Aller au contenu

Sous l’éventail/18

La bibliothèque libre.
Sandoz & Fischbacher (p. xviii).


xviii

À ma Mère


Ton foyer va ce soir prendre un aspect de fête,
Frère & sœur baiseront ta joue avec ferveur ;
Mais toi, tu chercheras parfois d’un œil rêveur
La place où se dressait jadis ma jeune tête.

Plus les souhaits ardents que leur lèvre répète
T’auront fait tressaillir sous leur charme vainqueur,
Plus tu verras aussi combien manque à ton cœur
Celui qui rendrait seul ton extase complète.

Mais son baiser viendra t’effleurer à son tour,
Car l’élan qui surgit d’un filial amour
Brave dans son essor l’infini de l’espace,

Et ce soir, dans l’essaim des songes caressants,
Tu me verras penché sur ton front face à face :
— Le rêve est le divin rendez-vous des absents !