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Sermons choisis de Sterne/05

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Chez Jean-François Bastien (Tome cinquième. Tome sixièmep. 117-133).


PLAINTES DE JOB
SUR LES MALHEURS
ET LA BRIÈVETÉ DE LA VIE.

ORAISON FUNÈBRE DE LEFÈVRE.


SERMON V.


L’homme né de la femme est un être de peu de jours, pleins de trouble. Il pousse comme une fleur ; et il est moissonné comme elle. Il vole comme une ombre, et passe comme elle. » Job. XIV, 1, 2.


Il y a quelque chose de si beau et de si vraiment sublime dans ces réflexions du saint homme Job sur la brièveté et l’instabilité des choses humaines, qu’on pourroit défier les plus célèbres orateurs de l’antiquité de nous produire une phrase si éloquente, si noble et si pathétique. Soit qu’on doive en attribuer l’effet à la nature de ce sujet, ou à la magie de l’expression orientale, et du style exalté qui lui convient, soit que les paroles appartiennent à cet être puissant qui inspira à l’homme son langage, ouvrit les lèvres du muet, et rendit éloquente la langue même de l’enfance ; à laquelle de ces causes qu’on rapporte la sublimité de ce passage, ainsi que d’une quantité d’autres épars dans les livres saints, jamais homme ne put mieux méditer sur la brièveté et les malheurs de cette vie, que ce saint patriarche. Il avoit si long-temps navigué sur cette mer orageuse, son passage avoit été tellement éclairé, tantôt par le soleil, tantôt par les feux de la foudre, qu’il atteignit aux extrémités et du bonheur et de l’infortune.

Le commencement de ses jours fut couronné de toute la splendeur que l’ambition peut désirer. Il étoit le plus puissant des hommes de l’orient. Il possédoit des campagnes illimitées, et sans doute il jouissoit de tous les plaisirs que la propriété peut donner. Vous me direz que l’on doit placer sa félicité sur une base plus sûre que celle d’une fortune immense qui s’échappe tout-à-coup ; de ces biens qui se font des ailes, et s’envolent à jamais ; mais il avoit encore l’avantage de la sécurité, car la main de la Providence qui l’avoit élevé, le conduisoit dans sa route ; Dieu sembloit s’être engagé à continuer ses bénédictions sur sa tête fortunée. Il l’avoit environné d’une haie, ainsi que ses possessions. Les ouvrages de ses mains étoient bénis, et chaque jour accroissoit sa fortune. Bien plus, les richesses que possède celui qui n’a ni enfans ni frères, au lieu d’être une consolation, sont quelquefois un objet d’inquiétude et de vexations. L’esprit humain n’est pas toujours satisfait de la conscience de ses propres jouissances ; il regarde devant lui, comme s’il découvroit un vide imaginaire, comme s’il désiroit un objet chéri pour le remplir ; souvent il s’inquiète et dit : pour qui travaillé-je ? pour qui me privé-je du repos ?

Dieu avoit encore élevé cette barrière devant le bonheur de Job, en le bénissant d’une foule aimable de fils et de filles, héritiers apparens de sa félicité présente. Idée délicieuse ! les bénédictions de la providence seront portées de main en main, et continuées sur les descendans de mes descendans ! combien cette espérance diffère peu de la première jouissance dans le cœur d’un père tendre, qui égare ses yeux sur le bonheur lointain de sa postérité, comme s’il devoit revivre avec elle !

Que manque-t-il à cette peinture d’un homme heureux ? rien, sûrement, si ce n’est une disposition vertueuse à jouir de tant d’avantages, et l’art d’en faire un bon usage : il l’avoit aussi, car c’étoit un homme droit, il craignoit Dieu, et évitoit le mal.

Dans le cours de sa prospérité, aussi grande qu’il en peut jamais échoir dans le partage d’un mortel ; pendant que tout sourioit autour de lui, et sembloit lui promettre un surcroît de bonheur, s’il étoit possible, tout à-coup cette scène paisible et aimable se changea en une scène de chagrin et de désespoir.

