Discussion Livre:Dictionnaire des Apocryphes collections de tous les livres apocryphes de l’Ancien et du Nouveau Testament tome 1 1856.djvu

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�TROISIÈME ET DERNIÈRE ENCYCLOPÉDIE THÉOLOGIQUE , OU TROISIÈME ET DERNIÈRE SERIE DE DICTIONNAIRES SUR TOUTES LES PARTIES DE LA SCIENCE RELIGIEUSE, OFFRANT EN FRANÇAIS , ET PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE , LA PLUS CLAIRE, LA PLUS FACILE , LA PLUS COMMODE , LA PLUS VARIÉE ET LA PLUS COMPLÈTE DES THÉOLOGIES . DE CRITIQUE CHRÉTIENNE , CES DICTIONNAIRES SONT CEUX : DE PHILOSOPHIE CATHOLIQUE , D'ANTIPHILOSOPHISME , ― - - - - - - -- DE PHYSIOLOGIE , D'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE , DU PARALLÈLE DES DOCTRINES RELIGIEUSES ET PHILOSOPHIQUES AVEC LA FOI CATHOLIQUE , DU PROTESTANTISME , DES OBJECTIONS POPULAIRES CONTRE LE CATHOLICISME , DE SCOLASTIQUE, DE PHILOLOGIE DU MOYEN AGE , DE TRADITION PATRISTIQUE ET CONCILIAIRE , - DE LA CHAIRE CHRÉTIENNE, - DES MISSIONS CATHOLIQUES, DES ANTIQUITÉS CHRÉTIENNES ET DÉCOUVERTES MODERNES, DES BIENFAITS DU CHRISTIANISME , D'ESTHÉTIQUE CHRÉTIENNE , - DE DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE , D'ÉRUDITION ECCLÉSIASTIQUE , DES PAPES , DES CARDINAUX CÉLÈBRES , DE BIBLIOGRAPHIE CATHOLIQUE , DES MUSÉES RELIGIEUX ET PROFANES , DES ABBAYES ET MONASTÈRES CÉLÈBRES , D'ORFÉVRERIE CHRÉTIENNE , DE LÉGENDES CHRÉTIENNES , DE CANTIQUES CHRÉTIENS , D'ÉCONOMIE CHRÉTIENNE ET CHARITABLE , DES SCIENCES POLITIQUES ET SOCIALES , - - - - ― ---



DE LÉGISLATION COMPARÉE , - DE LA SAGESSE POPULAIRE , DES ERREURS ET SUPERSTITIONS POPULAIRES , DES LIVRES APOCRYPHES , DE LEÇONS DE LITTÉRATURE CHRÉTIENNE EN PROSE ET EN VERS , DE NYTHOLOGIE UNIVERSELLE, - DE TECHNOLOGIE UNIVERSELLE , DES CONTROVERSES HISTORIQUES , - - DES ORIGINES DU CHRISTIANISME , DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES DANS L'ANTIQUITÉ , DES HARMONIES DE LA RAISON, DE LA SCIENCE , DE LA LITTÉRATURE ET DE L'ART AVEC LA FOI CATHOLIQUE. PUBLIEE PAR M. L'ABBÉ MIGNE , ÉDITEUR DE LA BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE DU CLERGÉ , OU DES COURS COMPLETS SUR CHAQUE BRANCHE DE LA SCIENCE ECCLÉSIASTIQUE . PKIX :6 FR. 1.E VOL . POUR LE SOUscripteur à LA COLLECTION ENTIÈRE , 7 fr. et même 8 fr. , POUR LE SOUSCRIPTEUN A TEL OU TEL DICTIONNAIRE PARTICULIER. 60 VOLUMES , PRIX : 360 FRANCS . TOME VINGT - TROISIÈME . DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES , 2 VOL. PRIX : 14 FRANCS . TOME PREMIER S'IMPRIME ET SE VEND CHEZ J.-P. MIGNE , EDITEUR , AUX ATELIERS CATHOLIQUES , RUE D'AMBOISE , AU PETIT-MONTROUGE , BARRIÈRE D'ENFER DE PARIS . 1836

�DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES , ου COLLECTION DE TOUS LES LIVRES APOCRYPHES RELATIFS A L'ANCIEN ET AU NOUVEAU TESTAMENT, pour la plupart, TRADUITS EN FRANÇAIS , POUR LA PREMIÈRE FOIS, SUR LES TEXTES ORIGINAUX , enrichie de préfaces , dissertations critiques , notes historiques , bibliographiques ¿ géographiques et théologiques ; PUBLIÉE PAR M. L'ABBÉ MIGNE ÉDITEUR DE LA BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE DU CLERGÉ OU DES COURS COMPLETS SUR CHAQUE BRANCHE DE LA SCIENCE ECCLÉSIASTIQUE TOME PREMIER . 2 VOLUMES, PRix : 14 francs. S'IMPRIME ET SE VEND CHEZ J.-P. MIGNE, EDITEUR AUX ATELIERS CATHOLIQUES , RUE D'AMBOISE , AU PETIT- MONTROUGE BARRIÈRE D'ENFER DE PARIS . 1856

�Grad.1 Vignaud Rib 1-22-1925 2 vols Imprimeric MIGNE, au Petit-Montrouge.

�PREFACE . De tous temps les fausses religions se sont efforcées de séduire les hommes en emprun- tant les caractères qui ne conviennent qu'à la véritable. Ainsi , de meme qu'elles ont voulu s'appuyer de prophéties et de miracles dont la saine critique n'a pas eu de peine à décou- vrir et démontrer l'imposture , elles ont aussi supposé une révélation divine et des livres. sacrés qui, aux yeux de l'esprit éclairé , n'ont d'autre appui que la crédulité plus merveil- leuse encore des peuples auxquels on les a présentés. Voici sur ce dernier article ce que l'antiquité et la science moderne nous apprennent des ouvrages qui formaient ou forment encore le code religieux des nations idolâtres, et que nous regardons avec raison comme autant de légendes apocryphes , souvent indignes , par la grossièreté et l'invraisemblance ridicule des fables qu'elles contiennent , d'être comparées aux apocryphes de la religion chrétienne . Entre les nations anciennes que nous avons à considérer ici, les Egyptiens doivent sans doute tenir le premier rang ; non que nous voulions préjuger une question qui est encore en litige parmi les savants, mais parce que voulant éviter de discuter un sujet qui n'a point trait à cet ouvrage , nous donnons aux différents peuples païens la place qu'on leur assigne communément, laissant à ceux qui traiteront directement cette matière, le soin de réformer ce que la classification commune a de trop hasardé . Les Egyptiens avaient donc un grand nombre de livres dont Mercure II passait pour être l'auteur ; on les conservait dans les temples avec le plus grand respect ; on les portait so- lennellement dans cette fameuse procession dont parle saint Clément d'Alexandrie dans la sixième de ses Stromates (1 ) : ils étaient au nombre de quarante -deux , et contenaient des ( 1) Πρῶτος μὲν γὰρ προέρχεται ὁ ᾠδος , ἔν τι τῶν τῆς μουσικῆς ἐπιφερόμενος συμβόλων. Τοῦτόν φασι δύο βίβλους ἀνειληφέναι δεῖν ἐκ τῶν Ἑρμοῦ · ὧν θάτερον μὲν, ὕμνους περιέχει θεῶν · ἐκλογισμὸν δὲ βασιλικού βιοῦ τὸ δεύτερον . Μετὰ δὲ τὸν ᾠδόν, ὁ ὡροσκόπος, ὡρολόγιόν τε μετὰ χεῖρα καὶ φοίνικα ἀστρολογίας ἔχων σύμβολα . πρόσεισιν Τοῦτον τὰ ἀστρολογούμενα τῶν Ἑρμοῦ βιβλίων, τέσσαρα ὄντα τὸν ἀριθμὸν, ἀεὶ κατὰ στόματος ἔχειν χρή. Ων τὸ μέν ἐστι περὶ τοῦ διακόσμου τῶν ἁπλανῶν φαινομένων ἄστρων το δέ , περὶ τῶν συνόδων και φωτισμῶν ἡλίου καὶ σελήνης · τὸ δὲ λοιπὸν , περὶ τῶν ἐννατολῶν . ἑξῆς δὲ ὁ ἱερογραμματεὺς προέρχεται , ἔχων πτερὰ ἐπὶ τῆς κεφαλῆς , βιβλίον τε ἐν χερσὶ καὶ κανόνα, ἐν ᾧ τό τε γραφικον μέλαν , καὶ σχοῖνος ᾗ γράφουσι . Τοῦτον τά τε ιερογλυφικά καλούμενα , περί τε τῆς κοσμογραφίας , καὶ γεωγραφίας , τῆς τάξεως τοῦ ἡλίου καὶ τῆς σελήνης. καὶ περὶ τῶν εἴ πλανωμένων χωρογραφίαν τε τῆς Αἰγύπτου, καὶ τῆς τοῦ Νείλου διαγραφῆς· περί τε τῆς καταγρα- φῆς σκευῆς τῶν ἱερῶν, καὶ τῶν ἀφιερωμένων αὐτοῖς χωρίων περί τε μέτρων και τῶν ἐν τοῖς ἱεροῖς χρησίμων . εἰδέναι χρή. Ἔπειτα ὁ στολιστής τοῖς προειρημένοις ἔπεται , ἔχων τόν τε τῆς δικαιοσύνης πήχυν , καὶ τὸ σπον- δεῖον . Οὗτος τὰ παιδευτικὰ πάντα καὶ μοσχοσφαγιστικά καλούμενα · δέκα δέ ἐστι τὰ εἰς τὴν τιμὴν ἀνήκοντα τῶν παρ' αὐτοῖς θεῶν. καὶ τὴν Αἰγυπτίαν εὐσέβειαν περιέχοντα· οἷον περὶ θυμάτων, ἀπαρχῶν, ὕμνων , εὐχῶν , πομπῶν. ἑορτῶν, καὶ τῶν τούτοις ὁμοίων . Ἐπὶ πᾶσι δὲ ὁ προφήτης ἔξεισι , προφανὲς τὸ ὑδρεῖον ἐγκεκολπισμένος ᾧ ἔπονται οἱ τὴν ἔκπεμψιν τῶν ἄρτων βαστάζοντες · οὗτος, ὡς ἂν προστάτης τοῦ ἱεροῦ , τὰ ἱερατικά καλούμενα ι' βιβλία ἐν- μανθάνει . Περιέχει δέ περί τε νόμων καὶ θεῶν, καὶ τῆς ὅλης παιδείας τῶν ἱερέων · ὁ γάρ τοι προφήτης παρὰ τοῖς Αἰγυπτίοις, καὶ τῆς κατανομῆς τῶν προσόδων ἐπιστάτης ἐστί. Δύο μὲν οὖν καὶ τεσσαράκοντα αἱ πάνυ ἀναγκαῖα : τῷ Ἑρμῇ γεγόνασι βίβλοι : ὧν τὰς μὲν ἐς τὴν πᾶσαν Αἰγυπτίων περιεχούσας φιλοσοφίαν , οἱ προειρημένοι έκμαν θάνουσι· τὰς δὲ λοίπας ἐξ , οἱ παστοφόροι , ιατρικὸς οὔσας , περί τε τῆς τοῦ σώματος κατασκευῆς , καὶ περὶ νόσων . καὶ περὶ ὀργάνων καὶ φαρμάκων , καὶ περὶ ὀφθαλμῶν, καὶ τὸ τελευταῖον περὶ τῶν γυναικίων. Voici la traduction littérale de ce passage célèbre : C'est le chanteur qui ouvre la marche , portant quelqu'un des attributs de la musique. Il faut, dit- on, qu'il sache par cœur deux des livres de Mercure le premier qui contient les hymnes des dieux, le second qui renferme les règles de la vie royale. Après le chanteur s'avance l'horoscope, qui tient dans sa main l'horloge et la palme, symboles de l'astrologie . Il doit connaître et avoir sans cesse à la bouche les livres de Mercure qui traitent de cette science. Ces livres sont au nombre de

Fun

quatre : disserte sur le système des astres qui paraissent fixes , un autre sur la rencontre et sur la lumière du soleil etde la lune lesdeux derniers sur leur lever. Vient en troisième lieu le scribe sacré, ayant des plumes sur la tête, et dans les mains un livre et une règle, sur laquelle se trouvent aussi l'encre et le roseau qui leur sert pour écrire. A DICTIONN . DES APOCRYPHES Ι. a

�XI XIE PREFACE . · hymnes en l'honneur des dieux , des instructions pour les rois et les prêtres , des notions d'astronomie et de cosmographie, le rituel et le cérémonial ; six de ces livres renfermaient des leçons pour les médecins, sur la constitution du corps , sur les maladies , les instru- ments et les remèdes . Ces livres étaient en si grande vénération que le plus beau papier leur était uniquement destiné ; aussi l'appelait- on sacré : Hieratica, dit Pline (2) , appella- batur antiquitus, religiosis tantum voluminibus dicata, quæ ablutione augusti nomen acce- pit (3). Il y a longtemps , du reste, que ces livres ne subsistent pius ; mais on en a supposé d'autres sous le nom de Mercure , dont Galien parle avec beaucoup de mépris (4 ) . Le Pœ- mander, que nous avons encore, et qui porte le nom de Mercure, est un livre évidemment fabriqué par un chrétien (5). Les Ethiopiens avaient aussi leurs livres sacrés . Démocrite a fait un traité sur les livres sacrés qu'on gardait à Méroé (6). Entre les ouvrages de Manéthon, il y en avait un intitulé Livre sacré (7) . On est peu instruit de ce qu'il contenait . Fabricius conjecture que c'était un commentaire sur la théo- logie égyptienne , et que c'est de cet ouvrage que veut parler Théodoret, lorsqu'il dit que Manéthon avait traité des dieux de l'Egypte (8). Josèphe dit que Manéthon s'était servi des livres sacrés des Egyptiens pour la composition de ses histoires (9) . son tour il est tenu de connaître tout ce qui a rapport aux hieroglyphes , la cosmographie, la géographie, le cours du soleil, de la lune et des cinq planètes , la chorographie de l'Egypte et la description du Nil ; il doit pouvoir décrire les instruments et les ornements sacrés , ainsi que les lieux qui leur sont destinés , les me- sures , el généralement tout ce qui appartient au cérémonial. A la suite des trois personnages dont nous venons de parler, s'avance celui qu'on nomme l'ordonnateur (le maître des cérémonies) , qui tient une coudée comme attribut de lajustice, et un calice pour faire les libations . Il doit être instruit de tout ce qui regarde le culte des dieux et le sacrifice des veaux. Or , il y a dix choses qui embrassent le culte des dieux et toute la religion égyptienne. Ce sont les sacrifices , les prémices en offrandes , les hymnes, les prières , les pompes , les jours de fête, etc., etc. Enfin pour terminer la marche, vient le prophète, portant l'aiguière, suivi de ceux que por- tent les pains envoyés . Le prophète, en sa qualité de pontife suprême , doit connaître les dix livres qui l'on nomme sacerdolaux. Ces livres traitent des lois , des dieux et de tout ce qui a rapport à la discipline sacerdo- tale: car le prophète est en outre chargé chez les Egyptiens de la distribution des comestibles . Il y a donc quarante-deux livres de Mercure extrêmement nécessaires : trente-six , qui contiennent toute la philosophie égy- ptienne, sont soigneusement étudiés par ceux dont nous venons de parler. Quant aux six derniers , qui ont trait à la médecine et traitent de la constitution du corps, des maladies , des instruments , des remèdes , des yeux, el enfin des femmes, ils sont l'objet de l'étude assidue de ceux qui portent le manteau , c'est- à-dire des médecins. (CLEM. Alex., Strom., liv. vi, 4.) (2) Livr. x11, chap. 23. (3) Cette leçon est fort contestée . Quelques manuscrits portent ab adulatione . Mais la leçon ablutione est la plus généralement reçue aujourd'hui . Voy. les bonnés éditions de Pline. (4) FABRIC., Bibl. Gr. d. 1, c. 7. (5) Les ouvrages connus sous le nom de Mercurius ou Hermès Trismegistus sont au nombre de deux : Pamander seu de potestate ac sapientia divina ; Asclepii definitiones ad Ammonem regem ; la première édition du texte grec du Poemander l'Asclepius, fut mise au jour à Paris en 1554, in-4°, chez Adrien Turnebe ; une autre édition , soignée par François de Foix de Candalle , et à laquelle J. Juste Scaliger prit quelque part, parut à Bordeaux en 1474 , in-4°. On en connait une troisième , Cologne, 1630 , in-loi. Toutes ces éditions contiennent à côté du texte grec une traduction latine ; celle de Marsile Ficin fut plusieurs fois imprimée à la fin du xv siècle (voy . J. Ch . BRUNET , Manuel du libraire, 1. III, p. 362) . Dès 1549 , Gabriel du Préau avait fait imprimer à Paris une traduction française de ces écrits ; elle fut reproduite en 1557. De Candalle, qui ne cessait de travailler sur ces textes mystérieux , en donna en 1574, à Bordeaux, in-8°, une traduction française, accompagnée de commentaires ; elle fut réimprimée en 1579 in-folio . Tiedemann a donné à Berlin , en 1781 , in -8° , une traduction allemande du Pamander avec des notes. Un religieux de l'ordre des Franciscains, Annibal Rosselli , avait entrepris sur cet ouvrage un commentaire qui est resté inachevé , quoiqu'il comprenne quatre volumes in-8°, Co- logne, 1630. Les critiques les plus judicieux regardent ces ouvrages comme composés au second siècle , par un chrétien peu instruit, et imbu des idées néo- platoniciennes ; il cite saint Jean , il parle des Epitres de saint Paul, il expose clairement , mais d'une façon erronée, le dogme de la sainte Trinité. Le Pamander contient des visions d'une grande beauté; l'Asclepius , livre peu étudié , offre des rapports frappants avec les doctrines de Philon et des cabalistes. Parmi les auteurs qui ont dirigé leur attention sur les livres du prétendu Mercure Trismégiste , nous citerons BAUMGARTEN-CRUSIUS , De librorum hermeticorum indole atque origine. lena, 1807 , in-4°. MOEHLER, Patrologie , t . II, p. 583 ; le Dictionnaire des sciences philosophiques, art. HERMES , t. ill , p. 77-83 ; la Symbolique de Creuzer, traduction française, notes 6 et 11 du livre 11; RAVAISSON , Métaphysique d'Aris- tote, t . II, p, 480; VACHEROT , Histoire de l'école d'Alexandrie , t . III, p. 4, etc. (6) LAERT . livr. 1x , f. 49. (7) EUSEB., Præp. evang. livr. 1 , p. 44. (8) FABRIC. Bibl. gr., 1. JI, C. 20. (9)InApp., 1. 1, c. 1,4,édit. Oxon G. B.

�XIII XIV PREFACE. C'était assurément de mauvais mémoires pour un historien ; aussi y avait- il puisé ce qu'il avait écrit sur les règnes des dieux , des demi -dieux et des héros. Selon Pomponius Méla (10), on y trouvait l'histoire de treize mille ans . Platon , dans Timée , introduit un prêtre égyptien, qui assure que ces livres sacrés instruisent de tout ce qui s'est passé dans l'espace de huit mille ans, et qu'on y trouve l'expédition fameuse des peuples sortis de l'ile atlantique pour faire irruption en Europe et en Asie . Au rapport de Valère Maxime (11 ) , Pythagore y avait vu des observations astronomiques d'une infinité de siècles . Lucien se moque agréablement de la guerre des géants et de la fuite des dieux , décrites dans ces livres depuis plus de dix mille ans. Des Egyptiens passons aux Babyloniens. Eux aussi avaient des livres sacrés que nous regardons à bon droit comme apocryphes. Ils traitaient de la généalogie des dieux . Janı- blique , dans la Vie de Pythagore, nous apprend qu'on y lisait qu'Hélien, père de Xuthus et d'Eolas , étaient fils de Jupiter. ( 12) Cicéron ( 13) et Diodore (14 ) rapportent que les Baby- loniens se vantaient d'avoir dans leurs monuments sacrés l'histoire de plus de quatre cent mille aus . Démocrite (15 ) avait travaillé sur les livres sacrés de Babylone, ainsi que nous l'apprend Diogène Laërce (16). Zoroastre, le réformateur de la religion des Perses , composa des livres qui furent lus par ses sectateurs avec le même respect que s'ils eussent été envoyés du ciel . Porphyre, dans la Vie de Plotin ( 17), parle des chrétiens qui portaient avec eux les livres mysti- ques de Zoroastre, de Zostrien , de Nicothée , d'Allogène et de Mésus . Ces livres furent re- futés par Plotin, dans un ouvrage que Porphyre intitula Contre les gnostiques . Porphyre écrivit aussi sur le même sujet ; il entreprit de prouver que le livre attribué à Zoroastre était supposé depuis peu par les gnostiques, qui voulaient s'appuyer d'un nom respecté en Orient. Les sectateurs de Zoroastre , nommés Gaures ou Guèbres, qui sont encore en grand nombre dans la Perse et dans les Indes, prétendent posséder le livre de leur pa- . triarche ; ils le nomment Zendavesta ou Zend ; ils le lisent avec respect, quoiqu'ils ne l'en- tendent plus. Tavernier ( 18) rapporte que lorsqu'ils le lisent, ils se bandent la bouche d'un mouchoir, comme s'ils craignaient que ces paroles sacrées ne reçussent quelqu'im- pureté par la communication de l'air. Chardin , qui dit avoir eu en son pouvoir le grand livre des guèbres pendant plus de trois mois, et qu'on voulait le lui vendre quinze cents francs ; il prétend qu'il est fait du temps d'Yesdegird III , dernier roi de la dynastie des Sas- sanides, sous lequel les Mahométans firent la conquête de la Perse au milieu du vir siè- cle ; la raison sur laquelle il se fonde , c'est que ce livre parle beaucoup du règne de ce dernier roi. Mortarès, que quelques - uns croient avoir été le maître et d'autres le disciple de Zo- roastre, avait fait un ouvrage sous le titre de Octateuque, cité par Eusèbe (19) ; ce livre était cité par les anciens Perses (20). (10)L.1,c.9. (11) Liv. vii , c. 7. (12) JAMBL., C. 46, 4°. (13)DeDivin.1.1,no19,etl.1,no46. (14) L.11. (15) LACT., Divin . instit ., libr. vit , c. 14 (16) SYNCELL., p. 28. Laerc. , 1. ix, c. 49. (17) N°16. (18) Tom. II,liv. iv, c. 8. (19) Præp. evang. 1. 11 , p. 44. (20 Nous ne pourrions , sans sortir des limites où nous devons nous renfermer ici , entrer dans les dé- tails que réclameraient les livres des guèbres, qui subsistent encore sous le nom de Zoroastre . Anquetil Duperron les fit le premier connaître à l'Europe en publiant, en 1771 , le Zend Avesta ( Paris , 3 vol . in- 4°), mais cette traduction , faite elle-mème sur des versions du texte primitif, est peu exacte et souvent obscure. Les travaux de M. Eugène Burnouf sont d'une toute autre importance. Son édition du texte du Vendidad Sadé avec une traduction et des notes (1829-32), son Commentaire sur le Yaçna ( 1833-35) sont des titres de gloire pour l'érudition française. Depuis M. Brockhaus, à Leipzig , en 1830 , M. Westérard ,

�XV XVI PREFACE. Les sabéens , (21 ) dont la secte subsiste encore en Orient, ont plusieurs livres sacrés qu'ils regardent comme inspirés. Il y en a un qu'ils appellent le livre de Seth, et dont ils font auteur ce patriarche . Ils en avaient un autre , d'une grande autorité chez eux ; il portait pour titre, Du culte des Nabathéens . Maimonide (22) parle d'un troisième, intitulé De agri- cultura Egyptiorum , qui traitait de la descente des esprits familiers, des prestiges , des conjurations, des démons , des diables , des satyres , habitants des déserts . Selon ce rab- bin, on y trouvait une infinité de fables absurdes, inventées dans l'intention de réfuter les miracles de Moïse et des prophètes . Ils avaient encore d'autres livres pour ce qui con- cernait leur religion . La Bibliothèque impériale possède trois manuscrits très- rares et presque uniques , écrits en ancien Chaldéen (23) . De la Chaldée et de la Perse , si nous passons dans l'Inde, nous trouverons encore des livres sacrés dont l'origine est fort incertaine, et que l'on regarde comme inspirés . Le plus remarquable et le principal se nomme Veda ou les Vedas . Le Veda est le livre de la loi il comprend tout ce qu'on doit croire et tout ce qu'il faut pratiquer , soit dans la mo- rale, soit dans le culte. Il est écrit en sanscrit , langue sacrée des Indiens . Il est divisé en quatre parties : la première nommée Rogo -vedam, traite de la première cause , de la pre- mière matière, des anges, de l'âme , de la récompense des bons et de la punition des mé- chants, de la génération des créatures et de leur corruption , du péché et des moyens d'en obtenir le pardon . La seconde, nommé Issoure- Vedam, est une instruction pour les supé- à Copenhague , en 1852 , ont entrepris de publier le Vendidad Sadé ou fondation de la loi , livre qui forme la plus importante partie du Zend-Avesta (parole vivante) ; il renferme des notions fort intéres- santes sur la géographie ancienne de la Perse . et sur les institutions religieuses et civiles de ce pays . On y joint le livre et la liturgie connus par les Perses sous le nom d'Isechné (en zend Yaçna) et un petit recueil d'invocations qui prend le nom de Vispered. Ces divers ouvrages ne forment d'ailleurs qu'une portion des livres inconnus aujourd'hui et attribués à Zoroastre . Voir DE PASTORET, Zoroastre, Confucius et Mahomet, Paris , 1789 , in-8°; NORBERG, de Zoroastre Bactriano, dans ses Opuscula , t . II , p. 579 ; J. MoHL , Fragments relatifs à la religion de Zoroastre , extraits des ma- nuscrits persans de la bibliothèque du roi, Paris, 1829, in-8° . WELLERS , Fragmente ueber die Religion des Zoroaster, Bonn, 1831 , in-8° (M. Silvestre de Sacy a, dans le Journal des savants , janvier et février 1832, consacré deux articles à cet ouvrage) . En parlant des livres sacrés des anciens Perses, on ne peut oublier un ouvrage publié sous le titre de Desatir ou écrits sacrés des anciens prophètes perses dans la langue originale, avec une ancienne traduc- tion persane. Elle a été mise au jour par Mulla Firuz, Bin Kau , Bombay, 1818 , 2 tomes in-8°. Le texte est accompagné d'une traduction anglaise . On lit dans la préface que le Desalir forme la col- lection des écrits des différents prophètes persans qui fleurirent depuis le temps de Mohabas jusqu'à ce- lui du cinquième Sasam , le dernier de ces prophètes , lesquels sont au nombre de cinquante. Zerducht ou Zoroastre n'est que le treizième; le cinquantième était contemporain d'Herculius , et mourut environ neuf ans avant la destruction de l'ancienne monarchie persane. Ces écrits sont dans une langue dont il ne reste pas d'autres vestiges ; c'est un idiôme tout à fait diffé- rend du zend, du pelhvi et du dévi , et qui serait complétement inintelligible sans le secours de 1 ancienne version persane. L'ouvrage se compose de seize livres portant chacun le nom d'un prophête. M. Silvestre de Sacy a donné sur l'édition de Bombay, dans le Journal des savants (1821 , p . 16-31 et 67-79), deux articles auxquels nous renvoyons pour plus amples détails. Cet illustre érudit pense que le Desalir est un ouvrage supposé , que cette supposition a eu lieu vers le vi siècle de l'hégire , et que la langue dans laquelle il est écrit est un jargon de convention à l'usage d'une secte persane . La doctrine prêchée dans cet ouvrage est un mélange d'idées gnostiques répandues en Perse et de zoroastrisme. La théorie de l'émanation y est enseignée. Dieu , être incompréhensible pour l'homme , produit une intelli- gence supérieure d'où dérivent des séries d'autres intelligences de divers degrés. ( Voy. MATTER, Hist. du gnosticisme, 2 édition , t . III, p. 144 , et le Dictionnaire des sciences philosophiques , t . V, p. 5. G. B. (21 ) Voy. dans les OEuvres diverses du baron de Boeckh , 1788 , in -12 , l'Essai sur l'histoire du sa- béisme. (22) More Nebuchim , part. 1 , c. 29. (23) Les Druses, ces sectaires curieux à certains égards , et qui habitent le mont Liban , possèdent des livres sacrés qui sont maintenant bien connus , grâce aux travaux d'un célèbre orientaliste français . M. Silvestre de Sacy a publié deux Mémoires dans les t . IX et X du recueil de l'Académie des Inscriptions (nouvelle série) sur des manuscrits arabes appartenant à la bibliothèque impériale et contenant une partie de ces livres . Ces manuscrits sont au nombre de cinq . D'autres manuscrits du même genre se conservent à la bibliothèque du Vatican , ainsi qu'à Leyde, à Oxford et à Vienne. Quelques manuscrits se trouvent aussi dans diverses collections particulières. Ils sont tous l'objet d'une notice fort étendue dans l'ouvrage où le savant que nous venons de nommer a réuni les résultats de plus de cinquante ans d'étude Exposé de la religion des Druses (Paris, 1838, 2 vol. in-8°), t. II, p. CCCLIV-DXVII. G. B.

�XVII XVI PREFACE . rieurs et pour tous ceux qui commandent aux autres hommes . La troisième, qu'on ap- pelle Sama-Vedam est toute morale ; elle tend à inspirer la vertu et à donner de l'horreur du vice . La quatrième enfin porte le nom d'Addera Via- Vedam ; elle traitait des cérémo- nies cette partie est perdue .

Les Siamois ont aussi des livres sacrés écrits dans une langue inconnue au vulgaire. C'est Sommono- Kodom qui passe pour en être l'auteur . Ils se composent de plus de deux cents articles , au dire de La Loubère (24), parmi lesquels on en trouve qui approchent de la plus grande perfection : comme le mépris de soi-même et le pardon des enne- mis. Les Chinois ont aussi des livres sacrés qui portent la dénomination générique de Keings. Il y avait aussi des livres sacrés chez les Romains , mais ils étaient réservés à l usage de prêtres. Valère Maxime en parle dans son premier chapitre : ils étaient confiés à la garde de deux commissaires nommés Duumvirs , à qui il était défendu , sous peine de la vie, d'en laisser prendre communication . Tarquin le Superbe fit enfermer dans un sac et jeter dans la mer le duumvir M. Tullius , qui avait trangressé cette défense . Les livres sibyllins libri fatales , étaient gardés sous la même réserve (25) . Numa Pompilius, qui porta toute son attention à policer les Romains et à leur former un culte, composa des livres sacrés dont Plutarque parle ainsi dans la vie de ce roi Valerius Antius , l'historien, rapporte qu'il y avait douze livres sur les devoirs des prêtres , et douze autres sur la philosophie des Grecs. Il ajoute que quatre cents ans après , sous le consulat de P. Cornelius et de M. Babius, il y eut des pluies en si grande abondance , que la terre s'en entrouvrit , ce qui mit à décou- vert les coffres où ces livres étaient enfermés . Le rhéteur Petitius ayant été chargé de les lire, déclara au sénat, dans un rapport sur ce sujet, qu'il ne lui semblait pas opportun qu'on divulgát au peuple le contenu de ces livres , et qu'il était d'avis qu'on les apportat sur la place publique pour y être brûlés. Plusieurs autres auteurs parlent de ce fait , et y ajou- tent des circonstances différentes. Tite- Live (26) et après lui Lactance (26* ) donnent pour raison , qu'il y avait dans ces livres des choses capables de détruire la religion , c'est- à- dire sans doute que l'on s'aperçut que les pratiques religieuses du temps présent n'étaient plus les mêmes que celles qui avaient été prescrites par Numa (27) . Il n'est pas éton- (24) Description du royaume de Siam , c. 24, p. 414. (25) Il reste, sous le titre d'Oracula sybillina, une collection assez étendue de vers grecs dont le texte, très-défectueux, est semé de lacunes fréquentes ; les manuscrits, peu nombreux, sont remplis de fautes. L'ouvrage est de diverses mains ; quelques portions paraissent avoir été composées au siècle, d'autres au ive. Les anciennes éditions de Castalion et de Gale ont été effacées par celle de M. C. Alexandre, Paris, F. Didot, in-8°, t. I, 1841 ( voy. un article de M. Letronne sur ce volume dans le Journal des Savants, no- vembre 1841 , p. 680-685), et t. II, 1853. Une édition donnée à Leipsick en 1852 par M. Friedlich n'est pas estimée . Voir PANONNIUS , De sy- billis et carminibus sybillinis , Parma, 1690' ; B. THORLACIUS , De libris sybillistarum , Hafniæ, 1815 ; CEIL- LIER, Histoire des auteurs , ecclésiastiques, t . 1, p . 528-543 , MOEHLER, Patrologie, t . II, p. 572 ; les Annales de philosophie chrétienne, tom . XIV ; Ed . DU MERIL , Histoire de la poésie scandinave , Prolégomènes, 1844, page 87, etc. On peut ranger à côté des livres sybillins les poëmes qui nous sont parvenues sous le nom d'Orphee ; ils paraissent émanés de l'école platonicienne d'Athènes, et ils renferment quelques restes des anciennes doctrines que l'Orient avait communiquées à la Grèce primitive. On a lieu de croire qu'ils ont été fabri- qués dans les premiers siècles de l'ère chrétienne ; on y trouve même des locutions d'une date plus ré- cente. Le poëme sur les pierres renferme des allusions évidentes aux mystères théurgiques des néo- pla- toniciens. Voy. HOEFER, Hist. de la chimie , t . I , p. 207 ; MATTER. art. Orphée, dans le Dictionnaire de la conversation; SAINTE -CROIX, Mystères du paganisme, t . II , p. 60-64 ; SEGUIER DE SAINT-BRISSON, sur l'au - thenticité de quelques vers d'Orphée, dans les Annales de philosophie chrétienne, 11 série, t . I , p. 422 ; BODE, Quæstiones de carminum orphicarum ætate et indole, Gottingue, 1838, in -4° ; A. MAURY. De la cosmogonie orphique, dans la Revue archéologique, no du 15 septembre 1840, p. 340-351 , etc. G.B (26) L. xL, n° 29. (26) Defalsa rel., c. 20. (27) Voy. la dissertation de Chr.-C. JOECHEK, De Numa Pompilii libris publica auctoritate Romæ com bustis, Leipsick, 1755, in-4° , et les notes d'OSANN sur Apulée. G. B.

�XIX PREFACE . XxX nant du reste que des cérémonies uniquement fondées sur le caprice des hommes . eussent reçu une altération considérable dans l'espace de quatre cents ans. Les Etrusques avaient aussi des livres mystérieux, dont il est fait mention dans Cicé- ron et dans d'autres auteurs ; ils regardaient principalement les augures , et n'étaient confiés qu'aux prêtres ; ce furent ces ouvrages qui servirent de règle aux augures ro- mains . Chez les Juifs et les Chrétiens il y eut aussi une foule de livres apocryphes dont quel - ques-uns nous ont été conservés , d'autres, en plus grand nombre, ont péri , mais alors les titres seulement nous sont parvenus ; chez les uns comme chez les autres, l'étymologie est incontestable (28) . Il n'est pas aussi facile de connaître pour quel motif on a appelé ainsi les livres hors des canons des Ecritures et que quelques - uns ont placés au même rang que les livres sacrés. Saint Augustin , dans le livre xv de la Cité de Dieu (29), dit qu'ils sont ainsi appelés parce que leur origine n'a pas été connue aux Pères par les mains desquels l'autorité des Ecritures véritables est parvenue jusqu'à nous par une succession très- claire et très-cer- taine . Si saint Augustin a voulu parler du nom de l'auteur, cela n'est pas toujours vrai , puisque l'on connaît sans doute les auteurs de quelques livres apocryphes ; mais s'il parle de leur autorité seulement il peut avoir raison , puisque l'autorité des livres apocryphes n'a point été reconnue des anciens ; tandis que l'ancienne tradition établit celle des livres canoniques . C'est aussi de cette manière que saint Augustin s'en explique : Quoique on trouve , dit-il, dans ces livres apocryphes quelques vérités , toutefois ils n'ont point d'autorité à cause des fables qu'ils contiennent ; et plus bas , ils ne sont point dans le canon des Ecri- tures qui était conservé dans le temple du peuple hébreu par lu diligence des prêtres qui se succédaient les uns aux autres , parce qu'on les a crus suspects , et qu'on ne savait pas s'ils étaient de ceux dont ils portent le nom, n'étant pas produits par des personnes dont on fût assuré qu'ils les avaient conservés en les recevant les uns des autres ; ce qui fait croire qu'ils ne sont pas de ceux dont ils portent le nom, comme les hérétiques produisent plusieurs ou- vrages sous le nom des prophètes et des apôtres que l'on a distingués des livres qui ont l'au- torité canonique par le nom d'apocryphes. Ainsi , selon saint Augustin , un livre est apo- cryphe parce qu'il n'a point d'autorité appuyée sur un témoignage clair, digne de foi . Saint Jérôme, dans l'épitre septième à Lata, dit que les livres apocryphes ne sont point de ceux dont les noms sont dans les titres, et qui contiennent plusieurs faussetés dange- reuses . En d'autres endroits il semble restreindre le nom d'apocryphe aux livres des hé- rétiques ; et c'est en ce sens que le pape Gelase le prend dans son décret . D'autres prétendent que les livres apocryphes sont ainsi appelés parce qu'ils étaient cachés , qu'ils ne se lisaient pas ordinairement et publiquement . Origènes prend en ce sens les livres apocryphes , quand il les oppose aux livres communs et publiés dans le tome I de saint Matthieu , chap . x , et dans sa lettre à Africanus touchant l'histoire de Suzanne. L'auteur de la Synopse, attribuée à saint Athanase, dit que les livres apocryphes sont (28) Αποκρύπτειν, cacher . (29) Voici le passage de saint Augustin ( lib. xv, 23 ad finem ) : « Omittamus igitur earum scriptura- rum fabulas, quæ apocryphæ nuncupantur, eo quod earum occulta origo non claruit Patribus , a quibus usque ad nos auctoritas veracium scripturarum certissima et notissima successione pervenit. In his autem apocryphis , etsi invenitur aliqua veritas , tamen propter multa falsa nulla est canonica auctoritas. Scripsisse quidem nonnulla divina Enoch, illum septimum ab Adam, negare non possumus , cum hoc in epistola canonica Judas apostolus dicat. Sed non frustra non sunt in eo canone Scripturarum , qui serva- batur in templo Hebræi populi succedentium diligentia sacerdotum , nisi quia ob antiquitatem suspecta fidei judicata sunt, nec utrum hæc essent quæ ille scripsisset , poterat inveniri, non talibus proferentibus, qui ea per seriem successionis reperirentur rite servasse..... Sicut multa sub nominibus et aliorum pro- phetarum, et recentiora sub nominibus apostolorum ab hæreticis proferuntur, quæ omnia nomine apo- cyphorum ab auctoritate canonica diligenti examinatione remota sunt. »

�XXF XXII PREFACE . ainsi nommés parce qu'ils méritent plutôt d'être cachés que d'être lus. Saint Epiphane semble avoir un sentiment assez particulier sur l'origine de ce nom , quand il dit dans le traité des poids et des mesures , que le livre de la Sagesse et de l'Ecclésiastique ne sont point dans le rang des livres sacrés , parce qu'ils ont été mis dans l'Aaron , c'est-à-dire dans l'arche du Testament. Ce qu'il semble expliquer dans l'hérésie des ébionistes , où il re- marque que l'Évangile de saint Jean, traduit en hébreu , était renfermé dans les armoires des Juifs avec les livres apocryphes ; ce qui fait entendre que par l'arche , où il dit qu'é- taient les livres apocryphes, il n'a point entendu l'arche sacrée, mais les armoires com- munes. Les livres apocryphes n'étaient point dans l'arche . Quelques auteurs prétendent que les livres sacrés y étaient , et le prouvent par le verset 24 du chap. I du Deutero- nome (30) . Néanmoins Moïse ne commande pas encore en cet endroit aux lévites de mettre ce livre dans l'arche, mais à côté de l'arche , au dehors , et il paraît par le chap . vin du 111' livre des Rois , et le v chap . du III livre des Paralipomènes , qu'il n'y avait dars l'arche que les deux tables de pierre . Dans le second temple il n'y avait plus d'arche selon le rapport de Josèphe . Néanmoins les livres sacrés étaient renfermés dans le temple , et nous lisons qu'avant la captivité , le pontife Helcias trouva un livre de la loi dans le temple. Les livres apocryphes étaient apparemment serrés dans une autre armoire que les livres canoniques. Tertullien parlant du livre d'Enoch, dit que quelques-uns ne le reçoivent pas , parce qu'il n'est pas enfermé dans l'armoire des Juifs , quia nec in Judaicum armorium admittitur. Et saint Augustin, dans le passage que nous avons cité plus haut , dit que les livres canoniques de l'Ancien Testament étaient conservés dans le temple du peuple hébreu, où les prêtres s'en transmettaient la garde . Il y a donc quelque vraisemblance que les livres sacrés étaient conservés dans le temple dans quelque armoire , et les apocryphes dans un autre endroit . Ce qui a donné à quelques auteurs l'occasion de dire que ceux -ci sont ainsi appelés àñò tñs xpuntñs , parce qu'ils étaient hors de la crypte, de l'arche ou du coffre où étaient les livres sacrés ; mais c'est mal deviner. Les Hébreux appellent (genousim) , terme qui a la même signification qu'apocryphes , des livres plus mystérieux, de la lecture desquels ils veulent que les faibles et les jeunes gens s'abstiennent, comme le commencement d'Ezéchiel , l'Ecclésiaste , etc. , voir , Gésénius . Tantôt on donne le nom de livres apocryphes à tous ceux qui ne sont point dans le ca- non, dont on fait deux classes , celle des livres que l'on peut lire pour l'édification des fidèles, mais douteux et contredits , et celle des livres supposés hérétiques et pleins d'er- reurs . Quelquefois on restreint le nom d'apocryphes aux derniers . Origène appelle apocryphes tous les livres qui sont hors du canon . Tertullien donno ce nom au livre du Pasteur, qui est un livre utile . Eusèbe distingue trois ou quatre classes de livres , liv . III de son histoire, c. 25 et 31. La première, de ceux qui sont reçus de tout le monde et hors de doute ; la seconde, de ceux qui sont contestés et cependant reçus par plusieurs, la troisième , des supposés et douteux , que l'on peut joindre à la classe précé- dente ; et la quatrième enfin, de ceux qui sont tout-à-fait faux , opposés à la foi des apôtres, et fabriqués par des hérétiques sous leurs noms . Eusèbe , semble avoir tiré cette distinction d'Origène , qui , parlant dans le 14 tome sur saint Jean du livre de la Prédication de saint Pierre, dit qu'il faut annoncer s'il est véritable, yoos, ou supposé,vótos , ou entre les deux μextos. Pour revenir à Eusèbe , il ne veut point aux endroits que nous avons cités du terme d'apocryphes, mais dans le chap. 22 du livre Iv, il le prend pour les méchants livres fa- briqués par les hérétiques qu'il distingue de ceux qui sont cités par les écrivains ecclé- siastiques . Saint Grégoire de Nazianze , dans le poème à Seleucus , saint Athanase , dans l'épître sectale , l'auteur de la Synopse qui porte son nom , saint Epiphane dans la huitième (30) Voici de quelle façon M. Cahen traduit ce passage ( la Bible, traduction nouvelle, t . V, p. 137 ) : Lorsque Moschè eu: fini d'écrire les paroles de cette doctrine-là sur un livre jusqu'à la fin . Moschè commanda aux lévites qui portaient l'arche de l'alliance de l'Eternel, savoir : Prenez le livre de cette doctrine- là et plu- cez le à côté de l'arche de l'alliance de l'Eternel votre Dieu ; il sera là contre toi pour témoin.

�XXIII PREFACE . hérésie, Ruffin dans l'exposition du symbole, Junilius, et la plupart des nouveaux Grecs suivent la distinction d'Origène en trois classes , et ne donnent le nom d'apocryphes qu'aux livres certainement supposés et mauvais, et appellent ordinairement livres ecclésiastiques ceux qui étaient bons et utiles ; quoiqu'ils ne fussent pas reconnus par toutes les églises pour canoniques . Au contraire saint Cyrille, dans la quatrième antithèse , saint Epiphane , dans le livre des poids et mesures, saint Jérome, dans le prologue général , quatre Pères d'Afrique , et la plupart des Latins, et Antiochus, entre les Grecs , donnent le nom d'apo- cryphes généralement à tous les livres qui ne sont point dans le canon . Quoiqu'il en soit de la manière dont il faut entendre le mot de controuvé , d'apo- cryphe, et des livres auxquels on doit l'appliquer, un auteur moderne l'a dit (31 ) . Des mémoires qui nous révéleraient l'état un peu complexe de la société chrétienne aux premiers moments de son existence seraient d'un prix inestimable .Quoi de plus curieux en effet, quoi de plus intéressant que d'être ainsi initié à la vie intime de l'Eglise naissante, de connaître les mœurs privées , les usages , les pratiques , les opinions de ce monde nou- veau surgissant au milieu de l'ancien , s'y développant et finissant par l'absorber tout à fait d'assister à ces combats incessants, à ces luttes de tous les jours entre les idées nouvelles et les vieilles croyances, et de voir dans un tableau et détaillé cette transformation succes- sive, cette lente progression des deux sociétés . Car, on le sait, ce n'a pas été sans résistance, et une résistance terrible, que le christianisme s'est implanté sur la terre. Bien des épreu- ves ont marqué son passage à travers les nations : il lui a fallu subir le despotisme du sa- bre et celui de la pensée ; aussi comme ces guerriers qui retournent victorieux , mais cou- verts de blessures , au foyer domestique, tout en triomphant du paganisme , il en a conservé comme malgré lui quelques traces, et Rome chrétienne , à l'imitation de Rome païenne , a souvent emprunté aux peuples qu'elle avait vaincus, sinon leurs dieux et leurs organes , du moins quelques- unes de leurs superstitions . Sans doute, et nous nous hâtons de le dire , les premiers pasteurs de l'Eglise ont de tous temps fait leurs efforts pour rejeter hors de son sein ces scories impures , produits inévitables de la fermentation des esprits et du contact des croyances ; ils ont pu écraser, sous les pieds de leurs justes anathèmes , les grandes insurrections de la pensée contre la foi : mais , pour continuer la même image, les manifestations pacifiques , les émotions innocentes en apparence échappaient à la plus vigi- lante investigation , se renfermaient dans la famille , et, au moins dans le principe , y bor- naient son influence. Or, c'est cette influence transformant par les mœurs , les usages. les pratiques et les autres accidents de la vie domestique, qu'il serait intéressant de connaître , et les cérémonies qui nous mettraient à même de l'apprécier devraient à un haut degré fixer notre attention . Ces mémoires existent ; mais, oubliés et ensevelis çà et là dans des ouvrages grecs ou latins , ils n'étaient counus que des seuls érudits de profession , et il était presque impos- sible de les faire accorder entre eux . Le dernier siècle avait bien tenté , par quelques rares traductions , d'en porter la connaissance au public ; mais les idées antireligieuses qui régnaient à cette époque les ont tellement défigurées, qu'on se demande avec raison si la pensée de couvrir la religion de ridicule n'a pas inspiré et encouragé ces travaux . Un autre désir nous a fait entreprendre cette difficile publication , et nous espérons que le motif tout chrétien qui nous anime, et le but que nous cherchons à atteindre, nous soutiendront dans la voie épineuse où nous nous hasardons , et nous feront trouver grâce devant le public éclairé . Car nous voulons accomplir un grand acte dejustice . Le dernier siècle s'était servi de ces légen des comme d'une arme d'incrédulité ; ajoutons que le xvir' et le xvI° siècle n'ont pas été plus indulgents. Mais sans doute par une pensée bien autre , les savants qui s'en sont occupés, préoccupés par les grandes discussions théologiques de ces époques , n'ont porté dans l'examen de ces écrits des premiers âges, que le rigorisme de la foi ; n'y ont aperçu , ou ( 1) M. Donhaire . Le remarquable travail de cet écrivain est nséré dans l'Université catholique, t . IV, p.361-369 ; V, 121-151 , 270-279 ; VI, 108-115 ; VII , 275-285 ; VIII , 82-409 ; IX, 334-361 ; X.

�XXY PREFACE. n'ont voulu y apercevoir que des erreurs et des fables , et ont contribué ainsi , par une cri- tique exagérée, à faire oublier ou négliger ces monuments de l'antiquité , que notre intention est de réhabiliter. En premier lieu nous montrerons que ces légendes chrétiennes , bien loin de discréditer la religion et les Ecritures, en sont souvent l'appui et quelquefois le commentaire , au second , nous ferons ressortir un des plus beaux côtés de ces légendes , le côté poétique que dans les compositions même les plus excentriques on ne peut s'em- pêcher de reconnaître . De tous les exemples, ceux qui ont joué le plus grand rôle et méritent par là même à plus juste titre l'attention du critique , ce sont les apocryphes qui appartiennent au cycle évangélique, comme l'appelle si heureusement M. Douhaire , dont nous allons encore emprunter les idées et le style (32) . « Ces légendes portent généralement le nom d'Evangile. Quelques-unes, en plus petit nombre, ont un autre titre : soit celui d'Histoire , soit celui d'Actes . Les unes et les autres sont l'œuvre naïve de la foi populaire . Il ne faut point les confondre avec les livres pu- bliés sous les mêmes titres par les hérésiarques des premiers siècles . Inventions téné- breuses et perfides, ceux-ci furent composés pour défendre de fausses doctrines et leur servir de véhicule . On y prêtait à Jésus -Christ et à ses apôtres des actions et des discours qui n'étaient point historiques, mais qu'on espérait faire passer pour tels , à l'aide du silence des Evangiles, sur plusieurs points et sur plusieurs époques, et qu'on supposaient pro- pres à appuyer certaines opinions auprès du peuple . Depuis Simon jusqu'à Marcion , il n'est pas un chef du reste un peu remarquable qui n'ait eu son Nouveau - Testament à lui . Les évêques orthodoxes , les saints Pères , les Papes mirent , dès le principe , beaucoup d'ardeur à dévoiler ces machinations de l'erreur et du mensonge et à en détruire les mo- numents : leur zèle a souvent réussi . Il nous reste en effet très-peu de ces apocryphes sys- tématiques, et de ceux qui ont survécu , aucun que nous sachions, ne nous est parvenu intégralement (33). << Si l'histoire de la philosophie y a perdu certains documents importants sur les erreurs orientales de l'époque chrétienne, la littérature n'y a aucun regret. Compositions abstrai- tes par le fond , résultat des préoccupations dogmatiques de quelques gnostiques bâtards , la sécheresse en faisait le caractère principal, et l'on y sentait bien plus la polémique que la poésie « Il n'en est pas ainsi des légendes du Cycle évangélique proprement dit . Celles - ci sont de simples traditions, peut-être un peu trop crédules et un peu trop puériles , mais qui assurément n'ont pas été faites à mauvaise intention . La bonhomie et la candeur y brillent à chaque page, et il y a une telle conformité dans quelques-uns de leurs récits avec ceux de l'Evangile que la critique a incliné à les regarder , sur plusieurs points, comme un com- plément authentique de la narration des Apôtres ... « Ces récits familiers et anecdotiques faits au foyer, sous la tente, aux champs, dans les haltes des caravanes , contiennent un vivant tableau des moeurs populaires de l'Eglise nais- sante. Là, mieux que partout ailleurs, se peint la vie intérieure de la société chrétienne . Nulle part on n'étudiera mieux la transformatien qui s'opérait alors, sous l'influence du christianisme dans les rangs inférieurs . La riche source d'idées et de sentiments , ouverte par le nouveau culte s'y épanche avec abondance et liberté . Il se peut que ce que ces li- vres nous racontent de la sainte Vierge et de ses parents , de Jésus et de ses apôtres ne soit point très-exact , cela même est probable ; mais les usages , les pratiques, les habitudes qu'ils révèlent involontairement sont véritables . Evidemment ils prêtent aux personnages sacrés des discours qu'ils n'ont jamais tenus ; mais s'ils leur ont prêté telle conduite, telle ( 2) Voy. la note ci-dessus. (33) Nous donnerons des monuments de l'erreur tout ce qui nous rest:

�XXVII PREFACE. démarche, telles paroles, c'est qu'elles étaient dans l'esprit du temps , c'est qu'on les croyait dignes de ceux à qui on les attribuait . Ces légendes sont donc, à vrai dire, un com- mentaire populaire de l'Evangile , et le mensonge même en est vrai . « Si nous voulons rechercher la cause de leur incroyable faveur et de leur étonnante , multiplication , nous la trouverons d'abord dans ce besoin de merveilleux qui dévorait la nouvelle société , malgré la gravité et la vanité de ses croyances . Ces néophytes nouvelle- ment ramenés des superstitions poétiques du paganisme , ne pouvaient si vite vaincre leur ancien penchant aux fables. Il fallait un aliment nouveau à ces imaginations veuves des anciens mythes chéris de leur enfance. D'ailleurs , tant de prodiges réels avaient telle- ment ébranlé les esprits , que la disposition à croire aux fausses merveilles devait être gé- nérale. S'il n'est pas de grand homme qui n'ait eu sa mythologie , si déjà nous voyons se former comme un cercle de légendes napoléonniennes autour du tombeau à peine fermé du grand général et de ses invincibles armées , que ne devait- il pas arriver d'une vie di- vine dont tant de miracles avaient marqué le passage sur la terre ? « Le petit nombre des Chrétiens , leur dispersion , leur isolement, le peu de relations des églises entre elles , étaient encore autant de causes merveilleuses . Dans les premiers temps , les Chrétiens n'avaient pas encore de livres écrits ; l'enseignement dogmatique et histo- rique du nouveau culte était exclusivement oral . « Donc, s'il arrivait, dit avec justesse un écrivain moderne, qu'un apôtre ou un disciple des apôtres , dans quelque petite ville d'Orient ou d'Occident , adressât à ses frères des paroles d'encouragement et d'espérance , qu'il leur racontât du Sauveur ou de ses disci- ples, les paroles ou les actions dont il avait été témoin ou qu'il avait apprises , les simples harangues passaient de bouche en bouche dans tout l'empire , chaque chrétien y ajoutait quelque chose, quelque chose de sa foi et de son cœur. Ce n'était plus le langage d'un homme seulement, c'était le commun langage de la chrétienté . Ainsi naturellement , sim- plement, sans parti pris d'avance , on ornait , on embellissait des faits véritables , des dis- cours réels ; on complétait spontanément et presque involontairement des rapports im- parfaits ou hâtifs , qui provoquaient l'imagination sans la satisfaire entièrement . Quand on ne les regarderait que comme des productions isolées au milieu de l'époque qui les vit naître , et sans influence sur les temps postérieurs , ces légendes de l'Eglise naissante , seraient déjà l'un des monuments littéraires les plus curieux à étudier. Mais leur importance grandit singulièrement, si l'on vient à considérer que, loin d'être restées stériles , elles ont sur le développement de la poésie des siècles suivants , l'action la plus puissante et la plus féconde ; qu'elles ont fourni à l'épopée , au drame, à la peinture , à la sculpture du moyen âge , une source inépuisable de sujets ; que toutes les nations chré- tiennes , jusqu'au xvi ' siècle , y ont puisé leurs inspirations les plus belles , et que la peine musulmane a été leur tributaire . C'est un fait peu connu , que ce rayonnement gé- nérateur des types évangéliques , nous espérons dans la suite de ce travail, en montrer la réalité. « Les légendes apostoliques datent des premiers jours du christianisme. Nées dans le berceau de l'Eglise , elles grandissent et se propagent avec elle . Du " au iv siècle , elles se forment silencieusement, se coordonnent et se distribuent en groupes . Les traces de ce travail intérieur sont sensibles encore dans celles qui nous sont venues de Judée , leur source primitive et leur foyer commun ; elles se répandent dans la Syrie , l'Arabie , dans tout l'Orient . De la langue hébraïque, elles passent dans les langues de l'Asie . La Grèce commence à les connaître ; elles apparaissent à l'Occident avec le v siècle . Ces fables y causent d'abord quelque scandale, mais finissent par dompter ces répugnances. Non-seu- lement la pensée , mais la sculpture et la peinture s'en emparent. A Constantinople comme à Rome, les légendes de Marie et de Jésus , décorent l'intérieur des églises, et se glissent

�XXIX AXX PREFACE. déjà timidement dans les formes dramatiques des liturgies . Cependant le règne de la littérature classique et érudite en retarde le triomphe. « Rome succombe , les barbares arrivent et emportent le reste de la civilisation. L'étude des lettres païennes cesse, les ténèbres se répandent. Mais cette débâcle a été favorable au christianisme ; toutes les nations sont venues dans son sein, et les peuples vainqueur avec elles . Mais ces nations déchues, ces peuples grossiers , il faut les instruire , les inté resser, les attacher par les yeux , les oreilles, le cœur . Que feraient sur leur âme dégradée ou encore sauvage les enseignements abstraits de la foi ? La prédication savante des siè cles précédents n'enfanterait que l'ennui ; il en faut donc un autre , l'Eglise le comprend. Elle retourne alors vers ces légendes naïves , dont elle n'a point fait cas jusque là , et leur demande pour ses solennités, des scènes dramatiques , et pour ses enseignements , des récits accessibles et captivants . « Dans toute cette période qui sépare le v siècle du x1o , le rôle des légendes évangéli- ques devient immense . Les liturgies des grandes fêtes en sont d'abord une véritable mise en scène. A Noël , au début de l'année ecclésiastique , le Protévangile de saint Jacques et l'Evangile de l'enfance du Sauveur sont mis à contribution pour composer les cérémonies du Præsepe ou de la Crèche ; à l'Epiphanie , on prend encore à l'Evangile de l'Enfance et à l'Evangile de Nicodème , le fond de l'office de l'Etoile , où les mages figurent en grande pompe ; à Pâques , l'office du Sépulcre, des Trois Mages, du Point du jour, est la copie des actes de Pilate . Nous ne parlons ni des fêtes de l'Ascension et de la Pentecote , ni de cel- les de la sainte Vierge, dont les éléments avaient été tirés des apocryphes . « Après les liturgies, c'est l'art qui emprunte le plus aux légendes apocryphes . Jusqu'au vi siècle , l'art avait répugné à puiser à cette source ; il s'était créé dans les catacombes et les Eglises , une sorte de symbolisme à lui . Mais à dater de cette époque , c'est aux lé- gendes qu'il s'adresse de préférence . Le pinceau et le ciseau ne font en quelque sorte que 'es traduire. « Mais ce n'est pas seulement dans les solennités du temple et sur ses parois , que les légendes du Cycle évangélique se déploient . Beaucoup d'entre elles viennent se placer dans .es divertissements semi - profanes du cloître . Lu Blanche Rose du couvent de Goodersheim, l'abbesse Hroswita , fait jouer par ses religieuses ces merveilleuses histoires qui n'avaient guère été jusque là que figurées dans des mimes sacrés , ou dans de mystérieuses repré- sentations. Ce sera pour nous un curieux sujet de comparaison , que ces drames ébauchés mis en regard des récits primitifs d'où ils sont sortis . « Cette seconde transformation des légendes évangéliques , qui date du x' siècle , présage une révolution qui s'accomplira au xi , alors que la légende sortira du sanctuaire , mon- tera sur des planches profanes et se régularisera ; mais avant d'en venir là, elle se déroulera longtemps encore en rites silencieux et en muets hiéroglyphes . Dès le v siècle, elle commence à prendre plus généralement la forme dramatique ; c'est le règne de la vie à laquelle commence à se rattacher le monde . Quatre mystères de cette époque que nous ferons connaître , nous montrent la légende évangélique transfor- mée déjà de narration en dialogue . De ces quatre mystères, deux sont déjà des monu- ments pleins d'intérêt . La légende continue à se développer par le drame durant tout le x siècle . Les Mystères de la Naissance et des Rois , de la Passion et de la Résurrection , se multiplient à cette époque dans toutes les contrées , en France , en Angleterre , en Italie . Des monuments nombreux , édités ou manuscrits , nous fournissent les moyens d'appré- cier, sans quitter notre sujet, l'état des esprits et des lettres . Vient le x siècle , et la grande explosion religieuse qui le caractérise ; les représentations scéniques sont un be- soin, et les légendes évangéliques en font presque tous les frais . Partout s'organisent les sociétés dramatiques . Le drame de la Passion devient à Padoue et à Paris, l'objet d'une

�XXXI XXXII PREFACE . confrérie spéciale qui se propage dans toutes les grandes villes. Ce mystère célèbre , est le dernier période du développement dramatique du cycle évangélique . Là , la légende avait atteint la forme la plus élevée . Le mystère de la Passion, était la mise en scène de tout le cycle évangélique . Il s'ouvrait par la pastorale touchante de Joachim, connue dans les apocryphes sous le nom d'Evangile de la Nativité de la sainte Vierye , et se terminait à la Résurrection , c'est-à-dire , avec l'Evangile de Nicodème . Les autres évangiles apocryphes composaient le corps de l'ouvrage . Nul ouvrage n'a joui d'un plus beau et d'un plus long triomphe. Pendant deux siècles , il fut joué d'un bout de la France à l'autre, au milieu des larmes et des applaudissements de la foule .

  • Tandis que la légende évangélique s'élevait dans le mystère de la Passion presqu'à la

dignité d'une œuvre littéraire, elle grandissait proportionnellement dans l'épopée . Mais la renaissance approchait . Le xvi° siècle se leva , et avec lui cette littérature quasi - païenne qui fut aux lettres ce que le protestantisme de la même époque fut à la religion . Après avoir jeté un vif éclat dans le Paradis perdu , la tradition légendaire s'éteignit . On la croyait morte quand elle illumina tout à coup (34) et les visions exstatiques de la sœur Em- merich (35) et les derniers chants du poëme protestant de Klopstock . << La source commune de tous les monuments du cycle des apocryphes est dans les tra- ditions merveilleuses répandues, dès les premiers temps du christianisme, sur les person- nages évangéliques . A voir le nombre , la grandeur et la puissance des œuvres émanées de ces légendes, on ne leur soupçonnerait pas une origine aussi humble . Rien n'est plus simple, en effet, rien n'est modeste comme ces primitifs récits devenus, avec le temps, de toucahntes épopées , ou des drames pleins d'appareil et de pompe . Ce grand fleuve de poésie qui vivifie tout le moyen âge, ressemble à ces vastes courants du Nouveau-Monde qui alimentent des continents entiers , et qui ne sont , au commencement de leurs cours que d'étroits ruisseaux perdus dans l'obscurité des montagnes . « La comparaison que nous venons de faire est encore vraie à d'autres égards ; car de même qu'on ne s'est demandé que fort tard d'où sortaient les eaux qui irriguent le globe, on n'a recherché qu'à une époque relativement récente d'où venaient ces grandes compo- sitions dont s'abreuva la foi de nos pères. Les siècles qui en vécurent ne se mirent point en peine d'en connaître l'histoire . Depuis le v siècle jusqu'au xvi , les traditions poéti- ques sur Jésus- Christ, sa mère et ses apôtres jouirent, dans l'ordre des libres conceptions d'une autorité illimitée . Leur puissance , en dehors de l'enseignement dogmatique , fut uni- verselle ; elles régnèrent sur l'âme du peuple comme sur l'imagination du poëte et de l'ar- tiste, et se transformèrent en mille suaves et profondes conceptions . Mais après mille ans, la foi dont elles vivaient ayant diminué sur la terre, et le rationalisme ayant tari la source de la poésie religieuse , ces traditions moururent , et la longue série des monuments litté- raires qui en étaient nés tomba dans le plus profond oubli . Il n'y eut guère que les récits primitifs dans lesquels elles s'étaient d'abord produites, dont on conserva quelque souve- nir, grâce aux rapports qu'ils avaient avec le Nouveau Testament, dont la révision fut, comme on sait, la grande affaire des érudits du xvr siècle . « Depuis lors , trois sortes de gens ont écrit sur ce sujet ; en premier lieu, ceux qui ont travaillé sur l'histoire de l'Eglise primitive ; secondement, les compilateurs qui ont ras- semblé les matériaux de l'histoire ecclésiastique ; enfin les critiques qui se sont occupés de l'exégèse et de la censure des textes du Nouveau Testament . Venus dans un temps où les croyances naïves qui avaient fécondé ces légendes étaient éteintes , ni les uns ni les autres n'en purent comprendre la valeur poétique . Aussi serait-ce une grande erreur d'imaginer que le sentiment littéraire fut pour quelque chose dans l'inclination qui les porta vers ces matières . L'amour de la controverse , le désir de justifier la foi du reproche (34) Le Christ devant le siècle, par ROSELLY DE Lorgues. (35) Voy. sa Douloureuse Passion de N. S. J. C. et sa Vie de la S. Vierge , rédigées sous sa diclée en allemand par M. Clém. Brentano, et traduites en français par M. l'abbé de Cazalės.

�XXXIII XXX'V PREFACE de superstition, peut -être aussi l'envie de se faire un nom dans la carrière fort illustre alors de l'érudition , tels furent les motifs qui les poussèrent à rechercher et à commenter les apocryphes. Le ton fort peu respectueux dont ils en parlent le prouve du reste . Au dire des Varennius , des Coccus, des Lequien, des Richard Simon , etc. , etc. , ce ne sont qu'histoires puériles et contes à dormir debout. << Parmi ces impassibles aristarques, il en est cependant qui ont droit à la reconnais- sance de la poésie et de l'art , pour avoir rassemblé , corrigé et édité avec zèle et quelque- fois avec amour ces fragments dédaignés d'une littérature élémentaire , et n'en avoir pas jugé la commentation indigne de leur savoir. Nous leur devons, en témoignage de gra- titude, une mention particulière . « Le premier de tous est un théologien protestant, appelé Michel Neander, qui joignit un recueil incomplet des apocryphes à une édition gréco - latine du petit catéchisme de Luther (Bâle, 1543-1548) , sous ce titre : Apocrypha, hoc est narrationes de Christo , Maria, Joseph, cognatione et familia Christi, extra biblia, apud veteres patres, historicos et philo- logos reperta. Thomas Istig, professeur de théologie protestante à Leipzig, en donna plus tard une table méthodique dans son livre intitulé : De bibliothecis et catenis Patrum . Nico- las Glazer en publia, à Hambourg, une autre collection, fort incomplète aussi et qui res- semble à celle de Neander pour l'étrangeté et la confusion des matériaux . « Quelques recueils analogues parurent encore en Allemagne , en Italie et en France, dans le courant du xvir siècle ; mais trop peu soignés ou trop peu spéciaux pour mériter qu'on s'y arrête et qu'on rappelle les noms oubliés de leurs auteurs , il n'en est pas ainsi de celui que publia, au commencement du xvII ° siècle, le bon et docte Fabricius . Cet il- lustre érudit était né à Leipzig en 1668 ; il se distingua de bonne heure par ses mœurs douces, son intelligence élevée et son savoir immense . Appelé tout jeune à Hambourg pour y remplir la chaire d'éloquence , il y passa le reste de sa vie, refusant, pour les travaux chéris qu'il y avait entrepris , les places les plus honorables et les plus lucratives. Malgré la sécheresse du protestantisme qu'il professait, il y avait dans ce candide allemand , comme il s'appelait lui-même, une conception vive et profonde de la poésie du christianisme ; et au plus fort de ses préoccupations classiques , il sentait un attrait mystérieux le ramener vers les monuments de la littérature des premiers siècles , qu'il avait une fois entrevus dans la bibliothèque d'un de ses amis. Il nous raconte lui-même qu'un soir (c'était au moment de son début à Hambourg), devisant à souper avec son ami Christius Helli- scher,la conversation tomba sur les évangiles apocryphes . Ils en causèrent longtemps et se convainquirent qu'il y avait une grande utilité à en publier une édition complète . Les deux amis ne se quittèrent pas sans se promettre d'y travailler chacun de son côté ; mais Fabricius tint seul parole. En 1703, parut son premier recueil en deux volumes , intitulé : Codex apocryphus Novi Testamenti , qu'il augmenta, en 1719, d'un troisième volume (36) . (36) Les travaux de Fabricius appelèrent l'attention des savants sur les livres qu'avait rassemblés cet érudit . Nous aurons, dans le cours de notre travail, occasion de citer les divers ouvrages qui ont été con- sacrés spécialement à telle ou telle production apocryphe. En attendant, nous mentionnerons les princi- paux auteurs qui ont envisagé ce sujet d'une façon générale : TH. ITTIG, De pseudepigraphis Christi, Virginis Mariæ et apostolorum (dissertation jointe à son Histoire des hérésiarques des premiers siècles , 1686). BJOERCK, De libris apocryphis Vet . Test. , Upsal, 1723, in-4° (a). (a) Il faut observer que les auteurs protestants don- nent le nom d'apocryphes aux portions de la Bible qui ne sont pas dans l'hébreu et qui ne se trouvent que dans les Septante; ce sont celles que l'Eglise catholique a ad- mis et qu'elle désigne sous le nom de deutéro- canoni- ques. Livres entiers : ces livres et portions de bible sont : Tobie, Judith, la Sagesse, l'Ecclésiastique, Baruch et les Macharées. Parties séparées : Esther, depuis le 4 du chap. x jus- qu'au 24 du chap. xvi ; Daniel, les y 24 à 90 du chap. uetleschap.x etxiv. Les réformés admettent d'ailleurs souvent dans leurs bibles les deutéro-canoniques, mais ils rejettent, de mê- me que les catholiques, les livres qu'un accord unanime regarde comme supposés, tels que l'Evangile de l'Enfance et celui de Nicodème. Nous signalons les travaux des érudits protestants, nous les citons quelquefois ; sans ces indications, notre œu- vre serait incomplète, mais nous n'avons pas besoin d'a- jouter qu'il ne faut y recourir qu'avec précaution , surtout lorsqu'il s'agit de quelques-uns des auteurs modernes qui sont tombés dans toutes les erreurs du rationalisme. G. B.

�XXXV XXXVI PREFACE. Cet ouvrage ne fut pas plutôt connu qu'il obtint la réputation la plus haute et la plus mé- ritée. Il serait difficile , en effet , de trouver dans un livre de ce genre , plus de mérites dī- vers, la science , l'érudition , la connaissance approfondie des langues anciennes et des langues orientales , la clarté, la sobriété et l'élégance du langage . On est confondu à la pensée du travail que dut exiger une pareille publication, et sa composition semble en quelque sorte miraculeuse , quand on se rappelle que le même auteur menait de front , avec ses cours publics, la préparation de deux autres ouvrages non moins gigantesques , la Bibliothèque grecque et la Bibliothèque latine . En 1723 parut le dernier complément de cette collection , sous ce titre : Codex Veteris Testamenti , Hamburgi, sumptu Th. Christi Felgeis- ter. Il présente fort bien, dans ce dernier volume, le côté véritablement grave des docu- ments qu'il contient ? « Ne croyez point, lecteur, dit-il, que je me laisse prendre à ces fa- bles. (Il venait d'avouer, le bonhomme , qu'il y trouvait grand plaisir . ) Si j'ai cru devoir les rassembler, c'est que j'ai pensé que le meilleur moyen de les réfuter était de les pré- senter dans leur intégrité et leur ensemble aux lecteurs consciencieux . Comme ce sont d'ailleurs des choses qui datent de loin, j'estime qu'elles ne seront pas sans utilité pour ceux qui se livrent à l'étude de l'antiquité ecclésiastique . Tout n'y est pas faux, au sur- plus, et comme le dit le poëte , il n'y a pas que des mensonges dans la bouche des Crétois . Ces faux évangiles contiennent sur les mœurs, les usages et les traditions juives des ren- seignements qu'il y aura plaisir et avantage à recueillir. C'est le cas de dire avec Clément d'Alexandrie, qu'il est de ces choses dont l'inutilité est utile. » << Tous ces spirituels et doctes détours n'ont pas d'autre but que de donner au public protestant le change sur les véritables motifs qui avaient porté Fabricius à publier les apocryphes , et à dissimuler l'attrait poétique qui , dans le fond, avait été son principal mobile. Telles étaient alors les préventions du protestantisme contre tout ce qui tenait aux traditions tolérées ou respectées par l'Eglise , qu'on eût fait mauvais parti au profes- seur de Hambourg d'une pareille disposition . De nos jours même , cette croyance éteinte n'a-t-elle pas gâté l'un des plus beaux ouvrages historiques de l'Allemagne ? N'est- ce point par une prévention innée contre les traditions catholiques , que les frères Grimm ont omis dans leur recueil des traditions germaniques , toutes les légendes relatives à saint Boniface, légendes cependant si belles et si gracieuses ? Mais revenons à Fabricius . « Son recueil fit sensation en Europe, malgré les préoccupations philosophiques qui déjà y dominaient les esprits. Saisissant l'idée exposée par Fabricius , que les livres apo- cryphes du Nouveau Testament pouvaient bien servir à la justification des livres commu- niqués ; un ministre anglican en publia , à Oxford , en 1788, une traduction accompagnée de commentaires dirigés particulièrement contre la doctrine impie de Toland . Réimpri- mée plus tard sans nom d'auteur, cette traduction du R. Jérémias Jone paraît avoir eu peu de succès . Une traduction française des apocryphes, imprimée à Londres en 1779 , par l'abbé B*** (37) , témoigne encore de la sensation produite par ce recueil ; mais l'oubli J.-J. ERANIUS, De libris V. Test, apocryphis in genere, Lund , 1733, in-4°. Et De libris N. T. apocryphis ; ibid. 1738. DE BEAUSOBRE, Dissert . de Nov. Test . libris apocryphis, Berlin, 1734, in-8°. DE BURIGNY, Sur les ouvrages apocryphes supposés dans les premiers siècles de l'Eglise. ( Mémoire inséré dans le recueil de l'académie des Inscriptions , t. XXVII, mais qui n'apprend rien de bien nouveau ). EICHHORN, Einleitung in die apocryphischen Schriften des Alt . Test. , Leipzig , 1795, in-8°. KLEUKER, Ueber die Apokryphen des N. Test. , Hamburg, 1798 , in-8°. NITZSCH, De apocryphorum evangel . in explicand , canon usu et abusu, Viteb . , 1804, in- 8°. SCHUTZ, De evangeliis quæ ante evangelia canonica in usu Ecclesiæ fuisse dicuntur, Königsberg , 1812. deux parties, 40 et 22 pages in-4°. PAULUS, Ueber die entscheidungsart der drei ersten Kanonischen und mehrerer apokryphischer evange- lien, Heidelberg, 1822, in-8° . KEUSS, Dissertatio polemica delibris V. T. apocryphis perperam plebi negatis quam publico , Strasbourg, 1829, in-4o, 31 pages . ARENS, De Evangeliorum apocryphorum in canonicis usu historico , critico , exegetico , Gottinga , 1835, 61 pages in-4°. (37) L'abbé B. ou Bigex est un masque de Voltaire. Cette prétendue traduction des évangiles apocry phes, conçue dans des vues irréligieuses, forme un vol. in-8° de 288 pages. G.R

�XYXVII XXXVIIL PREFACE. dans lequel il est tombé depuis atteste bien plus hautement la direction anti - chrétienne donnée depuis lors aux esprits. « Après Fabricius, l'homme à qui notre reconnaissance doit le plus est un professeur de l'Université de Hall , M. Jean - Charles Thilo , qui a consacré vingt ans d'une érudition im- mense et d'un savoir profond , à completer le monument élevé par son devancier, et à leur donner la perfection dont le temps et les découvertes modernes avaient fait sentir l'absence. Nous avons sous les yeux la première partie , la seule publiée de ce vaste travail. L'éloge si mérité que nous venons d'en faire , n'est , hélas ! qu un éloge funèbre . M. Thilo est mort laissant son œuvre incomplete (38). En 1847 , le docteur Ch . - Fréd . Borberg, professeur de philosophie au gymnase du can- ton catholique de Saint- Gall , a publié un volume in-8° (xxx et 746 pages) , contenant une traduction allemande avec préfaces et notes, des des divers évangiles apocryphes, et de l'Histoire apostolique qui porte le nom d'Abdias . Après les collections générales , citons rapidement les publications particulières, les monographies spéciales . Citons les pour apocryphes . Norberg Codex Nazaræus, liber Adam appellatus, publié à Lund , en Suède (Londini Gothorum), en 1815, et suivi d'un vocabulaire , le tout formant quatre volumes in -4° . Voir l'introduction au livre d'Adam . · Le docteur Laurence a donné en Angleterre , en 1818 et en 1819, le Livre d'Enoch (the book of Enock the prophet), traduit de l'Ethiopien ; et l'Ascension d'Isaïe ( Ascensio Isaiœ), ainsi que le quatrième livre d'Esdras . Nous parlerons de ces ouvrages en leur lieu. Ces trois ouvrages divers ont été traduits en latin et insérés par M. Gfrærer dans ses Prophetæ ve- teres pseudepigraphi. M. Hoffmann a publié, d'après Laurence , mais en l'enrichissant de notes très - étendues, le livre d'Enoch, Das Buch Henoch, lena, 1838. Gfrærer, Prophetæ veteres , Stuttgard, 1840, in-8°, 432 pages . Enfin la publication la plus intéressante est sans doute les Evangiles apocryphes que M. Gustave Brunet a donnés d'après Thilo , en 1849. Cet ouvrage se fait remarquer par une élé- gance de style , une érudition dans les notes qui font regretter que l'auteur n'ait pas suivi la première idée qu'il avait eue de donner sur les apocryphes un travail plus complet. Voici maintenant par lettre alphabétique tous les livres ou collections apocryphes dont les textes nous ont été conservés, ou dont nous n'avons même plus que les noms. Nous avons cru devoir placer ce catalogue en tête de cet ouvrage , afin qu'on puisse se rendre compte de la difficulté de l'entreprise , et par conséquent accorder plus d'indulgence à l'auteur. (38) Un helleniste des plus distingués , M. Hase , a rendu compte, dans le Journal des Savants (jnin 1833), du volume publié par M. Thilo. Il l'apprécie en ces termes : S'environnant des secours que pouvaient lui fournir une multitude de manuscrits collationnés en France et en Angleterre, M. Thilo n'a rien négligé pour rendre ce recueil plus complet et plus correct qu'il ne l'était dans toutes les éditions qui ont paru jusqu'ici ; il a su éclaircir, par la sagacité de l'inter- prétation , les obscurités d'un texte souvent vague et altéré... Un mérite que cette nouvelle édition du Co- dex apocryphus joint à tous les autres, c'est celui d'une correction parfaite des textes grecs, des versions placées en regard et des notes . Le grand et beau travail de M. Thilo sera mis au nombre des produc- tions philologiques les plus importantes qui aient paru depuis le commencement de ce siècle. Un autre érudit allemand, M. Tischendorf, a repris l'oeuvre laissée inachevée par le savant professeur de l'Univer- sité de Hall, et annonce l'intention de la mener à bonne fin , M. Tischendorf s'est fait connaître par d'im- portants travaux sur le texte grec du Nouveau Testament ( Fragmenta Nov. Test . e cod . græco Parisiensi, sæc. v, 1843, in-4°) . Voici les titres de ses ouvrages sur les apocryphes : De Evangeliorum apocryphorum origine et usu disquisitio historica , critica, quam præmio aureo dignam censuit societas Hagana pro defen- denda religione christiana , Hagæ Comitum , 1851 , in-8°. Evangelia apocrypha adhibitis plurimis codici- bus græcis et latinis, maximam partem nunc primum consultis, edidit C. T. Lipsia, 1853 , in 8°. Citons aussi la publication d'un docteur anglican , J. Giles , Uncanonical gospels and others writings refer- ring to the first ages of christianity in the original language, London , 1855 , in-12.

�XXXIX XL LISTE ALPHABETIQUE LISTE ALPHABÉTIQUE (38°) DE TOUS LES LIVRES APOCRYPHES DONT LES TEXTES NOUS SONT PARVENUS, OU DONT NOUS N'AVONS PLUS QUE LES NOMS. A --- AARON ( Livre de la mort d' ). Il est cité par Gaulmin dans ses notes sur le livre De vita Mosis, Paris, 1629, p. 394. ABDIAS ( Vie des apôtres par), ou ABDIAS (Histoire du combat apostolique d').— Cet ouvrage, divisé en dix livres, et rempli de légendes fabuleuses , s'annonce comme une traduction latine écrite par Jules l'Africain , d'après la version grec- que que fit Eutrope du texte hébreu d'Abdias , évê- que de Babylone. Il a sans doute été composé en latin. Il est lu pour la première fois en 1551 dans la Collect. var. monum., Båle, 1551 , in fol. 11 a reparuà Paris en 1566, in-8°, et dans FABRICIUS, Codex apocr. N. Test. , tom. II, pag. 402-702, qui y ajoute de longues notes et qui a recueilli les témoi- gnages des divers auteurs lesquels ont parlé de cette production. Voy. aussi t. II, p. 568-590. -- ABEL ( Dialogue de Caïn et d'). Voy. Fabricius, V. T., p. 104. ABEL. (Livre d'Abel sur la vertu des plantes et les propriétés des choses de ce monde .) - Voy. Fabricius, p. 114. ABGARE. ( Epitre de Jésus-Christ au roi.) — Voy. JESUS-CHRIST . - ABRAHAM. Ecrits attribués aux trois patriarches Abraham , Isaac et Jacob. Voy. PATRIARCHES. ABRAHAM. ( Colloque d'Abraham avec le mauvais riche. ) Voy. Fabricius, V. T. , p. 424. Ceillier, Hist. des auteurs ecclésiastiques , t . I , p. 490 , parle des écrits attribués à Abraham . - ABRAHAM (Testament d').- Voy . Fabricius, V. T., p. 417. ABRAHAM. ( Doctrine d'Abraham conservée chez les Egyptiens et les Brachmanes . ) ABRAHAM. (Traité d'Abraham sur l'astrologie.) ABRAHAM (Psaumes attribués à).- Voy . Fabricius V. T., p.404. ABRAHAM (Chant funèbre sur la mort d'). ABRAHAM. ( Prières d'Abraham contre les insectes .) ABRAHAM. Traité d'Abraham sur la magie et ses effels.) Voy. Fabricius, p. 390. --- ABRAHAM (Sepher letzirah , livre cabalistique d') .- Voy. Fabricius, V. T. , p. 3 et 381 ; Brucker, Hist. critica philosophiæ, t. II, p. 927. Rédigé au 11 siè- cle de notre ère par Rabi Akhiba , d'après d'anciens documents ; ce traité, de même que le Zohar (autre composition cabalistique rédigée un peu plus tard par Simeon Ben lochai ) a été fort altéré et chargé d'additions dans le cours des siècles, mais il ren- ferme sûrement des doctrines antérieures à l'é- poque de leurs auteurs . Nous reparlerons de ce livre. ABRAHAM . ( Traité d'Abraham sur l'interprétation des songes.) Voy. Fabricius, V. T., p. 380. - ABRAHAM (Apocalypse d'). ABRAHAM (Prières du matin composées par). ABRAHAM. (Dialogue entre Dieu et Satan.) ABRAHAM (Traité d'Abraham sur l'idolâtrie , com- prenant quatre cents chapitres . ) - Voy. Fabricius , V. T., p. 400. ABREGE de la vie des prophètes , des apôtres et des autres disciples, attribué à Dorothée de Tyr. Voy. DOROTHÉE DE TYR. - - ACHAÏE . Les actes de la passion de saint André par les prêtres d'Achaie. Voy. ANDRÉ. ACTES ( Les) de la passion de saint André par les prêtres d'Achaie. Voy. ANDRÉ . ACTES (Les) d'Osias . ACTES (Les) de saint Jean. ACTES (Les) de saint Philippe. ACTES (Les) de saint Thomas . ACTES (Les) de saint Tite. ACTES (Les) de saint Matthias , par L. Carinus.— Voy. CARINUS. - - -Voy. JEAN. Voy. PHILIPPE Voy. THOMAS . Voy. TITE . - ACTES (Les) de saint Barnabas . -Voy. BARNABAS. ACTES (Les) de saint Marc. Voy. MARC. ACTES (Les) de saint Pierre et saint Paul, par Li- Voy. LINUS . nus. - ACTES (Les) de saint Jacques le Mineur, par L. Ca- rinus. Voy. CARINUS. - ACTES (Les) de saint Matthias, par L. Carinus. ACTES (Les) de saint Thomas , par L. Carinus. Voy. CARINUS. ACTES (Les) de saint Paul, par L. Carinus.- Voy. CARINUS. - ACTES (Les) de saint André , par L. Carinus. — Voy. CARINUS . ACTES (Les) de saint Jean, par L. Carinus.- Voy. CARINUS. - ACTES DE PILATE . Voy. NICODEME . ACTES (Les) de saint Pierre, par L. Carinus. Voy. CARINUS. - - ACTES (Les) de sainte Thècle. Voy. THECLE. ADAM ( Prière que Noé récitait chaque jour dans l'arche pour le corps d'). Voy. NoÉ. ―― ADAM (Les généalogies ou les créations d') .— Voy. Fabricius, p. 10.— Ce savant donne des détails sur les autres ouvrages apocryphes attribués à Adam. Consulter aussi Ceillier, t. I, p. 464. ADAM (Les fils ou filles d') ADAM (Livre de la création attribué à) .- Les Ma- hométans disent qu'Adam avait reçu dix livres tom- bés du ciel. Les Arabes en comptent vingt-deux . ADAM. (Livres d'Adam sur la culture. ) — Ils sont mentionnés par Rabbi Maimonides ; Fabricius, V. T., p. 5. --- - ADAM (Alphabet inventé par).- Fabricius, V. T., t.I,p.1;t.II,p.2. ADAM ( Pénitence d' ) . Nous parlerons en détail de cet ouvrage dans le cours de notre recueil . ADAM. (Psaumes d'Adam et d'Eve après leur chute.) Fabricius, t. 1, p. 1 ; Wolf, Bibil. hebr., tom. 1, p. 110. Psaumes composés par Adam, l'un après la création , l'autre après son péché . I's se trouvent , d'après J.-E. Nieremberg ( De origine S. Scripturæ, 1641 , p. 46 ) parmi les révélations du Franciscain Amédée, dont une copie est à la bibliothèque de - (38 ) Les détails bibliographiques joints à cette liste sont dus à M. Gustave Brunet.

