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Sonnets Gaillards et Priapiques/Le fruit d’amour, trop longtemps attendu

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Sonnets gaillards et priapiquesBibliothèque internationale d’édition (p. 44).


Le fruit d’amour, trop longtemps attendu,
Pert sa saison, et n’est plus agréable,
Pour un amy, vous rendre redevable,
Donnez-le tôt, ou bien il est vendu.

Non, toutesfois, qu’il vous soit défendu
De mettre à prix de peine raisonnable,
Ou qu’il en faille estre si charitable
Que pour chacun au croc il soit pendu.

Mais je voudrois que sans longue poursuite ;
A un amy l’on en fit charité,
Voire devant qu’il le gagne et mérite ;

Car le donnant quand il l’a mérité,
C’est récompense, et plutôt on s’acquite,
Qu’on ne fait grace et libéralité.