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Toutes les femmes/06

La bibliothèque libre.
A. Méricant (3p. Ill.-118).


Femme annamite.

LES CHINOISES

Chinoises.

Loin d’être, comme on l’a cru pendant longtemps, les plus purs représentants de la race mongole, les Chinois forment un peuple de sang très mélangé, où les aborigènes se sont alliés avec des immigrants thibétains, tartares, mongols, mandchoux, indochinois, malais, etc. Le lien commun, qui unit entre eux tous ces éléments hétérogènes et en constitue une seule nationalité, c’est l’uniformité du développement social, c’est la civilisation. Comment est née cette civilisation ? Comment a-t-elle évolué ? Ce sont là des questions qui, si intéressantes qu’elles soient, n’ont point à être étudiées ici. Comme tous les peuples, les Chinois sont partis de la barbarie de l’âge de pierre dans laquelle restent encore confinées certaines nations de leur race. S’il fallait s’en rapporter à la tradition indigène, la masse actuelle de la population du « royaume fleuri » descendrait d’une pauvre horde de primitifs, errant jadis au pied des hauts plateaux thibétains, inférieurs aux plus inférieurs des sauvages, ignorant l’usage du feu, vivant surtout de racines et d’insectes. Ces ancêtres peu relevés étaient groupés en clans, que leurs descendants appellent « les cent familles aux cheveux noirs ». Ceux qui peuvent s’enorgueillir d’appartenir à cette lignée se considèrent toujours comme parents. De nos jours encore, un homme et une femme portant le même nom ne peuvent se marier ensemble. De ces clans primitifs, naquit une civilisation ayant son caractère propre, purement mongolique, dont l’évolution progressive, commencée il y a bien des siècles, s’est brusquement arrêtée. Il y a 4 500 ans, alors que l’Europe occidentale n’était encore habitée que par des barbares incultes, sous le règne de Hoang-ti, les lettrés chinois écrivaient déjà l’histoire des « enfants de Han ». Depuis lors, ce peuple d’agriculteurs est resté soumis à une discipline immuable qui a modelé la nation, lui imposant, par le règne de l’habitude, des coutumes, des mœurs, des règles de vie et de pensée qui semblent devoir à tout jamais comprimer les forces de transformation qui sont en elle.

Telle fut la valeur conservatrice de cette discipline qu’elle uniformisa


Femme chinoise.

même le type national, lui communiquant une remarquable solidité, qui se perpétue presque toujours dans les croisements avec d’autres races, et souvent jusqu’à la cinquième génération.

En majeure partie, les Chinoises, petites et menues, ont les membres un peu grêles, mais les formes gracieuses ; il faut aller dans le Nord pour en rencontrer quelques-unes que l’obésité alourdisse. Même celles qui s’adonnent journellement aux travaux agricoles conservent, dans leur labeur, la souplesse du corps et l’élégance des allures ; leur teint seulement se hâle sous la double influence du grand air et du soleil. Le visage est large, arrondi ; l’élévation des os maxillaires fait saillir les pommettes, accentuant légèrement l’aplatissement du nez large et le mouvement général des traits qui ramène vers le bas l’angle interne des paupières et fait obliquer les yeux petits, mais vifs et lumineux. Le sourire est charmant. Les cheveux, un peu rudes au toucher, sont d’un beau noir et, le plus souvent, coquettement coiffés ; certaines dispositions, par l’usage de grandes épingles ornées de grosses boules, ne sont pas sans rappeler quelques classiques modes de coiffures italiennes ; d’autres, où la tête est entourée de petits diadèmes en métal qui encadrent ou soutiennent soit des fleurs, soit des papillons faits de plumes bleues, sont véritablement délicieux. La poitrine est peu développée, les hanches ne sont pas assez saillantes, mais le costume sert à dissimuler ces défauts. Le bras est très bien fait, gracieusement attaché à l’épaule, et terminé par une main aux doigts effilés ; les ongles, dans la classe oisive, sont démesurément longs ; elles garnissent leur main d’un ongle artificiel, quand elles veulent pincer de cette espèce de guitare qu’elles appellent tsing.

