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Vie et opinions de Tristram Shandy/3/64

La bibliothèque libre.
Traduction par Joseph-Pierre Frenais.
Chez Jean-François Bastien (Tome troisième. Tome quatrièmep. 178-179).



CHAPITRE LXIV.

Bon soir la Compagnie.


Un nouvel ordre de choses, et de nouveaux événemens se présentent devant moi. —

Laissons mes culottes entre les mains du tailleur, et le tailleur accroupi, prêtant l’oreille aux dissertations de mon père qu’il ne comprend point. —

Laissons mon père debout devant lui, appuyé sur sa canne, son traité du lati-clave à la main, et lui désignant l’endroit précis de la ceinture, où il avoit résolu de faire attacher mes bretelles. —

Laissons ma mère, la plus insouciante des femmes (je dirai presque la plus philosophe) sans souci sur mes culottes, comme sur toutes les choses de la vie, indifférente sur les moyens, et ne s’occupant que des résultats. —

Laissons le docteur Slop figurer dans le monde à mes dépens, et bâtir sa fortune et sa réputation sur un accident qui n’existe pas. —

Laissons le jeune Lefèvre à Marseille, et donnons-lui le temps de se guérir et de revenir à mon oncle Tobie. —

Laissons enfin le pauvre Tristram Shandy… Mais pour celui-là il n’y a pas moyen ; souffrez, messieurs, qu’il vous accompagne jusqu’à la fin du voyage. —