�21.1 XLII DES LIVRES APOCRYPHES . l'Escurial . Fabricius , t. I, p. 21-26, les a publiés en latin. Nous les plaçons dans notre recueil. ADAM (Prophétie d`) . ADAM (Vie d'). Fabricius, t. I, p. 1. - ADAM (Psaume Xc attribué à) .'— Fabricius, p. 19 . ADAM (Apocalypse d`) . — Livre gnostique dont la bibliothèque du Vatican possède deux manuscrits Syriaques et quatre manuscrits arabes . Voir un ar- ticle de M. E. Renan dans le Journal asiatique , no- vembre 1853. Cet ouvrage porte aussi le nom Péni- tence et de Testament d'Adam . ADAM (Les dernières paroles de Rocail, fils d'). — Voy. ROCAIL. - ADAM. (Prophétie d'Adam sur la durée du monde.) - Fabricius, t. I, p. 33. - ADAM ( Livre sur la Divinité par ) . Il existe un petit volume allemand , sans date, Das Buechlein Adams ( porté au catalogue du musée britannique). ADAM. (Combat d'Adam et d'Eve . ) - C'est le titre donné à une rédaction éthiopienne de la Pénitence ou du Testament d'Adam. Nous en parlerons avec détail. ADAM (Epitaphe d').- Fabricius, t . II, p. 42. ADAM. (Le livre d'Adam ou le Code nazaréen . ) ADAM (Testament d') . Voy . APOCALYPSE D'ADAN. ADAM. ( Livres écrits par Adam sous l'inspiration de Dieu au dire des mahométans . )— Fabricius , p.31 . D'après quelque rabbins, l'ange Raziel apporta à Adam trois cent soixante livres divisés en soixante- douze classés et exposant tous les secrets de la sa- gesse divine, toutes les merveilles du monde supé- rieur. Après la chute d'Adam, ces livres s'envole- rent ; mais Dieu , touché de ses larmes , permit qu'ils lui fussent rendus , et il les transmit à Seth . - ADAM. Autre livres attribué à Adam par les sa- béens. ADAM ( Sepher Raziel, ouvrage cabalistique attri- bué à). Voy. Fabricius, t. 1, p. 26, et t. II, p. 28. Il a été imprimé en hébreu , Amsterdam , 1701 , quatre-vingt - seize pages in-4° , sous le titre de : Zeh sifra de Adam kadmaaa ... Voici le livre du premier homme que lui a donné l'ange Raziel. ADAM. (Livre d'Adam sur l'alchimie et sur la pierre philosophale.) -Cité par Delrio, Disquis. magic. , 1.1,c. 5. ADDITIONS apocryphes aux Evangiles de saint Marc et de saint Luc dans les manuscrits de Cam- bridge. Voy. CAMBRIDGE . - AGRICULTURE ( Livre de l'). Ouvrage qui s'an- nonçait comme traduit de l'égyptien en arabe et qui renfermait des récits fabuleux au sujet de Moïse. Gaulmin le cite dans ses notes sur le livre De vita Mosis. ALCHIMIE. (Livre de Cham sur la chimie et l'alchi- mie.)- Voy. CHAM. ALCHIMIE . (Livre d'Adam sur l'alchimie et la pierre philosophale.) Voy. ADAM. ALEXANDRE (Cyprien) (Actes de saint Barnabé par). - Ils sont insérés dans les Vitæ sanctorum de Su- rius ad 11 Junii. - - ALLEGORIES . ( Le livre des allégories du pasteur Hermès.) Voy. HERMES. ALLIANCE (Le livre d'). ALLOGINE ( Apocalypse d' ). Ouvrage que cite Porphyre ( Vie de Plotin ) ainsi que les Apocalypses de Mesus de Nicotheus, de Zozimus et de Zostría- nus. C'étaient, sans doute, des productions gnosti- ques. On ne possède aucun détail sur leur compte. ALPHABET De Salomon. Voy. SALOMON. ALPHABET inventé par Adam. —Voy. ADAM. ANANIE . ( Traité d'Ananie sur le jeûne.) — Fabri- cius, t. I, p. 117. - ANDRÉ ( Actes de saint ) . - Production gnostique citée par saint Epiphane et saint Augustin. Voir Fabricius, N. T.,t. I, p. 747-759. - ANDRÉ . (Les actes de la passion de saint André par les prêtres d'Achaïe . ) Ces Acles se trouvent dans DICTIONN . DES APOCRYPHES . I. les Vies des saints de Mombritius, de Lipomanus , de Surius, ainsi que dans l'Historia christiana veleru :n Patrum de Laurent de la Barre. ( Voir Fabricius, t. I , p. 745) ; ils ont été publiés séparément par C. Woog, Presbyterorum et diaconorum Achaia de mar- tyris S. Andrea apostoli epistola enciclycla græce et lat . notis et diss . illustr. , Lipsiæ, 1749, in-8°. ANDRÉ (Les actes de saint), par L. Carinus . - Voy. CARINUS. Un des manuscrits syriaques acquis il - y a quelques années par le Musée britannique ct provenant d'un couvent de l'Egypte, contient des Actes de saint André. On connaît aussi sous ce ti- tre une composition gnostique citée par divers Pè- res. Voir Fabricius, t. I, p. 747-759. - ANDRE. ( Acles de saint André et de saint Mat- Ils ont été insérés en grec dans une pu- thieu . ) blication importante due à M. C. Tischendorf : Acta apostolorum apocrypha , ex triginta antiquis codici- bus gracis vel nunc primum eruit, vel secundum al- que emendatius edidit C. Tischendorf, Lipsia, 1851 , in-8°, Lxxx et 276 pages. Plusieurs des écrits con- tenus dans ce recueil étaient inédits , d'autres n'é- taient connus que par des éditions très-défectueu- ses . M. Tischendorf en publie treize dont sept étaient inédits. Il est à regretter qu'il n'ait pas joint à son travail une traduction , des tables et des notes plus étendues. 1 ANDRÉ ( Evangile de saint ) . — Fabricius , N.T. , t. I, p. 338. - ANGE (L'âme d'Enoch apportée par un). ANGE. (De la nature de l'ange et de sa puissance.) ANTIOCHUS EPIPHANE ( Histoire d' ). Fabricius, p. 1465-1174 . Il reproduit la traduction latine faite par Bartolocci ( Biblioth . rabbinica, tom. 1 , p. 383 ) d'après un texte hébreu. - - Voy PIERRE. Voy. PAUL. - Voy. THOMAS Voy. ELIE APOCALYPSE de saint Pierre. APOCALYPSE de saint Paul. APOCALYPSE de saint Thomas. APOCALYPSE et prophétie d'Elie. APOCALYPSE de Moise. - Voy. Moise . APOCALYPSE du grand apôtre. Voy. APOTRE . APOCALYPSE d'Adam . Voy. ADAM. APOCALYPSE d'Esdras . Voy. ESDRAS. APOCALYPSE d'Abraham. Voy. ABRAHAM . APOCRYPHES du prophète Jérémie. Voy. JEREMIE. APOLLINAIRE (Vie d') . - APÔTRE (Apocalypse du grand). APÔTRES (L'Itinéraire des). APÔTRES (Le Mémorial des) . Ouvrage répandu parmi les priscillianistes . Voir Fabricius, N. T., t. I, p. 814. Dans cette compilation , les disciples de Jésus-Christ adressaient des questions à leur Maf- tre . - APÔTRES ( Les Sorts des ). Livre condamné par le décret du pape Gélase. APÔTRES (Les neuf canons attribués aux). — Voy. Fabricius, N. T., t. 1, p. 952. APÔTRES. ( Abrégé de la vie des apôtres attribué à Dorothée de Tyr). Voy. DOROTHÉE DE TYR. APÔTRES. ( Vie des apolres par Abdias. ) ABDIAS. -- Voy. APÔTRES (Liturgie des douze) .- Elle est attribuće à saint Luc , et elle a été publiée d'après un texte syriaque par Renaudot, Liturg. orient. collect., t . II , p. 170, et par Fabricius, Cod. N. Test., tom. III, p. 325. APÔTRES. (Le livre de l'apôtre saint Jacques sur la prédication .) Voy. JACQUES . APOTRES (Dédicace apocryphe ou préceptes des). — Voy. Fabricius, t. I, p. 811. Cet ouvrage est cité par Eusèbe et saint Athanase. Quelques auteurs ont cru que c'était le même que les Constitutions apos- toliques attribuées à saint Clément. APOTRES ( Evangile des douze ) . Composition gnostique indiquée par saint Ambroise , saint Jé- rôme et Theophylacte. Voir Fabricius, N. T. , t. I, p. 339.

�TLMI XLIY LISTE ALPHABETIQUE APELLE ( Evangile d' ) . Voy. Fabricius , N. T. , 1. 1, p. 339, et Matter, Histoire du gnosticisme, t. I, pag. 405. Apelle avait, comme Marcion , refondu , abrégé, interpolé les Evangiles canoniques. - APÔTRES (Actes des). Production des Ebionites citée par saint Epiphane comme remplie d'inepties et de faussetés. Voir Fabricius, N. T., t. 1, p. 762- 765. APÔTRES (Symbole des). ARABES. Livres arabes attribués à Seth par les Ethiopiens et les Samaritains . ) - Voy. SETH. ARABES (Livres attribués à Enoch par les). ARCHE . ( Prière que Noé récitait chaque jour dans l'arche sur le corps d'Adam) . Voy. Not. ARGUMENT de Moïse au roi d'Egypte. Moïse . -- Voy. ARISTEE ( Les livres d'Aristobule et d'Aristée ) . - Ces deux Juifs , chefs de l'école judaïco - grecque d'Alexandrie, composèrent, sous les noms d'Or- phée, de Linus , d'Homère et d'Hésiode , des vers où ils déposèrent des principes judaïques. -- - ARISTOBULE. ( Les livres d'Aristobule et d'Aristée .) Voy. ARISTÉE. Il existe une savante disserta- tion de L.-C. Walckenaer : De Aristobulo Judæo peripatetico, Leyde, 1806 , in-4°. ARMÉNIENS ( Livres apocryphes attribués à Moïse par les Samaritains, les Juifs et les) . Voy . Moïse . ARTIFICES. (Les artifices de Simon le Magicien .)—–— Voy. SIMON LE MAGICIEN. ASCENSION. (Épître d'Élie après son ascension dans le ciel). Voy. ELIE.- ASCENSION d'Isaïe. ASCENSION de Moïse. - ---Voy . ISAIE. Voy . Moïse. ASSENETH ( Histoire d') , fille de Putiphar et femme de Joseph. Voy. saint Jérôme, Epist . 127 ; Vin- cent de Beauvais, Miroir historial, I. x1 , ch. 118 ; Fabricius, tom. I, p. 775-784 , lequel mentionne un ouvrage allemand : Die Historia Assenath von Jo- sephs Verkauffung und wieder Erloesung aus dem Kercker. - ASSIMAH, mère de Moise. Un livre arabe sur la magie lui est attribué . D'Herbelot , Bibliothèque orien- lale. ASTROLOGIE (Plusieurs traités de Cham sur la ma- gie et l'). Voy. CHAM. - ASTROLOGIE Traité d'Abraham sur l' ). ABRAHAM. AUTOGRAPHES d'Esdras. - Voy. ESDRAS. Avertissement de l'ange à Daniel. NIEL. B BALAAM ( Prophétie de ). -- - - Voy. Voy. DA- Voy. Fabricius, t. I, p. 807. Origène la cite (Homil . 13 in Numeros). BARCHOR. (Prophétie de Barchor et de Cham . ) Livre apocryphe fabriqué par Basilide ou par quel- que autre gnostique d'Alexandrie. BARNABAS (Les actes de saint) . Ils ont été attri- bués à saint Marc. On les trouve, d'après un ma- nuscrit grec du Vatican , avec la traduction latine et les notes de C. Sirlet , dans les Acta Sanctorum publiés par les Bollandistes, juin , t. II , p. 421-460 . Voy. Fabricius , N. T. , p. 983. ) Ces Actes ont re- paru dans le recueil de M. Tischendorf que nous avons cité à l'article ANDRÉ (saint . ) BARNABE ( Evangile de saint ) . Voy . Fabricius, Cod.N.Test., t.I,p. 341,ett.II,p.393et suiv. Il en cite, d'après La Monnoye ( Menagiana, t. IV, p. 321 ) un passage d'une version italienne, et il l'a fait passer en latin . - BARNABE ( Liturgie de saint ) . Voy. Bona , rebus liturgicis , t. I, p. 134 . De BARNABE ( Epitre de saint).-Nous l'insérons dans notre recueil. BARTHOLOMEE ( Evangile de saint ) . — Voy . Fabri- cius, N. T., t.I,p.341. BARTHELEMY ( Actes de saint ) . M. Tis hendorf. -- les a publiés pour la première fois dans son recueil . BARUCH (Livre attribué à) . — Voy. Fabricius , t . 1, p. 116. BARUCH ( Epitre de ). Voy. Fabricius, tom . II, pag. 146-155, qui en donne le texte latin. Elle se trouve dans les polyglottes de Paris et de Londres ; Huet en parle et montre qu'il ne faut y avoir au- cune confiance. - - Voy. SIRA. Voy. Josué. BASILE (Evangile de saint) . BEN SIRA ( Les sentences de). BÉNÉDICTION de Josué. BÉNÉDICTIONS (Les cent). BENEDICTIONS et prières d'Esdras . -Voy. ESDRAS. BEROSE , Chaldéen (Les livres de) . — Cel écrivain , qui vivait sous Ptolémée Philadelphe, composa sur les antiquités babyloniennes et chaldéennes un ou- vrage dont il ne reste que quelques fragments con- servés par Josèphe , Eusèbe et Syncellus (la meilleure édition est celle de Richter, Leipzig, 1825, in-8° ). Annius de Viterbe, faussaire audacieux , mit au jour au XVIe siècle , sous le titre de Berosi antiquitatum totius orbis libri V, une production apocryphe et justement discréditée. BRACHMANES ( Doctrine d'Abraham conservée ches les Egyptiens et les) . — Voy . ABRAHAM . C CECILIUS (Apocalypse de). - - Livre supposé trou- vé, dit on, en Espagne en 1595, gravé sur des la- mes de plomb. Il fut condamné par le pape Ur- bain VIII en 1621 , et par Innocent XI en 1682. Voy. Fabricius, N. T., t. I, p. 661-665. CAINAN (Livre des Géants attribué à) . - Voy . Fa- bricius, t. I, p. 311. ―― CALENDRIER d'Esdras . Voy. ESDRAS . CAMBRIDGE (Additions apocryphes aux Evangiles de saint Luc et de saint Marc dans les manuscrits de). CANON apostolique. CANONS (Le livre des). CANONS (Les neuf canons attribués aux apôtres) .— Voy. APÔTRES . CANTIQUES. (Cinq mille cantiques de Salomon .)- Voy. SALOMON. CARINUS (Les actes de saint Mutthias par Lucius el). Les noms de Carinus et de Lucius sont donnés anx fils de Siméon , dans la bouche desquels sont placés les récits qui forment une partie de l'évan- gile de Nicodème. Quant aux Actes de divers apô- tres, composés par un manichéen de ce nom , voy. Fabricius, N. T. , t. I, p. 768 . CARINUS (Les actes de saint André par L.) CARINUS (Les actes de saint Thomas par L.) CARINUS ( Les actes de saint Paul par L. ) CARINUS ( Les actes de saint Jacques le Mineur par L.) CARINUS ( Les actes de saint Pierre par L.) CARINUS (Les actes de saint Jean par L.) CARPOCRATE ( Evangile de) .- Mentionné par saint Epiphane, Hæres. xxx . Voy . Fabricius, N. T. , tom.l , p. 348. CATECHESE de saint Pierre. Voy. PIERRE. CERINTHE (Evangile de). — Voy. Fabricius, N. T. , t.I, p. 344. - - - CERINTHE (Apocalypse de) . Voy . Fabricius, N. T.. t. 1 , p 955-958. CHAM. (Prophéties de Cham et de Porchor.)- Voy. Fabricius, t. 1, p. 291 ; Eusèbe ( Hist. eccles., I. IV, c. 7 ) semble attribuer la rédaction de ces écrits à Basilide, chef d'une secte de gnostiques. CHAM . (Plusieurs traités de Cham sur la magie et l'astrologie. ) — Voy . Fabricius , t . 1. p. 297. CHAM (Prédictions de Cham ) . — Elles étaient ci- tées par un hérétique nommé Isidore ( Clément d'A- lexandrie, Stromates. 1. 1). CHAM (Livre de Cham) , sur la chimie et l'alchimie,

�XLV XLVI DES LIVRES APOCRYPHES. Il existe une dissertation de G. - E. Halen , De Chamo scientiarum auctore , Upsal , 1694, in-4°. CHAM (Différentes recettes gravées sur des lames de cuivre par). Voy. Fabricius, N. T. , p. 301 . CHANT FUNEBRE sur la mort d'Abraham . ABRAHAM. - Voy. CHIMIE (Livre sur la chimie attribué à Mirzan , sœur de Moise. - Voy. MIRZAN. CHIMIE (Livre de Cham sur la chimie et l'alchimie . ) You. CHAM. CHRIST. (Histoire du Christ par le Père Xavier.) Voy. XAVIER . CHRONIQUE des rois d'Israël. RAEL. - Voy. Rois d'ls- CHRONIQUE de Salomon. Voy. SALOMON. CIEL (Tables du) .-Tout ce qui doit arriver dans le monde y est tracé. Il en est fait mention dans le Testament de Lévi. Voy. Fabricius, tom. I, p. 551- 562, qui transcrit ce que Dodwell et Richard Simon ont dit à ce sujet. CLEMENT (Epitres de saint ) . primées dans divers recueils. Elles ont été im- CLEMENT (Actes de saint Pierre par saint) .— Voy. Fabricius, N. T. , t. 1 , p. 759- 762. CLEMENT (Les Reconnaissances de saint). CLEMENT. ( Itinéraire de saint Pierre. ) PERRE. - Voy. CLEMENT ( Liturgie de saint ) . Elle se trouve dans Renaudot , Collect. liturg . orient. , t. II , p. 186, et dans la Biblioth. Patrum ,éd. deMorel. ,t. XII , p. 32. Voy. Bona, De rebus liturgicis, t. II, p. 89. CLÉMENT. ( Constitutions apostoliques. ) Voy. CONSTITUTIONS. CLEMENT (Vie de saint ) . - - CODE. (Le Code nazaréen ou le Livre d'Adam .) – Voy. ADAM. - COLLOQUES d'Isaie avec le roi Ezéchias. Voy. ISAÏE . COLLOQUES de David avec Dieu sur la construction du temple. Voy. DAVID. COLLOQUES de David avec Dieu. Voy. DAVID. COLLOQUE de Salomon avec le roi des fourmis . Voy. SALOMON. COLLOQUES de Joseph avec la femme de Putiphar.- Voy. JOSEPH. COLLOQUES d'Abraham avec le mauvais riche .- Voy. ABRAHAM . rie. COLLOQUES. (Le livre des colloques de la vierge Ma- Voy. MARIE. - COMBAT APOSTOLIQUE . ( Histoire du combat apos- tolique d'Abdias.) - Voy. ABDIAS. - CONSTITUTIONS apostoliques . Recueil attribué à saint Clément . CORINTHIENS (Troisième épître de saint Paul aux). - Voy. PAUL. CORINTHIENS . (Epitre des Corinthiens à saint Paul). - Voy . PAUL. - CORRESPONDANCE de Pharaon avec Joseph. Voy. PHARAON. CORRESPONDANCE de Pharaon avec les mages. Voy. PHARAON. CORRESPONDANCE de Pharaon avec ses ministres.- Voy. PHARAON. - COURTISANS . ( Epitre des courtisans à Joseph.) - Voy. JOSEPH. CRATON (Histoire des apôtres par) .- Cet ouvrage n'est connu que par la mention qui en est faite dans la préface du pseudo-Abdias . CREATIONS. (Les créations ou généalogies d'Adam - Voy. ADAM. D DANIEL (Visions de).-On les trouve en grec dans des manuscrits que signale Fabricius, t . II, p . 169 . DANIEL (Pronostics de) . DANIEL (Avertissements de l'ange à) . DANIEL (Histoire et prophétie apocryphe de). - - Manu- DANIEL. (Conjuration contre les lions.) scrit cabalistique mentionné au catalogue de la bi- bliothèque Uffenbach . DANIEL. ( Traité de Daniel sur l'interprétation des songes.)-Imprimé à Venise en 1516 , in-4°, avec les Somnia Salomonis . DAVID (Les livres de Nathan et de Gad sur le roi.) DAVID (Psaume 151 attribué à).- Voy.Fabricius , N. T.,p. 905. DAVID. (Lois constitutives de Moise et de David se- lon les Juifs.) DAVID. (Colloques de David avec Dieu sur la cons- truction du temple.) - Voy . Fabricius, t. I, p. 1004. DAVID. (Colloques de David avec Dieu . )- Ces deux Colloques, De sui probatione et De bonitate amentia, ont été publiés par Fabricius , t . I, p. 1000-1004, d'après des écrits rabbiniques. DAVID (Psaume auribué à).- Voy.Fabricius, p. 914 . --- DECRETS . (Les dix décrets de Josué et de son San- hédrin. Voy. JOSUÉ. DENIS L'AREOPAGITE (Liturgie de) . Publiée par Renaudot, Liturg . orient.collect., t . II , p. 186. DETRACTEURS ( Epitre de Joseph à ses). — Voy. Jo- SEPH. - - - DEXTER (Les fables apocryphes du faux). — L'his- toire universelle publiée sous le nom de cet écri- vain espagnol est supposée. Voy . Vossius, De hist. lat., 1. n . ch. 10 ; Fabricius, Biblioth. lat., t. III, etc. DIALOGUE de Cain et d'Abel) . Voy. ABEL. DIALOGUE entre Dieu, Abraham et Satan). —Voy. ABRAHAM. - DIACRES (Vie de saintJean de Prochore ou des sept). Voy. JEAN DE Prochore. - DIEU (Colloque de David avec). Voy. DAVID. DIEU . (Dialogue entre Dieu, Abraham et Satan.)— Voy. ABRAHAM. ― DISCIPLES. ( Abrégé de la vie des disciples attribué à Dorothée de Tyr.) Voy . DOROTHÉE DE TYR. DISCOURS MYSTIQUES . (Livre des discours mystiques de Moïse.) Voy. MOISE. - - - DISCOURS de Noé à ses fils et à ses petits - fils. Voy . NOÉ. DOCTRINE d'Abraham conservée chez les Egyptie..s et les Brachmanes . Voy. ABRAHAM. DOCTRINE de Salomon . Voy. SALOMON. DOCTRINE apocryphe des apôtres . Voy . APÔTRES, DOCTRINE apocryphe de saint Pierre.— Voy.PIERRE , DOROTHÉE DE TYR (Abrégé de la vie des prophètes. des apôtres et des autres disciples attribué à). Ouvrage , sans intérêt , a été publié en grec et en latin par Cave, dans le Scripi. eccles . hist., t. I, p. 164 170, et par Du Cange, Chronicon pascale, 1688, p. 426. Il se trouve aussi en latin dans la Bibliotheca Patrum, t. II, p. 426. Get DROIT ROYAL. (Le livre du droit royal par Samuel. ) -Voy. SAMUEL. EBIONITES (Evangile des) . E Voy . Fabricius. Cod. Nov. Test., t. I, p. 346, et Biblioth. græc., t. IV, p. 759; Semler : Comm. de dioroσuvais , et Evangelio Ebionitarum . Halis, 1777 , in-4°. - Cet Evangile com- mençait ainsi Au temps d'Hérode, roi de Judée, Jean vint baptiser du baptême de la pénitence dans le Jourdain et tout le monde venait à lui pour ètre baptisé. On y lisait que Jésus était venu aussi et qu'en même temps il parut un grand éclat de lumière. Ce que Jean ayant vu , il dit : Qui êtes- vous, Seigneur ? Et aussitôt on entendit une voix du ciel qui dit : C'est mon Fils bien- aimé en qui j'ai mis ma complaisance . Alors Jean se jetant à ses pieds, lui dit : Seigneur, c'est à vous à me baptiser. EBIONITES (Actes des apôtres suivant les), men- tionnés par saint Epiphane, Hares. xxx . --Voy. Fabricius, t. I, p. 762.

�XLVII XLVIII LISTE ALPHABETIQUE - FCHELLE (L') de Jacob. Voy . JACOB. ECRITS auribués aux trois patriarches Abraham , Isaac et Jacob . Voy . PATRIARCHES . ECRITS (Fragments de quelques) . Attribués à Zo- roastre. Voy. ZOROASTRE . - ECRITS (Différents) attribués à Jacob. Voy. JACOB. ECRITS (Différents) attribués à Sem.- Voy . SEM. ECRITS (Différents) attribués à Noé. - Voy. Not. ECRITS apocryphes trouvés dans le tombeau du prophète Zacharie. Voy. ZACHARIE . - ECRITS de Jésus à Pierre sur les miracles . JÉSUS. Voy. Il s'en trouve EGYPTIENS (Evangile selon les) . des fragments dans le Spicilegium Patrum de Grabe; t. I. p. 35, et dans Fabricius, Codex N. Test., t. 1, p. 335. Mentionnons aussi les dissertations spécia- les deJ. Emmerich , De Evangelio secundum Ebræos , Egyptios atque Justini Martyris , Strasbourg, 1817 , in- 4° , et de Schneckenburger ; Ueber das Evange- lium der Egyptier. Bern . , 1834, in-8° . EGYPTIENS (Doctrine d'Abraham conservée chez L's) et les Brachmanes . Voy. ABRAHAM . EGYPTIENS (Livres sacrés des). - ELIE (Apocalypse d').— Ouvrage indiqué comme répandu parmi les Priscillianistes ; Origène et saint Jérôme l'ont mentionné au sujet des écrits al- tribués à Elie . Voy. Fabricius , p. 1072 et suiv . ELIE (Oracle fait aux parents d') . ELIE (Prophétie d'), touchant les six mille ans que doit durer le monde. -- ELIE (Epitre d') , après son ascension dans le ciel. ELIE (Lettre d'), au roi Joram.- On manque de renseignements sur cet écrit ainsi que sur les sui- vants : le Grand ordre d'Elie ; le Petit ordre, et la Caverne d'Elie. ELIE (Histoire de tous les temps composée par) . ENCRATITES (Evangile des). - Il n'en reste plus de vestiges. - ENFANCE (Evangile de l') . —Nous le plaçons dans notre recueil. ENFER (Le livre des récompenses du paradis et des tourments de l'.) — Voy . PARADIS . - ENIGMES et questions que s'adressaient réciproque- ment Salomon et Hiran. Voy. SALOMON , - ENOCH (Livres attribués à) , par les Arabes. ENOCH (Livre d',, apporté par un ange. ENOCH (Livre d') , d'après les Ethiopicas. ENOCH (Prières d') . — Bartolocci dit avoir trouvé cet ouvrage dans un manuscrit hébreu . (Biblioth. rabbinica, t . II, p. 844), mais il n'en cite pas un seul passage. ENOCH (Prophétie d'). ENOCH (Apocalypse d').-Voy. FABRICIUS , N.Test., .I, p. 179. ENOCH (Formule d'excommunication dressée par) . Voy. Fabricius , p. 220. Un jurisconsulte et hé- braïsant anglais , Selden , en parle , De jure nat., 1. iv, 7. - ENOCH (Prophéties d'). ENOCH (Tables d'). On trouvera un échantillon de ce prétendu travail astrologique dans l'ouvrage d'un visionnaire anglais : A true and faithful rela- tion... par J. DEE, Londres , 1659, in fol . EPHESIENS (Epitre des) à saint Paul. -Voy. PAUL. EPHESIENS (Epitre de saint Paul aux) .- Voy. PAUL. EPITRE de Salomon à Vaphren, roi d'Egypte, et à Hiran, roi de Tyr. Voy. SALOMON. EPITRE d'Elie après son ascension dans le ciel . Voy. ELIE. EPITRE de Baruch. -- Voy. BARUCH. - - EPITRE de Lentulus au sénat Romain . Voy. LENTULUS. EPITRE première de Pilate à l'empereur Tibère. — Voy. PILATE. EPITRE seconde de Pilate au même empereur. Voy. PILATE EPITRE de Jésus - Christ au roi Abgare. JESUS-CHRIST. Voy. EPITRE des Ephésiens à saint Paul . - Voy . PAUL. EPITRE des Corinthiens à saint Paul. - Voy . PAUL. EPITRE (Seconde) de saint Paul aux Ephésiens . Voy. PAUL. - EPITRE (Troisième) de saint Paul aux Corinthiens.. Voy. PAUL EPITRE de Marie aux Messéniens et aux Floren- tins. Voy. MARIE. - EPITRE de Notre-Dame de Lorette. TRE-DAME . - Voy. No- EPITRE de Pharaon à ses mages . - Voy. PHARAON. EPITRE de Marie à saint Jean. Voy. MARIE . EPITRE des mages à Pharaon. EPITRE des courtisans à Joseph. EPITRE de Joseph à ses détracteurs . SEPH. - - Voy. PHARAON. Voy. JOSEPH. -Voy. Jo- EPITRES de Pharaon à Joseph. - Voy. PHARAON. EPITRE du panetier à Pharaon . Voy. PHARAON. EPITRE de Pharaon à ses ministres . Voy. PHA- RAON - - EPITRE de Joseph à Pharaon . - Vay. PHARAON. EPITRES de saint Paul à Sénèque le philosophe.— Voy. PAUL ( Saint) . - Voy. ADAM. EPITAPHE d'Adam . ESDRAS (Calendrier d') . Recueil de superstitions astrologiques et météorologiques . Voy. Boisson- nade , Notices et Extraits des manuscrits de la biblio- thèque du roi, t. XI, 1 partie, p. 186. - ESDRAS (Livre troisième d') . — Il est compris dans notre recueil ainsi que le suivant. ESDRAS (Livre quatrième d') .— Il se trouve, en latin , avec une préface, dans Fabricius, t. 1, p. 174-307. - ESDRAS. Autres livres apocryphes d'Esdras. ESDRAS (Autographes d') . Voy . Fabricius, t. 1 , p. 1145. ESDRAS (Table des jours malheureux d') .- Manu- serit grec que cite LAMBECIUS , De bibl. Vindob., 1.vi,q.240. ESDRAS (Différents passages des livres d') retran- chés par les Juifs. ESDRAS (Prières et bénédictions d'). ESDRAS . - Prophéties et révélations du prophète Esdras. Petit volume in- 16 , avec l'indication d'Arles, sans date ( vers 1520) ; il est fort rare. ESDRAS (Apocalypse d ) . Manuscrit de la bi- bliothèque Seguier ou Coislin ; il est indiqué, par Montfaucon , dans son Catalogue des Manuscrits de cette bibliothèque, p . 194 . - ESDRAS (Lois constitutives d'). ESSENCE (Le livre de l') véritable. ETHIOPIENS (Livre d'Enoch d'après les). ETHIOPIENS. Livres attribués à Seth par les Voy. Arabes, les Ethiopiens et les Samaritains . Seth . ETIENNE (Apocalypse de saint Etienne). Composi- tion manichéenne . Voir FABRICIUS , N. T. , t. I , p. 965. - - EVANGELISTES ( Vies des) en arabe. Ouvrage ité par Gaulmin dans ses notes sur le livre De Vita Mosis. EVANGILE de Leucius .· Voy. LEUCIUS. EVANGILE falsifié par Lucianus. CIANUS . - Voy. Lu- EVANGILE des Manichéens . Voy. MANICHÉENS . EVANGILE de Marcion. EVANGILE de Mathias. - Voy. MARCION. Voy. MATTHIAS. EVANGILE de saint Matthieu à l'usage des Nicéens Voy. MATTHIEU. EVANGILE de la nativité de Jésus-Christ. EVANGILE de la nativité de Marie. Voy. MARIE. EVANGILES (Trois) de la nativité de Marie. Voir MARIE. EVANGILE de Nicodème et Actes de Pilate. NICODEME - Voy.

�XLIX DES LIVRES APOCRYPHES. - EVANGILE de saint Paul. EVANGILE de perfection. EVANGILE de saint Philippe. EVANGILE de saint Pierre. EVANGILE des Simonites . EVANGILE selon les Syriens . . EVANGILE de Tatien. ―― ― Voy. PAUL. Voy. PERFECTION.


Voy. PHILIPPE,

Voy. PIERRE. Voy. SIMONITES. Voy. SYRIENS , Voy. TATIEN. EVANGILE de saint Thomas. Voy. THOMAS . EVANGILE de Jude Thaddée- Voy. JUDE THADDÉE . EVANGILE de saint Jean sur le passage (la mort) de Marie. Voy . JEAN. - EVANGILE de Judas Iscariote. RIOTE. -Voy. JUDAS ISCA- Voy. GNOSTIQUES . EVANGILE d'Eve . - Voy . EvE. EVANGILE des Gnostiques, ― EVANGILE selon les Hébreux. Voy. HÉBREUX . EVANGILE falsifié par Hésychius . - Voy . HESY- CHIUS. EVANGILE de saint Jacques le Majeur. — Voy. Jac- QUES LE MAJEUR . EVANGILE d'Apelle.·- Voy. APELLE. EVANGILE des douze Apôtres . — Voy . APÔTRES . EVANGILE de saint Barnabé. EVANGILE de saint Bartholomée. LOMÉE . EVANGILE de Basile. EVANGILE de Corinthe. - Voy . BARTHO- Voy . BASILE. Voy. CORINTHE . EVANGILE de la délivrance de Marie . MARIE. - Voy. EVANGILE des Ebionites . Voir EBIONITES . EVANGILE selon les Egyptiens . — Voy. EGYPTIENS . EVANGILE des Encratites. Voy. ENCRATITES. EVANGILE de l'Enfance . Voy . ENFANCE . EVANGILE de l'enfance da Sauveur. VEUR. ―― Voy . SAU- EVANGILE éternel. -Composition faite au XIII° siè- cle et qui fut condamnée à Rome , en 1250. On y avançait que la loi de Jésus-Christ était imparfaite, qu'elle allait prendre fin et faire place à la loi du Saint-Esprit, plus parfaite que toutes les autres. Voy. Fabricius, N.T. t.I, p. 338; ett. II, p.526; ilmentionne une dissertation de J. A. Schmidt, De pseudoevan- gelio æterno, Helmstadt, 1700, et il signale un autre Ouvrage en allemand , publié en 1699, sous le titre de l'Evangile éternel , composé , dit-on , par une fem- me, et destiné à établir que tous les hommes se- ront sauvés. C'est sans doute le livre composé par une visionnaire anglaise , Jeanne Leade, Å revela- tion of the everlasting gospel message. Londres , 1696 . - EVANGILE de saint André. Voy. ANDRE. EVANGILE Vivant. Production manichéenne ci- tée par divers auteurs , et par Fabricius , N. T. t. I, p. 381. - EVANGILE OU Mémoires apostoliques de Justin le marlyr. Cet Evangile qui paraît avoir eu de l'a- nalogie avec l'Evangile des liébreux, a fort occupé la critique germanique ; nous citerons les travaux suivants de Gratz: Kritische Untersuchung uberJus- tins apostolische Denkwuerdigkeiten. Stuttgart , 1814, 8 ;G. D. Winer. Justinum Mart . evangeliis canoni- cis usum fuisse ostenditur, Lipsie v. 1819 , 4 ; Muns- ter, Über das Evangelium des Justinus , Copenhague, 1825. Kredner , Justin und sein . Evangelium ; Pau- fus. Ob der Evangelium Justins der Evang . von den Hebræern sei ? etc. EVANGILE vivant, composition manichéenne , in- diquée par Photius et par d'autres anciens auteurs . Fabricius, N. T. t. I, p. 381. EVANGILE d'Eve.- Voy . EvE . EVANGILE (Histoire de l'établissement de .) - EVE (Evangile d') . Voy. Fabricius, Cod. N. T. t.I,p.93etN.T.t.I,p.349.SaintEpiphaneen parle, Hæres. XXVI et XL. EVE, (Le livre des prophéties d' ) écrit par l'ange Raphael. Id. , p. 102. Eve (Les prophéties d ) On prétendait que ce ― - livre avait été écrit par l'ange Raziel . Voir Th . Ban- gius, in Culo orientis, p. 103. EXCOMMUNICATION (Formule d') décrite Voy. Enoch. par Enoch EVE (Psaume d'Adam et d') après leur chute.— Voy. ADAM. EXPLICATION de la liturgie par Phinée. PHINÉE . Voy. EZECHIEL ( Prophétie apocryphe d' ) Voy. Fa- bricius, Cod. V. et Festum, p. 1120. EZECHIAS (Hymnes et psaumes du grand-prêtre) - Fabricius, t. I, p. 1140. - EZECHIAS (Colloque d'Isaïe avec le roi). Vog. ISAIE. F FABLES (Les) apocryphes du faux Dexter. - Voy. DEXTER, - Voy. ADAM FILS (Les) et filles d'Adam. FLORENTINS ( Epitre de Marie aux Messéniens et aux) Voy. MARIE. For (Le livre des sentences de la). For (Le livre des fondements de la). FONDEMENTS ( Le livre des) de la Foi. Voy. Fol. FONDEMENTS (Livre des) du monde. FRAGMENTS de quelques écrits attribués à Zoroastre . Voy. ZOROASTRE . FORMULE de prières composées par Salomon . - Voy. SALOMON. FORMULE d'excommunication dressée. par Enoch.- Voy. ENOCH. FOURMIS (Colloque de Salomon avec le roi des). Voy. SALOMON. -- G - GAD (Les livres de Nathan et de) sur le roi David. Voy DAVID. GEANTS(Livre des ) attribué à Caïnan . - Voy . CAI- NAN. GÉMISSEMENTS (Les) de saint Pierre.- Voy. PIERRE. GÉNÉALOGIES de Job.- Voy . JOB. - GÉNÉALOGIES (Les) ou la création d'Adam . - Voy. ADAM. GUERRE des Juifs (Le livre de la) par Joseph Ben- gorion. Voy. JOSEPH BENGORION. - GENESE (Petite). Voy. Fabricius , t . I, p. 849- 864 et t. II, p. 120; il rapporte les passages de Zo- naras, de Glycas, de Cedrenus et d'autres auteurs grecs concernant cette histoire fabuleuse d'Adam . Voy. aussi Ceillier, t . 1. p. 54, George Syncelle nous apprend qu'on y lisait qu'il n'y avait quevingt- deux espèces de créatures, nombre égal à celui des lettres hébraïques et des générations depuis Adam jusqu'à Jacob . Le faussaire qui composa ce livre avait ajouté aux récits de Moïse force circonstances fabuleuses. GENESE (Livres apocryphes qui précèdent celui de p. 36. ← la) dans certains manuscrits . - Voy . Fabricius . t . I, GUERRES (Le livre des) du Seigneur. GNOSTIQUES Livres de Seth mis au nombre des livres gnostiques par les Gnostiques et les Sthéiens.- Voy. SETH. GNOSTIQUES (Evangile des). Saint Epiphane en Voy. Fabricius , fait mention. Hæres. XXVI. CodN.T.t.I, 550. p. H - - HÉBREUX ( Evangile selon les). - Il en reste des fragments recueillis par Grabe , Spicil. Patr. t. 1 , 23 et par Fabricius, Cod. N. Test. t. 1, p. 351 . L'érudition allemande a produit à cet égard les tra- vaux de Stroch. Entdeckte Fragm . des Evangel. nach den Hebr. ( dans Eichhorn . , Rep. bibl . litterat., t. I, 1-59) et de WEBER : Untersuchungen uber d. alter und ansehn. Evangel. d . Hebræor, Tubingue , 1806 , in-8°. L'Evangile de saint Mathieu formait la base de celle compilation , mais elle en différait dans les détails.

�LI LIT LISTE ALPHABETIQUE HELDAN ( Livre de ) et de Modal. Voy. Fabri- cius, t . 1 , p. 801. Cet écrit est cité dans le Pasteur d'Hermas, I. 1. ch. 5.) HELCESEENS OU EXHAÏTES (Livre composé par les).— Ces hérétiques prétendaient qu'il était tombé du ciel et que ceux qui l'entendaient obtenaient la rémission de leurs péchés . Théodoret, Hares. sab., liv. I, c. 7; Fabricius, N. T. t. 1, p. 313. HERMAS (Les trois livres du pasteur) . dans notre recueil. - Ils sont Hémorrhoisse ( Lettre adressée à Hérode par la femme que Jésus-Christ guérit) . Cette lettre se trou- ve dans la chronographie de Jean Malala. Oxford, 1691 , 4 , p. 305, elle a été reproduite par Fabricius, N.T.t.1,p.450. HESYCHIUS (Evangile falsifié par) -Mentionné par saint Jérôme et condamné par le décret du pape Gélase. Voy. Fabricius, N. T. t. I, p. 351. HISTOIRE d'Antiochus Epiphane . Voy. ANTIO- CHUS . - HISTOIRE apocryphe de Jérémie et de quelques au- tres prophètes - Voy. JÉRÉMIE. HISTOIRE et prophétie apocryphes de Daniel.— Voy. DANIEL. HISTOIRE du sceau de Salomon.- Voy. SALOMON. HISTOIRE de tous les temps, composée par Elie. Voy, ELIE. HISTOIRE d'Asseneth , fille de Putiphar et femme de Joseph. — Voy. ASSENETH . - HISTOIRE apocryphe de Melchisedech . — Voy . MEL- CHISÉDECH . HISTOIRE (Autre) de Melchisedech CHISÉDECH . - Voy. MEL- - HISTOIRE apocryphe de Loth. Voy . LOTH. HISTOIRE de l'établissement de l'Evangile . Voy. EVANGILE. HISTOIRE du charpentier Joseph. Voy. JOSEPH . HISTOIRE du Christ par J. Xavier. Voy. XA- VIER. 1 - HISTOIRE du combat apostolique d'Abdias.- Voy. ABDIAS. HIRAN. Epitre de Salomon à Vaphren , roi d'E- gypte, et à Hiran, roi de Tyr. HIRAN (Questions et énigmes que s'adressaient réciproquement Salomon et Hiran . ) — Voy. SA- LOMON. HIRAN, roi de Tyr ( Réponse de) à Salomon , --Voy. SALOMON. HIRCAN (Mémoire d'.) HYGROMANTIE (Instructions de Salomon à Roboam sur l'). Voy. SALOMON. - HYMNES et Psaumes du grand prêtre Ezéchias . — Voy. EZECHIAS. HYSTASPE (Les livres d') . Ce roi des Mèdes est mentionne comme auteur d'écrits sur la religion et sur les mystères . Clément d'Alexandrie , Lactance, Ammien Marcellin l'ont cité. Voy . Fabricius , Bibl. græca, t. I, p. 108 ; Brucker, Hist. crit. philos., t. 1, p. 158; Ceillier, t.I, p. 527;Walch, dans les Com- ment.soc. Gott., t. II, p. 4 I IDOLATRIE (Traité d'Abraham sur l'), comprenant quatre cents livres.- Voy. ABRAHAM . IMPRÉCATIONS de Noé. INSCRIPTION gravée par Jacob sur la pierre qui lui servit de chevet. Voy. JACOB . ― -- Voy. Not. INSECTES (Prières d'Abraham contre les).- Voy. ABRAHAM . INSTRUCTIONS de Salomon à Roboam, son fils, sur Hygromantie. Voy . SALOMON . INTERROGATIONS (Grandes et petites) de Marie. Voy. MARIE. (38 ) Le livre De transilu Mariæ, mis sous le nom de saint Jean et que mentionne Voragine, se trouve en grec ISAAC (Prières de midi attribuées à.) ISAAC. Ecrits attribués aux trois patriarches Abraham, Isaac, Jacob.— Voy . PATRIARCHES . ISAIE (Colloque d') avec le roi Ezéchias. FABRICIUS, t. I, p. 1094. ISAIE (Ascension d'.) Voy. ISAÏE (Le livre d' . ) Une secte gnostique, celle des Archontiques, se vantait de posséder un livre intitulé : l'Anabastrion d'Isaie. - ITINÉRAIRE de saint Pierre . Voy. PIERRE. ITINÉRAIRE des Apôtres . Voy. APÔTRES. J - - JACOB (L'échelle de) . Voy. Fabricius , N. T. , p. 445-417.— Ouvrage composé par les Ebionites ; saint Epiphane le signale comme plein de rêve- ries. JACOB (Prières du soir composées par). —- Fabri- cius, p. 438. - JACOB Ecrits attribués aux trois patriarches Ahraham , Isaac et Jacob . Voy . PATRIARCHES. JACOB (Testament de) . - Fabricius , 437. JACOB (Différents écrits attribués à) . — Fabricius, p. 437 et suiv. JACOB (Psaumes de).-Fabricius, p. 440. JACOB ( Inscription gravée par) sur la pierre qui lui servit de chevet. - JACQUES (Liturgie de saint) . · - Elle se trouve dans les Liturgia sanct. , Paris, 1560 ; dans Renaudot , Liturg. Orient. collect., t . II , p. 126 ; dans Fabri- cius, Codex apocr. N. Test., t. III, p. 33, et dans la Biblioth. max. Patrum , t. II , p. 1. Il ne faut pas la confondre avec une autre liturgie traduite du syriaque et qu'ont publiée Renaudot , p . 29, et Fa- bricius , p . 122. JACQUES ( Passages de Josèphe l'Historien touchant saint ) . Voy. JOSEPHE L'HISTORIEN. -- JACQUES (Le livre de l'ordinaire de la messe de saint). Cet écrit est inséré dans Fabricius, t . II, p. 2-159 , et dans la Bibliotheca maxima Patrum , t . II, 1-9 . Nous le rencontrons aussi en grec dans un recueil de liturgie. Venise, 1645 , in-8°, et dans les Liturgia sanctorum Patrum, éditées par Claude de Sainctes . Paris , Morel , 1560 , in -fol . JACQUES, fils de Zébédée (Prières et Oraisons de saint), pour toutes les adversités de la vie. JACQUES (Le livre de l'apôtre saint) sur la prédi- cation des Apôtres. JACQUES (Le livre des actes de saint) et de ses mi- racles. JACQUES LE MINEUR (Les actes de saint) , par L. Carinus. Voy. CARINUS. - JACQUES LE MINEUR (Protévangile de saint ).- Nous le plaçons dans notre collection. - JACQUES LE MAJEUR (Evangile de saint) . — Voy. Fabricius, t. I. p. 351. -- JANNES et MAMBRES. Livres attribués à ces magiciens . Voy . Fabricius, I, 813; il est parlé d'eux dans l'Exode , vii , 11. Un écrit intitulé : Pé- milence de Jannes et Mambrés , fut condamné par le décret du pape Gélase ; Origène en avait fait uention ; Tract . 35 in Matthæum . JEAN (Apocalypse de saint) , autre que la canoni- que. Voy. Fabricius, N. T., t. I, p. 953. JEAN L'EVANGÉLISTE (Le martyre de saint) par Mellitus de Laodicée. Voy . MELLITUS de Lao- dicée. JEAN (Epitre à un hydropique). Elle est dans Prochore. Voy. Fabricius , N. T. , I , 927. - JEAN (Les actes de saint) par L. Carinus . - Voy. CARINUS . --- JEAN (Livre de saint) sur le passage ou la mort de Marie. Inséré dans le recueil de Thilo , p. 883- 896 (38 ). Voy. Fabricius, N. T., I, 352. dans les manuscrits de diverses bibliothèques. Grégoire de Tours (De gloria Martyrum, \ 1, ch. 4) en a empr1-

�LIJI LIV DES LIVRES APOCRYPHES . JEAN (Les actes ae saint) . —On en trouve le texte grec dans le recueil de M. Tischendorf, dont il a été parlé. Des actes de saint Jean composés par les gnostiques , sont mentionnés par divers Pères. Voy. Fabricius, t. I, p. 765. - JEAN ( Apocalypse apocryphe attribué à saint ). - Voy. Fabricius, Codex N. Test., t. II, p. 953 ; Birch, Auctuar. Cod. apocryphi N. Test., Hafniæ, 1804 , p. 145; Grabe, Spicilegium Patrum , t. 1 , p. 375. JEAN (Prière de saint) , publiée par Dom Mar- tène (De antiqua Ecclesiæ disciplina , 1706 , in-4°, p. 419) d'après un ancien manuscrit, et reproduite par Fabricius, N. T., t. II, p. 334. JEAN (Prophétie de l'apôtre saint) touchant la fin du monde. Voy. Fabricius, N. T., t. II, p. 921, d'après Geddes , Miscellaneous tracts, London, 1702, t. I. (Voir aussi De la Roche , Bibliothèque anglaise, t. II, p. 209.) JEAN ( Epitre de Marie à saint) . — Voy . MARIE . -- JEAN (Questions de saint ) et réponses de Jésus- Christ. Production où se montrent les opinions manichéennes . Un texte grec se trouve à la biblio- thèque de Saint -Marc à Venise ; l'ouvrage étant répandu dans le Midi de la France, au XIIIe siècle , une version latine trouvée dans les archives de l'Inquisition , à Carcassonne, fut transcrite par un collectionnaire_zelé, Douat, et publiée d'après ce manuscrit par Benoist , Histoire des Albigeois, 1691 , 2 vol. in-12. (Preuves , t . 1 , p. 283. ) Thilo l'a insérée dans son Codex apocryphus, t . I, p. 884. JANNES (Livre attribué à) et à Mambrès,précepteur de Moise. Voy. MAMBRE . - JEAN ( Vie de saint ) ,par Prochore un des sept diacres. JEAN-BAPTISTE ( Passage de Josèphe l'Historien touchant saint). Voy. JOSEPHE l'historien. - JEHU (Le livre de) sur le roi Josaphat. JEREMIE ( Le livre apocryphe de) et de quelques autres prophètes . JEREMIE (Prophétie de) déclinée par Joachim. JEREMIE ( Livre apocryphe du prophète). Fabricius, N. T. , t. I, p. 1102 et suiv. JEREMIE (Prophétie de) dénaturée par les Juifs. JEREMIE Mémoires de). Voy. JEREMIE (Prophétie de) sur Jérusalem . JESUS-CHRIST (Epitre de) au roi Abgare. Cette lettre se trouve dans le Spicilegium Patrum de Grabe, t. I, p. 17, et dans le Codex apocryph. N. Test. de Fabricius, t. I, p. 317. (Voir aussi, t. II, p., 513, dans l'Historia Christi Persice conscripta du P. Xavier, Leyde, 1617, in -4° . Elle a été l'objet de quelques dissertations spéciales en Allemagne ; voir B. Cumuelius , De epistola ad Abgarum, Lund . , 1732, in-4 ; J. Semler, De Christi ad Abgarum epistola, Halis , 1759 , in-4° ; N. F. Rinck, Ueber den Briefdes Koenigs Abgar an J. Christ, und die antwort Jes. Chr.; dans le Morgenblatt, 1819 , n . 110 . JESUS-CHRIST (Paroles de) qu'on ne lit point dans les évangiles canoniques. Origène, Eusèbe , Clé- ment d'Alexandric et d'autres auteurs ont cité de pareilles sentences . Voy. Ceillier, t . I , p . 480. Il existe une dissertation de J. G. Koerner, De sermo- nibus Christi, àɣpaçoıç . Leipsig , 1776, in- 4°. - JESUS CHRIST (Trois récits de la vie et de la mort de), selon le Talmud . té quelques traits. Dupin se trompe (Bibliothèque des au- leurs ecclésiastiques, t. II, p. 94) , en le confondant avec l'écrit qui porte le nom de Méliton et qui se rencontre en latin dans la Bibliotheca Patrum ( Lyon , t. II , part. 11 , p. 212-216) ainsi que dans le tom . VII de la Bibliotheca concionatoria de Combefis ; on y lit le récit de la réunion des apôtres auprès de Marie à l'instant de sa mort, de sa résurrection et de son ascension au ciel . Tous les criti- ques ont d'ailleurs signalé cette composition comme apo- cryphe. (Voy. FABRICIUS, Codex apocr . N. Test. t. III, p. Quelques auteurs des premiers siècles du christianis- - JESUS CHRIST (Evangile de la nativité de) . H figure dans notre collection. JESUS-CHRIST (Hymne attribué à) par les Prisci lianistes. Saint Augustin en rapporte quelques paroles (Epist. ad episc . Ceretium). JESUS-CHRIST (Le livre des actes de), de ses mi- racles et de ceux de sa bienheureuse Mère. JESUS-CHRIST (Passage de Josèphe l'historien tou- chant) . Voy. JOSEPHE l'historien . - JESUS-CHRIST (Préface des Lamentations de). JÉSUS-CHRIST (Livres sur la magie attribués à). Ils étaient adressés à saint Pierre et à saint Paul , à ce qu'aflirmaient des hérétiques des premiers siècles. Il a paru, dans une université suédoise, deux dissertations qu'on ne peut se procurer en France : A. Weslenius, De scriptis Christo de magia tributis . Lund. , 1724 1726 , in-4°. JESUS -CHRIST (Le livre du sacerdoce de). JESUS (Ecrits de) à Pierre sur les miracles. JESUS-CHRIST (Liturgie attribuée à. ) — Elle existe en Abyssinie : Voir Ludolphe, Comment , ad histor. Ethiop., p. 341 . -- JESUS (Livre de la science de Jésus à l'âge de douze ans). Il existe un livret en allemand ( 8°, 1703, sans nom de lieu, 82 pages) , intitulé : Das ist des zwolfjaehrigen Jesu von Nazareth verstand in Fragen und Antworten darueber sich die Juden im Tempel zu Jerusalem verwundert . Quoique annoncée comine traduite de l'hébreu en grec , c'est une composi- tion moderne , dirigée contre les Juifs. Il y est ques- tion de la Divinité et des caractères du Messie, du fleuve Sambathion, de la tradition qui, d'après Elie , assigne au monde six mille ans de durée. - - Voy. Fabricius, N.T., t. II, p. 397. JEUNE (Traité d'Ananie sur le) -Voy . ANANIE. JOACHIM ( Prophétie de Jérémie débitée par). Voy.JÉRÉMIE. - --- JOB (Généalogie de). Voy. Fabricius , t . 1 , p. 791 et suiv. , au sujet des livres attribués àJob. JOB (Paroles de la femme de) . — Voy . Fabricius . t. I, p. 791. - JOB (Testament de). Voy. Fabricius , N. T., p. 797. Une production apocryphe, ayant pareiltitre, figure en grec dans la Collectio nova script.vet. , publiée par le cardinal Mai, t. VII, p. 180-191. JOB (Supplément apocryphe au livre de) . Voy. Fabricius, p. 793. JOSAPHAT. (Le livre de Jéhu sur le roi .) · JÉHU . - - Voy. JOSEPH (Epitre d'Asseneth fille de Putiphar el femme de.) Voy. ASSENETH . -- JOSEPH (Epitres à Pharaon) - Elles sont au nom- bre de six et font partie d'un ouvrage intitulé : Jo- annis Lemoricensis morale somnium Pharaonis , que Wagenseil a publié à la suite de l'Epistola de Hy- draspide. Altdorf, 1640, in-4° et que Fabricius a reproduite t . I, p. 441-496. — Ouvrage de magie. - JOSEPH (Traité de l'interprétation des songes .) — Voy. Fabricius, p. 785. JOSEPH (Le miroir de). Voy. Fabricius p. 785. JOSEPH (Colloque de) avec la femme de Putiphar.) - Voy. Fabricius t . I, p. 771-774 : d'après un pas- page du Talmud de Babylone. - JOSEPH (Epitre de) à ses détracteurs . — Voy. Fa- bricius , p. 490 . me avaient écrit sur la sainte Vierge des ouvrages aujour- d'hui perdus ; le moine grec Epiphane, au début de son opuscule De vita sanctissimæ Deiparæ, en cite plusieurs qui obtinrent un grand credit : transcrivons ce passage dans la traduction d'Allacius que rapporte Fabricius . Après avoir parlé de Jacques ! Hébreu et du Perse Aphro- disinnus qui écrivirent sur la Nativité, il ajoute : «De ejus autem dormitione sive obitu Joannes Thessalonicensis quanquam orationem satis prolixam edidisset , non mul- Lam laudem consecutus est ; et olim Joannes qui theo- logi nomen sibi vindicat, notam mendacis in se acce- pit. > G. B.

�LV LFI LISTE ALPHABETIQUE JOSEPH (Prière de) . -Voy . Fabricius, t. I, p. 761 . JOSEPH ( Epitre des courtisans à ) . V. Fabricius p.486. -- JOSEPH (Histoire du charpentier .) - Cet ouvrage se range parmi les évangiles apocryphes ; on le trouvera dans un autre recueil. JOSEPH, écrivain chrétien ( Mémorial sacré de,. Josephi veteris Christiani scriptoris hypomnestium, sive liber suus memorialis cum versione et notis J. Fabricii Hamburgi, 1741 ; texte grec et version latine. Vers la fin de cet ouvrage, il se trouve sur les apo- tres des récits dans le genre des actes apocryphes . JOSEPH (Epitre de Pharaon à). Voir PHARAON. JOSEPH d'ARIMATHIE (Relation de ) . Voy. Fabricius, N. T. t. III , p. 506, Birch Auctuarium , p. 183-194. JOSÈPHE L'HISTORIEN (Passage de) touchant Jésus- Christ, saint Jean-Baptiste et saint Jacques . -Ils sont cités par Eusèbe , Démonstr. évang. t. III. --- JOSEPH BENGORION (Les livres de la guerre des Juifs par). Il a existé un historien juif qui s'appelait ainsi et qui était contemporain de Josèphe, mais l'ouvrage que nous possédons sous son nom a été composé au XIIe siècle par quelque Israélite . La 1'édition parut à Mantoue, sans date (en 1480 ) ; elle est moins complète que celles de Constantinople 4510 et de Venise 1544. Le texte hébreu reparut à Bâle en 1541 avec une traduction et des notes de S. Munster. Citons aussi les éditions de Gagnier, Ox- ford, 1706 in 4°,et de Breithaupt, Gotha , 1707,in-4° . On peut consulter sur cet ouvrage Wolf, Bibl. hebr. t. I. p. 508-523; Basnage. Hist. des Juifs, t. V, p. 1540; Oudin, De script . Ecclesiæ, t. II, 1032. JOSUE (Bénédiction de) JOSUE . (Lettre du roi des Perses et des Mèdes , adres- sées à Josué). Voy. Fabricius,t. II , p. 131 , qui a publié ces lettres d'après des auteurs juifs. - Josué (Les dix décrets de) et de son sanhedrin. Voy. Fabricius, p. 174. - Josue . (Livre de Josué suivant les Samaritains) . Fabricius, t . I, p. 876-888 , donne le sommaire des 47 chapitres dont se compose cet ouvrage, dont Scaliger possédait un manuscrit qu'il légua à la bibliothèque de l'Académie de Leyde. JUDAS ISCARIOTE (Évangile de). - Il en est fait mention par S. Irénée , S. Epiphane et Théodoret ; c'était l'œuvre des Caïnites . -Voir Fabricius , N.T. 1. I, p. 352. ) Ces sectaires prétendaient établir dans cet écrit que Judas trahissait le Sauveur afin d'a- mener sa mort qui seule pouvait détruire l'empire du mauvais principe. Matier, Hist . du gnosticisme, 1. II, p. 172.) JUDE THADDEE (Évangile de). JUIFS (Prophéties de Jérémie dénaturée par les). JUIF ERRANT (Différentes traditions et chroniques relatives au). JUIFS. (Livres apocryphes attribués à Moise par les Samaritains et les Arméniens .) - Voyez Moïse . JUIFS (Différents passages des livres d'Esdras re- iranchés par les). Voy. ESDRAS . JUSTES (Le livre des .) JUSTICE (Traité de Salomon sur la). L LAMENTATIONS (Préface des) de Jésus-Christ. Voy. JESUS - CHRIST . LAMENTATIONS (Le livre des). Lois constitutives d'Esdras. - Voy. ESDRAS. LENTULUS (Epitre de) au sénat romain. LETTRES (Livre des ) descendues du ciel à saint Athanase. Ouvrage éthiopien publié à Londres avec une version anglaise The Mats'hafa, or the book of the letters said to have descended from the heaven to saint Athanasius , 1848, in - 8°. LEUCIUS (Evangile de) . Leucius est indiqué comme un des auteurs de l'Evangile de Nicodème . Un évangile différent de celui- ci et portant le nom de Leucius est mentionné par Grabe. Voy. Fa- bricius, N. T., t. I, p. 353. -- ― - LINUS (Les acles de saint Pierre et de saint Paul par.) Voici le titre de cet ouvrage tel qu'il a été imprimé à Paris en 1561 : D. Lini pontific. secundi de sui præcess. D. Petri apostoli principis et coryphei passione libellus . Ej. Lini de passione divi Pauli. Il figure dans la Biblioth. max. Patrum , t. II, p. 1. Voy. Fabricius, N. T. t. I, p. 775-777. Liturgies attribuées aux apôtres . - Voy. à leurs noms. Ceillier, t . I , p . 507-513 , parle de ces litur- gies. Elles ne sont que des variantes de la liturgie grecque; peut-être conservent-elles la tradition des prières que disaient les apôtres pendant le service divin. - - - LIVRE (Le) des Canons . Voy. CANONS. LIVRE (Le) de l'ordinaire de la messe de Saint- Jacques. Voy. JACQUES . LIVRE (Le) des fondements de la foi. LIVRE (Le) de l'essence véritable. - Voy. ESSENCE. LIVRE ( Le) de l'apôtre saint Jacques sur les pré- dications des apôtres. Voy . JACQUES. - LIVRE (Le) des actes de Notre Seigneur Jésus -Christ, de ses miracles et de ceux de sa bienheureuse Mère. Voy . JESUS-CHRIST . ― LIVRE (Le) des grands mystères . Voy. Mrs- TÈRES. LIVRE (Le) des colloques de la Vierge Marie. - Voy. MARIE. - LIVRE (Le) des sentences de la foi. Voy. Fol. LIVRE (Le) des récompenses du paradis et des tourments de l'enfer.— Voy. PARADIS. LIVRES (Les trois) du pasteur Hermès. HERMÈS. LIVRE (Le) des visions. - Voy. HERMÈS. - - Voy. LIVRE (Le) des mandements . Voy. HERMES. LIVRE (Le) des allégories . Voy. HERMES. LIVRES apocryphes qui précèdent celui de la Ge- nèsé dans certains manuscrits. Voy. GENÈSE. LIVRE d'Adam ou le Code Nazaréen . Voy. ADAM. - LIVRE (Le) des prophéties d'Eve écrit par l'ange Raziel. - Voy. EVE. LIVRE sur la divinité par Adam . Voy. ADAM. LIVRE (Le) de Raziel , ouvrage cabalistique attribué à Adam . Voy. ADAM. - LIVRE (autre) attribué à Adam par les Sabéens. Voy. ADAM. LIVRE d'Adam sur l'alchimie et la pierre philoso- phale. Voy. ADAM. - LIVRE (Le) des actes de saint Jacques et de ses miracles. Voy. JACQUES. LIVRES écrits par Adam sous l'inspiration de Dieu, selon les mahométans . Voy. ADAM. LIVRE (Le) des récompenses. PENSES. - LIVRES sacrés des Egyptiens. TIENS. - Voy. RÉCOM- - Voy . EGYP- Voy. Fabricius , LOTH (histoire apocryphe de). N. T., t. I, p. 428 , d'après les Annales de Mich. Glycus. LIVRE des Géants attribué à Caïnan. CaiNAN . Livre de Seth. ― Voy. SETH. - Voy. LIVRES ( rente) attribués à Enoch par les Arabes. Voy. ENOCH. LIVRES de Seth mis au nombre des livres canoniques par les Gnostiques et les Séthéens . Voy. SETI. LIVRES attribués à Seth par les Arabes , les Ethio- piens et les Samaritains . Voy. SETH. LIVRE d'Enoch apporté par un ange. Voy. - -- ENOCH. LIVRE d'Enoch d'après les Ethiopiens. Voy. ENOCH. LIVRE de Seth découvert à Tolède sous le règne de Ferdinand de Castille. Voy. SETH. LIVRE de Seth sur l'étoile qui devait apparaître à la naissance du Messie. Voy. SETH . - -- LIVRE d'Abel sur la vertu des plantes et les pro

�LVII LVIII DES LIVRES APOCRYPHES. priétés des choses de ce monde. LIVRE de Josué suivant les Samaritains . JOSUÉ LIVRE d'Adam sur ia culture. -- Voy. ABEL. Voy. LIVRES (Les) d'Aristobule et d'Aristée. ARISTÉE. - - Voy. ADAM. LIVRE attribué à Jannes et à Mambres , précepteurs de Moise. LIVRE de Og le géant. - Voy. OG. LIVRE de Heldam et de Modal. Voy. HELDAM . LIVRES apocryphes sur la vie et sur la mort de Moïse. Voy. Moise. - LIVRES apocryphes attribués à Moïse par les Sa- maritains , les Juifs et les Arméniens. Voy . Moise . LIVRES attribués à Moise par les Séthéens . Voy. Moïse. LIVRE des questions mosaiques.— Voy. QUESTIONS MOSAIQUES. - LIVRE des discours mystiques de Moïse. Voy. Moïse. Voy. LIVRE de Cham sur la chimie et l'alchimie . CHAM. LIVRE de Noria , femme de Noé. Voy. NORIA . LIVRE de la chimie attribué à Mirzan, sœur de Moise. Voy, MIRZAN. w - LIVRE de la sagesse de Salomon .- Voy . SALOMON. LIVRES(Deux) de David, - Voy. DAVID. LIVRE des fondements du monde. MENTS. - Voy. FONDE- LIVRES(Trois) attribués à un autre Elie.- Voy. ELIE. LIVRE attribué à Zacharie, père de saint Jean- Baptiste. Voy . ZACHARIE . - LIVRES (Les ) de Jason . Voy. JASON. - LIVRE (Le) du droit royal par Samuel. SAMUEL. Voy. LIVRE (Le) de Mercure Trismegiste. Voy. MER- CURE. - -- LIVRES (Les) d'Hystaspe. LIVRE (Troisième) d'Esdras. LIVRE (Quatrième) d'Esdras . LIVRE (Le) d'Orée sur le roi ORÉE. - Voy. HYSTASPE. - Voy. ESDRAS. Voy. ESDRAS. Manassé. - LIVRE (Le) d'Isaïe. - Voy. IsATE. LIVRE (Le) de Samuel. - Voy. SAMUEL. LIVRE (Le) de Servaia sur le roi Roboam. SERVAIA. LIVRE (Le) de Jéhu sur le roi Josaphat. JEHU. - Voy. JUSTES. ― Voy. --Voy. - Voy. LIVRE (Le) des Justes. LIVRES de Nathan et de Gad sur le roi David. Voy. DAVID. - LIVRE (Le) d'Alliance. Voy. ALLIANCE . LIVRB (Le) des guerres des Assyriens. GUERRES. LIVRES (autres)apocryphes d'Esdras. DRAS. LIVRE troisième des Machabées. CHABÉES. LIVRE quatrième des Machabées. CHABÉES. • LIVRE (Le) de Sanchoniathon . NIATION. - — --- -- -- Voy. Voy . Es- Voy. Ma Voy. MA- Voy. SANCHO- Voy. ZOROASTRE. LIVRE (Le) de Zoroastre. LIVRE (Le) de Manéthon d'Egypte. Voy. MA- NETHION. LIVRE (Le) de Metasthène. LIVRE (Le) apostolique . - - Voy. METASTHENE . LIVRE (Le) du sacerdoce de Jésus-Christ. JESUS-CHRIST. -- Voy. LIVRE de la passion de saint Pierre par saint Lin. Voy. la Biblioth. max. Patrum . t. II, p. 67-73 el Cotelier, Patr.apost. t. I, p. 491 . LIVRES (Les) de Bérose,chuldéen. CHALDÉEN. - Voy. BEROSE LIVRES (Les) de la guerre des Juifs par Joseph Bengorion. Voy. JOSEPH BENGOrion . LIVRE (Le) des Sibylles . Voy. SIBYLLES. Voy. LIVRES (Les) des Lamentatious. Voy. LAMEN TATIONS. - ―― LITURGIE (Explication de la ) par Phinée. Voy. PHINÉE. G - - Voy. CLEMENT. Voy. DENIS Voy. BARNABÉ . Voy. APÔTRES. Voy. MATTHIEU. Voy. JACQUES. Voy. PIERRE. LITURGIE de saint Clément . LITURGIE de Denis l'Aréopagite. LITURGIE de saint Barnabé. LITURGIE des douze apôtres . LITURGIE de saint Matthieu. LITURGIE de saint Jacques. LITURGIE de saint Pierre. Lois constitutives de Moise Juifs. Voy. DAVID. et de David selon les - LORETTE (Epitre de Notre-Dame de). Voy . No- TRE -DAME. Luc (Dispute de Jason et de Papilius par saint) , livre cité par saint Clément d'Alexandrie.— Voy . Fa- bricius, N. T., t. II, index, au mot LUCAS. Luc (Additions apocryphes à l'Evangile de saint ) dans les manuscrits de Cambridge. Voy. CAM- BRIDGE. - - Luc (Passion de saint). Se trouve dans un manuscrit syriaque appartenant au Musée britan- nique. LUCIANUS ( Evangile falsifié par ) . par le décret du Pape Gélase. M MACHABEES ( Livre troisième des). MACHABÉES (Livre quatrième des) . MAGES (Epitre de Pharaon à ses) . RAON. - --- Condamné Voy. PHA- MAGES (Epitre des) à Pharaon. Voy. PHARAON. MAGIE (Traité d'Abraham sur la) et ses effets. Voy. ABRAHAM. MAGIE (Plusieurs traités de Cham sur la) et l'as- trologie. Voy. CHAM. - - MAHOMETANS (Livres écrits par Adam sous l'ins - piration de Dieu, au dire des) Voy. ADAM . MAJESTÉ (Traité du droit de) par le prophète Sa- muel. Voy. SAMUEL. - MAMBRE (Livre attribué a Jannes el) précepteurs de Moise. Voy. Fabricius , t. I, p. 813. - MANASSE (Le livre d'Osée sur le roi).- Voy. OSÉE. MANASSES (Oraison de ) . Voy . Fabricius, page 1000 , elle est en latin et en français dans le recueil déjà citéde Legros, Paris, 1742, t. I , p. 10-14. MANDEMENTS (Livre des ) du pusteur Hermès. Voy. HERMÈS. MANÉTHON J'EGYPTE (Le livre de) . MANICHEENS (Evangile des ) .- Mentionné par saint Cyrille , saint Epiphane et autres auteurs ; d'après Photius, il y en avait au moins deux . Voy. Fa- bricius, N. T., t. I , p. 140 et 353. Celui qu'avait composé Manès , et qui est perdu , était rempli d'al- légories,et il était tombé des cieux, à ce qu'affirmait son auteur. MARC (Les actes de saint) .-Ils sont apocryphes . Voy. Ceillier, t. I, p. 492. On les trouve dans le recueil des Bollandistes , ad 25 April. - MARC (Vie de saint). MARC (Liturgie de saint).-- Elle a été publiée pour la première fois en grecet en latin à Paris en 1583, 8° : Divina Liturgia S. apostol. evang. Marci de ritu missæ; elle a reparu dans les liturgia SS. Patrum, Paris, 1560 , in-fol. p . 138 ; dans Renaudot, liturg. orient. collect. t. I , p. 131 ; dans la Bibliotheca ma- xima Patrum , t. II, p. 9; dans Fabricius, t. I, p. 253. Une autre liturgie, traduite du syriaque se trouve dans Renaudot, t. II, p. 167 et dans Fabri- cius, t . I, p. 512. L'Egypte, selon la judicieuse re- marque de M. Saint- Marc-Girardin , se reconnait dans cette liturgie, quand elle dit à Dieu de faire déborder les fleuves jusqu'à leur juste mesure et de les faire monter à la face de la terre pour l'enivrer de fraîcheur et pour féconder son sain.

�LI LY LISTE ALPHABETIQUE MARC (Additions apocryphes à l'Evangile de saint) dans les manuscrits de Cambridge. BRIDGE . - Voy. CAM- MARCELLUS (Les œuvres merveilleuses de saint Pierre et de saint Paul par) . - Un écrit portant le nom de Marcellus et ayant pour titre : De conflictu S. Petri cum Simone, se trouve dans la Biblioth. Pontifical. de Jacques de Saint-Charles . p. 487. (Voir Cave, Script. eccles. hist., t. I, p. 26) . Florentinius l'a inséré avec des notes dans le Martyrologium Hie- ronymianum, p.103-111 ; on le retrouve dans l'Histo- ria ecclesiastica d'Orderic Vital, liv. 11 , p. 392 , dans les Scriptores Normanici édités par André Duchène, et dans d'autres recueils . Cf. Fabricius qui en parle Codex apocr. N. Test., t. I, p. 778-780 , et qui l'a inséré t. II, p. 632-653. - MARCION (Evangile de) . — C'était un remaniement de l'Evangile de saint Luc avec des suppressions considérables . Il en sera question plus tard . MARIE (Evangile de saini Jean sur le passage , c'est- à-dire la mort de). Voy . JEAN. MARIE (Evangile de la Nativité de). dans notre recueil. --


Il figure

-- Li- MARIE ( Trois évangiles de la Nativité de). MARIE (Grandes et petites Interrogations de). vres gnostiques aujourd'hui perdus. On ne les con- nait que par le témoignage de saint Epiphane, Heres. xxvi, qui les mentionne comme pleins de blasphèmes et d'impuretés. - MARIE ( Evangile de la délivrance de ) . damné comme apocryphe par le décret du Pape Gélase. A 10 Elle se trouve Vog. Fabri- MATTHIEU (Liturgie de saint). en éthiopien dans le Novum Testamentum Ethio- pice, Romæ, 1548, 4°, p. 158-164. MATHUSALEM (Les proverbes de). cius, t. I, p. 225. - MELCHISEDECH ( Douze psaumes de). MELCHISEDECH (Psaumes de). A l'égard de ce patriarche, voy. Fabricius , t . I, p. 290, 329 et suivantes. MELCHISEDECH (Histoire apocryphe de). - Fabricius, t. I, p. 301 . - Voy. MELCHISEDECH (Autre histoire apocryphe de). Voy. Fabricius , t. I, p. 322. - MELLITUS DE LAODICÉE (Le martyre de saint Jean l'Evangéliste par). Fabricius en parle, N. T. , t. I, p. 788-791 , et il l'insère t. II , p. 604-623. MELLITUS DE LAODICÉE ( Du trépas de la Viergu par). Cet ouvrage se trouve dans Fabricius . Cod. N. Test. , t. III , p. 553 , dans la Biblioth. Patrum., Lyon, t. II, pars 2, p. 211 , et dans la Biblioth. Putrum concionat . de Combefis, tom . VII, pag. 643. ― ― Voy. HIRCAN. MÉMOIRES d'Hircan. MANIÈRE (De la) d'acquérir une puissance divine. - Voy . PUISSANCE . MÉMOIRES de Jérémie. MEMORIAL sacré de Joseph , écrivain chrétien. Voy. JOSEPH. ― Voy. JÉRÉMIE . Voy. APÔTRES. - - MEMORIAL (Le) des apôtres. · Con- MERCURE TRISMEGISTE (Les livres de). MESSE (Le livre de l'ordinaire de la) de saint Jae- ques.- Voy. JACQUES. - MARIE (Le livre des colloques de la Vierge). Voir Fabricius , t. II, p. 725.- Il est probable que ce livre indiqué comme découvert en Espagne , en 1545, n'a jamais existé . MARIE (Epitre de ) à saint Jean. MARIE (Prière magique de) .— Elle se trouve dans les livres des Abyssiniens. Voir Ludolphe, Hist. Ethiop., liv. m,et Fabricius , N. T., t. it, p. 460- 565. Lambecius . Comment . de bibl. Vind . vii , pag. 247, cite une prière magique en grec de la Vierge contre les maladies. MARIE (Epitre de) aux Messéniens et aux Floren- tins). MARRIANOS (Prophéties de) et Martiades. vrages fabriqués par les Gnostiques . Ou- MARTYRE (Le) de saint Jean l'Evangéliste_par Mellitus de Laodicée. Voy. MELLITUS DE LAO- DICÉE. MATINES (Prières du matin) composées par Abra- ham. - Voy. ABRAHAM. MATTHIAS (Evangile de). plusieurs Pères de l'Eglise. T., t. I, pag. 371. -- Il est mentionné par Voy. Fabricius , N. - - -- MATTHIAS (Actes de saint ) traduits de l'hébreu. Voy. Fabricius, N. T. , t . 1 , p. 782. Ils étaient tirés , selon la préface, d'un écrit intitulé le Livre des condamnés ; ils furent traduits en latin au XIe siè- cle. Ils sont dans le recueil des Bollandistes , 24 Februarii , t. III , p. 442 , où ils sont signalés comme suspects. - MATTHIAS (Traditions de saint ) citées par divers Pères, notamment par Clément d'Alexandrie. Stromates , 1. et . Voir Fabricius, t. I, p. 781-787. MATTHIAS ( Les actes de saint ) par Carinus . Voy. CARINUS. MATTHIEU ( Evangile de saint ) à l'usage des Naza- réens. MATTHIEU (Histoire de la délivrance de l'apôtre) . Ouvrage écrit en éthiopien et rempli de fables ; il est conservé dans la bibliothèque impériale de Vienne. Fabricius, N. T. , t. II, p. 630. MATTHIEU ( Actes de saint ) . Ils ont été publiés pour la première fois en grec dans le recueil de M. Tischendorf. - MESSIE (Livre de Seth sur l'étoile qui devait appa- raître à la naissance du). Voy. SETH. tins. - MESSENIENS (Epître de Marie aux) et aux Floren- Voy. MARIE. METASTHENE (Le livre de). - ― MINISTRES (L'épître de Pharaon à ses). Voy. PHARAON. - MIRACLES (Ecrits de Jésus à Pierre sur les). — Voy JÉSUS. MIROIR (Le) de Joseph. - Voy. JOSEPH . MIRZAN (Livre de chimie attribué à) la sœur de Moise. Voy. Fabricius, N. T. , tom . I, pag. 869.- Syncelle, dans sa Chronographie, fait mention d'un écrit mis sur le compte de cette femme. MODAL (Livre de Heldam et de) . Voy. HELDAM Moise (Livre attribué à Jeanne et à Mambré, pré- cepteurs de). – Voy. MAMBRE. - - MOISE ( Livre apocryphe sur la vie et la mort de). Cet ouvrage rabbinique , sans nulle autorité, mais qui remonte à une date fort ancienne, et qui contient des traditions curieuses, a été publié en 1629 , à Paris , par le savant Gaulmin , in -8°, Gfroe- rer a reproduit, dans ses Prophetæ veteres pseude- pigraphi, Stuttgard , 1840 , 8° , pag. 203-362 , la version latine de Gaulmin, mais il a retranché le texte hébreu et les notes qui occupent les pages 175 à 409. Moïse (Livres apocryphes attribués à) par les Sa- maritains, les Juifs et les Arméniens. Moise (Argument de) au roi d'Egypte. Moïse (Psaumes de ).-- Voy. Fabricius , p. 837. Moise (Apocalypse de). Fabricius , pag. 838. On a avancé que saint Paul l'avait citée dans l'épître aux Galates, tandis que c'est sans doute le rédac- teur de cette prétendue apocalypse qui aura copié saint Paul. Voy. CEILLIER, t . 1 , p. 53. - - MOISE (Ascension ou Assomption de). Fabri- cius, t. I, p. 839. Origène cite cet écrit; il en est parlé dans les actes du premier concile de Ni- cée, et saint Clément d'Alexandrie parait y avoir fait des emprunts. I contenait , d'après Nicéphore (Stichométrie), 1400 versets.— Voy . Ceillier, 1. 1, p. 54. Moïse (Livres attribués à) par les Séthéers.