Les Chinoises du Sud, plus grandes, de complexion plus brune, se font remarquer par une saillie plus accentuée des mâchoires.

Les femmes de Nankin, les plus belles des Chinoises, sont aussi les plus élégantes.

Comme la plupart des peuples mongoliques, les Chinois ne reconnaissent à la femme d’autre droit que celui d’obéir, et, seule, la douceur du caractère national lui permet de vivre d’une existence supportable. L’éducation des filles les prépare d’ailleurs au rôle effacé qui leur est réservé. Dès l’âge de dix ans, elles ne sortent plus de la maison ; on leur apprend à filer, à travailler le coton et la soie, à tisser des étoffes, à confectionner des vêtements et surtout à être douces, conciliantes et dociles ; à quinze ans, on commence à les parer, à orner leur chevelure ; à vingt ans, on les doit marier. Dans les familles riches, on leur fait, en outre, acquérir quelques talents d’agrément.

Le mariage, en Chine, est un acte obligatoire. Un père de famille est tenu de marier tous ses enfants, sous peine de déshonneur. Le souci de continuer la famille prime toute autre considération, et les parents, le père surtout, n’ont à tenir compte ni des préférences ni des goûts de leurs enfants : ceux-ci n’ont qu’à obéir. À défaut du père, c’est le fils aîné ou le parent le plus proche qui décide. C’est ainsi que sont assez souvent conclues des unions entre enfants en bas âge, parfois même entre enfants qui ne sont pas encore nés.

La famille est constituée, en Chine, d’une façon plus solide que dans l’Europe occidentale. Ce peuple, qui autrefois s’appelait « les cent familles », se plaît à considérer qu’il ne forme lui-même qu’une seule famille étroitement unie, et les devoirs des citoyens — si ce mot peut servir à désigner les sujets du Fils du Ciel — envers le corps social sont ceux d’un fils envers son père.

Le pouvoir du chef de famille sur ses enfants est d’ailleurs absolu. Comme dans la Rome antique, il peut les vendre comme esclaves et, soit par caprice, soit par pauvreté, il use assez fréquemment de ce droit. Cet esclavage, il est vrai, n’est que temporaire, le propriétaire devant, comme aurait fait le père, trouver un mari aux filles, une femme aux garçons. La servitude chinoise est, en outre, remarquablement douce et ne diffère guère de l’état des domestiques libres.

Le mariage est surtout déterminé par des considérations d’argent. La dot des filles est inconnue ; ce sont les parents du futur qui versent une somme déterminée à ceux de la fiancée. Pour éviter cette dépense, on voit des familles pauvres aller choisir dans un hôpital d’orphelins une fillette qu’ils élèvent pour la faire ensuite épouser à leur fils.

L’éducation des jeunes filles leur présente le mariage comme devant réaliser pour elles le bonheur parfait ; mais elle leur interdit de se préoccuper de la personne du mari. Non seulement on ne les consulte pas, mais une personne bien élevée ne doit jamais avoir vu son futur avant la conclusion de l’union. Qu’il soit jeune ou vieux, beau ou laid, agréable ou désagréable, ce n’est pas son affaire : il est son époux, son maître, elle doit l’aimer. On a vu que, par suite de conventions entre les familles, des enfants se trouvent parfois fiancés dès leur naissance, le mariage ne devant être conclu que lorsque les époux ont atteint l’âge convenable.

La femme mariée ne peut sortir sans l’autorisation de son seigneur et doit alors se faire porter dans une chaise soigneusement fermée. Dans la maison, elle vit en recluse, hors des appartements réservés au mari, qui sont les seuls où pénètrent les gens du dehors.

Bien entendu, ces mœurs sont surtout celles des classes bourgeoises et nobles. Dans le peuple, il est presque impossible de tenir strictement enfermées les jeunes filles et les femmes, et il est rare, lors d’un mariage, que les fiancés n’aient jamais eu occasion de se voir.

