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Traité élémentaire de chimie/Partie 2/Tableau 22

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Tableau des combinaisons de l’arsenic oxygéné


Tableau des combinaisons de l’arsenic oxygéné, ou acide arsenique avec les bases salifiables dans l’ordre de leur affinité avec cet acide.



[TABLEAU]



OBSERVATIONS


Sur l’acide arsénique, & sur le Tableau de ses combinaisons.


Dans un Mémoire imprimé dans le recueil de l’Académie, année 1746, M. Macquer a fait voir qu’en poussant au feu un mélange d’oxide blanc, d’arsenic & de nitre, on obtenoit un sel neutre, qu’il a nommé sel neutre arsenical. On ignoroit entièrement, à l’époque où M. Macquer a publié ce Mémoire, la cause de ce singulier phénomène, & comment une substance métallique pouvoit jouer le rôle d’un acide. Des expériences plus modernes nous ont appris que l’arsenic s’oxygénoit dans cette opération ; qu’il enlevoit l’oxygène à l’acide nitrique, & qu’à l’aide de ce principe il se convertissoit en un véritable acide, qui se combinoit ensuite avec la potasse. On connoît aujourd’hui d’autres moyens, non-seulement d’oxygéner l’arsenic, mais encore d’obtenir l’acide arsenique libre & dégagé de toute combinaison. Le plus simple est de dissoudre l’oxide blanc d’arsenic dans trois fois son poids d’acide muriatique : on ajoute dans cette dissolution, pendant qu’elle est encore bouillante, une quantité d’acide ni-trique double du poids de l’arsenic, & on évapore jusqu’à siccité. L’acide nitrique se décompose dans cette opération ; son oxygène s’unit à l’oxide d’arsenic pour l’acidifier ; le radical nitrique se dissipe sous forme de gaz nitreux. À l’égard de l’acide muriatique, il se convertit en gaz muriatique, & on peut le retenir par voie de distillation. On s’assure qu’il ne reste plus d’acide étranger, en calcinant l’acide concret jusqu’à ce qu’il commence à rougir : ce qui reste ainsi dans le creuset est de l’acide arsenique pur.

Il y a plusieurs autres manières d’oxygéner l’arsenic & de le convertir en un acide. Le procédé que M. Scheele a employé, & que M. de Morveau a répété avec un grand succès dans le laboratoire de Dijon, consiste à distiller de l’acide muriatique oxygéné sur de la manganèse. Cet acide s’oxygène, comme je l’ai dit ailleurs, & passe sous la forme d’acide muriatique sur-oxygéné. On le reçoit dans un récipient dans lequel on a mis de l’oxide blanc d’arsenic recouvert d’un peu d’eau distillée. L’arsenic blanc décompose l’acide muriatique oxygéné, il lui enlève l’oxygène surabondant ; d’une part, il se convertit en acide arsenique, & de l’autre l’acide muriatique oxygéné redevient acide muriatique ordinaire. On sépare ces deux acides en distillant à une chaleur douce, qu’on augmente cependant sur la fin : l’acide muriatique passe & l’acide arsenique reste sous forme blanche & concrète. Dans cet état il est beaucoup moins volatil que l’oxide blanc d’arsenic.

Très-souvent l’acide arsenique tient en dissolution une portion d’oxide blanc d’arsenic qui n’a pas été suffisamment oxygéné. On n’est point exposé à cet inconvénient, quand on a opéré par l’acide nitrique, & qu’on en ajoute de nouveau, jusqu’à ce qu’il ne passe plus de gaz nitreux.

D’après ces différentes observations, je définirai l’acide arsenique, un acide métallique blanc, concret fixe au degré de feu qui le fait rougir, formé par la combinaison de l’arsenic avec l’oxygène, qui se dissout dans l’eau, & qui est susceptible de se combiner avec un grand nombre de bases salifiables.