�1.XI LXII DES LIVRES APOCRYPHES. --- Moise (Livre des discours mystiques de). — Fabri- cius, p. 845 et 847. MOISE ( Testament de ). Fabricius , p. 847. Cet ouvrage se composait de onze cents versets , selon Nicéphore. Moïse (Paroles de) rapportées dans l'épître aux Hébreux et dans celle de S. Clémentaux Corinthiens. Fabricius, p. 848. ― MONDE (Prophétie de l'apôtre saint Jean touchant la fin du). Voy. JEAN. MONDE (Prophétie d'Adam sur la durée du). Voy. ADAM. MONDE (Prophétie d'Elie touchant les six mille ans que doit durer le). Voy. ELIE . - ― MYSTÈRES (Le livre des grands). N NATHAN (Les livres de) et de Gad sur le roi David. - Voy. DAVID. NATURE ( De la) de l'ange et de sa puissauce. Voy. ANGE. - NAZARÉENS (Evangile de saint Matthieu à l'usage des). Il est cité par Eusèbe , saint Clément d'Á- lexandrie, saint Epiphane , saint Jérôme et autres auteurs ecclésiastiques. Voy. Fabricius , N. T., 1. I, p. 355-370. ― NAZARÉEN (Le Code) ou le livre d'Adam . ADAM. - Voy . NICODEME (Evangile de) . Composition remar- quable que nous avons du placer dans notre re- cueil. Noé (Livre de Noria femme de). Voy. NORIA. Not (Différents écrits attribués à). — Voy. Fabri- cius, t. 1, p. 263 et suivantes. - Production NORIA (Livre de) femme de Noé. gnostique signalée par saint Epiphane, Hæres . - Voy. Fabricius, t. I, p. 271. XXVI. - NOE (Imprécations de). Fabricius, N. T., pag . 261. ― NOE (Discours de) à ses fils et à ses petits -fils. Fabricius, p. 268. - Not (Prière que) récitait chaque jour dans l'arche sur le corps d'Adam.· Fabricius, p. 243. - NOE. (Livre des secrets des choses naturelles). Le pseudo-Bérose en parle ; d'après les cabalistes , ce livre fut dérobé à Noé par son fils Cham. NOE (Prédication de) d'après les oracles de la si- bylle. - - Fabricius, pag. 265. Not (Testament de) . NOE (Généalogies de) . On a prétendu voir dans la Genèse, ch . vi, vers. 9, un témoignage de l'exis- tence de ce livre. Notre-Dame de LORETTE (Epître de). 0 CEUVRES (Les) merveilleuses de saint Pierre et de saint Paul par Marcellus . Voy. MARCELLUS. OG (Livre de) le géant. Voy. Fabricius , N. T. , t. I, p. 800. - - - Voy MANASSÉS . ORACLE fait aux parents d'Elie. Voy. ELIE. ORAISON des Manassés. ORDINAIRE DE LA MESSE ( Le livre de l') de saint Jacques. Voy. JACQUES. - OREE (Le livre d ') sur le roi Manassé. OSIAS (Les actes d'). OUVRAGES ( Autres ) de Salomon . Voy. SALO- MON. Р - PARABOLES (Trois mille) de Salomon. Voy. SA- LOMON. PARADIS ( Le livre des récompenses du ) et des tourments de l'enfer. - PAROLES de Jésus -Christ qu'on ne lit point dans les évangiles canoniques . Voy. JÉSUS-CHRIST . PAROLES de la femme de Job. Voy. JOB. PAROLES (Les aermeres) de Rocaïl fils d'Adam. Voy. ROCAIL. PAROLES de Moise rapportées dans l'Epitre aux Hébreux et dans celle de S. Clément aux Corinthiens. - Voy. Moïse. - PASSAGES de Josèphe l'historien touchant Jésus- Christ, saint Jean-Baptiste et saint Jacques . — Voy. JOSEPHE (l'historien .) - PASSAGES (différents ) des livres d'Esdras retran- chés par les Juifs . Voy. ESDRAS. PASSION de saint Pierre par saint Lin. LIN. - - Voy. PATRIARCHES (Ecrits attribués aux trois) , Abra- ham , Isaac , Jacob . Ils sont cités dans les Consti- tutions apostoliques, 1 : VI , c. 16. (Voyez la note de Cotelier sur ce passage.) PATRIARCHES (Testament des douze) . Voy . Grabe, Spicil. Patrum , p . 129 , Fabricius, Codex Vet. Test. t. I, p. 396-748, qui en donne le texte grec avec une version latine en regard, et qui reproduit la préface de Grabe; Wolf, Bibl . hebr . I, 249 ; Cave, Script. eccles. hist., I, 51 ; Oudin , I, 212. Il existe une dissertation de C. J. Nitsch : De testam. XII patriarch . Viterb . 1810, in-4° PAUL (Evangile de saint),—Voy. Fabricius , t. I, p. 371 . PAUL L'Enlèvement de saint) . Ecrit répandu parmi des sectes gnostiques . Voy . S. Epiph. Heres . xxxvIII . PAUL (Les œuvres merveilleuses de saint Pierre et de saint) , par Marcellus. Voy. MARCELLUS . PAUL (Actes de saint ) . Production gnostique citée par divers Pères . Voy. Fabricius, N. T., t. I, p. 791-894 . Eusèbe les cite, Hist. eccl. , 1. III , c. 3. Ils étaient plus étendus que les actes canoniques des apôtres , 4560 versets au lieu de 2500. Origène ( De princip., c. 2) en cite ce passage ; La parole est un animal vivant . PAUL (Les actes de saint) , par L. Carinus. CARINUS. ― Voy. PAUL (Prédication de saint) . Ecrit attribué aux Si- moniens, il est complétement perdu. PAUL ( Les actes de saint Pierre et de saint) , par Linus. Voy. LINUS. - PAUL (Epitre de saint) aux Achéens . Elle est in- diquée dans la prétendue correspondance de l'A- pôtre avec Sénèque, - Ouvrage PAUL (Epitre des Ephésiens à saint). en grec et en latin dans Fabricius, N. T., t. II, p. 696-708. PAUL (Epitre de saint) aux Ephésiens . — Composi- tion d'une date peu ancienne . Voy. Fabricius , t.1, p. 686. - - PAUL (Troisième épître de saint) aux Corinthiens. Eile s'est conservée dans un texte arménien qui a été publié dans l'ouvrage de Pascal Aucher, Gram- mar armenian and english , Venise, 1819. Elle avait été mise au jour en latin par D. Wilkins , Amster- damı , 1715 , in-4° ; et Fabricius l'a reproduite , I. II , p. 668. Un savant allemand , W. Rink, l'a publiée en allemand , (Heidelberg, 1823 , in- 8° ) , avec une introduction où il en soutient l'authenticité. PAUL (Epitre de saint Paul aux habitants de Lao- dicée). Elle se trouve en grec et en latin dans le recueil de Fabricius , t . II , p . 873. Voy. aussi Rei- necius, Polyglott. Lipsiæ , 1747, p . 957 ; Michaelis , Introduction (en allemand) de l'Ancien Testament, . II , p. 1281. Nous l'insérons dans notre re- cueil. - PAUL (Epitre de saint) à Sénèque le philosophe.- Cette correspondance a été publiée dans le Codex de Fabricius, N. T., t. I, p. 880-904, ett. III, p. 710-716 . Elle se trouve aussi dans le t. 1 , p. 269 de l'ouvrage de Schwindel, (sous le nom de Th. Since- rus) , Notitia historica critica librorum rariorum, Nuremberg, 1748 , in-4° , et dans l'édition de Sénè- que qui fait partie de la Bibliothèque latine de Le-' maire, (t . IV, p . 464-479 .) Il existe une dissertation

�Lain LXIV LISTE ALPHABETIQUE de C. W. Loescher : De Pauli ad Senecam episto- lis hypobolimais , Vitebergæ, 1694 , in-4° , et une autre de J. C. Gelpke : Tractatiuncula de familiari- tale quæ Paulum apost . inter et Senecam phil. in- terfuisse traditur verisimill . , Lipsia. 1813 , in-4°. (Voir également Schoell, Abrégé de l'histoire de la littérature romaine, t. II , p. 445-452 . N'oublions pas les Annales de philosophie chrétienne , t . XI , p. 55. PAUL (Réponse de Sénèque le philosophe à saint) , remarquable travail de M. Amédée Fleury. Saint Paul et Séneque. Paris, 1853, 2 vol . in-8°. PAUL (Apocalypse de saint ) . - Composition gnos- tique mentionnée par Sozomène , Hist. eccl. , 1. vII, ch . 19 , par saint Epiphane, Théophilacte et d'autres écrivains. Voy. Fabricius, N. T. , t . I, p. 943- 953. PAUL (Epitre des Corinthiens à saint) . PÉNITENCE d'Adam . Voy. ADAM. PERFECTION (Evangile de). Production gnosti- que citée par saint Epiphane . Hæres . xxvI . Voy. Fabricius, N. T. , 1 , p. 373. - PHARAON (Epitre du panetier à). PHARAON (Epitres de), à Joseph. - Elles sont au Voy. nombre de six, et se lisent dans Fabricius. JOSEPH. PHARAON (Epitre de Joseph à) . PHARAON (Epitre des Mages à) . p. 446. - PHARAON (Epitre de) à ses ministres. PHARAON ( Epitre de) à ses ilages. P. 444. Fabricius , Fabricius, PHILIPPE (Jinéraire de saint ) . - Production apo- cryphe dont Anastase le Sinaïte a rapporté un frag- Voy. Fabricius, N. T. t I, p. 806. ment. - - PHILIPPE (Evangile de saint) .- Composition gnos tique, citée par saint Epiphane. Hares. xxvi . Voy. Fabricius , N. T. , t. I , p. 375. Cet évangile qui paraît avoir été le document le plus curieux des théories gnostiques, professait le panthéisme le plus prononcé. (Matter). PHILIPPE (Les actes de saint). - Ils sont dans le recueil des Bollandistes ,Act 1 Mai. Mais ils dif- fèrent de ceux cités. Ils ont été publiés en grec pour la première fois dans le recueil de M. Ti- schendorf que nous avons cité , et qui renferme éga- lement un autre écrit intitulé : Actes de saint Phi- lippe en Grèce. PHILON (Trailé des poètes attribué à). -- PHILON (Traité du monde attribué à) . Cet ou- vrage se trouve dans le tome II des œuvres d'Aristo- tote, Venise, 1495, et dans Budæi opera t. 1, p. 448-470. ― PHILOSOPHES DE TVR (Questions proposées par Sa- lomon aux). Voy. SALOMON. PUINEE (Explication de la liturgie par) . Voy . Fabricius, t . 1 , p. 893. - ― Clément d'A PIERRE (Prédications de saint). lexandrie cite cet écrit dans ses Stromates, liv. I , ainsi qu'Origène et Lactance. - PIERRE ( Evangile de saint). Voy . Fabricius , t. I, p 372-374. Il était , d'après Eusèbe vi , 12, ré- pandu parmi les Docètes, secte gnostique qui ne joua d'ailleurs qu'un rôle très - secondaire. PIERRE (Apocalypse de saint). N. T.t. I, p. 940. Voy. Fabricius . PIERRE (Les actes de saint) par L. Carinus . PIERRE (Lettre à saint Jacques). Voy . Cotelier, Patres apostolici, p. 602. - PIERRE (Les œuvres merveilleuses de saint) et de saint Paul. Voy. MARCELLUS . PIERRE (Catéchèse de saint) .- Manuscrit grec cité au catalogue de la bibliothèque Sçonier, p. 78. PIERRE (Epitre à saint Jacques ) . - Fabricius l'a publiée en grec avec la traduction latine de Cote- her, N. T., t. I, p. 907. Voy. aussi Grabe, Spi- cil. Patr, t . I ; Dodwell la croyait l'œuvre d'un ébionite. PIERRE (Doctrine de saint). Ouvrage cité par saint Jean Damascène. Voy. Fabricius, t . I , p. 655. -- - PIERRE (Les actes de saint ) et de saint Paul par Linus. Voy. LINUS. D'autres actes grecs de ces deux apôtres se trouvent dans le recueil de M. Tischendorf, déjà cité . Ouvrage attribué à saint Clément . Il n'est parvenu du texte grec qu'un fragment inséré dans le Spicilegium Patrum de Grabe, t. I , p. 289, mais nous possédons encore la traduction latine de Rufin (ed . princeps cum para- diso Heraclidis, epist. Anacleti, etc. Paris , 1504 , fol .; Basil . 1526 , fol . in Cotelerii Patres apostol. t. 1 , p. 498-605 . Thilo a mis au jour à Leipsig, en 1830 d'après un manuscrit jusqu'alors inédit. Acta SS. apostolorum Petri et Pauli græcis et latinis anno- tationibus illustrata. Halis . 1837, 8°, 28 el 30 pag. PIERRE (Itinéraire de saint). PIERRE ( Péregrination de saint) et de saint Paul. - Ecrit en langue grecque mentionné par M. Miller, Catalogue des manuscrits grecs de l'Escurial, p. 276 . PIERRE (Les gémissements de saint).


PIERRE (Liturgie de saint). - Publiée en grec et en latin par M. Lidmus , Anvers , 1584 et par J. de Saint-André, Paris , F. Morel , 1595. Elle se trouve dans la Bibliotheca maxima Patrum , t . II , p. 41.et dans Fabricius, t. II, p. 159. - PIERRE (Passion de saint) par saint Lin. Une passion de saint Pierre se rencontre dans quelques- uns des manuscrits syriaques du Musée britannique. (n. 12172, 12174, 14609, 14644.) PIERRE (Ecrits de Jésus à ) sur les miracles . Voy. JESUS. PIERRE (Apocalypse de saint) . —Il s'en trouve des fragments dans Eusèbe. Hist. eccles , VI , 14.- Voy. Grabe, Spicil. Patrum, t. 1, p. 74, et Fabricius, t. I, P. 940. . PIERRE PHILOSOPHALE (Livre d'Adam sur l'alchi- mie et la). Voy. ADAM. PIERRES (Traité de Salomon sur les). — Voy. SALOMON. - PILATE (Actes de). Voy. NICODEME . PILATE (Deux lettres à Tibère). - Fabricius, N. T.,t.I,p.298301;voiraussii.II,p.479etsuiv. Une lettre de Pilate à Tibère se trouve en per- san dans l'Historia Christi par le P. Xavier, et serait fabriquée sur le témoignage contenu dans Jo- sèphe (voir à ce nom). PILATE (Relation transmise à Tibère sur la passion de Jésus- Christ) . Publiée par Fabricius en grec et en latin (N. T.,t. II, p. 456), d'après un manus- crit de la bibliothèque du roi à Paris . PREDICATION (de Noé) d'après les oracles de, la si- bylle. Voy . NOE. ― PREFACE des lamentations de Jésus -Christ. — Voy. JESUS -CHRIST . PRIÈRES ET ORAISONS de l'apôtre saint Jacques,fils de Zébédée,pour toutes les adversités de la vie." Voy. JACQUES . PRIERES d'Enoch. Voy. ENOCH. PRIÈRES d'Abraham contre les insectes. ABRAHAM. Voy. PRIÈRES du matin , composées par Abraham. Voy. ABRAHAM. - -- PRIÈRES de midi attribuées à Isaac. Voy . ISAAC . PRIÈRES du soir composées par Jacob. JACOB. - Voy. JOSEPH . -- Voy. PRIÈRES de Joseph. PRIERES ( Formule de) composée par Salomon . Voy. SALOMON. PRIERES et bénédictions d'Esdras. DRAS . - -- Voy. Es- PRIÈRE que Noé récitait chaque jour dans l'arche sur le corps d'Adam . Voy. Not. PROCLORE (un des sept diacres) . · apôtres , divisée en 48 chapitres . Il s'en trouve des llistoire des

�L.XV LXVF DES LIVRES APOCRYPHIES. fragments en grec et en latin dans Neander , Cate- chesis, Båle, 1567, in-8° ; dans Grynæus , Orthodo- xogr., Bâle,1569, t. I, p. 85; dans la Bibl. max. Pa- trum , t. II , p. 46-67 ; dans l'Auctuarium de Birch, déjà cité, p. 262-307. Voy. Fabricius, N. T. 1. ., p. 815-818. - - PROCULA. (Histoire de Claudia femme de Pilate). Il parut en Allemagne ,vers la fin du XVIIe siècle, une histoire fabuleuse de cette femme ; ce récit s'annonçait comme traduit du syriaque ; voir Fabricius,N. T. t. 11, p. 398. PROPHÈTES (Histoire apocryphe de Jérémie et de plusieurs autres) . Voy. JÉRÉMIE . PROPHÈTES (Abrégé de la vie des) attribué à Do- Voy. DOROTHÉE DE TYR . - rothée de Tyr. PROPHÉTIE d'Enoch. - Voy. ENOCH . PROPHÉTIE de Jérémie déclarée par Joachim . Voy . Jérémie . JÉRÉNIE . PROPHÉTIE de Jérémie sur Jérusalem . - Voy. JONAS. PROPHÉTIE de Jonas. PROPHÉTIE apocryphe d'Ezechiel. CHIEL . - - - Voy. Voy. EZE- - PROPHÉTIE et histoire apocryphe de Daniel. Voy. DANIEL. PROPHETIE apocryphe de Sophonie. - Voy. So- PHONIE . - PROPHÉTIE d'Elie touchant les six mille ans que doit durer le monde. · Voy. ELIE . PROPHÉTIE et Apocalypse d'Elie. PROPHÉTIE de Jérémie dénaturée par les Juifs. Voy. JÉRÉMIE . -- PROFHÉTIE de Cham . PROPHÉTIE de Balaam . PROPHÉTIE d'Adam . - - Voy. ELIE.- Voy. CHAM . Voy. BALAAM. --- Voy. ADAM. PROPSÉTIES Le livre des) d'Eve, écrit par l'ange Raziel. Voy. Eve. PROPHETIE d'Adam sur la durée du monde. Voy. ADAM. - PROPHÉTIE de l'apôtre saint Jean touchant la fin du monde.- Voy. JEAN. PRONOSTICS de Daniel. - Voy. DANIEL. PROTÉVANGILE de saint Jacques-le- Mineur. Voy. JACQUES. - PROVERBES ( Douze) de Melchisedech ..- Voy. MEL- CHISEDECH. PROVERBES (Les ) de Mathusalem. THUSALEM. PSAUMES d'Abraham . - -- Voy. ABRAHAM . Voy. JACOB. - Voy . MA- Voy . MELCHISE- - Voy. ADAM. PSAUMES de Jacob.- PSAUMES de Melchisedech. DECH. PSAUME XC, attribué à Adam . PSAUME d'Adam et d'Eve après leur chute. · ADAM. PSAUMES de Moïse. PSAUMES et hymnes du grand prêtre Ezéchias. - Voy. Moïse. Voy. EZECHIAS. PSAUME attribué à David. - Voy . DAVID. - PSAUME XV, attribué à David. Voy. DAVID. PSAUTIER (Epitre du) à Pharaon. RAON. - Voy. Voy. PHA- PSAUTIERde Salomon comprenant dix-huit psaumes. -Voy. SALOMON. PUISSANCE DIVINE (De la manière d'acquérir). PUTIPHAR (Histoire d'Asseneth fille de) et femme de Joseph. Voy. ASSENETH . PUTIPHAR (Colloque de Joseph avec la femme de). - Voy. JOSEPH. Q - QUARTODECIMANS (Actes des apôtres selon les). Ils sont mentionnés par Théodoret ; Voy. Fabricius , N.T.,t.1,p.818. - Quatre coins du monde (Les). Evangile apo- cryphe attribuéaux Simoniens, Cotelier , 1,345. QUESTIONS MOSAIQUES (Livre des) .-Ouvrage arabe inédit cité par Gaulmin , dans ses notes sur la vie de Moïse et in quo Moyses quærens et Deus rcspon- dens inducitur. QUESTIONS proposées par Salcmon aux philosophes de Tyr. Voy. SALOMON. - - QUESTIONS et énigmes que s'adressaient récipro- quement Salomon et Hiran. Voy. SALOMON. QUESTIONS adressées à Salomon par la reine de Saba. Voy. SALOMON. ― R RAZIEL (Le livre des prophéties d'Eve écrit par l'ange). Voy. EVE . Il existe aussi un ouvrage cabalistique intitulé le Livre de Raziel imprimé a Amsterdam ; M. Franck, dans son Mémoire sur la Cabale, le dit rempli d'extravagances. - RECETTES (Différentes) gravées sur des lames de cuivre par Cham . Voy. CHAM. RÉCITS (Trois) de la vie et de la mort de Jésus- Christ d'après le Talmud. Voy. JÉSUS-CHRIST . RÉCOMPENSES (Le livre des). RECONNAISSANCES . (Les reconnaissances de Clément .) -Voy. CLÉMENnt . - RELATION de la génération de Jésus-Christ.- Pro- duction manichéenne qui se trouve dans le Lexique de Suidas, au mot Jésus, et qui a reparu plusieurs fois. Voy. Fabricius, N. T., t. I, p. 371. RÉPONSE de Vaphren , roi d'Egypte, à Salomon. Voy. SALOMON. -- RÉPONSE de Hiran , roi de Tyr, à Salomon .- Voy. SALOMON. RÉPONSES de Sénèque le philosophe à saint Paul.-- Voy . PAUL. RICHE ( Colloque d'Abraham avec le mauvais ) . · Voy. ABRAHAM. - ROBOAM ( Le livre de Servaia sur le roi ). — Voy. SERVAIA. ROBOAM. ( Instructions de Salomon à Reboam sur l'hygromancie.) - Voy. SALOMON. ROCAIL, fils d'Adam ( Les dernières varoles de).— Voy. Fabricius, V. T., t. I, p. 130. ROIS D'ISRAEL (Chronique des). - ROMULUS (Actes de). lis ont été publiés par La- mi, Delicia eruditorum , 1742, p. 214. Romulus est représenté comme un disciple de saint Pierre. S SABEENS (Autre livre attribué à Adam par les) SABA (Question adressée à Salomon par la reine de). Voy . SALOMON. SACERDOCE (Le livre du) de Jésus-Christ. — Voyez JESUS CHRIST. - SAGESSE (Livre de la fidèle). Ouvrage écrit en dialecte copte-sahidique et dont le manuscrit est con- servé au Musée britannique. Cette composition attri- buée à Valentin , chef d'une des écoles gnostiques de l'Egypte, est conçue sous une forme dramatique. L'auteur suppose que le Sauveur , après sa résur- rection , passe douze ans avec ses disciples , leur dé- veloppant, dans une suite d'entretiens, une révéla- tion supérieure et la science du monde des intelli- gences . M. Ed . Dulaurier a fait une copie et entrepris une traduction de ce livre obscur et curieux (voir Mémoires, lettres et rapports adressés au ministre de l'instruction publique, Paris 1843 , in-8°, p. 109, l'Histoire du gnosticisme par M. Matter, t. III. p. 368, et le Journal asiatique , juin 1847) . M. Peter- mann a publié à Berlin, en 1851 , une traduction faite par Schwartz ; elle est souvent défectueuse et peu intelligible . Voy. le Journal des savants , 1852, p. 335. SAGESSE (Livre de la) de Salomon. MON. --Voy. SALO- SALOMON (Traité de) sur les pierres. SALOMON (Livre de la sagesse). SALOMON (Psautier de) comprenant dix-huit psau mes.- Voy. Fabricius , textes. Vet. Test. , p. 917. SALOMON (Traité de) sur la justice. SALOMON (Livre du trône de) . — Ouvrage que Gaul -

�LXVII LXVIII LISTE ALPHABETIQUE min cite dans ses notes sur le livre De vita Mosis et qu'il appelle Ethiopicam fabulam . SALOMON (Epitre de) à Vaphren roi d'Egypte et à Hiran roi de Tyr. SALOMON (Questions et énigmes que s'adressaient ré- ciproquement Salomon et Hiran roi de Tyr) .— Voy. Fabricius, t. 1, n. 1022. SALOMON (Question adressée à) par la reine de Saba. - Fabricius , 1051 . SALOMON (Question proposée par) aux philosophes de Tyr. SALOMON (Colloque de) avec le roi des Fourmis.- Fabricius , 1041 . SALOMON (Petit traité sur le trône de). SALOMON (Testament de). — Fabricius a publié (t. I, p. 1047) en grec et en latin ce fragment d'après Gilbert Gaulmin qui l'avait inséré dans ses notes sur le traité de Psellus , De Operationibus dæmo- num . SALOMON (Instruction de) à Roboam , son fils, sur l'hygromantie. - SALOMON (Doctrine de). Ouvrage ayant aussi pour titre Liber de secretis secretorum, septem alti- tudines et de duodecim altitudinibus ; il n'a peut-être jamais existé que dans l'imagination de quelques rabbins. Voy. Fabricius , p . 1052 . SALOMON (Clavicule de ) . Traité de nécromancie , fabriqué par quelque imposteur et plusieurs fois imprimé ; voici l'indication de quelques éditions venues à notre connaissance : Grimorium verum , vel probatissimæ Salomonis claviculæ , 1517 (il y en a des traductions françaises) ; Clavicula Salomonis et Theosophia pneumatica , Wesel . 686 , in-4 ° ; Clavis Salomonis et Thesaurus omnium scientiarum , regi Salomoni per angelum Dei juxta aliare revelatum, 1716,in-4° ; Clavicula Salomonis , s. d. in-4o,30 pages ; autre édition, in-4°, 48 pages, in-8°, 18 fts. Il y a une traduction allemande avec commentaires, Presbourg, 1789, in-8°. SALOMON (Formule de prières composée par). SALOMON (Plusieurs petits traités attribués à) . SALOMON (Histoire de sceau de). SALOMON (Traité sur les pierres précieuses et les démons, indiqué par Psellus et Mich. Glycas. Voy. Fabricius, t. 1, n. 1042. SALOMON (Chronique de). - SALOMON (Odes composées par) . —C'est une pro- duction d'une secte gnostique. Voir un article de M. Champollion Figeac dans le Magasin encyclopédi- que de M. Millin, 1815, t. II. p. 383. Le savant Muns- ter a publié, en 1812 , à Copenhague : Oda gnostica Salomoni tributa ,Thebaice et Latine ( interprete Woidio ) præfatione et adnotationibus illustratæ , in-4 , 32 pages. SALOMON (Autres ouvrages de). SALOMON (Trois milles paraboles de) . SAMARITAINS (Livres apocryphes attribués à Moïse par les), les Juifs et les Arméniens.- Voy. MOISE . SAMARITAINS (Livre de Josué écrit avant les). - Voy. Josué. SAMARITAINS (Livres attribués à Seth par les Ara- bes, les Ethiopiens et les). Voy. SETH . SAMUEL (Traité du droit de majesté par le pro- phète). SAMUEL (Le livre du droit royal var) . – bricius, t. I, p. 895. SAMUEL (Le livre de) . Voy. Fa- SANCHONIATON (Le livre de) . —L'histoire des Phé- niciens écrite par cet auteur qui vivait, dit- on, 2,600 ans avantl'ère chrétienne, est citée par divers écrivains anciens ; il en a été conservé par Eusèbe et par d'autres écrivains des fragments que le sa- vant philologue Orelli a publiés à Leipzig (1826 , in-8°) avec de nombreuses notes variorum ; Cumber- land les avait traduits en anglais ( Londres , 1720) et Cassel en allemand (Magdebourg, 1755) ; leur au- thenticité a été contestée (voy. Dodwell, Appendix concerning Sanchuniaton's phœnician history.London. 1691. in-8° ; Wingius , de Sanchoniatone , Upsal , 1686 ; Hoeck, de Sanchon, diss. Lund , 1745 , in-4°. Fabricius Biblioth. græc . t. I , p. 222 , Guigniaut, sur Sanchoniaton ( Revue de philologie, t. II, p. 485); le Dictionnaire des sciences philosophiques, t . VI, p. 480 ; Creuzer , les Religions de l'antiquité, trad . franc. t. II, 2 section, p . 842 ; Séguier de Saint -Brisson , Mémoire (lu à l'Institut) sur l'authenticité des frag- ments de Sanchoniaton (voir le journal l'Institut, 1855 , p. 54, et les Annales de philosophie chrétienne ; Albert Matter , De la cosmogonie de Sanchoniaton, 1849, in-8°, etc. En 1856, il parut à Brême un volume intitulé : Sanchoniatonis historiarum Phænicia libros novem, græce versos a Philone Judæo edidit latinaque ver- sione donavit F. Wagenfeld .; il est bien reconnu aujourd'hui que c'est un ouvrage fabriqué à plaisir (voir le Journal de l'instruction publique, 25 mai 1850) ; toutefois il avait trouvé des partisans cha- leureux (consulter un article de M. Ph . Lebas dans la Revue des deux mondes, 1er septembre 1836). SANHEDRIN (Les dix décrets de Josué et de son). – Voy. JOSUÉ. SATAN (Dialogue entre Dieu , Abraham et).— Voy. ABRAHAM. SAUVEUR (Evangile de l'enfance du) . Il figure dans notre collection . SCEAU (Histoire du) de Salomon. Voy. SALO- MON. - SEM (Différents écrits attribués à) . — Voy . Fabri- cius, t. I, p. 288 ; Ceillier, I, 469. --SÉNÈQUE LE PHILOSOPHE ( Epitre de saint Paul à). Voy. PAUL. SENEQUE LE PHILOSOPAE (Réponse de) à saint Paul. - Voy. PAUL. - - SENTENCES (Le livre des ) de la foi. Voy. Foi. SENTENCES de Ben Sira.- Voy. SIRA. ham.- Vuy. ABRAHAM. SEPHER JETZIRAH. SEPHER LETZIRAH . Voy . ADAM. Voy. ADAM. Livre cabalistique d'Abra- SEPHER RAZIEL. - Ouvrage cabalistique attribué A Adam. - SERMENT des fils et petits -fils de Seth. Voy. SETH . - SERVAIA (Le livre de) sur le roi Roboam. SETH (Livres de) mis au nombre des livres cano- niques par les Gnostiques etles Séthéens.— Fabricius, p. 154 ; Ceillier, I, 465. SETH (Livre de). On a prétendu que Seth avait gravé ses pensées sur deux colonnes afin que le déluge n'en détruisît pas la trace. Voir Muller, De duabus columnis Sethianis. Altorf, 1699 , in- 4° (et dans Martini, Thes. dissert. t. HI , P. 1 , p. 159); Boman, De columnis Sethianis , 1735 , in-4° . — Fa- bricius , I, 141 et suiv. SETH (Livre de) sur l'étoile qui devait apparaître à la naissance du Messie. Divers auteurs anciens ont attribué à Seth de vastes connaissances en astronomie. Voy. Malalas . Chronic. p. 4 ; Glycas, Annal. p. cn ; Fabricius, p. 153. - SETH (Livres attribués à) par les Arabes , les Ethio- piens et les Samaritains . - Fabricius , p. 155 . SETH (Serment des fils et des petits-fils de). SETH (Livre de) découvert à Tolède sous le règne de Ferdinand de Castille. Fabricius , N. T. , t. 1 , p. 156. - SETHEENS (Livres attribués à Moïse par les ) . - Voy. Moise. - - SETHEENS (Livres de Seth mis au nombre des livres canoniques par les Gnostiques et les). — Voy . SETH . SIMON LE MAGICIEN (Les artifices de). Des frag- ments des écrits attribués à ce personnage, mais à tort, à ce qu'il paraît (voir Mosheim , Hist. eccles. t. II, ch. 13 ), se trouvent dans le Spicilegium Pa- trum de Grabe , t. I. p. 307. M. Miller , Catalogue

�LAIX LXX DES LIVRES APOCRYPHIES. les manuscrits grecs de l'Escurial, p . 112 , indique un écrit en grec relatif à Simon . SIMONITES (Evangile des). On sait, d'après la préface arabe du concile de Nicée, qu'il était divisé en quatre livres que ces sectaires appelaient les quatre coins du monde. Fabricius , N. T. t. I , p. 377. - SIRA (Les sentences de Ben). Voy. Fabricius , Biblioth. græc. 1. 1 , c. 29. Il les joignit à l'édition qu'il donna à Hambourg,en 1714, du livre De vita et morte Mosis édité par Gaulmin. Ben- Sira Prover- bia, opera J. Drusii in latinam linguam conversa scho- lisque illustrata. Franekeræ 1597, in-4°, 4 fts . et 122 pages. Ouvrage savant et bien fait. Il existe en français un petit volume fort rare : Les sentences de Ben-Sira, neveu de Jérémie le Prophète, traduites de Chaldée et commentées par Barthélemy Du Poix.An- gers , 1579, in-16 . Ou croit que Ben-Sira était neveu de Jérémie. Drusius signale dans sa préface ce que divers rabbins ont dit de lui. Voici quelques-unes des sentences qui lui sont attribuées ; nous les lais- serons en latin afin d'en conserver la précision : Honora medicum dum non indiges ejus . — Qui hono- rut contemnentes se similis est asino. Senex in domo, bonum signum in domo . — Sexaginta consi- liarii si fuerint tibi, tamen consilium animæ tuæ ne deseras . — Dies brevis et opus multum. SIBYLLE (Prédication de Noé d'après les oracles de la). Voy. NoÉ. SIBYLLES (Les livres des). - SONGES ( Traité d'Abraham sur l'interprétation des). Voy. ABRAHAM . SONGES (Traité de Joseph sur l'interprétation des). – Voy . Joseph. - SONGES (Traité de Daniel sur l'interprétation des). - Voy. DANIEL. - SOPHONIE (Prophétie apocryphe de) . — Fabricius, t. I, p. 1140. -- SORTS (Les) des apôtres. Voy. APÔTRES. SUPPLEMENT apocryphe au livre de Job. J..B. - - Voy. SYMPHONIE (La). Ouvrage apocryphe répandu parmi les Archontiques. SYRIENS (Evangile selon les) .— C'était peut-être le inême que l'Evangile des Nazaréens. Voy . Fa- bricius, N. T. t. I, p. 377. SIMBOLE des apôtres. - Voy. APÔTRES TABLEAU du ciel. - - T Voy . CIEL. TALMUD (Trois écrits de la vie et de la mort de Jésus-Christ selon le). - TATIEN ( Evangile de) . Voy. Fabricius , Codex N. Test. t. 1, p. 377 ; cet évangile qui présente une espèce de synopse et de concorde des quatre évan- giles canoniques, a été inséré dans les Orthodoxogr. theolog. Bale, 1559 , in-fol . , p. 116-188, et dans les Monument. Patrum orthodox gr. ibid . 1559, p. 659- 746. L'auteur suit les procédés de Marcion ; il re- tranche ce qui le contrarie, et notamment tous les passages où le titre de fils de David est donné au Sauveur. Cette composition fut fort bien accueillie en Syrie , et Tatien traita les écrits de saint Paul avec la même liberté. Théodoret en parle. TESTAMENT d'Adam. - Voy. ADAM. ― TESTAMENT de Jacob. Voy. JACOB. TESTAMENT d'Abraham . - THECLE ( Les Actes de) et de saint Paul. Ils sout indiqués dans Fabricius, Cod. N. Test. , t . 1, p. 794- 796 , et t. II , p, 654 ; dans Georgi, Fragmenta evang. S. Joh. græc. et copt. Romæ, 1789, n-4° ; dans le Spicilegium Patrum` de Grabe, t. I , p. 95 ; dans la Biblioth. græco-lat. veterum Patrum de Gallandi , t. 1, p. 167. Le recueil de M. Tischendorf en do. ne un texte revu avec soin. Les actes de sante T.ècle se trouvent en latin dans les Acta sanctorum re- cueillis par les Bollandistes, ad diem decimam Ja- nuarii. THOMAS ( Evangile de saint) .— Il figure dans notre collection. - THOMAS (Apocalypse de saint) . Livre condamné dans le décret du pape Gélase . On manque de renseignements sur son compte. THOMAS ( Les actes de saint ) par L. Carinus. Le recueil de M. T.schendorf contient un texte grec des actes de saint Thomas. --- THOMAS (Les actes de saint) . - Ils ont été publiés pour la première fois en grec par Thilo , et avec des notes , d'après un manuscrit de la bibliothèque impériale de Paris . Leipsig , 1823 , in 8°. Ce texte est rempli de maximes manichéennes, tandis que la légende latine, encore inédite et qui se conserve en manuscrit à la bibliothèque de Bruxelles, ne présente que la simple narration des fa.ts. On ren- contre dans les actes de saint Thomas, édi.és par Thilo, la prière suivante prononcée au moment d'un acte de baptême : Venez , mère de miséricorde, venez, vous mère qui nous révélez les mystères ca- chés, afin que le repos nous arrive dans la huitieme maison. (Matter, Hist. de gnosticisme, 1, p. 277 ; Beausobre, Hist. du manichéisme, t. 1, p. 421, 531 ; Mosheim, Geschichte der Schlagenbrüder, t. I , p. 146. Des actes de saint Thomas se rencontrent dans le manuscrit syriaque du Musée britannique , no 14645, THOMAS (Apocalypse de saint). THOMAS (La consommation de saint ). — Cet écrit était inédit jusqu'à ce que M. Tischender en ait publié le texte grec dans son recueil. -- THOMAS ( Itinéraire de saint). Livre mentionné par divers Pères. Fabricius, N. T., 1, p. 819, en a publié quelques fragments en grec et en latin ; voir aussi Richard Simon : Observations sur le texte el les versions du Nouveau Testament. - TIMOTHÉE (Evangile de) . Il est mentionné par les Grecs dans leurs Ménées ou Vies des saints. TITE (Les actes de saint) . — Voy. Fabricius, N. T., t. 1, p. 831. - TRADITIONS ( Différentes) relatives au Juif errant. - Voy. JUIF ERRANT . - TRAITÉ d'Abraham sur l'idolâtrie comprenant quaire cents livres. Voy. ABRAHAM. - TRAITÉ d'Abraham sur la magie et ses effets.— Voy. ABRAHAM. TRAITÉ d'Abraham sur l'astrologie . — Voy. ABRA- HAM. - - TRAITÉ d'Abraham sur l'interprétation des songes. - Voy . ABRAHAM. TRAITE de Joseph sur l'interprétation des songes). - Voy. JOSEPH. TRAITES (Plusieurs) de Cham sur la magie et l'as- trologie. Voy. CHAM. - TRAITÉ de Salomon sur les pierres. -- Voy . SALO- MON. Voy. ABRAHAM . Voy. PA- muel - TESTAMENT des douze patriarches . TRIARCHES. TESTAMENT de Job. ------ Voy . JOB. TESTAMENT de Moise. Voy. Moise. TESTAMENT de Salomon. THADDEE ( cles de). -- - Voy. SALOMON. Le texte grec en a été mis au jour pour la première fois dans les Acta aposto- lorum apocrypha publiés par M. Tischendorf. THADDEE ( Evangile de) condamne dans le décret pape Gélase. Voy . Fabricius , N. T. t . I. p du 379. - TRAITÉ du droit de majesté par le prophète Sa- Voy. SAMUEL. TRAITE de Salomon sur la justice. MON. Vuy. SALO- - Voy TRAITE (Petit) sur le trône de Salomon. SALOMON. TRAITES (Plusieurs petits) attribués à Salomon. → Voy. SALOMON. -- TRAITE d'Anane sur le jeûne. Voy . ANANIE. TRAITÉ de Daniel sur l'interprétation des songes). Voy. DANIEL.

�1.XXI LISTE ALPHABETIQUE DES LIVRES APOCRYPHES . TRAITE des fêtes attribué à Philon. LON. TRAITÉ du monde attribué à Philon. LON. -- Voy. PHI- Voy. PHI- TREPAS (DU) de la sainte Vierge par Mellitus de Laodicée. Voy. MELLITUS DE LAODICÉE . - TRÉSOR DE LA VIE. Ouvrage indiqué comme apocryphe par Timothée, prêtre de Constantinople, dans son livre De iis qui ad Ecclesiam accedunt . Voy. Fabricius, N. T., t. I, p. 139. V VALENTIN (Evangile de) . — Voy . Fabricius, N. T. , . I , p. 380. Des fragments des écrits de ce chef J'une secte gnostique se trouvent dans Grabe, Spi- cilegium Patrum , t. II , p. 50. -- VAPHREN. - Réponse de Vaphren , roi de Tyr à Salomon. Voy. SALOMON. --- VAPHREN. Epitre de Salomon à Vaphren , roi Egypte, et à Hiran, roi de Tyr.- Voy. SALOMON. (Fabricius, p. 1020.) -- VIE d'Adam. Voy. ADAM. - VIE d'Apollinaire. Voy. APOLLinaire. VIE de saint Marc.. Voy. MARC. VIE de saint Clément. - Voy . CLÉMENT. VIE de saint Jean par Prochore un des sept diacres. - Voy . JEAN et PROCHORE. VIE des apôtres par Abdias. -Voy. ABDIAS. LXXII VIERGE ( Du trépas de la) par Mellitus de Laodi . cée. Voy. Mellitus de LaodicÉE. VISIONS (Le livre des) par le pasteur Hermas. Voy. HERMAS. VISIONS de Daniel. Voy . DANIEL . X - XAVIER (Histoire du Christ par) .—Le texte persan de cet ouvrage, composé par un jésuite, a été im- primé avec une traduction latine et de longues notes critiques d'un professeur protestant, Louis de Dieu. Leyde, 1639, in-40, 12 fts et 636 pages. Voy . Fa- bricius, N. T., t. I, p. 828. Le Père Xavier est aussi l'auteur d'une Historia sancti Petri, également pu- bliée en persan et en latin avec des notes du même traducteur. Leyde , 1639 ,' in-4° , 4 fts et 144 pages. Z - ZACHARIE, prophète ( Ecrits apocryphes trouvés dans le tombeau de). - Voy. Fabricius , l. 1, p. 1142. - ZACHARIE. Livre attribué à Zacharie, père de saint Jean-Baptiste. ZOROASTRE (Le ivre de)." ZOROASTRE (Fragments de quelques écrits attri- bués à)

�DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . AVERTISSEMENT. Nous diviserons cet ouvrage en trois parties : la première comprendra les textes apo- cryphes relatifs à l'Ancien Testament ; la seconde partie, les textes apocryphes qui se rap- portent au Nouveau Testament : dans la troisième nous signalerons les textes dont il ne nous reste que des fragments , et les légendes apocrypnes qui se rapportent aux per- sonnages tant de l'Ancien que du Nouveau Testament. PREMIÈRE PARTIE . LIVRES APOCRYPHES QUI APPARTIENNENT A L'ANCIEN TESTAMENT. A ADAM LE CODE NAZAREEN , vulgairement appelé LIVRE D'ADAM , TRADUIT POUR LA PREMIÈRE FOIS EN FRANÇAIS PAR F. TEMPESTINI . - INTRODUCTION. Le Livre d'Adam, publié pour la première fois par Matth . Norberg , savant suédois , en 1815 et 1816, est encore aujourd'hui le code sacré d'un peuple ou d'une secte chrétienne qu'il convient avant tout de faire bien con- naître . Nous allons donc parler nécessaire- 'ment de ses mœurs, de ses croyances , et nous ferons connaître la langue dans la- quelle est écrit ce livre fameux, que les sa- béens regardent encore commé leur évan- gile. Beaucoup de voyageurs , qui , avant M. Norberg, avaient parlé de ce peuple, ou si (39) Melchis . TuÉVENOT : Vera delineatio civi tatis Bassoræ , necnon fluviorum , insularum , op- pidorum, pagorum et terrarum in quibus passim habitant familiæ Sabæorum sive Mendaiorum , qui vulgo vocantur Christiani Sancti Joannis. › Carte in- sérée dans sa Collection des voyages . — P. ANGE de Saint-Joseph, Gazophylacium lingua Persica, au mot DICTIONN . DES APOCRYPHES . 1 . - l'on veut de cette secte , connue sous les noms de Sabéens , Chrétiens de Saint-Jean ou Mandaites, avaient placé ses établissements aux environs du Schat-Etarab, c'est-à-dire , du fleuve formé de la réunion du Tigre et de l'Euphrate , et principalement à Bassora, Hoveiza, Korna, Schouster, etc. (39) . Le sa- vant suédois au contraire a fait connaître (40) une peuplade qui , d'après son récit , appartiendrait à la même secte , et aurait ses établissements dans la Syrie . Les détails qu'il donne sur cette peuplade , lui ont été fournis par un ecclésiastique maronite d'A- Sabaiti. P. IGNACE DE JÉSUS , Narratio originis ri- luum et errorum Christianorum Sancti Joannis, Rom.. 1652. (40) Mémoire intitulé De religione et lingua Sa- bæorum, lu à la Société royale de Gottingue et im- primé dans le 3 vol. des Mémoires de cette So- ciété. 1

�3 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . lep, nommé Germano Conti, qu'il trouva à Constantinople . Ce maronite, qui avait beau- coup voyagé en Italie et en France , résidait alors dans la capitale de l'empire ottoman, comme chargé d'affaires du patriarche d'An- tioche . Suivant ce récit , dans le territoire de Lata-Kieh ou Laodicée , en un lieu ou aux environs d'un lieu nommé Elmerkah (41), à une journée de marche environ à l'est du mont Liban , on trouve une nation qui se donne à elle le nom de Galiléens : feur population totale est d'environ treize à quatorze mille personnes ; ils sont disper- sés dans divers villages, et payent à la Porte un tribut , dont une moitié est perçue par le pacha d'Alep, et l'autre par celui de Tripoli de Syrie. « Il y a à peu près cent cinquante ans, disait Germano Conti , qu'ils ont quitté la Galilée pour venir s'établir dans ce pays ; et on les nomme Galiléens , de la contrée qu'ils habitaient précédemment on les ap- pelle aussi Nazaréens . Aucun nom ne leur convient moins que celui de Chrétiens . Ils assurent que la religion qu'ils professent est la même que professait saint Jean-Baptiste . Aux jours de leurs fêtes, qui sont les mê- mnes que celles des Chrétiens, ils s'habillent de peaux de chameau , couchent sur des peaux de chameau , et mangent de la chair de chameau , du miel et des sauterelles, comme leur père saint Jean- Baptiste (42). » Ce récit de Germano Conti , que nous abrégeons , a paru singulièrement suspect à plusieurs savants, qui l'ont combattu avec beaucoup d'érudition (43) . Et il faut avouer en effet qu'on est bien tenté de le mettre au nombre de ces fables dont les Orientaux sont si prodigues, quand ils trouvent créance auprès des Européens , lorsqu'on le compare aux relations unanimes de Kompfer , Ignace de Jésus , Philippe de la Sainte-Trinité , Ange de Saint-Joseph, Thévenot, etc. D'ailleurs, con- venons que cette question n'est presque d'aucune importance , quand il s'agit des livres sabéens en général et du Livre d'Adam en particulier, puisqu'ils viennent tous des contrées situées aux environs du golfe Per- (41 ) C'est le Markab d'Aboulfeda, et le Margath des historiens occidentaux des croisades . (42) Le nom de Chrétiens de Saint-Jean est tout aussi peu fondé en raison, puisque leur doctrine n'a rien de commun avec le christianisme, qu'ils ont en horreur. Il ne leur a été donné que par la mé- prise des missionnaires et des voyageurs , qui ont cru voir dans certaines pratiques de leur culte des rapports avec quelques rites de la religion chré- tienne . C'est aussi le sentiment de Mosheim qui, ayant conjecturé que cette scete tirait son origine des hémérobaptistes, a fort bien observé que les pré- tendus Chrétiens de Saint -Jean ne peuvent être con- sidérés comme une secte du christianisme , et qu'on n'était pas plus fondé à les confondre avec les Sa- béens ou Sabiens dont l'Alcoran fait mention, et dont le rabbin Maimonide a parlé fort au long (a). Quant au nom de Mandaïtes qu'ils se donnent et prononcent mandaî, il signifie proprement science, connaissance, wors . Il est donc l'équivalent de gnostiques. Faut- il en conclure que la secte en ques- tion est une branche des anciens gnostiques? Plu- sieurs savants l'ont pensé, et nous inclinons volon- sique, et appartiennent par conséquent aux sabéens ou Chrétiens de Saint-Jean de ces mêmes contrées (44).

Le nom même des Sabéens doit nous arrê ter un instant. Il est fréquemment fait men- tion des sabéens, dans les écrivains arabes; mais ce nom paraît avoir ehez eux une si- gnification très-étendue . Il semble même par un traité de Schahristani, cité par Silvestre de Sacy (45), qu'ils comprennent sous cette dénomination toutes les religions autres que le judaïsme, le christianisme et le magisme, et qu'ils divisent les sabéens en deux classes principales la première contient les sectes qui révèrent les génies qui président aux astres et aux mouvements de l'univers ; la seconde celles qui adorent des images et des êtres sensibles . Il est fait mention des sa- béens en trois endroits de l'Alcoran . Dans les deux premiers il est dit que tous ceux qui auront cru en Dieu et à la résurrection auront part à la vie future , soit qu'ils aient été musulmans , juifs , chrétiens ou sabéens (46) ; dans le troisième (47) , on lit qu'au jour de la résurrection Dieu établira une distinction entre les musulmans, les juifs , les sabéens , les chrétiens et les poly- théistes. D'après ces passages , on peut con- clure que par sabéens il faut nécessairement entendre les adorateurs d'un seul Dieu. (48). Mais pour quelle raison les chrétiens de Saint -Jean sont- ils ainsi appelés ? Si l'on fait attention que ce nom de sabéens ne se trouve jamais écrit qu'en lettres arabes , et que jamais il ne leur est donné dans leurs livres , on est enclin à penser, dit M. de Sacy ( 49) qu'il leur a été donné par les mu- sulmans , parce que n'étant ni chrétiens, ni juifs , ni adorateurs du feu , ni idolâtres, c'était le seul des noms employés dans l'Al- coran (n° 22) sous lequel on pouvait les com- prendre, et qu'ils ont dû se conformer eux- mêmes à un usage qui leur assurait la li- berté de vivre et d'exercer les pratiques de leur religion sous l'empire des musulmans (50). Quant aux mœurs , coutumes et religion. tiers à cette opinion . On verra, en effet , dans le Cours de cette traduction du Livre d'Adam , les nom- breux rapports qui existent entre leur croyance et la croyance de ces premiers hérétiques. (43) PAULUS, dans le recueil intitulé : Memorabi- lien, t. III, p. 91 et suiv. (41) TYCHSEN, dans les Beytraege zur Philosophie und Geschichte der Religion und Sittenlehre de Stœud- lin, t. II, Lubeck, 1797. (45) Journal des Savants, juin 1819. (46) Sur. 2, v. 62, et sur. 5, v. 78, édition de Maracci . (47) Sur. 22, v. 17. (48) J.-F. WALCH , Observationes de Sabæis , 1781. (49) Loc. cit. (50) Le P. PHILIPPE de la Sainte - Trinité : ‹ In Arabia felici eique adjacente Perside, sunt quidam populi qui se invicem vulgo vocant Mendai, ab Ara- bibus vocantur Sabbi. (Itinerar. orient ., lib. v, c. 7, p. 272. IGNACE DE JÉSUS : ‹ Modo vero , a diversis nationibus diversis vocantur nominibus. Arabes et Persæ vocant ipsos Sabbi . › Notitia, p. 12. (a) De rebus Christian . ante Const Magn , commentar ., p. 44.

�3 PART. I. LIVRE D'ADAM. - - qu'il ne sera pas inutile de faire connaitre succinctement. Nous les classerons dans l'ordre de leur date. TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. de ces chrétiens bâtards, nous ne pouvons mieux fair que de citer quelques frag- ments d'une lettre adressée par M. Raymond vice-consul à Bassora, sous la date du 19 décembre 1812, à M. Silvestre de Sacy, qui lui avait demandé quelques renseignements à leur sujet. « .... Je me fais un devoir de vous trans- mettre ceux que j'ai recueillis sur ces misé- rables chrétiens de Saint-Jean ... « Réduits au nombre de quatre à cinq mille , les sabéens sont opprimés par les Turcs et les Persans, et vivent dans la mi- sère et l'abaissement. Ils ont plusieurs scheikhs, qu'ils appellent aussi mollahs. Il y en a un pour marier les filles vierges, un pour celles qui ne le sont pas (le premier ne voulant pas se charger de cette cérémonie , y attachant une espèce de déshonneur ) , et un autre pour remarier les veuves (51). Mais depuis quelque temps ce dernier est mort, et personne n'ayant été nommé à sa place, il arrive parfois que , fatiguées de leur viduité, quelques- unes de ces femmes se font musulmanes afin de se procurer un mari. Les sabéens ne parlent ni n'entendent le syriaque, quoiqu'il y ait dans leur dia- lecte plusieurs mots de cet idiome . La lan- gue qu'ils parlent est la langue écrite, celle de leurs livres . Ce sont leurs mollahs qui apprennent à lire aux enfants. Ils n'ont au- cune traduction de leur Sidra Adam en arabe , ni en turc, ni en persan . Ils n'ont pas non plus de vocabulaire, excepté l'alphabet qui se trouve placé au commencement du livre précité. J'ai montré de leur écriture à un syrien, il n'a pu la lire ; et je leur ai pré- senté un livre en syriaque , ils n'y ont rien compris. « Les sabéens se marient entre eux et ne souffrent pas que leurs filles choisissent des maris hors de leur secte . Ils soutiennent qu'ils sont les véritables Syriens, qu'ils s'ap pellent mendai, mendai iaia et non mendati ou galiléens . On peut assister à leurs bap- têmes et à leurs sacrifices, moyennant quel- que payement fait à leur scheikh.'» Les renseignements donnés jusqu'ici par les voyageurs et les travaux faits par divers savants, relativement aux manuscrits sa- béens qu'on possède en Europe , ne nous permettent point encore de déterminer avec certitude de combien de livres se compose la bibliothèque sacrée des Chrétiens de Saint- Jean . Ceux de ces livres que nous connais- sons et dont les noms ont été plus ou moins exactement indiqués dans les relations, peu- vent être désignés sous les dénominations de Livre d'Adam , Livre de Jean - Baptiste et Kholasteh ou Rituel. De ces trois ouvrages, le premier est le seul qui ait été publié, et le seul d'ailleurs dont nous devions nous occuper. Il existe à la bibliothèque Impériale qua- tre manuscrits originaux du Livre d'Adam , (51 ) Le P. Ignace de Jésus avait déjà fait con- naitre cet usage singulier, 1° Un manuscrit coté Codex Colbertinus 1715, regius 309 A, acheté à Bassora par J. Fr. Lacroix fils , au mois de juillet 1674 ; il a été écrit en l'année de l'hégire 968, de Jé- sus-Christ 1560 . 2° Un manuscrit coté Cod. Colbert. 382, regius 309 B, daté de l'an 1042 de l'hégire, 1632 de Jésus -Christ. 3° Un manuscrit acheté par Otter et por- tant le n° 22 ; il est daté de l'an de l'hégire 1091 , de Jésus-Christ 1650. Ce manuscrit ayant été relié, le nom d'Otter et le n° 22 ont disparu , ainsi qu'une note qu'on lisait sur un feuillet blanc : elle était conçue en ces termés : « La loi écrite d'Adam , c'est ainsi que l'ont nommée plusieurs sabéens des moins ignorants que j'ai fait venir pour me dire de quoi traitait ce grand livre. » Otter était à Bassora en 1730. 4° Un manuscrit qui n'est accompagné d'aucun renseignement, si ce n'est qu'en tête du premier feuillet de la seconde partio on lit 309 b. Il est daté de l'an 1100 de l'hé- gire , 1688 de Jésus - Christ. Tous les manuscrits du Livre d'Adam sont divisés en deux parties fort distinctes : l'une plus considérable, l'autre beaucoup plus courte . Elles offrent dans leur disposition matérielle une particularité singulière : c'est qu'elles sont écrites dans un sens inverse , de manière que lorsqu'on tient l'une devant soi pour la lire, l'autre se trouve renversée la tête en bas. Il résulte de cette disposition que chacune des deux parties commence avec le premier feuillet du volume , quel que soit le sens dans lequel on le tient, et qu'elles se rencontrent par leur fin dans le corps du volume . Une des premières questions qu'il est na- turel de se faire , c'est à quelle époque re- montent les livres des chrétiens de Saint- Jean, et particulièrement le Livre d'Adam, dont il s'agit ici . Si l'on en croit Kompfer (52), ces sectaires pensent que le Sidra Adam ou livre d'Adam, a été envoyé de Dieu au premier homme par le ministère de l'ange Raphaël . Abraham Echellensis , qui paraît avoir eu des notions un peu plus exactes de ce livre, dit qu'il porte en chaldéen le nom de Sidra l'Adam, parce que les chrétiens de Saint-Jean estiment, non pas que ce livre est l'ouvrage d'Adam , inais que Dieu l'a en- voyé à Adam pour qu'il apprît , ainsi que ses descendants , à bien régler sa vie et à se rendre heureux (53) . « Il est difficile , dit M. de Sacy, de croire que telle ait jamais été l'opinion des sabéens, de ceux du moins qui ont lu le Livre d'Adam. » M. Norberg, dans le mémoire que nous avons déjà cité, dit que ce livre lui paraît avoir été écrit vers le dernier temps du ju- daïsme . En effet, ajoute-t-il, par ce que ï'ai transcrit de ces livres, j'ai reconnu que « (52) Amonit. exot. , p. 441 . (53) Eutych. vindic., part. 11, p. 329.

�7 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. les sabéens ne doivent être regardés , ni comme chaldéens . puisqu'ils ne rendent aucun culte au soleil et aux astres ; ni comme juifs, puisqu'ils n'attendent pas le Messie ; ni comme chrétiens, puisqu'ils font profes- sion d'envisager Jésus-Christ comme un faux messie. Leur religion cependant sem- ble être une sorte d'amalgame des doctrines et des rites de ces diverses croyances .Ainsi que je l'ai déjà dit, lors de la décrépitude du judaïsme , sub senescentis judaismi tempora, chaque secte désirant s'attirer des prosély tes, personne ne respectait rien, et la manie de confondre tout était devenue générale. Ainsi des Chaldéens d'abord , et ensuite des Chrétiens se seront joints à des Juifs, peut- être à des disciples de saint Jean-Baptiste , chacune de ces sectes abandonnant une partie des dogmes et en conservant une par- tie, et par là ils auront formé une nouvelle religion ; ils auront pris des chaldéens la doctrine des astres, des anges et des dé- mons ; le judaïsme leur aura fourni quel- ques noms des patriarches et quelques ré- cits de l'Ancien Testament, et ils auront emprunté aux Chrétiens un grand nombre de préceptes moraux de l'Evangile (54).Dans son édition du Codex Nazaræus il s'exprime à cet égard d'une manière moins positive. Mais au lieu de se livrer à des conjectures pour établir l'époque à laquelle le Livre d'A- dam a été composé, il vaut mieux consulter le livre lui-même ; et il est surprenant que M. Norberg, qui l'a traduit, ait négligé les indications qu'il fournit . La première partie du Livre d'Adam se compose de quarante et une pièces séparées , les unes plus longues, les autres plus cour- tes. Dans plusieurs de ces pièces, et notam- 'ment dans les deux premières du recueil , qui sont vraisemblablement les plus an- ciennes, si toutefois elles ne sont pas toutes de la même date, il est fait mention de Noé, d'Abraham, de Moïse, de Salomon , de Jean- Baptiste, de Jésus- Christ, de la construc- tion et de la ruine de Jérusalem, des Chré- tiens qui y sont même nommés Christiani, des manichéens, et enfin de Mahomet. On trouve dans un autre, quoiqu'avec beaucoup d'altération, la succession des rois de Perse de la dynastie des Sassanides, et la conquête de la Perse par les Arabes . On y lit que les rois Arabes succéderont aux rois de Perse , et auront le pouvoir pendant soixante-onze ans, ce qui reporte cette pièce à la fin envi- ron du siècle de l'hégire , dans le vin siècle de l'ère chrétienne. Ces pièces sont donc postérieures au mahométisme ; et si l'on a égard à la parfaite identité des idées, de la langue et du style, qui se fait remar- quer dans tout le recueil, on regardera pres- que comme démontré que rien de ce qu'il contient n'est antérieur à cette époque . Il ne sera pas beaucoup plus difficile de deviner la raison pour laquelle ce recueil (54) De religion. et ling. Sab. comment., p. 4. (55) NORBERG, Onomast. Cod. Naz. , p. 62. (56) Les trois autres sont sans doute Abraham, est connu sous le nom de Sidra-l'Adam , ou le livre d'Adam . On peut tirer cette dénomi- nation de ce qu'il y est fréquemment ques- tion de la formation d'Adam, et de ses rap- ports avec les bons et les mauvais génies . Observons que sur la totalité des pièces qui composent la première partie du livre d'Adam, il y en a treize dans l'édition de Norberg, qui commencent par cette formule plus ou moins abrégée : « Au nom de la Vie, que la santé, la pure- té et la rémission des péchés soient accor dées à moi, Adam - Zouhroun , fils de Scharat ; à mon père Yahya-Bakhtiar, fils d'Anhar- Yasmin; à ma mère Scharat, fille d'Anhar ; à ma femme Moudatal, fille de Scharat ; à ma seconde femme , Samra, fille de Scharat ; à mes enfants , Adain , Behram, Simat-Adam- Zouhroun, Sam et Bayan, fils de Moudatal ; à mes pères Mehatam, fils de Scharat ; Ram, fils d'Anhar, et Adam-Youhanna , fils d'An- har-Yasmin. » On pourrait , au premier abord, être tenté de conclure de cette for- mule si souvent répétée, et par laquelle commence le recueil , que ce livre a été nom- mé Sidra-l'Adam ou livre d'Adam, parce qu'il est l'ouvrage d'Adam-Zouhroun ; mais ce qui démontre la fausseté de cette opinion, c'est que le manuscrit 309 B est le seul où se trouve le nom d'Adam -Zoubroun . De semblables formules se lisent, il est vrai , dans les autres manuscrits , mais avec des noms différents , comme Behram, fils de Si- mat ; Rambakhtiar, fils de Hava , etc. , ce qui serait prouver avec plus de raison que ces différents noms sont ceux des copistes. On peut se demander si l'auteur de ces écrits, quel qu'il soit , se donne pour ins- piré , et si les sabéens regardent cet ouvrage comme le produit d'une révélation divine et surnaturelle. Ce qu'on peut remarquer à ce sujet c'est qu'en aucun endroit l'au- teur des pièces qui composent ce recueil ne se donne le titre de prophète ou d'envoyé de Dieu. On pourrait même croire qu'il n'aurait pris qu'en mauvaise part le nom de prophète ; car le Manda-di-haï , c'est- à-dire , la Connaissance de la Vie, la Gnose, le Aéyos, génie du premier rang, nommé aussi Yavar, et qui porte une multitude d'autres noms (55), adressant la parole à Adam , auteur du genre humain , en lui annonçant les desti- nées de sa race , lui dit : « Hommes parfaits et fidèles, voici ce que je vous annonce. Après tous les prophètes, un prophète s'é- lèvera de la terre ; il viendra un quatrième prophète (56) et il régnera sur toutes les na- tions. Par lui l'oppression se multipliera dans le monde . Après cette domination, le monde sera dans le trouble. Après Mahomet, fils de Bezbat, le quatrième (prophète) , il n'y aura plus personne qui prophétise dans le monde, et la foi disparaîtra du monde (57). » Ailleurs on lit : « Il sortira de la ville de Jérusalem trois cents prophètes au nom Moïse, Jésus. (57) Cod. Naz., t. 1, p. 117.

�9 10 PART. I. - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. - LIVRE D'ADAM. du maître de la grandeur , magiciens ..... Alors la ville de Jérusalem sera détruite ; en sorte que les Juifs sortiront pour aller en exil et se disperseront en divers pays. Alors viendra Ahmed , fils de Bezbat, le magicien il prêchera une parole qui n'est point une parole (c'est-à-dire une doctrine vaine et mensongère), et le mal s'augmentera dans le monde. » On voit que les mots prophète et magicien sont employés dans ces textes comme synonymes . Au surplus, quoique l'auteur du Livre d'Adam ne se dise pas po- sitivement inspiré, comme il fait souvent parler des génies, et qu'il raconte des choses fort élevées au-dessus des connaissances de l'homme, et de beaucoup antérieures à la créa- tion d'Adam et même à celle du monde , on ne saurait douter qu'il ne se soit attribué l'inspiration divine, ou qu'il n'ait du moins supposé qu'il puisait sa doctrine dans des livres révélés . Dans les pièces qui composent la seconde partie du Livre d'Adam , c'est presque tou- jours le Mana, c'est-à-dire , l'âme ou la sub- stance spirituelle , venue par l'ordre de la vie suprême pour vivifier et animer le corps d'Adam , en s'unissant à la matière inerte et inanimée, qui porte la parole . M. Norberg a rendu le mot Mana le plus souvent par Eon . M. de Sacy conjecture avec raison que c'est l'équivalent d'un mot arabe qui si- gnifie sens , que les hommes spirituels op- posent sans cesse à la figure, l'extérieur. I veut donc dire le principe actif qui ne tombe pas sous les sens , et se prend souvent pour Dieu lui -même, le seul être réellement existant, tout le reste n'étant que des appa- rences illusoires . L'abbé de Longuerue, qui s'est occupé des lois des chrétiens de Saint-Jean, s'était à ce qu'il paraft attaché spécialement à cette seconde partie du Livre d'Adam ; il en avait traduit, dit-il, environ quatre - vingts articles , composant une litanie des attributs du grand Muna (58) , mais cette traduction n'a jamais vu le jour. Cette seconde partie n'est pas complète dans l'édition de Norberg . Elle se termine ex abrupto au milieu d'une prose . (Tom . III , p. 273.) Quo facto, et cum corpus fetidum excussissem, porrecta dextera me prchendit, et canales aquæ ... M. Norberg ajoute , cætera desunt, ce qui semble indiquer que le ma- nuscrit est incomplet , ou du moins qu'il a des lacunes . Plusieurs autres particularités donnent à cette supposition encore plus de vraisemblance ; et cependant il est certain que la seconde partie de ce livre est com- plète dans les quatre manuscrits de la bi- bliothèque impériale , et par conséquent on ne comprend pas comment le savant suédois a pu ne pas s'en apercevoir et affirmer positivement que dans le manuscrit dont il s'est servi , la seconde partie était imparfaite. On doit supposer avec M. de Sacy qu'il n'a- vait pas conservé des notes exactes, et que (58) Longuer., p. 240. (59) Eutych. Vindic . , part. n, p . 328. sa mémoire, au bout de quarante ans , lui a mal représenté les choses . Disons maintenant un mot avec M. de Sacy, de la langue dans laquelle est écrit le Livre d'Adam , et de la traduction latine de Norberg dont nous donnons le texte . La langue dans laquelle sont écrits les livres des chrétiens de Saint-Jean , est incon- testablement un dialecte chaldaïque ou sy- riaque . Il ne serait pas exact de dire avec M. Raymond, précédemment cité, que les sabéens ne parlent ni n'entendent le syria- que, quoiqu'il y ait dans leur dialecte plu- sieurs mots de cet idiome . Abraham Ecchel- lensis a dit avec bien plus de raison, en comparant la langue syriaque , qu'il nomme chaldaïque, avec celle que parlent les sa- béens : Lingua, tametsi chaldaica sit, habet tamen vocabula quædam nobis penitus ignota ; quemadmodum el nostrorum dictionario- rum et lexicorum antiquis auctoribus (59) ; seulement il aurait pu dire plura vocabula, au lieu de vocabula quædam . Il faut ajouter que beaucoup de mots , communs aux deux idiomes, paraissent avoir, dans celui des sabéens , des acceptions inconnues aux Sy- riens et aux Chaldéens. Le caractère dont les Sabéens font usage diffère essentiellement de tous ceux dont se . servent les autres nations , qui parlent ou plu- tôt qui ont parlé autrefois la langue syriaque, et qui en conservent l'usage dans leur litur gie . Il a cela de particulier, que toutes les voyelles y sont écrites, et qu'elles se bornent au nombre de trois, au lieu que chez les au- tres peuples qui parlent le syriaque , elles sont au nombre de cinq. Dans l'usage le plus ordinaire , on les omet dans l'écriture , comme en hébreu et en arabe ; enfin, lors- qu'on les écrit, c'est au moyen de points- voyelles ou de figures surajoutées, qui ne prennent point place dans la série des lettres (60). Outre ces caractères particuliers à la langue et à l'écriture des chrétiens de Saint- Jean, il est dans l'orthographe de ce dialecte , des singularités qui en rendent très-difficiles la lecture et l'intelligence . 1° Quoique les mandaïtes aient , comme les Hébreux et les Syriens , vingt -deux lettres, ainsi qu'on le reconnaît évidemment par quatre psaumes ou morceaux acrostiches qui se trouvent dans le Sidra- l'Adam,dans l'usage cependant ils n'en emploient que vingt et une, ne distinguant jamais le hé du beth . 2° Ils confondent sans cesse les figures de l'aleph et du ain, et sans doute ils ne dis- tinguent point ces lettres dans la pronon- ciation . 3° Fréquemment ils élident tout à fait dans l'écriture les gutturales cheth et ain ; ce qui détigure les mots et en rend la ra- cine et le sens également problématiques. 4° Ils se permettent beaucoup de contrac- tions, et font disparaître de l'écriture les (60) Voy. la Grammaire Hébr. de GESENIUS, trad, lat. , par F. TEMPESTINI ,

�51 12 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. lettres qui sont muettes dans la prononcia- tion . 5. Ils réunissent en un seul mot ce qui, dans tous les idiomes dérivés de l'hébreu , s'écrit en plusieurs mots. 6° Ils intervertissent dans les mots l'ordre des lettres radicales . contribue pas peu à l'obscurité du sujet. Constructions insolites, les fautes même contre la langue, qui sont échappées à M. Norberg (62), la rendraient parfois absolu- ment inintelligible. Donnons maintenant, s'il est possible, une idée de la doctrine du Livre d'Adam . Nous 7° Ils substituent les unes aux autres les la tirerons avec M. de Sacy, du cinquième lettres du même organe. Il faut avoir essayé soi -même de traduire les livres des mandaïtes, dit M. de Sacy, pour se faire une idée des difficultés qui naissent de ces diverses causes , réunies souvent dans un seul mot. Ces difficultés cependant , qu'on pourrait appeler matérielles, sont peu de chose en- core, comparées à celles qui ont leur source dans les choses mêmes dont traite la plus grande partie de ce livre . C'est un sujet ex- trêmement obscur, qui se compose tout entier d'idées fantastiques , de rêves d'une ima- gination en délire, d'actes et de raisonne- ments attribués à une infinité d'êtres d'une nature étrange , et qui n'ont aucune réalité ; des détails de la plus absurde cosmogonie ; de l'histoire enfin d'un monde imaginaire , peuplé par des milliers de génies, dont les noms mêmes sont autant d'énigmes presque toujours insolubles . Pour tout dire en un mot, c'est un sujet sur lequel le raisonne- ment et le bon sens n'ont aucune prise. C'est à peu près ainsi que l'a dépeint M. Norberg, mais malheureusement dans un style presque aussi inintelligible que celui des livres qui l'ont si longtemps et si péni- blement occupé. Or, que l'on juge après cela des difficultés de toute espèce que nous avons dû rencontrer dans notre traduction ? Aussi nous ne le dissimulons pas, tout en étant très-scrupuleux à rendre fidèlement le texte, nous avons plus d'une fois hésité , et nos hésitations ont dû nécessairement nuire à la clarté de notre travail . Mais aussi le moyen d'être clair quand, par exemple, on rencontre sur son chemin un texte comme celui-ci Corripiens tunc ille amplexu suo terram, amplexuque hoc terram deglutivit . Quam vero terram amplectens . cum deglutis- sel, murus, munimentum caliginis corruit. Et concusso muro , caliginis munimento om- ais caligo inde conformata fuit. Augescebat tunc caligo, caligo augescebat ; prehendit que illius cor, illius cor prehendit caligo , sui naturam ab illo adepta . Ejus autem ocu- los præstrinxi, cor depressi , commissuras dis- solvi, jecur compressi ventremque in intesti- nis quatuor in plicaturas inflexi et convolvi, reficiensque murum, nexuque firmans, ejus- que cordi ac visceribus venenum infudi (61). Aussi cette traduction latine nous a-t-elle souvent peu servi , surtout quand on fait at- tention que , dans bien des passages , elle ne (61) Cod. Naz., t. I, p. 159. (62) Comme filie et genie au vocatif, pour fili et geni; l'adjectif pron. suus employé au lieu du pro- nom ejus ; sarrago constamment mis pour sartago, cordia pour corda, fraudulentibus pour fraudulen- lis, etc. chapitre de la première partie (63) . Elle com- mence comme beaucoup d'autres par la for- mule : « Au nom de la Vie , grande, merveil- « leuse , excellente, qui est au-dessus de << toutes choses . Que la santé, la pureté et la rémission des péchés soient accordées à « moi Adam Zoubroun, fils de Scharat, etc. En voici l'analyse. Il existe deux principes éternels de toutes choses, et apparemment indépendants l'un de l'autre , et desquels chacun ne doit qu'à lui-même son existence ; le premier est nom- mé Fira et le second Ayar. Dans ce dernier nom , l'on ne saurait méconnaître le mot grec p, qui a passé en syriaque sous la forme oyar, et en chaldéen , où il s'écrit avir, et où il signifie également air et espace (64) . C'est incontestablement le pμx des gnostiques. Il suit de là, presqu'aussi cer- tainement , que le premier principe ou Fira répond au Buós de la philosophie orientale et des sectes gnostiques (65). La première production du Fira a été le Mana, le seigneur de gloire , nommé aussi le roi de la lumière , et Youra , le seigneur de la splendeur et de la lumière . Le Mana a produit d'autres mana , tous antérieurs aux productions du fira. Le fira produisit en- suite des millions de fra et des myriades de schekinta . Chacun de ces Fira de seconde classe a pareillement produit des millions de Fira, et des myriades innombrables de Schekintu . Tous ces êtres se tiennent de- bout et louent le Mana, le seigneur de gloire , qui fait sa demeure dans l'Ayar , le seigneur de la vie qui est dans le Jourdain , dans les eaux blanches produites par le Mana. Do ce grand Jourdain ont été produits des Jour- dains infinis et innombrables. Du Jourdain , maître des eaux vivantes, a été produite la Vie , et ses eaux se sont répandues dans la terre de l'Ayar qu'habitait la Vie ; ensuite la Vie, se formant à la ressemblance du Mana auquel elle devait son existence , fit une prière, et, par l'effet de cette prière , elle produisit un Outra, qui est le soutien de la Vie et qu'on nomme la seconde Vie . Une quantité innombrable d'autres Outra fut aussi produite : car le premier Jourdain s'é- tant répandu sur la terre de la lumière , la seconde Vie s'y établit , puis elle appela à l'existence des Outra, des Schekinta , et un autre Jourdain dans lequel les Outra fixèrent leur demeure . Trois de ces Outra , jaloux du (63) Dans l'édition de Norberg ; elle comprend cent six pages, de 131 à 237 . (64) Fira pourrait aussi être comparé au “No ou .des cabbalistes תפארת (65 ) MOSHEIM , De reb . Christ . ante Const . M. Cvin- ment., p. 29.

�LIVRE D'ADAM . 13 -- - 15 les Boura, ces habitants rebelles des ténè bres. Sa venue jette le trouble parmi les Boura , dont le chef, nommé Our, c'est-à-dire vraisemblablement , le feu, leroi des ténè- bres, et Toura, peut -être parce que sa forme gigantesque permet de l'assimiler à une mère, génie de la planète de Vénus , nommé montagne , enflammé par les discours de sa aussi l'Esprit, l'Esprit saint, et Namrous, le secours des autres génies rebelles , nom- s'apprête à combattre le Manda di hai avec Mais , au seul aspect de l'envoyé de la Vie , més aussi Touri , c'est -à-dire montagnes . les cohortes infernales prennent la fuite et se dispersent, Our se hâte d'engloutir la terre ; néanmoins, bientôt vaincu et tué par le Manda di hai, il rend tout ce qu'il avait une tour environnée de sept murailles , mu- dévoré . Fait prisonnier, il est renfermé dans nie de vingt -quatre portes , et gardée avec grand soin. Our, humilié, reconnaît alors la son pardon en déplorant son sort . supériorité de l'envoyé céleste, et sollicite TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. PART, I. pouvoir et des créations de la première Vie, demandèrent à la reine de Vie de leur com- muniquer une portion de la lumière, de la splendeur et de la puissance qu'elle possède , afin qu'ils produisent de nouvelles Schekinta, et qu'ils donnent l'existence à un monde qui leur appartiendra en propre ainsi qu'à la seconde Vie, et où ils feront leur demeure, avec les Outra , en sorte que le nom de la première Vie sera mis en oubli . La seconde Vie approuva ce projet, mais il déplut à la première Vie qui en conséquence adressa ses prières au grand Mana qui habite dans le grand Fira. Le Mana , voulant exaucer ses prières, appela un grand génie, connu entre beaucoup d'autres noms, sous ceux de Hibil- ziva, c'est-à-dire Abel l'éclatant , et de Manda di hai , c'est-à-dire la connaissance ou la gnose de la vie. Elle lui exposa les projets ambitieux des Outra, lui demandant s'il ap- prouvait la conduite de ces êtres, de ces génies de la lumière, qui , abandonnant la lumière, se précipitaient dans les ténèbres , dans la grande mer de Souf (66) , dans cette Ier où ne se trouvent point les eaux vives , et d'où est bannie toute clarté . Le Mana engage le Manda di haï à se rendre dans ce monde inférieur , avant que les Outra y aient exécuté des œuvres désagréables au Mana, à la lumière, et au Manda di hai; celui-ci accepte cette mission . Le Mana lui communiqué l'éclat et la lumière , le revêt d'un habit magnifique, lui souhaite toutes sortes de bénédictions, lui donne des provi- sions pour sa route, et le congédie après l'avoir établi le père des Outra. Le Manda di hai se rend d'abord au do- micile de la première Vie elle lui fait observer l'entreprise des Outra, ' et l'exhorte à s'acquitter de la mission qu'il a reçue . Du séjour de la Vie il s'approche de l'abîme té- nébreux qu'habitaient les rebelles . Cette vue lui fait horreur , il retourne vers la première Vie, qu'il appelle son père, et l'in- terroge sur l'origine des ténèbres , des gé- nies rebelles et du mal . La Vie lui expose l'origine des choses dans un ordre difficile. à concilier avec ce qu'on a lu au commen- cement de ce traité, mais, au lieu de lui ex- pliquer la production des ténèbres , elle le renvoie au lieu qu'habitent les grands , c'est-à-dire les Eons ou substances les plus élevées. Le Manda di hai se rend auprès d'eux: et il en reçoit des instructions fort obscures , qu'on lui recommande de com- moniquer aux amis de la justice, aux hom- mes fidèles et partisans de la vérité, sans doute aux mandaïtes . Après beaucoup de discours sur l'origine des ténèbres, d'où il résulte que les êtres sont bons ou mauvais par leur nature , et que les ténèbres et la lumière sont des prin- cipes distincts entièrement séparés l'un de l'autre, qui ne sauraient changer de nature et se confondre , le Manda di hai se rend enfin dans le séjour des ténèbres . Il y trouve (66) On sait que c'est le nom que les Hébreux donnaient à la mer Rouge. Ensuite le Manda di hai demande et ob- tient que Gabriel soit envoyé pour créer un nouveau monde, à la place de celui que voulaient avoir pour leur domaine les gé- nies rebelles . Il est alors révélé au Manda di hai que la doctrine des sept planètes, celle des douze signes du zodiaque , et enfin celle des cinq étoiles (67), se succéderont doctrine , une doctrine de vie , prendra la dans le monde ; après quoi une nouvelle place de toutes les autres ; un fils chéri monde, l'éclairera , et donnera la vie aux viendra, qui desséchera l'abîme , formera le corps en les animant d'un souffle; trois Outra conserveront ce souffle, deux autres produi- ront dans le monde un Jourdain , et le mon- de étant ainsi peuplé, éclairé et enrichi de tout ce qu'il y a de bon, Our demeurera en- fermé sous la garde de ses propres enfants , Ces prédictions, communiquées à Our par le Manda di hai , le font entrer en fureur ; il ments de la terre. Le Manda di hai enchaî- s'agite dans sa prison et ébranle les fonde- ne ces pensées dans son cœur , et ces paro- les dans sa bouche, il le frappe d'un coup de massue , lui ouvre le crâne , lui arrache des gémissements semblables à ceux d'un homme, et lui fait verser des pleurs comme ceux que verse un enfant . Il lui laisse à manger et à boire, puis ayant posé à l'entrée du monde une porte, dressé un trône pour les bons, préposé deux Outra à la garde du le sceptre dans sa main, il retourne au séjour Jourdain, placé sur le trône Rab-ziva, et mis des grands , au séjour de la première Vie, gloire et d'honneur. qui le récompense par une augmentation de Ici commence un nouveau récit , c'est la création du monde que nous habitons . La hai, de retour vers lui, avait dit : « Lève-toi, première Vie, en accueillant le Manda di Manda di hai, Outra plein d'activité , dérive un écoulement de l'eau de la Vie , et con- (67) Des Hyades , selon M. Norberg .