Mais, quelle que soit sa situation sociale, l’épouse doit à son mari l’obéissance la plus stricte. Il a tout droit sur elle, et, contre les abus de son autorité, contre ses injustices, elle n’a à espérer de secours ni de ses parents, ni des magistrats. Sa seule ressource est de se rendre au temple et d’y suspendre, la tête en bas, une image de papier représentant son mari, en suppliant les dieux de changer le cœur de son époux « qui n’est pas à sa place ».

« L’épouse, disait, il y a plus de dix-huit siècles, la plus illustre des lettrées chinoises, Pan-Noéi-Pan, doit être dans la maison comme une pure ombre et un simple écho. Or, l’ombre n’a d’autre forme apparente que celle du corps, et l’écho ne dit précisément que ce qu’on veut qu’il dise… À la naissance d’une fille, ajoutait-elle, on doit offrir au père des briques et des tuiles, des briques parce qu’elles sont foulées aux pieds et des tuiles parce qu’elles sont exposées aux injures de l’air. »

Si humble que soit sa situation, elle a cependant le droit de commander à la sœur de son mari comme à sa bru.

Elle est également la supérieure des « petites femmes » que, s’il en a les moyens, son époux a pu lui adjoindre.

Car, en Chine, la loi reconnaît franchement la polygamie. En plus de son épouse légitime, il est licite à un homme de se procurer, par simple achat, un nombre de compagnes proportionné à sa fortune. En droit juridique, la « grande femme » seule peut avoir des enfants ; ceux des autres sont réputés être les siens ; elle seule porte le titre de mère et a droit à leur obéissance et à leur affection ; c’est d’elle seule qu’ils prendront le deuil.

Le nombre des « petites femmes », non déterminé par la loi, l’est en quelque sorte par les mœurs. Un homme perd de sa considération s’il en possède un trop grand nombre et les gens sérieux n’en achètent jamais que du consentement de leur compagne légale.

Nombre de jeunes filles sont ainsi élevées spécialement pour être vendues aux riches amateurs. On leur apprend le chant, la musique, la peinture, l’art de dire des vers, d’en composer à l’occasion : celles dont l’éducation est parfaite peuvent être vendues de douze à quinze mille francs. Aussi la « traite des jaunes » se
Femme chinoise.

pratique-t-elle sur une large échelle, des industriels faisant profession d’acheter à leurs parents des petites filles qu’ils font élever et revendent ensuite, non sans réaliser un honnête bénéfice.

Le Code pénal chinois, qui a prévu tous les cas possibles d’adultère, est sans pitié pour la femme, petite ou grande, qui trompe son propriétaire, et plein de rigueur pour l’amant. Les peines qu’il édicte varient, selon les espèces, de la bastonnade à la décapitation. Par contre, il est relativement bénin pour le mari complaisant qui tire profit de l’inconduite de sa ou de ses moitiés. Certains mariages ne sont conclus que dans le but d’exploiter fructueusement la beauté de l’épouse ; l’époux sans préjugés a bien plus à redouter le mépris de l’opinion que les sévérités de la loi.

Les cas de répudiation de la femme par le mari sont au nombre de sept : adultère, stérilité, jalousie excessive, bavardage, vol domestique, indocilité, maladies contagieuses ou incurables. Cependant, le divorce n’est point autorisé quand la femme n’a plus de famille qui puisse lui donner asile ni quand le mari est devenu riche après s’être marié pauvre. Pour la femme, hors le cas de consentement mutuel, elle ne peut provoquer la rupture d’une union mal assortie. Ainsi que l’a dit Pan-Noéi-Pan, « si elle a un mari selon son cœur, c’est pour la vie ; si elle a un mari contre son cœur, c’est encore pour la vie. » Toutefois, un mandarin peut autoriser à contracter de nouveaux liens celle qui est délaissée depuis trois ans.

À la mort du mari, sa famille a le droit, après un mois consacré au deuil, de vendre sa veuve restée sans ressources et même sa fiancée, s’il n’était pas encore marié. La loi, en effet, n’accorde à une femme aucun droit à l’héritage de son époux. Si elle n’appartient pas à une famille riche, elle ne peut éviter une seconde union forcée qu’en entrant en religion, en se faisant bonzesse. Les veuves restées fidèles au souvenir du défunt sont particulièrement honorées ; celles qui poussent la manifestation de leur douleur jusqu’au suicide sont glorifiées et des arcades triomphales sont élevées à leur mémoire.

