Longtemps nous avions marché sur le chemin battu et brouté, avant nous, par des milliers de troupeaux, et pas une seule fois encore nous n’avions aperçu aucune trace d’un autre convoi que celui dont nous faisons partie. Enfin, un matin, nous découvrîmes, à une distance d’environ une demi-lieue, une seconde caravane, pareille à la nôtre, mais beaucoup plus grande. Aussitôt le visage de mes deux compagnons fit voir une émotion extraordinaire. Ils se dressèrent sur le bout des pieds ; ils mirent leur main en abat-jour devant leurs yeux pour mieux étudier le troupeau qui approchait ; et ils se consultèrent l’un l’autre avec une apparence d’alarme que je ne parvenais pas à comprendre. Je m’enhardis à leur demander ce qu’il y avait qui les inquiétait.

« De sales bougres ! » fut la brève et éloquente réponse de Sim.

Toute la journée, les chiens eurent à rester en alerte et le troupeau marcha avec une vitesse inaccoutumée. Toute la journée, Sim et Candlish, avec une dépense anormale de tabac à priser et de paroles, continuèrent à débattre la situation. Je pus ainsi comprendre qu’ils venaient de reconnaître deux des trois hommes qui conduisaient l’autre convoi : un certain Faa et un certain Gillies. Jamais je n’ai pu savoir l’origine de la querelle qu’il y avait entre eux ; mais le fait est que Sim et Candlish s’attendaient, de la part de ces confrères, à tous les degrés possibles de fraude ou de violence. Candlish se félicitait à maintes reprises d’avoir « laissé sa montre chez lui, avec sa bourgeoise » ; et Sim ne cessait point de brandir son gourdin, ni de maudire sa malchance, car cette arme se trouvait fendue par le milieu.

« Pour peu que je veuille asséner un bon coup à la damnée crapule, disait-il, le bois est capable de m’éclater entre les mains !

— Eh bien messieurs, dis-je, à supposer que ces individus nous approchent, je crois tout de même que nous pourrons leur faire un joli parti ! »

Ce que disant, je faisais siffler au-dessus de ma tête le cadeau de Ronald, dont j’appréciais maintenant pleinement la valeur.

« Comment, mon garçon ? Est-ce que vous savez en jouer ? » demanda Sim. Et un éclair d’approbation illumina son visage de bois.

Ce même soir, un peu fatigués d’une longue journée de marche presque ininterrompue, nous nous installâmes pour la nuit sur une petite butte verdoyante d’où jaillissait un mince ruisseau. Notre souper fini, nous nous étions couchés, mais nous ne dormions pas encore, lorsque le grognement sourd d’un des chiens nous mit en alerte. Aussitôt nous nous redressâmes tous les trois ; puis, tous les trois, avec la même idée, nous nous couchâmes de nouveau, mais cette fois en tenant prêts nos gourdins. On accepte aisément les aventures quand on se trouve être tout ensemble un étranger et un prisonnier évadé, un jeune homme et un vieux soldat. Sans avoir la moindre idée des causes de la querelle, ni de sa nature, ni des conséquences probables d’une rencontre, j’étais aussi résolu à prendre la défense de mes deux compagnons que je l’avais été, naguère, à me placer à mon rang un matin de bataille.

Tout à coup, trois hommes sortirent des buissons et s’élancèrent sur nous. Nous nous trouvâmes assaillis avant presque d’avoir eu le temps de nous relever ; et, un moment après, chacun de nous eut à tenir tête à un adversaire que la nuit tombante nous permettait à peine de voir. Comment alla le combat dans les autres quartiers, je ne suis pas en position de vous le décrire, ayant eu assez à faire de mon propre côté. Car le coquin qui m’était échu pour ma part était extrêmement agile et maniait son arme avec une habileté étonnante. Dès le premier assaut, il avait pris le dessus ; sans cesse j’étais forcé de rompre ; et ce n’est qu’au dernier moment, d’un mouvement de défense à peine réfléchi, que je m’avançai d’un pas et le frappai à la gorge. Il s’abattit comme une quille et ne bougea plus.

