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Une famille pendant la guerre/LIV

La bibliothèque libre.
J. Hetzel (p. 217-218).

Du même à la même.
Paris, 7 décembre.

Coup de tonnerre.

M. de Moltke a annoncé la défaite de l’armée de la Loire et offert de laisser passer un officier français qui la constate.

On dit la population parfaitement calme et ne témoignant nul abattement de cette nouvelle. Pour moi, je n’ai pas eu le courage de sortir depuis que je l’ai reçue. Maurice a pu venir me trouver, si ému, le pauvre enfant, que j’ai dû faire effort et lui cacher l’étendue de mes craintes.

Mes dernières nouvelles d’André sont du 16 septembre, du Mans ; une dépêche par pigeon, de Tours, nommait son régiment parmi ceux qui se trouvaient à Coulmiers. C’est tout ce que j’ai su. L’espoir m’a soutenu alors, j’ai compté qu’il vivait, maintenant je ne sais quoi m’empêche d’espérer. Selon toutes probabilités, il était de cette dernière affaire ; je me figure trop bien ce qu’elle a pu être ; je devine comment André aura usé de lui-même ; d’ailleurs il se trouvait un vieux soldat par comparaison, et il devait payer de sa personne. C’est une agonie que les pensées qui surgissent. Il faut espérer que toi, du moins, tu sais tout ce que j’ignore.

Maurice me montre toujours mieux quel tendre et fidèle cœur il a. Nous étions trop heureux par nos enfants !