Dieu, pour remplir les desseins de sa sagesse, se plut à renverser sa fortune, il trancha l’espoir de sa postérité, et ce prince, dans un jour à jamais affreux, se vit jeté de son palais sur un fumier. Ses troupeaux, qui faisoient ses richesses, furent en partie consumés par le feu du ciel, et en partie égorgés par le glaive d’un ennemi. Ses fils et ses filles, qu’il avoit instruits dans leurs devoirs, et dans lesquels il plaçoit la félicité de l’avenir, récompense bien naturelle pour les soins et les soucis que leur enfance avoit coûtés, ses enfans furent séparés de lui par un souffle désastreux, comme ils commençoient à devenir la consolation de sa vieillesse, alors que les esclaves aimés soutenoient ses années débiles : les circonstances mêmes qui ajoutent au malheur furent pour lui combinées, ils lui furent ravis au moment que sa foiblesse étoit incapable de supporter ce revers, au moment où il devoit le moins s’y attendre, quand il pouvoit se flatter qu’ils étoient hors de la voie des dangers ; « pendant qu’ils mangeoient et se réjouissoient dans la maison de l’aîné, le vent impétueux du désert secoua les quatre coins de l’édifice, et le renversa sur eux. »

Un tel assemblage de calamités n’est pas le lot commun des hommes ; il y en a cependant qui ont soutenu des épreuves aussi sévères, et qui bravement leur ont résisté, peut-être par une force d’esprit naturelle, l’aide puissante de la santé, et le secours affectueux de l’amitié. Que ne soutient-on pas avec de tels avantages ; mais Job ne les eut pas. À peine avoit-il été frappé de ces accidens subits, qu’une lèpre effroyable le couvrit depuis le sommet de la tête jusqu’à la plante des pieds ; ses amis, dans lesquels il en pouvoit trouver le remède, la femme même de son cœur, dont la main devoit soutenir sur sa tête le poids de son affliction, l’insultèrent cruellement et soupçonnèrent sa probité. Ô Dieu ! qu’est-ce que l’homme quand tu l’accables ainsi ? quand tu appesantis le fardeau à mesure que tu ôtes les forces ? quand il devient ainsi l’exemple des vicissitudes de la fortune ? quand il se voit arracher toutes les bénédictions qu’un moment auparavant ta providence accumuloit sur sa tête ? quand, après avoir réfléchi sur la multitude des jouissances assemblées autour de lui, il les voit dans un jour enlevées jusqu’au niveau du sol, et s’évanouir comme la description d’un rêve enchanteur ? quel est l’homme qui, venant d’éprouver une révolution si subite, eût fait les belles réflexions de Job, et dit avec lui ? « Que l’homme né de la femme est un être de peu de jours, pleins d’amertumes, qu’il pousse comme une fleur, et est moissonné comme elle, qu’il vole, et passe comme une ombre. »

Ces paroles expriment bien succinctement la vanité naturelle et morale de l’homme, et elles se divisent en deux propositions distinctes.

1°. L’homme est un être de peu de jours. 2°. Les jours sont remplis d’amertume. Je ferai quelques réflexions sur ces deux propositions.

C’est un être de peu de jours. La comparaison que Job en fait avec une fleur, est extrêmement belle, et mieux faite pour ce sujet que la preuve la plus travaillée, il ne l’auroit pas comportée. La brièveté de la vie est un point si généralement débattu dans tous les siècles depuis le déluge ; il est si universellement senti et reconnu par tous les êtres, qu’il ne demande aucun argument qu’une comparaison juste. Elle ne sert pas à prouver le fait ; mais elle le place sous un jour qui nous frappe, et fait sur notre esprit une impression profonde.

L’homme, dit Job, pousse comme une fleur, et est moissonné comme elle ; il est envoyé dans le monde comme la plus noble et la plus belle portion de l’ouvrage de la divinité ; son image est faite d’après celle du créateur ; il est glorieux comme la fleur des champs ; il surpasse en beauté la race végétale, ainsi qu’il surpasse en raison la race des animaux.

