Symphonie héroïque/Faust
Œuvres de Albert Samain, Mercure de France, , Le Chariot d’or. La Symphonie héroïque. Aux flancs du vase (p. 175-176).
FAUST
Ô Faust, ta lampe blême expire de sommeil ;
La page où tu lis tourne au vent frais de l’aurore.
Lève le front, regarde… au chant du coq sonore
La face du seigneur monte dans le soleil !
Pendant qu’au pavé nu tu crispes ton orteil,
Vois, le monde tressaille, heureux d’un jour encore.
Ta vie est un serpent maudit qui se dévore.
Ton âme ? — Ta science affreuse l’a tuée.
Ta raison ? — Laisse là cette prostituée
Qui s’est donnée à tous, et qui n’a point conçu.
Mais Hélène aux bras blancs passe au loin sur la grève,
Et ton cœur, ton vieux cœur à la fin se soulève,
Devant le corps divin voilé d’un long tissu,
Vers le seul rêve humain qui n’ait jamais déçu.