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Sonnet (Nerval)

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Traduction par (Bibliographie de Gérard de Nerval).
Hachette (p. 331).

SONNET

 
Il a vécu, tantôt gai comme un sansonnet,
Tour à tour amoureux, insoucieux et tendre,
Tantôt sombre et rêveur, comme un triste Clitandre.
Un jour, il entendit qu’à sa porte on sonnait ;

C’était la Mort. Alors, il la pria d’attendre
Qu’il eût posé le point à son dernier sonnet ;
Et puis, sans s’émouvoir, il s’en alla s’étendre
Au fond du coffre froid où son corps frissonnait.

Il était paresseux, à ce que dit l’histoire ;
Il laissait trop sécher l’encre dans l’écritoire ;
Il voulait tout savoir, mais il n’a rien connu ;

Et quand vint le moment où, las de cette vie,
Un soir d’hiver, enfin, l’âme lui fut ravie,
Il s’en alla, disant : « Pourquoi suis-je venu ? »