�15 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. duis-le vers ce monde-là , appelle les trois Outra qui veillent à la garde du trésor de la Vie, ils prendront ce trésor ( ou peut-être cet écoulement dérivé des eaux de la Vie ) , ils le conduiront dans ce monde- là , ils le couvriront d'un dehors méprisable , ils le re- vêtiront d'une enveloppe charnelle , d'un vê- tement de néant ; ils le rendront allié à toute sorte de défauts et d'imperfections , et par eux sera produit un mouvement et une agi- tation ça et là. » Au milieu de ces expres- sions obscures et énigmatiques il s'agit, comme il est aisé de le pressentir, de l'u- nion de la substance spirituelle et divine , vivante par son essence et animée , à la sub- stance matérielle , passive et inerte de la na- ture . Voyons comment va s'opérer cette nou- velle operation. Les Outra ayant demandé à la seconde Vie la permission de créer un monde , elle leur fit part de son éclat, de sa lumière, et de ce qu'elle avait reçu de la première Vie. Mu- nis de ces dons, ils descendirent au séjour des ténèbres, et produisirent un Outra ap- pelé Fétahil, et d'autres êtres nommés les enfants de la paix . Fétahil , à l'instigation de l'un de ses fils, nommé Behak-ziva et de Gabriel, conçoit le projet de créer un monde et d'y produire des Outra à l'imitation des enfants de la paix ; il descend donc dans les abîmes, dans les eaux profondes où il n'y avait point de monde créé , pour mettre à exécution ce projet. Arrivé dans cet abfme, son éclat se ternit , il s'étonne et s'indigne de ce changement, qui inspire au contraire au génie rebelle nommé l'Esprit , mère d'Our, ce chef des rebelles , qui était plongé et détenu dans l'abîme, de nouvelles fureurs , et l'espoir de reconquérir , à l'aide d'une nouvelle génération d'êtres de sa nature , le domaine dont le Manda di hai avait dé- pouillé les mauvais génies. L'Esprit solli- cite son fils de consentir à une union in- cestueuse qui doit lui procurer la liberté . Pendant que Fétahil , plongeant sa main dans l'abîme, essaye de condenser la matière dont il est formé pour en faire un monde, et réussit à peine à y produire un léger com- mencement de condensation , le rebelle Our s'unit trois fois avec l'Esprit . Trois fois l'Esprit engendre ; il met au jour d'abord les sept planètes , puis les douze signes du zo- diaque , puis enfin les cinq byades ; mais aucune de ces générations ne répondant à ses vœux, l'Esprit tombe dans le découra gement. Fétahil de son côté , désespérant du succès de son entreprise, allait y renon- cer, lorsque , mieux avisé , il va trouver la Vie et lui adresse sa demande pour qu'elle le revête d'un vêtement de feu vivant. La Vie lui accorde sa demande : revêtu de feu , il redescend dans l'abîme , et la chaleur du feu , desséchant l'abîme , y excite un nuage de poussière qui se condense et dont se forme la terre (68) . En même temps se forme le firmament , occupé par un génie (68) On peut voir là une preuve de la croyance vù étaient les anciens que tout avait commencé par nommé Dalia bar Gouda . Mais Fétahil vou- fant joindre par un mur la terre avec le fir- mament, et ayant presque terminé son ou- vrage , tous les génies rebelles , les sepi planètes, les douze signes et les cinq bya- des, se précipitent vers la voûte du ciel : « Qui êtes -vous , méchants ? » leur demande Fétahil. L'Esprit lui répond que ces génies n'ont abandonné leur demeure et ne sont venus là que pour lui prêter leur assistance et concourir à l'exécution de ses ouvrages . Trompé par ce discours , Fétahil dit aux sept planètes : « Vous serez mes enfants , si vous faites le bien, et vous serez comptées au nombre de mes sujets . » Mais à peine il a prononcé ces paroles, que l'édifice qu'il construisait, lui échappe ; le monde tombe au pouvoir des rebelles , comme cela était avant l'extension du firmament et la conden- sation de la terre. Fétahil , enfin , retourne au séjour de la Vie , et raconte à l'Outra qui lui avait donné l'être, ce qui lui est arrivé , et l'empire que les génies rebelles et les gé- nérations produites par l'Esprit veulent exercer sur le monde . Si je comprends bien ce qui suit , Fétahil propose d'abandonner à l'Esprit et aux astres qu'il a engendrés , l'em- pire de la terre et de la mer ou de l'abîme, tandis que les génies qui appartiennent à la Vie conserveront l'empire du ciel , au moyen duquel ils seront maîtres de l'univers , où les mauvais génies domineront , mais dans la dépendance et sous les ordres des génies célestes . La durée des années sera détermi- née par les douze signes . Depuis la condensation de la terre jusqu'à la production du monde d'Adam , il se passera trois cent soixante mille ans ; et depuis la formation d'Adam et du monde jusqu'à la fìn des mondes, il y aura quatre cent quatre- vingt mille ans . Ces années sont toutes d'une égale durée , étant déterminées par l'Esprit de mensonge, par les sept planètes et les douze signes. Fétahil redescend dans le monde et annonce qu'il vient pour créer le fils chéri, dont il a été parlé plus haut, c'est- à- dire Adam, et le dresser sur ses pieds, afin qu'il célèbre les puissances célestes , et qu'il frappe la bête dévorante et féroce . 11 dit aux génies des sept planètes : « Faisons Adam pour qu'il règne dans le monde. » Ces. mauvais génies se dirent les uns aux autres : « Faisons Adam et Eve, car il sera à nous. »> Réunissant leurs efforts , ils créèrent Adam , mais ils ne purent lui donner une âme, ni le dresser sur ses pieds. Fétahil retourna alors vers le père des Outra (c'est- à-dire Abatour, nommé aussi la troisième Vie) ; celui- ci lui donna un vêtement pur et lu- mineux, emprunté au grand Mana, qui illu- mine tous les climats . La Vie (Abatour) pro- duisit aussi les trois Outra excellents, Heb- sil, Schetil et Anousch (69) , auxquels elle ordonna de veiller à la conservation de l'âme destinée à animer Adam, mais que Fétahil ne saurait unir au corps . En effet, Fétahil le feu. (69) Abel, Seth, Henoch.

�LIVRE D'ADAM. 18 17 TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. PART. I. étant retourné vers Adam, accompagné des trois Outra, ne put unir l'âme au corps . «Alors, dit le Manda di hai qui parle toujours dans cette pièce , je pris de la main de Fétahil ce qu'il portait pour Adam, je disposai ses os, et étendant ma main sur lui , je l'animai du souffle des grands son cerveau fit alors ses fonctions ; le principe lumineux de la Vie parla en lui , et ses yeux furent ouverts. Le Manda di hai , ayant ainsi complété la for- mation d'Adam, defend aux mauvais génies de rien attenter contre lui, les oblige à re- connaître leur faute ; puis, il instruit Adam qui offre son hommage aux grands , aux cé- lestes , renonce aux génies qui avaient formé son corps, et reconnaît pour l'auteur de son être , le Mana , nommé plusieurs fois ici Adacas -ziva, dénomination dont le sens est inconnu. Adam mérite, par là, la faveur des Outra de la Vie , qui lui donnent une mai- son, un jardin planté, un Jourdain , et le droit d'entrer, après la fin de sa vie , dans le sé- jour éclatant qu'habite son auteur Adacas- ziva (70) . lui Les mauvais génies , indignés d'avoir ainsi perdu l'empire qu'ils espéraient exer- cer sur Adam , forment une conspiration contre lui pour le séduire et le corrompre , tandis que le Manda di haï , et les bons Outra, pour affermir Adam et propager sa race , lui donnent Eve pour compagne. Cependant les génies rebelles , rassemblés sur le Carmel , y tiennent conseil et imaginent des enchante- ments et des sortiléges de toute sorte, au moyen desquels, et en excitant toutes les passions sensuelles par les attraits de la vo- lupté, ils espèrent troubler le monde . Le Manda di hai n'abandonne point le père du genre humain , dont la famille se multiplie ; il le console au milieu des attaques que livrent les génies malfaisants, et le fortifie contre leurs attentats et les désordres pro- duits par leurs malignes influences dans toute la nature . Cependant un fils d'Adam, nommé aussi Adam, embrasse le parti des mauvais génies , s'abandonne aux plaisirs par eux inventés pour séduire l'espèce hu- maine ; et peu s'en faut qu'il ne commette un crime en s'unissant à l'Esprit , à ce mau- vais génie femelle, mère d'Our , et source de tout mal, qui se présente, à sa rencontre, sous la figure d'Eve, sa femme et sa sœur ; mais le Manda -di -hai se montre à lui et lui découvre le piége ; et Adam, fils d'Adam, rougit de sa faute . Le Manda di hai prend alors une forme corporelle , se ma- nifeste aux puissances des ténèbres ; frappe et enchaîne l'Esprit ; inflige un châtiment à chaque planète, et revient trouver Adam . Il lui donne de nouveaux conseils , et lui recommande de se garder des sept planètes et de ceux qui les adorent . Il lui révèle que, quoique les sept planètes, s'étant partagé le Zodiaque, aient introduit la mort dans le monde, cependant les âmes des fidèles et des justes, hommes ou femmes , monteront (70) Nous inclinerons volontiers à comprendre avec M. Norberg l'espèce humaine sous la dénomi- - habiter le séjour de la lumière ; au contraire, celles des sept planètes, et peut-être de leurs adorateurs , demeureront liées et fixées à s'anéantissent . Il annonce en détail la perte leur place, jusqu'à ce qu'elles meurent . et des différents actes ou notions qui appar- tiennent à chacun des génies malins, tels descendants d'Ismaël , qui reconnaissent , que les sectateurs du Messie, les Juifs et les pour leur chef, Adonaï (où le soleil ) ; les Ya- feu, symbole du Messie, etc. Plus loin, il zoukéens (ou Mages), qui rendent un culte au leur apprend comment la durée du temps a été partagée entre les douze signes du Zodiaque. Le bélier a reçu en partage douze mille ans ; le taureau , onze mille ans ; les gémeaux, dix mille ans, et ainsi de suite en décroissant, jusqu'aux poissons qui n'ont en partage que mille ans . Chacun des douze si- gnes, en prononçant une parole secrète, a d'animaux ou de végétaux , ou de phéno-- produit, dans le monde , quelques espèces mènes nuisibles ou destructeurs ; le tout, dans l'intention de causer des dommages à humain; mais , par la disposition du Manda la famille de la Vie , c'est-à- dire , au genre service ou à la nourriture de la famille de di hai , toutes ces productions ont tourné au la Vie. Telle est l'analyse de cette pièce, une des ferme l'ensemble du système cosmogonique plus longues du livre d'Adam , mais qui ren- et dogmatique des mandaïtes . Il serait facile d'y retrouver , quoique altérées et souvent corrompues, les traces de la tradition primi- tive . Mais nous nous réservons de faire ce parallélisme curieux dans le courant même de la traduction . On nous pardonnera, du sur ce sujet bien des lecteurs n'auront pas , reste, de nous être assez longuement étendu volumineux ouvrage et de chercher à en pé- sans doute, le courage de lire en entier ce nétrer les nombreuses obscurités ; ils nous sauront donc gré d'avoir pourvu à leur fai- blesse en leur donnant une analyse qui leur pourra tenir lieu de l'ouvrage. Nous allons le compléter par quelques ob- servations des plus remarquables que sug- gère la lecture du Livre d'Adam. Les Chrétiens , et le divin fondateur du christianisme sont en général l'objet des in- vectives de l'auteur ou des auteurs du Code nazaréen . Jésus -Christ y est nommé Nebou Meschiha ce nom est aussi celui de la pla- nète Mercure . On lit qu'il sera caché plu- sieurs mois dans le sein de la vierge, sa mère ; qu'il en sortira ensuite avec un corps ; qu'il sera élevé dans son sein et sucera son vêtus d'une tunique baptismale ; qu'il leur lait ; que ses adorateurs seront par lui re- vrira d'un vêtement semblable aux ténèbres, fera une tonsure sur la tête, et qu'il les cou- c'est-à-dire d'un capuce noir ; qu'ils célé- breront leurs fêtes le premier jour de la se- maine. Il leur dira : « Je suis le vrai Dieu ; mon père m'a envoyé ici ; je suis le premier semble autoriser ce sentiment, nation d'Adam.Ce qui est dit d'Adam et de sa science

�19 20 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. et le dernier apôtre ou envoyé ; je suis le père, je suis l'esprit de sainteté, je suis sorti de la ville de Nazareth. Il aura un char (ou plutôt une monture , c'est-à-dire , l'ânesse sur laquelle Jésus -Christ est entré à Jéru- salem); il affectera humilité sur humilité , et il viendra à Jérusalem. I rendra, par ses prestiges , la vie et la parole aux morts ; il baptisera dans des eaux impures (ou plutôt sujettes à s'évaporer ) , au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et il abandonnera le baptême vivant dont Adam a été baptisé dans le Jourdain des eaux vives . De son temps sera Jean,fils d'Aba- Saba (Zacharie) et d'Ani- sehebat (Elisabeth) , que sa mère concevra à l'âge de cent ans . Zacharie , son père , étant aussi très-avancé en âge . Jean baptisera dans le Jourdain, quarante-deux ans avant que Nebou se revête d'un corps : Jésus-Christ viendra recevoir le baptême de Jean, mais il altérera sa doctrine et changera son bap- tême. Après la mort de Jean , douze impos- teurs parcourront le monde pendant trente ans, et une doctrine mensongère paraîtra en ce temps-là parmi les peuples . Le bon génie Anousch surviendra alors , et dévoilera l'im- posture du Messie, qui n'est que l'âme des sept planètes ; il le livrera aux Juifs et cru- cifiera son corps . Ses adorateurs se disperse- ront de côté et d'autre. Pour lui , c'est-à-dire le génie planétaire Nebou, il se cachera dans la montagne de Moura (peut-être de Moria) . Ailleurs, on trouve un long récit du bap- tême que le Manda di hai reçoit de Jean- Baptiste dans le Jour Jain . Une pièce singu- lière contient le récit du voyage d'un génie qui visite tous les lieux où sont détenus les génies rebelles et leurs partisans . Il vient à la prison où est renfermé Jésus , le Messie , avec tous ses sectateurs ; ces âmes malheu- reuses font effort pour boire d'une eau à laquelle leurs lèvres ne peuvent atteindre . Elles se plaignent au Messie du sort mal- heureux qu'elles éprouvent, tandis que , du- rant leur vie, elles ont revêtu ceux qui étaient nus , et exercé toute sorte d'œu- vres de charité. Il y a là un dialogue fort remarquable, où l'on trouve des allusions manifestes à divers passages des Evangiles. Nous les signalerons en leur lieu ainsi que d'autres allusions non moins frappantes à quelques passages des psaumes. Jérusalem est représentée comme un séjour d'abomi- nation et d'erreur ; sa fondation est attri- buée aux sept planètes , qui ont réuni leurs communs efforts pour la produire . Cette union est exprimée allégoriquement par le commerce incestueux des sept génies pla- nétaires avec leur mère , c'est-à-dire avec J'Esprit. Après avoir formé Jérusalem, ils y ont laissé la débauche , la fornication et la corruption, et ils ont dit : « Quiconque ha- Litera Jérusalem, ne prononcera pas le nom de Dieu . » La ruine de Jérusalem est ra- contée dans cette pièce, et il est remarqua- ble que cette destruction a pour signe et (71) On voit évidemment la trace du sacrement de l'extrême onction, du purgatoire. pour cause un aigle blanc qui vient se re- poser sur cette ville : cet aigle est sans doute l'emblème des armées romaines. Nous devons encore faire remarquer une des pièces et qui serait sans doute la plus curieuse et la plus utile de toutes , si on par- venait à la bien comprendre . Elle contient une liste des sectes qui appartiennent à cha- cune des planètes, et présente sur chacune de ces sectes des particularités dont la criti- que peut profiter pour l'histoire des héré- sies. Terminons par quelques observations rela- tives à la morale enseignée dans la terre d'A- dam. Le mariage est fortement recommandé aux mandaïtes , et le célibat inspire beaucoup d'horreur aux auteurs de ce livre , qui , au reste, ne ménagent jamais la pudeur dans les tableaux qu'ils offrent à leurs lecteurs . On leur permet de manger la chair des animaux terrestres, des oiseaux et des pois- sons : Mactate, lavate, expurgate, emundate, coquite, et puris precibus edite. Il est défendu aux maris d'avoir commerce avec leurs femmes le jour où la lune est in- visible et en conjonction avec le soleil , sous peine d'avoir des enfants sourds , lépreux , privés de pieds et de mains . Il est ordonné aux Nazaréens d'oindre , aux approches de la mort , leur corps d'une huile pure ; faute de quoi leurs âmes ne pour- ront pas monter au séjour de la lumière , et seront détenues en prison sous la garde de Fetahil, jusqu'à ce qu'elles aient reçu soixan- te-et-un coups (71). Arrivées au séjour de la lumière , les âmes verront une multitude de vignes, et boiront la liqueur qu'elles pro- duisent . Quant aux pratiques , les Nazaréens doi- vent prier trois fois par jour, après le lever du soleil, à la septième heure, et au coucher du soleil ( 72) ; ils doivent payer une certaine contribution, prêcher la doctrine de la Vie et donner des vêtements aux pauvres. Ils doi- vent encore se réunir dans le temple au le- ver du soleil , le premier jour de la semaine , y faire leurs adorations en observant un or- dre régulier ; y conduire leurs femmes , leurs fils et leurs filles ; faire baptiser leurs enfants dans le Jourdain le premier jour de la sc- maine, les marquer du signe de la Vie ; avoir pitié des pauvres et des indigents ; enfin étendre la connaissance de la religion , et s'instruire réciproquement les uns les au- tres. Il leur est défendu de manger des vian- des préparées pour les sectateurs des fausses religions , ou des victimes immolées en l'hon- neur des sept planètes ; de boire du vin dans une taverne , d'avoir commerce avec une femme le temps de ses purgations . Ils répon- dent des fautes de leurs enfants jusqu'à ce qu ils aient atteint l'âge de quinze ans . En- fin les Nazaréens justes , pieux et fidèles , ne demeureront pas éternellement sur la terre; ils ne seront point jugés comme les autres (72) Allusion à la parole de Jésus - Christ à la cène.

�21 LIVRE D'ADAM. PART. I. -- TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. hommes ; ils ne seront point condamnés et précipités dans la grande mer de Souf(la mer Rouge) où seront jetés et où périront l'Es- prit, le Messie , les douze signes et les sept planètes. Quant aux Nazaréens infidèles , quand leurs âmes se présenteront à la porte du séjour où réside Abatour, la troisième Vie, elles en seront exclues ; elles ne ver- ront pas le séjour de la lumière ; elles seront privées de tous les avantages qui leur avaient été accordés sur la terre et dont elles n'au- ront pas profité ; leur baptême remontera au lieu d'où il était descendu , et se retirera dans le trésor secret de Yourà , le grand tré- sorier ; elles seront précipitées au plus pro- fond du lieu ténébreux . Quant au style du Livre d'Adam , nous devons avouer avec M. Silvestre de Sacy , qu'autant qu'il est permis d'en juger , il n'offre rien de noble, de sublime, de majestueux . Au lieu du parallélisme qui caractérise le style relevé des nations de l'Orient , on ne trouve ici qu'une fastidieuse répétition des mêmes. phrases, ou portion de phrases, répétition qui allonge le discours sans lui prêter ni grâce ni énergie . L'imagination y joue un grand rôle ; mais c'est une imagination dé- sordonnée, dont les tableaux n'ont ni ensem- ble, ni proportions , ni juste distribution des parties, et n'offrent presque toujours que des récits affreux ou dégoûtants. PREMIÈRE PARTIE . CHAPITRE PREMIER. Au nom de la Vie, souveraine , merveil- leuse , excellente , qui est au-dessus de tous les Eons . Que la santé, la pureté et la rémis- sion des péchés soient accordées , je vous à moi Adam-Zouhroux-bar (73) Scharat , à mon père labia -baktiar-bar-Anhar- lasmin, à ma mère Scharat-fat (74) Anhar, à ma femme Moudalal-fat- Scharat, à ma seconde femme Samrat-fat-Scharat, à mes enfants Adam, Beh- ram , Semat-Adam-Zouhron , Sam et Baïam, fils de mon épouse Mudalal , à mes frères Mebatam - bar- Scharat , Ram-bar- Anbar et Adam-Jouhanna-bar-Anhar- Iasmin . Que l'E- vangéliste de la Vie ( 75) ouvre à ces noms la maison du trésor (76) , et qu'en annonçant aux hommes la bonne doctrine, il vienne en aide à ceux qui , meitant leur confiance dans le nom de la Vie , auront sur la terre observé ses commandements, et mérité par là de voir consacrer à jamais leur mémoire . Que tous ses disciples donc, que les mandaïtes sur- tout, qui, instruits déjà de ses préceptes, ont été dociles observateurs des paroles de la Vie, de la Vie première (77) , demandent pardon de leurs fautes . Car ce n'est qu'avec un cœur pur que l'on peut vous honorer , ô mon Dieu, vous qui êtes le Seigneur et mat- tre de toutes les créatures . On doit , sans doute, vous adorer à genoux ; on doit chan- ter haut vos louanges , mais votre culte, ô Dieu , grand et suprême, est avant tout un culte en esprit et en vérité . Oui, il est digne de tout honneur le sou- verain roi de la lumière, le Dieu de vérité, le Dieu tout- puissant et infini . Splendeur vive, lumière éclatante, qui ne connaît point de (73) C'est-à-dire fils de. (74) C'est- à-dire fille de. (75) Plus bas, p. 31 ; ailleurs : l'Apôtre de la Vie. (76) C'est à-dire le temple de mémoire. déclin. Il est clément, propice, bienveillant , miséricordieux ; il est le défenseur des fidè- les, le protecteur de tous les bons ; il est ma- gnifique et sage ; il sait, voit , juge et gou- vernetoutes choses ; c'est le Seigneur de toutes les créatures de la lumière , supérieures , jestueux que son visage, mais rien de plus difficile à dépeindre, car son auréole n'a point de semblable, et sa puissance est sans égale. Qui espère en lui ne sera point con- fondu (78) ; qui célèbre sincèrement son nom , ne tombera pas, et qui place en lui sa con- fiance, n'agit point en insensé . C'est le Sei- gneur, le Roi des rois ; il n'est pas comme s'il n'avait pas encore été, et il ne sera point comme s'il devait ne plus être. Si sa forme est incomparable, elle est aussi immuable. La lumière dont il brille, qui n'est que son reflet, ne pâlirajamais . Cette lumière rayonne autour de lui , et sa splendeur est encore re- levée par l'éclat de toutes les créatures et des rois qui, devant lui , s'illuminent tant de leur propre splendeur, que de cette éclatante lu- mière d'emprunt qui les pénètre . Il a bâti un temple de prières et et d'actions de grâces pour ceux dont le cœur l'aime , et qui , bercés sur des nuages lumineux, l'adorent , le célèbrent, le confessent et l'implorent comme le Sei- gneur de toute grandeur, comme le souve- rain roi de la lumière. Il n'est point de me- sure, il n'est point de nombre, il n'est point de borne à sa splendeur, à sa lumière , à sa majesté. Il est toute splendeur, toute lumiè- re, toute beauté, toute vie, toute justice, toute miséricorde , toute clémence , toute bonté, tout yeux, tout regard, toute figure d'une parfaite beauté, tout jugement, con- (77) Distincte de la deuxième Vie. (78) In te , Domine, speravi non confundar in æternum.(Psal. xxx , 1.)

�23 24 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . naissance et manifestation ; il est enfin toute majesté et en mérite tous les noms. Dieu très-grand, Dieu suprême, dont per- sonne ne saurait surpasser ni définir la puis- sance , et dont la force est telle, que la force de toutes les créatures ne lui pourrait résister. Roi suprême de toute lumière , à qui soit toute bénédiction ; il est de toute éternité et sera dans les siècles des siècles ; créa- teur de toutes choses, il a façonné les plus belles ; mais il a retenu en lui sa sagesse, s'est voilé dans ses œuvres , et ne s'y est pas manifesté. Roi suprême de lumière , Sei- gneur de toutes les créatures, de la lumière plus auguste que tous les génies , Dieu , à tout supérieur , roi des rois , seigneur sou- verain de tous les souverains , splendeur im- muable, lumière sans déclin, beauté parfaite et sans fin , vivant au-dessus de tout vivant, splendeur au-dessus de toute splendeur, Jumière au-dessus de toute lumière, sans dé- faut et sans tache, lumière qui ne connaît pas d'ombre, vie qui n'a rien de mortel, bonté qui n'a rien de mauvais , mansué- tude qui n'a ni colère ni obstination , douceur , qui n'a ni fiel ni amertune . Son trône est au-dessus de l'aquilon ; du haut de sa gloire , il commande. Source de tout ce qui luit, père de tous les génies , il bénit toutes les créatures , et habite au milieu des pacifiques , des justes et des fidèles , dont les noms sont écrits sur ses lèvres. Roi de la cité de Vie , il transmet ses ordres par générations. Et comme son royaume est stable , ainsi sa splendeur est éclatante et il- lustre, et nul ne peut lui assigner un terme, une mesure ou un nombre . Exempt d'im- perfection , il est à lui-même sa joie, et la joje de tout son royaume en lui . Sa forme est belle et aucune beauté ne saurait lui être comparée. Il est la vérité , qui habite au dernier degré de la hauteur ; il est le Dieu de toute grandeur, le Seigneur de toute majesté ; il n'est pas de mortel qui puisse décrire et raconter sa puissance, qui sache dire quel sanctuaire habitent ses créatures, (79), dans quel lieu résident les génies et les rois . C'est le roi suprême de lumière , stable sur son trône, plus supérieur à toutes les créatures, que la terre. ne l'est à ses habi- tants , plus élevé au - dessus de toutes choses que le ciel ne l'est au-dessus des montagnes, que le soleil ne l'est auprès d'une lampe, plus beau enfin que la lune ne l'est par rap- port aux étoiles ; qui pourrait en fixer les limites, n'aurait plus rien à redouter (80). L'auréole qui le couronne est magnifique , sa puissance et sa grandeur infinies , et l'une et l'autre ne connaissent point de bor- nes. Sa couronne projette en tout lieu des étincelles ; et des éclairs de splendeur , de Jumière et de gloire , jaillissent de sa face et (79) Ses élus ? (80) Parce qu'il serait l'égal de Dieu qui, seul, peut se connaître parfaitement. (81 ) On ne saurait douter que par la Vie il ne faille entendre le Verbe, Jésus-Christ, qui a dit si souvent Ego sum Vita. ( Joan . x1, 25. ) Les génies sont sans doute les archanges, les chérubins et les au travers des folioles de sa couronne . Tous les génies , les rois et les créatures, assidus à la prière et aux hymnes de louange , célè- brent le souverain Roi de la lumière , d'où s'échappent cinq rayons magnifiques et in- signes le premier est une lumière qui les éclaire ; le second un souffle suave qui les rafraîchit ; le troisième une voix douce , qui réjouit ; le quatrième une parole qui les encourage et les excite à la piété; le cin- quième enfin , est un élément des formes de chacun , qui les fait croître, comme les fruits aux rayons du soleil. Cependant tous les génies élevant la voix, célèbrent ainsi le souverain Roi de la lumière : Qui te célébrera ? qui te ma- gnifiera ? qui te bénira ? qui t'honorera ? Qui te louera d'une manière digne de toi ? car la louange digne de toi serait une louange infinie : qui infinie qui te bénira d'une manière digne de toi ? car la bénédiction digne de toi serait une bénédiction infinie ; qui te magnifiera d'une manière digne de ta gran- deur ? car ta grandeur est immense. Qui t'exaltera d'une manière digne de ta pro- fondeur ? car ta profondeur est incompara- ble? Qui parlera dignement de ta puissance , de ta splendeur et de ta lumière ? car ta splendeur est trop éclatante, pour que le langage la puisse envelopper, et ta lumière est trop intense pour que la parole la puissa exposer. La miséricorde , la bonté et la ma- gnificence du Roi suprême de lumière ,tous ces attributs qui viennent de lui et par les- quels il se manifeste , ne sauraient être ex- pliqués, et personne ne les connaftet ne les apprécie , si ce n'est la Vie qui est en toi et les génies et les messagers qui t'environ- nent ( 81 ) . Toutes les créatures ignorent jusqu'à ton nom. Les rois de la lumière s'interrogent entre eux et se disent : quel est donc le nom de la grande lumière ? et ils se répondent : elle n'a point de nom. Si donc il n'a point de nom, personne ne peut invo- quer son nom, ni chercher à pénétrer , son essence. Mais bienheureux lespacifiques dont le cœur pur te connaît , dont l'âme juste te médite , dont tout l'amour repose en toi, dont la bouche te bénit en chantant tes louanges , dont la langue innocente te célè- bre, et qui pleins de foi en toi s'écrient dans le langage des fidèles il n'y a qu'un seul Roi de lumière dans son royaume ; personne n'est plus grand ; personne qui puisse lutter avec lui , personne qui reflète seule- ment son image, personne entin dont les yeux puissent envisager la couronne qui brille sur sa tête . C'est le Roi suprême de la lumière ; sa couronne ne se fanera jamais . C'est un mont sublime, qu'aucune tempête ne saurait ébranler . Ses vêtements sont d'une beauté toujours nouvelle (82) . Que messagers , les anges dont Dieu se sert pour inani- fester ses volontés . Comparez encore avec ce pas- sage la parole de Jésus-Christ : Nemo novit Patrem , nisi Filius , et cui Filius voluerit revelare. ( Luc. 8, 22.) (82) Beauté nouvelle et ancienne.

�25 26 PART. I. - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT.- LIVRE D'ADAM les fils des hommes ne disent pas : Faisons des couronnes pour le Seigneur ! eux qui ne pourraient seulement pas faire un vêle- ment pour le creux de sa main . Son vête- ment ne vieillit pas , son tissu ne craint pas les vers (83) , pas plus que le soleil qui res- plendit devant lui, ne connait de déclin . Aussi les fondements de sa cité ne seront pas abattus ; les couronnes ne seront point ébranlées de son front et aucune de leurs folioles ne sera dispersées . Mais un souf- fle léger se joue à travers les folioles de la couronne dont son front est orné, et se ré- pand de là sur tous les génies empressés à exécuter ses ordres. Célébrons donc ce Souverain , le plus puissant de tous les dieux; toutes les générations ont commencé, lui seul est le Roi éternel . Son nom est in- compréhensible à notre bouche ; son essen- ce à nos lèvres . Juge de la conscience , il a horreur du mensonge . Son trône est stable , comme le trône du Très-Grand et du Très - Haut ; il est immua- ble dans les siècles des siècles . Ce ne sont point de vulgaires sculpteurs qui ont façonné ce trône ; son trône et son palais ne sont point l'œuvre des potiers ni des architectes; Roi éternel, son règne durera autant que les siècles. La peur n'émeut point ses entrailles et au jour où les fils de l'abîme , en révolte , s'agitent autour de lui, ni la crainte , ni l'anxiété ne pénètrent jusqu'à son cœur. Il n'est sujet ni au trouble , ni à la colère . Roi de la lumière, sa couronne est éternelle et son royaume sans fin. Cest le Roi inamovi- ble de cette belle cité qu'entourent de hauts murs de diamants, plus grand que tous les grands, plus noble que les génies, plus im- posant que les messagers célestes , plus Souverain que tous les souverains de la terre. Il se réjouit et sa joie produit celle de sa cité et de tout son royaume. Il n'a ni père qui soit né avant lui, ni aîné qui le surpasse en âge, ni frère qui soit son co- héritier, ni jumeau qui soit son égal. Dans sa cité point de discorde, point de dissen- sion. On n'y voit ni bouchers, ni gens qui se gorgent de viandes jusqu'à satiété ou qui boivent le vin de la débauche ou qui chan- tent les chants de la luxure . Le vêtement qui l'environne ne se salira point : la cou- ronne de sa tête ne sera point ébranlée , et ses folioles ne tomberont jamais . Loin de lui que sa demeure soit troublée par les sanglots ou les gémissements des femmes : on n'y rencontre point de cadavre voué à la dissolution et la mort ne souille pas son empire ; on n'y voit point de guer- re, que son intervention n'apaise aussi- tôt , point de guerre , qu'un plus fort oserait lui déclarer. Roi de lumière , il met sa joie dans les enfants de la lumiè- re ; il en appelle un seul , mille se présen- tent soudain. Il a établi les génies , et de sa propre bouche il leur propose des récom- (83) Velamen. (84) Rapprochez de ce passage ces paroles de l'Ecriture : Dulciter, fortiter attingit omnia . (Sap. VUI, 1.) penses. Roi des géniés et des majestés, por- tant au front une grande couronne, il'do- mine sur tous les êtres par sa douceur et par sa force (84). A toi donc bénédictions et louanges dans le temps et dans l'éternité. Ta puis- sance est plus grande que celle de tous les rois du ténébreux empire . Le lieu que tu habites , est lumière et beauté ; belle et magnifique est la région où tu résides . Sois béni dans l'assemblée des bons au mi- lieu desquels tu demeureş , dans l'asile de toute bénédiction qui fait ta joie . Tu étais avant la première aurore, et tu seras dans les siècles des siècles. Le Roi de la lumière a parlé une pa- role puissante et énergique : Sortez, rois des lumières ( 85) , sortez de la splendeur sans tache , de la lumière incréée , qui n'aura point de déclin ; soyez créés , in- stitués , établis, rois des cantiques : votre nombre n'aura point de bornes, votre exis- tence n'aura point de fin . Que tous chantent des hymnes, des louanges au souverain roi de la lumière, dont la splendeur est trop immense pour qu'une bouche de chair ou de sang la puisse célébrer , dont la clarté est trop vive, pour que des lèvres mortelles la puissent exalter. Sa splendeur éclate , sa lumière s'épa- nouit surtoutes ses créatures ; gracieux et res- plendissant est le firmament qu'elles habitent. Ce firmament ne verra point de fin pas plus que le monde , dans lequel il réside , ce monde de splendeur et de lumière, qui n'a point de ténèbres ; ce monde de mansuétude, qui n'a point de révolte ; ce monde de justice , qui n'a ni querelles ni coups ; ce monde de parfums, qui n'a aucune odeur désagréable ; ce monde de vie éternelle qui n'a ni ruine ni mortalité ; ce monde d'eau vive , dont l'as- piration fait tressaillir les rois ; ce monde de' bonté, qui n'a point de malice ; ce monde de vérité et de foi, qui n'a ni mensonge ni fraude; ce monde de pureté, qu'aucun mau- vais mélange n'accompagne . Les anges radieux célèbrent le souverain roi de la lumière dans la splendeur et la lu- mière qu'il leur a données ; les anges radieux le célèbrent avec les vêtements de splendeur qu'il leur a donnés ; les anges radieux le cé- lèbrent avec l'enveloppe de splendeur et de lumière qu'il leur a donnée ; les anges radieux le célèbrent avec la ceinture de splendeur qu'il leur a donnée ; les anges radieux le célèbrent avec les couronnes distribuées ; de splendeur qu'il leur a les anges radieux le célèbrent par la force et la vérité qu'il leur a données ; les anges radieux le célèbrent par la justice et la doc- trine de la foi qu'il leur a données . Tous sont débonnaires, sages et doux, exempts de ma- lice, de mensonge et de fraude ; revêtus d'habits splendides, enveloppés de lumière, ils demeurent et reposent les uns chez les autres, et cependant ni nejaillissant les uns (85) Les rois inférieurs qui forment sa cour, ce sont les anges, sans doute, que le (submm) prophète Isaïe ne craint pas d'appeler les Trônes, les Do minations...

�27 28 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. • contre les autres, ni ne péchant mutuelle- inent, brillant dans leurs firmaments, cha- cun d'un éclat particulier, se manifestant les uns aux autres leur science (savoir) : que Dieu est le premier et le dernier (l'alpha et l'omé- ga ) , se comprenant mutuellement ( raur- rents) , et, fussent -ils éloigués les uns des autres d'un million de parasanges , bril- lant néanmoins de leur éclat mutuel , exha- lant leur odeur mutuelle , déroulant mutuel- lement la vérité, et se communiquant mu- tuellement leurs sentiments. Ils ne connais- sent point la corruption de la mort ; la mort et la destruction n'ont aucun empire sur eux. Ils ne vieillissent point ; leur force ne s'af- faiblit pas, ils ne sont soumis à aucune dou- leur, à aucun fléau . Leurs vêtements ne sau- raient se salir, leurs voiles se ternir , leur couronne se fondre ou se faner ; pas plus que leurs folioles ne sauraient s'en détacher. Leur nombre est irrévocable ; vivauts et établis à jamais dans leur demeure , ils ne sont livrés ni au vague ni à l'incertitude . Aucun d'eux n'est courbé par l'âge , ni accablé par la vieil- lesse, ni échappé avorton du sein de sa mère. Comme dans leur cité on ne juge point de procès, il n'y a parmi eux aucune dispute . Ils n'éprouvent ní la faim ni la soif; et sont aussi insensibles au froid et à la cha- leur, qu'aux mouvements de la malice et de la colère . Il n'y a point de guerre parmi eux; il n'y a aussi point d'esclavage. Sur leur firmament, aucune bête féroce ne met jamais le pied ; il ne s'y glisse aucun reptile aux instincts malfaisants. Point d'arbuste qui ait aucune maligne influence ; point de fruit qui ait un goûtamer. Les arbres ne se des- sèchent, ne se flétrissent point, et les feuilles n'en tombent jamais . Ces beaux lieux ne connaissent ni la corruption , ni ses suites funestes. Ceux qui les commandent , ne sont point durs et sans pitié ; ils n'envahissent point leurs demeures pour y exercer leurs brigandages impies. Leur territoire est élevé et bien exposé ; il est orné de magni- fiques édifices ; les mers qui le baignent sont calmes et tranquilles . Aucun pirate ne s'y rencontre. Des fleuves (86-87) et des créatures de la lumière coulent des eaux fraîches, lim- pides, abondantes , et plus blanches que le lait, et d'un arome qui surpasse l'arome for- tifiant des vins les plus exquis . Les génies et les rois qui en boivent, ne goûteront point la saveur de la mort (88) . Aucun jour malheureux , affligeant et pénible , ne se lève pour eux ; aucune tristesse ne pèse sur leur ame ; leurs années sont innombrables ; leur existence sans mesure . Tous tressail- lent de joie, et leur joie est immense ; ils trouvent en peu le nécessaire et le super- (86-87) Il y a dans le texte : les Jourdains, et c'est ainsi que l'ont entendu Norberg et M. de Sacy. Ce mot revient plus de soixante-quinze fois dans le Li- vre d'Adam, et nulle part nous ne pensons qu'on lui doive conserver son sens propre. Outre que ce sens rend les passages où ce mot se rencontre à peu près inintelligibles, il est contraire, ce semble, a l'étymologie rigoureuse. En nébreu, en arabe, en syriaque, en persan, en éthiopien, la racine 779 si- flu, et parcourent, en voltigeant , les ré- gions aériennes , resplendissantes, enflam- mées, exemptes de ténèbres, qui ont élé créées pour eux. Créatures de la lumière, ennoblis de ses rayons, ils embrassent les Firmaments, les Habitacles, les Jourdains, les Arbustes, les Génies et les Rois ; c'est en eux que résident la splendeur, la lumière et la beauté ; et tout distincts qu'ils sont, ils n'ont point de limite qui les sépare. Belles et brillantes sont leurs formes ; gracieux et pur comme le cristal apparaît leur visage . De jour en jour ils se sentent pénétrés et fortifiés par la force, la voix, la parole et l'innocence même du Roi de toutes les créatures de la lumière. Tous persévèrent dans la prière et les can- tiques ; tous étudient les choses divines et les admirent ; tous méditent la doctrine sa- crée, et s'en servent pour célébrer le Roi très-haut de la lumière. Ce sont des rois, mais des rois créés par le Roi , leur Sei- gneur. Ils exhalent une odeur suave, un cer- tainparfum de gaieté divine , qu'aucune odeur, qu'aucun parfum terrestre ne saurait éga- ler. Ils profitent tous de leur bonheur com- mun, comme les nuages, comme les arbres et les fruits de la terre ; leur extérieur est admirable , leurs formes d'une beauté lumi- neuse; tous plus remarquables les uns que les autres, tous plus illustres Béni soit donc le Roi très-haut de la lu- mière, et que son nom soit célébré dans les siècles des siècles . Car c'est par le Roi de la lumière qu'ont été créés les Génies , les Rois, les Messagers , les Personnes , les Formes, les Firmaments, les Habitacles, les Terres, les Edifices, les Jourdains, les Arbres et la splendeur qu'ils habitent . C'est lui qui a évoqué les Génies et les Rois ; qui a fait jaillir les fleuves et semé les arbres de la terre ; qui de splendeur et de lumière a for- mé leurs vêtements, leurs enveloppes et leurs couronnes ; rien ne leur manque , rien ne leur fait faute . Ce lieu -là, c'est le lieu de la vie , de lajustice, du rafraîchissement, de lavérité, de lapaix et delafoi;il est ou- vert à tout homme qui met en lui son esprit et sa confiance . Le Roi se réjouit des fils de la lumière , et ceux-ci à leur tour mettent leur gloire en lui ; car il leur a été donné des palais et des demeures splendides, dont les murs sont vérité et beauté, dont la splendeur est plus vive que la splendeur du soleil et de la lune, dont la beauté est plus élégante que la beauté de ce monde . Car la splen- deur de ce monde n'est pas sans mélange ; mais celle-là est toute beauté, elle n'a pas de tache. Son apparence , qui est la splen- deur de ce monde, est splendide comme les gnifie descendre, reculer, couler, s'écouler, et le mot qui nous occupe cours, fleuve, rivière, et ensuite lac, mer. Ce n'est donc que par antiphrase que les Hé- breux ont appliqué ce nom au plus grand fleuve de la Palestine . Job (xL , 23) le prend même dans son sens naturel de grand fleuve. (88) Ces façons de parler se rencontrent fréquem- ment dans les poëtes orientaux .

�25 60 PART. 1 . TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. - LIVRE D'ADAM. ― perles et les pierres précieuses . Ce qui leur sert de terre ne s'appuie point sur des pð- les ; leur firmanent ne tourne point sur des roues; les sept planètes ne les coupent pas ; ni les cinq Hyades , ni les douze signes du Zodiaque n'ont aucune influence sur eux. Point de poussière sur leurs routes, point de boue dans leurs Jourdains . Ils sont aussi rapides dans leur marche que la pensée de l'homme, qui, quoique privée de pieds, ne s'en transporte pas moins en un instant dans le lieu qu'elle désire. Leur démarche est prompte, mais douce comme les rayons du soleil qui éclairent les fils d'Adam , et qui, du ciel, atteignent la terre. Ils s'élancént, ils se précipitent les uns vers les autres ; mais, riches des mêmes dons , ils ne faillis- sent point comme la splendeur du soleil, le vent, le feu et l'eau de ce monde . Ce qui leur sert de nourriture est tiré des trésors du Jourdain et des fruits de ses arbres . Leur pureté est complète et sans borne : il n'est donné à personne de célébrer leur vertu . Voici seulement ce qu'il est possible de dire Un corps sujet à la corruption , une langue stérile devrait- elle te célébrer ? Quand nous aurions une bouche comme la mer, une langue comme les rochers qui hé- rissent ses bords , des lèvres comme ses doubles rivages qui l'enserrent , nous ne pourrions pas encore ni te définir , ni te louer ; et, quelle que soit enfin la sainteté de tes créatures, elle ne pourrait encore , ô Seigneur, manifester la tienne . Heureux qui te connaît et qui conforme ses paroles à cette connaissance ! Heureux qui t'aime et qui te présente à l'amour des autres hom- mes ! Heureux qui met vraiment en toi son espérance et qui incline les autres à avoir la même confiance ! Heureux qui se ren- ferme dans le principe de la sagesse et se dégage de l'erreur et de la confusion de ce monde ! Heureux les pacifiques , les justes et les fidèles qui te conraissent et qui t'ai- ment ils monteront sans obstacle au lieu où se trouve la lumière . Bénédictions et louanges soient à toi, ô mon Seigneur, Roi suprême de la terre , aujourd'hui et dans les siècles des siècles . Par ta parole a été fait tout ce qui est. Un génie a été appelé et député par le Seigneur très-haut c'est . Ebel Zivo , nom- mé encore l'ange Gabriel. Tel a été, en ef- fet, le bon plaisir du Roi très - haut de la lumière ; du milieu de la splendeur lumi- neuse dans laquelle il réside , il m'a ap- pelé, moi , Ebel Zivo , et , de cet asile impé nétrable où le Dieu suprême demeure : Va , m'a-t-il dit , dans le monde de ténèbres, où tout est mauvais, où tout est la proie d'un feu qui dévore ; dans ce monde plein de mensonge et de fraude , couvert de ronces et d'épines ; dans ce monde de désordre et de confusion , où la droiture est inconnue ; dans ce monde de ténèbres qui n'a point de lumière ; dans ce monde de pestilence , qu'aucun parfum ne récrée ; dans ce monde de persécution et de mort , où la Vie éter- nelle n'est jamais apparue, dont les bonnes œuvres sont stériles , dont les bons conseils sont frappés d'imperfection . Va , a-t- il ajouté, dompte les ténèbres et sonde leurs mystères . Forme , condense une terre, dé- roule un firmament, fixe-y au milieu des étoiles , donne au soleil sa splendeur, à la lune sa pâle beauté, à tous les astres leur éclat ; communique à l'eau sa saveur, au feu sa clarté , fais naître , pour embellir ce monde , les plantes et les arbres . Crée les animaux, les bêtes, les poissons, les vola- tiles de toute espèce , måles et femelles, et qu'ils servent à l'usage d'Adam et de toute sa race . Crée un homme et une femme , et qu'ils s'appellent Adam et Eve : à Adam, les anges du feu seront dociles . Quiconque n'obéira point à ta parole sera précipité dans un feu ardent . Qu'il y ait trois anges de splendeur, de lumière et de clarté, sou- mis, inférieurs à Adam. Qu'il y ait des eaux vives ; que dans ces eaux se creusent des abîmes, et que leur influence vitale anime toute cette nature . Qu'il y ait quatre vents pour ce monde, et de l'air dans lequel ils s'agitent. Qu'il y ait un feu qui pétille dans ce monde ; que tout ce monde, enfin , s'illumine à ta voix . Le Roi Très-Haut de la lumière a dit , et à sa parole tout ce qui est a été fait. L'ange Gabriel est venu ; il a élevé et étendu le ciel ; il a condensé et façonné l'orbe terrestre et c'est ainsi que, par la vertu du Roi très -haut de la lumière , le monde entier a été fait ; c'est ainsi que l'homme Adam et qu'Eve , son épouse , ont été formés, et qu'une âme est venue ani- mer leur corps . Par le germe de cette âme ,' l'homme a eu tout à coup sagesse et dis- cernement . Cependant, les anges du feu s'approchèrent humblement d'Adam pour le servir et exécuter à tout jamais ses ordres . Un seul, l'ange mauvais, qui a produit le mal, fut indocile aux volontés du Seigneur ; pour le punir, le Seigneur l'enchaîna (89) . Pour moi , je suis un ange pur ; le Seigneur m'a appelé et m'a dit : Va, assemble Adam , Eve, son épouse , et toute leur race ; que ta voix les attire ; alors donne à l'homme des instructions sur toutes choses, sur le Roi très-haut de lumière , dont la toute-puis- sance est infinie ; sur les créatures de la lu- mière, qui ne doivent jamais périr ; ap- prends- lui que son cœur doit s'épanouir, que son intelligence doit s'illuminer, et ainsi que les deux anges qui l'accompagnent, conversent familièrement avec lui . Avertis Adam, Eve, son épouse , et tous leurs des- cendants , de se tenir en garde contre les pié- ges du Mauvais et de Satan, l'esprit du mal. Enseigne - leur des prières et des cantiques , et que trois fois le jour, et deux fois la nuit, ils rendent hommage au Seigneur de toutes les créatures . Dis -leur : Prenez une épouse , propagez votre race , que le monde (89) L'idée du dragon enchatné se retrouve partout dans les théosophies des premiers siècles de l'Eglise, meme dans l'Apocalypse . (xx, 2, 3. )

�31 32 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. soit perpétué par vous . Quand vous vous approcherez de vos femmes, vous prendrez de l'eau et vous vous purifierez avant tout. Vous ne commettrez point d'adultères (scortum), ni de vols ; vous ne tuerez point les hommes pacifiques et fidèles . Ne détour- nez point votre discours, et que le mensonge et la fraude n'aient aucun charme pour vous . Ne désirez ni l'or, ni l'argent, ni les richesses de ce monde, car ce monde périra ainsi que ses richesses, et tout ce qui lui appartient. Vous n'adorerez point Satan, les idoles , les simulacres, ni rien en ce monde qui pourrait ou vous induire en erreur, ou jeter le trouble en votre âme. Qui ado- rera Satan, tombera dans un feu dévorant, et y restera jusqu'au jour du jugement, jus- qu'au jour où luira la Rédemption du nonde, alors que, suivant son bon plai- sir, le Roi Très-Haut de la lumière dres- sera son tribunal , et rendra à toutes les créatures selon les œuvres de leurs mains . Satan, et ne rendez aucun faux témoigna- ge ; mais quand vous aurez à prononcer unjugement , prononcez- le selon la droiture, l'équité, sans jamais la violer, et n'appelez pas d'autres témoins que ceux qui sont dis- posés à rendre témoignage à la vérité . Celui qui faussera son jugement, sera dévoré par le feu. Ne livrez point les bons serviteurs en la puissance des mauvais maîtres , ni le fai- ble entre les mains du puissant . Honorez vos père et mère , et ne respectez pas moins vos aînés que votre père . Le fils qui aura méprisé son père ou sa mère sera condamné au jour du jugement. N'attendez , ne dési- rez, ne cherchez point ce qui n'est pas à vous ; mais espérez que votre Seigneur vous donnera ce que vous pourrez juste- ment réclamer, car tout dépend de sa vo- lonté et de son bon plaisir. Quidquid boni jussit, vobis etiam rependet. Mais s'il vous arrive quelque mal , supportez-le avec pa- tience , constants dans votre foi, fidèles à vos croyances ; ne fléchissez point le genou , ne courbez point vos têtes, ne vous proster- nez point devant Satan , le maudit, l'apos- tat ; mais jugez celui qui adore les mauvais génies, les idoles et les images , et n'en faites jamais votre ami . Que si cependant vous tenez à avoir commerce avec lui , faites en sorte qu'il connaisse les saintes Ecritu- res, les maximes et les cérémonies que vo- tre Seigneur vous a enseignées . Si , do- cile à votre parole , il croit et rend témoi- gnage au Roi très-haut de la lumière , au Dieu qui existe par lui -même , faites - en votre compagnon et votre ami, et offrez-lui avec bonté tout ce qui sera en votre pouvoir . Que si , au contraire. il reste sourd à votre voix, et refuse de croire et de rendre ce témoigna- ge, il sera condamné pour ses péchés . Quand vous voyez un homme fidèle et juste dans l'esclavage , délivrez - le . Ne vous bornez pas à lui donner l'or ou l'argent qui est le prix de sa rançon, mais ajoutez - y des paroles de vérité et de foi , qui sortent d'un cœur pur, afin qu'il revienne des ténèbres à la lumiè- re, de l'erreur à la vérité, de la révolte et de l'apostasie à la soumission et à la recon- naissance , de l'infidélité à la foi de votre Seigneur. Celui qui aura fait ainsi se rendra digne des générations et des siècles. Voici mes paroles , o mes élus, o mes fidè- les, voici mes commandements , faites du bien à l'indigent et à l'affligé ; secourez -le . Quand vous ferez un don, o mes élus , n'en cherchez point de témoins ; car si vous en cherchez , il ne vous sera plus compté pour une bonne œuvre . Que votre main gauche ignore donc ce que donne votre main droite; et que celle-ci ne s'aperçoive pas des dons que fait votre main gauche . Celui qui prend des témoins de ce qu'il donne ne recevra point la récompense ; celui qui fait du bien sans y être obligé, qui renonce ensuite à cette pratique généreuse , celui-là tombera dans le feu ardent et y restera jusqu'a ce que, purifié de sa faute, il en ait obtenu l'abso- lution. Donnez, ô mes élus , donnez à man- ger à celui qui a faim, donnez à boire à qui a soif; habillez de vos propres vêtements ce- lui qui est nu . Car qui donnera recevra, et qui prêtera une chose en gage ( à intérêt ) la perdra. Celui qui fera du bien se fera du bien à lui - même ; celui qui revêtira l'indi- gent se donnera à lui-même un vêtement ; celui qui rachètera un captif aura pour guide l'Apôtre de la Vie . Celui qui agira avec in- telligence et discernement se préparera des hôtes. Celui qui lira les paroles de la Vie verra sa demeure affermie. Celui qui aura mis du zèle à célébrer mes louanges, les gé- nies exalteront chaque jour son nom au sanctuaire de la lumière (illuminatus ). Qui- conque se sera inspiré de mes paroles , sera compté dans le sanctuaire de la lumière au nombre des génies. Celui qui, s'éloignant de toute occasion de mal faire, se sera con- servé pur de tout péché, montera à ce sanc- tuaire , où la lumière lui sera révélée . Celui qui, pour l'amour de Dieu , aura sacrifié son corps, sera innocent et sans tache. Voici mes paroles , ô mes élus , o mes fidè- les , observez mes commandements : obser- vez le grand jeûne , ce jeûne qui ne regarde ni le boire ni le manger de ce monde . Que vos yeux s'abstiennent de tout regard lascif, de peur qu'y donnant votre sentiment, vous ne commettiez une chose mauvaise. Que vos oreilles s'abstiennent d'écouter aux portes qui ne sont point les vôtres. Que vos bou- ches s'abstiennent du mensonge; prenez garde d'aimer l'iniquité, la fraude et la per- tidie. Que votre cœur s'abstienne de mau- vaises pensées ; qu'il craigne de se livrer à l'envie , à la haine , ou à l'amour des dis- putes ; car l'envieux ne mérite pas le nom de pacifique . Que vos mains s'abstiennent de tout homicide ; gardez - vous de commettre aucun vol . Que vos corps s'abstiennent de la femme qui n'est pas votre propre épouse . Que vos genoux s'abstiennent de se plier de- vant Satan ne vous prosternez point de- vant de stériles images. Que vos pieds s'ab- stiennent de vous conduire par le sentier

�33 34 PART. I. - - LIVRE D'ADAM. TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. de la ruse vers l'objet qui ne vous appar- tient pas. Et voilà le grand jeune que vous devez célébrer, observer, jusqu'à ce que vous ayez dépouillé votre enveloppe corpo- relle . Celui qui aura péché dans sa jeunesse , mais qui ensuite fera pénitence et ne retom- bera plus dans sa faute , celui- là trouvera pour lui le Seigneur favorable. Car le Roi très -haut de la lumière est clément, propice et miséricordieux . H remet tous les péchés ; mais celui que la soif de l'or, de l'argent, des richesses de ce monde aura poussé jusqu'à commettre l'homicide, tombera dans le feu ardent et enflammé. Ne mettez point votre confiance, o mes élus, ni dans les rois, ni dans les empereurs , ni dans les tyrans de ce monde; ne la mettez point dans la puis- sance, les armes, les combats, les cohortes, les armées, qui font des captifs en ce monde; ne la mettez pas enfin dans l'or et l'argent , ces causes des discordes et des troubles de ce monde. Car ceux qui auront recherché toutes ces choses seront dévorés par les flam- mes ; ils allument des charbons de leurs propres mains, et leurs lèvres soufflent l'in- cendie. Leur sceptre sera brisé, leur puis- sance anéantie; leur munificence s'évanoui- ra; l'or et l'argent qu'ils auront amassé s'en ira en fumée, ettoutes leurs richesses ne leur seront d'aucun secours, d'aucune expiation . Leur royaume sera la proie des flammes : une accusation capitale leur sera intentée. Or à vous tous qui écoutez la parole de Dieu, voici ce que je dis que vous soyez debout ou assis , que vous sortiez ou ren- triez, que vous mangiez ou buviez , que vous dormiez ou reposiez , dans toutes vos actions, pensez à célébrer le nom du Roi très-haut de la lumière , et accourez au Jour- dain recevoir le baptême. Recevez -y ce bap- tême de vie que je vous ai apporté des lieux de la lumière , dont sont baptisés tous les pacifiques et les fidèles, et bénissez le mur- mure efficace de ses eaux, et, mangeant on buvant, célébrez cette onde jaillissante, qui Vous lave de tous vos péchés . Celui qui , marqué du sceau de la vie, gardera le sou- venir des bienfaits du Roi de la lumière , qui restera fidèle à son haptême, se livrera à la pratique des bonnes œuvres, celui -là ne connaîtra aucun obstacle dans sa route. Ne mangez point le sang d'un animal mort ou blessé, ou qui sera sur le point d'avoir des petits, ou qu'une bête aura saisi pour le dévorer, mais frappez avec le fer celui que vous destinerez à votre nourriture , el après l'avoir purifié, lavé, préparé , fait cuire , angez- le . Ne mangez la chair, ni ne buvez le sang des animaux qui servent de signes (90) Proprement , les douze étoiles ou signes du zodiaque. (91 ) Et que l'union des poissons soit le modèle de la vôtre. Voy. plus bas. (92) Frères de la chair, frères de la justice, équi- valents poétiques des enfants de la chair et du sang, enfants de la justice, que l'on rencontre dans les Ecritures canoniques. (92 ) Les anciens avaient coutume , après avoir DICTIONN . PES APOCRYPHES . 1. dans le ciel (90) ; car ils sont immondes et impurs. Quant à vous, hommes qui cherchez une épouse, aimez et soutenez celle que vous aurez choisie. Que votre amour, que votre prévoyance la dirige et la suive comise l'ail suit et dirige le pied . Transportez- vous à la grande mer d'Erythrée ( 91 ) , car les frères de la chair périront , mais les frères de la justice ( 92) ne seront point ébranlés . Soyez donc les frères de la justice ; que vo- tre vertu soit haute comme le ciel que I'E- ternel vous a préparé dans le principe . Vo- tre caractère est celui de l'eau de la Vie , par lequel vous vous élèverez dans les lieux de la lumière . Si vous écoutez mes paroles, mes élus, si vous observez mes commande- ments, je vous donnerai en récompense ma splendeur éclatante et ma lumière infinie. Vous tressaillerez d'allégresse au milieu de la première, de la seconde, et de la troi- sième Vie, comme le font les génies dans la splendeur de la lumière ; mais si vous n'é- coutez point mes paroles, si vous n'observez point mes commandements, vous serez pré- cipités dans les ténèbres où tomberont les méchants pour n'en sortir jamais . Heureux done qui entendra et croira. Malheur à celui qu'une main lascive couronne pour commet- tre l'impureté. Les bons, ceux qui entendent et qui croient, monteront le cœur pur aux lieux de la lumière. Les méchants, ceux qui- entendent et ne croient pas, se précipiteront dans la grande mer d'Erythrée . Fuyez, o mes élus, fuyez la demeure périssable des ty- rans qui, chaque jour siégeant sur le trône du despotisme, dictent des ordres pour des commandements d'où la justice, la mansué- tude et la paix sont bannies. Gardez-vous d'une usure honteuse , et que l'or et l'ar- gent ne vous fassent point agir en insensé. Le nom de celui qui fera honteusement l'u- sure, sera effacé du lieu de la lumière . Na pleurez point celui qui meurt ; ne faites à son intention ni pompes funèbres , ni repas sépulcral (92 * ) . La mort est une chose fatale ; il est donc aussi impossible de vouloir l'em- pêcher en répandant des pleurs, que de chercher avec un vase à épuiser la mer ( 93) . Celui qui, à l'occasion d'une mort, aura de- chiré son vêtement , commet une action blå- mable . Celui qui se sera arraché les che- veux, sera tenu enchaîné sur la montagno ténébreuse. Soyez affligés, brisés par la dou- leur, désolés, mais pleurez sur vous- mêmes! Car tant que vous vivez, votre cœur , vos péchés vivent avec vous. Si donc vous avez souffert du départ des âmes du milieu de vous, secouez enfin la tristesse , chassez loin de vous le deuil et les gémisseinents, car du enseveli leurs morts , de faire un repas à son inten- tion. Ce repas s'appelait le repas des morts. Voy. Pollion. (93) Ce sens me parait beaucoup plus raisonna- ble et surtout beaucoup plus clair que celui de Nor- berg. De ce qu'il est impossible d'empêcher par des larmes l'œuvre destructive de la mort ici-bas , l'au- teur du livre peut donc conclure qu'il est inutile de verser sur les morts des larmes stériles

�36 35 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. • deuil et des gémissements naissent ces es- prits solitaires, ces démons malveillants , qui détournent les âmes sur leur route et les torturent. Mais si vous aimez ces âmes , si vous vous inquiétez de leur sort, hâtez- vous d'adresser pour elles des vœux et des prières : assemblez les fidèles , lisez les sain- tes Ecritures, et priez pour que le Seigneur leur fasse miséricorde ; c'est-à dire pour que sa splendeur les précède, pour que sa Jumière les suive , pour qu'elles soient pla- cées à la droite de l'apôtre de la vie, et à la gauche de l'ange de la lumière , et qu'elles échappent aux chaînes d'airain fondu . En- couragez les âmes pour que leur cœur ne faiblisse point ; dites ces douces paroles, cette hymne que je vous ai enseignée , afin qu'el- les les entendent et les pratiquent, et que leur cœur en soit fortifié et illuminé. Don- nez du pain, de l'eau , et une demeure aux affligés et aux malheureux que tourmente la persécution . Marchez dans les voies de la justice ; et ne remettez point au lendemain le salaire de l'ouvrier (94). Ne dépouillez point votre compagnon ; ne tendez point de piége à votre ami . Celui qui aura dépouillé son ami et son compagnon, ne verra point de ses yeux la lumière . Tendez -vous la main les uns aux autres , et ne manquez point à la parole donnée ; car les génies et les rois de la lumière ( que vous devez imi- ter ) observent mutuellement la discipline et la justice. O vous mes élus et mes pacifi- ques, soyez dociles (à mes paroles) , et méri- tez le nom d'élus , de pacifiques et de fidèles : aimez -vous les uns les autres , selon la jus- tice , et que votre miséricorde atteigne au dernier degré. Soyez doux et soumis à vos docteurs, à ces hommes intègres qui vous enseignent la sagesse et la vérité . Ne rece- vez d'eux aucun intérêt, qui serait une ta- che pour vos âmes. Gardez - vous de consul- ter les magiciens et les chaldéens qui habi- tent dans les ténèbres . Ne faites point de faux serments, mais les serments que vous avez faits, ne les violez jamais . Ne consu- mez point les choses qu'on vous aura con- fiées sous le prétexte de l'intérêt qui vous est dû, car au jour du jugement vous serez jetés dans les ténèbres . Ne commettez point de fornications , et ne vous livrez point à l'intempérance ; gardez -vous du chant et de la danse, de peur que peu à peu votre cœur ne prenne goût aux chants de Satan, qui , par ses enchantements, ses ruses et ses sé- ductions, pervertit l'esprit des pacifiques , et souille le cœur des fidèles . Observez -vous , o mes élus, et agissez avec prudence , afin de mériter ici - bas le titre de vigilants ( 95) . Soyez courageux en ce monde et supportez avec constance la persécution jusqu'au terme de votre vie. Soutenez - vous les uns les au- tres , exercez l'hospitalité envers les pacifi- (94) Proprement que le salaire de l'ouvrier ne passe point la nuit chez vous . (95) Proprement : De ceux qui sont cein's et tou- jours prêts à partir. J'ai cru que le mot vigilant ren- dait assez bien la pensée de l'auteur, et je l'ai pré- féré. ques qui souffrent persécution . Quand votre esprit s'enfle d'orgueil, abaissez la superbe, et recevez d'un cœur soumis la parole de votre Seigneur . L'orgueil de l'homme , en effet , est l'orgueil de Satan . Celui done qui ne sera point humble dans la foi , périra par le glaive et l'épée ; il périra par le glaive et l'épée et sera jeté dans le feu ardent . Quand vous voyez un honnête homme prêcher la sagesse, approchez-vous de lui, afin de l'en- tendre et d'en profiter ; mais si c'est un mé- chant, fuyez - le, de peur de devenir sage de sa sagesse , de pratiquer ses œuvres ou de marcher dans sa voie . Tout ce qui sera dé- testable pour vous, & fidèles et pacifiques, ne le faites point à votre prochain (96) . Fai- tes de bonnes œuvres, o mes élus, et mu- nissez - vous d'un viatique pour votre voyage. Voyez, écoutez et pratiquez la parole de votre Seigneur : que vos yeux voient, que vos oreilles entendent , que votre cœur aime, que vos mains touchent , pour ainsi dire, les bienfaits et les bontés de votre Seigneur , et vous serez dociles à sa volonté . N'obéis- sez point au caprice de Satan , et ne mettez point votre confiance dans la beauté si vite passée de vos corps . Marchez selon les paroles de votre Seigneur , et montez , le cœur pur, aux lieux de la lumière . Ado- rez tous avec humilité le Roi Très-Haut de la lumière , et vos péchés vous seront remis . Gardez -vous, au contraire , d'offrir vos adorations à Satan , ainsi qu'aux images trompeuses de ce monde ; car tout ce qui commence d'exister finira, et tout ce qui est l'ouvrage de la main des hommes , périra. Ne vous confiez donc point dans le monde où vous êtes placés ; car il n'est pas à vous. Mettez, au contraire , votre confiance dans les bonnes œuvres que vous faites . Vous quit- terez bientôt la terre , appuyez -vous donc sur les œuvres (bonnes) de vos mains . Pre- nez-garde , ô mes chers , de mépriser les pré- ceptes que votre Seigneur vous a donnés. Cultivez avec soin la justice , la douceur et l'humilité, qui sont les qualités de la lumière sainte , ainsi que la patience , la bonté, la bienveillance et la miséricorde . Hommes qui prenez en mariage une femme, femmes qui prenez en mariage un homme, engen- drez , élevez vos enfants ; si vous ne les en- gendrez et élevez , n'en apportez pas moins la dot qui aurait servi à leur éducation . Mais que mes paroles vous prémunissent contre ces femmes qui commettent des actions mau- vaises ainsi gardez - vous d'une femme adultère , d'une femme voleuse , d'une femme coquette (97) , qui retient son lialeine , ce qui fait supposer une mauvaise maladie qui n'a point de remède. Car ces actions ne sont louables ni aux yeux de Dieu, ni aux yeux des hommes (98) . Ne prenez point pourfemme une esclave qui n'aurait point reçu sa li- (96) Equivalent de cette parole de Jésus- Christ : Ne faites point aux autres ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fit, etc. (Tob. iv, 16; Matth. vì, 12.) (97) Proprement qui se sert de prestiges. (98) J'ai cru devoir transposer ces deux membres de phrase qui ne me paraissaient point à leur place,

�57 38 PART. I. LIVRE D'ADAM. - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. --- berte , et ne livrez point vos enfants en ser- vitade. Si un esclave faillit et évite son maître, que sa faute retourne peser sur la tête de son père (99) . Quand vous prendrez une épouse, qu'elle soit libre, et le bonheur qui vous arrivera ne pourra que s'en augmen- ter. Soyez bienveillant et juste pour votre épouse, qui de son côté devra vous payer de retour. Ne vous éloignez jamais l'un de l'autre ; que la mort seule vous sépare . Ce- lui qui traite indignement une femme qui n'a ni défaut , ni dissimulation , ni perfidie à se reprocher, et qui brûle pour d'autres d'un amour impudique, celui - là sera condamné. Si vous avez des enfants et des petits enfants, et qu'ils soient arrivés en åge d'être in- struits , enseignez - leur la science de la vé- rité, et faites en sorte qu'ils marchent dans le sentier de la justice . Si vous manquez à ce devoir, vous en rendrez compte au tribu- nal ; si au contraire vous leur donnez cette instruction, mais qu'ils y soient rebelles, ce sont eux qui pour leurs péchés y seront ap- pelés. Si quelqu'un s'écarte une fois de la bonne route , faites l'y rentrer et soutenez- le ; s'il s'est écarté une seconde fois, faites- le rentrer de nouveau et soutenez - le ; s'il s'en écarte une troisième , faites - l'y rentrer encore et soutenez- le, et faites lui entendre la lecture des saints livres, les discours de piété et les hymnes de votre Seigneur. Si ce- pendant il refuse cette main tutélaire que vous lui aurez présentée , arrachez cette vigne stérile, prenez - en une bonne et mettez- la à sa place. Car on a pa.lé à ses oreilles, et il n'a point entendu ; on a montré la lumière à ses yeux, et il n'a point voulu voir. On lui a montré la lumière, et ses yeux n'ont point vu. Aussi sa ruine sera complète au jour de la consommation , il tombera dans ces gouffres de misère où les méchants seront précipités, et d'où ils ne s'échapperont ja- mais. Quand vous rencontrerez des hommes qui souffrent de quelque défaut corporel, gardez-vous de vous en moquer . Car les corps, faits de sang et de chair peuvent être minés par les douleurs et les maladies ; mais les âmes n'ont à redouter ni les douleurs, ui les maladies elles n'ont à craindre que les mauvaises actions qu'elles auront com- mises .

Voici mes paroles , ô mes élus , o mes fi- dèles, voici mes préceptes : Ne rendez point de culte aux sept et aux douze chefs de ce monde ( 100) , qui président au jour et à la nuit, et qui anéantissent la nature spirituelle qui vous a été donnée du tabernacle de la vie. Car leur splendeur ne leur appartient point, (99) C'est-à-dire que son père en soit responsable. (100) Ce sont, comme on le verra plus tard , les sept planètes connues des anciens et les «ouze si- gnes du zodiaque . C'est une preuve de plus de l'an- tiquité de la croyance qui donnait aux corps celes- tes des anges pour en régler la course. (101 ) C'est-à-dire le saint., p. (102) Peut -être mieux ¤ , elohim . (103) C'est le sens étymologique du mot sabéen. Cependant, suivant une autre dérivation, on peut mais elle leur a été donné pour éclairer leur sombre séjour. Ces anges de facture mon- daine ont prononcé des paroles d'orgueil. Ne rendez point de culte au soleil , dont le nom est Adonaï , dont le nom est Kadusch (101), dont le nom est El-El (102), et qui a encore d'autres noms mystérieux et cachés en ce monde. Cet Adonaï recherchera un peuple, se formera une nation . Jérusalem sera plus tard bâtie comme le refuge, com- me la ville des avortons ( 103) . Juifs maudits qui ceindront le glaive, se couvriront la face de leur sang et adoreront Adonaï. Les hommes de cette race quitteront leurs femmes , pour avoir ensemble un commerce impudique . Les femmes déhontées rem- placeront les hommes auprès des autres femmes ; tous oublieront les premiers rudi- ments de toute discipline, et , pour justifier leurs crimes , se fabriqueront un livre ins- piré. Mais je vous le dis à vous, mes élus, n'ayez aucun rapport avec eux, avec ces vils esclaves qui se livrent à la débauche à la face de leur Seigneur ; ne vous mêlez point à ces avortons, qui n'ont point dû persister dans la vraie et unique doctrine ; à cette race impure, qui n'a pas seulement donné naissance à toutes les nations et dominations de ce monde , mais encore à tous les pro- phètes menteurs. Ces prophètes que la fraude et le mensonge inspirent , guidés par les anges de l'adultère , vont souiller la couche des femmes (104) , et ces femmes conçoivent et elles enfantént dans le sang et l'impureté ; les prophètes aux vœux astu- cieux , soutenus par la rumeur de la foule qu'ils ont séduite, s'en vont par le monde en se donnant pour dieux ou envoyés des dieux, ceignant leurs reins pour se donner une apparence de héros , portant partout avec eux un livre faux et mensonger, se servant, pour mieux arriver à leur but per- fide, de certaines formules de prières ; pous- sés enfin par l'impureté, l'avarice et l'ambi- tion , ils ont envahi , sous le nom de pro- phètes , toute la terre entière ( 105 ) . Pour moi , qui suis de tous les anges le premier, voici ce que je dis , ce que je prescris à tous les Nazaréens qui ont été , qui sont et qui seront Gardez-vous d'écouter leurs paroles, el de vous détourner du chemin de la Vie. O mes élus , ne soyez point de ceux qui ne savent point persévérer dans un seul senti- ment. Examinez leurs discours , vous les verrez se contredire . Le roi accable d'injures le roi son compagnon , le prophète ment au prophète, et s'insinuant auprès de la foule (riche) , lui arrache de l'or , de l'argent , des traduire encore par les Juifs ; M. de Sacy incli.e pour ce dernier sens, qui paraft, il est vrai, plus raisonnable, mais bien moins énergique. Le con- texte m'a fait préférer la première version . (104) Ne semble t-il pas voir dans ce passage une insinuation contre la conception tout immaculée de la sainte Vierge? (105) Il est évident qu'il est fait ici allus on aux apòtres de Jésus-Christ se disséminant par le monde pour annoncer sa doctrine.

�39 40 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . richesses (106), et lui inspire une exaltation. fiévreuse . Parmi ceux - ci, les uns l'enchaî- nent par leur chant, leur danse et leur dé- bordement ; les autres la séduisent par des images d'or et d'argent , par des simulacres de tables, par des tabernacles de boue, par des œuvres inutiles . Ceux - ci ont l'épée et ils frappent , la guerre et ils combattent , la persécution et ils font souffrir toute espèce de vexations ; ils commandent et on ne peut obéir que malgré soi , mais leur commande- ment est agréable aux génies des sept pla- nètes . Ceux - là , au contraire , n'ont d'autres armes pour attirer à eux les fils d'Adam que la soumission , les caresses, les flatteries , la prudence , la ruse et la fraude ; ils ont sans cesse le nom de Dieu à leur bouche, à leurs mains un livre et des préceptes qu'ils pré- sentent comme venant de Dieu ; mais en y mêlant leur propre doctrine , ils entraînent les âmes à leur perte , et finissent , par leur perversité, à répandre dans le monde une religion insensée ( 107) . Pour moi , qui suis un ange pur, voici ce que je vous dis : Gar- dez-vous d'écouter ces prophètes de men- songe, qui se donnent pour les prophètes de la vérité, prennent l'apparence des trois génies qui sont descendus sur la terre. Leur splendeur n'est point véritable : c'est la splendeur du feu. Il en est parmi eux qui revêtent un vêtement de ténèbres et se cou- vrent d'une enveloppe d'obscurité (108), l'o- deur qu'ils exhalent est abomination et puanteur. Voici mes paroles, o mes élus , mes fidèles, voici mes préceptes et mes conseils : Reve- tez-vous de blanc, couvrez- vous du symbole de la splendeur et de la lumière; entourez vos jambes d'une enveloppe blanche , comme d'une joyeuse couronne ; ceignez vos reins d'une ceinture d'eau vive (109) , à l'imitation des génies ; chaussez les sandales de la jus- tice , ornez vos mains des perles d'eau vive ( 110) , ainsi que font les génies dans les lieux de la lumière. N'assurez point , ô fidèles et pacifiques, ce que vous ne savez pas , ou ce qui ne vous est pas clairement démontré. Nul ne peut sonder les secrets , que le Très- Grand et le Très-Haut qui sait et juge tout. Munissez-vous, o mes élus, d'armes qui ne soient point faites de fer. Ces armes , c'est le nazaréisme, ce sont les paroles de justice des lieux de lumière . Donnez -vous mutuel- lement de bons conseils , et ce qui vous aura été enseigné, enseignez-le ; que votre bou- che parle selon le témoignage de vos yeux , et selon ce que vous avez entendu de vos oreilles , faites de bonnes et de belles actions . Ne soyez pas comme ces plantes qui se nourrissent du suc de la terre et ne rappor- tent pas de fruits à leur maître. Souvenez- vous, o mes élus, de ce que je vous ai dit de la lumière qui est immense et infinie , des ténèbres et du feu ardent ; de Satan , l'esprit (106) Allusion aux premiers chrétiens qui , ven- dant leurs biens, venaient en apporter le prix aux pieds des apôtres . (107) La folie de la croix. de vice et de mensonge, qui n'a rien à atten- dre pour sa délivrance du feu ardent et de l'incendie . Telle est la première allocution qui a été faite à Adam, le chef de la famille de Vie. Elle comprend toute la religion qui est une et véritable. Cependant le monde périra par la guerre et la destruction ; alors les âmes sortiront de leurs corps ; celles qui seront sans tache et sans péchés s'envoleront vers les lieux de la lumière . Il ne survivra à cette grande catastrophe qu'un seul hom- me, Ram ; et qu'une seule femme , Rud. Ces deux personnages seront les chefs de l'es- pèce humaine; c'est par eux en effet que le monde renaîtra, se ranimera. Or mille an- nées ont été accordées à Adam, et depuis Adam jusqu'à Ram et Rud, il s'écoulera trente gé- nérations. Toutes ces générations arriveront au même degré dans les lieux de lumière, parce que toutes , elles auront persisté dans la même doctrine , et dociles à la même pa- role , elles auront rendu témoignage au même hymne ; alors le monde périra par le feu. Mais deux personnages lui survivront : Schurbaï et Scharhabil , son épouse . Quant à tous les autres , leurs âmes quitteront leurs corps à la fin de ce monde , et s'en- voleront aux lieux de la lumière , comme ayant toujours persévéré, sans la corrompre, dans l'observance de la première discipline . J'ai dit que le monde renaîtrait et serait ra- nimé par les soins de Ram et de Rud ; entre ces deux chefs de famille et Schurbaï et Scharhabil, il y aura vingt - cinq générations . Le monde ensuite sera submergé par un déluge . Mais à cette considération Nu échap- pera dans une arche, avec son fils Schum ; quant aux autres âmes bien -aimées , dé- pouillant leurs enveloppes mortelles , elles monteront aux lieux de la lumière. Or quinze générations sépareront Schurbaï et Scharhabil de Nou . Toutes ces générations seront également fidèles à la même parole , à la même hymne , et professeront la même doctrine . Quant à Nou, il renouvellera le monde submergé. Je suis l'apôtre de la Vie, et deux anges sont avec moi . De Nou à la construction de Jérusalem il y aura six générations. Cette ville, après avoir passé mille ans dans l'abondance , sera gouvernée par Soliman ( Salomon ) , fils de David , roi puissant et unique qui comman- dera aux enchanteurs et aux démons , et sera obéi jusqu'à ce que , par l'orgueil de son es- prit, il ait perdu la grâce du Seigneur. Alors les enchanteurs et les démons déserteront son empire, et son royaume lui sera enlevé. Alors apparaîtra un messie, prophète des pécheurs , qui, appelant à lui les anges des sept planètes, parviendra , avec leur secours , à réunir et à consacrer tous les hommes dans sa synagogue. Ces sept démons séduiront par leurs impostures tous les enfants d'Adam . (108) Allusion , sans doute, aux coutumes des prêtres. (109) C'est-à-dire d⋅ pureté. (110) C'est- à-dire de bonnes œuvres.

�# 42 P A R T . I. LIVRE D'ADAM. - - T E X T E S DE L'ANCIEN T E S T A M E N T . Le premier s'appelle Soleil ; le second, qui est la planète de Vénus, Astro, Esprit-Saint, (111) et encore Leybat Amamet (111 *); le troi- sième, Nebou Mercure ( 112), messie des men- songes, qui a corrompu le culte primitif de Dieu ; le quatrième , Sin Lune , qui s'appelle encore Schouril ; le cinquième, Kivan Sa- turne ; le sixième, Bel Jupiter ; le septième, enfin, Nerig Mars. Les génies de l'astre ap- pelé soleil procureront l'or, l'argent et le lucre aux adorateurs de leur ventre , et pousseront les hommes, par leurs apôtres envoyés au monde, à adorer le soleil et la lune. Les génies de l'astre appelé Lehbat inspireront aux hommes l'esprit de folie,. d'adultère, de volupté, d'impudicité , de dé- bauche, et les chants lascifs et enchanteurs . Les génies du messie Nebou , s'insinuant par la ruse au milieu des enfants des hommes, les arracheront à leurs demeures, à leurs foyers domestiques, les pousseront à errer au milieu des montagnes et des déserts, dont ils deviendront les solitaires habitants, et les pousseront à répandre ( sur leur cuisse ) le germe fertile qui aurait dû servir à propager leur race (113) . C'est ainsi que , par leurs en- chantements , ces démons s'empareront des corps des hommes, et réduiront l'âme et l'es- prit de ceux qui échapperont à leur empire, au point de ne pouvoir porter à leurs frères possédés ni remède, ni consolation . Cepen- dant ce messie ( Nebou) apparaissant au mi- lieu du feu à ses fidèles, leur dira : Voyez ma splendeur, in mundo ortum ; et ses fidè- les ne comprendront point que son appa- rence n'est point une véritable splendeur, mais qu'il se joue du monde jusqu'à l'im- pudence. Les génies de l'astre appelé Kivan inspireront aux enfants des hommes les gé- missements , les pleurs et l'abattement, et leur enlèveront la joie et le bonheur. Les génies de l'astre appelé Nerig se jetteront avec impétuosité sur les enfants des hommes, déchireront leurs chairs, feront couler leur sang on les appellera écorcheurs, sacrifica- teurs , immolateurs (servantes) . Cependant viendra ensuite un mèssie d'un autre genre, vêtu de feu, couvert de feu , c'est dans le feu (114 ) M. Norberg traduit le mot sabeus par spi- ritus venereus, fondé sur le sens de prostitution que la raciue wip ou quelques-uns de ses dérivés ont ca hébreu et en syriaque. Mais cette traduction n'est que le résultat des critiques que le savant sué- dois essuya en Allemagne, lorsque, dans un frag- ment du Livre d'Adam, publié sous forme de pro- gramme en 1811 , et sous ce titre : Stellæ Naza- ræorum cones ex sacro gentis codice , il avait tra- duit le mot qui nous occupe par spiritus sanctus, avertissant en note que cet éon était probablement le même que dans le système de Valentin, Achamot, fille de Sophie, le dernier des éons , et mère du dé- miurge. M. de Sacy n'hésite pas à regarder ces cri- tiques comme tout à fait erronées, et pense qu'il faut traduire par Esprit-Saint . ‹ Puisque les chrétiens de Saint-Jean, dit-il , donnent à la planète de Mercure le nom de Mesré ou Christ qu'ils ont en horreur, pourquoi n'appliqueraient-ils pas à la planète Vé- uns ou à son génie la dénomination d'Esprit-Saint, c'est-à-dire de ce génie ou éon auquel les chré- tiens, les valentiniens et les manichéens donnent,

qu'il fera ses prodiges . Son nom sera Emou- nel ( 114), et il s'appellera lui-même Jeschu le Vivifiant ; sa demeure s'élèvera sur le feu ; il apparaîtra sur une monture (115 ) , s'arrê- tera au milieu de vous (116) , et vous dira : Venez, approchez -vous, le feu ne vous brû- lera point. N'y croyez pas ! car ses opéra- tions ne seront que fraudes et prestiges. Que s'il vous brûle, dites aussitôt Amen , vou- lant signifier que vous n'avez pas de foi en lui, et que vous ne serez point infidèles à la parole de votre Seigneur , le Roi très -haut de la lumière . Il vous dira encore : Je suis Dieu, fils de Dieu ; mon père m'a envoyé vers vous. Il ajoutera : Je suis le premier des apôtres, je suis Abel Zivo , je viens de là haut. Mais gardez-vous de croire à ces pa- roles ; ce ne sera point Ebel Zivo . Æbe! Zivo n'est point environné de feu ; Ebel Zivo ne se montrera point en ce temps . Cepen- dant le génie Anousch (117) viendra, qui parcourra Jérusalem. Mais comme l'eau est le vêtement des nuages, de même ce n'est point avec un corps véritable, mais seule- ment, avec l'apparence d'un corps qu'il ap- paraîtra. Quant à son âme , elle ne demeu- rera susceptible ni d'effervescence , ni d'é- motion . Il viendra au monde sous le règne du roi Falturius . C'est alors, en effet, que le génie Anousch apparaîtra : c'est alors que, rempli de la vertu du Roi très -haut de lu- mière, il viendra guérir les malades, ouvrir les yeux aux aveugles, puritier les lépreux, redresser les membres brisés et broyés, ren- dre aux sourds et aux muets l'usage de l'ouïe et de la parole, donner la vie aux morts, faire des Juifs un seul peuple uni par la foi en son sacrement, leur montrer ce que c'est que la mort et la vie, les ténèbres et la lu- mière, l'erreur et la vérité , et les ramener enfin à la connaissance du Roi très-haut de la lumière. Cependant trois cent soixante prophètes seront sortis de la ville de Jéru- salem, tous prophétisant au nom du Très- Haut, mais tous vagabonds. C'est alors que le génie Anousch apparaitra, la balance de la justice à la main. C'est alors aussi que tous les génies se cacheront loin du regard des. par suite de leurs erreurs, le nom d'Esprit- Saint ? il est d'autant plus vraisemblable qu'il s'agit ici du Saint-Esprit des Chrétiens ou des gnostiques, que la même planète porte aussi, dans les livres des sa- béens , d'autres noms qui signifient flammes, chaleur. sous lesquels les chrétiens désignent aussi la troi- sième personne de la Trinité. › (111 ) Ailleurs , Achamot. (112) est ici question de Jésus - Christ . Nebou veut dire prophète. (113) Ainsi, à l'époque où fut écrit ce chapitre, pour une secte libertine du gnosticisme , l'ona- hanisme était regardé comme l'inspiration du génio du mal. (114) Emmanuel . (115) Norberg traduit par curru. Mais le mot sa- béen pent signifier également réhicule, et par exten- sion monture. Nous avons préféré ce sens comme faisant allusion à l'ànesse sur laquelle Jésus-Christ entra à Jérusalem le dimanche avant la Passion. (116) Et habitabit in nobis . (Joan., 1, 14.) (417) Euoch.