La fleur arrive au temps de sa perfection, si quelqu’accident ne la détruit dans son bourgeon ; il lui est permis de triompher quelques instans, et elle est coupée sur sa racine au milieu de l’orgueil et de la pompe de sa végétation ; si elle échappe à la main de la violence, elle est flétrie en peu de jours, et se penche morte sur sa tige.

Ainsi, l’homme éprouve dans son accroissement et son déclin la même période, quoique l’un soit plus haut, et que sa durée soit plus longue.

S’il échappe aux dangers qui menacent sa tendre enfance, il atteint la maturité de la vie, et s’il est assez heureux pour ne pas succomber sous quelqu’accident occasionné par sa folie et son intempérance, il décline insensiblement ; enfin un terme arrive au-delà duquel il ne peut plus vivre. Ainsi que la fleur ou le fruit qui n’ayant pas été coupés avant leur maturité n’outrepassent pas la période auquel ils se fanent et tombent ; ainsi quand le temps est arrivé, la main de la nature moissonne l’homme sur la terre qui le porte. L’art du botaniste ou celui de la médecine ne les préservent ni l’un ni l’autre de cette nécessité cruelle. Dieu a donné ces lois immuables aux végétaux, il les a données aux hommes, ainsi qu’à toutes les créatures vivantes, après avoir inséré dans leurs élémens la puissance de l’accroissement, de la durée et de l’extinction. Quand les évolutions sont finies, la créature expire et périt, tandis que le fruit mûr tombe de l’arbre, et que la fleur se desséche sur sa tige.

C’en est assez sur cette comparaison poétique et sublime du saint homme Job.

« Il vole et s’échappe comme une ombre. » Celle-ci n’est pas moins une magnifique représentation de la brièveté de la vie humaine ; on ne peut en sentir la vérité qu’en rapprochant le tableau de l’original d’après lequel il a été copié. Avec quelle vitesse en effet passent sur notre tête les jours, les mois, les années ? n’est ce pas comme une ombre qui vole, et laisse à peine une impression légère sur nous ? lorsque nous nous efforçons de les rappeler par la réflexion, et de concevoir comment ils se sont écoulés, quel est celui de nous qui peut s’en rendre un compte satisfaisant ? oui, sans quelques événemens remarquables qui ont distingué quelques époques de cette durée, nous la regarderions comme Nabuchodonosor regardoit à son réveil le rêve qui l’avoit occupé pendant la nuit ; il savoit que quelque chose avoit passé et l’avoit troublé ; mais cela avoit passé si légèrement et si vite, qu’il ne pouvoit pas trouver la trace sur laquelle il pût le chercher. Oh que le tableau de la vie humaine est mélancolique ! elle s’écoule de telle manière qu’on peut à peine réfléchir comment elle s’écoule.

Nos premières années glissent sur les plaisirs innocens de l’enfance, et nous ne pouvons pas méditer sur elles. Une jeunesse insouciante leur succède, et nous ne voulons pas réfléchir ; ardens à la poursuite des plaisirs, avons-nous le temps de nous arrêter pour les considérer ?

Quand nous atteignons un âge plus grave et plus sensé, et que nous commençons à réformer nos mœurs et notre conduite ; alors les affaires et les intérêts de ce monde, les projets et la manière de les exécuter nous occupent tellement, qu’ils ne nous laissent pas le temps de penser à ce qui n’est pas eux. À mesure que notre famille s’accroît, nos affections augmentent, et avec elles se multiplient les soins et les soucis que nous donne l’établissement de nos enfans. Ces soins nous assaillent si secrètement, ils s’emparent de nous si long-temps, que nous sommes surpris par des cheveux blancs, avant que d’avoir trouvé le loisir de réfléchir sur le temps qui s’est écoulé, les actions qui en ont rempli la durée, et le dessein pour lequel Dieu nous a envoyés dans ce monde. On peut donc dire, avec raison, que l’homme est un être de peu de jours, quand on le rapproche de la succession hâtive des choses qui le poussent vers le déclin de sa vie : on peut dire encore qu’il vole et s’échappe comme une ombre, quand on le compare aux autres ouvrages de la divinité, à ceux mêmes que ses mains ont faits, et qui survivent à plusieurs générations, tandis que la sienne tombe comme les feuilles que d’autres bourgeons remplacent, pour s’épanouir, tomber et être emportés par le vent.