La femme chinoise, comme les autres filles d’Ève, est coquette et, non moins que toutes les Orientales, sans parler de quelques Occidentales, elle enlumine son visage de blanc et de rose ; la peinture noire lui sert à bien marquer l’arc des sourcils ; la rouge, appliquée au pinceau, avive l’éclat des lèvres.

On connaît universellement la coutume bizarre qui incitait les parents à déformer les pieds de leurs filles. Quelle en était l’origine ? Elle est assez difficile à déterminer. Il semble bien toutefois qu’il n’y avait pas là


Femme chinoise.

seulement l’application d’une étrange conception esthétique, mais une satisfaction accordée à des préférences érotiques. Les Célestes sont portés à établir une corrélation entre la forme du pied d’une femme et celle de certains de ses charmes qu’ils apprécient le plus. Aussi les « lis d’or » — c’est le nom que l’on donne aux petits pieds convenablement comprimés — ont-ils excité l’enthousiasme des amants de la Vénus chinoise, par qui fut maudit le récent décret impérial supprimant désormais cette mutilation.

D’autre part, une pudeur très spéciale interdit aux femmes de laisser voir leurs extrémités inférieures.

Dès l’âge de six ans, les pieds de la fillette étaient entourés de bandelettes afin d’en entraver le développement, les doigts étant ramenés sous la plante. C’est ainsi que la jambe d’une jeune femme, depuis le genou jusqu’à la cheville, perdait toute forme, que le mollet disparaissait et que le cou-de-pied restait comme désarticulé : les quatre doigts, repliés par-dessous et complètement aplatis, semblaient unis à la plante ; seul, l’orteil conservait à peu près sa place et son aspect naturel. La marche régulière devenait alors impossible ; la femme ne pouvant avancer qu’à petits pas rapides et chancelants, en s’aidant de ses bras comme d’un balancier, allure que les poètes ont comparée au « balancement du saule sous le souffle du zéphir ».

Cette coutume, qui n’allait pas sans occasionner parfois de graves accidents, était le signe de la bonne société, chez les riches comme chez les pauvres, chez les citadins comme chez nombre de campagnards. Une fille, surtout si elle était d’extraction bourgeoise, dont le pied n’aurait pas été transformé en « lis d’or », n’aurait que difficilement trouvé à se marier.

En certaines régions de l’empire, plus particulièrement agricoles, la mutilation du pied avait, depuis longtemps, cessé d’être pratiquée. Jamais les grandes dames de la cour ou de la famille impériale, qui sont de race mandchoue, ne s’y étaient soumises.

Thibétaines.

La population du Thibet n’a pas été sans subir, surtout dans les grandes villes et sur les frontières du Céleste-Empire, l’influence chinoise. Les lois interdisant l’accès du pays aux femmes étrangères, mandarins, soldats et marchands venus de Chine, épousent, au moins temporairement, des indigènes et concourent ainsi à modifier le type original de la nation.

En général, les Thibétaines sont de taille petite, larges d’épaules et de poitrine, et remarquables par la grosseur des bras et des mollets qui contraste avec la finesse et l’élégance des mains


Femme thibétaine.

et des pieds. Leur visage au front large, orné de cheveux bruns, aux pommettes saillantes, n’est pas sans agrément ; la bouche est grande, les lèvres minces, la racine du nez s’implante profondément entre deux yeux noirs, légèrement bridés. Leur peau, qui varie du jaune cuivré au blanc, selon la catégorie sociale à laquelle elles appartiennent, se ride de bonne heure sous l’influence de l’air froid et sec que l’on respire sur ces hauts plateaux, dont l’altitude s’élève de trois à cinq mille mètres.

Il faut probablement considérer comme une simple précaution hygiénique prise contre les gerçures, la coutume qu’ont les dames de ne sortir qu’après s’être enduites la figure d’un vernis de couleur noirâtre. Quelques voyageurs avaient cru que ce masque, peu favorable à la beauté, leur était imposé par le gouvernement théocratique du pays, pour la sauvegarde de la vertu masculine.

