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Vers l’amour/Les fruits

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Les fruits




Pêche de volupté, pareille aux seins des femmes,
Tu m’inspires l’amour, je voudrais mordre en toi.
Ton velouté divin qui recèle la gamme
Du rose et du carmin semble rougir d’émoi.
Orange du soleil, se balançant sur l’arbre,
Étincelante et ronde ainsi qu’un ballon d’or,
Dans les pays de chants, de roses et de marbre,
D’où l’hirondelle prend son merveilleux essor.
Raisin, dont le sang brûle aux lèvres des Bacchantes,
Dont j’aime à voir couler les flots voluptueux
Qui versent au chagrin les douceurs enivrantes,
Les rêves empourprés et les baisers fougueux.

Belle amande aux yeux verts, dont la douce prunelle
Semble nous dérober un mystique regard,
Et change de couleur quand la saison nouvelle
Cède devant l’automne aux doigts d’ambre et de nard.
Tendre fraise des bois, Ô sœur des violettes,
Toi qui sers de lien aux timides amants,
Qui mêles ton haleine à leurs lèvres muettes
Apparaissant, dès l’aube, en rouges diamants.
Toi, moqueuse noisette, au sommet des feuillages,
Regarde les passants et ris à l’écureuil.
Pomme, dont la senteur enchante les ombrages,
Pare-toi de couleurs d’opulence et d’orgueil.
Fruits, ainsi que les fleurs, votre saison est brève ;
Vous naissez pour mourir ; votre rire d’un jour
Nous laisse le regret et le parfum d’un rêve :
Vous mourez au soleil sans connaître l’amour.