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Tablettes d’un mobile/27

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Tablettes d’un mobileLachaud (p. 105-108).


LA CURÉE.

Mai 1871.



Hallali ! la bête est à terre !
Allons, vautours, accourez tous !
Paris roule dans la poussière :

Sur cette ville altière

Ruez-vous !


À la curée. — Allons ! qu’on profite de l’heure !
Qui vous dit que demain vous y serez aussi ?
Vous vouliez de l’argent et du vin : en voici !
Qu’on mange, que l’on boive, et que l’on pille ; et meure

Celui qui n’a pas soif aussi !


À la curée ! — Allons ! assez de tyrannie !
Jetez-vous sur le riche et sucez-lui le sang !
L’or qu’on doit au travail est trop avilissant !
C’est votre tour enfin de connaître la vie :

Prenez le bonheur en passant !

Hallali ! la bête est à terre !
Allons, vautours, accourez tous !
Paris roule dans la poussière :

Sur cette ville altière

Ruez-vous !


Le Prussien a rendu votre victoire aisée :
La France saigne et meurt des coups qu’elle a reçus ;
Allez ! — élargissez sa blessure encor plus,

Frappez à poings fermés sur sa face brisée,

Mordez ses muscles détendus !


En ruinant Paris, vous ruinez la France !
Ce Paris orgueilleux où d’autres ont joui,
Ce Paris tout entier est à vous aujourd’hui !
Vengez-vous maintenant de vos jours de souffrance !

Riez où vous avez gémi !

Hallali ! la bête est à terre !
Allons, vautours, accourez tous !
Paris roule dans la poussière :

Sur cette ville altière

Ruez-vous !


Le nom importe peu, Commune ou République
Ce que vous voulez, vous qui prétendez souffrir,
C’est être les plus forts, c’est l’or, c’est le plaisir ;
C’est commander toujours sans refus, sans réplique ;

C’est régner et surtout jouir.


Or, voici les jours gras : vengez-vous du carême !
Reprenez aujourd’hui tout ce qu’on vous a pris.
Tyrans, souvenez-vous que vous fûtes proscrits ;
Bêtes, donnez au corps tout ce que le corps aime :

Jouissez ! vous avez Paris !