Sa chute fut comme le signal de la cessation du combat. Aussitôt les autres belligérants se séparèrent ; nos ennemis purent librement soulever et emporter leur camarade, toujours immobile. J’eus ainsi l’occasion de voir que cette sorte de guerre n’échappait pas entièrement aux lois de la chevalerie et avait plutôt le caractère d’un tournoi que d’un duel à outrance. Aussi bien découvris-je tout de suite que, aux yeux de mes compagnons comme aux yeux de nos adversaires, je me trouvais avoir pris la chose beaucoup trop au sérieux. C’est avec une véritable consternation que les deux conducteurs étrangers emportèrent leur camarade blessé ; et à peine s’étaient-ils éloignés de quelques pas, dans la direction du nord, que Sim et Candlish réveillèrent leur troupeau et se mirent en route vers le sud.

« Je crois que Faa est en mauvais état ! dit l’un d’eux.

— Oui, dit l’autre, il a l’air d’avoir une mauvaise affaire !

— Il en a bien l’air ! » reprit le premier.

Et, de nouveau, l’odieux silence retomba sur nous.

Mais bientôt Sim se retourna vers moi.

« Vous êtes bien habile au bâton ! me dit-il.

— Je crains d’avoir été trop habile ! répondis-je. Je crains que M. Faa, si c’est ainsi qu’il s’appelle, n’ait de la peine à revenir de là !

— Ma foi, ça ne m’étonnerait pas ! répondit Sim.

— Et, dans ce cas, que pensez-vous qu’il arrive ? demandai-je.

— En vérité, répliqua Sim en aspirant une forte prise, si je vous offrais une opinion, ça ne serait pas honnête de ma part. Car le fait est, monsieur Ivey, que je n’en sais rien. Nous avons bien eu, jusqu’ici, des nez cassés ; nous avons même eu une jambe cassée, ou peut-être deux ; et toutes ces choses-là, voyez-vous, nous avons l’habitude de les garder entre nous. Mais un cadavre, jamais encore nous n’en avons eu ; et je n’ai aucune idée de ce que Gillies jugera devoir faire, dans un cas comme celui-ci. Et puis, lui-même risque de se trouver dans l’embarras, si on le voit revenir seul, sans Faa. Les gens, vous savez, sont enragés avec leurs questions, et surtout quand on n’en a pas besoin !

— Ça, c’est un fait ! » approuva Candlish.

Je me sentais plein de repentir et me creusais la tête pour trouver quelque moyen de rassurer mes deux compagnons. Enfin je leur dis, abordant le sujet en toute franchise :

« Il y a toujours une chose que nous allons faire ! Une fois la frontière passée, nous nous séparerons. Comme ça, si vous avez des ennuis, vous serez plus à l’aise pour rejeter tout le blâme sur moi ; et quant à moi, si l’on me pince, je vous promets bien de vous mettre hors de cause.

— Monsieur Ivey, s’écria Sim avec quelque chose qui ressemblait à de l’enthousiasme, pas un mot de plus ! J’ai vu bien des sortes de gentlemen avant le jour d’aujourd’hui ; j’en ai vu qui étaient ce qu’ils devaient être, et j’en ai vu d’autres qui étaient tout le contraire : mais un gentleman comme vous, je dois dire que je n’en ai pas vu souvent ! »

Ces paroles impliquaient un assentiment à ma proposition : de telle manière que nous poursuivîmes notre marche, la nuit, avec la même hâte. Les étoiles pâlirent, l’Orient blanchit ; et toujours, hommes et chiens, nous poussions devant nous le bétail fatigué. À mainte reprise Sim et Candlish déplorèrent la nécessité de cette marche forcée, « une vraie ruine pour le bétail ! » déclaraient-ils ; mais la pensée d’un juge et d’une potence les chassait en avant.