Mais lorsque nous considérons la brièveté de ses années dans le jour qu’elles se montrent, à toi, grand Dieu, à toi à qui mille ans ne paroissent que comme le jour d’hier, quand nous considérons cette poignée de vie qui nous a été mesurée sur l’étendue de l’éternité pour laquelle nous sommes créés : ah ! comme cet espace doit être limité ! et sommes-nous encore sûrs de jouir de sa plénitude ? mille accidens divers peuvent couper la trame légère de la vie humaine long-temps avant qu’elle touche à son dernier point d’extension. Le nouveau né, proie aisée pour la mort, tombe et se résout en poussière comme le bouton nouvellement éclos. La jeunesse qui promet davantage voit s’éteindre en elle la beauté de la vie ; une maladie cruelle ou un accident désastreux l’ont couchée sur la terre, comme la fleur vivace qu’une vapeur maligne dessèche. Le germe des maladies occasionnées par l’intempérance ou la négligence multiplie les événemens dans cet acte intéressant de notre vie. Les maux infects agravent leur rage quand ils se mêlent à un sang fort et agité, les succès deviennent douteux, et l’on nous dit par tout que la moitié des hommes meurt dans les premiers dix-sept ans de sa vie.

J’en ai dit assez pour confirmer la réflexion de Job, que l’homme est une créature de peu de jours ; hélas ! ces jours sont encore remplis de trouble et d’amertumes. Ne nous attachons pas pour en avoir des preuves au côté flatteur que nous présentent les choses humaines. Elles sont revêtues d’une apparence trop brillante, surtout dans le monde, que l’on appelle grand. Nous ne les prendrons pas encore auprès de ces hommes gais et apathiques qui, placés au milieu des jouissances, réfléchissent peu sur les privations, et qui, n’ayant point encore touché leur portion héréditaire des peines du monde, s’imaginent ne pas avoir un lot dans le malheur général. Nous ne recourrons pas enfin à ces récits illusoires de quelques passagers heureux qui ont navigué sans dangers et franchi tous les écueils ; mais un coup-d’œil sur la vie humaine, et sur la face réelle des choses, dénué de tout ce qui peut les pallier ou les dorer, nous servira de points de comparaison. Nous écouterons les plaintes de tous les siècles, de tous les âges ; nous lirons l’histoire du genre humain. Eh bien, que contient-elle ? un récit des voyageurs qui ont erré dans ce monde si lamentable, que l’homme sensible ne peut finir sa lecture sans avoir le cœur oppressé par la douleur.

Voyez l’effrayante succession de la guerre d’une partie de la terre vers l’autre ; elle est perpétuée d’un siècle à l’autre avec si peu de relâche que le genre humain à peine a eu le temps de respirer depuis que l’ambition vint s’emparer du monde ; voyez ses horribles effets écrits sur les ruines du globe : ici, des nations entières ont été passées au fil de l’épée ; là, d’autres ont été réduites à la famine pour faire place à de nouveaux colons. Voyez combien d’hommes, depuis les premiers siècles jusqu’au nôtre, ont été foulés sous les pieds d’un tyran cruel et capricieux qui n’a jamais écouté leurs cris, ou paru sensible à leur détresse. Voyez l’esclavage, quelle coupe amère ! combien de millions d’hommes en sont abreuvés tous les jours. S’il empoisonne le bonheur, quand on l’exerce sur nos corps, que doit-il être quand il pèse également sur nos corps et sur nos âmes.