�43 44 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . fils des hommes . En ce temps-là, Jérusalem sera dévastée ; les Juifs seront traînés en es- clavage et dispersés en divers lieux . Puis viendra Ahmat-Bar- Bezbat , l'enchanteur . A sa voix malveillante , la méchanceté revien- dra au monde , et les âmes prendront des in- clinations basses . Celui qui en ce temps conservera encore des sentiments de piété, de vertu et d'adoration de Dieu, et se trans- portera au Jourdain , celui -là verra son front radieux entouré des splendeurs des lieux de la lumière . Celui d'entre les Nazaréens qui posera sur sa tête le symbole de la piété se rendra digne des générations et des éons. Celui, enfin, des Mandaïtes qui persévérera dans la justice, pour l'apôtre de la vie , je le bénirai de ma propre main. Donc, ô mes élus veillez , écoutez , agissez avec circons- pection, grandissez en pureté, et vous verrez les lieux de la lumière. Y a-t -il rien de plus saint que cette vie ? CHAPITRE II. Au nom de la vie suprême , merveilleuse , excellente , qui est au-dessus de tous les éons ( 118 ). Que la santé, la pureté, la force et la vérité, que le pouvoir d'ordonner et celui de se faire obéir soient accordés à moi , Adam Zouhroun -Bar - Scharat et à mon épouse Maudalal-Fat- Scharat . Que cette doctrine il Jumine notre âme et éclaire notre intelli- gence , afin que la forme de notre être s'em- bellisse, que notre personne triomphe ici en ce monde et là haut au milieu des éons de la lumière , et que notre nom soit connu de lavar-Zivo et Smat-Heiesin. Au nom de la vie suprême, soyez loué par les cœurs sans tache , ô mon Seigneur , Seigneur de tous les Eons ; que votre nom soit exalté, Seigneur Très-Haut, au nom et par la vertu du Très - Haut. Roi de toutes les créatures de la lumière , il est la splendeur pure, la lumière éclatante et sans déclin ; il est clément , propice, miséricordieux , sau- veur de tous les fidèles , rémunérateur de tous les bons, grand , élevé , digne de tout éloge, fort, sage , éclairé , juge et gouverneur de toutes choses. Mais quoique souverain maître de toutes choses , qu'elles soient grandes croyances ou petites, il ne se mani- feste à aucune et dérobe à toutes sa face glo- rieuse . Sa puissance n'a point de borne, sa couronne point de rival, son empire point d'associé. Qui espère en lui, ne sera point confondu ; qui célèbre son nom dans la jus- tice ne tombera point , et qui persévérera dans sa foi n'agira point en insensé. Roi souverain de tous les rois , il a fait entendre une voix puissante et féconde, il a dit : Que les anges de la lumière émanent de la splen- (118) Voy. la note du premier chapitre. (119) Le texte signifie proprement, ainsi que l'a traduit Norberg, les arbres , arbores. Ce sens , qui n'a point de liaison avec ce qui précède et avec ce qui suit, rend ce passage très-difficile à entendre. Fondé sur les différentes comparaisons dont les gnostiques appuyaient leur système, j'ai cru que l'auteur comparait ici les anges dont il avait parlé plus haut à des arbres qui émanent de deur pure de la lumière suprême qui n'a point de déclin ; que les anges des cantiques en surgissent infinis, innombrables, et à ja- mais immortels ; et que , la bouche pleine de louanges, its chantent le Roi très -haut de la lumière, dont la splendeur est trop écla- tante pour qu'une bouche mortelle la puisse exalter, dont la lumière est trop vive pour que des lèvres la puissent célébrer. Car sa lu- mière est plus brillante et sa splendeur plus belle que la splendeur et la lumière des créatures. Il n'a jamais été sans être , et il ne sera jamais. Que ces anges célèbrent donc leur roi ; qu'ils chantent la splendeur et la lumière magnifique qui rayonne au-dessus d'eux ; qu'ils exaltent le parfum suave de ce Roi suprême de la lumière, répandu au- tour d'eux , qu'ils le bénissent par les priè- res et les actions de grâces qu'il leur ins- pire . Au milieu des vapeurs lumineuses, ils sont sans cesse en adoration et en chant de louanges. Hs n'éprouvent ni la faim, ni la soif, el sont aussi insensibles au froid qu'à la chaleur , émanations de la lumière ; ils sont immortels comme elle, et toute langue a un cantique pour célébrer le Roi de la lu- mière de vie ; gracieux et resplendissant est le firmament qu'ils habitent ; éternel est le monde où ils ont été placés (119) ; c'est un monde de splendeur et de lumière qui n'a point de ténèbres, un monde de mansi.étude, qui n'a point de révolte , un monde de droi- ture qui n'a ni querelles ni coups , un monde de parfums, qui n'a aucune odeur désagréa- ble, un monde de vie éternelle, qui n'a rien de périssable, un monde d'eau vive , dont l'aspiration fait tressaillir les anges , un monde de justice et de bonne foi , qui n'a ni mensonge ni fraude, un monde enfin de pu- reté, qui n'a point de mélange . Ces anges radieux célèbrent le Roi de lumière dans la lumière et la splendeur qu'il leur a données . Ces anges radieux le célèbrent dans les vête- ments de splendeur qu'il leur a donnés. Ces anges radieux le célèbrent dans les auréoles de splendeur qu'il leur a données. Ces anges radieux le célèbrent dans les couronnes de splendeur qu'il leur a données. Ces anges radieux le célèbrent dans la vertu et la véẻ- rité qu'il leur a données . Ces anges radieux le célèbrent dans la justice , la doctrine de la foi qu'il leur a donnés. Tous sont débonnai- res , sages et doux, exempts de mensonge et de fraude . Plantes fertiles de la région de lumière, remplis de splendeur et de beauté ; Jourdain , désir de la lumière , aux eaux pures et limpides ; nuages de lumière, séjour de splendeur habité par les rois qui, aussi bien que toutes les créatures , adorent et célèbrent le Très-Haut, le Très- la terre comme ils émanent de la lumière primitive; à des fleuves qui dérivent de l'Océan comme ils dé- rivent de la splendeur suprême ; à des nuages enlin qui sont les enfants de l'air comme ils sont eux- mêmes les enfants du Roi de lumière, et j'ai traduit en conséquence . Je ne me dissimule pas cependant que mon opinion est loin d'être incontes able ; mais il fallait choisir. J'ai préféré être clair, dusse -je acheter cette clarté au prix d'un peu d'exactitude.

�45 46 PART. I, - LIVRE D'ADAM. --- TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. Grand , leur souverain mattre et seigneur Or, je suis l'ange pur du Roi de la lu- mière ; je suis Ebel - Zivo , qu'au jour de son bon plaisir il a évoqué du milieu de la splendeur lumineuse dans laquelle il réside , de cet asile impénétrable où le Très-Haut demeure . M'adressant la parole : va, m'a-t- il dit, pénètre dans le monde des ténèbres, où tout est mauvais, où tout est la proie d'un feu qui dévore. Ce monde de désordre et de confusion, qui n'a jamais connu la beauté; ce monde d'obscurité, qui n'a ja- mais vu la lumière ; ce monde de désolation et de mort, qui n'a jamais eu la vie éter- nelle . Va , a-t-il ajouté, dompte les ténèbres et les enfants des ténèbres, déroule un fir- mament, au milieu fixe-y des astres , et qu'ils soient les anges du feu donne la splendeur au soleil , le premier des anges (120) ; la pâleur à la lune, l'éclat aux étoiles , et qu'ils roulent dans la sphère des cieux . Qu'il y ait également une terre solide , des plantes et des arbres à fruit pour parer sa surface. Qu'il y ait, mâle et femelle , des ani- maux sur terre, des poissons dans la mer, dans les airs des volatiles de toute espèce . Qu'il y ait un homme et une femme, qu'on appellera Adam et Eve . A Adam, les anges du feu serviront (121) . Quiconque, & Adam, méprisera tes ordres, tombera Jans un feu ardent. Que trois anges surgissent pour être les serviteurs d'Adam. Que des eaux vives jaillissent, que dans ces eaux se creusent des abîmes, et que leur influence vitale anime toute cette nature . Qu'il y ait quatre vents, qui soufflent dans ce monde . Qu'un feu grande sourdement dans toute la ma- tière animée et inanimée , pour consumer ce qui peut être consumé en ce monde ; et que le corps ainsi consumé s'évanouisse , la partie la plus noble de l'eau appartien- dra aux âmes , deviendra l'aliment du corps . Celles qui produisent les plantes farineuses, frugifères, odorantes, embau- mées , aromatisées ou salutaires à la santé du corps, serviront , ainsi que les animaux, les bêtes, les volatiles, et généralement tout ce qui est bon, beau ou utile, à l'usage d'A- daui et de toute sa race . Enfin , tout ce monde sera illuminé par le ministère de Fetahil . Ainsi parla le Roi très-haut de la lu- mière, et à sa parole, tout ce qui est fut fait. Fétahil , en effet , se mit à l'œuvre . Ayant rehaussé le ciel de l'eau , il déroula le firmament , condensa la terre ferme , évo- qua les anges du feu , donna au soleil sa splendeur, à la lune sa pâle clarté ; puis l'éclat aux étoiles, et fixa tous les astres dans la sphère du ciel . Il créa également le vent (l'air), le feu et l'eau aussi bien que les arbres fruitiers, les plantes , et tout ce qui produit des parfums ou des aromates (sativa). Il fit sortir de la femelle toutes les (120) Voy. ch . jer. (121 ) C'est-à-dire les astres , Conf. Bibl. (122) On voit comme un vestige de la défense de Dieu faite à Adam et Eve de manger du, frunt, de Farbre de la science . Ils n'avaient aucune intelli- espèces d'animaux, herbivores ou carnivores, ainsi que tout ce qui est coloré, fluide , sus- ceptible de tomber goutte à goutte, l'air, le feu , l'eau , l'abîme , le sang, le fiel, et tout ce qu'il y a de caché en ce monde. Il créa enfin , par la vertu du Roi très-haut de la lumière, les corps d'Adam et d'Eve , et leur inspira une âme. Or, quand ils eurent regu cette ame, ils furent placés dans un jardin planté d'arbres ; mais dans ce jardin , ils n'avaient aucune intelligence ( 122) . Alors le Roi très-haut de la lumière, élévant la voix Que les rois du feu s'approchent pour servir Adam , et qu'ils se gardent de trans- gresser ses ordres. Or, parmi ces anges il y en eut un de mauvais ; ce fut l'auteur du mal ; il n'obéit point aux commandements du Seigneur, et le Seigneur le précipita lui et son char dans les cachots de Dieu . Alors le Seigneur m'appela, et m'intimant ses ordres Va, me dit-il , fais entendre ta voix à Adam et à Eve, son épouse ; fais entendre la voix à Adam et à Eve, donne -leur des instructions sur toutes choses, sur le Roi très-haut de la lumière , Seigneur de toutes les créatures (éons), dont la puissance est supérieure et magnifique , immense , infinie et sans borres ; sur les rois des cantiques, qui chantent et chanteront sans cesse les hymnes de louanges ; sur les créatures de la lumière, qui sont également éternelles . Inspire Adam, pour que son cœur s'éclaire ; et qu'à ta voix son âme s'illumine. Prends compassion de lui ; traite- le avec bonté, et deviens son ami , toi, et les deux anges qui t'accompagneront dans le monde ( 123) . For- me l'intelligence d'Adam , d'Eve et de toute sa race, et recommande - leur de prendre garde de se laisser entraîner par l'ange du mal et Satan à des actions qui ne sauraien leur profiter. Enseigne-leur les prières et les actions de grâces, par lesquelles debout, ils doivent célébrer, trois fois le jour, deux fois la nuit, le Roi Très-Haut de la lumière, le Seigneur de toutes les créatures . Voici les préceptes que tu leur transmettras : Prenez une femme, propagez votre race , afin que le monde soit par vous perpétué . Mais , avant d'approcher vos épouses, prenez de l'eau et faites des ablutions. Vous ne commettrez point d'adultère , vous ne volerez point, vous ne donnerez point la mort aux hommes fidè- les et pacifiques . Et vous, hommes fidèles et pacifiques, vous ne pervertirez pas vos dis- cours, et n'aimerez ni l'iniquité ni le men- songe. Vous ne mettrez point votre amour dans l'or , l'argent , ni aucune des richesses de ce monde ; car ce monde périra , ainsi que ses richesses. N'adorez ni Satan , ni les idoles ; quiconque aura rendu un culte ido- lâtre à Satan sera livré au supplice d'un feu ardent, jusqu'au jour du jugement, jusqu'à l'heure de la délivrance, c'est-à -dire , jus- gence, parce qu'il leur était défendu de manger du fruit de l'arbre qui en donne. (123 ) Ces trois anges, par lesquels le Très-Haut transmet constamment ses ordres au monde , rap- pellent naturellement les trois anges de la Genèse,

�$7 48 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . qu'an moment où il plaira au Roi de lumière de mettre en cause tout le monde entier, et de rendre à chaque âme humaine selon ses mérites . Ne vous livrez pas aux prestiges de Satan, et ne rendez pas de faux témoi- gnages ; mais quand vous aurez à porter un jugement, appelez de sages témoins , pour qu'ils rendent témoignage, et quand vous invoquerez des témoins, que ce soient des hommes vraiment dignes de foi . Rendez de fort bons jugements, et gardez-vous de vous laisser séduire par l'appât des présents . Quiconque aura faussé son jugement, tom- bera dans le feu ardent. Ne livrez point dans la main de leurs maîtres les esclaves dont la vie est exemplaire . Faites du bien aux malheureux, mais en donnant, ne pu- liez pas votre don. Que votre main gauche ignore ce que votre droite aura fait ; et que votre main droite ne sache pas ce que votre gauche aura fait . Celui qui publie ses bien- faits n'en aura pas d'autre récompense. Ho- norez vos père et mère et vos aînés comme un père. L'enfant qui méprise son père et sa mère est passible d'un jugement. Ne courbez point vos têtes sous le joug de Satan ; détournez vos regards des objets illicites, vos oreilles des discours des mé- chants, et votre cœur des sentiments de l'en- vie. L'envieux ne sera pas compté parmi les pacifiques . Ne prenez rien par ruseni par vio- lence, et ne convoitez point ce qui ne vous appartient pas . Car Notre - Seigneur vous ac- cordera ce que vous n'aurez pas désiré , et selon son bon plaisir , il vous enverra le bien qui vous devra être le plus utile . Que si quelque mal vous arrive , soyez fermes, et persévérez dans la foi . Gardez-vous de vous en détourner, aussi bien que de flé- chir le genou devant l'apostat Satan . Eloi- gnez-vous sans pitié de l'homme qui aura adoré Satan. Si cependant, docile à vos re- montrances , il revient à la foi et rend témoi- gnage au Seigneur unique de toute créature, au Roi Très -Haut de la lumière, qui sub siste par lui-même, prenez - le en affection , amenez- le parmi vous, et offrez- lui de tout ce que vous aurez . Mais, si loin d'être do- cile à la parole il persiste à renier sa foi et à ne pas rendre ce témoignage, que pour ses péchés il soit mis à la question . Celui qui, après avoir péché dans sa jeunesse, se repent et ne pèche plus, trouvera le Sei- gneur propice. Car le Roi très -haut de la lumière est un roi clément et miséricor- dieux , qui oublie et pardonne. Qui donne, et cesse ensuite de donner, tombera dans le brasier ardent, jusqu'à ce qu'il ait expié ses péchés. Rassasiez celui qui a faim ; dé- saltérez celui qui a soif ; couvrez celui qui est nu ; payez le prix de la rançon du captif juste et fidèle, et rendez-lui la li- berté. Or , ce n'est ni avec l'or ni avec l'ar- gent que vous rachèterez le captif; mais (124) Compar. saint Paul. (125) C'est à -dire de faire le repas funèbre comme faisaient les anciens. (126) On voit combien est ancienne dans l'Eglise c'est avec une parole de vie que vous le fe- rez passer des ténèbres à la lumière, du mal au bien, de la foule des infidèles à l'assem- blée des fidèles, de l'erreur à la vérité, de l'apostasie et de l'impiété au culte et à l'a- doration de votre Seigneur infini , sans bornes. L'homme qui, suivant les sentiers de la justice et de la foi, aura fait entrer dans les mêmes sentiers de justice et de foi l'âme qu'il aura rachetée , sera grand dans l'assem- blée des fidèles. Celui qui pour l'amour du Seigneur aura livré son corps à l'homicide, montera pur et sans tache , aux lieux de la lumière où il verra le Seigneur . Mais celui qui aura aimé , entassé l'or, l'argent et les autres richesses de ce monde, tombera dans un feu ardent . Soit que vous vous teniez debout, ou que vous vous asseyiez, soit que vous mangiez ou que vous buviez , que vous sortiez ou que vous entriez, que vous tra- vailliez ou que vous vous reposiez, dans toutes vos actions enfin , souvenez-vous de célébrer le nom de votre Seigneur , du roi très-haut de la lumière , du Seigneur de tou- tes les créatures ( 124) . Allez droit au Jour- dain, et baptisez -vous : mais baptisez sur- tout vos âmes . Célébrez son origine et man- gez ; célébrez sa source abondante et buvez ; bénissez son onde salutaire et parfumée , et retirez-vous . Quand une âme aura brisé ses liens et quitté son enveloppe mortelle, gar- dez -vous de la pleurer, ni de rompre en son honneur, dans le deuil et les larmes, le pain du sépulcre (125) . Quiconque aura pleuré une âme, se verra environné par une mer et un déluge de calamités ; celui qui pour elle aura déchiré sa robe, sera en- veloppé du vice comme d'un vêtement ; ce- lui enfin qui aura arraché ses cheveux , sera relégué sur le mont ténébreux . Mais aussi- tôt que l'âme aura quitté l'un d'entre vous , ne faites entendre à ceux qui vous entou- rent que des paroles de foi et de résigna- tion exhortez -les à ne pas défaillir ; de- mandez pour elle ( stipem), et pour honorer sa mémoire , distribuez du pain aux pauvres. Prononcez son oraison funèbre , faites des prières et célébrez l'office divin pour elle. (126). Du reste, revêtez le mort de ses pro- pres habits, couvrez son visage de son voile, payez le prix de sa rançon (127), et implorez le Seigneur, pour lui plein de iniséricorde . O pacifiques et fidèles, donnez au merce- naire le prix de son travail, ne le retenez pas injustement . Gardez-vous aussi , o paci- fiques , par le nom du Seigneur, de ne point dépouiller votre prochain . Qui aura fait tort à son frère, sera privé lui -même des biens du monde de la lumière . Quand vous aurez donné votre parole, n'y manquez jamais , et quand vous aurez tendu la main droite pour assurer une promesse , soyez toujours fidè- les. Car sachez que la loi, qui règle les de- voirs des hommes, émane des splendeur la pratique de prier pour les morts. (127) Afin qu'il ne reste pas dans le séjour d'es piation ou le purgatoire.

�49 50 PART. I. - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. → LIVRE D'ADAM, magnifiques de la lumière, que la vérité dé- coule des seigneurs, et que l'une et l'autre sont la règle de conduite des majestés et des rois de la lumière , qui pratiquent à l'envi les œuvres de justice, et gardent fi- dèlement leur parole . Quand donc vous avez pris quelque engagement , et que votre droite en aura sanctionné la promesse , ne cherchez pas à vous y soustraire . Soyez humbles, doux et soumis envers les doc teurs, qui vous enseignent la sagesse et la vérité. Ne recevez aucun intérêt de ceux que votre Seigneur a préposés à votre tête . Si vous faites autrement, votre Seigneur Vous repoussera, et vous irez brûler dans un feu ardent . Ne consultez ni les diseurs de bonne aventure, ni les Chaldéens , car les uns et les autres marchent dans les té- nèbres. Ne faites pas non plus de serments mensongers, car celui qui s'en rend coupa- ble, sera plongé dans les ténèbres . Ne vous nourrissez point de la chair des animaux morts ou de porc , et ne mangez point de ceux qui auront perdu la vie en mettant bas leurs petits, ou par la voracité d'une bête féroce . Mangez de la chair des ani- maux herbivores. Ce qui est de la lumière, appartient à la lumière; ce qui est des ténè bres, appartient aux ténèbres. Ne mangez pas de ce que le fer n'aura point abattu , non plus que de ce qui aurait été laissé en gage pour de l'or ou de l'argent, car vous tombe- riez dans le gouffre dévorant . Ne vous livrez point à la débauche , au chant, à la danse ; gardez-vous surtout du chant perfide de Sa- tan, plein de ruse et de prestiges ; il séduit les cœurs des fidèles. Mais aimez-vous et supportez-vous les uns les autres ; ceignez vos reins avec la sagesse de votre Seigneur , demeurez-y fidèles, et que la patience vous soutienne jusqu'à la fin de votre vie . Exercez F'hospitalité et la miséricorde envers les pa- cifiques que frappe la persécution . Mais que surtout il n'y ait entre vous ni haine, ni en- vie, ni discorde . Aussi dès que le feu de la colère embrasera votre cœur, hâtez - vous de L'étouffer. C'est à la parole de vérité de votre Seigneur que vous devez soumettre votre cœur. Car l'esprit des superbes est plein de faste et du fiel de Satan , et ni la sagesse de la vérité, ni la foi ne le peuvent réduire . Celui -là donc qui ne soumettra point à la foi son esprit et son cœur, périra par le glaive et l'épée ; il périra, dis-je , par le glaive et l'épée, et tombera dans la géhenne de flam- mes. De qui veut vous faire un bienfait , re- cevez-le, et gardez-vous de le mépriser; au contraire, soyez pour lui plein de bienveil- lance et de considération. J'ai dit de ne point mépriser son bienfait ; car si vous le méprisiez, vous n'en seriez plus dignes, et il cesserait avec raison de vous en faire. Quand vous voyez un homme de bien , allez Le trouver, demandez-lui conseil, et agissez en conséquence ; si, au contraire , vous ren- contrez un homme pervers, fayez-le, quand même ce serait un sage; car vous ne devez pas être sages de sa sagesse, ni faire les mêmes œuvres que lui , ni marcher dans la même voie. Dans toutes vos œuvres , propo- posez-vons une fin et une mesure . Après les prières, les actions de grâces et le culte qui sont dus à votre Seigneur, accomplissez autant qu'il est en vous ce que demandent la gratitude, la munificence, la bonté , la miséricorde et la fidélité aux promesses. Voilà les œuvres qu'il vous faut faire, sans eesse et sans mesure . O mes fidèles et paci- fiques, tout ce que vous regarderiez comme mal et odieux, s'il vous était fait à vous- mêmes , ne le faites pas à votre prochain : mais , au contraire, faites -lui, autant que vous en aurez le pouvoir, tout ce qui vous semblera bon et honnête pour vous . Sup portez-vous les uns les autres . Ecoutez, ô mes élus, croyez, et accomplissez la parole de votre Seigneur. Croyez avec votre cœur, voyez de vos propres yeux, écoutez de vos propres oreilles, parlez de votre propre bou- che, et apportez de vos propres mains les dons et les offrandes que vous ferez mais, en tout, que ce soit à la volonté de votre Seigneur , et non à la concupiscence du corps, ou aux insinuations perfides de l'a- postat Satan . Ne mettez point votre confiance dans la beauté des corps ; elle passe si vite ! Ne vous confiez pas non plus à l'apostat Satan , qui pervertit sa voie, et ne pourra jamais se racheter des flammes dévorantes qui dévorent et consument les démons et toute la famille de Satan , dont les membres enchaînés dans ce monde , sont condamnés à servir les enfants d'Adam. Celui qui s'é- carte de la parole du Seigneur, s'ouvre un chemin au mal, et la main de Satan est bien près de peser sur lui . Mais, qui résiste à Satan , se ferme la porte de l'abfine . Soumet- tez -vous donc à la volonté de votre Sei- gneur, et vous arriverez par votre pureté au séjour de la lumière . Ne faites pas d'in- jure aux faibles, et à ceux qui ne peuvent se venger. Ne changez point sans motif les limites déjà établies, et ne dérangez pas les bornes placées depuis longtemps . Celui qui y touche injustement, sera condamné. Exer- cez sagement votre miséricorde, et que vo- tre compassion soit tempérée par la raison. Ne cherchez pas à vous plaire les uns aux autres par l'extérieur seulement , et que le mensonge et la fraude ne souillent point, vos lèvres . Celui qui ne s'efforcera de plaire que par des agréments extérieurs, sera pré- cipité dans le feu dévorant . Imprimez sur tout votre corps le caractère du Seigneur, et conservez - le soigneusement jusqu'au jour où vous quitterez votre enveloppe ma- térielle , jusqu'à ce jour de délivrance . Ob- servez le grand jeune persévérez dans la foi ; adorez et célébrez votre Seigneur, qui est celui de toutes les créatures . Ne rendez point de culte ni à Satan, ni aux idoles des astres, qui ne sont en ce monde que pour nous servir . Sachez , du reste , que leur obéissanre a proportionnée à votre foi Si vous ne méprisez point la parole de voti u Seigneur, les démons se cacheront de de- vant vous. Gardez vos yeux de tout regard approbateur du mal , ne le faites , ne le voyez

�51 12 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. même pas. Gardez votre bouche de tout faux discours , et que la médisance, la ruse et le mensonge ne souillent point vos lèvres. Gardez vos oreilles de tout mauvais propos ; et que la malice soit aussi étrangère à vos discours qu'à vos actions. Gardez votre cœur et attachez-le fortement à la foi , et que le mal soit aussi éloigné de vos pensées que la ruse dans vos rapports avec vos frè- res. Celui qui agit avec fraude , et dont l'âme n'est point innocente et juste , prière , action de grâces, adoration , bienfaisance , accom- plissement de ses devoirs , il ne peut rien faire qui lui soit compté; le feu ardent, voilà son seul avenir. Ne souillez pas vos corps avec des femmes qui ne soient pas les vo- tres, et que vos mains ne se trempent pas dans le sang des fils d'Adam , Loin de vous les enchantements et les sortiléges ; gardez- vous de fléchir le genou devant Satan l'a- postat, devant des images mensongères, de vains simulacres , devant rien de périssable ; car tout ce qui a commencé, finira , tout ce qui est fait de main d'homme, sera détruit ; n'y mettez donc point votre confiance. Pla- cez- la, au contraire , o mes élus , placez-la dans le roi Très-Haut de la lumière , dans le Seigneur de toutes les créatures . Telle est la sagesse de vérité, de justice, de foi , qui a inspiré les commandements glorieux et les préceptes excellents que vous a trans- mis votre Seigneur, touchant la pureté, et dont l'observation fidèle doit sauver vos ames. Ces rapports que le Seigneur a établis avec vous , conservez - les , tant que vous se- rez en ce monde. Faites le bien, et quand vous quitterez vos dépouilles mortelles , vous vous appuierez sur les bonnes œuvres, que vous aurez faites en ce monde . O mes élus, ne vous confiez point dans les rois absolus, ni dans les empereurs, quels qu'ils soient, qui ne sont que des tyrans ; la puissance, les armes , la guerre , les combats , les trou- pes, les cohortes et leurs prisonniers, l'or , l'argent, les trésors et toutes les richesses de ce monde , ne méritent pas votre con- fiance. Leur royaume périra ; ni leur scep- tre , ni leur puissance ne leur seront d'au- cun secours ; la mort les forcera de les aban- donner, et ils disparaîtront pour être brûlés par le feu, jusqu'au jour , jusqu'à l'heure de la délivrance . Pour vous, o mes élus , ne regardez point avec mépris ce que vous avez à faire en ce monde , mais que votre seul sa- voir soit la justice, la douceur, l'humanité, l'amabilité, toutes vertus qui tirent leur ori- gine de la lumière, ainsi que la bienveil- Jance, et l'amour de la justice, qui n'ont pas d'autre source. A qui vous fait une prière, ne refusez pas ce dont vous pourrez dispo- ser; et que l'honnête homme indigent trouve auprès de vous sa prière exaucée . Qui re- fuse à son frère, quand il a le moyen de le moyen de donner, sera lui -même refusé. Donnez, ce qui est toujours possible, l'hospitalité, le pain et l'eau à qui est dans l'indigence ; donnez au voyageur de quoi finir sa route . Attirez à vous l'homme grossier ou qui ignore cette doctrine, et que l'instruction que vous lui donnerez le mette en garde contre les imposteurs . Jeunes gens , jeunes filles, choisissez avant de vous marier ; mais aimez celui ou celle que vous aurez une fois choisi. Epousez la femme que vous chérissez de tout votre cœur ; à celle que vous ne croirez pas assez éprouvée, donnez une dot . Mais la femme qui aura commis des actions déshonnêtes n'est plus digne d'au- cun amour ; fuyez loin d'elle , car elle est semblable à un malade attaqué d'un mal qui n'a pas de remède. Ne prenez point pour épouse l'esclave à qui son maître n'a point rendu la liberté ; et ne livrez point vos en- fants en servitude . Quand vous serez sur le point de prendre une esclave pour femme , payez le prix de sa liberté, et vous serez heureux ; mais ne prenez point celle qui n'aurait pas été émancipée d'une manière ou d'une autre, et ne faites point de vos en- fants des esclaves. Celui qui proserira ses enfants ou ses filles, et qui les réduira en servitude, au jour où ils feront quelque faute, et que leur maître sera irrité contre eux, s'en verra responsable , et leurs crimes , s'ils en commettent, pèseront sur sa tête. Appre- nez à aimer la justice d'une épouse juste . Ce qui ne dépend que de la volonté suprême de votre Seigneur, ne vous le demandez point les uns aux autres, jusqu'à ce que le cours de votre existence soit terminé . Celui qui se sera mal conduit avec son épouse, laissez-le , et ne cherchez point à punir sa perfidie par sa perte. Celui qui aura brûlé d'un amour désordonné pour ce monde, ou- tre qu'il éprouvera bientôt le danger de ses séductions, se rendra justiciable du tribu- nal, et sera jeté dans les ténèbres . S'il vous naît des enfants, cherchez à former leur âme, apprenez -leur des prières et des actions de grâces qui n'aient rien de trompeur ni de nuisible. Montrez - leur les voies de la jus- tice et de la foi, et quoique dans le célibat , éloignez- les de tout péché. Celui qui s'éloï- gne une première fois de vous et de la pa- role du Seigneur , ramenez - le dans la bonne voie, et soutenez-le ; s'il s'éloigne une se- conde fois, ramenez -le , cette seconde fois, cette vigne débile ; s'il réitère une troisièmo fois, pardonnez encore cette troisième fois ; mais si, après avoir ramené et soutenu cette plante indocile, elle ne peut encore se sou- tenir elle-même , il faut prendre les moyens extrêmes ; amenez-le coupable à la porte du tabernacle, faites-lui entendre les pieux dis- cours , les saintes exhortations , montrez-lui les livres dont la lecture puisse éclairer son esprit, et enflammer son cœur. S'il obéit à la parole, et qu'une foi plus vive le ramène dans une meilleure voie, prenez -le en ami- tié ; et, pleins d'indulgence pour lui , réta- blissez-le dans sa première place. Mais si, indocile à la parole, il ne revient point à la foi, et à des sentiments meilleurs , c'en est fait, arrachez cette mauvaise vigne , et plan- tez-en une bonne à sa place ; bien plus, re- belle à la parole , insoumis à la foi qui le rappelle, qu'il soit mis à mort par la main même du gouverneur, pour de là tomber

�53 54 PART. I. - - LIVRE D'ADAM. TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. dans les flammes éternelles. Car, parce qu'il n'a point regardé ce qu'on montrait à ses yeux , parce qu'il n'a point écouté, ce qu'on disait à ses oreilles , il sera destiné à ali- menter le feu consumant. Quand vous voyez des misérables affligés de plaies ou de quel- que infirmité corporelle ; mais du reste, hommes pacifiques, ne les tournez point en dérision en votre cœur ; car les corps, faits de chair et de sang, sont destinés aux dou- leurs et aux infirmités ; les infirmités et les douleurs les consument ; mais les âmes inaccessibles aux souffrances corporelles ne sont souillées que par les actions impu- res qu'elles commettent . Celui qui n'aura point fait provision de sagesse , tombera dans les piéges de ses ennemis ; celui qui aura obéi aux désirs de sa chair, sera , à cause d'elle, plongé dans les ténèbres . Ceux qui auront suivi la volonté de Satan , iront au feu avec Satan, mais celui qui aura réglé la sienne sur celle du roi Très -Haut de la lu- mière, ne restera point obscur en ce monde. Quand le temps de sa vie sera passé, les an- ges de la lumière le précéderont ; avec eux il s'élancera dans les hautes régions , la face brillante et radieuse ; car chaque ange lui donnera de sa splendeur, chacun le revêtira de sa lumière ; sur sa tête on placera une couronne de pureté ; il deviendra sembla- ble aux anges de splendeur, qui lui ensei- gneront l'action de grâce, et les règles de la piété. Alors l'adoration deviendra son occu- pation continuelle ; bercé dans les nuages Jumineux, il adorera, il célébrera sans cesse le Roi très-haut de la lumière , qui pour lui plein de miséricorde , l'aura gratifié dans ce lieu magnifique d'une félicité sans borne et sans fin ; il n'aura plus , pour gêner son ac- tion , l'enveloppe grossière de son corps ma- tériel ; mais un corps spirituel , splendide , pur, incorruptible (128) . C'est ainsi que l'homme juste et fidèle à l'antique religion sera affermi dans les siècles des siècles . O mes élus, ne rendez aucun hommage aux anges qui président au jour et à la nuit, car la splendeur du jour n'émane pas de la lumière des créatures ( 129) . Point d'hom- mage non plus au soleil radieux , qu'il s'ap- pelle Kadusch, Adunaï, El-El ou autrement (130). Dès que la ville des Juifs (131 ), dès que Jérusalem sera édifiée , Adunaï y susci- tera le prophète Ibrahim (Abraham ) ; il sus- citera ensuite du mont Sinaï Mescho , c'est- à-dire Moïse , lui donnera l'empire du monde , (128 ) Ce passage, qui paraît avoir été copié sur celui de saint Paul, semble favoriser l'opinion de quelques philosophes modernes qui pensent, non sans raison, que l'homme en ce monde a deux corps, l'un matériel, l'autre plus subtil , formé des fluides in ondérables ; quelques-uns l'appellent corps ma- gnétique. Après la mort , le corps matériel sera anéanti pour les bons, qui n'auront plus à leur ser- vice qu'un corps fluide, auquel conviennent assez les qualités dont parle saint Paul. (129) Paroles qui confirment une tradition fort ancienne et universellement répandue sur les génies et les anges subalternes. (130) Lauteur du Livre d'Adam affecte partout et par ses mains se fera élever un taberna- cle. Alors apparaîtra cette nation ignoble, qui, tout en immolant en sacrifice de gras- ses offrandes, tout en faisant couler son sang dans le sanctuaire , commettra des ac- tions défendues , et s'appellera le peuple de la maison d'Israël . Il se circoncira avec le glaive, et de son sang se lavera la face, et se frottera les lèvres. Les hommes oublie- ront leurs épouses pour s'approcher les uns des autres dans un commerce infâme, méprisant la parole du Seigneur, pervertis- sant leur foi . Aussi seront- ils nommés avec raison pécheurs . Quant à moi , je vous le déclare à vous tous, mes disciples, élus, pacifiques et fidèles, qui vivrez en ce temps : ne faites point leurs œuvres , ne participez ni à leurs repas, ni à leurs boissons , n'é- pousez point leurs filles, ne leur donnez point les vôtres en mariage . Race d'escla- ves et d'adultères , loin de rendre à leur Seigneur l'hommage qui lui est dû, ils se détourneront de ses commandements , dés- avoueront Moïse , le prophète de l'Esprit , qui leur donnera sa loi, et démentiront leur noble origine, Ibrahim, cet autre prophète de l'Esprit , sur le mont Sinaï, qui plein d'amour pour son Seigneur Adunaï, se dis- tinguera de son père par la circoncision , et, voyageur errant par le monde , se cher- chera un lieu de repos, et se dressera un tabernacle . Ne vous mêlez donc point à ces Juifs , car vous ne seriez pas longtemps fidè- les à la seule véritable doctrine. Ce n'est pas tout de cette race impie sortiront d'au- tres peuples, parlant d'autres langages . Or , c'est de ces peuples de mensonge , c'est de leurs faux prophètes, c'est de leurs apôtres apostats , que mon Seigneur m'a ordonné surtout de vous entretenir. Ces hommes impurs se vautreront sur le sein des fem- mes, et les femmes concevront, et elles en- fanteront ; mais ceux qui naîtront de ce commerce impudique , n'auront du corps que l'apparence (132) ; c'est sous cette ap- parence trompeuse qu'ils pervertiront la plus excellente de toutes les doctrines , et introduiront dans le monde le mensonge , la fraude, les choses déshonnêtes. Ils se donneront pour prophètes ; ils diront nous sommes apôtres . Mais moi, qui suis le pre- mier des apôtres , je vous dis à vous, et à tous les fils d'Adam qui ont été , qui sont et qui doivent naître en ce monde , je vous répète : Gardez - vous d'écouter les discours de ces pour les Juifs un mépris particulier. Il les accuse en ce passage d'adorer le soleil, dont les nomis con- signés ici ne sont autres que ceux'du Dieu trois fois saint de Moïse. (131 ) Norberg traduit constamment le mot qui signifie Juif par avorton . C'est une erreur déjà re- levée par M. de Sacy. (132) L'auteur paraît vouloir dire que de ce com merce impur naîtront des espèces de génies malfai- sants, à apparence corporelle, qui pervertiront, etc. (Ce suit semble le faire supposer. ) Voy. plus bas. Il est ici peut-être fait allusion au commerce des anges avec les filles des hommes dont il est parié dans la Genèse .

�55 56 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. anges de l'apostasie ; apostats , ils rendront apostats les fils des hommes , et les feront s'enorgueillir de l'or , de l'argent, des riches- ses et des trésors, des possessions , des si- mulacres , des ouvrages périssables , des chants, et de tout ce qu'on peut désirer en ce monde. A leur instigation les fils des hommes prendront les armes, s'engageront entre eux dans les horreurs et les angoises des combats ; alors, au milieu des misères et des terreurs qu'ils auront enfantées, ils diront, ces génies malfaisants : qu'on nous craigne , qu'on nous adore, qu'on nous dresse des autels . Or, soit par leur lâche complaisance, leurs caresses, leurs flatteries ; soit par ruse et par fraude, ils finiront par séduire les enfants d'Adam, se gagner leur cœur, et sous le manteau hypocrite du nom de Dieu, à force de mensonge et de trom- peries, s'attirant l'estime publique par des jeûnes apparents, par de bonnes œuvres si- mulées, par des livres adroitement conçus et écrits, ils paraîtront tout remplis de cette sagesse dont le Seigneur très-haut m'a seul revêtu, et que je suis venu vous présenter. C'est ainsi que, par des discours trompeurs, ils aveugleront les âmes, ils pervertiront les cœurs, et introduiront la folie dans le monde. Aussi je vous le répète, 6 mes disciples, jugez les prophètes du mensonge, et ne vous écartez pas de la voie de votre Seigneur . Car ces prophètes , ces anges d'apostasie , ces apôtres, au nombre de trois, prendront l'apparence des anges de lumière, pour se répandre partout l'univers . Mais je vous les signale par avance : non, ils n'ont rien de semblable à nous ! Leur lumière n'est point véritable ; c'est un vêtement de feu, mais sombre , mais épais comme la fumée et les ténèbres. Et cependant ce seront des prophè- tes, mais des prophètes du mensonge ! Or, je vous le dis , ô vous qui êtes pacifiques et fidèles, ne vous écartez point de la parole de votre Seigneur. Revêtez-vous d'étoles , de voiles blancs, symboles de l'eau que donne la vie ; mettez sur vos têtes de blanches tiares, semblables à ces couronnes de splen- deurs qui environnent la tête des anges de Jumière . Ceignez vos reins comme le font les génies radieux ; enveloppez-vous de manteau, pour que la gloire vous envelop- pe ; remplissez vos mains de perles, de ces perles de vie que les rois de la lumière re- ueillent avec tant de soin (133) . Vous qui tes fidèles et pacifiques, ne dites donc plus que vous ne savez pas, que cela vous est caché, s'il n'appartient qu'au très-grand et au très-haut, au Seigneur tout- puissant, au Dieu de toutes les créatures, de connaître tous les mystères , il vous les a révélés . Re- vêtez-vous donc, fidèles et pacifiques , des armes, non de fer, mais des armes qui Vous conviennent, je veux dire du nazaréis- me, de la foi et de la justice. Ce que vos yeux voient, ce que vos oreilles entendent, (133) Tout ce passage est évidemment symboli- que. L'auteur , dans un style oriental , encourage ses coreligionnaires à la pureté , à la chasteté , à la ce que dit votre bouche , que votre sagessa l'accomplisse (134) . Car qui voit de ses yeux, entend de ses oreilles, prononce de sa bouche, et ne fait point ce qui est honnête, est semblable à une mauvaise vigne qui absorbe la rosée du ciel, et dont les feuilles et les fruits se dessèchent . Malheur à celui qui opérera le mensonge, le manque d'in- telligence et de raison attirera sur lui un jugement de mort ; il sera condamné par ses œuvres, et tous les enfants d'Adam élèveront leur voix contre lui. Je vous révélerai ce que le Seigneur m'a commandé ; je vous parlerai de la lumière infinie, séjour du bonheur et de la joie , et des ténèbres, et de ce feu ardent où l'on ne connaît ni repos ni félicité ; et je vous mon- trerai Satan , dépouillé de vertu, privé de vérité , qui vit à jamais dans ce feu dévorant, immortel comme lui . Quant à vous , Naza- réens , dans quelque lieu que vous soyez, nés ou à naître , je vous dirai : La première génération de ce monde sera détruite par le glaive et la peste ; mais les âmes , quittant leurs dépouilles mortelles monteront au sé- jour de la lumière . Tel est le décret immua- ble du Très-Haut pour les pacifiques et les fidèles , comme pour toi , Adam , il est dit que tu passeras mille années sur la terre. Cependant tu t'élèveras avant ce terme, et c'est alors qu'apparaîtra Eve, ton épouse , et enfin toute ta postérité, excepté Ram et Rud, sa femme, par qui le monde sera perpétué. Oui, le monde sera renouvelé par eux, et tous associant leurs voix chanteront , de concert, l'hymne que j'ai apporté au monde. Mais ensuite ce même monde périra par le feu. Car telle est la volonté du Seigneur de la vie ; il faut que toutes les créatures quit- tent leurs dépouilles corporelles , excepté Schurbaï , l'homme, et Scharhabil, sa fem- me, destinés à ressusciter le monde . Aussi Schurbaï sera-t- il nommé le chef de la gé- nération . Quant aux âmes que le feu doit faire sortir de ce monde , elles monteront toutes au séjour de la lumière . Et, ainsi , elles n'accuseront point de mensonge la pa- role que leur Seigneur leur a donnée . Or, depuis la génération de Ram et de Rud, jus- qu'à celle de Schurbaï et de Scharhabil , les homines célébreront les paroles et observe- ront fidèlement le discours de la gloire. Mais quand vingt-cinq générations se seront écou- fées, le monde périra par l'eau , et les fils de l'homme se dépouilleront de leurs corps . Car tel est le décret éternel de cette génération : les corps tomberont en dissolution, mais les Ames monteront dans le séjour de la lumière, à l'exception de Nuh et de Nurajto sa fem- me, ainsi que Schum, Jamin, et Jafet, fils de Nuh, qui seront préservés des eaux du dé- luge, et par lesquels le monde sera per- pétué . Or, de Schurbaï et Scharhabil à Nuh il s'écoulera douze générations . C'est alors qu'avec deux génies, nos pères , j'annon- pratique des bonnes œuvres . (134) C'est-à-dire agissez conformément à vos paroles, à vos croyances, etc.

�57 LIVRE D'ADAM. $8 PART. I. -- ― TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. cerai au monde l'hymne divin. Depuis Nuh et son arche, jusqu'à Ibrahim, le prophète de l'esprit, et jusqu'à Mescho , et la cons- truction de la ville de Jérusalem, il y aura neuf générations. C'est alors que naîtra le roi Schelimun ( 135 ) , fils de David, futur roi de Judée et fondateur de la ville de Jéru- salem. Les diables et les démons lui seront soumis jusqu'au moment où son or- gueil éloignera de lui la miséricorde du Seigneur. A ce moment, il se verra aban- donné de tous , et son royaume périra. C'est ainsi que quiconque s'élèvera sera humilié jusqu'à la honte. Cependant depuis Mescho bar Anero jusqu'à la fin du monde, il y aura toujours des âmes justes, constantes dans leur foi ; mais il y aura aussi des prophètes de mensonge, pars dans les différentes villes, et de même qu'il y aura, disséminées en tous les lieux, des nations de langues dif- férentes, ainsi ces esprits impies se répan- dront par toute la terre, pour dominer, et pour tromper les hommes. Alors on verra s'élever un lieu contre un autre lieu ; une ville déclarer la guerre à une autre ville ; le sang coulera à grands flots : chacun sera pressé par un vil intérêt à réclamer même ce qui ne lui est pas dû. Les sept anges d'imposture viendront et ils gagneront des adorateurs. Le premier de tous, c'est le soleil ; le second, qui est un esprit impu- dique, s'appelle Lehbat Astro Amauret ; Je troisième sera le messie du mensonge, qui corrompra la doctrine primitive ; le qua- trième s'appelle Sin, qu'on nomme encore Siro et Schuril ; le cinquième est Kiven ; le sixième Bel, et le septième Nerig. Les dé- mons du soleil inspireront aux enfants des hommes le mensonge , la hauteur d'esprit, J'orgueil et le faste, et les pousseront à ado- rer la lune et le soleil . Les démons que l'on nomme Astro apporteront au monde la folie, l'adultère et l'impureté. Ce sont eux qui apprendront aux hommes les chants lascifs, les danses impudiques. Les démons des deux sexes, esprits au souffle empesté, iront çà et là sur les collines et les montagnes ; ils entraîneront les hommes à vivre errants comme eux, et leur enseigneront les prati- ques les plus abominables ; c'est alors que le Messie apparaîtra. Puis les démons ap- pelés Kivaz viendront arracher le bonheur au cœur de l'homme, lui inspirer le déses- poir et les larmes , et le chasser errant par les montagnes . Enfin les démons que j'ai nommés Nerig dépouilleront l'humanité de tout le bien qui lui restera. Mais laissez moi , mes disciples , laissez - moi vous parler encore du messie du mensonge (136) , qui doit un jour venir ; laissez- moi vous raconter ses miracles, son nom sera Emunel ( 137) ; il se fera encore appe- ler lesehu, vivifiant . Il fera sa demeure dans le feu, et c'est dans un char de feu qu'il viendra à vous et vous dira : Venez à noi (135) Salomon. H436) Tout ce passage prouve évidemment que le Livre d'Adam est l'ouvrage d'une plume kérétique . dans le feu , et vous ne serez pas brûlés si Vous croyez en moi . Non , il ne vous fera point de mal , si vous allez à lui pleins de défiance de vous-mêmes, pleins de confiance en moi , si vous vous rappelez le nom du Roi très-haut de la lumière, ce nom qui sur- vivra à toutes les créatures et dont la vertu doit être dans vos cœurs el sur vos lèvres. Laissez - moi vous faire encore un autre avertissement , & mes disciples : ce Messic prendra encore une autre forme : quoique vêtu de feu et resplendissant de lumière , il se cachera à vos regards et vous dira : Je viens de Dieu ; il ajoutera, cet esprit de mensonge , je suis le Fils de Dieu , c'est mon Père qui m'a envoyé vers vous. Il vous dira encore : Je suis le premier des apôtres , je suis Abel Zivo , je viens d'en haut. N'ayez aucune foi en lui , car ce n'est point avec un vêtement de feu que je viendrai visiter les hommes à cette époque ; mais , avant le dé- luge de Nu , apparaîtra sur la terre le génie Anusch ( 138 ) , qui passera deux mille ans dans ce monde avant l'arrivée des derniers. Son vêtement est comme l'eau des nuages voilant la splendeur de son corps . Il viendra par la vertu du Roi très-haut de la lumière , et, dans son passage, il guérira les malades, rendra la vue aux aveugles , purifiera les lé- preux , fera marcher les boiteux , rendra l'oure aux sourds et la parole aux muets ; il opérera des miracles par la vertu du Très- Haut , ressuscitera les morts , donnera la foi aux ineroyants , leur montrera enfin qu'il est la vie et la mort , la lumière et les té- nèbres , la gloire , la vérité et l'erreur, et conduira aux croyances de la lumière qui- conque croira en un seul Dieu , seigneur de toutes les créatures : la vérité. Après qu'il aura fait luire la vérité aux yeux de ses fi- dèles , après qu'il aura fait tomber l'impie Jérusalem, nous remonterons vers les créa- tures de la lumière , aux demeures de la splendeur, et nous ne nous montrerons plus à ce monde jusqu'à ce que les temps soient accomplis. Alors tout finira , et nous sépa- rerons les âmes des pacifiques d'avec celles des coupables , de tous ceux qui ont péché sur la terre ceux-ci vivront dans les ténè- bres. Or , quand il aura été rendu à chacun selon ses œuvres , alors chacun avalera du feu et des ténèbres , et il n'y restera que celui qui aura commis le péché de lèse - ma- jesté , ou qui aura corrompu la personne du Fils de l'homme . O mes pacifiques et mes fidèles : quiconque parmi vous aura déserté la voie du Seigneur et ne se sera point montré docile aux com- mandements qui lui sont donnés ; quiconque sera devenu l'adorateur de Satan , n'aura point fait pénitence ou se sera conduit selon le caprice de ses passions ; quiconque , enfin, aura violé les engagements de son bap- tême , de ce baptême d'eau vive du Jour- dain , dans lequel il a été baptisé au nom de (157) Emmanuel . (138) Hénoch .

�59 ᏣᏫ DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . la première vie , celui-là verra son nom rayé des enfants de la lumière . Alors nous appa- raîtrons dans la splendeur du soleil , dans la blancheur de la lune , dans la pureté des étoiles , dans la force des vents , dans la clarté du feu , dans l'excellence de l'eau . Avant ce temps, point d'apparition de notre part. Je vous le dis donc , ô mès fidèles ! dès que Nehu , un des anges révoltés , sera venu , l'esprit impur convoquera les habi- tants du ciel et de la terre . C'est sur le mont Tabdon que s'assembleront les esprits ré- voltés , à l'effet de consommer Nehu , de le revêtir de feu . Alors encore viendra le mes- sie avec d'autres impostures , et , en votre présence , il vous dira : Je traverse les eaux , venez à moi ! gardez-vous-en bien , o mes disciples , point de foi en lui ! S'il vous fait plus d'instances , s'il va même jusqu'à en tuer un des vôtres , n'en soyez pas affligés ; si le corps est martyr , l'âme monte habiter la terre de la lumière . Mais que ce messie trompeur ne fasse , ni par ses actes ni par ses paroles , aucune impression sur vous ! li fera plus : Pour montrer sa puissance , il arrachera de la terre les plantes et les ar- bres fructifères , et , se construisant une échelle sans fin , il en établira le pied sur la terre ; quand la tête ira dans les cieux , il montera et descendra et vous dira : Je viens d'en haut , je suis votre seigneur . Ne le croyez pas , car cette échelle n'est que l'œu- vre de l'imposture. Du reste , partout où ap- paraîtra ce messie , il fascinera vos yeux ; voulant vous cacher la splendeur du soleil , il dira à cet astre : Voile ta face , mais sa pa- role restera sans effet . Mais , pour tromper vos regards, il produira, par ses prestiges, des ténèbres soudaines et vous dira : Voyez , le soleil , à mon commandement , a voilé sa face ; car je suis son seigneur et son maître . Et moi , je vous dis , fils de l'homme , point de croyance en ce messie . Adorez le Roi très- haut de la lumière, le Seigneur de toutes les créatures , mais n'adorez point ce messie qui ne viendra que pour tromper les créa- tures, les générations et les peuples . Hélas ! il fera bien des victimes , il enchaînera bien des enfants des hommes , il aura bien des disciples : les jureurs ! ils se diront reli- gieux et justes , ils se feront appeler chré- tiens , ils se présenteront au monde des re- ligieux et des religieuses , que dis-je , des hommes pieux , saints , bienfaisants , et ce- pendant il sortira de leur sanctuaire des cor- rupteurs et des corruptrices qui enseigne- ront aux créatures les plus abominables pratiques. Ils s'imposeront des peines , des pénitences extérieures, des vêtements gros- siers ; ils vivront, hommes ou femmes , dans la solitude ; mais là , par un commerce in- fâme et charnel avec les démons , ils don- neront naissance à une race exécrable qui , à son tour, séduira , corrompra les filles des hommes. Or, je vous le dis, o mes disci- ples ! je vous le dis encore : Ce messie . après avoir passé neuf mois dans le sein (159) Le dimanche. d'une vierge , viendra au monde en chair et en sang , séra élevé et nourri par ses soins , au milieu d'une nation ignoble ; puis en- seignera une doctrine impie , et , après avoir perverti le nom des saintes Ecritures, après avoir tout changé , tout corrompu , il rem- plira les hommes de doute et d'anxiétés. Ce- pendant ses prestiges lui attacheront des sectateurs ; il les revêtira d'une tunique de chèvre , rasera leur tête et les couvrira de ténèbres. Ils ne reconnaîtront que la seule fête du soleil (139). Pour lui, il leur dira : Je suis le vrai Dieu, mon père m'a envoyé en ce monde. Je suis le premier et le dernier des apôtres ; je suis le père, je suis l'Esprit-Saint. Je viens de la ville de Nesrat (140) . Ce n'est pas tout ! il lui faudra une terre , il lui fau- dra une capitale : il ira à Jérusalem . Là il assemblera un peuple d'avortons, le fas- cinera par les prodiges et par les miracles qu'opéreront les démons qui seront avec lui ; il rendra la vie aux morts , il les fera parler. Alors il dira à ce peuple imbécile : Venez et voyez ! les morts ressuscitent , je suis Anusch le Nasaréen . Bien plus ! l'es- prit lui-même , par un témoignage éclatant parti de Jérusalem , attestera sa puissance. C'est ainsi que , par le charme de ses pres- tiges, il entraînera les enfants des hommes , en leur enseignant des pratiques abomina- bles . Il aura un baptême , mais un baptême dans une eau viciée. Il baptisera au nom du Père , du Fils et du Saint-Esprit ; et il dé- tournera les hommes du baptême véritable qui se donne dans le Jourdain . Mais vers ce même temps, il naîtra un homme qui sera appelé Jean , fils de Abo Sabo Zacharie , qui l'engendrera dans sa vieillesse . Sa mère Aneschbat le mettra au monde à l'âge de cent ans , dans une extrême vieillesse . Ce Jean sera élevé à Jérusalem ; il brillera par sa foi ardente , et il administrera le baptême dans le Jourdain pendant quarante-deux ans, avant l'époque où Nebo , prenant un corps de chair , doit venir en ce monde. C'est alors , pendant que Jean donnera le bap- tême sur le bord du Jourdain , que viendra Jeschu le Messie , qui se soumettra humble- ment à recevoir le baptême de Jean et à ap- prendre de lui la sagesse . Mais il corrompra la doctrine de ce prophète et , changeant le baptême du Jourdain , il répandra par le monde l'iniquité et la perfidie. Cependant c'est moi qui , présidant à la naissance de Jean , viendrai en personne l'instruire ; pendant trois ans je converserai avec lui , je lui enseignerai le baptême et son effica- cité divine . Puis , s'élevant par ses propres forces , il rappellera le monde à sa pureté primitive ; il le baptisera dans l'eau vive et purifiante du Jourdain , revêtira ses adeptes d'une robe de splendeur , couronnera leur tête d'une tiare de lumière et fera ré- sonner à ses oreilles l'hymne sacré , cet hymne par lequel les rois de la lumière célèbrent à jamais leur Seigneur et leur Dieu . Mais après Jean, le monde retombera (140) Nazareth.

�61 PART. 1. LIVRE D'ADAM. - 62 - lieux sacrés comme dans les lieux profanes, faisant retentir leurs tambours, leurs trom- pettes, leurs instruments conservateurs , en- lèveront aux hommes le peu de foi qui leur restera, et les précipiteront dans les plus grossières erreurs . Ils les enivreront d'un breuvage d'amour , leur inspireront une soif insatiable d'or et d'argent, leur feront bâtir à des images sans vie des temples de boue, et les leur feront adorer. Il y en aura parmi eux qui rendront un culte divin aux anges du feu, aux étoiles du ciel qui cependant , créatures stupides et sans raison , n'ont reçu de la lumière, que pour éclairer le jour et la nuit, et appeler les hommes à un autre culte, à une autre adoration . Pour toi, Adam, pour ta femme, tes enfants, ta famil- le, et quiconque voudra mériter le nom de justes et de fidèles , gardez- vous de ces œu- vres de ténèbres de Satan ; fuyez le commer- ce des diables, des démons , des esprits , des astres, des furies et des parques , qui ne sont sur la terre que pour servir d'épreuve per- pétuelle à la vertu des hommes . Car qui- conque aura conformé sa volonté à la vo- lonté de ces puissances des ténèbres, sera précipité dans un feu ardent. Loin de vous omes pacifiques, loin de vous un pareil inal- heur ! Oui,vous resterez fidèles , vous ne por- terez point les mains aux œuvres de Satan ; couverts du bouclier de la foi , qui vous pré- servera des traits de l'ennemi , vous opérerez les œuvres que votre Seigneur vous a pres- crites. Je vous en préviens, o mes pacifi- ques et mes fidèles ; après tous les prophè- tes dont je viens de vous parler il en vien- dra un dernier sur la terre . Ce sera Ma- homad ( 141 ), le quatrième prophète, donc le règne s'étendra sur toutes les nations. Mais , après cette domination qui accablera le monde, et contre laquelle le monde se ré- voltera enfin , après Mohamad Bar Resbat, le quatrième prophète il n'en viendra plus d'au- tre et la foi devra quitter la terre. Que la Vie souveraine soit à jamais célébrée dans la lumière ; que l'envoyé de la Vie soit confir- mé dans l'excellence de la pureté ! Amen. CHAPITRE III. TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. dans le mensonge , et le Messie rompra par- mi les peuples l'unité de la foi . Douze autres imposteurs parcourront pendant trente ans la terre, à l'époque ou le trompeur apparaîtra . Or, prenez-y garde , justes et fidèles, que personne d'entre vous ne se laisse séduire par la doctrine trompeuse du Messie, et de ses douze satellites ; que personne ne s'é- carte de mon enseignement , qui est la pre- mière des doctrines. Soyez fermes, et stables ¡ dans la foi , vous qui devez bientôt sortir de ice monde ! Ne prétez point l'oreille aux dis- cours mensongers ; le Seigneur, quand il lui plaira, enverra le génie Anurck, pour aller confondre la doctrine de Jeschu , et condam- ner ce Messie mensonger, né de la femme , et non de la lumière, qui prend impudem- ment l'apparence des anges de la lumière . Oui, ce Messie, qui est un des sept impos- teurs, errants par le monde , it le convaincra de mensonge, il le livrera entre les mains des avortons, il le fera attacher à une croix par ses propres adorateurs . Alors ses adep- tes seront dispersés et lui -même se cachera sur le mont Moro, et de là il répandra sur la terre l'erreur et la persécution.Quant à tous les imposteurs, qui auront adoré le fils de l'homme, ils seront précipités dans le feu éternel . Car ils n'auront point écouté ce qu'il fallait entendre, ils n'auront point vu ce qu'il fallait regarder, ils n'auront point fait ce qu'il fallait accomplir, mais ils se seront détournés de la lumière , ils se seront cherché des adorateurs , et auront aimé l'excès, les pompes et les biens de ce mon- de. Mais je vous , dis à vous mes élus et mes pacifiques , qui devez naître sur la terre, je vous dis, le trompeur viendra obscurcir la vérité, prenez y garde ! ne vous écartez point des vrais principes que je vous donne ; ne prêtez point l'oreille aux paroles enchan- tées des imposteurs , ne vous laissez point séduire par les prestiges , qu'ils feront devant vous ; ne vous vendez point comme témoins à prix d'or et d'argent , car vous encourrez la damnation éternelle, et autant gardez-vous de chanter les louanges de Nébu le Messie, car c'est encore là une de ses métamorpho- ses ; il ressemblera à un agréable joueur de flûte, il viendra chanter et danser d'une ma- nière séduisante , et surprendra le cœurdes filles des hommes, et leur enseignera mille pratiques abominables qui seront pour la terre une source d'infamie et de corruption de toute espèce . Cependant les démons Nérig enverront des voleurs sur la terre qui dépouilleront et mettront à nu les enfants des hommes ; viendront ensuite les furies et les parques,qui après les avoir dépouillés de tout, assouviront sur leurs corps leur fureur insatiable. On verra alors les diables, les démons , les satans de toute espèce qui se regarderont sur la terre, mangeront les chair de l'homme et boiront son sang. 11 y aura des visions terribles . Les chaldéens, et les magiciens parcourant la terre dans tous les sens, pénétrant partout, dans les (141 ) Mahomet. • Voici la prière du Seigneur très-haut : « Au nom de la Vie souveraine.Que l'on cé- lèbre à jamais la splendeur, la lumière sou- veraine, la lumière première ! Seigneur de l'hymne, abaisse tes regards sur nous, et ne combats point contre les serviteurs ? Sei- gneur, nous avons péché , nous avons com- mis l'iniquité : pardonne-nous nos péchés , remets nos iniquités ! regarde-nous , et juge- nous, et ne combas point contre nous ! re- garde-nous selon ta miséricorde ; aie pitié de nous , et selon ta puissance et notre confiance en toi , aie pitié de nous , objet de notre es- pérance et de notre foi ; selon ta miséricorde aie pitié de nous ; selon ta sagesse , ta puis- sance, ta miséricorde et ta bonté , aie pitié de nous. Roi très-haut de la lumière, écoute notre voix et ne combats point contre nous.

�63 61 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . Seigneur très-haut, digne d'être à jamais cé- lebré,si nous avons péché, ne combats point contre nous ! Révélateur, qui manifestes tes mystères recréés, selon ta miséricorde aie pitié de nous. Dieu de l'hymne, regarde nous et ne combats point contre nous . Con- servateur de tous les fidèles ; écoute nous et ne combats point contre nous . Auteur de tous les biens , si nous avons péché, ne com- bats point contre nous . Créateur de toutes les richesses, selon ta miséricorde, aie pitié de nous. Sauveur des cœurs honnêtes, écou- te notre voix, et ne combats point contre nous ; selon ta miséricorde , aie pitié de nous. Distributeur de tous les biens , donne - nous ta vertu, et ne combats point contre nous. Conservateur de tous les fidèles, préserve- nous de tout mal . Sauveur des âmes , déli- vre-nous de tout péché , destructeur de tous les maux , garde - nous des disputes et de la colère. Source de toute vertu ,donne -nous la vérité qui préserve de toute chute. Illumi- nateur par excellence , donne-nous la force qui empêche de rougir . Seigneur de tous les cantiques , que tes louanges nous préoc- cupent sans cesse . Gardien des justes, que ta vigilance nous garde . Défenseur de tous les élus, que ta puissance nous protége . Au- teur de toute prière et de toute action , de grâces, que l'hymne de la reconnaissance soit sans cesse sur nos lèvres comme elle est dans nos cœurs. Roi très-haut et plein de mi- séricorde, selon cette miséricorde aie pitié de nous. Médecin qui guéris les maladies les plus profondes, applique le remède à nos péchés , et ne combats point contre nous . Médecin qui guéris les âmes, guéris- nous, et ne combats point contre nous . Puissantet fort, brise la résistance des obstinés. Res- plendissant et magnifique, remplis-nous de ta splendeur. Lumière souveraine, lumière impénétrable, habite en nous . Toi qui étends ta main vers nous, pour que nous ne tom- bions pas, toi qui guides dans la voie de la vérité, fais que nous ne nous détournions point du sentier de la justice ; fort et sage, apaise ta colère en faveur de ta miséri- corde. Justice qui justifie les justes , regarde- nous, et ne combats point contre nous.Sou- verain Seigneur de toute miséricorde, selon ta miséricorde apaise ta colère ; toi qui dis- tingues la vie de la mort , apaise ta colère en faveur de la miséricorde ; toi qui distin- gues la lumière des ténèbres, apaise ta co- Lère en faveur de la miséricorde . Toi qui distingues le bien du mal , apaise ta colère en faveur de la miséricorde ; toi qui distin- gues la vérité de l'erreur, apaise ta colère en faveur de la miséricorde . Toi qui illu- mines les illuminés , apaise ta colère en fa- veur de la miséricorde. Toi qui étends le firmament par la vertu de ta puissance , a- paise ta colère en faveur de la miséricorde. Toi qui condamnes la terre par la parole, ap- paise ta colère en faveur de la miséricorde, Toi qui fais jaillir l'eau vive, apaise ta co- lère en faveur de la iniséricorde . Toi qui fécondes les plants et les arbres à fruit, a- paise la colère en faveur de la miséricorde . Gardien.des âmes, garde - nous de toute pra- tique abominable. Toi qui envoies les apo- tres de la justice, apaise ta colère en fa- veur de la miséricorde . Toi qui donnes la sagesse et les saints cantiques , apaise ta colère en faveur de la miséricorde . Juge des ames , apaise ta colère en faveur de la mi- séricorde. Juge aux yeux clairvoyants, apaise les disputes et les colères . Pur et sans tache, purifie- nous, et ne combats point con- tre nous. Nous sommes les esclaves du pé- ché ; si nous avons péché ne combats point contre nous ; nous sommes les esclaves du péché, ô Seigneur, ne combats point contre nous . Nous avons opéré l'iniquité ; si nous avons péché, ne combats point contre nous. Nos yeux ont obéi à nos sens déréglés ; si nous avons péché, ne combats point contre nous . Nos oreilles ont écouté le mal ; si nous avons péché, ne combats point contre nous. Notre bouche a prononcé le mensonge ; si nous avons péché, ne combats point contre nous. Notre main a commis le vol et a fait le mal ; Seigneur ne combats point contre nous.Notre cœur a conçu de mauvaises pen- sées; Seigneur, ne combats point contre nous. Notre cœur a commis l'adultère ; si nous avons péché Seigneur, ne combats point contre nous. Notre genou a fléchi devant les méchants , Seigneur, pardonne- nous nos péchés et nos fautes, et ne combats point contre nous . Notre pied à marché dans le chemin de l'orgueil , Seigneur ne combats point contre nous . Nous sommes les esclaves du péché, selon ta miséricorde, aie pitié de nous. Seigneur de toutes les âmes, nous avons vu ta splendeur, et nous avons reçu ; nous avons vu la lumière et nous avons cru : nous avons entendu l'hymne de tes louanges, et tajustice a habité dans notre cœur; nous avons appris le cantique d'action de grâce, le cantique de tes louanges, que tu nous a enseigné, nous avons appris à dire: Seigneur, nous avons péché, et nous avons opéré l'iniquité ; pardonne-nous et fais-nous miséricorde, et que ton nou soit loué à jamais au séjour de la lumière . Amen. CHAPITRE IV. Voici le discours du Jourdain , fin. Au nom de la Vie souveraine. Je suis l'a- pôtre de la lumière , le roi né de la lumière, dont les premiers pas ont été pour vous . La doctrine et la splendeur sont dans ma droite. La lumière et la gloire m'environnent, et j'apporte la doctrine, la parole, la prédica- tion , le caractère et le baptême . A ma voix, à ma prédication , les cœurs obscurcis s'il- Juminent, car une voix échauffe le monde ; elle le féconde jusque dans ses fondements. Que tout homme prête donc une oreille al- tentive . Cette attention le sauvera du feu consumaat. Heureux les justes, les pacifi- ques et les fidèles ; heureux les pacifiques qui s'abstiennent de tout mal.Je suis l'apotre de la lumière , envoyé par Dieu en ce monde. Je suis l'apôtre de justice , qui ne connais point le mensonge, l'apôtre à qui rien ne

�65 66 PART. I. LIVRE D ADAM. - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT . manque. Je suis l'apôtre de la lumière , heu- reux qui comprendra la Vie et goûtera cette doctrine, ses yeux seront illuminés; sa bouche ne s'ouvrira qu'aux saints cantiques et son coeur sera plein de sagesse . A son approche, les adultères abandonneront la voie de l'ini- quité; ils viendront à moi et me diront : C'est par ignorance que nous étions adultères ; nos yeux sont ouverts maintenant, nous quittons le sentier du vice, nous ne pécherons plus . Je suis l'apôtre de la vérite , qui ne con- nais point le mensonge et à qui rien ne man- que heureux qui comprendra la Vie et goûtera cette doctrine : ses yeux seront il- Tuminés. A son approche, les menteurs aban- donneront la voie du mensonge ; ils vien- dront à moi et me diront : Seigneur, c'est par ignorance que nous avons commis le mensonge ; mais nos yeux sont ouverts ; nous quittons le sentier du mal. Je suis l'apôtre de la Vie, l'apôtre de la vé- rité, qui ne connais point l'erreur, et à qui rien ne manque ; je suis l'arbre de la gloire . Heureux qui comprendra la Vie et goûtera ma doctrine ; ses yeux seront illuminés . A son approche , les homicides abandonne- ront la voie de l'iniquité ; ils viendront à moi et me diront : c'est par ignorance , que nous avons commis l'homicide ,mais nos yeux sont ouverts ; nous quittons le sentier du mal. A son approche , les faiseurs de presti- ges ont abandonné leurs enchantements ; ils viendront à moi et me diront : c'est par ignorance que nous faisions des prestiges , mais nos yeux sont ouverts , nous quittons le sentier du vice . Je suis la vigne, la vigne de la Vie , l'arbre de la gloire; heureux qui comprendra la Vie, qui obéira à mes préceptes ; ses yeux seront il fuminés ; sa bouche ne s'ouvrira qu'aux can- tiques sacrés, et son cœur sera plein de jus- tice. A son approche, les pécheurs abandon- neront la voie de l'iniquité, ils viendront à moi et me diront : c'est par ignorance que nous avons péché ; mais nos yeux sont ouverts , nous quittons le sentier du vice ; car du jour où nous avons entendu ta doctrine , du jour où nous t'avons vu , notre cœur a été rempli d'une quiétude parfaite . En toi , ô bonté par excellence, en toi , nous avons eu confiance, et après avoir vu la lumière, nous ne pouvons plus l'oublier ; non , nous ne l'oublierons plus le reste de nos jours , et son souvenir sera à jamais gravé dans nos coeurs. A ces âmes miséricorde sera faite ; car je leur ai dit : Quiconque se convertira, sauvera son âme . Le Seigneur ne combattra point contre lui. Pour les méchants et les menteurs, ils se sont condamnés eux-mê mes. Car il leur a montré ce qu'il fallait faire, et ils ne l'ont pas vu ; il les a appelés, et ils n'ont pas écouté sa voix , et ils n'ont pas obéi. Aussi , les méchants seront préci- pités dans la grande mer Erythrée , dans le séjour des ténèbres ; leur tombeau sera un tombeau d'obscurité , jusqu'au jour du juge- ment, jusqu'à l'heure de la liberté . Pour toi, Seigneur , nous te louons ; pardonne-nous nos fautes. Sois célébré à jamais , roi de la DICTIONN, DES APOCRYPHES . 1. lumière, qui par amour as fait luire la verité à nos yeux. Tu es pur, envoyé de la Vie! et tu purifies tous ceux qui t'aiment. La Vie est pure dans toutes les œuvres . Amen. CHAPITRE V. Au nom de la Vie souveraine , ô vous fide- les que j'ai plantés dans la foi , élus que j'ai choisis, je vous annonce la sainte doctrine. Ne commettez point l'adultère , ne vous ren- dez coupables d'aucun vol , soyez pleins de complaisance les uns pour les autres ; sou- mettez-vous aux puissances . Point d'accord pour le prophète du mensonge ; il ne produit rien de semblable au Jourdain , et le Sei- gneur, du séjour élevé où il trône, a les re- gards fixés sur lui. Oh! je vous ledis et le répète , o mes élus et mies pacifiques : que votre foi soit au Seigneur Très-Haut Je vous ai déjà parlé des jeunes gens et des jeunes filles, des hommes qui ne cherchent point de compagnes , et des femmes qui ne cherchent point de maris. Descendez sur les rivages de la mer , contemplez les poissons qui nagent dans les eaux , accouplés deux à deux. Voyez les oiseaux du ciel , également par couples , volant dans les régions des cieux. Que ce soit pourvous un exemple! Des- cendez sur les bords de l'Euphrate , voyez les arbres qui s'élèvent sur ses rives, et se nourrissent de l'eau du fleuve . Que l'eau vienne à manquer, le fleuve se tarit, se des- sèche, et les arbres qui manquent de l'hu- midité qui les fait vivre, se flétrissent à leur tour , et ineurent . C'est ainsi que se flétrissent et que meurent les âmes des jeunes gens et des jeunes filles , des hommes qui ne choi- sissent point de compagnes , et des femmes qui ne prennent point d'époux. Leurs âmes, en quittant leurs dépouilles matérielles iront habiter dans le séjour des ténèbres , car ils auront fait ce que je n'avais pas com- mandé . Je vous le dis donc de nouveau : mariez vos fils et vos filles , et croyez en vo- tre Seigneur le roi très-haut de la lumière , car ce monde périssable périra bientôt. Ii faut donc , mes élus et mes pacifiques , il faut donc mettre toute votre confiance en votre Dieu le roi de la lumière . Pourquoi entretiendriez - vous un commerce coupable avec ces jeunes gens , ces jeunes filles , ces hommes qui ne veulent pas de compagnes, ct ces femmes qui ne veulent pas de maris ? Se rendre coupable d'un pareil commerce c'est vouloir être précipité dans la géhenne , dans ce lieu de ténèbres si épaisses , qu'el- les surpassent l'ombre de mille milliers de cèdres ; dans ce feu si ardent , qu'il surpasse le feu de mille myriades d'arbres . Mais si Vous vous vous abstenez de ces relations défendues , vous vous élèverez au séjour des bienheureux , et vous contemplerez le visage placide du roi de la lumière. Je vous le répéte donc, o mes élus et mes pacifiques ! ayez foi dans le Roi de la lumière , et au sn- jet des animaux , des oiseaux de l'air , des poissons de la mer, tuez-les , lavez - les , nel- ioyez-les , et, après les avoir cuits , offrez - les au Seigneur , et faites-en votre nourriture . 3

�67 68 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. De rette manière , vous serez innocents de tout crime . La Vie est pure dans toutes ses œuvres. CHAPITRE VI. Les Génies disent à l'envoyé de la Vie Izatack : Que ton vêtement s'illumine de gloire et que l'amour de ton père , le Sei- gneur très-haut , soit avec toi . Amen . Au nom de la Vie souveraine , la dernière , la plus parfaite, la plus excellente de toutes les œuvres suprêmes, que ce qui est bon, salutaire , utile , soit accordé à moi Adam Iuhrum bar Scharat , à ma femme Mudatal , à ma seconde femme Samro Fat Scharat , à mes fils Adam, Behram, Semat Adam , Juh- rum , Sam et Baïan , fils incomparables de Mudatal; que ce qui est salutaire , bon , utile , vrai, me soit donc accordé à moi Adam Iuh- rum bar Scharat, et à mes enfants , qui ont été initiés dans les mystères de la Vie. Au nom de la Vie souveraine , dernière des créations de la lumière, la plus parfaite de toutes ses œuvres ; voici les secrets , les mystères de la doctrine vivifiante , ancienne , antérieure à toute autre. Après la création de Ferho ( 142) par Ferho , d'Aïar ( 143) par Aiar, après la création de Mana (144), le Sei- gneur de la gloire, il y eut d'autres Mana, grands et puissants, à la splendeur sans nuages , à la lumière sans déclin , dont la création fut antérieure àtoutes les créations de Ferho , le Seigneur par excellence , le Sei- gneur infini , dont la splendeur est supé- rieure à tout ce qu'on peut dire , dont la lu- mière dépasse tout ce qu'on peut raconter. De la création du premier Ferho surgirent des enfants , d'autres Ferho , et des myriades de Schekinta (145). Puis chaque Ferho pro- duisit à son tour des infinités de Portes et des myriades de Schekinta. Tous ces êtres se tiennent debout et louent le Mana, le Sei- gneur de gloire , qui fait sa demeure dans L'Aïar , le Seigneur de la vie , qui est dans le Jourdain , dans les eaux blanches produites par Mana, et dont l'odeur suave délecte les racines de la lumière et de la splendeur su- prême, première. Au bord de ce Jourdain , infini , ineffable , croissent des milliers de plantes pleines de fraîcheur et d'agréments , qui murmurent des hymnes sacrés , et ne doivent jamais périr. De ce grand Jourdain ont été pareillements produits des Jourdains infinis et innombrables . Or, après la créa- tion de Ferho par Ferho , après la création d'Aïar par Aïar, après la création de Mana, Seigneur de la splendeur et de la lumière , (142) Au lieu de Ferho , M. de Sacy pense qu'il faut lire Fira. C'est probablement le mot chaldéen E, fosse, dont le sens a quelque rapport avec le grec Bulos, et qui n'est, suivant Kinichi, eité par Buxtorf, qu'une corruption de l'hébreu . (143) Voy. dans l'introduction du Livre d'Adam ee que signific ce terme Ajar. (144 ) Ce mot, que nous traduisons mano , mani, et qui veut dire d'après l'arabe, sens, signification, substance spirituelle et qui ne tombe pas sous les sens, peut être tout simplement le mot chaldéen & ou vase : car ce mot est d'un'grand usage' parmi création antérieure à toute autre , est venue celle du Jourdain , maître des eaux vivantes , qui a produit la Vie, et dont les eaux se sont répandues dans la terre de l'Aiar , qui habi- tait la vie . Ensuite la Vie , se formant à la ressemblance de Mana , à qui elle devait l'existence, fit une prière . Par l'effet de cette prière , elle produisit un Outra, ou génie demiurge qui est le soutien de la vie , et qu'on nomme la seconde Vie . Une quantité innombrable d'autres Outras ou génies , fut aussi produite ; car le premier Jourdain s'é- tant répandu sur la terre de la lumière , la se- conde Vie s'y établit , puis elle appela à l'exis- tence non-seulement des Outras ou génies et des Schekintas , mais encore un autre Jour- dain, dans lequel les Outras fixèrent leur de- meure. Trois de ces Outras , demandèrent à la seconde Vie de leur donner le droit de se créer des Schekintas ; cette prièrefut exaucée , et les Schekintas appelées à l'existence . Ces mêmes s'adressant encore à la seconde Vie, et l'ap- pelant leur père, lui proposèrent la question suivante : Ce Jourdain d'eau vive et excellen- te, dont l'odeur est si suave , et dans lequel les Outras ont fixé leurs demeures , est ce une de tes créations , ou de celles des Outras qui y sont établis ? Et la seconde Vie leur ré- pondit : Quel est votre père? Quel est ce Jourdain que la Vie a appelé à l'existence ? La Vie existait , et c'est par sa vertu que vous avez été créés. Les Outras lui dirent alors : Donnes-nous une portion de la splendeur, de la lumière que tu possèdes, afin que nous produisions de nouvelles Sche kintas , et que nous donnions l'existence à un monde qui nous appartiendra en propre, ainsi qu'à toi, dans lequel nous ferons notre demeure ainsi que les Outras qui nous sont dévoués ainsi qu'à toi , en sorte que le nom de la nouvelle Vie sera mis en oubli . La seconde Vie ap- prouva ce projet, et elle leur communiqua ce qu'ils dés.raient . Mais cela ne plut point, cela ne parut point juste à la première Vie . En conséquence elle adressa ses prières et ses actions de grâces au grand Mana, qui demeure dans le grand Ferho . Mana se leva dans la splendeur, la lumière et la gloire , et appela le seigneur Kebar, qu'on appelle Ke- bar Zivo, Nebat lavar bar Iufin Isalin, ou en- core Sam Mano, et qui est le pivot, l'arbre de la Vie . Plein de commisération pour l'am-- bition désordonnée des Outras , Mana lui dit • O grand Outra, seigneur des Outras, tu vois ce que font les Outras et ce qu'ils veulent faire. Car ils disent : Créons un nouveau monde, appelons à l'existence de nouvelles les cabalistes , qui nomment ainsi les sefirot, comme on peut le voir dans le Traité de kabbale du rabbin Abraham Cohen Irira , intitulé Kab- bala denudata, tom. II, part. I , vol. IV, p. 189 et Suiv (145) Proprement Schekinta . En hébreu, scheki- nah,, et en chaldéen . Schekinta, signifie la majesté divine rendue présente et habi- tant avec les hommes . Ce mot a passé dans l'Alco- ran. Chez les cabalistes, la schekinta joue un grand role. Kabb. denud., tom. 1, part. i , p. 711 et suiv.

