Tableau du royaume de Caboul et de ses dépendances dans la Perse, la Tartarie et l’Inde/Tome 3/Funérailles
Les funérailles des Caufirs diffèrent de tout ce qui existe à ce sujet chez les autres nations.
Quand un homme est mort on le revêt de ses meilleurs habits, et on l’étend sur un lit, les bras allongés sur les côtés. Quelques-uns de ses parens le portent sur un brancard, tandis que les autres chantent et dansent autour du défunt ; les hommes exécutent des combats simulés, et les femmes se lamentent ; de temps en temps on s’arrête, et les femmes viennent baigner le défunt de leurs pleurs. Enfin, on l’enferme dans un cercueil, et on le dépose en plein air, à l’ombre de quelques arbres, ou dans une autre situation que l’on juge convenable[1].
Tous les convois se terminent par un festin, et au bout de l’an on donne encore un repas en l’honneur du mort on ; expose même quelques mets sur sa tombe, en invitant ses mânes à venir s’en repaître.
J’ai déjà dit que plusieurs illustres morts ont été mis au rang des dieux. Il y a encore un moyen d’honorer la mémoire d’un défunt : c’est de construire le long des chemins publics un monument tout simple, qui consiste en quatre chevrons et quelque maçonnerie. Cet édifice ne sert absolument à rien, mais il porte le nom du fondateur ; et il suffit pour mériter cette distinction d’avoir donné quelques grands repas au village.
Les complimens de condoléance sont très-singuliers. Si un homme a perdu un de ses parens, l’ami qui vient pour le consoler, jette son bonnet à terre en entrant dans la maison, tire son poignard, et saisissant la personne affligée par la main, il la force de danser avec lui tout autour de la chambre.
- ↑ M. Elphinstone a tort de dire que cette manière de disposer des morts est particulière aux Caufirs. Les habitans du Tibet et les insulaires de la mer du Sud en usent à peu près ainsi. (Note du Trad.)