Jetez un coup-d’œil sur l’histoire des religions, sur leurs tyrans ? que dis-je, leurs bourreaux qui se soûlent du plaisir de voir les tourmens et les convulsions de leurs frères. Voilà l’inquisition : écoutez les sons mélancoliques dont retentit chaque cachot ; considérez la cruauté de ces juges, et les tortures recherchées qu’ils vont infliger sans merci à l’infortuné. Son ame dans ces angoisses douloureuses veut s’échapper de son corps disloqué ; on ne veut pas. Il faut qu’il soit arraché de ce chevalet sanglant pour aller perdre la vie au milieu des flammes que lui prépare la superstition.

Si les détails des causes publiques des misères de l’homme ne suffisent pas, considérons-le luttant contre des infortunes particulières. Il est encore plein de troubles, il est né pour le malheur.

Si nous le regardons exposé à tous les besoins réels ou imaginaires auxquels il ne peut subvenir ; quelle suite de vexations, de dépendances dérivent de cette nécessité, et le rendent infortuné ? combien d’obstacles se hérissent devant lui quand il veut faire son chemin dans la société ? combien de fois est-il forcé de rétrograder ou de rester à la même place ? que de soucis lui donne seulement le seul besoin d’avoir du pain ! il en est tant qui n’atteignent jamais à ce but, il en est tant qui le mangent dans la douleur.

Tirons le rideau sur ceux-ci, et regardons en haut vers ceux qui semblent placés au-dessus de ces soucis : eh bien ! ils sont exposés à d’autres. Tous les rangs, toutes les conditions rencontrent des calamités relatives qui pèsent sur la vie des grands, et les accablent dans leur marche.

Ceux ci sont atteints d’infirmités qui les privent le jour et la nuit du repos ; ceux-là, dévorés par l’ambition, sont menacés des disgrâces, et mille d’entr’eux, rongés par des inquiétudes secrètes, s’éteignent en silence, et doivent leur trépas au chagrin et à l’abattement de leur cœur.

Descendons quelques étages plus bas. Un million de nos frères nés pour n’hériter que de la pauvreté et des troubles, sont forcés par la nécessité à la bassesse et à la peine des plus vils emplois, et encore peuvent-ils à peine sustenter leur famille.

C’est ainsi qu’après avoir passé en revue toutes les conditions et tous les états, et leur avoir accordé par grâce quelques plaisirs fugitifs, nous en revenons toujours à la description que nous a donnée Job ; et nous y découvrons quelques caractères lisibles de ces mots dont Dieu nous menaça jadis : Tu mangeras ton pain dans la douleur jusques à ce que tu retournes à la terre dont je t’ai tiré.

Quelqu’un me dira peut-être, pourquoi me faites-vous haïr la vie ? pourquoi exposez-vous ce tableau funeste ; me parlez-vous de ces infirmités naturelles, qu’il n’est pas en notre pouvoir de corriger ?

À cela je réponds que le sujet est de la plus grande importance, et qu’il faut que chaque homme ait une idée de sa nature, pour que son esprit fasse des projets convenables à sa condition. Cette revue impartiale, ce miroir que je tiens élevé pour lui montrer ses infirmités, tend à guérir son orgueil et à le revêtir de l’humilité, seul vêtement qui convienne à un être aussi foible et aussi misérable. La considération sur la brièveté de sa vie doit le convaincre qu’il est sage de consacrer cette petite portion au grand projet de l’éternité.

Enfin, quand on réfléchit que cette mesure si courte est encore remplie de tant de troubles, que rien n’y est produit et n’y existe sans un mélange de peines, combien cette pensée ne doit-elle pas nous engager à détourner nos yeux et nos affections de cette perspective obscure, et à les fixer sur cette contrée plus heureuse, où Dieu essuiera à jamais les pleurs qui coulent sur nos joues ? Ainsi soit-il.