Toutes les femmes/08

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A. Méricant (3p. Ill.-152).


Femme aëta.

LES NOIRES D’OCÉANIE

Femmes Négritos.

Les Pygmées asiatiques, que nous avons déjà rencontrés aux Indes, se sont heurtés de toutes parts, sauf peut-être aux îles Andaman, à des populations diverses. Ainsi sont nées, en Hindoustan, en Malaisie, aux Philippines, à Formose, au Japon, des tribus croisées, de caractères variables, ayant toutes pour commune souche cette race, dont le domaine s’étendit autrefois jusqu’en Susiane où elle fournissait, il y a vingt-trois siècles, la garde noire des rois Achéménides. Aucune des autres races de l’Extrême-Orient, excepté sans doute celle des primitifs d’Australie, ne lui est antérieure. Déchue depuis bien des siècles, elle n’a pas encore atteint le terme de son évolution régressive, et forme toujours le fond de peuples nombreux, ayant laissé, depuis le golfe Persique jusqu’en Papouasie et du Japon aux archipels malais, comme traces indéniables de son ancienne domination, des rameaux cantonnés dans les régions les plus sauvages, les moins propices à la vie de l’homme, en butte à l’hostilité de tribus hostiles qui leur font une guerre d’extermination. Les deux groupes les plus importants de la race Négrito sont, aux Philippines, les Aëtas, et aux îles Andaman, les Mincopies.

Les Aëtas, ou Négritos del Monte, sont de taille extrêmement petite. Il est des femmes qui n’ont pas plus de 1m,30 de hauteur. La peau est noire, les cheveux laineux, la tête volumineuse, les épaules et la poitrine larges. Le mariage monogamique se conclut par consentement mutuel.

Les Mincopies des îles Andaman et du centre de la grande Nicobar sont, comme les Aëtas, bien proportionnées et de belle prestance en dépit de leur petite taille. Leurs traits ne rappellent en rien ceux des négresses africaines ; leur profil ne présente aucune marque de prognathisme.

Jusqu’à six ans, elles vont nues. On les décore ensuite de tatouages, puis on les habille d’un tablier de feuilles.

Les jeunes gens jouissent d’une grande liberté, mais les unions sont monogamiques et, dans le ménage, la femme est l’absolue égale de l’homme.

La cérémonie est des plus simples : le futur s’assied sur les genoux de sa fiancée qui simule quelque résistance.

[Page 145 manquante dans le fac-similé.]
gravure manquante
Femme canaque
indiqué en fin de volume dans la table des gravures.

Tous deux restent ensuite plusieurs jours sans se voir ni se causer, puis des festins et des danses mettent en joie tout le clan, excepté les époux qui n’y doivent pas prendre part.

Papoues et Canaques.

Les femmes des Papous, véritable type de la négresse mélanésienne, ont, en général, le corps grêle mais bien fait, la taille médiocre et les membres faibles. La coupe du visage est longue, le front étroit, les pommettes fortes, les lèvres grosses, la bouche très fendue, le nez tantôt épaté, plus rarement saillant et recourbé, l’œil grand et vif, les sourcils bien marqués. L’ensemble des traits diffère moins de l’Européenne que la négresse d’Afrique. La chevelure laineuse leur fournit des terrains de chasse qu’elles se prêtent fort volontiers les unes aux autres. Leur peau, selon les tribus, présente diverses teintes de noir, depuis le jais jusqu’au brun foncé. Le ton plutôt rougeâtre des Canaques est dû à des croisements avec des individus de race polynésienne. D’une adresse remarquable, elles doivent à la conformation particulière des doigts de leurs pieds de pouvoir s’en servir comme d’une main pour prendre à terre les objets qui y sont posés.

Leur vêtement se compose uniquement d’un tablier végétal, n’ayant pas tout à fait la longueur de la main, attaché au-dessous des hanches à une lanière étroitement serrée. Des tatouages variés, des ornements passés avec un à-propos discutable dans les cloisons du nez complètent leur toilette. Les coquettes — et elles ne sont pas moins nombreuses qu’ailleurs — se teignent les cheveux en rouge, au moyen d’une mixture faite de coraux calcinés et broyés, pétris avec de la cendre de végétaux et de l’eau de mer.

Leur démarche, naturelle d’ordinaire, se transforme, lorsqu’elles se trouvent en présence d’hommes, en un dandinement spécial qu’elles considèrent, sans doute, comme irrésistible.

Les Canaques de la Nouvelle-Calédonie appartiennent à la famille papoue et en ont les principaux caractères.

Bien faites, quoique petites, les femmes canaques peuvent, dans leur jeunesse, être dites jolies. Mais à partir de quinze ans commence, pour elles, la décrépitude qu’engendrent les mauvais traitements dont elles sont accablées et les durs travaux qu’il leur faut accomplir.

Jusqu’à six ans, l’enfant va complètement nue ; à cet âge, on l’habille d’une ficelle qui passe autour de la taille et à laquelle est suspendue, sur le devant du corps, un morceau d’étoffe large comme un écu de cinq francs. Une fois mariées, elles ont


Femme australienne.

droit au tapa, grande ceinture à franges qui s’enroule autour des hanches. Une natte formant manteau les préserve du froid ou de la pluie.

Australiennes.

La malheureuse Australienne n’est guère plus favorisée, ni au moral ni au physique, que la difforme Saab de l’Afrique méridionale.

De taille ordinairement petite, bien qu’en quelques régions elle s’élève jusqu’à dépasser la moyenne, de conformation chétive, ses extrémités sont grêles et disproportionnées avec le reste du corps ; les jambes sont arquées, les pieds très longs, à orteil opposable aux autres doigts, comme celui des quadrumanes ; le ventre est souvent proéminent, le front comprimé, le nez épaté ; les narines sont évasées, les yeux enfoncés et petits, la bouche très large et toujours ouverte, les lèvres violettes, les mâchoires saillantes, le menton fuyant. La couleur de la peau varie depuis le jaune ou cuivre fonce jusqu’au noir assez prononcé. Les cheveux tantôt longs et lisses, tantôt noirs et crépus, le plus souvent ébouriffés et frisés, ne sont jamais laineux, ce qui les distingue réellement de ceux des nègresses africaines. Dans leur jeunesse, les Australiennes ne sont pas aussi repoussantes. Leurs formes, souples et légères, ont même une certaine grâce sauvage. Mais tout s’en va au premier enfant, et, dans leur vieillesse, ce sont les créatures les plus hideuses qu’on puisse imaginer.

Complètement esclave, l’Australienne est la propriété de son mari, qui peut à son gré la frapper, la tuer ou la vendre. Il n’y a pas de cérémonie nuptiale. Les plus aisés achètent des femmes et pratiquent la polygamie, au détriment des pauvres et des jeunes gens qui ne peuvent guère s’unir qu’aux vieilles. Parfois, elles sont simplement saisies et enlevées par le premier venu qui les assomme à demi pour consommer plus aisément son rapt.

Cette race restée à l’état primitif est en voie de disparition. Avant peu, la civilisation occidentale, qui la décime chaque jour et qui, déjà, a anéanti les derniers Tasmaniens, recueillera soigneusement, pour la faire figurer dans un musée d’ethnographie, la dépouille du dernier des indigènes de l’Australie.