�69 70 PART. I. -- LIVRE D'ADAM. - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT . Schekintas . Ces Outras , sont des enfants de la lumière , mais tu es le messager de la Vie. Te convient-il que les génies de la lumière , abandonnant la lumière, se précipitent dans les ténèbres, dans la grande mer Erythrée, dans l'abime mugissant, dans l'eau qui dé- vore et qui corrompt , dans ce lieu enfin , où tout résonne du bruit effrayant des enchan- tements, où pétille sans cesse un feu con- sumant . Or comme le génie de la Vie , Ke- bar Zivo, à qui rien ne manque, gardait le silence. Mana lui parla une seconde fois et lui dit Vois, o messager de la Vie, avec quelle superbe le cœur des Outras se gon- fle ! Vois combien l'orgueil le trouble ? Ils se sont précipités dans le lieu où il n'y a rien de solide ni de stable , dans le lieu où man- que l'eau de la vie, où la clarté n'a jamais fait sa demeure . Enfin comme le génie de la vie, Kebar Zivo, gardait longtemps le silen- ce, Mana lui adressa une troisième fois la parole et lui dit : Tu es le roi des Outras, le Seigneur de vérité ; c'est toi qui prépares et distribues les trésors aux créatures de la lu- mière , c'est toi que nous avons mis à la tête de tous les géniès de la lumière , qui n'ont point quitté leurs demeures, aussi bien qu'aux créatures inférieures des ténèbres. C'est toi qui as embelli ce monde admirable . Lève- toi donc, descends-y avant que les Outras aient accompli leurs desseins criminels et odieux à la Vie et à toi . Car c'est toi qui com- mandes aux génies et qui poses des limites là où il te plaît . Or que voulons -nous autre chose dans nos prières , sinon que tu rendes à cette ville le même éclat, les mêmes orne- ments dont tu l'as dépouillée? Le messager de la vie , Kebar Zivo , répondit alors au très- magnifique Mana : Si je priais , quel autre que toi invoquerais-je ? Si je souffrais , en quel autre que toi mettrais-je ma confiance ? Ce que vous avez fait est détruit ; comment le reconstruire ? Mana lui dit ne te décourages pas, nous serons avec toi, car tout ce que tu as dit paraît juste à nos yeux ; si tu viens avec nous, qui pourra t'en séparer ? car nous serons avec toi ; la Vie , te comblant de bien- faits, t'a donné des compagnons ; elle t'a donné des Outras doux et fidèles pour partager tes travaux ; elle te donnera des filles, pour que tes fils puissent perpétuer ta race à jamais . A ces mots Mana, lui communiquant sa splen- deur et sa lumière, I enveloppe comme d'un faisceau , le revêt d'une robe magnifique , éclatante, et ensuite le plonge dans la félicité parfaite dont jouissent les princes, et le for- tifie d'un viatique convenable . Cependant sur l'ordre même de Ferho , le seigneur de lagloire qui nous révèle la vérité, je me transporte dans la demeure de la Vie. Dès que la Vie eut appris que je venais de la part de Mana, elle me dit: As-tu vu, ô messa- ger de la Vie, ce que font les Outras, et ce qu'ils méditent les uns avec les autres ? As -tu vu comme après avoir abandonné la demeure de la Vie, ils se sont précipités dans le sé- jour de l'obscurité, préférant à la société de la vie, la société des ténèbres ? Ils ont déserté le lieu de la splendeur et de la lumière pour habiter une demeure périssable . Ils ont quitté la douceur pour chercher l'amertume . Ils ont renoncé au Jourdain l'eau vitale pour courir après d'eau de l'abîme et au feu con- sumant. Ils ont dit adieu au feu de la vie, pour se donner au feu ardent, au feu con- sumant, au feu qui ne jette point de clartés , Vois donc, & messager de la Vie , vois , ce que les Outras ont fait ? Or le monde est perdu, si nous l'abandonnons ; car à qui adresserait- il ses prières ? Qui pourrait le sauver désor- mais ? Qui pourrait réparer ses pertes? Qui pourrait porter à mon trône ses vœux et ses supplications ? Comme l'Outra se préparait à exéculer les ordres de la Vie , la Vie lui dit en- core : Avant la création des Outras , n'étais- tu pas? Avant l'existence des génies, les sei- gneurs ne t'avaient - ils pas appelé , ne t'a- vaient-ils pas confié l'exécution de leurs or- dres, ne t'avaient - ils pas mis à la tête de toute chose ; ne t'avaient-ils pas commis à la garde des Schekintas et des portes principa- les du lieu secret ; ne t'avaient-ils pas établi sur les génies occultes , qui se tiennent sans cesse debout et célèbrent les louanges des princes ; ne t'avaient-ils pas entin préposé a tous les Jourdains , l'eau vive et réjouissante ? Or ce qu'ils ont voulu a été fait pour toi, pour te servir, ils ont appelé à l'existence des génies doux et fidèles. Quand la Vie m'eut ainsi par- lé, j'adorai les princes et je célébrai leurs louanges ; je célébrai aussi la Vie souveraine, parce qu'elle m'avait donné l'existence , et qu'elle m'avait créé des compagnons . Je lu rendis des actions de grâces pour m'avoir placé dans un lieu secret ; je lui témoignai ma gratitude pour tous les b.enfaits dont la Vie m'avait comblé. Je jetai ensuite mes re- gards sur ceux qui avaient préféré être re- belles et rester Outras. J'allai dans le lieu des ténèbres ; je vis les rebelles, je vis les portes de l'obscurité. je sondai la profondeur de cette obscurité ; Je vis le corrupteur et le maître de ce séjour des ténèbres ; je vis les séditieux enveloppés d'obscurité ; je vis les portes de l'incendie, les flammes ardentes, - les méchants au milieu du feu , se consultant les uns les autres dans leur détresse, je vs l'hyène , au milieu des ténèbres , parlant avec malice, faisant des prestiges et des enchan- tements; je vis la porte de l'obscurité , les abîmes du pays de Sinevis ; l'eau noire rou- lant dans ces abîmes, eau qui donne la mort à quiconque ose l'affronter . Je vis au milieu de cette eau des serpents de diverses couleurs et de diverses espèces ; je vis les vaisseaux des ténèbres différents les uns des autres ; je vis leurs pilotes dépravés assis chacun dan . son navire , revêtus de leurs armes impies , et formant des projets téméraires contre le séjour de la lumière . A cette vue , je retour- nai dans la maison de mon père, et me pre- sen ant devant la Vie, je lui acontai ce que j'avais vu . Je lui parlai du roi des ténèbres, et je lui exposai toutes les choses dont j'a- vais été le témoin. Puis je me dis à mo mème : Je me transporterai encore dans ce heu des ténèbres, vers ces abîmes d'eau, mortelle à quiconque o se l'affioner. Puis je . -

�71 72 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . remonterai vers la Vie souveraine, et je lui demanderai d'où viennent les ténèbres, d'où viennent ceux qui y habitent ? Comment sont produites leurs œuvres honteuses et terribles? Pourquoi cette immense défection ? D'où vien- nent les Buri, princes du mal , qui demeurent au milieu de la fournaise ? Quelle est l'origine de l'eau noire qui roule ses ondes en se re- pliant sur elle-même, et donne la mort à qui- conque ose l'affronter ? D'où sortent les ser- pents qui rampent dans cette eau , les vais- seaux qui s'y trouvent et les méchants qui y font leur séjour ? Enfin qui a produit cette hye- ne aux couleurs variées, et aux formes multi- ples ? Or, quand j'eus , en effet, adressé toutes ces questions à la Vie, à mes parents, sages , excellents, parfaits ; la Vie aussi puissante par son silence que par sa science, me ré- pondit : Viens, messager de la Vie, pré- pare-toi, et je t'expliquerai toutes ces choses ! Avant toutes les créatures, le seigneur Ferho existait ; après Ferho qui existait, étant par lui-même donna naissance au roi de la lumiè- re, au seigneur de la gloire. Ce roi de la lumiè- re, ce seigneur de la gloire appela à l'existence le seigneur Aïar Zivo . Celui -ci produisit le feu vivant. Le feu vivant donna naissance à la lu- mière, par la vertu du roi de lumière . Or Fe- rho n'a existé que par la Vie , comme de Ferho le jour a reçu la naissance . Or, du Jourdain est sortie l'eau vivante , qui est l'eau grande et joyeuse. L'existence nous vient de cette eau vi- vante , aussi bien que celle de tousles Outras . Peu satisfait de cette réponse , je m'a- dressai encore à la Vie et lui dis ; Mais quand vous commençâtes à exister, y'avait-il des ténèbres ? y avait-il des angoisses et des tourments ? La Vie daigna me répondre avec bienveillance : O génie docile ! ne sais -tu pas que là où se trouvent les ténèbres , il y a angoisses et tourments ? En disant ces mots, la Vie me donna le pouvoir de de- mander comment les ténèbres avaient pris naissance. Je dis donc à la Vie, maîtresse de la vie , antérieure à toute personne : Si je ne t'adressais point de pareilles questions je n'existerais point dès le commencement . Mais comme j'ai reçu l'existence de la Vie souveraine, elle m'a expliqué comment tout cela se faisait . La Vie me répondit : Nous t'avons donné le pouvoir, o génie docile ! nous t'avons donné le pouvoir de demander comme cela se faisait; mais après avoir reçu la réponse à tes questions, explique à ton tour ces choses aux génies occultes ; expli- que à tous les élus le mode d'existence des génies dans le lieu secret. Ainsi me parla la Vie, et moi je répétai ce que la Vie m'avait dit, par ces paroles : Lève-toi , génie, prends ta course vers la demeure des seigneurs , dans le séjour des princes, dans le lieu où se rendent les seigneurs , et ils satisferont ta curiosité . Après ces discours de la Vie , je (146) Toutes ces dénominations signifient proba blement les mêmes substances que les noms de tro nes, dominations , etc. , usitées dans l'Eglise. (147) On comprend que le génie ne soit point sa- tisfait de la réponse des seigneurs et qu'il réitère me transportai dans la demeure des princes et leur répétai les mêmes questions que j'a- vais adressées à la Vie. Ils me félicitèrent, me donnèrent un baiser, et après m'avoir as- signé une place pour les écouter, ils me di- rent : Nous t'avons donné le pouvoir, Kebar Zivo, génie immortel , clément et docile, nous t'avons donné le pouvoir de nous adresser ces questions, mais n'oublie pas de communiquer à tes bien-aimés , aux hommes bons, justes et fidèles, tout ce que nous t'au- rons révélé sur la forme de la gloire . N'ou- blie pas de leur dire , comme nous l'aurions fait nous-même , que la lumière n'a point de bornes, qu'il est impossible d'assigner le moment où ce qui n'existait pas a commen- cé à être; d'expliquer comment la lumière qui n'existait pas à pris naissance du néant ; comment la splendeur qui n'était pas est sortie du néant ; comment les princes qui n'étaient pas ont pris naissance du néant, qui est devenu successivement lumière in- finie, eau séparée des ténèbres , dans un lieu sans borne et ineffable. Tu leur montreras, commenous le ferions nous-mêmes, comment a existé ce qui n'existait pas ; comment ce qui n'était rien est devenue génies ; comment ces génies ou outras ont été séparés des té- nèbres , séparés de leurs habitants; comment la bonté fut distinguée de la malice, la dou- ceur de la méchanceté, le feu vivant du feu qui dévore , la célébration des prestiges et des enchantements des pervers ; le troisième Jourdain de l'eau bourbeuse du séjour des ténèbres ; l'intelligence pure, des esprits im- purs ; la voix enfin des génies , de celle des princes des ténèbres . Nous t'avons parlé des premiers êtres, nous t'allons parler des se- conds . Nous te dirons comment fut séparé le trône doux du trône contumace (146), les discours et les prières, des prestiges de l'hyène terrible; la nature de l'ange gardien, de l'esprit tentateur. Enfin , pour te parler des êtres de troisième ordre , nous t'expli- querons comment a été séparé Bahak Zivo de l'esprit ; les pensées des génies fidèles, de celles des génies révoltés ; la demeure des hons , du séjour des ténèbres ; les pacifiques , des hommes querelleurs. Après cette é- ponse des seigneurs, des princes, mes pè- res, qui m'avaient donné l'existence, je ré- fléchis en moi-même et je les interrogeai de nouveau si les ténèbres existaient dans l'o- rigine, et comment et en quel lieu elles avaient pris naissance ( 147) ? Je leur dis done Seigneurs , pourquoi les ténèbres n'ont -elles pas cessé d'exister ? leur empire est-il donc éternel ? Ainsi je parlais . Les sci- gneurs me répondirent : Génie instruit pour Instruire les autres, génie clément et im- mortel, génie bon , à qui rien ne manque, sache que le bon l'est ajamais par sa propre nature. Oui , le bon porte en lui-même la sa question . Je doute que le lecteur soit satisfait de ces explications à perte de vue, où les redites sont continuelles et où, au désordre des pensées, vient s'ajouter encore l'absurdité des expressions .

�73 TEXTES DE L'ANCIEN TFSTAMENT. PART. 1. LIVRE D'ADAM. -- 74 - demeures des êtres corrompus dans le re- paire des serpents , dans les fournaises du feu consumant , dans les fournaises de ce feu qui monte, monte , jusqu'aux limites mêmes du firmament .J'arrivai etje trouvai les Touros, les rebelles des ténèbres. Je trouvai tous ceux qui méditaient le crime qui , dans leurs projets insensés , se consultaient et se di- saient les uns aux autres : Où est le monde qui pourrait troubler le nôtre ? où est celui qui est plus fort que nous ? Levons - nous, combattons et vainquons celui à qui le monde sert de demeure . Car, qui pourrait l'emporter sur les Touros , qui pourrait vaincre les anges des ténèbres ? cause de sa propre bonté ; le bon brille par sa propre splendeur . L'eau est ce qu'elle est; sache de plus que de même que l'eau ne se mêle point au poisson qui l'habite, de même les ténèbres n'ont aucun rapport avec la lu- mière. Point de lumière dans le séjour des ténèbres, point de ténèbres dans celui de la lumière. L'eau inférieure n'a rien que d'af- freux, comme l'eau d'en haut est remplie de délices. Les ténèbres se sont fait des compagnons , et après les avoir créés, elles ont exercés sur eux leur malice . Mais tou- tes leurs œuvres sont périssables, comme les œuvres des princes seront éternelles. Oui, la demeure des méchants périra, et le feu qui les consume s'éteindra. Eux-mêmes, ils mourront ainsi que leurs œuvres, ainsi que tout ce qui n'est pas pur, et la place qu'ils occupent deviendra le partage de la vie et de la lumière . Après avoir parlé ainsi, les seigneurs se courbèrent. Pour moi , qui parlais par la vertu des seigneurs , je célébrai les princes, et leur dis Puisque les biens vous appar- tiennent dans quelque lieu qu'ils se trou- vent, je puis sans crainte me transporter dans le séjour des ténèbres . Comme je par- lais ainsi , la Vie souveraine première me fit ces recommandations : La Vie seconde a conçu l'idée de créer un monde ; descends avant elle en ce monde , appelle à l'existence des génies , des princes et des Shekintas. En disant ces paroles, elle me donna une splendeur éclatante, me communiquà une lumière sans déclin , et une pureté sans ta- che, qui devait me défendre de tout danger, me revêtit d'un vêtement magnifique et in- fini, m'établit seigneur à tout jamais, me fit don d'une perle d'eau vive , et d'une noix pour soumettre les rebelles, mit sur ma tête une couronne de feu vivant , surpassant par son éclat toute sorte de splendeur, ceignit mes reins d'une ceinture , et m'accorda la faveur d'un baiser. A ces bontés, la Vie pre- mière ajouta ces paroles : Combats les re- belles qui méditent des forfaits contre nous ; combats ces impies qui n'ont pour arme que le mal et le péché . Non, grâce à tes soins, leurs projets avorteront . La Vie première me dit encore : Le bon montera par sa bonté jusqu'au séjour de la lumière ; mais le mé- chant sera entraîné par sa malice jusqu'aux portes des ténèbres . La voix qui parle trouve un écho qui la répète, l'œuvre bonne cu mauvaise trouvera son salaire. Il viendra une voix qui expliquera toutes les voix ; une parole quí expliquera toutes les paroles ; un homme entin quí expliquera toutes choses. Après que la Vie première et souveraine m'eut ainsi parlé, je me transportai par sa puissance dans le séjour des ténèbres, dans le lieu qu'habitent les méchants, dans les (148) Voy. es remarques que nous avons déjà faites à ce sujet. (149) Ne serait-ce pas plutôt le serpem que l'au- teur voudrait dire ? Serpens erat calidissimus vm- nium animalium (Gen. 11 , 4). (150) Nous avons déjà fait observer que dans l'o Or, l'esprit de Vénus (148) est un esprit de fraude et de mensonge, plein de presti- ges et de maléfices , auprès duquel se tient l'hyène ( 149), mère de l'imposture et de la ruse. Cet esprit règne au milieu des Touros , se repaît de leur malice, et, parcourant leurs colonnes révoltées, il dit : Qui a enseigné le mensonge à la femme de Toura déchu ? Qui lui a appris la route qui conduit en ce lieu ? Et l'esprit de mensonge se leva, et tous les esprits des astres (150) se levèrent avec lui, et s'approchant de plus près, il aperçut les principaux Touros assis, mais tous revêtus de leurs armes et en présence du roi des ténèbres . A leur vue, le sombre monarque élevant la voix du haut de son trône, s'écria : Qui est plus fort que moi ? moi, que tant de créatures adorent ? Qui est plus fort que moi ? qu'il se lève et vienne combattre ? Mais , non ; on ne trouvera ja- mais personne capable de résister à la fureur impétueuse des Touros , car ils sont grands et puissants ; tous ils me révèrent et m'ado- rent . Quand le roi des ténèbres eut parlé ainsi, l'esprit s'abattit sur son trône , et , de concert avec tous les esprits des astres , il adressa la parole au sombre monarque , son fils, et l'excita en ces termes : Qui serait plus puissant que toi ne serait- il pas supé- rieur à toutes les créatures ? qui est plus noble, plus illustre que tes princes, qui sié- gent autour de toi et qui sont plus illustres que le monde ? Quand l'esprit Namrus, l'es- prit de Vénus eut parlé ainsi à son fils , le géant Toura ( 151 ), gonflé de colère et de rage, prit une expression épouvantable . Travaillé par une bile impure , effet d'une malice ex- ubérante, il vomit un torrent de chaleur semblable à du feu , et , rassemblant aussitôt sa cohorte déchue , il s'écria : Je me lèverai ! je monterai de ce séjour des ténèbres, et aux éclairs de ma barbe embrasée , j'incen- dierai le monde après l'avoir enchaîné ; je renverserai les potentats de leurs trônes , et je comblerai le mal par le mal. Il dit, et il ouvrit une bouche impure, et d'où s'exha- Jait une vapeur fétide, dont le monde fut pinion des gnostiques les astres sont régis par des génies . (151 ) M. Norberg traduit ici apostata ; M. de Sacy rapproche le mot sabéen de l'hébreu biblique 1 , et traduit gigas.

�75 76 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. empesté. Mais agissant à mon tour , je me présentai à lui dans le costume des puis- sants, dans une splendeur éblouissante et infinie . Je lui apparus resplendissant de gloire, et fis luire à ses yeux la perle d'eau vive qui devait soumettre les rebelles; je lui montrai la couronne de feu vivant qui de- vait frapper d'épouvante tous ceux qui la verraient. A cette vue, l'esprit Namrus s'écria : Rui- ne ! ruine ! et aussitôt les bataillons du puissant monarque s'évanouirent en ma présence. Lui -même fut entraîné, et il s'en- fuit avec ses cohortes, avec leurs familles , avec ses guerriers, avec ses fascinateurs , ses démons , avec les esprits de tout genre . Mais bientôt, revenant à la charge, il voulut dévorer toutes les créatures . Il saisit la foudre, et rassembla violemment les douze étoiles zodiacales ; puis il monta du séjour des ténèbres, en soulevant la poussière sous ses pas, et vint pour absorber l'eau noire, les fascinateurs et les démons qui y font leur demeure , et tous les esprits des pla- nètes . Il se leva : c'en était fait du monde ; déjà ses yeux se gonflaient de larmes, déjà son cœur poussait des soupirs de déses- poir, car il allait se voir dépouillé , dans une nudité complète lorsque , pour la se- conde fois, j'apparus ; je prononçai quelques paroles, et soudain sa couronne tomba de sa tête . A cette chute , la foudre qu'il tenait dans la bouche s'évanouit comme une vapeur brûlante, incendiant tous les Touras qui étaient autour de lui . Oui , par la foudre qui s'échappa de la bouche de Our , tous les Touras furent consumés . Alors , me mon- trant pour la troisième fois , et en vertu de la puissance que m'avaient communiquée mes pères, j'attirai cette vapeur à moi ; elle n'eut pas plus tôt touché mon vêtement, qu'elle s'évanouit aussitôt. A cette vue , le sombre monarque saisissant la terre dans sa rage , l'avala d'un seul coup. Dès que la terre eut été ainsi dévorée, le mur qui sert de défense aux ténèbres s'écroula . Alors es ténèbres, n'étant plus retenues , s'épais- sirent ; bientôt elles gagnèrent jusqu'à son cœur, qui était de la même nature qu'elles . Dans ce moment , je comprimai ses yeux, je serrai son cœur , j'y mis la dissolu- tion, je pressurai son foie , je tournai et re- tournai son ventre et ses intestins , et , re- fermant le mur détruit, en le fixant par un lien solide, j'inoculai un poison mortel dans son cœur et dans ses entrailles . Alors toute sa personne devint amère . Des larmes coulèrent de ses yeux, larmes brûlantes comme le feu . Pour moi , le précipitant dans l'abîme que lui avoit mérité son apostasie , je lui rompis les os. Sa bouche vomit une écume noire et épaisse . Je le bâillonnai avec un frein de fer ; je chargeai de chaînes ses mains et ses pieds. Alors un nuage, comme un voile épais , couvrit sa tête , ses yeux ne bravèrent plus, et la voix défaillit dans la bouche du démon . Bientôt cependant il exhala en ces termes son désespoir : Mal- heur, malheur ! s'écria- t- il ; mallieur, mal- heur à moi ! Et puis, au milieu des ardeurs dont il était embrasé : Malheur, malheur à moi ! qui vais être exposé à une colère qui bouillonne sans cesse. C'est moi , c'est moi, s'écriait - il, que vont maudire tous les mé- chants ; c'est moi que vont engloutir les eaux de l'abîme ! Les ténèbres , étaient dans ses yeux , et le tumulte dans son cœur. It dit encore : Non , je n'ai rien fait contre lui , et cependant j'implore sa clé- mence en suppliant : ô miséricordieux , aie pitié de moi ! Comme il disait ces mots, il rejeta tout ce qu'il avait absorbé ; l'odeur en ful empestée . Et quand il eut ajouté : Sois-moi propice , tous ses adorateurs se dispersèrent , et le poids qui pesait sur lui s'aggrava de plus en plus, jusqu'à ce qu'il devint infini . Et comme par ses mouvements convulsifs et ses soubresauts il faisait trem- bler sa demeure , on mit des gardes autour de lui. Ces gardes furent des puissants et des potentats du monde. Et l'esprit, répan- dant un torrent de larmes, se mit à rugir et à hurler, et à dire au géant Touro : Monstre ignoble et abominable, foyer d'infection , qui t'a fait tout cela ? qui t'a réduit en cet état ? Et il répondit à l'esprit : Je vais te le dire . Mais comme il voulait parler, la salive inondait sa bouche comme une bave hi- deuse . Et le puissant Bezan, ce seigneur du monde, poussa un profond soupir et répon- dit à sa mère Namrus : Celui qui m'a préci- pité dans cet abîme est plus puissant que toutes les créatures . A sa vue, tout mon être a tressailli . Oui , il est plus grand que toutes les créatures . Après avoir ainsi parlé à sa mère, il voulut renvoyer les anges qui le gardaient ; mais c'est en vain qu'il prononça son nom ; ils se dirent les uns les autres : Our veut s'échapper. Quand l'esprit eut en- tendu ces paroles, il posa la main sur sa tête et m'appela, tremblant, debout, et ob- servant le roi des ténèbres . Quand j'ens vu ses efforts , je l'enfermai dans une tour qui s'élevait au milieu du ciel . J'entourai cette tour d'une ceinture de sept murs de fer et de tout ce qui pouvait la fortifier . Puis je pré- posai des gardes à ce mur, pour veiller sur le prisonnier. Je pratiquai encore aux qua- tre côtés vingt-quatre portes pour protéger le monde, et j'élevai un talus de défense. Quand il eut eu connaissance des vingt-qua- tre portes de son cachot, le roi des ténèbres s'écria : A moi désormais les soupirs et les larmes ! Hélas ! quand j'aurai faim , que man- gerai-je ? quand j'aurai soif, que boirai-je? sur quel lit prendrai-je mon repos ? qui me fera société ? Je lui répondis : Le bon s'élè- vera par sa bonté jusqu'au séjour de la lu- mière ; mais le méchant sera plongé dans les ténèbres à cause de sa malice. Tu demeu- reras désormais aux portes des ténèbres. La nature qui t'a donné l'être sera ta compa- gne, cette nature dans laquelle tu t'es perdu . Quand tu auras faim, tu mangeras avec ta famille et tous ceux qui seront avec toi ; pour boisson, tu auras l'eau noire au milieu de laquelle tu habites. Il reprit Mais si je ne suis pas rassasié ; qui apaisera ma faim ?

�77 TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. PART. I. LIVRE D'ADAM. - 78 —— de chacune de ces doctrines, et je la répétai après eux. Du reste, ces doctrines ne ré- gneront point à jamais sur la terre ; il en viendra une dernière qui les remplacera , qui les expliquera. Il viendra une parole qui sera le complément de toutes les paro- les ; un fils bien-aimé orné d'ailes resplen- dissantes et d'une forme à jamais admi- rable . et si j'ai encore soif, qui viendra me désal- térer? Pendant que le méchant exhalait ces plaintes, je me riais de lui ; je regardais en pitié ce monstre qui , privé de l'usage de ses pieds et de ses mains, menaçait encore de dévorer le monde. Et quand je lui eus dit que la pureté de la vie décidait du sort des chefs et des princes, il se prit à gémir et à pleurer, et il répondit : Qui , parmi les créa- tures, est plus grand que toi ? qui est plus puissant? Sois-moi propice , et, parce que j'ai péché, ne combats point contre moi , mais communique-moi une partie de ta puis- sance . Hélas ! 'Seigneur notre maître, nous avons péché, nous avons péché contre toi ; mais pardonne-nous , et communique-nous une partie de ta puissance : nous serons dé- sormais tes sujets . Alors moi , qui suis bon envers les bous , j'adressai cette prière à la Vie première et puissante : Que le monde , objet des vœux de la seconde Vie , qu'Aba- tur, la troisième Vie , que les fils de la paix soient créés ; que l'ange Gabriel soit appelé et envoyé pour créer ce monde nouveau ; que sous ses mains la terre s'épaisisse ; qu'à sa parole elle se pare de tous ses attraits , et que le puits de l'abîme soit fermé par ses soins. Quand ce vœu eut été exaucé, je me tournai vers le roi des ténèbres , et lui dis : L'eau qui jaillira du Sinevas viendra jus- qu'à toi ; mais au lieu de cette eau de la vie, au lieu de cette eau vivante et radieuse , parfumée des plus suaves odeurs , c'est la vase qui servira à apaiser ta soif; c'est l'ali- ment du feu qui consume qui sera désor- mais la nourriture , à toi et aux fascinateurs, aux diables, aux esprits des planètes, à tous les démons ; et quand le firmament s'é- tendra , tu seras accablé de son poids, et tu sécheras de chaleur. Alors il se mit à røger avec violence et à s'écrier : Mais comment pourrai-je seul soutenir un pareil fardeau ? A ces mots, l'esprit , sa mère , s'agitant, se contournant de désespoir : Hélas ! hélas ! dit-il, qui pourra supporter le poids du monde à ta place ? qui commandera aux fascinateurs et à tous les génies ? qui pourra apaiser ta soif, qui pourra apaiser ta soif insatiable ? Ainsi parlaient les méchants . Pour moi , fidèle à la mission confiée par la Vic première , je ne prononçai que des pa- roles conformes à leur volonté . Or , il plut aux seigneurs , mes pères, de me dire : Les voix sont connues , les paroles sont comp- tées. La doctrine que l'esprit a méditée et qu'il voulait implanter sur la terre restera à l'état de vision chimérique . Mais il y aura la doctrine des sept planètes , causes de toutes les éclipses, et dont le nombre est écrit et compté; mais il y aura la doctrine des douze étoiles , sujet d'inquiétude et de perplexité pour les rêveurs imbus d'une science obscure ; mais il y aura la doctrine des cinq étoiles, qui jetteront dans l'épou- vante les orateurs qui en seront les specta- teurs. Car elles sont de la nature du feu ardent , et s'avancent , visibles comme le feu, sur un char dout les roues sont eu- brasées. Je reçus de mes pères l'explication Il viendra une doctrine , qui est la doctri- ne sacrée de la Vie , publiée par ce fils bien- aimé d'après l'ordre de son père. Je le vois qui s'avance vers le monde, comme un feu vivant plein de religion pour la Vie suprê- me , et professant la sainte doctrine . Il tou- chera l'eau , et elle se congèlera, et devien dra la limite des créatures . Muni de la pru- dence des puissants, il apportera la clarté du séjour de la Vie , et illuminera le monde, son domicile . Quant au roi lui -même, après avoir créé le monde , il donnera une forme substantielle aux corps, et pour nourriture, un feu vivant et délicieux, et tout ce qui peut alimenter la créature , comme les fruits des arbres, de la vigne, de l'olivier , et de tout ce qui embellira alors la terre . Quant aux choses qui ne se mangent point, ou qui se corrompent , elles deviendront sa pâture . Cependant trois génies viendront en pleu- rant annoncer la doctrine de la Vie , et illu- miner le monde déchu . Deux autres génies viendront à leur tour, qui remonteront à la source de l'eau, et appelleront un Jourdain , l'existence du monde , et l'envelopperont de clartés . Après avoir confié à la terre de bonnes semences, c'est-à - dire la foi , la sa- gesse , et la prédication , il annonceront la saine doctrine , et éclaireront ainsi le monde. Quant au limon et à la vase de l'eau qui doit arroser la terre , elle te sera laissée pour te désaltérer . Sur toi veilleront tes fils , tes propres enfants , ils garderont la tour où tu es enfermé ; et qui sera encore environnée d'un triple mur, d'un triple rempart , bar- rière infranchissable . A ces mots, l'esprit mauvais, dévoré d'une rage furieuse, ébranla les fondements de la terre , la tour qui le tenait prisonnier, et la barrière qui l'enve- loppait . Alors je me levai par la vertu de la Vie , et adressant à la Vie souveraine des prières ardentes , je construisis un mur da fer ; j'en entourai la tour, et nul homme ne serait capable de l'ébranler; puis frappant la terre du pied , je coupai les attaches de son coeur, je l'enveloppai de liens solides, je resserrai les chaînes de son corps , et je les retriplai . Je rendis ainsi ses efforts inu- tiles et sa rage sans effet . Alors je le préci- pitai dans la fournaise , sous la garde de sept sentinelles, et je lui frappai la tête d'un si furieux coup de bâton que , poussant un gémissement comme une femme, il se prit à leurer, comme un enfant. Puis je lui pré- sentai de la nourriture , et j'apaisai sa faim , et de la boisson , j'éteignis l'incendie de sa soif, et après lui avoir enlevé sa splen- deur première, son premier éclat , je le re- vètis de chaleur. Je me disposai alors à prendre la route du séjour des hons ; mas

�79 80 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHIES. auparavant j'établis une cour en ce monde. J'y placai un trône , j'y mis un sceptre, je disposai des siéges et des étoles pour les fils de la paix, pour ces enfants de la lumière à qui rien ne manque , et qui sont comblés de toute sorte de biens . Un Jourdain fut égale- ment préparé, et je préposai à sa garde deux génies, deux Outras, sans tache , sans défaut . Enfin je mis sur le trône Rab Zevo; je lui abandonnai le sceptre, pour qu'il eût à gou- verner dans tous les siècles , avec bonheur et gloire , et joyeux de ces œuvres que la Vie In'avait donné de faire , je me dirigeai vers la demeure des puissants. A ma vue, à l'au- dition de ma voix, ils tressaillirent d'allé- gresse , et la Vie me combla d'une félicité, et d'une splendeur qui m'avait été jusque Jà inconnue , car elle me dit : La vérité sera pour toi comme un médecin habile ; elle remplira tes discours , et te communiquera autant de joie que la Vie même en possède. Elle me dit encore : Célèbre la victoire de ce héros ; il s'est trouvé au milieu du feu, et le feu ne l'a point pénétré. Le génie a en- seigné sa doctrine ; il a montré la voie aux pacifiques , il leur a donné la force de la sui- vre, et leur promettant de ne point oublier leurs noms au milieu des seigneurs , il leur a dit : Soyez dans la paix et dans l'allégresse ! Alors la Vie faisant au génie un accueil bienveillant , l'embrassa tendrement et lui donna la vérité. Et parce que les puissants avaient fait un vœu pour le génie , lui souhai- tant réussite et succès , la Vie exprima en sa faveur le même désir : Sois heureux , dit elle, dans ton entreprise , établis les Ouras, tes pères; qu'ils deviennent ton propre do- maine ; tel est le bienfait ineffable que t'ac- corde ton père, la Vie première et souve- raine . Aussitôt, armé de la vérité, j'allai à la demeure des puissants , dans ce lieu qu'habitent les bons . En y arrivant , je me prosternai devant les puissants, et je leur dis : J'ai demandé à parler à la Vie ma sou- veraine , et la Vie , ma souveraine , a exaucé mes vœux. J'ai demandé à lui raconter mes exploits, et la Vie , ma souveraine a mis le comble à mon bonheur, par ces paroles : Invoque-moi, pour le succès de ton entreprise, car je suis la maîtresse auguste et éternelle de toute chose ; tu deviendras le père des génies, et voici des provisions pour ta route. Le premier des Outras , tu embelliras toutes tes œuvres, et tout réussira dans tes mains. Messager de la Vie , Outra toujours prêt à faire les volontés de la Vie, lève - toi , répands dans l'espace l'eau de la Vie , et conduis- là dans le monde . Appelle à toi les trois génies, préposés à la garde du trésor de la vie. Car ce trésor, des génies grands, sans discerne ment, l'apporteront dans le monde, ils le couvriront d'un dehors méprisable , le ca- cheront sous une enveloppe charuelle, d'un vêtement de néant; ils le rendront sujet à toutes sortes de défauts et d'imperfections, et par eux sera produit un mouvement et une agitation ça et là. Alors la Vie seconde we présenta , et les génies ou Outras s'appro- chèrent pour la consulter, et ils lui dirent : à Donne - nous la puissance de créer un monde, qui te serve de demeure , et qui soit, ainsi que nous, ton domaine. Et la Vie seconde leur donna la splendeur, la lumière, et tout ce qu'elle avait reçu de la Vie pre- mière , et ils partirent pour créer un monde. Cependant les fils de la Vie seconde se levèrent à leur tour, et descendirent dans le séjour des ténèbres. Ils appelèrent suc- cessivement à l'existence Fétahil et les fils de la paix, à chacun desquels ils donnèrent également et une demeure et un trône. Et puis soixante - dix Outras remontèrent aux sources de l'eau, et virent le séjour des té- nèbres . Mais Behak Zivo , fier d'être un des puissants, quitte le ciel , patrie de son père, et s'écrie dans son orgueil : Je suis le père des génies, je leur ai préparé une demeure . Cherche, & Fétahil , cherche à connaître la raison d'être de l'enfer, afin que moi aussi je puisse appeler à l'existence des créatures, puissance que je n'ai pas encore. Or tant que j'ignorerai la cause de l'enfer et du feu qui consume sans jeter de clarté , ce pouvoir me sera refusé. Je suis cependant le père des génies, et je ne puis donner des habitants même à l'enfer ! Puis, après avoir appelé auprès de lui le génie Fétahil, il Faccueillit avec bienveillance , lui donna le baiser qu'on donne aux puissants , et lui fit part de ses projets. L'esprit Gabriel lui -même , élevant la voix à son tour , s'écria : Oui , lève -toi, Fe- tahil , va, descends dans ce lieu qui n'a ni habitations ni créatures, appelles - en à l'exis- tence , comme l'ont fait les fils de la paix ; fais - toi , prépare - toi un monde, et fais-en la demeure de ces génies. Mais Gabriel , ce père auguste des génies , ne lui parla point de l'enfer , et ne lui en fit point con- naître la cause et la raison . Cependant le génie Fétahil , excité par ces paroles, part, descend dans les basses régions, dans ces lieux qui n'ont point d'habitants. Arrivé au plus profond de l'abîme , il jeta un regard sur lui-même, et s'écria : Que mon feu vi- vant est obscurci ! D'où vient ce changement? ne suis -je pas le fils des seigneurs ? A ces paroles de Fétahil , l'esprit des ténèbres se fortifia , et en voyant ce changement fatal survenu dans la splendeur de l'Oura or- gueilleux , il espéra et se redressa . Il quitta le manteau qui couvrait sa nudité, et pre- nant le costume de ses beaux jours, il s'ap- procha de Karabtono, et lui dit : Lève-toi, regarde ! la splendeur de Fétahil à pâli ; elle a connu le déclin. Allons, unis-toi àta mère , et produisons une création nouvelle qui brise les liens qui nous enchaînent . Il dit, et le méchant s'accoupla monstrueusement avec sa mère . L'esprit fecondé conçut sept figures , qu'il enfanta successivement pen- dant sept jours . Ce sont les sept planètes . Mais en les voyant, il s'écria : J'ai voulu , et je n'ai pu produire ce que je désirais ; cha- que création n'est point semblable à l'autre . Pendant qu'il parlait , les enfants firent un grand tumulte. Alors Fétahil étendant la

�81 82 PART. I. - - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. LIVRE D'ADAM. main sur l'abîme , dit : Qu'une terre soit faite, semblable à la terre qui sert de de- meure aux puissants . Mais en vain il avait plongé sa main dans l'abîme , à peine il put produire une légère condensation qui , se liquéliant bientôt , s'écoula çà et là . A cette vue, il resta interdit. Mais reprenant cou- rage, il se dit je me lèverai , je changerai de vêtement , et je monterai auprès de l'é- ternel roi du inonde. En effet, il se leva , changea de vêtement, et alla trouver le roi Bouro , auquel il dit : Lève-toi , seigneur Bouro , et regarde ! Je sais que le monde entier doit t'appartenir, et que les liens qui Je retiennent seront rompus . A ces mots le méchant reprit courage , et l'esprit, pro- fitant de cette circonstance, lui dit : Je suis ta sœur ; viens, unis-toi à moi, et ta force sera doublée. Ils s'accouplèrent , et l'esprit conçut d'un seul coup douze Touros , con- ceptions inutiles qui ne leur servirent de rien. Or après douze jours, l'esprit mit au monde douze figures , toutes dissemblables les uns des autres ; à cette vue , l'esprit dé- couragé s'écria en pleurant : Hélas ! je croyais que mes enfants deviendraient les maîtres du monde ; mais je me suis trompé, et je n'ai fait qu'ajouter une nouvelle folie à mes fautes. Ainsi parla l'esprit Namrus, et les douze étoiles , présages désormais si- nistres, s'échappèrent de son sein . Quant à Fétabil , il était resté plongé en lui-même, pendant ces productions de l'esprit . Il s'é- cria enfin Je quitterai le monde ! A ces mots, l'esprit reprit courage et dit : Je n'ai point d'ennemi éternel ; point d'étranger qui règne à jamais sur mon domaine . Il se leva done, changea de vêtement, et s'enfon- çant dans le plus profond de l'abime, il alla trouver Karabtano, qui n'avait ni pieds , ni mains, et lui dit : Lève-toi , mon père , re- garde-moi , je suis ta tille , reçois - moi avec bienveillance , embrasse - moi , unis-toi avee moi, appelle à l'existence une création nou- velle et le monde deviendra désormais ton partage . Elle dit , et le méchant séduit , s'ac- coupla avec l'esprit, et celui- ci conçut cinq étoiles , esprits superbes, trompeurs , qui ne devaient opérer que des œuvres de ténè- bres . Or pendant un jour les éclairs sillonnèrent les nues , pendant deux jours le tonnerre gronda avec fracas , pendant trois jours la foudre éclata en différents points . Pendant quatre jours , les portes de l'abîme retenti- rent, enfin pendant cinq jours , au grand ef- froi des démons , l'esprit mit au monde cinq figures , toutes dissemblables les unes des autres , sources futures de querelle et d'ini- quité, plus fortes que tous les créatures en- semble . A cette vue , l'esprit porta la main à sa tête , et le cœur troublé , il s'écria : j'ai couru , seigneur, et je n'ai pas atteint le but ; mon action est encore insensée . N'as-tu pas vu ces figures nouvelles ? non , ce n'est point ce que je désirais. J'ai voulu et ma vo lonté n'a pas été faite . Tous mes efforts ont été vains , tous mes projets inutiles.Qu'avais- je besoin de changer de vêtement ? résultat trompeur ! Alors, Fétahil, appelant à lui la sagesse et la prudence qui l'avaient abandon- né, dit enfin Je monterai vers la Vie , je lui demanderai en suppliant pardon de ma sottise , afin que me revêtant d'un vêtement de feu vivant, je puisse embraser l'abime, et montrer ce qu'il sort de mon étreinte puis- sante . En effet , Fétahil, après avoir obtenu le pardon qu'il sollicitait, après avoir adoré la Vie , fut revêtu d'un vêtement de feu vi- vant et descendit dans l'abîme . Bientôt le feu qui l'enveloppait se mêla aux ténèbres et, par l'opération puissante de ce feu, une poussière immense fut soulevée de la région de Sinevas . Or, cette poussière tomba dans l'abime, et soudain les profondeurs de la mer furent comblées, les gouffres s'aplani- rent et l'enfer se solidifia en glace . Alors Dalio Bar Gudo s'élança de l'abime, puis ce plaçant au centre même du ciel , il adora en suppliant l'auteur du firmament, et exprima son allégresse à la vue de son trône sublime Car, comme Fétahil , voulait joindre par un mur immense le centre du ciel à la terre, il se vit entouré par l'armée innombrable des géants, armée pleine de ruse de malice et de prestiges ; il fut entouré par les sept planètes et les douze étoiles , il fut entouré par Atefan et Zifin, ces deux maîtres du monde, ces rois de la colère , dont l'un est aveugle et l'autre aveugle et réduit, il fut entouré enfin par Retadio Rebo . Cependant le mur atteignait déjà la fournaise du ciel. Mais au moment ou Fétabil etablissait son trône, les sept planètes et les douze étoiles se précipitèrent de concert sur lui , et sur- montant tous les obstacles , ils s'établirent en maître sur l'ouvrage achevé, aidés de cinq étoiles dont les chefs s'étaient levés contre moi . Alors, Fétahil , rappelant sa pru- dence , leur dit aux uns et aux autres : Qui êtes-vous , méchants , vous qui n'avez pas reçu le sceau de la maison du Père ? L'esprit lui répondit : Nous venons de l'enfer pour te servir , pour être ta consolation sur le trône, et te distraire des ennuis de l'admi- nistration du monde . Accueille - nous donc avec bienveillance , car nous ne te voulons. que du bien . Alors , Fétahil répondit aux sept planètes : Oui , vous êtes mes enfants. si vous faites de bonnes œuvres ; dans ce cas, je vous admettrai dans ma société. Dès qu'il eut dit ces mots, le monde qu'il venait de produire fut enlevé et les géants s'en em- parèrent . Ce Dei ouvrage redevint ce qu'il avait été avant que le firmament ne se fût étendu sous ses mains, avant que la terre n'eût été solidifiée . A cette vue, Fétahil, toujours conseillé par la prudence, se dit en lui-même : Je me leverai , je monterai dans la maison de mon Père, et je lui dira : Tout ce que tu m'as ordonné de faire je la fait. Mais l'esprit devinant, avec sa pém- tration infinie, les pensées secrètes de Fé- tahil, se disait aussi à lui-même : Je soule- verai les génies des astres et Astarté ; j'en- gagerai dans ma querelle les sept étoiles , ines enfants en ce monde qui, par leurs prestiges , causeront le tumulte ; j'occupe-

�DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. 81 rai encore les douze étoiles entre les dé- mons ; pour qu'à leur vue le monde soit saisi d'épouvante : j'appellerai enfin à moi les cinq étoiles , les chefs du monde , et avec eux tous je ferai la guerre . Mais soupçon- nant ces projets, Fétahil, retint par pru- dence sa colère près d'éclater , il saisit un bâton et se dit : Avant de monter à la maison de mon père, j'établirai un maître dans ce monde. Ces insensés ignorent qui est le maître du monde et qui en doit être le sei- gneur. Alors il se dirigea en toute hâte vers la demeure de la Vie et dit à l'Outra son père : J'avais créé un monde ; mais l'esprit à sou- levé les génies des astres, il a excité les malicieuses Astartés , les démons de toute espèce et de tout genre ; les sept planètes, l'armée innombrables, fascinateurs en nom- bre ; tous les diables, les cinq étoiles ; tous ces rebelles se préparent à la guerre, et à ensanglanter la terre . Or , qu'avons-nous à faire ? Serons-nous dans le ciel ? Que le monde entier retentisse de nos prédications . La terre tombera en notre pouvoir, et la de- meure que notre père nous a faite , sera encore notre partage : car nous sommes sei- gneurs de ce monde . L'esprit voudrait nous supplanter, et nous serions réduits au rôle de gardiens. Que les douze étoiles se lèvent donc, et qu'elles servent à distinguer les jours des mois, les heures et le crépuscule . De cette manière nous ressaisirons l'auto- rité. Que l'espace du temps qui doit s'écou- ler entre la création de la terre et celle d'A- dam soit fixé à 360,000 ans ; depuis Adam jusqu'au berceau dugenre humain à 480,000 ans, ces années seront égales et marquées soit par les sept planètes, soit par les douze étoiles . Ces génies du reste ne savent pas que le monde ne manquera jamais ni de mai- tre, ni d'habitants . C'est donc en vain qu'ils se demandent quel maître ils pourront lui donner. Ensuite , Fétahil , retourna dans le monde , et leur annonça les ordres de son père . Me voici , dit-il , je viens établir mon fils bien- aimé qui rendra hommage aux puissants ; mais qui frappera sans pitié la bête vorace, la bête féroce . Tout lui réussira car je serai son conseiller.Pendant ce temps là les sept planètes s'étaient déjà partagé l'empire, soit des hommes , soit des animaux soit des fruits et des plantes de la terre . Fétabil leur dit : Faisons Adam, et qu'il rè- gne en ce monde ! A ces mots, les sept pla- nètes se dirent entre elles : faisons Adam avec Eve et qu'il soit notre serviteur : Mais elles dirent à Fétahil : allons , faisons Adam et Eve, et qu'ils deviennent les principes de tou- tes les générations . A ces mots , Fétahil , af- fligé de ce partage que les sept planètes voulaient avoir dans la création , se dit en lui - même ne suis-je pas assez puissant pour créer seul Adam et Eve, qu'ai -je donc (152)Il y a dans le texte man, N. Ce mot mana, qui revient assez souvent dans cette partie, a été traduit par M. Norberg par con ; mais M. Syl- vestre de Sacy conjecture que c'est l'équivalent d'un mot arabe qui signifie sens , que les hommes spiri- besoin des secours des sept planètes ? Alors il dit à ces sept planètes : Adam, mon fils, sera le roi de ce monde. Alors les sept pla- nètes lui répondirent ? Et quel sera notre partage en ce monde ? qu'elles seront nos attributions ? Fétahil leur dit : vous le nour- rirez et le servirez à jamais . Créez donc Adam , et donnez lui une âme . Mais après avoir créé le corps d'Adam, ces génies ne purent lui donner une âme . C'est pourquoi ils appelèrent à leurs secours la force de l'air pour purifier ses os, pour y faire circuler la moëlle , afin qu'il pût se tenir ferme sur ses pieds. Enfin, ils appelèrent la clarté du feu vivant, pour illuminer son enveloppe, afin qu'il pot tenir ferme sur ses pieds. Ils appefèrent la vapeur de l'eau bouillante et la chaleur du feu consumant pour échauffer son corps , circuler dans son épine dorsale faire ajuster ses bras, les plier, les allonger afin qu'il put se tenir ferme sur ses pieds. Enfin ils appelèrent Fétahil , et lui dirent : donne-nous le pouvoir d'inspirer dans Adam cet esprit que tu as apporté de la maison de ton père ; cette prière fut exaucée , ils for- mèrent le maître de ce monde ; mais ils ne purent encore le faire tenir ferme sur ses pieds . Alors , Fétahil s'en alla et remonta au séjour de la lumière . Dès qu'il fut en pré- sence des génies. Son père l'interrogea : qu'as-tu fait lui dit-il ? Il répondit : ce que j'ai fait est bien mon image et ma ressem- blance, mais ce n'est point encore la tienne. Alors le père des génies se leva et alla dans un lieu secret ; là il prit une tiare d'une pureté admirable qui a le don d'illuminer Mana Adakas Zivo , tous les climats , et de donner toute espèce d'éclat à l'enveloppe du corps ; cette tiáre lui avait été donnée au nom de la Vie par le seigneur Mana Adakas Zivo. Or, le père des génies la donna à son tour à son fils Fétahil. Aussitôt la Vie appela à l'existence les futurs hôtes d'Adam , sa- voir Aebel , Schetel et Anusch, Outras puis- sants et sans tache . La Vie leur ordonna de veiller sur son âme, en leur disant : Soyez - en les gardiens . Mais jamais les créatures ne sauront, jamais Fétahil lui-même ne connaîtra par quel lien secret il faut unir l'âme au corps, de ma- nière à ce que le sang parle en lui , et qu'à travers une enveloppe toute matericile, apparaissent la réflexion et le raisonnement de l'éon ( 152) Adakas , son futur gardien. Mais dès que Adam aura été revêtu de la splendeur de la vie, dès qu'il se tiendra ferme sur ses pieds , dès qu'il pourra parler et qu'il aura été établi dans sa place , tu les lui expliqueras . Après ces paroles le père des génies mit au front de son fils Fétahil, cette pure tiare et lui fit don d'une étole éclatante de blancheur. Alors le génie tuels opposent sans cesse à la figure, l'extérieur. Il signifie donc le principe actif qui ne tombe pas sous les sens, et se prend souvent pour Dieu lui-même, le seul être réellement existant, tout le reste në tant que des apparences illusoires.

�85 PART. I. - LIVRE D'ADAM. 86 --- i TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. Fétahil partit , accompagné des trois Outras préposés à la garde de l'âme d'Adam . Mais lorsque, dans le corps inanimé d'A- dam , Fétahil voulut introduire l'âme , tous ses efforts furent vains ; alors je me présen- tai à lui , et l'aidai de mes propres mains . Je préparai adroitement ses os et je l'animaidu souffle des puissants. Soudain ébranlant son cerveau , la splendeur de la vie fit entendre des sons articulés , ouvrit et éclaira les yeux d'Adam . Alors Adakas Zivo retourna à son premier séjour, m'élevant moi-même à sa place, dans la demeure des puissants, dans le séjour des seigneurs, et me recom- mandant aux génies Trésauriers qui prési- dent à tous les Jourdains. Puis la Vie, après avoir mis le comble au bonheur d'Adam, m'appela et me donna ce commandement : Va, annonce à l'heure de l'homme , la bonne doctrine ! Que les méchants ignorent qu'il possède une âme, afin qu'ils ne puissentpoint lui nuire . Je partis donc et je trouvai déjà qu'une foule innombrable de méchants a- vaient envahi cette âme , et qu'ils se dispo- saient à se la partager . A cette vue, me re- vétant de mon vêtement sans tache , j'appa- rus à ces créatures dans tout l'éclat de la splendeur que m'avaient communiquée mes pères ; j'apparus au génie Fétahil, qui se lamentait et pleurait , se repentant de ce qu'il avait fait . J'apparus encore à l'esprit corrupteur, précipitant les créatures dans l'er- reur, et je lui révélai un premier mystère pour aveugler ses yeux ; je lui récitai le second mystère pour museler l'esprit comme avec un frein de chameau ; je lui récitai enfin un troisième mystère pour diviser sa tête (c'est- à - dire pour y jeter le trouble et la confu- sion) . Dès que les sept planètes m'eurent aperçu, elles furent consternées et se repro- chèrent leur crime , et tombant la face contre terre , elles dirent : Seigneur, nous avons péché, pardonne - nous . Quand les méchants curent ainsi fait cette profession de leur re- pentir, je leur dis , en leur rappelant le grand mystère Ne péchez plus contre l'âme d'A- dam . Alors disparaissant aux yeux des sept planètes , je me voilai sous une apparence de chair, et je me disais à moi -même : Non , je ne veux point que cette âme demeure dans la tristesse et l'affliction . Je me fis donc son compagnon, ainsi que l'avait ordonné le grand Eon, et je lui enseignai le secret de la vie . Je lui développai cette doctrine, la plus pure, la plus parfaite de toutes les doctrines , cette doctrine qui rappela son cœur du sommeil de la mort ; je lui expli- quai aussi la doctrine des Outras , et le for- mant à la sagesse , je lui ordonnaí d'adorer et de célébrer à jamais les puissants , ainsi qu'Adakas Zivo , son père , qui l'avait appelé l'existence. En effet, aussitôt qu'il eut reçu ces instructions , Adam se leva , adora et cé- lébra les puissants et son père Adakas Zivo, l'éon qui lui avait donné l'être . Il adora et célébra le génie , son père , qui lui était ap- paru . Or dès qu'il eut vu le génie, son père, il fut rempli pour lui d'une gratitude éter- nelle, repoussant les sept planètes, le sei- gneur du monde et tous les mauvais génies qui auraient voulu s'emparer de lui, il con- sacra sa voix à la Vie, au génie qui la lui avait donnée , et méprisant toutes les choses de la terre , il éleva les yeux vers la région de la lumière . Alors les génies de la vie, pleins de miséricorde pour lui , ordonnèrent qu'on lui bâtit un palais, qu'on lui plantat un jardin , qu'on y fit couler un Jourdain . Ils lui donnèrent en même temps la permission , quand le cours de sa vie serait terminé , de monter dans ce palais magnifique , dans cette région splendide, vers son père Adakas Zivo . Quand les sept planètes et l'esprit eurent eu connaissance de tous ces bienfaits , ils furent consternés ; et s'excitant les uns les autres , ils se dirent : Rendons Adam notre captif, emparons - nous de lui et retenons-le auprès de nous en ce monde . Quand il parlera à voix basse , nous répondrons à haute voix ; quand il mangera et boira , nous nous ren- drons maîtres du monde , et instituant des fêtes de toute espèce , organisant des danses et des assemblées joyeuses, nous y introduirons notre prisonnier. Alors entraîné par les spec- tacles dont il sera le témoin , séduit par la voix des cithares qui retentiront à ses oreilles, il ne songera plus à nous quitter, et il deviendra notre plus zélé adorateur. Pendant que les méchants formaient ces pro- jets , je cherchai en moi- même ce que je pouvais faire pour sauver le monde , et j'ap pelai à mon aide les génies , mes frères, pour affermir la race d'Adam . Quand ils furent rassemblés , je leur dis : Savez-vous , o génies , mes frères , ce que méditent les sept pla- nètes ? Dans leur demeure, elles disent en- tre elles : Rendons vaine la famille de la Vie, et extirpons -la de dessus la face de la terre. A ces mots les génies répondirent : Donne- nous le pouvoir de propager la race d'Adam , et de multiplier sa famille . Appelons donc Adam , et donnons - lui une femme qui puisse accroître sa famille ; demandons ensuite pour lui à la Vie par nos prières ardentes le pou- voir de comprendre et de supplanter les sept planètes, et la grâce d'arriver enfin parmi nous avec sa postérité. En effet, d'accord avec les génies, mes frères, nous avons cé- lébré les noces d'Adam en ce monde ; nous lui avons donné Eve pour épouse . Mais l'es- prit, mais les sept planètes virent avec peine ce mariage. Ils dissimulèrent cependant. L'esprit adressa à Adam un discours falla- cieux ; le soleil lui apporta une étole , la June lui fit présent d'une robe longue ; Né- bée lui donna de l'or ; Kivan lui présenta des chaussures ; enfin Bel lui apporta du pain et du vin, et Nerog des fruits . Les douze étoi- les vinrent à leur tour, et chacune , suivant son art, lui apporta quelque présent . Quatre enchanteurs , des couronnes tressées ; ies diables , une cruche ; les cabaretiers , des coupes ; les génies des astres , l'amour de la danse ; les tisserands , des fleurs et des ca- deaux de noces ; les marchands de parfums lui offrirent un jasmin incomparable, coupé au séjour de la Vie ; mais principe futur de toutes les pertės ; ils lui apporièrent d

�87 83 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHIES. d'une génisse de la race d'Aschtarga, du sé- jour des génies ; mais instrument futur de tous les maux ; ils lui présentèrent des baumes précieux , cueillis sur les montagnes de Bina, mais cause future de toutes les ac- tions abominables ; ils lui offrirent des nar cisses et des mamabus , instruments futurs de trouble et de querelles , ils lui donnèrent enfin toute espèce de plantes aromatiques. Les méchants mirent en œuvre tous ces présents ; les cuisiniers, les patissiers , tous Les artisans, chacun dans sa partie, cherchè- rent à composer des filtres empoisonnés pour exciter, pour allumer les passions d'A- dam et de toute sa famille ; peu s'en fallut en effet qu'ils ne réussissent , mais je rendis sans effet leur malice , je pris Adam sous ma protection , je l'élevai pour toujours. Car je lui fis des noces magnifiques , je fis taire toute voix rebelle, j'abaissai l'arrogance de l'esprit et des douze étoiles, et j'établis en lui et ces infortunés la sainte et pure racine de la Vie. Mais bientôt Eve le corrompit. Quandje sus qu'Adam vivait avec les femmes étrangères, je lui montrai sa faute , et l'en- gageai à prendre une compagne, en lui di- sant Multiplie , augmente la famille de la Vie, que la terre en soit couverte, et que la Vie mette le comble à ta félicité , en te déli- vrant des méchants . Or, dans le commencement, la première famille se composait d'Adakas Zivo et de sa femme Anano di Nehuro . Anano di Nehuro mit au monde , la première fois, Aebel et Anathje sonfrère ; elle mit au monde, une seconde fois, Anan, Nesab, et Anhar Zivo, trois noms agréa- bles aux créatures, et avec Anan, Nesab, Živo, Schetel,Anhar-Zivo et Eve, fille d'Eve , dont le nom est un symbole, et que toutes les gé- nérations invoquent. La troisième fois, elle mit au monde Berheie, Demutheie, Bera- nusch, Adam, dont la famille est éternelle, Demuthje, par qui le monde a reçu l'exis- tence , Abel, seigneur de la terre, que toutes les créatures redoutent , Schetel, le conser- vateur de tous les bons génies , Ancersch, génie protecteur de la famille d'Adam, roi des génies, que toutes les créatures vénèrent. Des le commencement de la création , je conformai Adam à l'image et à la ressem- blance des seigneurs , et Eve , la reine de ce monde, je la fis à l'image et à la ressem- blance de Anano di Nehuro . Et quand j'eus créé Adam et Eve, et préposé à leur garde les trois génies , je leur enseignai les saints mystères, la doctrine des génies et de leur hié archie, les prières qu'ils devaient réciter à la Vie, et j'ajoutai : Je vous ai établis dans le séjour des bons, dans la demeure des éons. Et puis , m'asseyant auprès d'eux, je leur indiquai la manière de prier les sei- gneurs, de les bénir, et je leur dis : J'ap- pelle sur toi, Adam , sur toute ta race , des- tinée comme toi à la vision de la lumière , j'appelle toute espèce de bénédictions . A cette vue, l'esprit appela en lui les douze génies des étoiles , et il leur dit : Que fai- sons-nous en ce monde où nous sommes , quelle est notre partage, ouelle est la for- tion de notre héritage ? N'est-ce pas nous qui l'éclairons , n'est-il pas à nous tout entier ? Allons, montons , arlous à l'ancien et au nouveau, afin qu'il nous rende notre héri- tage. S'il ose discuter nos droits , nous dis- euterons et combattrons avec lui . S'il ne nous accorde pas ce que nous demandons, nous nous en irons, nous abandonnerons ce monde. Qui lui donnera sa splendeur, qui sera sa lumière ? A ces mots, j'adressai la parole aux sept planètes, enfants d'un séjour périssable, et aux douze étoiles, et je leur dis : Si vous voulez quitter cette demeure, allez, vous êtes libres : car je suffirai à l'é- clairer , à la protéger à jamais . Alors tous ces superbes restèrent frappés de stupeur, et méditant des mystères de ténèbres , ils se dirent les uns aux autres Allons, l'abîme est ouvert, travaillons, appelons à notre aide la ruse et les prestiges, que nos œuvres bouleversent le monde, et que nos mains forgent la perte qui doit auéantir la doctrine de vie. Qui alors osera désormais publier cette doctrine ? Portons le trouble dans ce séjour , un trouble que rien ne puisse apaiser; puis après avoir détruit l'ancien et le nouveau, emparons - nous d'Adam et de toute sa famille, et voyons qui sera assez puissant pour le délivrer de nos mains. Alors l'esprit , les sept planètes et les douze étoiles montèrent sur le mont Carmel, pour délibérer plus vivement sur leurs projets ténébreux . Déjà ils étaient réunis , déjà ils se préparaient à employer la ruse et les pres- tiges, déjà ils redisaient levons- nous, pré- parons l'abîme, enfantons nos projets astu- cieux, et lions-nous par d'effroyables ser- ments ; séduisons le monde par les mystères de la magie ; enivrons-le d'un vin perfide ; inondons- le d'une eau de vie qui le mette en notre pouvoir; mais que le seruient soit sacré: malheur à qui lui serait infidèle ! Du reste, si- lence et mystère sur nos projets, exécutons- les, et que le monde , que l'assemblée formée par l'ancien et le nouveau ne les apprennent que lorsqu'il ne sera plus temps de les faire avorter. C'est ainsi que nous lui enlèverons ce monde, c'est ainsi que nous le rangerons sous notre domination, sans qu'il y ait un seul homme qui puisse y échapper. Car, qu'a fait le nouveau sur cette terre ? il y a formé une assemblée ! Ne sait-il pas que cette de- meure est la nôtre , et qu'il n'a aucun droit à faire valoir sur ce qui nous appartient sans partage ? Ils se levèrent donc et se dispo- sèrent à jeter partout le trouble et l'effroi; ils accumulèrent désastres sur désastres , Cependant la maison dont ils avaient reven- diqué la propriété ne tomba point en leur pouvoir. Car avec les Outras , mes frères, j'eus la mission de la combler de tous les biens, dont elle était capable , et de pousser les bous à faire le bien, pour en recevoir un jour la récompense dans le séjour de la Ju- inière, et les méchants à faire le mal, pour en être punis dans la fournaise ardente, dans le feu qui les doit consumer. Mais les mau- vais génies, ouvrant leurs cavernes infer- nales, se répandirent dans le monde, bou-

�89 90 PART. I. - LIVRE D'ADAM. TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. leversèrent tout ce que l'économe , Manda di Haï, avait fait, pervertirent toute bonne doctrine, et tout ce que les premiers Ou- tras avaient établi , corrompirent les paroles de la vérité par le mélange des paroles du mensonge , égalèrent leur queue à leur tête et leur tête à leur queue , c'est-à-dire brouillèrent tout, et inondèrent le monde de toute espèce de maux. Ils se jetèrent sur les arbres fruitiers, et les desséchè- rent ; ils se jetèrent sur les plantes, et les flétrirent ; ils se jetèrent sur l'eau de la vie et la troublèrent , ils se jetèrent sur les principes de la nature, et y mêlèrent des secrets de ruses et de ténèbres ; ainsi tou- tes les créatures se passionnèrent ; toutes les créatures furent trompées (153) ; toutes les créatures enivrées, entraînées, avilies, se précipitèrent dans la grande mer Erythrée. Elles aimèrent l'or, l'argent, les perles et les richesses de ce monde, et cet amour désor- donné les fit tomber dans la mer Erythrée ; elles se passionnèrent pour les richesses, pour des biens périssables , et ces biens et ces richesses leur inspirèrent le mal . Elles at- tribuèrent à l'esprit un brillant, un éclat, qui loin de les éclairer, les brûlaient . Cepen- dant, à l'étoile Nébecfut donnée la prudence, mais cette prudence fatale qui , pardes danses et des chants captive et séduit les créatures . Il fut donné à l'étoile Kivan la malice , mais cette malice détestable qui produit les rui- nes et les catastrophes. If fut donné au soleil le mensonge, pour se faire adorer de toutes les créatures Il fut donné à la lune la peste, pour être la source et la cause de toutes les pertes. Il fut donné à l'étoile Bal le mystère de l'eau , pour ébranler toutes les créatures et changer le bien en mal . Il fut donné à l'étoile Nérig les armes pour faire la guerre en ce monde. Ainsi, après avoir distribué les moyens de mal faire entre les différents génies, après avoir réglé le mou- vement de chacun selon les jours et les mois, selon les heures et les minutes, le crépuscule et l'aurore , ils se partagèrent tout ce qui était du monde, et se gardèrent bien d'invoquer le nom supérieur à tous les noms; mais ils se lièrent par un serment solennel, et pendant ce temps- là , l'abîme qu'ils avaient ouvert sur le mont Carmel , résonnait du bruit des cymbales et des chants mystérieux, au commencement de chaque sortilége, au commencement de chaque in- cantation destinée à réduire les créatures ; l'abîme résonnait du bruit des trompettes et (153) Le mot creatura revient si souvent dans ce chapitre et ailleurs que nous croyons devoir lui consacrer une note particulière . Le mot sabéen que M. Norberg a traduit par creatura , M: de Sacy pense avec plus de raison peut-être qu'il faut le traduire par mundi ; sæcula répond sans doute aux cons des gnostiques . Le mot grec aid est précisétnent la même chose que l'hébreu by , et alavec est l'é- quivalent de l'hébreu hy. Quant à ces éons , Mosheim les définit Naturæ, æternitatis partici- pes, et supra temporis vicissitudines et injurias posi- ta De rebus Christ . ante Constant. M. Comment.,, p. 29). M. MATTER (Hist. du gnosticisme, t.II, p. 50, des cymbales au moment de chaque incan- tation et de chaque guerre destinée à cir- convenir les créatures ; l'abîme résonnait au son des cithares et des instruments vo- luptueux , pour les enivrer et les fasciner ; l'abime résonnait du bruit des cors pour ex- citer les esprits à captiver les habitants du monde ; l'abîme résonnait du bruit des chan- sons ; l'abîme résonnait du bruit des co- lères et des haines , du bruit des faux ser- ments ; l'abîme résonnait du bruit des pa- roles équivoques ; l'abîme résonnait d'un bruit immense , d'un bruit si épouvanta- ble qu'il ébranlait le monde, qu'il ébran- lait la terre d'une extrémité à l'autre , qu'il ébranlait tout le firmament, et portait par- tout la consternation et l'esclavage . Or, à ce bruit qui montait de la nuit, les herbes et tous les arbres furent enlevés. Et bientôt cette nouvelle vint aux oreilles d'Adam. Il dormait et il se réveilla , et appelant à lui les bons génies, il dit au puissant Aebel : Quel bruit a frappé mon oreille ? que veut- il dire ! Ce bruit est monté jusqu'au ciel , la terre en a tremblé , le firmament en a été troublé ; le cœur de toutes les créatures en a été consterné. Ainsi parla Adam, les yeux baignés de larmes. Alors je me manifestai à lui, sous ma propre forme, sous la forme de feu vivant ; je lui apparus sous cette forme pure, excellente , infinie, que mon père m'a- vait donnée ; je m'approchai de fui , et le touchant de la main, je rendis le calme à son esprit, et je lui racontai ce qu'avaient fait les sept planètes ; je lui déroulai les projets insensés qu'avaient formé les sept planètes , en disant : Excitons des troubles et des que- relles ; détruisons le monde , amoncelons ruines sur ruines. Je lui dis : Sois pur et fais des enfants, O Adam ! ne te laisse point abattre par la tristesse à cause des sept pla- nètes , ni à cause de Namrus , la mère du monde. Je te montrerai tes persécuteurs , et je te les abattrai sous tes pieds . Console à ton tour Eve, ton épouse ; rien ne te man- quera. En disant ces mots j'inspirai à ses enfants Aebel, Achetel et Anusch , je leur inspirai le désir de protéger Adam contre tout ce qui pourrait lui arriver de fâcheux . Cependant Adam, devenu plus joyeux, après avoir pris son repas , avait annoncé à Eve repas, quelles étaient les intentions du génie Aebel . Mais un de ses fils, qui portait la révolte en son cœur, s'était couronné et re- posait dans un lieu solitaire . Mais le som- meil n'appesantit point ses yeux, un trouble 2 édit.) dit que ce sont des inteligences, des éma - nations de Dieu, des êtres hyspotasiés, qui sont de la même nature que Dieu. Les cabalistes donnaient à toutes les intelligences supérieures, et surtout aux séphiroth , l'attribut d'El, de Jéhovah, d'Elohim ou d'Adonaï . C'était pour exprimer l'idée que fout ce qui est émané de Dieu est comme Dieu. Les gnos tiques avaient la même pensée, et ils attribuèrent à ces intelligences le terme d'aives. Its considérajent l'éternité comme l'attribut le plus caractéristique de l'Etre suprême, et telle fut la véritable raison du choix de cette célèbre expression . (Loc, cit.)

�91 92 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. secret agitait son cœur, et son corps ressen- tait des mouvements involontaires . L'in- seuss , dans le délire de ses projets coupa- bles, il avait abandonné son père Adam , il avait abandonné sa mère Eve , il avait aban- donné ses frères. Le seul Iehet avait pris part à sa révolte , seul , avec ce compagnon , qu'il avait enchaîné , il entra au plus secret de sa tente. L'esprit du mal sourit en le voyant ; et tous les génies du mal se réjoui- rent. Alors l'esprit des ténèbres prit du feu ; le soleil prit un souffle, et s'approchant tous deux de l'homme révolté, l'esprit s'inclina profondément devant lui et le soleil l'adora, et Bal, venant à son tour, lui offrit de l'en- cens et de la myrrhe. Et tous les trois se relevant le bénirent en disant : Que la pros- périté que nous te souhaitons t'arrive i Ki- van , lui aussi , tressant de ses propres mains une couronne de fleurs, la lui mit sur la tête , et le prenant avec respect par la main, il l'embrassa et lui fit le plus gracieux accueil. La lune le bénit elle - même. L'Esprit, enfin qui l'avait orné de pierres précieuses l'in- troduisit dans son cénacle . A la vue des sept planètes, il porta la main à son man- teau, et se mit à révéler la doctrine des gé- nies ses frères . Alors ils lui présentèrent une coupe, et il but par trois fois . Ce breuvage empoisonné échauffa sa barbe; il se leva et se prépara à danser , et les génies se réjouis- saient de cette chute d'Adam, fils d'Adam. Il se leva donc, enivré par le breuvage trom- peur, et se mit à danser. Mais bientôt la fa- tigue l'oblige de se reposer : alors l'esprit, sous l'apparence de sa sœur Eve , vient à lui, et lui présentant des fruits séduisants , elle le prend par la main, le conduit sur une couche embaumée , et l'excite au crime ; et Jui , entraîné , délirant , il disait à l'esprit : Non, ma sœur , ta robe est pure et blanche ; qu'as-tu besoin d'une tunique de différentes couleurs ? Ta taille est haute et gracieuse comme celle du cèdre, pourquoi la purifies- tu dans l'eau ? Tes jambes s'élèvent en l'air comme des colonnes d'albâtre , pourquoi les orner de joyaux ? Tes cuisses sont faites au tour, qu'ont -elles besoin de colliers d'ar- gent ? Ta tête est comme une nuée lumi- neuse, pourquoi ajouter l'art à la nature ? tes yeux sont les yeux de la splendeur, pourquoi y ajouter des ornements inutiles ? A ce discours voluptueux l'Esprit répondit : Calme-toi , & Adam . Si la beauté n'était pas mon partage, nous aurions l'un et l'autre la même conformation , et le même moule nous aurait fait tous deux : mais par la beauté qui nous distingue , tu as été fait homme , et noi femme. Alors Adam lui répondit : Je brûle du désir de m'unir avec toi ; viens , propa- geons notre espèce ; appelons un monde nouveau à l'existence . Il dit, et la prenant par la main , il la pressait en la couvrant de baisers ; mais à ce moment je me montrai à lui dans un nuage de splendeur ; je lui fis entendre ma voix sonore , je lui dévoilai les mystères et les prestiges infâmes de l'es- prit, et lui fis comprendre l'énormité du crime qu'il allait commettre. Aussitôt , rougissant de son action, il comprit qu'il avait aban- donné la justice , qu'il avait quitté le sentier des seigneurs , l'assemblée des génies, ses frères, pour aller se réunir à celle des sept planètes ; il vit qu'il avait abandonné la so- ciété d'Eve, sa véritable épouse, pour se précipiter dans le feu ardent, dans le feu qui doit consumer tous ceux qui y tombent ..... Je pris donc une apparence corporelle , et je me transportai dans le conseil des sept planètes . A ma vue, elles se prosternèrent toutes la face contre terre ; bientôt le- vant les yeux sur moi, et célébrant mes louanges , elles me dirent : Sois élu , nous te suivrons ; que l'esprit devienne ta femme et deviens notre chef en ce monde. A cedis- cours des sept planètes , corruptrices du monde, je me réjouis , et d'un air moqueur, je leur répondis : Si vous voulez que je sois votre chef , si vous voulez que l'esprit de- vienne ma femme , levez -vous , abandonnez la caverne qui vous sert de demeure , et ré- vélez -moi tous vos mystères, toute votre doctrine . Et je m'assis au milieu de tous ces génies ; je saisis leurs secrets et counus tous leurs mystères . Mais alors je leur ap- parus dans ma forme propre, dans ma forme pure, singulière , et infinie , et je les con- vainquis de mensonge , et je frappai de sté- rilité le serment qu'ils avaient fait sur le mont Carmel . Je renversai ensuite l'esprit de son trône , je lui mis un frein de cha- meau, et levant le bâton sur lui pour le bat- tre, je lui divisai la tête, et prenant sa che- velure , je l'enchaînai au centre du ciel . Je fis éprouver le même sort au soleil, parce qu'il avait couché avec l'esprit . Je dépouil- lai la lune de son vêtement, et ne lui laissai qu'un vêtement périssable, un vêtement de feu consumant. Je perçai la fistule de Nébec, et brisant la flûte qu'il avait à la main, je dévoilai ses erreurs, je révélai au monde son impuissance , et pour que son image ne se montrât plus au monde , je voilai sa face , j'obscurcis son astre, je le renversai de son trône , humiliant ainsi à jamais son orgueil. Je punis l'étoile de Bel en lui arra- chant la couronne de sa tête , et en maltrai- tant son corps . Enfin je frappai de la hache l'étoile de Nérez, et du même coup je frap- pai ses adorateurs . Après ces exécutions, je fis connaître au monde les erreurs, les fausses doctrines de tous ceux qui avaient servi les sept planè- tes, et je leur en révélai la punition écla- tante . Ensuite j'allai trouver Adam et je lui dis : Je t'ai montré tes persécuteurs , et la famille de tous ceux qui t'ont fait la guerre; désormais leurs sacrificateurs et leurs adep- tes seront les esclaves ; ils te serviront à tout jamais . Mais point de grâce ni aux sept planètes , ni à ceux qui leur rendront un culte impie ; car quiconque les imitera , qui- conque fera leurs œuvres de ténèbres, mal- heur à lui ! Pour moi , je retourne dans e séjour de la splendeur , dans la demeure de la Vie ; mais je protégerai éternellement la race , la famille de la Vie C'est ainsi que , après s'être distribué entre elles les signes

�23 94 PART. 1. LIVRE D'ADAM. --- - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. ? du zodiaque , les sept planètes introduisi- rent la mort dans ce monde ; mais les âmes des hommes justes et fidèles , celles des femmes pacifiques monteront dans le séjour de la lumière mais les âmes des sept pla- nètes , enchaînées dans leurs prisons, reste- ront jusqu'à leur extinction entière . Quant aux nations, œuvres de l'esprit , trompées par l'esprit, après avoir passé leurs jours dans le jeûne et l'affliction , elles périront et se ront précipitées dans le séjour des ténèbres. Les nations que le Messie a rassemblées à force de mensonges , ne resteront point dans la vraie religion ; et pour avoir reconnu la fausse mission du Messie, pour avoir cru à sa folie , elles seront entièrement consu- mées . Quant aux nations que le soleil Ado- naï a rassemblées , elles lui rendront un culte d'adoration ; c'est dans ces nations que se trouvera la maison d'Israël ; c'est de la maison d'Israël que sortiront ceshommes qui, sans cesse en guerre , se rendent sans cesse coupables d'actions criminelles , et seront enfin entièrement consumés . De cette race d'avortons viendra encore une autre race ; la race qu'on appellera Iazukéenne, adoratrice du feu, et d'un simulacre de Messie . La race d'Agzul , que la lune s'est formée , devien- dra l'objet du culte de toutes les créatures, mais d'elle sortiront des hommes impies , qui par leurs prestiges et leurs maléfices , pervertiront tous les cœurs , et finiront par sécher à leur tour dans les tourments et les douleurs . Malheur à qui écoutera leur voix ; malheur à qui les servira ! La race de Kivan tremblera jour et nuit, passera sa vie dans la peine, trop docile à des prophètes de mensonge. Malheur à ceux qui écouteront leurs discours ; ils ne verront point le sé- jour de la lumière . La race de l'ange de Dieu Jui sera fidèle à jamais . Celle de Bel donnera naissance aux princes et aux do- minateurs de ce monde ; tyrans superbes, assis sur des trônes ensanglantés , entourés du désespoir des peuples, qui ne rêveront que conquêtes , et couvriront de plaies le corps de leurs victimes . Mais ils succombe- ront à leur tour, et pour prix de leurs cri- mes, ils ne verront point le séjour de la lu- mière, non plus que quiconque les imitera. La race de Nerig ne sera qu'un peuple de mensonge. C'est d'elle que sortiront les en- chanteurs, les fascinateurs, et tous ceux qui répandront le sang sur la terre. Mais son règne sera de courte durée ; elle périra et son nom sera enseveli dans l'oubli. Je viens de vous parler du sort des sept planètes et des générations qui leur doivent l'exis- tence ; je vais vous parler maintenant des douze étoiles ou signes du zodiaque . Voici pour le temps, ce qui a été accordé à chacune d'elles . Au Bélier , 12,000 ans ; au Taureau , 11,000 ans ; aux Gémeaux , 10,000 ans ; au Cancer, 9,000 ans ; au Lion , 8,000 ans ; à la Vierge, 7,000 ans ; à la Ba- lance, 6,000 ans ; au Scorpion , 5,000 ans ; au Sagittaire , 4,000 ans ; au Capricorne , 3,000 ; au Verseau , 2,000 ans ; aux Poissons , 1,000 ans. Puis se partageant entre elles les années , elles se dirent : Pour que nous ré- gnions sur la terre en plus grand nombre, prononçons douze paroles, et que chacune de nous appelle quelques créatures à l'exis- tence . Et c'est ce qui fut fait. Le Bélier parla, et il produisit tous les animaux à la voix rauque et dure ; et il dit Voilà me portion en ce monde . Le Taureau parla , et i produisit tous les animaux malfaisants qui ruminent et qui ont le pouvoir de raine- ner à leur bouche , soit ce qu'ils ont mangé, soit ce qu'ils ont bu : cette double puissance donna naissance à deux étoiles appelées Gémaux, parce qu'elles existèrent en même temps . Le Cancer parla, et il produisit toutes les bêtes qui s'allongent et se replient en spirales ; bêtes venimeuses qui firent beau- coup de mal au monde. Le lion parla, et il produisit toutes les bêtes voraces , qui se jettent sur tout ce qu'elles rencontrent , et qui font entendre comme le lion , un effroya- ble rugissement . La Balance parla , et elle produisit toutes les crues d'eau , crues mor- telles aux créatures . Le Scorpion parla, et il produisit tous les reptiles, dont la morsure donne la mort . Le Sagittaire parla, et il pro- duisit toutes les colères, qui divisent les créatures. Le Capricorne parla , et il produi- sit toutes les bêtes féroces de la pire espèce. Le Verseau parla , et il produisit toutes les catastrophes , et toutes les ruines de co monde. Le Poisson parla , et il produisit tous les poissons, tous les dauphins , et tous les habitants des eaux. Telles furent les productions des douze signes du zodiaque , qui se dirent entre eux Extirpons de dessus la surface de la terre la famille de la Vie ; insensés qui ne savaient pas que j'en avais disposé autrement, et que de toutes leurs créatures j'en avais réservé une partie pour être les esclaves des enfants de la lu- mière ; une autre pour être leurs victimes, une troisième pour leur servir de monture ; une quatrième pour les alimenter . Toutes ces créations devaient être soumises à Adam ainsi qu'à sa postérité. Quant aux sept pla- nètes et aux douze signes du zodiaque, ils avaient perdu leur puissance créatrice, et ils restèrent muets à tout jamais . Mais A- dam, après avoir connu son domaine et l'usage qu'il devait faire de ces créations diverses, fut inondé d'une joie éternelle . Pour moi , me présentant à lui et à sa fa- mille, avec les Outras leurs pères, je lui parlai en ces termes : Faites de bonnes œu- vres ; préparez des provisions spirituelles pour le voyage de vos âmes ; prêchez la Vie, afin que votre nom soit inséré parmi les noms des suivants . Ne dites que des paroles pures , afin que la paix soit toujours avec vous ; ne vous entretenez que du bien à faire ; n'invoquez jamais le mal . Adorez , célébrez les prince , la lumière souveraine ; adorez , célébrez les bons génies, pour qu'ils vous viennent en aide , et vous fassent arri- ver au séjour de la lumière ; célébrez enfin la Vie , et l'ange de la vie , et bénissez Schel- maï , Nedbaï, Aebel , Schetel, et Annusch. La vie est pure dans toutes ses œuvres,