Le costume des femmes du Thibet diffère peu de celui des hommes. Il se compose d’une robe large, accrochée sur le côté droit et serrée aux reins par une ceinture. Cette robe est recouverte d’une tunique courte aux couleurs bigarrées. Elles portent les cheveux pendant sur les épaules et divisés en deux tresses. Les femmes du peuple se coiffent d’une sorte de bonnet phrygien de couleur jaune ; les dames de l’aristocratie se parent d’une couronne de perles fines.

Afin de ne pas diviser les héritages et de réaliser les économies qui peuvent résulter de la vie en commun sous un même toit, les Thibetains du Sud et les Bouthanais pratiquent la polyandrie. L’aîné d’une famille se présente, au nom de ses frères comme au sien, chez les parents de la jeune fille qu’il a choisie ; on place un morceau de beurre sur le front de la fiancée et sur le sien, et tous les assistants sont témoins de l’union conclue entre elle et tous les frères qui deviennent ses maris. Les enfants naissant de ces mariages reconnaissent comme père l’aîné des frères ; les autres sont simplement ses oncles. Cette polyandrie paternelle n’est toutefois pas obligatoire et une femme peut épouser plusieurs hommes qui ne sont liés par aucune parenté, de même qu’elle peut adjoindre un étranger au groupe paternel dont elle est déjà la compagne.

Dans ces ménages, qui nous semblent si étrangement constitués, on vit, semble-t-il, en excellent accord. La femme, très respectée, est l’auxiliaire de ses époux, non leur esclave. Ceux-ci font, au contraire, assaut de courtoisie envers elle et leur bonheur serait, dit-on, complet, s’ils n’avaient parfois à souffrir de l’humeur jalouse de leur sultane qui, s’ils lui sont infidèles, n’a guère le temps, on en conviendra, de leur appliquer la loi du talion.

En ce pays béni, pour le beau sexe, les femmes ne se marient guère avant 26 ou 30 ans. Celles d’entre elles qui, préventivement, ont senti battre leur cœur, ne risquent rien à s’abandonner à ses inspirations. Un accroc à leur robe d’innocence ne les empêchera pas de trouver des maris.

Les riches Thibétains se laissent volontiers séduire par l’exemple que leur donnent les Chinois. À la polyandrie nationale ils préfèrent la polygamie. Ont-ils tort ? Ce n’est pas à vous, mesdames, que je me permettrais de le demander.

Coréennes.

Plus grandes que les Chinoises et que les Japonaises, les Coréennes présentent un ensemble de types qui se diversifient depuis la forme allongée du visage et le nez proéminent des habitantes des îles jusqu’à la face plate et large des Mongoles continentales. La plupart sont gracieuses et jolies. Beaucoup ont les cheveux châtain clair et les yeux bleus, et, costume à part, pourraient être prises pour des Européennes.

La civilisation chinoise prédominante ne leur a pas imposé la mutilation du pied.

La coiffure des Coréennes se compose de deux longues nattes roulées en turban autour de la tête et maintenues par de grandes épingles à tête d’or ou d’argent émaillé. Comme vêtement elles portent une veste courte, à manches étroites, qui recouvre une grande robe serrée à la ceinture.

La Coréenne, plus déshéritée encore que sa sœur du grand empire voisin, n’a ni nom, ni existence légale ; elle ne peut être ni jugée, ni punie, la loi la considérant comme un être irresponsable. Son domicile, fermé à tous, est inviolable, même pour la police. Il serait déshonorant, pour une femme qui n’est pas du commun, de se montrer dans les rues avant le coucher du soleil. À ce moment, un signal avertit que la voie publique est ouverte aux femmes : les hommes doivent alors regagner leur domicile. Les attardés, s’ils rencontrent une femme, passent le plus loin possible d’elle en se cachant le visage dans un éventail. Leurs compatriotes aiment à raconter que certaines se sont donné la mort pour avoir été effleurées par le bout du doigt d’un étranger, mais des voyageurs, plutôt médisants, assurent que le farouche de leur vertu n’est pas sans s’humaniser à l’occasion.