Quant à moi, ma situation était loin d’être aussi triste que la leur. Toute cette nuit, et pendant tout le peu de temps qui s’écoula jusqu’à la fin de notre voyage en commun, je fus admis à jouir d’un plaisir nouveau, en récompense de mes prouesses : j’assistai à la mise en mouvement de la langue de M. Sim. Candlish restait toujours obstinément taciturne : il avait cela dans le sang. Mais Sim, dès qu’il avait pu enfin m’apprécier et m’approuver, avait étalé devant moi, sans réserve, un tour d’esprit plutôt expansif et un assez joli talent de narration. Les deux hommes étaient de vieux et intimes amis, formant, sur la lande sans fin où se passait leur vie, une de ces fraternités silencieuses que les voyageurs ont souvent constatées chez les trappeurs du Far-West. Ils avaient une confiance absolue l’un dans l’autre ; et ils avaient une admiration surprenante pour les qualités l’un de l’autre. Candlish s’écriait que Sim était « magnifique » ; et Sim me prenait à part pour m’assurer que « je ne trouverais pas dans toute l’Écosse un gaillard comme Candlish ». Les deux chiens, eux aussi, paraissaient faire partie intime de l’association ; et j’observai que leurs exploits et les traits de leurs caractères étaient l’une des préoccupations principales de leurs deux maîtres. Sim ne tarissait pas en histoires de chiens ; et les chiens du passé tenaient autant de place dans ses récits que ceux d’à présent. « Il y avait un conducteur de bestiaux à Manar, qu’on appelait Tweedie. — Te rappelles-tu Tweedie, Candlish ? — Un gaillard, ça ! répondait Candlish. — Eh bien ! ce Tweedie avait un chien… »

De cette façon, les dernières heures de notre voyage furent à beaucoup près les plus agréables pour moi ; et, lorsque vint le moment de nous séparer, une certaine familiarité s’était établie entre nous, faite d’estime mutuelle, qui nous rendit plus pénible la séparation. Celle-ci eut lieu vers quatre heures de l’après-midi, au sommet d’une colline dénudée d’où je pouvais voir le ruban de la grande Route du Nord anglaise. Je demandai à mes deux amis combien je leur devais.

« Rien du tout ! répondit Sim.

— Qu’est-ce que c’est que cette folie-là ? m’écriai-je. Vous m’avez guidé, vous m’avez nourri, vous m’avez abreuvé de votre whisky ; et maintenant vous ne voulez pas que je vous paie !

— C’est que, voyez-vous, nous étions chargés de faire tout cela ! répondit Sim.

— Chargés ? répétai-je. Qu’est-ce que cela veut dire ?

— Monsieur Ivey, dit Sim, c’est une affaire toute personnelle entre nous deux, Candlish et moi, et la vieille dame, la mère Gilchrist. Vous n’avez rien à y voir, voilà tout !

— Mais, mon bon ami, dis-je, je ne puis admettre d’être placé dans une position aussi ridicule ! Mme Gilchrist n’est rien pour moi, je me refuse à être son débiteur !

— Je ne vois pas bien comment vous pourriez remédier à cela ! observa mon guide.

— Comment ? mais en vous payant sur-le-champ

— Il faut toujours être deux pour un marché, monsieur Ivey ! répliqua-t-il.

— C’est-à-dire que vous ne voulez pas accepter d’argent ?

— Tout à fait ça ! reprit Sim. Et, d’ailleurs, ça ne pourra pas vous nuire de garder votre argent pour ceux à qui vous le devez. Vous êtes jeune, monsieur Ivey, et irréfléchi, mais j’ai dans l’idée qu’avec du soin et de la circonspection vous pourrez peut-être finir par vous tirer d’affaire ! »

Que pouvais-je tenter contre une résolution aussi invincible ? Je me résignai donc, et, après avoir dit adieu aux deux conducteurs, je me mis en route dans la direction du sud.

« Monsieur Ivey, — tels furent les derniers mots de Sim, — je n’ai jamais eu de goût pour l’anglaiserie ; mais je crois que je peux dire vraiment que vous me semblez avoir l’étoffe d’un garçon comme il faut !