�95 96 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. mais elle est pure surtout pour l'Outra Ja- var Zivo et ses compagnons . Amen. CHAPITRE VII. Discours de la parole de Vie, la première de toutes . Amen. Au nom de la Vie souveraine : Puissions- nous obtenir le pardon de nos fautes, moi Adam Juhrum bar Scharat , mon épouse Mudalal, fat Scharat, mon père lahia Bak- tiar bar Anhar lusmir , ma mère Scharat fat Anhar, mes enfants Adam, Behram, Se- mat Adam Zuhrum, Sam et Baïan, fils de mon épouse Mudalal, et mes frères, Meha- tam bar Scharat, Ram bar Anbar, et Adam Juhano bar Anbar lusmir. Que tous ces noms soient inscrits sur la robe de lavas Zivo. Amen. CHAPITRE VIII. Parole digne de moi. Au nom de la Vie souveraine. La justice est favorable aux bons ; et l'ange de la vie est propice aux fils de la paix . Voici le mys- tère, supérieur à tous les mystères ; voici la doctrine, supérieure à toutes les doctrines. Lorsque la Vie première se décida à donner un nom à l'ange de la Vie, elle l'appela Ae- bel Zivo. Asbel Zivo vécut dans les hauteurs des cieux, en présence du Seigneur, pendant mille mille ans. Puis il disparut, et alla trouver les trois grandes créatures des té- nèbres , appelées Kerum, Turo , Canorus. Rien n'avait pu agir sur elles, nilefer, ni le feu, ni l'eau. Kerum Turo Canorus, avec les 366 démons qui habitent avec lui, avait reçu la naissance de Our , prince des ténèbres, dont le père, entre autres noms, avait celui de Gal . De leur premier né, étaient sortis cinq démons, puis sept, puis douze, puis vingt- quatre démons. Ces créations diaboliques, avaient secondé leur mère , qui avait enfanté ce Kackum , c'est-à-dire Kerum Turo. A sa naissance, les créatures et les générations l'appelèrent Bar Sefaz . Nous aussi par notre propre vertu, par la vertu de la vie et des Outras, par la vertu du roi de la lumière, nous appelâmes à l'existence le génie pre- mier né, plein de douceur et de force , habi- tant dans notre propre pensée, pour le re- vêtir de notre splendeur, pour le couvrir de notre lumière, pour lui donner notre vertu et notre vérité, pour l'envoyer vers tous les méchants, vers tous ceux qui ourdissent de mauvais desseins. Il devait se saisir de cet Our, prince des ténèbres , qui s'élevait or- gueilleusement contre nous , lui lier les pieds et les mains , le précipiter dans une terre infime, entourée de sept rangs de mu- railles de fer, jusqu'à l'arrivée de Fétahil, dont la mission avait pour objet de conden- ser la terre avec art, d'étendre le firmament , de produire la machine ronde , et d'extermi- ner tous les méchants . Alors seulement les chaînes qui lieraient cet Our vaincu par Ae- bel Zivo, seraient brisées. En effet, Aebel Zivo descendit chez les créatures des ténè bres, et fit tout le mal possible à ce Kerum Turo Canorus . Mais celui - ci voulut l'épou- vanter par le bruit, l'horreur et le tumulte. Ce qui fut en vain. Aebel Zivo parvint à le réduire et à l'enchaîner. Le génie Zehrum, surnommé lusmir, dit à Iadalan : L'homme tient entre les mains ce papier arrivé du séjour de l'infini . Or le nom de ce génie fut donné à deux autres génies, Adalan et ladatan, qui, après la création du premier Jourdain, baptisèrent Aebel Zivo ; six autres génies reçurent en- core leur nom à cette époque , ce furent Schetel, Anusch, Schelmai , Nedbai, Adakas Mano , et Razo Rebo , appelé aussi Jufin . Cependant Zivo Rebo, le premier de tous, celui qui tient les portes , qui ferme les bar- rières, qui a la clef de tous les mystères, ce Zivo Rebo, dis-je , se fit le compagnon d'Ae- bel Zivo, pour marquer d'un signe tous les démons qui oseraient regarder le papier que l'homine tenait entre les mains , et pour donner la pensée à toutes les créatures de la lumière , dont le nombre est innombra- ble . Pour moi , je révélai toutes choses à Aebel Zivo, et le vénérant, et lui rendant un culte d'adoration , je me réjouissais de la sagesse , de l'intelligence , de tous les biens dont la Vie m'avait comblé. Or, quand j'eus passé des milliers d'années en la pré- sence du Seigneur Très-Haut , la face pros- ternée devant lui, il m'appela, et me pre- nant par la main, il me fit lever, et me fai- sant participer à sa splendeur et à sa lu- mière, il me plaça sur la tête une couronne d'innocence, donnant aussi en même temps à tous les génies , une portion de splendeur et de lumière. Le Seigneur Très -Haut se leva à son tour; et il créa à sadroite444 habitations , et à sa gauche 366 ; il les distri- bua entre des myriades de génies, auxquels il accorda en outre la splendeur, la lu- mière, et le sceptre. Dans chacune de ces habitations il plaça deux gardes , avec cha- cun un sceptre. Or , le chef des gardes des 444 habitations s'appela Manu , et celui qui commande aux gardes des 366 habi- tations s'appela encore Manu. On donna encore au premier le nom de Barbas, et au second celui d'Anay Nerib ou de Tavril. Après cela le Seigneur Très-Haut se leva, con- voqua tous les génies, et avec l'ange de la Vie, il descendit dans le Jourdain, pour ad- ministrer le baptème. Quand il lui plut de baptiser ce génie, le seigneur Jourdain s'a- dressant au Seigneur Très-Haut, lui dit : quel est ce génie que tu viens de baptiser en moi ? Ton image s'est imprimée en moi . Or, l'eau de la vie à l'aspect de la splendeur et de la lumière de l'ange de la Vie, brillant comme une perle d'eau vive, elle tressaillit, flotta çà et là, dans une inquiétude suprême. Le Jourdain lui-même ne put s'empêcher de ressentir aussi les effets de cette vue. Alors le Seigneur Très-haut lui dit : Jourdain, se.- gneur de la Vie , calme - toi , rentre dans ta demeure , afin qu'Aebel Zivo soit baptisé en toi. A ces mots , le Jourdain se calmant, obéit à la voix du Seigneur. L'eau de la Vie resta tranquille , et Aebel Zivo fut baptisé, ainsi que ses deux frères, ainsi que quatre

�87 PART. I. TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT . 98 - LIVRE D'ADAM. ་ et# tif de la Vie, et les trois cent soixante Jourdains, dans lesquels Abel Zivo a été baptisé. Il dit encore aux seigneurs , à qui il avait ordonné de baptiser l'ange de laVie : Allons , envoyons dans le monde des méchants , celui que j'ai appelé mon fils premier né; et ils répondirent : Tul'ap- pelles ton fils bien que tu ne lui as pourtant pas donné la forme qu'il possède, et il leur répli qua: Si je ne puis l'appeler mon fils , quel au- tre aura ce droit ?Alors ils s'adressèrent au chef de toute génération , à Abel Zivo , et lui dirent : De même que nous l'avons encouragé , de même aussi tu dois encourager tes frères, à n'avoir jamais devant les yeux que le trésor de la vie. Quand tu pénétreras dans le séjour des ténè- bres, que ta colombe soit ton modèle et tout te réussira. Ensuite Abel Zivo entra dans le sentier des méchants où toutes ses œuvres ne firent qu'exciter leur haine . Et moi Abel Zivo , je visi- tai alors l'esprit femelle de Vénus, qui avait con- çu de son commerce avec le géant Beu , roi des ténèbres, et qui disait : Nous serons les maîtres de toutes les créatures , supérieures , intermé- diaires, et inférieures . Je visitai encore le roi des ténèbres , ainsi que mes pères me l'avaient commandé, et l'esprit de l'hyène, mère du géant Boure , il disait : Nous serons les maîtres de toutes les créatures ! Je l'accablai de chaînes et je mis à sa place un des princes pour admi- nistrer l'univers . Je maudis l'hyène, mère du géant Boure, et lui dis : Voici ton sort : tu seras en exécration à tous les bons . Ce monde sera désormais le partage, d'après l'ordre de la seconde Vie, de luschamin, de tes fils et de Fétahhaï. J'ai été envoyé et je suis venu vers vous, et mes oeuvres n'ont soulevé que des haines . Cependant j'ai exécuté ponc- tuellement les ordres de mes pères . Car le fils qui n'obéit point à ses pères , parta- gera votre destinée. Pour moi, j'ai obéi, et n'ai rien omis de tout ce que mes pères m'a- vaient ordonné. Je partis après leur avoir parlé en ces termes, et préparant un gardien aux richesses des génies , je pris en mains ma justice, et j'arrivai dans le monde des ténèbres, Or, en faveur de ceux qui ne se seront point enfoncés dans ces ténèbres , qui auront sondé la profondeur du précipice, sans y tomber, les fidèles monteront au sé- jour de la splendeur ; mais les intidèles , pé- riront sans merci au jour de la consommation universelle . Ainsi parla l'ange de la Vie. Il dit encore Que celui qui a bâti une maison en fasse un sanctuaire . Que celui qui a compris mon discours, se garde d'en cacher aux autres les mystères, il tombera infailliblement . Mais aussi, s'il prend soin d'en instruire ses sem- blables , il obtiendra le pardon de ses fautes . Que l'on célèbre l'ange de laVie avec ses com- pagnons Abel , Schetel , Amunh Schelmaï et Nedbaï. Lavie est pure dans les siècles des siè- cles. Amen . autres génies qui furent appelés seigneurs. Et quand il eut baptisé encore trois autres génies, ainsi que leurs frères, et leurs com- pagnons, et tous ceux qui étaient avec eux , le Seigneur Très -Haut dit au Jourdain : A l'origine de cette eau je suis sorti ; quand elle a commencé à jaillir, je suis venu ; j'ai créé trois habitations ici, et j'y ai établi trois gardes auxquels j'ai donné une bénédiction éternelle . Cependant le Seigneur Très-Haut fonda dans la justice l'ange de la Vie, qui avait assisté au baptême , et qui montait du Jourdain : Puis , après avoir imprimé sur son front, et sur celui de tous ceux qui avaient été baptisés, le signe sacré du baptême, il lui dit : La splendeur est éclatante , la lu- mière est brillante ; tes disciples peuvent refléter ta clarté , mais ta beauté est encore plus radieuse. Ensuite il appela le génie Abel, et lui dit : J'entends la voix du génie Abel Zivo, cette voix éprouvée dans le sé- jour de la lumière . Alors mon cœur tres- saillit d'allégresse , il se dilata de bonheur à la vue des œuvres d'Abel Zivo , et de la ré- compense qu'elles lui avaient méritée. Le Seigneur le constitua gardien, le combla de bénédictions, et le revêtit de splendeur. Puis appelant Schetel, il lui dit : Prends garde, o génie Schetel, prends garde que la doctrine ne soit point la doctrine des im- posteurs , conforme ta doctrine à la nôtre, et ne t'en écarte jamais . Et il leur donna la lu- mière . Puis il appela Amunh , et lui dit : Les quatre génies que tu avais admis dans ta so- ciété t'ont béni , et après lui avoir administré leur baptême , ils l'ont revêtu de leur propre vêtement . Et il lui donna l'éclat , comme il avait donné la splendeur et la lumière à ses frères. Alors le seigneur Fasemko, l'illumi- nateur de toutes les créatures, qui outre 360 noms porte encore celui de Joetir Jatrum , interpella le Seigneur Très-Haut, et lui dit : De qui est cette splendeur ? de qui est cette lumière ? de qui est cet éclat ? Le Seigneur lui répondit : La splendeur appartient à A- bel, la lumière à Schetel , l'éclat appartient à Amunh, troisgénies magnifiques , excellents , inlinis, que le roi de la lumière a marqués de son sceau éternel . I appela ensuite Schelmaï et Resbaï , et leur imposant les mains, il les bénit . Ils lui répondirent : Nous te remercions, et nous nous réjouissons de la forme que tu nous as donnée . Il appela enfin Beham , Rizo el Adakas Mano avec leurs compagnons, et les enveloppant d'un voile nébuleux , pour que les génies ne puis- sent point les apercevoir, illeur dit : Les génies ont cherché leur propre gloire ; mais vous, vous n'avez cherché que la doctriue du Seigneur. Quand le puissant eut terminé, il s'assit. Puis le roi de la lumière marqua d'un sceau les compagnons d'Abel Zivo et ses frères, il marqua également d'un sceau Senderiaves, et pour que personne autre ne fût désormais baptisé dans le Jourdain , il en scella les eaux. Ensuite il leur dit : Nous avons opéré l'œuvre des seigneurs, et dans notre bienveillance pour vous, nous avons appelé à l'existence le Jourdain , seigneur DICTIONN. DES APOCRYPHES . I. CHAPITRE IX. Au nom de la Vie souveraine , la dernière des créatures de la lumière, la plus excellente, la plus parfaite de toutes les œuvres . Que ce qui est bon, salutaire , utile , que l'empire , le culte et la propitiation des péchés soient accordés à Adam Iuhrum Bar Scharat, à mon épouse

�99. 100 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. Mudual fat Scharat, à ma seconde épouse Samdo fat Scharat ; et que nos noms soient écrits dans la maison de la Vie ! Au nom de la Vie , la dernière des créa- tures de la lumière , la plus parfaite, la pre- mière de toutes nos œuvres ! Voici le mys- tère , le discours secret, que la Vie a tenu caché, mais que l'ange de la Vie a révélé , en présence de Mana, de Demouts et de la Vie elle-même . C'est qu'il a vu sortir un démon de Sendeniavis, la terre des ténè- bres . Dès que l'ange de la Vie eut fait une révélation , la Vie, Mana et Demouts lui di- rent : Pourquoi vous reposiez-vous , toi et Ganzebba, notre fils bien-aimé. Lève-toi , descends, vas , et fais ce que tu voudras. A ces mots , l'ange de la Vie se prosterna et dit : Je me léverai , j'appellerai Ganzebba vo- tre fils, que vous chérissez, votre image , que vous avez formée , que vous avez tirée du Jourdain, de votre propre substance. Il dit, et sa voix fut entendue de toutes les créatures. Il se leva donc et s'avança volontairement vers le fils qui était son image . Celui -ci le cherchait, et lui dit , en l'apercevant : Mon père , où allons-nous ? il lui répondit : Lève- toi, viens, je te montrerai l'image des Eons Mano et Mano, et l'image de ceux qui ont été disséminés dans 365 mondes de lumières, et le fils , qui était aussi le frère de l'ange de la Vie, lui dit : Je serai heureux de voir cette grande image , cette image pri- mitive des Eons Mano et Mano, et l'image de tous ceux qui ont été disséminés par les mondes. Son père, qui est aussi son frère , lui répondit : Sois heureux , et prends courage ! J'apporterai la splendeur de la vie. Allons, lève-toi, et contemplons la face de ces Eons. Encouragé par ces paroles, le fils prit la main. de son père, et tous deux se dirigèrent par la voie tracée sous la demeure des princes de la gloire. Quand ils y furent parvenus , la pre- mière Vie, Mano et Demots leurdirent : Qu'a- vez- vous fait , lava Kebar, mon fils , ange de la Vie, notre gloire et notre couronne ? L'ange de la Vie leurrépondit : Vous avez demandé et Vous avez trouvé , vous demandez encore, et vous trouvez de nouveau . J'ai été dans la de- meure des princes de la gloire et je vous ai amené mon fils que voici : et ils lui dirent : Lève-toi , introduis-le , qu'il vienne, que nous le voyions et qu'il nous croye ! El en effet, i! se leva, alla, introduisit son fils dans le se- jour de gloire , et il le présenta aux Eons . Mais Abel Mana fut épouvanté. Car il put à peine soutenir l'éclat de leur splendeur , et la clarté de leur lumière , en sorte qu'il ne put apercevoir leur forme . Pour moi , plus heureux, je pus les contempler . Les deux Eons m'accueillirent avec bienveillance et me donnèrent le baiser de paix. Alors me prosternant devant eux , je restai aux pieds de Demouts pendant mille ans, jusqu'à ce que ce Mano me prenant par la main, m'eut relevé, en me disant : Lève-toi , Mano Abel Zivo, que nous avons appelé auprès de nous, et sois heureux. Alors , tous les autres , ou- vrant la bouche, me direut : Pourquoi t'as - sieds-tu? lève-toi , et nous te baptiserons dans trois cent soixante mille Jourdains, et nous te revêtirous de trois cent soixante mille robes, toutes plus riches les unes que les autres. En effet, ils me baptisèrent dans trois cent soixante mille Jourdains , et me donnant des noms mystérieux, tous plus beaux les uns que les autres, ils me promi- rent leur protection pendant mille myriades d'années . Je restai donc avec eux , couvert de ce nuage lacté , jusqu'à ce que j'eusse été conformé à leur image et à leur ressem- blance . Ensuite mon père, après m'avoir im- posé les mains, et avoir créé un monde pour mon usage, me donna à moi Abel Iavar , autre nom qu'ilavait ajouté au mien , me donnadis- je, trois cent soixante Jourdains, dix mille sanctuaires, me constitua pour sujets dans chaque monde, trois cent soixante mille gé- nies et dans chaque demeure trois cent so- xante mille richiknitas. Toutes ces créatures se faisaient remarquer par leur splendeur, leur éclat, leur lumière et leur gloire . Mon père ajouta encore à tous ces présents le vête- ment avec lequel j'avais reçu le baptême , puis me révélant les mystères, qui ne sont connus. que des princes, il me dit : Va, notre fils , notre image, plus brillante que toute la splendeur des génies . Le lieu où tu vas est rempli de créatures des ténèbres ; tu y de- meureras pendant plusieurs âges , jusqu'au jour où nous te rappellerons à nous ? A ces paroles, je me prosternai humblement, el répondis : C'est avec votre secours , mes pè- res , c'est armé du grand mystère que vous m'avez révélé ; c'est enfin par la vertu de mon père l'ange de la Vie, que je me rends au lieu où vous m'envoyez . A ces mots, Abel- Mano - lavar partit, accompagné de son père,. et de ses deux frères, Schetel et Amunb . Or, pendant toute la route , ils ne se livraient qu'à la prière et aux saints entretiens ; et leur cœur tressaillait d'allégresse . Et son père dans un moment d'exaltation s'écria : Qu'on ne me demande point les secrets que mes pères les Eons m'ont annoncés et con- fiés . Cependant il les accompagna jusqu'à ce qu'ils fussent parvenus aux confins de la lumière et des ténèbres. Alors le père dit : Va , non fils Abel , je te confie tes deux frè- res. Et Abel lui répondit : Le Mano que son père a marqué d'un sceau , que le hap- tême a fortifié, ne craindra point les mé- chants. Puis comme son père l'embrassait , il ajouta : Quel sera l'effet de tes caresses? Alors le père après avoir relevé son fils Abel prosterné à ses pieds , reprit le chemin du séjour de la lumière, et monta vers le Mano- Demouts . Alors , je me dis en moi-même : C'est revêtu de votre force, o mes pères , c'est armé du mystère des puissants qui sont avec moi , que je descendrai dans le royaume des ténèbres. Après avoir formé ce dessein,j'entrai dans l'eau noire, je pénétrai dans les ténèbres , et pendant mille parasan- ges, je ne vis plus la lumière . J'arrivai au premier monde des ténèbres, occupé par l'esprit. J'y restai pendant mille myriades d'années et personne ne s'en aperçut . Comme je quittai ce monde , Raso - Rebo , mon com-

�101 102 PART. I. ― - LIVRE D'ADAM. TEXTES DEL'ANCIEN TESTAMENT. pagnon , me dit Descendous plus bas . Je descendis en effet plus bas, et j'arrivai au monde qui appartenait au seigneur Zartaï- Zartanaï. Voulant m'instruire , je demandai d'abord quelle était la forme de ce génie Voyez, mes frères , quelle est la forme de ce Zartai -Zartanai . Et m'adressant à ce génie lui-même, je lui dis : ta forme est étroite et réduite, Zartaï-Zartanaï, ainsi que celle de ta femme Amamet. Or , je restai à baptiser dans ce monde pendant un grand nombre d'années et de générations , et personne ne s'aperçut de ma présence . Cependant , je quittai la demeure de Zartaï-Zartanaï, et j'ar- rivai dans celle d'Hag et de Mag, deux Eous des ténèbres , dont les prestiges sur- passaient encore ceux des créatures qui habitent le monde de Zartaï-Zartanaï . Il y avait d'un monde à l'autre des milliers de parasanges. En y arrivant, je m'écriai : Qui in'a conduit ici ? O mes pieds , avez vous pu faire tout ce chemin ? Je demeurai dans ce monde d'Hag et de Mag pendant soixante mille myriades d'années, et après avoir dé- couvert le fond de leur cœur, je les quittai, et pris ma course vers le monde habité par Gaf et Gafan, puissants princes des ténèbres , qui ont reçu l'existence de la fontaine d'eau noire, toujours en agitation , toujours allant et revenant sur elle-même, comme l'eau en ébullition. Or, du monde des Eons Hag et Mag, au monde des Eons Gaf et Gafan, il y a cent mille myriades de parasanges de dis- sance. Quand j'aperçus ces deux génics re- pliés sur eux-mêmes, comme des serpents , ou comme la salamandre , je leur dis : Vous avez les pieds enchaînés ; vous êtes les prin- ces des ténèbres ; et vos corps sont liés par une immense corde, comme celle qui en- chaîne la balance du zodiaque . Vos presti- ges et vos mensonges sont frappés de stéri- lité ; vos femmes sont fascinées, et vos gé- nies, vos salamandres, vos prophétesses sont réduits à un tel point d'abaissement qu'elles ne recevront pas même de terme de compa- raison avec les objets les plus ignobles . Alors, je dis aux génies, mes frères : A qui pouvez -vous les comparer ? Ils me répondi- rent : Quand viendra la fin de ces créatures? les puissants cesseront- ils d'exister ? Or, après que j'eus passé au milieu d'eux mille milliers de myriades d'années , Rabo- Rebo, mon compagnon me dit : Pourquoi restons -nous ici ? Lève toi ; voyons ce que nous avons à faire ? Nous nous levâmes en effet, et quittant le monde des Eons Gaf et Gafan, nous nous dirigeâmes vers le monde du belliqueux Anatan . La reine son épouse porte le nom de Kin ; c'est la mère des ténè- bres qui fécondant les eaux noires, bourbeu- ses, dans une agitation perpétuelle, avait appelé à l'existence toutes les créatures des ténèbres. Or, du monde d'où nous étions partis, jusqu'au monde du belliqueux Ana- tan, fils de la mère des ténèbres , il y a une distance de mille milliers de parasanges. Alors je dis à mon compagnon Rabo - Rebo : Regarde attentivement ces puissances des ténèbres Kin et Anatan , et dis moi à qui ils ressemblent. Nous nous arrêtâmes parmi eux pendant des années et des générations ; dont il est impossible de dire le nombre . Et pendant tout ce temps les génies et les chekintas et tous ceux qui m'avaient ac- compagné se livraient dans la joie de leur cœur à la prière, aux saints entretiens. Moi même j'exprimais ma joie à mes compa- gnons , que mes frères m'avaient donnés ; je leur disais : C'est par la grâce de Mano et de Démouts , que je suis ici . Et je veux voir chaque jour et chaque heure le grand Mano Déniouts et Rélusto, principe occulte , prin- cipe fondamental, engendré avant toutes les créatures ; et ma prière montait sans cesse vers eux. Or, après avoir visité toutes les créatures des ténèbres, je me dis : Il est temps de remonter à mon père , de m'as- seoir à sa droite , et de m'entretenir avec lui . Etjedis à mes frères:Jesuis Eon;venez avec moi. Cherchons la science et l'intelli- gence ; désirez la doctrine et la religion de mes pères ; instruisez - vous à leur école . Alors, mes frères, et Rabo-Rebo , mes com- paguons, me répondirent : Montons ? Pour- quoi resterions - nous dans un lieu qui nous est inconnu? N'y a-t-il pas assez longtemps que nous sommes ici ? Allons , ouvrons la porte des trois rois, que le feu n'a point consumée ; de ce lieu où la cendre remplace l'eau, séjour suprême des ténèbres , que la chaleur dévore , et qu'aucun mortel n'a ja- mais vénéré . Peut- être de cette manière re- cevrons-nous l'intelligence qui nous man- que. En effet , quand la preinière porte fut ouverte, nous aperçumes le petit-fils des te- nèbres , le seigneur Schedun , qui ne res- semble en rien aux puissances des ténèbres dont nous avons parlé plus haut. Alors re- vêtu d'une longue robe éclatante, moi , A- bel,je lui dis : Voici; enton nom, Rabo- Rebo , au nom de la Vie, occulte , première , retirée dans un lieu secret, au nom des Eons Mano et Demouts , au nom de mon père l'an- ge de la Vie , et de la doctrine des Outras, mes compagnons , mes amis , je m'adresse aux créatures des ténèbres, vers lesquelles mes pères m'ont envoyé, en présence du beiliqueux Schedun , roi de ce monde des ténèbres. A cet effet, le cœur plein de joie, je m'exprimais en ces termes : Salut à toi , belliqueux Schedon , puissant roi du mon- de . Mais il n'entendit point mon salut ; enfin me révélant à lui , il me répondit : Salut à toi, homme d'une si belle apparence ! Parle, ajouta-t-il, homme dont la forme est si bril- lante ! Et je lui dis : Un fils, issu de votre race, médite une action abominable dans votre monde. Qu'en dites-vous ? Schedun , répondit : Descends plus bas ; je ne sais rien, qui est plus ancien que moi . Or, depuis le jour où je descendis vers lui , jusqu'aujour où j'allai voir le seigneur Gir , il se passa cent mille ans. Je pris une apparence plus belle que la sienne, et je m'approchai de lui . Mais il ne s'aperçut pas d'abord de ma pré- sence ; enfin , il me rendit mon salut , en me disant Salut à toi , homme de si belle appa- rence ; que désires-tu de moi ? Je lui répon

�103 104 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. dis : Un fils, issu de votre race medite une action exécrable dans le monde de la lu- mière . Qu'en dites-vous ? Il répondit : Des- cends plus bas ; je ne sais rien , qui est plus ancien que moi . Or, depuis le jour où je le quittai, jusqu'au jour où j'arrivai chez Karkum - Turo le charnel , il se passa soixante mille myriades d'années . Je vis donc ce Karkum-Turo le charnel , qui n'avait pas d'os , et qui ressemblait à de la cendre ; l'eau qu'il buvait était mêlée de cendre, et mobile, inconstante comme les nuages . Quand je l'eus vu , je me cachai de lui pen- dant quelques années , et je me disais : Que ferai-je et que dirai-je au puissant Karkum- Turo le charnel ? Enfin , lui adressant la pa- role, je lui dis : Salut à toi, o premier né roi des ténèbres , ô Karkum -Turo le charnel ! Et entendant ces mots , il demanda, mais sans lever la tête : Quel est cet homme, qui connaît mon nom, qui sait quel est mon ca- ractère ? Je lui répondis : Je suis Abel , que la Vie envoie vers toi. Je suis venu à toi après des milliers d'années et de généra- tions de marche, pour te communiquer les ordres de la Vie impérissable , de la lu- mière sans déclin . Il reprit : Que t'a-t-elle donc ordonné ? Je répondis : La Vie m'a or- donné de venir à toi et de te dire : Un fils, issu de votre race , médite d'exciter à la ré- volte les créatures de la lumière qui sont sous votre empire . Qu'en dites- vous ? A ces mots, il se dit en lui-même : J'irai, et je le dévorerai ! mais connaissant sa pensée ; moi Abel Zivo, je me réfugiai dans l'endroit où l'on tient en réserve les épées, les glaives , les faulx , les poignards et les frondes, et je lui dis : Viens me dévorer ? Il répliqua : Oui je te dévorerai ! Et en effet , il me dévora à moitié; mais bientôt ses entrailles déchirées le forcèrent à me revomir, et il se dit en lui- même : Que ferai -je à cet homme, qui est venuversmoidelapartdelaVie?Etilme dit :Vous êtes puissants, nous sommes petits , Vous êtes des dieux, nous sommes de fai- bles créatures , vous êtes nobles , nous som- mes vils ! Je répondis : Lève-toi, donne moi un diplôme? Il se leva, et jura par le jour de sa naissance : Non, je ne te tromperai point ; viens dans mon palais, et je te donnerai le diplôme que tu demandes. Il se leva , et après in'avoir donné ce diplôme , il me présenta encore le cachet qui est apposé sur ses tré- sors, et sur lequel est gravé le grand nom, le nom mystérieux , inconnu des ténèbres , etmedit:Jetedonnecediplômeetce ca- chet , ce sceau, afin que tu le présentes à tou- tes les créatures qui te verront . Je pris donc ce qu'il me présentait, et le recouvris de sept voiles. Le seigneur Gir , remontant alors sur mes pas, je me présentai à son père, et lui montrai le diplôme avec le cachet A cette vue, il eut en moi une confiance entière . Je montai ensuite vers le seigneur Schedun , que je trouvai étendu dans son monde, et adorant le feu ; je lui présentai mon diplôme et mon cachet, en lui disant : Regarde , et reconnais que tes pères m'ont envoyé vers toi . Il me répondit aussitôt : Heureux le jour de ton arrivée ! Je quittai Schedun , et je montai vers les créatures supérieures . Et après avoir passé dans ce monde mille milliers d'années, j'arrivai dans celui d'Anatan et de Kin . Là , je passai plusieurs années , ne sa- chant quel parti prendre . Enfin , prenant la forme d'Anatan, je me présentai à sa femme Kin, et lui dis : Dis-moi qu'est-ce qui nous a appelés à l'existence , d'où nous avons été créés ? Elle se leva, et me montra la fontaine, principe d'où ils avaient été tirés . A la vue de cette fontaine d'eau noire et amère, Rabo Rebo , mon compagnon , me dit : Cette amer- tume est la vérité des créatures des ténè- bres : Alors, voilant les yeux de Kin, et bou- chant ses oreilles , je pris cette amertume sans qu'elle me vit . Mais se jetant sur moi , elle s'écria : Où vas-tu ? Et je lui dis : Viens, je te le dirai . Mais je la quittai , et je fermai avec des barrières et de fortes serrures les portes de ce monde . Cependant , ces créatu- res et ces générations qui se trouvaient avec moi, se réjouissaient de mes œuvres , et se livraient à la prière et aux actions de grâces. Or, à ces portes j'imposai trois noms mys- térieux et indélébiles , savoir : Hatam Zivo , Nehur Zivo, et Lafafore Nehuro Rebo . Or , telle était la vertu de ces noms que , tant que j'en garderais le secret, ces portes de- vaient être fermées , sans que personne pût jamais les ouvrir . Après cela , je montai vers le monde supérieur , où règne la grande perle appelée Sarde . Or, le jour où je m'é- tais transporté auprès de Gag et de Gafan, le père de toutes les créatures des ténèbres, ces mêmes créatures s'étaient réunies pour se réjouir et prendre le frais . Alors Kin , leur mère , assise au milieu d'elles , leur dit : Levez-vous , satisfaisons notre concupis- cence , voyons ce que nous n'avons jamais vu . A ces paroles, l'œil ardent et cupide , embrasées de feux coupables , elles se levè- vèrent et s'écrièrent : Nous voici , que faut- il faire ? Et l'Esprit , sa fille , répondit : Al- lons , unissons-nous à notre frère et en effet, il les reçut toutes les unes après les autres , et s'unit avec chacune d'elles . Mais l'Esprit avait dit à Our, le jour qu'il s'était uni avec elle : Lève-toi , allons annoncer à Kin , notre mère, et à Gag notre père , que nous sommes unis . Et en effet , ils se levè- rent, et allant trouver leur père , ils lui dirent : Voyez, ce que nous avons fait nous- mêmes . Or, moi lavar, caché à tous les yeux, aussi bien que Rabo Rebo, je pris la forme de l'un de ces génies, la plus belle et la plus élégante , et je m'avançai vers Kin , et me tenant devant elle , je lui dis : Salut à toi, princesse, mère de toutes les créatures. Elle se tourna vers moi , et subitement em- brasée d'un amour impudique, elle me dit Salut à toi, mon ami, seigneur très-glorieux! Alors à mon tour , lui prenant la main , je lui dis : Combien as -tu de filles ? me crois-tu digne de devenir ton gendre ? A ces mots elle se réjouit intérieurement, et me félicita du désir que j'avais de devenir son gendre. Aussitôt me prenant par la main , elle me conduisit auprès de Gag. Je lui dis en le

�105 106 PART. I. -- ― LIVRE D'ADAM. TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT voyant Salut à toi , Turo, ô le plus puis- sant des rois de ce monde ! mais il n'enten- dit pas mes paroles ; alors Kin lui dit Tu n'entends pas le salut de cet homme, le plus beau de nous tous ? A ces paroles , le roi des- cendant rapidement de son trône , vint à moi , et m'embrassant : Tu es le bienvenu , dit-il, maître, que demandes-tu ? Et comme je ne répondais pas, Kin lui dit : Il demande une de nos femmes , allons , donnons-lui ce qu'il désire. Il répliqua : Laquelle donnerai -je ? elle lui répondit : La princesse Zabril , plus belle encore que lui-même . Après cet en- tretien, je lui présentai l'anneau que je por- tais. A cette vue , elle me dit dans la joie de son âme Voici le cadeau des fiançailles ; il n'est pas dans tous mes trésors, d'anneau semblable à cet anneau. Puis la mère dit à sa fille Prends cet anneau , et garde - le jus- qu'à ce que tu sois revêtue de la robe nup- tiale . Ensuite Gag dit à Kin : Lève-toi , fais ce que les puissants ont coutume de faire ; embellissons Zabril notre fille , et qu'elle soit digne d'un époux qui est le plus beau de nous tous. Et Kin répondit à Gag : Tu es heureux d'avoir trouvé un tel gendre . Puis comme Gagse levait, et se rendait au lieu de son origine, la mère lui dit : Lève-toi, fai- sons à notre fille des noces magnifiques . En effet, Gag éleva un trône et dressa une tente , la couvrit de riches tapisseries, pendant que Kin invitait toutes les créatures , toutes les puissances du pays . On accourut de toutes parts ; on vint offrir de l'or , de l'argent, des perles , des couronnes , de riches vêtements, et chacun s'écriait à l'envi : Allons , voyons ce gendre , plus beau que la belle Zabril . Puis après nous avoir revêtus , moi d'un manteau de soie , elle, ma fiancée , d'une robe de diverses couleurs , on nous fit as- seoir sur des trônes d'or. Et alors on me dit : Réjouis -toi , seigneur , réjouis - toi de la fem- ine que nous te donnons . Ensuite , nous présentant un plat délicieux , on me dit : Mange , seigneur , et bois du vin . Alors , riant de tous ces apprêts, je me dis en moi- même : Que font ces fenfants de ténèbres ? ils ne savent pas , les insensés , que je ne mange ni ne bois ! N'importe , surprenons leurs secrets , et confondous leur orgueil . Je leur répondis donc : Voici , j'ai bu et j'ai mangé. Alors ils me laissèrent, et se retirè rent dans le plus profond de l'abîme . Et moi prenant en pitié le sort de cette pauvre Za- bril, je me disais : C'est pour toi cependant que ce mystère des ténèbres a été dévoilé. Cependant le temps s'approchait qu'on de- vait m'amener ma jeune fiancée , la couronne sur la tête . Elle arriva en effet , accompagnée de Kin . Celle -ci se prosternant devant moi , me dit avec respect : Qu'as - tu fait , seigneur? je répondis : Que ferai-je? puis elle uit en parlant à sa fille : T'a-t-il épousée ? Elle ré- pondit : Non , il ne m'a pas épousée . Sa inère lui demanda de nouveau si elle avait l'envie de se marier ; et quand elle eut ré- pondu qu'elle en avait envie , la mère se le- vant, me dit en présence de sa fille : Tu ne l'as point épousée . Je répondis : Dans le monde que j'habite , il n'est pas permis d'é- pouser une femme , avant sept années révo- lues. Elle reprit Fais tout ce que tu vou- dras. Alors , après avoir conféré avec Rabo Rebo, je lui dis : Prolongeons ces sept an- nées pendant soixante mille myriades d'an- nées , et mettons un voile sur ses yeux, son cœur et son esprit . Cette proposition lui plut, et nous passâmes dans ce monde des années et des générations . Cependant, j'a- vais interrogé Kin : D'où venez-vous , et qui vous a appelé à l'existence ? Elle répondit : Nous sortons de la fournaise , du séjour des ténèbres, de la vase de l'eau noire . Je lui répliquai : Lève - toi , montre-moi le lieu de ta naissance . Alors elle me rendit témoin de la force et de l'énergie des ténèbres , et me révéla le mystère que les puissances des ténèbres se sont seules réservées ; elle me montra ensuite une fontaine , d'une telle profondeur, que personne excepté moi ne pouvait la sonder , et si merveilleuse , que chacun pouvait s'y mirer comme dans un miroir, et y découvrir même ce qu'il dé- sirait faire à l'avenir . Or , je l'enlevai, je la cachai à ses yeux ; et comme elle ne pouvait plus la trouver, elle se dit en elle - même : Que ferai-je ? notre force, notre énergie , est perdue ! Et quand je lui demandai ce qu'ell pensait , elle était dans une agitation telle, qu'elle ne me fit aucune réponse . Zabril à son tour, que j'allai trouver, quand elle nous eut laissés seuls, m'interrogea : Où as-tu été , seigneur , me dit-elle ? Alors, par pitié pour elle , je lui répondis : Chez tes pères . Elle reprit Tu as bien fait de venir jusqu'à nous. Alors je pris l'apparence de Gag, et j'allai trouver l'Esprit et je lui dis : Viens , allons vers tes pères. Il me répartit : Où sont-ils? Je lui répondis : Bien loin de nous, dans le monde supérieur ! Puis j'ajoutai à l'Esprit, le jour où il avait été visité par Gag : J'irai, je m'approcherai de Zabril la sœur , qui m'a été donnée en mariage . Je m'approchai en effet de Zabril , mais les lar- mes coulaient de mes yeux , elle pleurait aussi . Et j'engageai Rabo Rebo , qui était avec moi , de pénétrer dans le fond du cœur de Zabril , et de lui parler avec amitié ; en- fin, nous partimes accompagnés d'Eon, que l'Esprit ne connaissait pas . Nous avions de plus un cortége de trois cent soixante mille myriades de créatures de la lumière. Or , je dis à l'Esprit qui marchait à mes côtés : Tu as conçu ton premier-né? Mais joyeux d'un côté de ces paroles , effrayé de l'autre de la longueur du chemin , il me dit : Ce voyage m'est pénible . Je lui répondis : Nous arrive- rons bientôt . Comme j'arrivai au monde de Zartaï Zartanaï, je fermai avec de fortes bar- rières et des serrures épaisses , la porte qui se trouvait du côté du monde de Gag et de Gafan ; je leur donnai les noms d'Hananil , Haniil et Semer, noms redoutables , qui ren- fermaient les mystères de ces Eons , et j'en- gageai l'Esprit à avancer. Cependant , après avoir voyagé pendant une suite innombra- ble d'années , nous n'étions pas encore ar- rivés dans mon royaume . L'Esprit me dit

�107 108 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. donc Que faisons- nous? nous n'arrivons pas chez mes pères ! Je lui répondis : Nous arriverons bientôt. Nous quitiâmes donc le monde de Zartaï Zartanaï, et nous nous di- rigeâmes vers le mien qui est placé au-des- sus , après avoir placé aux portes de fortes barrières et d'épaisses serrures, et leur avoir donné les noms mystérieux d'Akochar , Ako- char , Abad et Akochar Zivo . Cependant , je me disais en moi - même : Béni soit celui qui nous a tirés de ce séjour de ténèbres , de la profondeur de cet abime ! Alors , renouve- lant à l'Esprit ma première question , je lui dis : Que veux-tu ? Il me répondit : Je vou- frais savoir où sont mes parents . Je lui dis Je vais t'introduire auprès d'eux , et je te les montrerai . Et j'ordonnai à mon compa- gnon Rabo Rebo , de jeter un voile sur ses yeux et sur son cœur . Et en effet , ses yeux furent aveuglés, son cœur fut insensible , et il devint ce qu'il était avant d'avoir été ap- pelé à l'existence . Pendant ce temps , j'en- tourai le monde , son royaume , de nurs qu'aucune puissance ne pût ébranler. Et 'Esprit s'inquiétait et demandait ce qu'on lui servirait pour sa nourriture . Alors je dis à la multitude qui m'accompagnait : Rẻ- jouissez-vous et louez vos pères, car nous avons réussi dans notre entreprise . Allons , venez avec moi féliciter les Eons, nos pères, Mano, Demouts et Netubto , à qui nous de- vons l'existence . Partons , et que le temps de la route soit consacré à la prière , aux cantiques sacrés , aux saints entretiens. Ce- pendant nous arrivons bientôt aux fron- tières du monde resplendissant, aux portes de la lumière, et nous nous présentons à nos pères . Aussitôt s'avancèrent à ma ren- contre Mano et Demouts qui me dirent avec bonté Sois le bienvenu , Abel , et le plus brillant de tous les génies . Le grand Eon Demouts me salue , et m'embrassant : Sois le bienvenu , Abel , Eon pur, prince de la splendeur, que tout te réussisse ! Le Jour- dain, mon père , veut aussi m'adresser ses félicitations , et Mano et Demouts m'introdui- sirent auprès de Netubto . A sa vue , mon cœur tressaillit d'allégresse , et je ressentis une joie inconcevable . Alors Netubto me tit participer à son mystère , et me montra ce que je ne connaissais point . Elle me bap- tisa dans sept Jourdains, placés sur son trône, et que personne n'a jamais vus, et me mar- quant d'un caractère indélébile , elle me dit : Réjouis -toi du caractère indélébile dont je te revêts . Puis comme je me tenais proster- né devant elle , elle me dit : Lève -toi , trouver ton père , qui t'attend au milieu du Jourdain . Je quittai donc Netubto , et me di- rigeant vers mon père , je descendis dans le premier Jourdain, qui appartient à Mano et à Demonts , et mon père me baptisa ; il me baptisa dans trois cent soixante mille my- riades de Jourdains, ainsi que tous les génies qui m'accompagnaient , et qui se tenaient sur le rivage . Puis mon père m'a- iressa cette question : O mon fils, quelles sont les créatures au milieu desquelles tu t'es trouvé ? Je lui exposai ce que j'avais vu .

va Alors, tressaillan : d'allégresse , il me dit : Qui égalera jamais en vertu , en sagesse , ce Rabo Rebo , que la Vie t'a donné pour com- pagnon ? alors je me jetai aux pieds de mon père, et lui dis : C'est toi, ô mon père, digne de toutes louanges, qui m'as enseigné cette doctrine. Je suis descendu dans la région des ténèbres , je suis remonté vers vous , vers les créatures de la lumière . Selon notre habitu- de , je vous raconterai ce que j'ai vu et vous révélerai tous les mystères que j'ai appris ; combien de mondes j'ai visités, et comment je suis parvenu à sceller les portes de ces mondes, et à les emporter avec moi . Quand je lui eus parlé ainsi , il me dit en souriant : A qui peuvent ressembler des créatures que les ténèbres environnent ? Je.lui répondis : Elles sont telles que je n'en ai vu nulle part de semblables . Je me lèverai donc , j'irai vers l'Esprit que j'ai laissé dans son royau- me. Seul, captif au milieu d'une enceinte entourée de sept murs inébranlables , et ne supportant son châtiment qu'avec rage. EL mon père me répondit : Pars sans différer, et fais selon ta volonté . Je partis donc et j'arrivai bientôt aux confins desténèbres. Mais là un obstacle se présente à moi , une bar- rière de mille parasanges de largeur qui en défend l'entrée . Certes , si j'avais eu en mon pouvoir autant de force qu'autrefois , aucun monde , aucun obstacle n'aurait pu résister à mon pied . Cependant j'aperçus l'Esprit assis , et se disant : Qui donc m'a fait pri- sonnier, qui m'a conduit dans ce monde ? Je ne sais où sont mes pères ! A ces paroles , je me cachai , et prenant la forme de Gag, son père et son époux , je lui dis : Que fais-tu là, Esprit ? Il me répondit en pleurant et en m'embrassant : Pourquoi m'as- tu abandon- né, pourquoi es-tu parti ? où as-tu été pen- dant tout ce temps ? Je lui dis : J'étais chez mon père et ma mère. Ilme répondit: Tu es heureux d'avoir vu ton père et ta mère . Je lui dis En effet . Il me demanda ensuite à qui ils étaient semblables . Je lui répondis : Ils sont assis dans les ténèbres , auxquelles ils se sont rendus semblables. I répliqua : Levons-nous, allons les trouver. Je repartis : Mes pères m'ont renvoyé en me disant : Va parcourir les mondes inférieurs , puis re- tourne dans ton royaume . Alors l'Esprit maudissant ses père et mère, s'écria : Que le feu consume tous ceux qui ont habité avec toi ! Non, je ne veux pas les voir. Je ris de ces paroles . Mais bientôt il forma d'autres projets, et se dit en lui-même : Je ne lè- verai, j'irai trouver mon père et ma mère , et je les verrai . Connaissant ce projet , je pris congé de l'Esprit, et je remonta vers mon père, la Vie qui m'avait envoyé . Et je vécus en sa présence pendant mille ans, en- vironné de sa gloire, et revêta de sa lu- mière . Quand ce temps fut achevé, je leur dis : Il est temps que j'ailie , dans le monde que tu sais. La Vie me répondit : Va, mon tils premier- né, va le plus soumis de toutes les créatures . Je me levai donc et j'allai vers l'Esprit que je trouvai en la mer, mais qui ignorait encore qui j'étais . Il se disait :

�109 110 PART. I. - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. LIVRE D'ADAM. Je me lèverai, je chercherai , je découvrirai où sont les portes des ténèbres qui condui- sent chez mes père et mère. Se levant en effet , i entra dans l'eau noire , chercha la porte, mais il ne la trouva point. A mon arrivée, il se leva, et se dit en lui-même : Quand donc viendra le jour où je mettrai au onde un fils qui me tiendra lieu de tout, de père, de mère, de compagnon , de mari , de frère ? Quand ce fils , devenu grand , aura découvert les portes des ténèbres qui con- duisent chez mon père et ma mère , nous irons ensemble et nous les verrons . En par- lant ainsi, il me regardait sans me connaître . Cependant je lui dis : Oui, il viendra un temps où tu mettras au monde . Ton fils Our sera une des puissances des ténèbres . Et l'Esprit reconnaissant la fraude , se dit en lui- même Que ferai je à l'homme qui m'a arraché d'auprès de mes parents, m'a conduit captive en ce lieu , et me tient éloigné du lieu de ma naissance ? Et moi, je lui dis : Com- bien y a-t-il de temps que tu as conçu ton tils Our ? deux mille ans, me répondit - elle. Comment cela t'est-il arrivé, lui dis-je ? Mais sans me répondre elle me demanda dans combien de temps elle concevrait de nou- veau. Je lui dis : Tu ne mettras au monde Je fruit de tes amours qu'après soixante-dix inille myriades d'années et onze jours; mais quand tu auras vu ton fils , tu ne voudras pius me regarder. Ces paroles réjouirent son cœur ; elle s'écria cependant : Que de temps encore il me faudra porter dans mon sein le fruit de mon amour ! Je lui dis : Quand je ne serai plus avec toi , les années marcheront vite pour toi ! Lève-toi donc , répliqua-t-elle aussitôt, et laisse-moi : mon cœur, pendant ton absence , saura bien se soutenir lui-même , et je n'aurai aucune in- quiétude sur toi . Alors je remonta vers mes pères . A ma vue mon père se réjouit et m'embrassa, et Mano et Demouts me pla- cèrent au milieu d'eux . Puis ils me deman- dèrent ce que j'avais fait ; mais moi, pros- terné devant eux, je n'osais pas répondre . Alors n'inondant d'une nouvelle lumière , pénétrant mon cœur d'une clarté plus vive, ils m'encouragèrent en ces termes : Allons, Abel Javar, raconte-nous ce que tu as fait dans le monde où tu as été . Nous ne t'avons pas oublié ; nous parlions de toi chaque jour, ton image était gravée dans nos cœurs , et ton père nous entretenait sans cesse de toi. Alors je dis à la Vie, à Mano et De- mouts : Grande et magnifique est la lumière que vous m'avez donnée ; forte et puissante est la vertu que vous m'avez inspirée . Tu m'as même choisi des compagnons . Que craindrais-je donc ? Je ne désire point con- naître les secrets que tu ne veux point me révéler, et je n'ai aucune inquiétude au su- jet des mystères que je dois ignorer. Or, jusqu'au jour où je suis revenu vers vous , j'ai vécu avec les habitants des ténèbres , et ils m'appelaient leur seigneur et leur roi . Et moi , au moyen du diplôme que je m'étais fait donner,je surpris tous leurs secrets, j'ap- profondis tous leurs mystères. Et quand le tumulte s'élevait contre moi , vous m'avez appelé, et votre doctrine, votre science et votre sagesse m'ont rendu le courage . Vous m'avez renvoyé dans ces ténèbres afin de barricader toutes les portes, afin de fermer toutes les serrures , avant l'existence du père et de la mère de Our, pour qu'ils n'aient , point de commerce entre eux, et ne puis- sent se transporter d'un monde dans un au- tre. La Vie, ma mère, me dit : Abel, homme- vigilant et mystérieux, que ton père a béni, et que j'ai élevé jusqu'à moi , si je ne t'avais pas fait ce commandement, si tu ne l'avais pas accompli, je n'aurais jamais pu triom- pher du démon Our ni de sa mère. Je ré- pondis : Je me lèverai et j'irai vers l'Esprit. Or le temps était arrivé où il devait mettre au monde. Et la Vie me dit encore : Vas, et fais comme selon ta sagesse . Je descendis donc et j'allai trouver l'Esprit, qui gémis- sait dans les douleurs de l'enfantement , car les temps étaient arrivés . Elle se roula donc en trois cent soixante replis , et se di- sait en elle -même : A l'heure de l'enfante- ment je ferai passer mon fils d'un repli dans l'autre . Je lui dis : Tes efforts seront inutiles jusqu'au mois de ta délivrance , et comme elle ne voulait point me répondre, j'a- joutai Tes œuvres ne te serviront de rien. Cependant je la laissai et je me mis en route . Bientôt je me trouvai sur les contins des ténèbres , et m'asseyant pour reprendre ha- leine, je me dis en moi-même : Bientôt va s'accomplir le grand dessein de leschamin , la seconde Vie . Cependant l'Esprit dans les douleurs de l'enfantement avait demandé du secours à la Vie seconde ; ce secours lui fut accordé, et après avoir porté l'enfant pendant mille ans, il mit au monde un fils aussi petit qu'une petite prune . Alors il fit passer son fils d'un repli dans un autre . Or il resta mille aus dans chaque repli . Mais avant de passer dans un autre repli, sa mère le jetait dans l'eau noire. C'est ainsi que Our reçut l'existence . Bientôt il grandit, mais sa mère l'avait en horreur, ne sachant pas qu'issu des plus hautes puissances , il deviendrait lui -même puissant un jour.Pour moi , après l'avoir vu, je le laissai et remon- tai aux murs de fer dont j'ai parlé plus haut, et m'arrêtant au milieu des créatures que la Vie m'avait données , je leur annonçai le mystère qui venait d'avoir lieu . Rabo Rebo était avec moi . Alors j'élevai sept murs d'or pour entourer ce monde , et je donnai à cha- cun de ces murs de mystérieux titres, savoir : Hamamil, Katmil , Notril , Zarnil, Faschril, Halril , en sorte que personne ne pût les ébranler jamais . Et quand j'eus fini de bâtir ces murailles , je vins, et je trouvai l'enfant étendu dans l'eau noire ; et en prenant les dimensions, je trouvai qu'il avait une palme de long sur une palme de large . Alors je me dis Je me lèverai , j'irai et je resterai dans le royaume des ténèbres, jusqu'à ce que l'enfant soit devenu grand, et que je puisse me rendre maître de lui . Cependant sa mère l'éleva pour en faire un géant des ténèbres. Or, quand il eut grandi , et qu'il eut atteint

�111 112 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . une grandeur immense, je me dis : Que fais- je ici ? je me lèverai , je connaîtrai, je juge- rai, je descendrai, je produirai et condense- rai une terre d'airain , sur une base de huit cent quatre-vingt mille parasanges , enlevée à l'eau noire, soutien de Our. Or aussitôt que j'eus formé ce projet et qu'il fut réalisé , m'avançant encore vers l'eau noire , je vis l'enfant qui grandissait singulièrement, et je me dis : J'appesantirai ma main sur son dos, et je l'empêcherai de croître . Car s'il grandissait encore, le monde fléchirait sous son poids et se fendrait de toutes parts. C'est pourquoi , me dépouillant de ma splendeur et de ma lumière , j'appesantis la main sur son dos . Or il tenait dans l'eau noire un es- pace de mille myriades de parasanges . Et quand il mit pied à terre , la terre affaissée sous son poids se fendit de toutes parts , malgré son étendue de douze mille parasan- ges en longueur et en largeur . Or cette ca- tastrophe produisit un tumulte immense pour les créatures des ténèbres . On croyait que la terre allait s'écrouler sur ses fonde- ments, et s'anéantir tout à fait . Our épou vanté se cacha dans une fente . Pour moi , je contemplai l'eau noire qui s'écoulait dans les fentes, et je voilai ma splendeur à tous les yeux. Alors l'enfant dit à sa mère : Qu'as-tu fait ? tu as désiré que je grandisse , et cependant tu as appesanti à mon insu ta main sur moi . Je suis accablé de douleur . Et sa mère se leva et prit à témoin ses pères , qu'elle n'avait point appesanti sa main sur lui. Celui-ci devenant de plus en plus en proie à la douleur et à la rage, voulut fon- dre sur sa mère et la dévorer : Où sont tes pères, lui dit-il ? Et il ajouta : Allons, viens les trouver. Et elle lui répondit : Lève -toi , je mettrai sur ta tête une couronne, et tu seras roi, du jour où tu la porteras . Il lui dit Montre-la moi , que je la voie . Elle re- prit : Viens, je l'ai cachée derrière les murs . 1l jeta en effet les yeux sur la couronne , et brûlant du désir de la posséder , il la mit sur sa tête. Et l'Esprit lui dit : Réjouis -toi , cette couronne sera désormais ton firmament . Et il répondit à sa mère : Je ne veux point en- courir une mort misérable. Je ne porterai donc point cette couronne sur la tête , et je m'en garderai avec soin . Et il ajou- ta : Lève -toi , montre - moi la porte qui conduit à nos pères . Et sa mère lui dit : Tu n'existais pas encore , que je cherchais, moi aussi, cette porte, sans pouvoir la trou- ver. Alors il voulut dévorer sa mère ; mais , fléchissant le genou devant lui, elle s'é- cria Malheur au fils qui méprise sa mère ! Alors il poussa un long rugissement et il se mit à chercher la porte, mais sans succès . Alors il l'appela et lui dit : Ne crains rien , viens et montre-la moi . Elle répondit : Tu n'as donc pas foi en mes serments ? Et il lui demanda pourquoi la porte de ce monde. n'était pas ouverte ; pourquoi ses pères l'a- vaient fermée et cachée à tous les yeux ; pourquoi enfin , par l'ordre de ses pères , cette porte lui était cachée ? Elle répondit : Tes questions me causent à la fois de la

peine et de l'admiration . Et il lui dit : Ne peux -tu rien faire ? Elle répondit : J'ai en mon pouvoir les prestiges et les machina- tions . Je puis y avoir recours, et la terre se liquéfiera. Illui dit : Enseigne-moi tes pres- tiges . Elle lui répondit : Viens , allons voir ces murs, derrière lesquels se trouvait ta couronne. Ils y allèrent en effet. Alors elle fit des mille milliers de prestiges ; elle ré- cita des myriades de formules, mais les murs ne se liquétiaient point. Ne m'as-tu pas dit, reprit alors son fils, que tu avais en ton pouvoir de puissants, de formidables pres- tiges? Elle répondit : Je ne sais ce qui est arrivé. Il lui dit alors : Fais comme tu pour- ras. Alors , employant toutes les ressources de l'art mystérieux auquel elle était initiée, elle appela à l'existence les démons Ka- raftones. A cette vue , reconnaissant que sa mère possédait en effet des secrets puis- sants et redoutables, le génie s'écria : Voici désormais mes compagnons . Puis, s'adres- sant à sa mère avec bonté : Voici des œu- vres, lui dit-il ; mais pourquoi n'appelles-tu pas aussi à l'existence des créatures qui te servent de cortége et de société ? Mon fils, répondit- elle, je n'ai pas cru devoir penser à nul autre qu'à toi. A cette réponse , il l'em- brassa tendrement. Or, pendant ce temps-là, j'ignorais ce qui se passait. Mais quand je m'en fus aperçu , je me présentai à eux , et ils ne me reconnurent point. Et moi , je res- tai devant eux et je vis ce qu'ils faisaient. La mère dit alors à son fils : Lève-toi, je te montrerai un miroir qui m'appartient . Il lui répondit : Montre- le moi . Le voici , lui dit- elle tu y verras mes rois et mes puissan- ces. En effet, elle les lui montra. Et lui, eil regardant dans ce miroir, y vit les créa- tures des ténèbres aussi bien que celles de la lumière . Mais à cette vue , arrondissant son dos en bosse , il dit à sa mère : Pourquoi ne m'as-tu pas donné ce miroir plus tôt , afin que je puisse m'y voir ? Elle lui répondit : Mon fils, ce miroir , comme la couronne, m'ont été donnés par mes pères depuis le jour de ma naissance ; ils vont t'appartenir. Puis elle lui demanda ce qu'il y avait vu. J'ai vu , lui répondit- il , les créatures de mes pères, chacune vivant dans le monde ; j'ai vu aussi les créatures de la lumière , et je me suisdit :Queferai-je, moi qui ai vu àla fois mes pères et la lumière à laquelle nous n'appartenons pas et que je désire pourtant? Elle lui dit : Laisse-moi regarder aussi dans le miroir , afin que je jouisse du même spec- tacle . Mais quand elle eut bien regardé, in- terrogée par son fils, elle lui dit qu'elle ne savait rien . Alors , enflammé de colère, pen- dant que sa mère l'exhortait à lever les yeux vers le séjour de ses pères, il la saisit par les cheveux et, la traînant à lui , il la ren- versa à terre. Elle se résigna, et fit devant lui trois cent soixante génuflexions, en di- sant Malheur, malbeur, mon fils , fais ce que tu voudras. Il lui répondit : Je veux être consacré à la lumière , et non pas aux ténèbres . Et en disant ces mots, Our s'é- lança dans l'eau noire, qui, roulant ses flots

�113 114 PART. I. LIVRE D'ADAM. -- TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. - en tourbillons contre les murs, le porta sur les confins des ténèbres et de la lumière . Cependant les sept murs furent ébranlés. Alors la Vie me dit : Que fais-tu, Javar Abel , lève-toi , avance contre Our, le prince des ténèbres, qui vient nous porter la guerre. Et moi, docile aux ordres de mon père , je m'avançai contre Our, accompagné de gé- nies qui étaient avec moi, et des compa- gnons que mes pères m'avaient assignés. Mais , à ma vue , Our, le prince des ténè- bres, se coucha dans l'eau noire . Alors , lui enlevant sa couronne , je le pris , le fis ren- trer dans ses sept replis , et je continuai ma route. Quand Our se vit hors de l'eau noire sur la rive , il dit à sa mère : Pourquoi ce- lui-ci est-il venu à moi ? Elle lui répondit : Il est venu, afin de te réduire en son pou- voir. Et qui pourrait me réduire, reprit -il ? La mère lui répondit : Pourrais -tu lui arra- cher la couronne de force et de splendeur qu'il porte ? A ces mots, il se porta les mains à sa tête, et se dit : Malheur, mal- heur à moi ! mes reins se sont brisés , et mon dos s'est voûté ! et sa mère se mit à pleurer . Et quand elle lui eut dit que ce qui lui était arrivé pouvait lui revenir, il descen- dit de son trône , et , transporté de fureur, il se leva, suivi d'un cortége de mille my- rtades de démons . Mais , à ma vue, tous ces démons, à moitié morts , s'arrêtèrent comme sur le point d'être anéantis . Lui -même aussi , malgré sa rage , malgré les démons qui l'es- cortaient, s'arrêta devant moi presque sans vie et sans mouvement. Puis, regardant sa mère : Que ferai-je , lui dit-il ? Elle lui ré- pondit : Non, tu ne peux rien contre la force de cette lumière . Et quoi , reprit-il, ne pourrai -je rien contre elle , moi qui suis si fort?Ehbien! lui dit sa mère, si tu peux quelque chose , viens , allons ensemble ébranler les murs. Viens, dit Our. Et ils allèrent . Mais ils ne purent ébranler les murs. Or, il eut honte de ce que sa mère lui avait dit : Telle est la solidité de ces murs , que, malgré tous mes prestiges , nous ne pourrons les ébranler. Il lui dit donc : Que ferai-je? Tu as, dit la mère, une perle ; mets-la à ta tête , et la force en sera décu- plée . Il prit donc la perle, la plaça sur sa tête, et se précipitant dans l'eau noire tour- billonnant sous son poids , il se dit : Je monterai , je verrai la lumière, le principe de l'eau. Moi lui apparaissant tout à coup, il tomba comme frappé d'épouvante . Et lui enlevant la perle que sa mère lui avait don- née et dont il était si fier , je le laissai et je remontai au séjour de mon père . Our, ce- pendant, dit à sa mère : Nous avons perdu notre force et notre firmament . La mère lui répondit : Mon fils, tu ne pourras jamais rien contre la force de cet homme. Il lui dit : Lève-toi , entrons dans l'eau noire , et (154 ) Cette eau noire dont il est parlé si souvent dans le Livre d'Adam est sans doute l'abîme du non- ètre. Or, même dans la théorie chrétienne , c'est dans la double idée que Dieu a de l'ètre et du non- tire, de la lumière et de l'eau noire qu'il- a puisé voyons ce qu'il nous reste à faire . Or déjà i entrait avec sa mère dans l'eau noire, quand moi , Iavar-Zivo , j'y pénétrai avec eux. Alors l'esprit commença à révéler les secrets de son art à son fils ; mais l'eau noire, affaissée sous le poids des géants , s'entr'ouvrit , et Our dit à sa mère : Vois celte fente que mon poids vient de pro- duire . Enfin elle regarda ; mais , le frappant d'aveuglement , je dérobai son secret, et il chercha, et il ne découvrit rien , et il dit, en se frappant la tête : Malheur, malheur, car, mes enchantements et mes prestiges sont inutiles ! L'empire, les hommages, nous per- dons tout aujourd'hui ! Et il pleurait ; mais Our, bondissant de rage et de colère : Eh bien ! dit-il à sa mère , je me lèverai et je fe- rai la guerre . A ces mots, poussant un grand cri , les yeux ardents , il se précipita dans. l'eau noire , la bouleversa, la poussa contre les murs, qui , ébranlés , chancelèrent com- me un siége qu'on pousse à droite et à gau- che . Or les génies , assis sur les nuages, as- sistèrent à ce combat étrange , et le Seigneur Très-Haut était inébranlable dans ses des- seins . Cependant moi , Iavar-Zivo , qui suis la garde suprême et comme la première sen- tinelle , par la vertu de Rabo -Rebo , qui était avec moi, par la vertu de la Vie, ma mère , j'ouvris la porte, je levai la perle pré- cieuse, et la montrai à Ŏur. A cette vue,des larmes roulèrent dans ses yeux. Je le saisis et l'entourai d'une barrière d'une myriade de circonférence . Or, se trouvant ainsi abattu , enfermé , le prince des ténèbres s'é- cria, enflammé de colère : Malheur , mal- heur ! Seigneur ! Et sa mère pleurait aussi . Je lui dis Va , esprit , retourne dans ta de- meure, car c'est dans sa colère que la Vis m'a envoyé vers toi ! Je mis ensuite une quadruple garde autour d'elle, unc à cha- que point cardinal, savoir une à l'occi- dent, une autre à l'orient, une troisième au nord, et enfin une quatrième au midi . A l'occident je plaçai Azazil , Azazioïl , Talkfiel et Margazil ; à l'orient, Urfil , Marfil , Takfit et Anmil ; au nord , Kanfan , Kafan , Gubran et Guban , au midi , Haietil , Karbil, Nuril et Nurioïl . Puis je remontai vers la première Vie. Et je dis à mon père : Réjouis-toi, Our est enfin dompté. Alors il m'embrassa ten- drement et me révéla de nouveaux mystè- res . Abel , pur Eon , me dit-il , Iuschamin , la seconde Vie, a procréé trois fils , dont l'un garde les trésors de son père, le second de- meure avec lui , et le troisième , qui s'ap- pelle Abatur, est le maître du monde . Pen- dant que la première Vie me parlait en ces termes , Abatur se leva, et, ouvrant la porte, il regarda dans l'eau noire . Et ce regard pro- duisit un fils à son image et à sa ressem- blance , qui fut appelé Fetah- hai (154) . Ensuite Abatur monta dans les confiùs de la lu-

toutes les créatures C'est aussi en contemplant le non-être que Dieu le Père a pu produire une image de lui-même, le Verbe incréé, le Fetah hai du Lière d'Adam .

�115 116 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES .

mière, et, s'adressant à son fils Fetah-haï, il lui dit : Viens, viens , Fetah-haï , toi que j'ai engendré dans l'eau noire. Mais quand il vit que son image était formée de sept au- réoles différentes de couleur et d'aspect, il la lui enleva et le revêtit de splendeur et de lumière . Et pour qu'il n'ait aucun reproche à recevoir de ses pères , il le plaça sur les confins de la lumière , en lui disant : Reste- Ja, Fetah- baï , la Vie te recherchera et t'ins- truira. Pendant qu'Abatur disait ces paroles, je m'entretenais avec lui et lui disais : Ré- jouis-toi, tu as engendré un fils qui sera ton ami et ton compagnon . A ces mots , il se leva devant moi, et , se prosternant, il m'a- dora C'est par ta vertu, me dit- il , que Fe- tah-haï existe ; c'est à toi que je dois ce bon- heur. Je lui répondis : Tu vois , ce que tu as désiré en ce monde tu l'as obtenu ; prends garde maintenant que ton fils n'accomplisse qu'imparfaitement tes ordres. Mais Abatur He lint pas compte du conseil , et il dit à son fils Lève-toi, Fetah-haï, mon fils , condense entièrement l'eau noire . Il se leva donc , et se mit en devoir d'opérer cette condensa- tion (155) ; mais cette condensation ne réus- sit point. Alors, ne sachant que faire , il s'a- dressa à son père et lui dit : J'ai pris les sept auréoles avec lesquelles tu m'as en- gendré, et la terre ne s'est point condensée. Alors le père lui répondit : Insensé ! tu me coûteras donc encore autant que tu m'as déjà coûté ? Vieus, prends les sept splen- deurs (rayons ) , vêtements de lumière et de gloire dont je t'ai ornés , et jette - les dans Peau noire, et tu obtiendras la condensation que tu désires . En effet , il prit les sept splendeurs, vêtements de lumière et de gloire, et les jeta dans l'eau noire . Et aus- sitôt on vit surgir, dans l'eau noire , une lame condensée dans une étendue de douze mille parasanges . Alors j'appelai Fetah -haï . A ma voix, il fut troublé, et , craignant pour son œuvre , il se jeta à mes pieds et s'écria : Malheur à moi, parce que Abel m'a fait en- tendre sa voix ! Quand je le vis dans cet état d'abattement et de tristesse , je m'approchai de lui, et, lui parlant avec douceur, je lui dis : Continue ton œuvre, embellis-la à la face de ton père et de la Vie . J'entourerai de murs la condensation , et elle ne dépas- sera point ces limites . En disant ces mots, j'élevai sept murs autour de l'œuvre de Fetah-hai. Cependant l'Esprit , adressant à Fetah-haï des paroles insidieuses , lui dit : Qui la engendré, Fetah-haï , qui t'a appelé à l'exis- tence ? Car ta forme est admirable . Il lui ré- pondit : C'est dans ce monde que j'ai été engendré et élevé . Et l'esprit encouragé par cette réponse, ajouta : Tu me dois donc l'existence ! Ton sort et le mien sont sem- olables ; nous saurons bien te délivrer . En entendant les paroles de sa mère, il se ré- jouit et s'approcha d'elle , en la couvrant. Or elle conçut et enfanta un fils . Mais à sa vue, déçue dans ses espérances , elle s'écria : (155) Cette condensation de l'eau noire n'est pro- bablement que la création du monde, création dont Ce que j'avais désiré, je ne l'ai pu obtenir ; que ferai -je donc ? J'irai, je m'approcherai encore de Fetah-hai . En effet , elle alla et s'ap- procha de lui, et cette seconde fois , elle en- fanta douze fils . Mais en les voyant elle dit en pleurant : A qui ressemblez -vous , mes enfants ? Vous n'avez ni la force , ni le vi- sage de votre père ! Je vois que vous ne pouvez rester en ce monde . Et ces enfants affligés de ces paroles de leur mère , se te- nant par la main, s'enfoncèrent dans les té- nèbres, d'où ils avaient tiré l'existence . La mère leur dit : Où allez-vous ? Un homme viendra bientôt, qui chargera votre père de chaînes . Et tous se prirent à pleurer : en di- sant ! Hélas ! dans quel malheur sommes- nous tombés ! Alors je me présentai à eux, et je voulus les ramener à l'état où ils étaient avant d'avoir été appelés à l'existence . Je me disais en effet : Que ferai -je à ces insen- sés sans force , sans puissance ? je les lais- serai dans ce monde, pour qu'ils y habitent et qu'ils y règnent et j'ajoutai : Le royaume de la Vie est assez grand ; et elle n'a besoin de rien. A ces paroles, ils furent découragés . Er l'Esprit leur dit en pleurant : L'homme qui vous a appelé, tuera votre père , et c'es、 un de ceux qui bouleverseront la terre . Alors Fetah-hai s'écria : Malheur ! la conden- sation que j'ai faite , m'est entièrement en- levée ! que me reste-t-il à faire ? Je lui dis : Ne crains rien, je leur ferai ce qu'ils feront. Et je les appelai , et leur dis : Ne craignez rien, je vous réunirai, et vous donnerai un asile. Or quand ils furent ainsi réunis , ils ne faisaient rien. Et,je leur dis : Quel est votre œuvre? Ils répondirent gueur, ce que tu voudras ; et dis-nous ce que nous avons à faire . J'appelai ensuite successivement le soleil , la lune, Kivan, Bet , Libat, Nebou , et Nesig, et je leur indi- quai à chacun leur emploi . Je vous donnerai leur dis -je, des chars que vous monterez ; je vous revêtirai d'un vêtement brillant, splen- dide , dont vous illuminerez le monde . Alors tous , embrassant le soleil , leur frère aîné, lui disaient : Tu seras notre roi . Libat sera notre reine, et nous vous serons tous sou- mis . Mais bientôt comme la discorde s'é- leva parmi eux, j'appelai Sur et Sarran, pour l'apaiser, et devenir les compagnons du soleil , qui en était l'auteur. Ces deux gé- nies obéirent fidèlement, et je les plaçai , chacun dans un char, pour éclairer le monde dans l'espace pendant trois cent soixante- mille ans. Enfin , après avoir pris la résolu- tion de créer Adam, j'appelai les sept planè- tes, et je leur ordonnai de façonner la forme de son corps. Quand cela eut été fait , j'ap portai du trésor de la Vie souveraine , trésor caché dans la maison de Netubto, un souffle . purifié dans la fournaise , et j'en animai le corps d'Adam , je formai aussi de la même manière Eve son épouse. Ainsi le monde fut complet, ainsi je fus l'artisan des âmes ; et ces âmes, appelées ainsi sur la terre , et les Fais , sei- Dieu a puisé l'idée dans la comparaison de l'être el du non-être.,

�117 LIVRE D'ADAM. 118 PART. I. - -- TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. hauts génies , retourneront un jour dans leur patrie éthérée , et, quand le temps fixé our la durée du monde sera arrivé , iront revoir leur père, la première Vie , l'ange de la Vie , Abel son fils , et entendre les saintes exhortations de la Vie souveraine . Que la Vie nous soit en aide . La Vie est éternelle . La Vie est pure dans ses œuvres , lavar Zevo et tous ses disciples sont purs . Amen. CHAPITRE X. Discours de la consommation . Amen . Au nom de la Vie souveraine et première . La clarté et la lumière vient de la Vie. L'ange de la Vie a apparu à toutes les créatures, pour les appeler à la pénitence , aux puis- sances de ce monde, pour les supplanter, à tous les dominateurs , pour leur faire la guerre . A la vue de la splendeur et de la lu- inière de l'ange de la Vie , les créatures des- cendirent de leur trône et furent frappées comme de stupeur . A ce spectacle toutes les créatures se prosternèrent, et se voilèrent la face, n'osant point contempler le signe et la forme de la Vie souveraine . Saisi d'un repentir sincère , elles se prosternèrent de- vant le seigneur du monde , et lui dirent Tu es notre modèle ; et nous , nous sommes tes images . Et c'est toi seul qui peux nous communiquer la lumière de la Vie. Il leur répondit : Ma forme est éternelle et immua- ble. Elles lui dirent : Malheur à nous ! car les œuvres de nos mains ont été dirigées contre les justes malheur à nous, car tu nous ranges parmi les coupables ! Il leur répondit : Pourquoi pleurez - vous , peuples et générations ? votre cœur a aimé l'iniquité, que vous auriez dû hair ; aussi votre règne est fini ; et le poids de votre magnificence vous a écrasés ! Alors se tournant vers leur Dieu, et blasphémant son saint nom, ils lui dirent Maudit sois-tu , Dieu , qui esprit toi- même commandes à l'esprit ! Mais leurs cris furent impuissants, et la honte les força de se taire. Cependant le mensonge et la fraude régnaient dans ce monde ; et dans le vesti- bule de leurs temples les ténèbres s'épais- sirent , et l'ombre de la mort s'étendit sur leurs têtes , comme un vaste firmament. C'est pourquoi Dieu , affligé de la route im- pure qu'ils tenaient, les voyant livrés à la fraude et au mensonge , adonnés à tous les vices sur toute la face de la terre , des- cendit du séjour de la lumière, et revêtit la forme des anges . Ces anges , sous l'appa- rence de faiseurs de prestiges , pervertis- saient de jour en jour le cœur des enfants des hommes , les entraînaient à des sacrifi- ces impurs , leur désignaient des fêtes sa- criléges, se rassasiaient de leur chair, bu- vaient leur sang , et bouleversaient toute leur religion . Mais enfin la Vie apparaît au (156) Qui ne reconnaîtrait dans ce beau passage ne imitation évidente du psaume In exitu Israel ue Egypto ( Psal. c. , 1) ? Cependant , disons-le à Ja louange de l'auteur inspiré , il y a encore une dif- férence route à l'avantage de l'idée du chant bibli- que. L'auteur du Livre d'Adam est plus diffus ; il paise la matière, ce qui en affaiblit l'effet , et, selon son habitude, il multiplic à satiété les red.tes . Cepen- monde. A sa vue la mer se troubla ; le Jourdain remonta vers sa source, les mon- tagnes tressaillirent comme les cerfs et les biches de la vallée ; les collines firent enten- dre un concert d'adoration , comme les oi- seaux du ciel ; les sommets élevés entonnè- rent une hymne de louange , et les cèdres du Liban s'inclinèrent devant lui . Oui, la terre s'ouvrit , et elle trembla jusque dans ses fon- dements ; le roi de la mer me vit, et il s'en- fuit. O mer, pourquoi as-tu fui ? ô Jour- dain, pourquoi as-tu remonté vers ta source ? Montagnes, pourquoi avez - vous tressailli , comme les cerfs et les biches du désert ? col- lines , pourquoi avez - vous fait entendre un concert d'adoration , comme les oiseaux du ciel ? Sommets élevés , pourquoi avez- vous entonné un hymne de louange ? Cèdres du Liban, pourquoi vous êtes vous inclinés ? terre, pourquoi as-tu tremblé jusqu'en tes fondements ? Roi de la mer, pourquoi as-tu fui ? Profondeurs de l'abîme, pourquoi vous êtes-vous troublées ? tourbillons de l'Océan, pourquoi vous êtes- vous gonflés ( 156) ? Ils . ont vu la splendeur et la lumière de l'ange de Vie, et ils se sont écriés : Nous n'avons point fait mémoire de votre nom , ô Vie su- prême, et nous n'avons pas eu votre crainte. Cette lumière est la lumière de Vie , la lu- mière que les créatures ont allumée . L'ange . de la Vie leur dit : Je suis venu pour habi- ter parmi vous, pour vous faire parvenir au séjour de la lumière et de la Vie . Je vous ai séparés des nations et des générations , pour vous établir dans l'amour de la justice et vous rendre justes devant moi . La Vie ne sera jamais propice au dominateur de ce monde (157). Cependant le char de Dieu roulait déjà dans l'espace ; un bruit immense s'élevait du sein des créatures effrayées . Alors le Tout- Puissant bouleversa la terre de fond en comble ; la maison de l'orgueil ébranlée s'écroula sur son maître superbe ; toute force d'en bas s'affaiblit , toute puissance fut anéan- tie. Les princes renversés de leur trône fragile, s'écrièrent : Malheur, malheur ! Tou- tes les créatures sont frappées de stupeur ; car leur temps approche ; car l'heure de leur consommation est arrivée . Cependant la Vie règnera dans les hauteurs célestes. Les por- tes des sept planètes s'engloutiront dans les profondeurs de la terre . Les générations , qui ont adoré les génies des ténèbres, per- dront leur puissance ; cependant la voix de la Vie des Fechos ; la voix des justes , la voix des adorateurs de la Vie , se fera en- tendre Pour nous, nous avons d'abord aimé la mort ; mais quand nous nous som- mes tournés vers la Vie, nous avons pris en haine lamort , et nous avons , pour votre nom , ô Vie , nous avons souffert la persecution . Crai- dant il faut avouer qu'en général ce chapitre es : plus lucide, plus intelligible que les autres ; il y a de la clarté dans les idées , de la régularité dans les mon- vements et une certaine élévation dans le style. On en jugera, notre traduction est à peu près littérale. (157) Le démon, sans doute, que l'Ecriture an pelle le prince de ce monde,

�419 120 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES gnez, et célébréz la Vie , ô justes, la Vie qui règne sur vous, et qui prend soin de vous. Marchez devant moi ; ma lumière brillera sur vous ; ceux qui seront justes devant moi , seront plus lumineux que les fils mêmes de Sam Ferho Hevoro. Oui , les justes brille- ront comme la Vie , qui ne connait ni ombre ni déclin. Pour ceux qui se disent sages , et qui s'attachent aux choses périssables , ceux qui disent : Nous sommes avec la Vie et la Vie est avec nous , et qui pourtant n'ont pas la Vie ; dont le cœur est aride , comme le sable du désert, ceux qui convertissent le miel en fiel, et le fiel en miel ; ceux qui ap- pellent ce qui est bien, mal , et ce qui est mal, bien ; ceux qui changent les ténèbres en lumière , et la lumière en ténèbres ; ceux qui boivent le matin le vin nouveau , et le soir, le vin vieux , dans les festins, les jeux et les danses ; ceux qui se couvrent de par- fums délicats , et s'épanouissant en eux- mêmes , ne croient ni à la Vie souveraine , ni à l'ange de la Vie , qui habite au milieu d'eux ; tous, il tomberont avec leurs idoles dans la grande mer Erythrée . O justes adorez , célébrez l'Etre souverai- nement parfait, le plus grand de toutes les créatures de la lumière , à qui rien ne peut être comparé ; et gardez-vous de fléchir le genou devant les ceuvres de vos mains , de- vant des figures de bêtes ou d'oiseaux. La lumière de la Vie a été envoyée parmi les hommes, et la force de ses discours est sur les lèvres de leurs enfants . Malheur à ceux qui opèrent l'iniquité! Voici la splendeur , la lumière éternelle qui illumine tous les justes , et qui est apparue à toutes les créatures comme une forme, comme un règne , comme une clarté, comme une voix ; comme une vertu de l'ange de Vie . A cette vue , les dieux ont tremblé , et se regardant les uns les autres , ils se sont dit : Comment célèbrerons- nous l'ange de la Vie ? Sa splendeur surpasse tout ce qu'o npeut dire ; sa lumière est au-dessus de toute louange ; ses préceptes , qui sont les préceptes de la vérité même , sont pleins de beauté et de pureté , et sa splendeur ha- bite au milieu de ses bien -aimés . Ayez con- fiance dans l'ange de la Vie. C'est lui qui, comme un bon pasteur , vous mène dans les gras pâturages , c'est lui qui vous éloigne de tout esprit corrupteur , et qui vous fait mar- cher dans sa lumière et en sa présence . Ré- jouissez-vous , et célébrez-le , ô justes , au cœur tranquille, à l'esprit soumis , et éloi- gnez-vous des méchauts . O vous qui aimez la justice, votre voix se fera entendre sur la terre ; votre splendeur brillera dans tous les lieux. L'ange de la Vie s'est montré dans la Ju- dée ; la vigne du Seigneur a paru dans Jé- rusalem ; rien d'injuste n'a terni sa présence; rien de pervers n'a offense ses yeux ; rien n'a égalé sa divinité; car la Vie est immua- ble, car elle est éternelle. La justice est aussi ce qu'elle a toujours été . Or la Vie a épanché son âme, et rendant témoignage à la justice, elle a dit : Pourquoi aimez-vous la folie ? Loin de vous les insensés qui, à l'i- mitation des géants apostats , s'écartent do mes sentiers, qui sont les sentiers de la jus- tice . Mais bienheureux vous, qui faites le bien , car votre innocence est une gloire, et votre figure une lumière . O vous qui revê- tus de vêtements de laine , souffrez persécu- tion, qui êtes abandonnés en ce monde, je vous revêtirai de splendeur, et je couvrirai vos persécuteurs de honte et de confusion . Vous avez dit : Notre espérance est dans la Vie, notre confiance est en elle ; la justice est notre compagne , et notre gloire est dans la majesté de ton ange , Vie souveraine ! Pour votre justice et vos bonnes œuvres , la Vie continuera de vous aimer. Je vous ai comblés de bienfaits , je vous ai couverts de la cuirasse du Seigneur de la terre d'Aïar ; c'est la récompense de votre amour pour la Vie. Couronnez vos têtes d'innocence ; levez- vous , publiez mon nom dans l'univers , chan- tez mes louanges parmi toutes les créatures . Teile est la lumière de la Vie ; telles sont les récompenses des œuvres de justice . Si vos âmes, o mes bien-aimés , sont dans la lu- mière , la Vie vous inondera d'une lumière plus grande , d'une splendeur plus éclatante; car pour chaque homme la récompense sera proportionnée aux œuvres. Que mon nom soit sans cesse sur vos lèvres comme il doit être dans vos cœurs . Quoique vous fassiez , que vous partiez , ou que vous arriviez , que Vous vous couchiez, que vous mangiez, que vous buviez, rien ne manquera à vos désirs si vous n'oubliez point le nom de la Vie. Vous aussi puissants, juges, princes de ce monde , publiez mon nom en toute occasion , célébrez mes louanges en toutes circons- tances . Car une voix a été entendue par toute la terre, une splendeur a illuminé tout l'univers ; l'ange de la Vie s'est montré à tous les hommes pour les faire entrer des ténèbres dans la lumière , des ombres de la mort dans la lumière de la Vie . Sortez de Vos vastes déserts, secouez le joug de l'en- chanteur de ce monde . Ne dépouillez point les malheureux , et ne vous éloignez point de la Vie, comme les premiers géants qui n'ont point tendu les mains vers moi . Levez-vous , mes bien-aimés, objets de es bienfaits in- cessants , arrachez vos âmes de la gueule des ours rapaces , des lions dévorants ; et gar- dez-vous d'avoir aucun commerce avec ceux qui , sans cesse repliés sur eux - mêmes , pour méditer l'ioiquité, les mains teintes de sang, le cœur endurci dans les crimes, sont assis dans la chaire d'obstination, par haine de la Vie. Malheur à eux ! ils respirent le feu par les narines , ce feu pénétrera jusque dans leur cerveau et les dévorera ! L'orgueil les aura élevés, l'orgueil les précipitera dans l'abîme sans qu'il soit besoin de mon action. La Vie est pure, l'ange de la Vie est pur. Amen , Amen . CHAPITRE XI. Voici la doctrine qui doit supplanter toute doctrine humaine et mondaine. Au nom de la Vie souveraine . La mesure

�421 122 PART. I. - LIVRE D'ADAM . -- TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. de mon âge est limitée en ce monde , et mes années sont comptées : Je suis sorti du sé- jour de l'obscurité, j'ai quitté la demeure de la mort ; je suis venu au cachot des chiens arrogants et moqueurs qui ont des yeux et ne voient point, qui ont des oreilles et n'en- tendent point. Je leur ai annoncé le nom de la Vie, mais ils n'y ont pas pris garde ; je leur ai parlé de la mort, mais ils n'y ont pas fait attention . Désolé, le cœur navré, j'ai abandonné cette prison , non sans trouble . Mais un homme venant à moi, me dit : 0 homme, puisque tu invoques la Vie, la Vie te répondra. Aie confiance en la Vie. Tu es semblable à un vieillard de cent- vingt ans , qui tenant à la main un bâton et une son- nette poursuit les chimères , que l'on saisit à l'improviste , que l'on habille magnifique- ment, et qu'on conduit en triomphe sur un superbe cheval et la couronne en tête, et que l'on établit roi sur les villes. Tu es encore semblable à un homme qui , après avoir fait cent-soixante parasanges dans le désert, s'ar- rête et frémit d'angoisse en voyant son eau tarie et ses provisions épuisées.Je quit- tai donc cette prison pour délivrer mon es- prit de toute crainte, de toute inquiétude. J'arrivai à la prison de la Vierge , devant qui se tiennent soixante - sept filles . Ces filles le sein découvert pour séduire le cœur des dieux et des hommes, me dirent dès qu'elles m'aperçurent : O homme, dis - nous ton nom , ton caractère , ce signe indélébile que tu as pris dans les eaux limpides, dans les lueurs de la splendeur, dans le grand baptême de la lumière . Quand je leur eus dit mon nom et mon caractère , elles parurent dans une grande agitation d'esprit , et elles me dirent : Per- sonne, ô homme, ne pourra marcher dans tes voies, personne ne pourra entrer dans tes sentiers . Je répondis : Mes élus marcheront dans mes voies, et mes fidèles entreront dans mes sentiers . Mais des filles , o esprit des ténèbres, obscurciront tes yeux ; tes yeux seront frappés d'une cécité complète. Mais les Nazaréens monteront tour à tour et ver- ront le séjour et la demeure de la lumière . Alors je quittai cette prison, pour éviter à mon cœur du trouble et des angoisses , et j'arrivai à une autre prison , prison fortifiée qui appartient à Zan Azazban, roi de la co- lère. Je l'interrogeai en ces termes : A qui est cette prison ? qui y est renfermé ? qui habite dans ces ténèbres ? On me répondit : Dans ces cachots sont renfermés les sangui- naires , et tous ceux qui se sont corrompus . Je poursuivis mes questions et dis : Que souffrent ces âmes pour ce qu'elles ont fait en ce monde ? On me répondit : Ces âmes sout semblables à des vases d'argile que la fumée à défigurés , à des vases d'airain , que le vert de gris à rongés. Elles sont ici tour- mentées , déchirées , immolées , et ne péris- sent point ; elles sont brûlées et ne se con- sument point. Elles appellent une seconde mort à grands cris, et la seconde mort est sourde à leur voix. Alors Ian Azazban me dit : Dis-nous, & homme , dis-nous ton nom , ton caractère, ce signe indélébile que tu as reçu dans les eaux limpides, dans les tré- sors de la splendeur, dans le grand baptême de lumière . Quand je lui eus dit mon nom et mon caractère , ce même Ian Azazban m'a- dora. Puis je quittai cetie prison , pour évi- ter à mon cœur des sujets de trouble et d'an- goisses . J'arrivai à la prison qu'occupait lur Tahur u Rehum ; je l'interrogeai et lui dit : Qui habite en ces lieux? Qui vit dans ces té- nèbres ? On me répondit : Ici habitent tous les adultères, tous les voleurs , et ceux qui après avoirjuré ont violé leur serment. Et j'a- joutai : Que souffrent donc ces âmes pour co qu'elles ont fait dans ce monde ? et il me fut répondu Ces âmes sont semblables à la pointe d'un bâton , et à la noirceur d'un che- veu de la tête. Elles sont ici tourmentées , déchirées , immolées et ne périssent point ; elles sont brûlées et ne se consument point. Elles appellent la seconde mort à grands cris, et la seconde mort est sourde à leur voix. Alors lur lahur u Rehum me dit : Dis- nous, ô homme, dis-nous ton nom et ton caractère, ce signe indélébile que tu as reçu dans les eaux limpides, dans les trésors de la splendeur, dans le grand baptême de la lumière. Et aussitôt que je lui eus dit mon nom et mon caractère, ce Iur Iahuru Rehum m'adora. Et je quittai cette prison , pour évi- ter à mon cœur un sujet de trouble et d'an-, goisses , et j'arrivai à la prison qu'occupait' Felfin Fifin , disciple de l'esprit de Vénus; et je l'interrogeai à son tour en ces termes : A qui est cette prison , qui y est renfermé, qui habite dans ces ténèbres ? et on me répondit : Ici sont enfermés les chefs, les juges, les empereurs , qui déplacent les frontières, dé- rangent les pierres limites, et dont les fem- mes, par un trafic honteux de leur lait, re- fusent à leurs propres enfants , la nourriture légitime , tandis qu'elles alimentent avec soin l'enfant de l'étrangère . Mais les larmes, les plaintes, les gémissements de leurs en- fants sont montés jusqu'au trône de la Vie souveraine première . Et contre ces femmes qui trafiquent ainsi de leur lait, une sen- tence terrible à été prononcée, et elles ex- pient ici jusqu'au jour du jugement, jus- qu'à l'heure de la délivrance , le crime d'a- voir tué leurs enfants légitimes, pour nour- rir ceux de la courtisane. Et je fis encore une question en ces termes : Que souffrent donc ces âmes pour ce qu'elles ont fait en ce monde ? et il me fut répondu : Ces âmes sont semblables à des chevreaux gras que l'on prend et que l'on enchaîne . Elles sont ici tourmentées , déchirées , ensevelies et ne périssent point : elles sont brûlées et ne se consument point. Elles appellent la seconde mort à grands cris, et la seconde mort est sourde à leur prière. Alors Felfin Fifin me dit Dis-nous, o homme, dis-nous ton nom et ton caractère , ce signe indélébile que tu as reçu dans les eaux limpides , dans les tré. sors de la splendeur, dans le grand baptême de la lumière . Et dès que je lui eus dit mon nom et mon caractère, il m'adora avec res pect. Je quittai cette prison pour éviter à mon cœur des sujets de trouble et d'angois-

�123 194 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHIES. ses, et j'arrivai à la prison de Jésus le Mes- sie, et je lui demandai : A qui est cette pri- son? qui habite dans ces ténèbres ? On me répondit : C'est ici que l'on tient renfermés tous ceux qui ont nié la Vie, et qui ont mis leur confiance dans le Messie . Je fis encore une nouvelle question en ces termes : Que souffrent donc ces âmes pour les crimes qu'elles ont commis en ce monde ? On me répondit : Ces âmes sont semblables à un immense troupeau que le Messie a conduit à la mer pour le désaltérer ; mais parce que le rivage est élevé, parce que ses eaux sont basses, il n'a pu, malgré tous ses efforts, étancher sa soif ardente . Or ces âmes disent au Messie : Messie , Notre - Seigneur , quand nous étions en ce monde, nous avons donné des vêtements à ceux qui étaient nus (158), nous avons racheté à prix d'argent ceux qui étaient prisonniers, nous avons comblé tous les hommes de bienfaits et de faveurs ; pour- quoi ne nous est-il pas donné aujour- d'hui de nous désaltérer dans l'eau vive que nous demandons ? Et le Messie leur ré- pond Au nom de qui avez -vous donné des vêtements à ceux qui étaient nus , au nom de qui avez - vous racheté les prison- niers à prix d'argent , au nom de qui avez- vous comblé les hommes de bienfaits et de faveurs ? Et elles répondraient à ce Messie C'est au nom de la nature suprê- ine, c'est au nom de Jésus le Messie , c'est au nom de l'Esprit-Saint, c'est au nom du Dieu des Nazaréens , c'est au nom de la Vierge, fille de son père. Et le Messie leur dit : La nature suprême, c'est le ciel ; la fia- ture intime, c'est la terre ; moi je suis Jésus le Messie, je suis l'Esprit - Saint . Alors l'hom- me bienfaisant pénétra dans ce lieu , séjour du Messie , séjour des âmes , ses compagnes . Et le Messie lui dit : Dis-nous, o homme, dis-nous ton nom et ton caractère, ce signe indélébile que tu as reçu dans les eaux lim- pides, dans les trésors de la splendeur, dans le grand baptême de la lumière . Et quand je lui eus dit mon nom et mon caractère , le Messie m'adora quatre fois. Et les âmes di- rent au Messie : O Messie ! Notre - Seigneur, quand nous étions dans le monde, ne nous as-tu pas dit' : Il n'y en a pas de plus grand que moi, je suis le Dieu des dieux , le Sei- gneur des seigneurs , je suis le roi de tou- tes les créatures , le principe de tous les êtres ? Cet homme qui est venu à toi , et que tu as adoré quatre fois, quel est- il donc ? Le Messie leur répondit : L'homme qui est venu vers moi , et que j'ai adoré quatre fois ne vient ni au nom de la nature suprême, ni au nom de la nature intime , ni au nom de l'Esprit - Saint, ni au nom du Messie , ni au nom des Nazaréens , ni enfin au nom de la Vierge , fille de son père. Et les âmes di- rent au Messie : Seigneur , rends -nous pour trois jours seulement, rends-nous nos dé- , pouilles corporelles, et nous vendrons tout ce qui nous appartient, et nous descendrons ( 158) Allusion évidente à une parole de l'Evan- gile. au Jourdain pour être baptisées au nom de cet homme. Et le Messie leur répondit : Faibles que vous êtes , et qu'un souffle fait tomber ! quand vous étiez dans le monde, avez -vous jamais vu un enfant rentrer dans le sein de sa mère après en être sorti ? Eh bien ! comment voulez - vous que je vous fasse rentrer dans vos corps , et que dans le Jourdain je vous baptise au nom de l'homme qui est venu à moi ? Le Messie leur dit en- core Faibles que vous êtes , et qu'un soutfle peut abattre ! ne savez -vous donc pas que je suis un Messie vain , habile à tourmenter, subtil au mal , brisant dans ma fureur les portes insensées qui me résistent , perver- tissant les œuvres de l'Esprit , jetant le trou- ble et la perplexité dans le cœur des hom- mes bienfaisants , et les précipitant dans d'affreuses ténèbres? Ne vous souvenez- vous plus de ce que j'ai fait pour vous ? Je vous ai donné de l'or et de l'argent pour que vous restiez avec moi dans ce lieu de ténèbres ? Je quittai cette prison pour éviter à mon cœur un sujet de trouble et d'angoisses , et arri- vai à celle qu'occupe Iurbo, je l'interrogeai à son tour et lui dis : A qui est cette prison ? qui habite dans ces abimes ? et il me fut répondu Ici sont renfermés les riches et les grands , qui, après avoir reçu avec abondance , donnent avec parcimonie , qui font des gains injustes , et qui , sans pitié pour le malheur de l'affligé , sans respect pour la puissance du roi , chassent le pauvre et le malheureux de leurs palais , ne leur donnant pas même les miettes de pain qui tombent de leurs tables somptueuses ( 159) . Et je dis A qui sont semblables ces âmes , par les œuvres hautaines qu'elles ont faites dans le monde ? Et on me répon- dit Elles sont semblahles à des chevreaux gras, que l'on arrache du sein de leurs mé- res , et que l'on conduit à la boucherie . Car comme ils ont fait, il leur sera fait , ils ont mangé les autres, les autres les mangeront. Et on leur demandera sept fois plus qu'ils n'ont reçu. Ce sera leur punition . Or ces âmes coupables, plongées dans le plus pro- fond désespoir, appellent la seconde mort à grands cris, ma's la seconde mort est sourde à leurs prières . Alors lurbo me dit : Dis-nous, 6 homme, dis-nous ton nom et ton caractè- re , ce signe indélébile que tu as reçu dans les eaux limpides , dans les trésors de la splendeur, dans le grand baptême de la lu- mière . Mais dès que je lui eus dit mon nom et mon caractère, Iurbo un'adora quatre fois . Je quittai cette prison pour épargner à mon cœur un sujet de trouble et d'angois- ses , et j'arrivai à celle de l'esprit de Vénus . Cet esprit, assis à l'entrée de Karafiun Sa- rufo, tenait en ses mains une cithare volup- tueuse, et chantait amoureusement six cent soixante cantiques . Or les douze étoiles qu'il avait convoquées , et qui sont ses dé- vots et ses adorateurs , lui dirent : Seigneur, pourquoi t'avons-nous invoqué ? pourquoi (159) Allusion à la parabole du mauvais riche.

�195 126 PART. I. LIVRE D'ADAM. - TEXTESDE L'ANCIEN TESTAMENT. - nous sommes - nous prosternées devant toi ? I leur répondit : Est-ce que vous m'avez invoqué ? Est-ce que vous vous êtes proster- nées devant moi ? puis comme l'ouverture du Karafiun Sarufo devenait sombre comme la poix , il prit un bâton dans la main , et il renvoya les douze étoiles, ses adora- teurs, en leur disant : Allez , mes fils , allez par cette porte, je vous suis mais en vain il chercha à l'entrée du Karafiun quel- qu'un pour s'appuyer et pour sortir, il ne Irouva personne . Alors, comme l'homme bienfaisant passait, Karafiun Sarufo dit à T'esprit de Vénus : Tu étais ici , pourquoi ne m'as- tu pas donné l'homme qui passait ? L'esprit répondit : Au temps du sésame , à l'heure où le vent s'apaise , je te rendrai semblable à lui. Et l'homme bienfaisant passa, et il monta, et il vit la demeure éthé- rée, le séjour admirable . Et la Vie lui dit : A qui est semblable le monde d'où tu viens? l'esprit, le Messie et les sept planètes dans leurs chars , à quoi ressemblent- ils ? Et l'homme répondit : L'esprit , le Messie et les sept planètes sont semblables à des mouches qui, sur le bord d'un verre d'eau bouillante , agitent leurs ailes pour échapper à la cha- leur suffocante qui s'en échappe , et finis- sent par y tomber . Contente de cette répon- se, la Vie revêtit l'homme de splendeur, l'enveloppa de lumière, l'introduisit dans le séjour de la vérité , dans ce lieu que trou- veront toujours ceux qui le chercheront, qui sera donné infailliblement à ceux qui l'au- ront demandé . La Vie est pure dans toutes ses œuvres ; pur est le cœur des Nazaréens, qui sont fidèles au Seigneur ; pur enfin est le Messager, l'ange de la Vie , et tous ceux qui aiment son nom. CHAPITRE XII. Discours de Kilaj dans le monde de Schel- maj. Fin. Au nom de la vie souveraine . Voici les préceptes du baptême de Jean . Comme ce saint personnage suivait les bords du Jour- dain , et conférait le baptême d'eau vive, en invoquant le nom de la Vie, l'ange de la Vie 'vint à lui et lui dit : Lève-toi, Jean, con- fère-moi le baptême dont tu baptises , et pro- nonce sur moi le nom que tu invoques . Et Jean répondit à l'ange de la Vie : Mon esto- mac à jeun appelle la nourriture ; mon go- sier altéré demande à boire . Je cueille des légumes et mes yeux cherchent une place pour reposer ma tête . Viens demain à l'au- rore , et je te baptiserai. Alors l'ange de la Vie se leva, et levant les yeux vers le sé- jour de toute splendeur, vers la demeure de toute lumière, il fit d'un grand cœur cette prière Je vous supplie , o Vie pre- mière, Vie seconde , Vie troisième , par Jufin et Iufafin , par Sam Mano Semiro , par la vigne de toute Vie, et l'arbre principe de tout sa- Jut, par Usar haï et Fetah-haï , possesseur des secrets de la Vie, principe des plantes , de la lumière , je vous supplie d'exaucer ma prière je vous implore par cette heure dans laquelle je suis , par les douze heures du jour, par les douze heures de la nuit, par les vingt -quatre heures qui embrassent le jour et la nuit, faites que Jean, accablé de lassi- tude , succombe au sommeil , et que son corps , pendant que son âme rêve engour- die, soit possédé par l'esprit bon et lumi- neux , afin que quand il s'éveillera , lui réitérant ma demande du baptême , je puis- se l'entretenir . Or , dans le moment même que l'ange de la Vie adressait cette prière , il partit du séjour de toute splendeur, du séjour de toute lumière , de ce lien qui lui a été donné au-dessus des douze heures du jour et des douze heures de la nuit . Après la dernière heure , qui termine la période du jour, commence la première heure de la nuit , et après la dernière heure , qui termine la période de la nuit, recom- mence la première heure du jour. Après le soir vient le matin, et après la nuit, le jour. Or, le sommeil et un engourdissement pro- fond s'empara des membres de Jean ; ses yeux se fermèrent et il s'endormit . Mais aussitôt qu'il fut éveillé et que , se frottant les yeux, il eut chassé ce sommeil, l'ange de la Vie lui dit La paix soit avec toi , sei- gneur Jean Abo Zabo , seigneur de gloire ! Jean lui répondit : Viens sans crainte, ô mon fils , je te donnerai aujourd'hui sans faute ce que je t'ai promis hier. Alors l'ange de la Vie Lève-toi , dit il, avance-toi tout dro t dans le Jourdain , étends le bras et prononce sur moi , en m'administrant le baptême , le nom que ta bouche célèbre . Et Jean lui dit : J'ai passé quarante - deux ans sur les bords du Jourdain à baptiser les âmes ; mais ja- mais personne ne m'a appelé au Jourdain comme tu le fais . Cependant , mon fils , agó à peine de trois ans , je veux aller avec toi dans le fleuve. Et l'ange de la Vie lui dit Le baptême que tu donnes, comment l'admi- nistres-tu ? Jean lui répondit : J'envoie les hommes dans le Jourdain , comme un bon pasteur le fait de son troupeau ; et , levant ma houlette , je prononce sur eux le nom de la vie. L'ange de la Vie dit alors à Jean Le baptême que tu administres et le nom que tu prononces , de qui viennent-ils ? Alors tous les disciples de Jean dirent à la fois à leur maître Voilà quarante-deux ans que tu baptises ; mais personne encore que ce petit enfant ne t'a invité à venir sur le bord du Jourdain ; prends donc garde qu'il ne traite avec mépris tes paroles. Cependant Jean , à la prière de ses disciples , se leva ," s'avança vers le Jourdain , et , ouvrant les bras à l'ange de la Vie : Viens , lui dit-il , viens , mon enfant , âgé d'à peine trois ans , tu es le plus jeune de tes frères , mais tu es plus grand que tes pères ; tu es pet.t, mais tes préceptes sont très-grands . Et l'ange de la Vie se dirigea avec Jean vers le fleuve . Quand le Jourdain vit l'ange de la Vie avec Jean , il tressaillit et inonda ses rives à droite et à gauche , en sorte que Jean ne pouvait tenir pied. Alors l'ange de la Vie s'approcha de lui ; mais , éclairé soudain par l'éclat et la splendeur de l'ange ae la Vie, Jean recula d'un pas . Mais l'ange de

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la Vie, s'approchant toujours , lui dit Jean , baptise -moi et prononce sur moi le nom que ta bouche célèbre . Et Jean lui répon- dit : J'ai plongé dans le Jourdain des mil- liers d'hommes et j'ai baptisé des myriades d'âmes , mais jamais je n'ai rencontré un homme tel que toi . Cependant comment te baptiserai-je sur la plage ? Alors l'ange de la Vie lui dit : Quand le flot du Jourdain ren- trera dans son lit , j'irai avec toi , et tu me baptiseras et tu prononceras sur moi le nom que ta bouche célèbre . En effet , quand l'eau fut rentrée en sa place , Jean et l'ange de la Vie s'avancèrent dans le fleuve . Mais en même temps , attirés par la splendeur qui rayonnait autour de lui , les poissons du fleuve et les oiseaux sur les deux rives cé- !ébrèrent en ces termes l'ange de la Vie : Salutàtoi,angedelaVie,beni soitlesé- jour d'où tu viens, et béni soit le lieu où tu vas ! Et Jean , en entendant la voix des pois- sons et des oiseaux sur les deux rives , re- connut que c'était l'ange de la Vie qui était venuàlui,etilluidit:Ah!tuesceluiau nom duquel je baptise ? Il répondit : Au nom de qui baptises-ta ? Et Jean lui dit A un nom qui m'a été révélé ; au nom de Mano Semiro, nom qui sera plus tard révélé à bien d'autres. Mets sur moi la main de la justice et la droite qui donne le salut , et prononce sur moi le nom de la plante que tu as se- mée en ton nom , afin qu'en ton nom , les premières comme les dernières créatures soient confirmées . L'ange de la Vie lui ré- pondit : Si je mettais la main sur toi , tu mourrais. Et Jean lui dit : Je t'ai vu , j'en ai assez ; je t'ai vu , cela me suflit. Je te de- mande la vérité ; je désire que tu me distin- gues de toi et du lieu d'où tu viens , mais aussi que tu m'introduises dans le séjour où tu vas. Forme mon cœur , aie pitié de moi et révèle-moi les mystères des rois ; parle- moi de Fercho , du seigneur de la lumière , dis-moi quels sont les orbes et les Ferchios de la terre , quelle est l'hiérarchie qui existe entre eux et les génies de l'eau ; comment le feu vivant petille au milieu de l'eau , pourquoi la Vie en fait sa demeure ; enfin fais-moi connaître quel est le plus ancien et quel est le plus grand . A ces mots , l'ange de la Vie enleva lui-même le manteau dont Jean était couvert, et après avoir jeté dans le Jourdain son propre vêtement , vêtement de chair et de sang, il revêtit le prophète d'une étole de splendeur ; il lui mit sur la tête une tiare très - pure de lumière . Ensuite l'ange de la Vie se dirigea vers le séjour de la splendeur , vers la région de la lumière , et Jean partit avec lui . Or , quand Jean vit autour de lui les poissons du fleuve et les oiseaux du ciel en l'une et l'autre rive , il eut peur, et eut quelque regret d'être venu . C'est pourquoi l'ange de la vie lui dit : Pourquoi crains-tu pour ta chair et ton sang , dont je suis dépouillé ? veux- tu que je te rende ce corps mortel ? Jean lui répondit : Gloire et honneur à l'homme qui m'a dé- pouillé de mon enveloppe de chair et de sang ; gloire , louange , honneur à celui qui ་ m'a revêtu de l'étole de la splendeur , qui m'a couvert d'un pur manteau de lumière. Mais je suis affligé pour les enfants que j'ai laissés , car qui les soutiendra après moi ? L'ange de la Vie lui dit : Le même regret que tu éprouves , tes enfants l'éprouveront également. Jean lui dit : Tu vois au fond du cœur , tu juges dans l'interieur des âmes. Le cœur , les entrailles , les veines , tout est pour toi aussi clair que le soleil . Tu con- nais jusqu'à la substance des cheveux, toi qui les as formés . Tes yeux pénètrent la lumière comme les ténèbres . Alors l'ange de la Vie, lui révélant les mystères de l'eau , en prit dans sa main , y měla du sable du rivage et en oignit le corps de Jean ; après quoi il re- prit le chemin du séjour de la lumière et de la splendeur ; toujours accompagné de Jean . Quand Fetah- haï , privé de sa splendeur , dé- pouillé de sa lumière et relégué par la vie dans la solitude , quand , dis-je , Fetah- haï vit les voyageurs s'approcher de sa prison , il descendit de son trône , et élevant la voix pour les bénir, il dit à l'ange de la Vie: Gloire à toi ! ange de la Vie, heureux le lieu d'où tu viens , béni celui où tu vas ! Fais- moi trouver aussi auprès de la Vie souve- raine . Hélas ! elle me repousse et ne me per- met point de monter jusqu'à elle. L'ange de la Vie dit alors à Jean : Je suis entré en com- munication avec ce génie que la vie favo- rise. Il lui dit donc : Tu étais comme un homme particulier , je t'ai élevé au rang des rois ! Et ensuite il lui donna ses ordres . En- suite Jean dit à Fetah haï : La vie vous favo- rise, toi etle génie, ton père ; et c'est par son ordre que tu es ici . Puis l'ange de la Vie, prenant sa course vers le séjour de la splen- deur et de la lumière , arriva à la demeure d'Abatur. Aussitôt qu'il l'eut aperçu , Aba- tur descendit de son trône , élevé par la main de mille milliers de génies et des my- riades de myriades d'Eons. Comme l'ange de la Vie l'engageait à remonter sur son trône sublime , Abatur lui demanda de par- ler de lui à son retour auprès de la Vie. L'ange de la Vie lui répondit : Dès que j'au- rai rempli ma commission auprès de la Vie, les fils de la paix viendront et éleveront ton trône. Oui , ajouta-t-il , dès que j'aurai exaucé ta prière , deux anges viendront à toi du haut du ciel , qui parleront de toi à la Vie souveraine et t'apprendront que l'ange de la Vie est venu à toi et t'a révélé les mys- tères de la vérité . Cependant l'ange dela Vie , toujours accom- pagné de Jean , s'avançait vers le séjour de la lumière,lorsque quatre hommes, tous enfants de la Vie, savoir : Aïn , Haï , Schum-haï, Ziv-haï et Nehur-haï, s'approchèrent d'eux, et, pre- nant Jean par la main, le placèrent dans le séjour de la splendeur et de la gloire . Ils se disaient Allons , voyons l'homine qui vient du monde , le juste, le fidèle , qui ne s'est point laissé entrainer au milieu des mau- vais exemples, et sous l'empire d'Abatur. Revêtons-le de splendeur, couvrons -le de lumière. Alors secouant sur lui leur robe éclatante , ils l'entourèrent du feu de la vie,

�งะว 139 PART. I. - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. LIVRE D'ADAM. du feu infini et ineffable . Dans cet état de splendeur et de gloire, Jean s'écria : Je vous supplie, Vie première, Vie seconde , Vie troisième, Iufin Iufafin, Sam Mano Semi- ro, vigne éternelle, arbre toujours veri , Uzar et Fetah-haï, vous qui avez les secrets de la Vie, qui prenez soin des plantes de la Vie, qui êtes la pierre angulaire du palais de la Vie, je vous supplie par les sentiments qui m'animent pour vous, par cette heure for- tunée où je suis, par ce séjour où vous m'a- vez élevé, que tous les hommes justes et fi- dèles qui ont été marqués du signe de la Vie, qui ont reçu le baptême de pureté, sur qui le nom de la Vie souveraine et première a été prononcé, que tous ces hommes, dis- je, montent et viennent partager mon sort! Gloire à la Vie ! elle est pure dans toutes ses œuvres, aussi bien que l'homme qui a été vers elle. Amen . CHAPITRE XIII. Au nom de la Vie souveraine , le Seigneur, le Très-Haut s'est levé, et de par les génies, ses enfants , il a illuminé le monde . Voici la décision de Schelmaï , l'ordonnateur de toutes choses : Au nom de celui qui est ve- nu, au nom de celui qui viendra , au nom de celui qui en se jouant a embelli le firma- ment, qui, après avoir visité les demeures des sept planètes , a placé son trône au mi- lieu d'elles ; qui sait tout , qui comprend tout, qui embrasse à la fois le présent , le passé et l'avenir ; qui, montant sur le mont Carmel , a surpris les sept planètes et les douze étoiles, et toutes les puissances , dont l'arme est la fraude et la ruse , et qui prési- dent aux mois, aux années , aux crépuscu- les, aux jours , aux cycles, aux âges et aux temps . Or, il arriva que l'esprit de men- songe, appelé Uvar, fit venir à lui l'ordon- nateur Schelmaï et lui dit : Leve -toi promp- tement , Schelmaï , pars dès la première heure , et va sur les bords du Jourdain, ce séjour de l'immortalité ; lave tes mains dans les eaux de la vérité, trempe tes doigts dans ses eaux profondes ; monte ensuite , et va trouver latrun , ton père , l'homme de la paix. A ta vue , il te donnera par testament son empire et tous les droits qu'il a en ce monde . Schelmaï exécuta ponctuellement ce que l'esprit de mensonge lui avait ordonné. se leva, partit à la première aurore pour les rives du Jourdain, se lava les mains , trempa ses doigts dans les eaux de la vé- rité, puis alla trouver son père, qu'il salua avec respect. Mais celui-ci, enflammé de co- lère comme il ne l'avait jamais été, le saisit , le renversa contre terre, et voulut le tuer. Mais les disciples de Schelmaï , qui étaient au nombre de trois cent soixante -deux , dirent à latrun de la colère ! de la fureur devant le palais de la Vie : Si tu veux entendre de Schelmaï de saints discours , les doctrines pures du nazaréisme , et l'explication de ce imonde , il te les donnera ; mais ordonne qu'un trône lui soit élevé parmi ses pareils si non, il retournera dans le monde d'où il est venu. Mais apaise -toi , nous t'en sup- DICTIONN. DES APOCRYPHES . 1 . plions. Alors le père dit à son fils Schelmaï , ordonnateur de ce monde : On me de- mande des discours sur la doctrine naza- réenne , sur les origines de ce monde , com- inent la terre a été faite ; quels sont les fon- dements de l'univers, et qui a reçu le pre- mier le sentiment et la vie, peux-tu me l'ap- prendre ? Le fils lui répondit : Une goutte d'eau, en se gonflant, a produit la terre . L'univers s'appuie sur l'eau noire qui lui sert de fondement , et le sentiment et la vie ont été donnés d'abord au menteur. Le père lui dit : Tu as bien répondu, et les paroles de ta bouche sont belles et profondes. Va donc, prends ta place sur le trône qui t'est préparé au milieu de tes pères . Or, comme Schelmaï était sur le point de s'asseoir, le Seigneur latrun lui dit encore : On me demande, du séjour de la Vie , comment les firmaments du ciel ont tiré l'existence ; qui est-ce qui les a étendus , suspendus dans les airs , et leur a dispensé l'éclat dont ils brillent ? Schelmaï lui répondit : Mon père, les firmaments sont sept nuages lu- mineux que Fétahil, par la vertu de son père Abatur, à étendus au-dessus de la terre, et qu'il a ornés de luminaires radieux par la vertu des anges. Et le père lui dit : Tu as bien répondu, et les paroles de ta bouche sont pleines de sagesse. Va donc, prends place sur le trône de gloire que tes pères l'ont préparé . Mais comme il se disposait à s'asseoir, Jatrun dit encore à son fils : Schelmaï, mon fils, l'on me demande, du séjour de la Vie , une mère , d'où vient le so- leil? quel est sa nature, la cause de sa cha- leur ? d'où peut venir le froid qui, parfois, glace sa surface ? Enfin, qui lui donne son éclat sans pareil ? Et Schelmaï répondit : Mon père , le soleil vient de la terre . Sa nature est la nature des sept planètes . La chaleur et le froid leur viennent de Fétahil . Enfin, sa splendeur est une émanation de la splendeur de la Vie souveraine , dernière , ex- cellente, la plus parfaite de toutes les cu- vres. Et le père lui répondit : Tu as bien répondu, et les paroles de ta bouche sont pleines de sagesse : Va donc , et prends place sur le trône de gloire que tes pères t'ont préparé. Mais comme il se disposait à s'as- seoir sur le trône , Iatrun l'appela encore et lui dit Schelmaï , on me demande, du séjour de la Vie, quelle est l'origine de la lune ? d'où lui vient sa nature, sa beauté, et la douceur de sa lumière ? Et Schelmaï lui ré- pondit Mon père , la lune vient de la terre ; sa nature est la nature des sept pla- nètes , et sa beauté et la douceur de sa lu- mière sont la beauté et la douceur de lavar Zivo , le bien-aimé, le principe et le fort , dont la majesté habite cent soixante - sept grands mondes , tous resplendissants de lu- mière . Or, chacun de ces mondes , dont l'é- tendue n'est pas moindre de mille milliers de parasanges , est peuplé par des myriades de myriades de schekintas : chacune de ces schekintas est occupée par des mille milliers de génies , et chacun de ces génies a sa place marquée . Et le père lui dit : Tu as bien 3

�131 132 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. répondu , et les paroles de ta bouche sont pleines de sagesse . Va donc, prends place sur le trône de gloire que tes pères t'ont préparé. Mais comme il se disposait à s'as- seoir, Iatrun l'appela encore, et lui dit : Schelmai, mon fils, on me demande , du sé- jour de la Vie , quelle est la source de l'eau? quelle est sa nature , sa douceur et sa force ? Et Schelmaï répondit : Mon père , l'eau vient de la terre, sa nature est la nature des sept planètes , et sa force et son énergie sont la force et l'énergie de l'eau de la Vie. Et le père lui dit : Tu as bien répondu , et les paroles de ta bouche sont pleines de sa- gesse. Va donc, et prends place sur le trône de gloire que tes pères t'ont préparé . Mais comme Schelmaï se disposait à s'asseoir , son père l'interrogea encore en ces termes : Mon fils, on ne demande, du séjour de la Vie, quel est le principe du feu ? quelle en est la nature, quelles en sont les espèces, et d'où lui vient la force et la fumée ? Et Schelmaï lui répondit : Mon père , le feu vient de la terre , sa nature est la nature même des sept planètes ; la force est la force des ténèbres , et la fumée, la fumée de satan Asurmeial . Et le père lui dit : Tu as bien répondu, et les paroles de ta bouche sont pleines de sagesse; va donc, et prends place sur le trône de gloire que tes pères t'ont préparé. Mais comme il se disposait à s'asseoir, Iatrun l'interrogea encore : On me demande, lui dit-il, du séjour de la Vie , d'où vient le vent? quelle en est la nature, la force, la douceur? Et Schelmaï lui ré- pondit : Mon père , le vent vient de la terre ; sa nature est la nature des sept planètes ; sa force est la force des ténèbres , et sa douceur est la douceur même de l'air. Et le père lui dit Mon fils, tu as bien répondu , et tes paroles sont pleines de sagesse ; va donc, et prends place sur le trône de gloire que tes pères t'ont préparé. Mais comme il se disposait à s'asseoir, Iatrun lui dit encore : Mon fils, on me demande, du séjour de la Vie, qu'est-ce que le supérieur, qu'est-ce que l'inférieur ? Il répondit : Le supé- rieur est le firmament ; l'inférieur est la terre . Et le père lui adressa encore cette question La terre a-t-elle conçu avant le firmament? Et le fils répondit : Mon père, le firmament répand sur la terre sa pluie et sa rosée, avant que celle-ci n'ouvre son sein pour la recevoir ; et ainsi fécondée , ne pro- duise les semences et les fruits qui servent aux hommes ingrats à soutenir leur vie . Et le père lui dit : Tu as bien répondu, et les paroles de ta bouche sont pleines de sa- gesse ; va donc, prends place sur le trône de gloire que tes pères t'ont préparé . Mais comme il se disposait à s'asseoir, le seigneur Jatrun interrogea encore le disciple son fils : On me demande , lui dit-il , du séjour de la Vie, qu'est-ce que l'extérieur, qu'est-ce que l'intérieur ? Et le fils répondit : L'extérieur, c'est l'homme ; l'intérieur, c'est la femme . Et le père , poursuivant ses questions , lui demanda lequel de l'homme ou de la femme avait conçu le premier ? Il répondit : Le sperme est produit , dans le corps de l'homme, pendant quarante - deux jours , et est ensuite communiqué à la femme par le coït et lui sert à former la cervelle, les os et les nerfs, et c'est ainsi que naissent la famille et la pos- térité. Et le père ajouta : Que donne la femme à l'enfant ? La femme, répondit Schel- maï , donne à son fils le sang, la peau , les traits et les cheveux . Mais, dit le père, com- ment l'enfant existe-t-il et prend- il de l'ac- croissement dans le sein de sa mère ? Il lui répondit : C'est par les sept mystères de son père et de sa mère . Et d'où lui vient la nour- riture, continua le père ? La nourriture , dit Schelmaï, lui vient des entrailles même de sa mère. Enfin , dit encore le père , quand le temps de la délivrance est arrivé , comment s'opère-t-elle ? Mon père , lui répondit-il , quand le temps de la délivrance est arrivé, l'enfant est repoussé dans la partie infé- rieure de l'utérus par des muscles jacula- teurs , et il arrive à l'orifice la tête en bas, les pieds en haut. Et le père lui dit : Tu as bien répondu , et tes paroles sont pleines de sagesse ; va donc, prends place sur le trône de gloire que tes pères, t'ont préparé . Mais comme il se disposait à s'asseoir , Iatrun l'in- terrogea encore : Schelmaï , mon fils , lui dit-il, on me demande , du séjour de la Vie, de quelle manière finira le monde ? Or, le fils qui avait su répondre à toutes les ques- tions de son père, ne sut rien répondre à celle-ci . Alors , il s'assit, et avec lui, sur des siéges inférieurs, s'assirent trois cent soi- xante-deux disciples . Or, Uzar Nehuro, sei- gneur de la Vie, le voyant assis, lui dit : Pourquoi t'es tu assis, Schelmaï ? C'est, lui répondit celui-ci , parce que mon père m'a proposé une question à laquelle je n'ai pas su répondre. Uzar Nehuro répartit : La ques- tion que ton père t'a adressée, j'en vois clai- remandé , je puis te l'apprendre en secret. rement la réponse ; et ce que ton père t'a Schelmaï reprit : La question pouvait t'être connue, mais je n'en savais rien. Est-ce quel- qu'un des fils de la lumière qui te l'aurait ré- vélée ? Non , dit Uzar Nehuro , je la connais de- puis longtemps , mais je ne te l'avais pas communiquée, parce que mes pieds n'étaient pas fermes devant toi ; parce que mes jarrets fléchissaient en ta présence . Apprends - le donc maintenant : Quand les temps seront accomplis, la terre croulera dans un abîme ; le ciel sera roulé comme un store ; la splen- deur du soleil s'éclipsera, la blancheur de la lune s'obscurcira , et les étoiles et les pla- nètes tomberont comme une fleur fanée ; le feu retournera dans son principe ; l'eau re- viendra à son premier état ; et les quatre vents de ce monde, repliant leurs ailes , ces- seront de souffler . Alors, Schelmaï lui dit : Mais l'Esprit , le Messie , les sept planètes, les âmes des méchants, qui auront cru, en tous ces imposteurs, où iront-elles ? où vien- dront-elles ? quelle sera leur demeure ? Il lui répondit : L'Esprit, le Messie, les sept pla- nètes, les âmes des méchants, qui auront cru en tous ces imposteurs, seront précipités dans l'abime , séjour de Our, le seigneur des

�$33 154 PART. I. - -- LIVRE D'ADAM . TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. ténèbres, le prince de l'orgueil . Là, un feu rongeur dévorera à la fois cet Our, ce prince des ténèbres, Avat , l'esprit du mensonge , les sept planètes et les âmes des méchants qui les auront adorés . Alors Schelmaï se leva, et allant trouver latrun , son père , il lui dit Mon père, je vais répondre maintenant à la question que tu m'as proposée . Quand les temps seront accomplis, laterre crouleradans l'abîme, le ciel sera roulé comme un store , la splendeur du soleil s'éclipsera, la blan- cheur de la lune s'obscurcira, et les étoiles et les planètes tomberont comme une fleur fanée ; le feu retournera dans son principe ; l'eau reviendra à son premier état, et les quatre vents de ce monde, repliant leurs ailes, cesseront de souffler. Quant à l'esprit, au Messie, aux sept planètes et aux âmes des méchants qui auront mis leur confiance en tous ces imposteurs , ils seront précipités dans l'abîme ; dans le séjour de Our, le sei- gneur des ténèbres, le prince de l'orgueil . Un feu rongeur dévorera sans cesse cet Our, ce prince des ténèbres, Avat , l'esprit de men- songe, les sept planètes et les âmes des mé- chants qui auront mis en eux leur confiance . A ces mots, le père leur dit : En effet, tu con- nais la réponse à ma question ; mais pour- quoi ne me l'as-tu pas communiquée aus- sitôt ? Est-ce quelqu'un des génies , enfants de la lumière , qui t'en aurait instruit ? Et le fils répondit : Oui , c'est Abel - Zivo . Et le père lui dit Va donc , ta splendeur s'est éva- nouie , ta lumière s'est éteinte , la Vie te chasse de sa présence, et les génies n'ont plus de commerce avec toi : La Vie est pure dans toutes ses œuvres , ainsi que Javar Zivo et tous ses compagnons . Amen. CHAPITRE XIV. Au nom de la Vie souveraine , que la ré- quission de mes péchés soit accordée à moi , Adam Iahrum-Bar Scharat, à mon épouse Mu- dalal fat Scharat, et à ma seconde épouse Samro fat Scharat . Je suis assis au milieu des eaux supérieures et des eaux inférieures, moi , Denanukt, scribe sage, scribe glorieux, excellent créateur de ce monde, interprète du très -haut et du tout-puissant . Ma main est habile à écrire, et ma mémoire est fidèle . Je suis également versé dans les lettres an- ciennes et modernes, et dans ma sagesse je connais ce qui a été, ce qui est et ce qui sera. Or, Dizui Žute ( 160) est venu et s'est pros- terné devant moi . Je lui découvris ce que je méditais ; alors il m'adressa quelques ques- tions, car c'est un génie élevé, profond , qui cherche à se rendre compte de toutes cho- ses. Il me dit donc : Où était la Vie éter- nelle, la justice préexistante , la splendeur, la lumière, la mort, la vie, les ténèbres , l'er- reur, la vérité, la destruction , la construc- tion, la plaie , la guérison , l'homme par ex- cellence, plus vieux que le ciel et que le créateur de la terre ? Je lui répondis aussi- 10:: C'est dans ma pensée que se trouvent la (160) Ma petite plante . vie éternelle , la justice préexistante , la splen- deur, la lumière, l'erreur, la santé, la des- truction , la construction , la plaie , la guéri- son, l'homme par excellence , plus vieux que le ciel et que le créateur de la terre . Puis je pris ce Dizui Zute et je le plongeai dans le feu. Il vint une seconde fois vers moi et m'a- dressa ces mêmes questions auxquelles je répondis de même ; après quoi , le prenant par la main je le plongeai dans l'eau . Il vint une troisième fois , m'adressa les mêmes ques- tions auxquelles je répondis de même, puis le prenant par la main , je le fis passer.depuis la première pointe du jour jusqu'aux gran- des ombres du soir. Cependant Avat, l'esprit de Vénus se pré- sentant à moi , me dit : Que fais-tu , Denanukt ? Quelle est la folie de tes réponses? c'est moi qui suis la vie éternelle , la justice préexis- tante, la splendeur, la lumière , la mort, l'er- reur, la vérité, la destruction, l'édification , la plaie, la guérison , l'homme par excellen- ce, plus vieux que le ciel et que le créateur de la terre . Je n'ai point mon pareil parmi les rois ; il n'y a point d'autre couronne que la mienne, point d'enfant des hommes qui puisse me donner des lois. Vint ensuite Din, génie, roi des danses et des joyeux plaisirs, qui fit passer Denanukt d'un corps dans un autre ( 161 ) . Les vents se soulevèrent et le trans- portèrent sur leurs ailes dans le séjour de Nebaz haïlo. C'est le roi des ténèbres . Son trône s'élève au milieu de l'univers, sur le continent de la terre ; ses pieds qui touchent à l'abîme, au lieu de perdition, s'étendent vers toutes les mers, toutes les côtes, tous les rivages battus par les flots, et des milliers de myriades de prostituées sont à son servi- ce. A sa vue , je me dis : Je me prosternerai, et j'adorerai cette puissance et je chanterai ses louanges . Mais Din qui m'accompagnait ne m'en donna pas la permission ; qui veux- tu adorer, me dit -il , devant qui veux -tu t'humilier, qui veux - tu célébrer : C'est La Vie souveraine , c'est la patrie de ton père , très- haut, éternel, que tu dois avoir sans cesse devant les yeux. Alors les vents soulevèrent Denanukt et le transportèrent sur leurs ailes dans le séjour de Zan Hazarban . C'est le roi fort et armé, le prince de la colère et de la destruction . Son trône est placé aux portes mêmes du ciel, c'est lui qui dit au voleur : Vole ; et au père de famille : Lève -toi , ne crains pas le retour ; il encourage celui - ci , parce qu'il aime le mal , et celui -là , pour lui donner de l'importance. Des milliers de my- riades de prostituées sont à son service . A sa vue, je me dis : Je me prosternerai, et je l'adorerai humblement et je le célébrerai . Mais Din , le roi génie, mon compagnon , ne le permit pas . Qui, me dit-il , qui veux- tu adorer? devant qui veux-tu t'humilier? Qui veux-tu célébrer? C'est la Vie souveraine. éternelle, c'est la patrie de ton père très- haut, éternel, que tu dois avoir sans cesse devant les yeux . Alors les vents soulevèrent (161 ) C'est à-dire qui lui inspira des goûts tout différents.

�153 156 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHIES. • Denanukt et le transportèrent sur leurs ailes dans le séjour de l'esprit Avat . C'est la mère des filles corrompues , la mère des courtisa- nes , la souveraine de la voûte intérieure qui est ténèbres . Cet esprit femelle se vante d'être maître, et il ne l'est point ; comme les filles qui ont perdu leur virginité , se donnent en- core comme vierges. Le sein nu , la tête cou- ronnée de fleurs, impudiques , elles sédui- sent le cœur des dieux, captivent l'admira- tion des hommes, attirent les hommes par des regards lascifs, et les femmes par la pro- messe de plaisirs monstrueux . Des milliers de myriades de prostituées sont au service de l'esprit Avat. A sa vue, je me dis : Je me prosternerai , et je l'adorerai , et je le célé- brerai avec humilité. Mais Din, mon guide et mon compagnon , ne me le permit pas : Qui veux-tu adorer, me dit-il, devant qui veux-tu t'humilier, qui veux -tu célébrer? C'est la Vie souveraine, c'est la patrie de ton père, très-haut, éternel , qui doit être sans cesse devant tes yeux ! Cependant les vents enlevèrent encore Denanukt et le transpor- tèrent sur leurs ailes dans le séjour de Hi- mun le puissant, servi par des milliers de myriades de prostituées. A sa vue , je me dis : Je me prosternerai , et je l'adorerai, et je le célébrerai humblement. Mais Din , mon compagnon , ne me le permit pas : Qui veux- tu adorer , Denanukt ? Devant qui veux -tu t'humilier? Qui veux - tu célébrer ? C'est la Vie souveraine, c'est la patrie de ton père, le très -haut, l'éternel , que tu dois avoir sans cesse devant les yeux. Et les vents enlevè- rent encore Denanukt, et le transportèrent dans le séjour de Fétahhil . Ce génie est privé de splendeur, dépouilié de lumière et exilé de la Vie . Il a la tête blanche comme l'eau , et la barbe flottante comme de la laine . Il me dit : J'ai créé le monde par ma propre éner- gie, par ma puissance , je l'ai embelli comme un temple sacré ; je lui ai donné l'astre des nuits pour supputer les mois , et l'astre des jours pour éclairer les travaux des hommes. Où trouveras-tu une œuvre admirable , une œuvre digne d'être célébrée par toutes les bouches, qui ne soit point l'œuvre de mes mains ? Cependant les vents soulevèrent en- core Denanult et le transportèrent sur leurs ailes dans le séjour d'Abatur, l'ancien , le très-haut, le mystérieux , le caché. Je vis au- tour de lui des mille milliers de créatures, des myriades de myriades de génies, qui tous vêtus de splendeurs , enveloppés de lumière , couronnés d'innocence , assis sur des trônes de miséricorde et de mansuétude , se livraient sans cesse à de saints entretiens , à de mys- térieuses prières . Je vis des mille milliers de trônes sur lesquels étaient placées des éto- les de splendeur et de pures tiares de lumiè- re . Alors Denanukt s'écria : Dans ce séjour mon esprit a été troublé , et mon cœur a été ému. Mais Din, le génie, mon compagnon , lui dit : Quand je t'ai conduit dans le séjour des sept génies de la mort, ton esprit n'a point été troublé, et ton cœur n'a point été afligé, pourquoi te laisses - tu abattre et trou- bler en ce moment? Et Denanukt lui répon- dit : J'ai vu autour du trône d Abatur des mille milliers de créatures et des myriades de myriades de génies qui vêtus de splen- deur , environnés de lumière , couronnés d'innocence, assis sur des trônes de miséri- corde et de mansuétude, se livraient sans cesse aux saints entretiens, aux mystérieuses prières . J'ai vu des mille milliers de trônes sur lesquels étaient placées des étoles de splendeur, de pures tiares de lumière . J'ai vue la Vie éternelle, j'ai vu la justice pré- existante, j'ai vu la mort, j'ai vu les ténè- bres, j'ai vu la destruction , j'ai vu la lumiè- re, j'ai vu l'erreur, j'ai vu la vérité , j'ai vu la construction , j'ai vu la plaie , j'ai vu la guérison, j'ai vu l'homme par excellence, plus ancien que le ciel et que le créateur de la terre. Et Din dit à Denanukt : Ces trônes sont pour les âmes qui n'ont ni père ni mère, qui après l'espace de mille années entreront dans une famille, et grandizont dans le mon- de, revêtues d'un vêtement de chair ; puis , après avoir prié longtemps , sortiront de ce monde ; puis revêtues d'étoles de splendeur, couvertes de pures tiares de lumière , iront s'asseoir sur des trônes de miséricorde et de mansuétude , et se livreront sans cesse aux saints entretiens, aux mystérieuses prières . Alors Denanukt répondit à Din : Où est mon trône? Din lui dit : Ton vêtement sera une étole de splendeur , ta tiare une tiare de lu- mière, ta couronne une couronne de vigne verte , dont le germe ne périra jamais , dont les feuilles ne tombent point. Alors Din dit à De- nanukt Va dans le monde des méchants, dans le séjour de toutes les puissances , jette au feu tous tes livres et dans la mer les tré- sors de ta mémoire; parcours le monde , pu- blie la doctrine de la vie , instruis tes disci- ples pendant soixante ans et soixante mois, et quand ce temps sera terminé , tu recevras l'étole de splendeur, la tiare de lumière , la couronne de vigne verte , et tu t'assiéras sur un trône de miséricorde et de douceur ; et au milieu des génies, tes frères , tous en- fants de la lumière comme toi , tu te livre- ras aux saints entretiens, aux mystérieuses prières. Mais Denanukt répondit à Din - J'aimerais mieux manger la poussière ɛu seuil du séjour de la vie , que de descendre dans le monde des méchants , dans la som . bre demeure des puissances . Et Din lui dit : L'homme sage et prudent ne mangera pas la poussière au seuil du séjour de la vie, mais aura tout ce que son cœur pourra désirer. Puis il lui intima le même ordre : Va dans le monde des méchants, dans le séjour de toutes puissances ; jette au feu tous tes li- vres et dans la mer les trésors de ta mémoi- re; parcours le monde, publie la doctrine de la Vie, instruis tes disciples pendant l'e's- pace de soixante ans et de soixante mois , et quand ce temps sera terminé, tu recevras l'étole de splendeur, la tiare de lumière , et la couronne d'immortalité. Alors Dena- nukt répondit : J'ai ouvert mes yeux, j'ai levé mes paupières , et j'ai vu des mille mil- liers de héros assis dans le soleil , qui m'ap- pelaient en pleurant , et des myriades de mij-

�137 153 PART. I. - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT.- LIVRE D'ADAM.

riades de seigneurs et mattres qui, en gé- missant, tendaient vers moi les mains . Et je leur dis Allez , vous qui gémissez et soupi- rez vers moi , allez , pleurez et gémissez entre vous . Vous n'avez point vu ce que mes yeux ont vu ; vous n'avez point entendu ce que mes oreilles ont entendu . Ensuite Dena- nukt se leva, et appelant son épouse Nu- raïto, il lui dit : Jette au feu tous mes li- vres , et dans l'eau tous les trésors de ma mémoire. Et mon épouse Narajto, prenant à part ma fille , lui dit : Denanukt est fou ! Denanukt est fou ! Comment le fils des rois peut-il dire de pareilles sottises ? alors De- nanukt se leva, jeta lui-même dans le feu tous ses livres, et dans l'eau les trésors de sa mé- moire, puis il alla par le monde, publiant la doctrine de vie , et enseignant ses disciples pendant soixante ans et soixante mois . Quand ce temps fut terminé , son âme, se dépouillant de son enveloppe corporelle, prit son vol vers le séjour de la Vie. A sa prière les portes lui en furent ouvertes . Alors, après l'avoir présenté à Bar-Gudo , le Sei- gneur de la vérité, on lui enleva ses anciens vêtements, on revêtit son corps ( fluidique) d'une étole de splendeur, on couvrit sa tête d'une tiare de lumière , et on le cou- ronna d'immortalité . C'est ainsi que Dena- nukt arriva dans le séjour de la vie , dans le séjour de toute splendeur, de toute lu- mière, et il ne s'occupa plus qu'à célébrer les louanges de la Vie souveraine , merveil- leuse , excellente , en disant : Que tous les justes, que tous les fidèles, que tous les Nazaréens, arrivent par la même voie . par les mêmes degrès ! et qu'ils soient tous ainsi que moi établis pour toujours dans le séjour de la Vie et de l'immortalité ! La Vie demeure dans la lumière, et l'ange de la Vie, dans la pureté. La Vie est pure dans toutes ses œuvres. Amen . CHAPITRE XV . Au nom de la Vie souveraine , lumière, intelligence et savoir soient donnés à Adam luhrum bar Scharat, à ma femme Mudalal fat Scharat, à mon autre femme Samzo fat Scharat ! Voici la sagesse de lahia, fils de Zachano , voici les préceptes qu'il a donnés aux Nazaréens justes et fidèles : Si tu es riche, fais-toi remarquer par ta bienfaisance , par tes œuvres, comme le roi , qui, la tête couronnée, fait, en ce monde , la guerre aux méchants et aux menteurs . Si tu es pauvre, montre-toi encore un véritable Nazaréen ; sois agriculteur, cultive la terre , et fais-lui rapporter des cèdres . Accordé l'hospitalité aux pacifiques, subviens selon tes moyens aux besoins des indigents , et tu trouveras leur innocence (162) . Les armes des justes , des bienfaisants sont la véra- cité, la foi , la rectitude , la science , le juge- ment, la sagesse, la prudence, la discipline , la vérité, la prière , la louange, la récompense, la bienveillance , la mansuétude, la bonté, la soumission , l'équité, la sagesse, la suavité, la providence, l'habileté, la pureté, l'inno- cence, la concorde, la clémence , la grâce , la raison , la douceur de la vie , l'amour de la vérité. Or , tu dois faire consister ta véracité à ne point fausser ta parole, à n'aimer ni l'imposture ni le mensonge ; ta foi , à croire au roi de la lumière , qui réside dans le cœur du juste ; ta justice , à te juger toi-même ; ta science , à ne point te mêler des affaires d'autrui ; ton jugement , à ne point te com- mettre avec le méchant ; ta sagesse, à ne point détruire la réputation d'autrui , et à ne point te moquer des pacifiques ; ta prudence , å discerner et à apprécier la parole de ton Seigneur ; ta discipline à accorder aux bons docteurs ce qui leur est dû légitimement ; ta vérité, à ne point manquer à ta parole ; ta prière et ta louange, à ne point aimer la folie ; ta bienfaisance et ta bonté, à donner à manger à ceux qui ont faim, et à boire à ceux qui ont soif; ta douceur, à ne point prêter à usure, et n'agir ni par colère , ni par obstination ; ton humilité, à avoir sans- cesse sur les lèvres et dans ton cœur le nom de ton Seigneur ; ton équité, à prêter l'oreille aux discours et aux préceptes des sages ; ta réflexion, à ne jamais parler de ce que tu ne vois pas ; ta prévoyance , à penser d'abord et à parler ensuite ; ton bon caractère , à ne point désirer ce que tu n'as pas ; ta pureté, à ne point te donner aux impurs ; ton inno- cence, à rester innocent et à fuir tout ce qui pourrait te souiller ; ton équité, à ne point prêter à usure à qui est plus grand que toi ; ta clémence , à traiter avec affabilité et clé- mence les affligés et les malheureux ; ta louan- ge, à célébrer le ciel, d'où tu es venu ; ta douceur, à ne point oublier le jour où tu dois quitter ta dépouille corporelle ; ton amour, à nourrir pour tes frères un amour de prédilection, soutenu par ton amour envers le Seigneur. Que ta justice soit sem- blable à une balance parfaitement régulière , dont les bassins sont dans une équilibre immuable. L'homme droit est semblable à un juge ami de la vérité, dont la bouche ne profère jamais le mensonge . Le fidèle est semblable à un laboureur , qui, en semant, fait produire à la terre de bons et de beaux fruits. Le savant est semblable à un archi- tecte habile, qui, en faisant sa construction, l'embellit de toute espèce d'ornements . Le perspicace est semblable à un peintre qui ne fait que de belles figures. Le sage est sem- blable à un artiste habile qui connaît tous les secrets de son art. L'homme érudit est semblable à un flambeau allumé qui éclaire à droite et à gauche. L'homme vrai et sin- cère est semblable à une montagne élevée, que les vents ne sauraient ébranler . L'hom- me reconnaissant est semblable à un mar- chand qui augmente son capital au centu- ple . Le bienfaisant est semblable à une table chargée de mets , dressée devant ceux qui ont faim . Le clément est semblable à un (162) C'est-à-dire ne regarde pas leur position fàcheuse comme une punition du ciel, comme le fai- saient les amis de Job.

�139 110 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. fruit doux et suave . L'humble est semblable à l'eau courante qui coule ça et là selon la volonté de son maître . L'homme instruit est semblable aux feuilles d'un arbre bien culti- vé. L'homme aimable est semblable à une montagne couverte de vignes, d'arbres et de plantes aromatiques. L'homme prévoyant est semblable à une sentinelle vigilante , à qui l'on n'a rien à reprocher. L'homme ha- bile est semblable à une nourriture qui s'ac- commode à tous les goûts . L'homme pur est semblable à une source d'eau pure , que rien ne trouble ni n'altère . L'innocent est sem- blable à un flambeau qui éclaire tout autour de lui . L'homme clément et miséricordieux est semblable au soleil qui luit sur les mé- chants comme sur les bons (163) . L'homme bon est semblable à un zéphir agréable, qui souffle par toutes les portes et par toutes les fenêtres. L'homme qui raisonne et réfléchit et qui se rend compte de tout , est semblable à un cavalier couvert de chaînes , qui se de- mande sans cesse de quelle manière il pour- ra en sortir. Celui qui aime la justice est semblable à un bon père, qui sans inté- rêt comble de bienfaits ses fils et ses filles. Tenez-vous sur vos gardes, o mes élus et mes fidèles , et jugez la fraude, l'iniquité, la fausseté, le mensonge, la ruse, la perfi- die, le changement, la malice, la perversité . l'erreur, le bruit , les éoles ténébreux , l'infi- dèlité, la rudesse , la folie , le chant, l'oppro- bre, l'impudicité, le mélange monstrueux des sexes, l'impureté, l'ambition de l'es- prit, le pacte des yeux, l'ivresse , la danse , la déception, le libertinage et cette ardeur désordonnée qui entraîne les hommes , l'en- vie, la jalousie , la tribulation , l'inimitié , l'impudence, la colère, l'aigreur , l'obstina- tion , la fornication , la dilapidation , l'oppres- sion, la spoliation des pauvres , la souillure et le contact des corps immondes , l'arro- gance et le mépris des malheureux . Annon- cez aux pacifiques les préceptes de votre seigneur. L'homme qui emploie la ruse est semblable au najza dont l'ombrage est trom- peur ; l'homme injuste est semblable à une pomme bien rouge à l'extérieur , mais dont l'intérieur est gâté ; le faussaire est sembla- ble à un passereau sauvage , qui attire ses compagnons vers la glu et entraîne ses amis à la mort . Le menteur est semblable à un ennemi qui sous le manteau de l'amitié dénature le droit qu'il connaît. Le trom- peur est semblable à une mer rapace qui engloutit le vaisseau ; le méchant est sem- blable à un puits, qui n'est rempli que d'eau croupie de fiel et d'amertume ; l'homme de division est semblable à une brique d'argile qui trouble l'eau dans laquelle on l'immer- ge ; l'homme dur est semblable à un caillou qui au milieu de la verdure garde son ari- dité. Le sot est semblable à un flot qui trom- pe par sa mobilité perpétuelle . Le fastueux est semblable à un peuplier élevé, dont le feuillage est touffu, mais qui ne rapporte rien à son maître ; l'obstiné est semblable à une maison brûlée ; il n'a plus à attendre ni indul · gence ni miséricorde; l'homme acerbe est semblable à l'aloès qui tombe sur le pain et transforme sa douceur en amertume ; le superbe est semblable à un feu ardent que le souffle du vent excite ; le sage sans règle est comme une maison sans ombres ; le sage sans ordre est comme une maîtresse sans vêtement ; le sage sans soumission est com- me un flambeau dépoli ; le sage sans modé- ration est comme un coursier sans selle ; le sage sans agrément est comme un mets sans saveur ; le sage sans tranquillité est comme un escadron sans chef ; le sage sans protection est comme une table sans cou- vert ; le sage sans droiture est comme une maison sans ornement ; le sage sans bon sens est comme un vase sans ouverture ; le sage sans mémoire est comme une terre sans rapport ; le sage sans prudence est comme un vaisseau sans pilote ; mais le sage qui aime l'humilité et la soumission est l'ob- jet de la vénération universelle ; ses dis- cours sont comme des lumières ; on l'écoute avant qu'il n'ait commencé à parler ; mais il est aimé, sans se comprendre , parce qu'il marche la tête haute et fière . Le sage qui aime ne produit que des arts honnêtes ; mais l'ennemi ne connaît que le mensonge et les œuvres de ténèbres . Le sa- ge qui aime la justice se conduit en toutes circonstances selon les règles de l'équité ; il accueille indistinctement tout le monde , et reçoit tous les pacifiques à sa table ; mais l'insensé ne connaît que l'injustice , et ses mains attirent sur les hommes toute espèce de malheurs et de catastrophes . Le sage, quand il a une contestation avec vous , vous rend volontiers justice , et ne demande pas mieux que d'augmenter votre fortune aux dépens mêmes de la sienne ; mais l'insensé dans la même circonstance a le verbe haut , la voix pleine d'aigreur, le cœur plein de colère . Le sage ne se réjouit point de ce qu'il pos- sède, parce que ce qu'il possède , il ne le re- garde pas comme sien ; mais l'insensé saute de joie avec un collier au cou . Si vous par- lez avec le sage, vous ne recevez de lui que de bons conseils et de bons exemples ; quand Vous disputez avec l'insensé , il vous traite avec rigueur et caprice . Le parler du sage est pour l'insensé ce qu'est l'eau pour l'huile. La parole du sage est pour l'insensé ce qu'est un flambeau pour un aveugle . La parole du sage est pour l'insensé ce qu'est la pluie à une terre stérile . Le parole du sage est pour l'insensé ce qu'est un vêtement blanc à un ramoneur. La parole du sage est à l'insensé ce que sont les brodequins.à un foulon. La parole du sage est pour l'insensé ce qu'est l'huile de baume au chasseur. La parole du sage est pour l'insensé ce qu'est la dot ac- cordée à une fiancée . La parole du sage est pour l'insensé ce qu'est une perle à des pourceaux. La parole du sage est pour l'in- sensé ce qu'est une vierge pour un sanctuai- re. La parole du sage est pour l'insensé ce qu'un charbon ardent est pour l'eau . La pa- role du sage est pour l'insensé ce qu'est un (163) Soyez bons comme votre Père qui fait luire également son soleil sur les bons et sur les méchants.

�441 142 PART. I. TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. LIVRE D'ADAM. prédicateur pour un sourd -muet . Si tu affa- mes l'insensé, il te maudira dans sa folie , et si tu le rassasies, tu l'entendras encore murmurer. Le sot n'est jamais content ; le sage qui se vante de fréquenter les insensés , est le plus insensé de tous . L'insensé qui sait garder le silence est déjà sage . Celui dont le cœur n'est ni éclairé ni soumis , n'est pas libre. Celui qui ne fait de mal à person- ne, ne sera point appelé en justice . Celui qui prêche une morale qu'il ne pratique pas lui- même , est semblable à une cruche qui se remplit d'eau pour les autres, mais n'en boit pas elle - même. Celui qui prêche une morale qu'il ne pratique pas, est semblable à un foulon qui blanchit la robe du roi sans la mettre . Celui qui prêche une morale qu'il ne pratique pas est semblable à un sourd qui n'entend ni la mélodie des chanteurs, ni les paroles des prophètes . Celui qui prê- che une doctrine qu'il ne pratique pas est semblable à un maçon qui bâtit pour les au- tres et n'a point de demeure . Celui qui prê- che une doctrine qu'il ne pratique pas, est semblable à un homme qui rêve qu'il tue son ennemi , mais en se réveillant s'aperçoit qu'il n'en est rien . Celui qui prêche une morale qu'il ne pratique pas est semblable à un jardinier qui ne tresse que pour d'autres les couronnes de fleurs . Celui qui prêche une doctrine qu'il ne pratique pas , est sem- blable à un juge qui, jugeant les autres ne se juge pas lui- même . Malheur donc à ceux qui prêchent ce qu'ils ne pratiquent point, qui parlent d'une manière et agissent d'une autre , qui sont fidèles en apparence et cor- rompus en réalité. Or celui qui n'accomplit point la volonté du Seigneur est bien plus près de la mort que de la vie. Mais les vé- ritables pacifiques sont ceux qui pratiquent ce qu'ils prêchent et ce qu'ils écoutent, et qui ne désavouent point par leur conduite tout ce que leur bouche avance . Tel est le discours des sages prononcé par Zahia fils de Zacharie ,dans Jérusalem, ville des avortons . Javar Zivo est pur avec tous ses compagnons . La Vie est pure en toute choses. CHAPITRE XVI. Au nom de la Vie souveraine dernière , que la rémission des péchés soit accordée à moi , Adam Iuhrum bar Scharat,à ma fem- me Mudalal fat Scharat, à mon père Iahia Bahtiar bar Anhar Jasmin , et à ma mère Scharat fat Auhar. Au nom de la Vie souve- raine dernière , réponds -moi , ô mon père , réponds -moi et éclaire mon intelligence, Seigneur, toi qui es le fils de notre grand père Berheie. Voici la doctrine mystérieuse que l'ange de la Vie a révélé aux hommes pacifiques et à toute la famille d'Adam . Après la création d'Adam et de sa femme Eve, l'esprit de Vénus descendit dans Susat, terre inférieure , séjour de la mort et des ténèbres ; et environnant les reins des femmes de séductions diaboliques , il lui dit : Il arrivera des jours, des mois, des heures, des périodes , des temps, où les justes seront jetés dans les fers pour être ensuite mis a mort, et pas un d'eux ne montera au séjour de lumière excepté Abel Zivo, qui y mon- tera pour en rapporter sur la terre la sainte doctrine et les actions de grâce . Or , quand l'esprit lui eut fait cette révélation , Abel Zi- vo s'approcha à son tour et élevant au -des- sus de l'eau une perle blanche, il la frappa et se dit en lui -même : J'empêcherai l'accom- plissement des prédictions de l'esprit , dans l'espace de dix jours, quinze jours, vingt jours, un mois et la moitié d'un mois , et au- cun juste ne sera jeté dans les fers pour être ensuite mis à mort . Alors Jurbo dit à l'esprit : Tout ce que tu as fait , l'ange de la Vie l'interceptera . L'esprit lui répondit : Je sais ce que je ferai pour réduire toutes les créatures et entraîner jusqu'aux disciples de la Vie . Et l'esprit s'en alla préparer une espèce d'instrument de musique lascive , pour réduire les créatures ; puis il dit à l'an- ge de la Vie : Moi, j'ai sept portions pour ma nourriture , toi tu n'en as qu'une , comment peux-tu te comparer à moi ? L'ange de la Vie répondit : Tu es aveugle et tes yeux ne peu- vent voir la lumière . Oui, tu as sept portions pour ta nourriture, et moi je n'en ai qu'une. Cependant pourrais-tu comparer ma portion aux tiennes ? L'esprit lui dit : Tu as des Na- zaréens qui grossissent leurs richesses par des gains illicites , qui boivent du vin et font entendre des chants impudiques , s'accom- pagnent avec des instruments séducteurs et se livrant sous mes inspirations à toutes sor- tes de désordres , n'invoquent point le nom de l'ange de la Vie , ne font aucune aumône ni aucune bonne œuvre en ce monde . Or , c'est par eux que j'espère prendre possession de ce monde. L'ange de la Vie lui répondit : Ceux qui agissent ainsi, habiteront avec toi . Mais je vais appeler les génies du blanc Jour- dain du Seigneur de la Vie et les tenir en garde contre les séductions . En effet il les appela en ces termes : Venez à moi , en- fants que j'ai élevés , plantes que j'ai semées au milieu des peuples et des nations de mœurs et de langues diverses . Ecoutez mes paroles, mes enfants , si vous ne voulez point tomber dans les ténèbres ; je veux vous éta- blir et vous confirmer dans ce monde , par- ce que je sais combien le temps est court et quel grand malheur vous menace . Soyez- donc pleins de constance et de fidélité ; marchez dans la justice devant moi , qui veux vous délivrer de la persécution des sept planètes ; faites des aumônes, publiez à vos frères la parole de la Vie et donnez des vêtements à ceux qui sont nus . S'il est pour les Nazaréens quelqu'un qui ne puisse pas payer complètement la dime, qu'il en paye la moitié et ne cesse point de lever les mains vers moi. Je vais vous parler maintenant de ceux qui demeurent auprès de furbo , de tous les génies qui l'entourent , de lehir, lehrun, Behir, Behrun, Tar, Tarvan , Sar, Sarvan , Pesah , Anan Pesah, et de Rabo Talio , assis devant lui dans un char, et des deux ai- grettes lumineuses de sa tête , appelées

�145 114 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. l'une Zihan, et l'autre Zehazihan . Or Iurbo dit à tous ces génies : Qui peut vaincre la parole éternelle de la vie ? Puis il dit à l'es- prit : Comment la parole de la vie existe - t- elle dans l'univers ? Comment la parole de la vie a-t-elle frappé mes oreilles ? avec la parole de la Vie j'ai entendu le murmure d'Abel ; et je me suis demandé pourquoi Abel Zivo n'était pas monté à moi du monde qu'il habite. Or je vous en avertis, lors- que dans un temps de guerre , vous verrez un éclair de lumière , lorsque vous sentirez un mouvement dans l'air plus violent qu'à l'ordinaire, tenez-vous sur vos gardes. Car il y a une différence entre les ténèbres et la lumière. Cependant, à la vue de ces si- gnes excités dans le firmament par lurbo, n'ayez aucune crainte . Je vous le répète en- core : Ayez soin de vous, de vos fils, de vos femmes, de vos plantes, de votre chair, de votre eau ; et ne le craignez pas . Car le Jourdain, le seigneur de la Vie , Schelmaï et Nedbaï sont avec vous , qui vous gardent. Ne vous imaginez point que la terre puisse périr à cause de lurbo , et que le firmament puisse s'écouler comme de l'eau . Seulement chaque jour répandez vos prières devant le Seigneur ; la première fois après le lever du soleil , la seconde fois vers la septième heure, et la troisième le soir. Jugez-vous, et vous n'aurez point à craindre Iurbo. Oui , levez-vous à l'aurore , et implorez la misé- ricorde du Seigneur ; puis encore à la sep- tième heure, et que le soir vous retrouve encore en prière . Aussitôt que le soleil lan- cera sur vous ses rayons, priez le Dieu tout-puissant, afin qu'il vous donne sa mi- séricorde, comme il vous donne sa lumière , et qu'il vous fasse participer aux trésors de la Vie souveraine . Que la Vie vous vienne en aide. La Vie est notre espérance ; la Vie est l'objet de la confiance des forts . La Vie est immuable et pure . CHAPITRE XVII. Au nom de la Vie souveraine, que la ré- mission des péchés soit accordée à Adam luhrum bar Scharat et à sa femme Mudalal fat Scharat. Voici la doctrine mystérieuse , voici les secrets de la supplantation et du détournement des sept planètes, révélés et expliqués à la terre par l'ange de la Vie, et confiés par lui aux génies Abel , Schetel et Anusch ; et que ceux-ci ont fait connaître à ceux qui leur sont fidèles . Oui , l'ange de la Vie a découvert les secrets ténébreux et l'importance des sept planètes . Kivan le premier, à l'instigation d'une jalouse colère , a rassemblé la famille des enfants de la Vie , et après y avoir jeté le trouble, en a dénaturé le caractère. Le pro- phète de ces infortunés a été un prophète de mensonge , un crucifié . Il les a entraînés hors de leur demeure, s'est présenté à eux comme apôtre , s'est fait passer pour Dieu et pour seigneur, et par des prodiges opérés dans le ciel et sur la terre , il a séduit le genre humain, a institué des peines, et a poussé des hommes à vivre en célibataires et des femmes à conserver leur virginité, Mais par une monstruosité abominable, des démons måles et femelles se sont emparés de ces vierges des deux sexes, et de leur accouplement exécrable naquirent de nou- veaux démons måles et femelles, sources nouvelles d'abominations de toutes espèces . Ils sont devenus les conducteurs des âmes; mais conducteurs mensongers et rusés qui , tout en prenant les apparences de la lu- mière , en suivant par ostentation la capture de l'homme nouveau , ont inculqué à leurs disciples de fausses croyances , et les ont entraînés à construire des temples et à l'y adorer comme une divinité. Du reste , par tous les désordres impudiques auxquels ils se livrent entre eux, à l'exemple de l'homine nouveau , ils font bien connaître que les hommes qui les écoutent courent à la mort, tout en recevant dans la bouche la perle de l'eau noire et l'huile sacrée . Cependant , à l'imitation de ses disciples, ils ont des réu- nions et des prêches . Ils appellent prophète celui qui leur a ordonné un jeune de quatre, de huit jours , de vingt, de quarante et de soixante jours. Dieu garde les élus et les fidèles de courber la tête sous la main de Kivan , de l'esprit du Messie et des sept pla- nètes. Que dis-je, ô mes disciples , nésaluez pas même de tels prophètes, ne leur tendez pas la main, car ieur âme est souillée , et leur race sera extirpée du séjour de la Vie. Celui donc de mes disciples qui saluera ces faux prophètes, peut s'attendre à encourir la colère de la Vie. Je vous ai parlé de Kivan , des enfants de la famille de la Vie qu'il a rassemblés, dont l'âme à leur mort se dissipe comme la cendre , s'éteint comme un charbon ardent. Je vais mainte- nant vous parler du soleil et de sa synago- gue. C'est de lui que viennent les Jazukéens , qui se couvrant de l'apparence de l'homme nouveau , invoquent le nom de Jésus, ont des réunions et un temple et des prédica- teurs . Ils ont en grand'honneur l'eau et le feu , et prétendent que ceux qui mangent co qui est mort, font niourir le Seigneur. Quant à leurs mœurs, ils n'ont point de honte de coucher avec leurs mères et leurs filles, de se revêtir de vêtements de femmes, soutenant, dans leur démence , qu'ils ne sont point souillés par ces actions abominables . Et quand leurs femmes ont mis au monde, chose immonde, elles lavent le fruit de leurs en- trailles avec des excréments impurs ! Des lazukéens sortirent les avortons . Ceux-ci sans cesse en guerre les uns avec les autres , croient se laver de leurs crimes en faisant des ablutions. Ils appellent avor- tons ceux qui pèchent , et mieux, ceux qui agissent sans prudence , ce qui n'empêche pas que tous , ils deviendront la proie des ilam.nes. De ces avortons sortirent les princes et les dominateurs des ténèbres, hommes im- purs qui se souillent par les plus honteuses abominations . Quiconque sera leur imita- teur ne méritera point d'entrer dans le séjour de la Vie. Quiconque prendra part à leur

�143 PART. I. TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. 146 - LIVRE D'ADAM. ture dans son germe . Il consiste en ce que des jeunes gens, renouvellent en eux-me- mes le crime d'Onan , étouffent dans leur germe la vie de leurs enfants ; on les appelle cinèbes, parce qu'ils cherchent les ténè- bres pour leurs œuvres abominables . C'est d'eux que les corrupteurs et les corruptrices tirent leur origine . Ces hommes, tout en se plongeant dans la boue de la mer Erythrée, se disent bienheureux , mais malheur à euxi leurs âmes seront un jour gravement tour- mentées. Il y a aussi une autre porte c'est d'elle que sortent les princes adultères et tous ceux qui adorent le dieu qu'ont fabriqué leurs mains. Eux aussi ils se livrent avec leurs femmes à toutes sortes d'abominations, croyant honorer par là la divinité du messie Jésus . L'Esprit , du reste, leur a dit : Ne vous inquiétez point de cela ; ce que vous faites ne peut point vous souiller ; seule- ment, a-t-il ajouté , l'enfant que vous aurez engendré , élevez -le dans votre maison et. gardez -vous de le chasser de chez vous . Il leur révéla en outre un autre mystère : Eloi- gnez-vous, leur dit - il , de tout philosophe, de tout catholique, dont le nom seul est exé- crable. festin, ne verra point la lumière ; quiconque enfin leur donnera son cœur et son amour méritera la mort éternelle. Du reste , voici , mes disciples, ce que j'ai à vous recomman- der sur les animaux domestiques ou sauva- ges qui vous serviront d'aliment ne les mangez qu'après les avoir lavés dans une eau de purification , car celui qui s'en servi- rait sans cette préparation préalable , encour- rait un dur châtiment. Mais c'est sur le compte des avortons . Je vais vous parler maintenant de Libat , la plus éclatante des étoiles ; c'est d'elle que sont sortis les adul- tères, les actions inipudiques , les actions. abominables ; c'est elle qui a produit les trois cent soixante chants voluptueux, et les es- prits mauvais qui par la musique lascive , par les instruments séducteurs dont ils sont les inventeurs , grossissent les partisans de l'esprit de Vénus . Or ces partisans impudi- ques chantent au son des instruments leur concert , auquel répondent en choeur les femmes, les hommes de tout rang et de tout Age. Viennent ensuite les fascinateurs de l'étoile Nesig, qui semblables à des singes, se livrent à toutes sortes de prestiges et de maléfices . Dans leur ardeur ils ne savent ce qu'ils font. C'est d'eux que viennent encore ceux qu'on appelle Nénunéens . Leurs fem- mes livrées aux derniers désordres , vêtues de débauches , consacrées d'adultères et d'impudicités, le sein nu , séduisent et entrai- nent les enfants des hommes. Aussi ont-elles été appelées la cible des hommes , et la four- naise où vont s'engloutir les malheureuses créatures. Car c'est en usant des moyens les plus abominables, qu'elles détournent les maris de leur maison et de leurs épouses lé- gitimes , et que par leurs séductions abomi- nables, elles s'en font de honteux esclaves . Voici maintenant les êtres de l'esprit et du Messie is ravissent , ils pillent, ils rient sur la tombe des morts et accaparent leurs héritages, ils grossissent leurs richesses in- justes . Mais malheur à eux ! Quand leurs amis quiteront ce monde , elles ne pourront échap- per à la seconde mort, à la mort éternelle qui les attend. C'en est assez sur Libat , et sur les génies, ses enfants . Je vais mainte- nant vous parler de la sainteté des sept saints des anciens jours. Les avortons , lors- que quelqu'un est tué, prennent son sang, le mêlent au pain , et s'en font une nourri- ture pareillement, ils mêlent au vin pour le boire , le sang et les souillures des vier- ges, et nul d'entre eux ne rougit de honte de pareilles abominations . Ce n'est pas tout : Ils corrompent les œuvres de l'homme nou- veau, et à prix d'argent ils baptisent comme s'ils étaient des apôtres, dans l'eau du Jour- dain , chauffée au feu , les hommes et les femmes . Après avoir invoqué le nom de la mort, ils les baptisent au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, sans oublier de faire mention du Messie . Ce n'est pas là leur seul mystère , entre autres le mystère qu'on ap- pelle la sainteté de l'âme à quatre pieds : on l'appelle encore sainteté de pollution ; et dont l'effet est de détruire la vie de la créa- Je vais maintenant vous parler d'une autre porte , de la sainteté du sanctuaire . Elle comprend ceux qui, par des violences cou- pables, hâtent le moment de la délivrance, forcent la femme à mettre au monde après le septième mois , et de la cervelle du nou- veau-né mêlée aux eaux impures qui l'accom- pagnent, composent une huile de bénédic tion. Cette sainteté s'appelle la sainteté d'un mal dévorant qui s'allume dans les cœurs . Malheur à qui y aura participé ! qu'il craigne de porter ses regards vers la demeure de la Vie, au séjour des créatures et des généra- tions mystérieuses. C'est de là que viennent les corrupteurs et les corruptrices qui errent par les montagnes et les collines , entière- ment nus comme les démons , les cheveux hérissés comme le pelage des boucs émis- saires, et sous des dehors plus épouvanta- bles que la nuit , plus terribles que le gouffre mugissant. On les nomme les pasteurs vaga- bonds. Ils se nourrissent des herbes qui croissent dans les champs ; mais ils n'ont pas le plaisir de prendre celles que Fétahil a préparées dans sa bonté pour ses fidèles et ses élus. D'ailleurs , ni l'Esprit, ni le Mes- sie ne leur permettent de goûter quelque joie en ce monde . Cependant, soumis à l'in- fluence séductrice des démons , ils se disent : Dieu parle mystérieusement par notre bou- che , et nous sommes sous son regard . Bien plus , ils ne craignent pas de chercher à pre- cher leur doctrine à nos disciples et à leur vendre des cours d'eau . Ils dirent à mes dis- ciples : La vérité vous manque en ce monde. Puis ils leur prescrivent des jeûnes pour que le nom du Messie , du Crucifié, ne les abandonne point . Bien plus, ils prennent de la poussière de ce Crucifié et la mêlent dans tous leurs aliments . Mais je viens à mon tour, moi, l'ange de la Vie, vous dire et vous

�347 148 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . assurer que tout Nazaréen qui se sera ap- proché de la table du Messie, qui aura ob- servé ce jeûne, périra par le feu . Sachez que tout Nazaréen qui, le jour du soleil , aura approché de ses lèvres une urne pleine d'eau du Jourdain, soit pour la boire , soit pour s'en laver, deviendra le partage de l'Es- prit et du Messie, et sera consumé avec eux. Laissez -moi maintenant vous parler d'une autre porte . C'est celle du Messie et de ces hommes qui, sous le nom de Zandiques et de Bardemons, se livrent avec une promis- cuité impudente aux désordres les plus abo- minables. Ainsi , répandant une semence impie, ils la mêlent à du vin et la font boire à leurs malheureux prosélytes, en leur di- saut : Buvez, ceci est pur. Ils invoquent le vent, le feu , l'eau , et rendent leurs homma- ges au soleil et à la lune . Mais malheur à eux car à leur mort ils seront semblables à des mouches sur le bord d'un verre plein d'eau bouillante , dont la vapeur paralyse les ailes, et tombent enfin pour ne plus revenir. Telle est la troupe que Marmon s'est choisie . Or, quiconque des Nazaréens prendra part à leurs festins sera précipité dans la grande mer Erythrée. Je viens de vous parler de l'Esprit, du Messie et des sept saintetés qui se partagent le monde et retiennent les ames captives ; laissez -moi vous parler main- tenant d'une autre porte , de celle qui appar- tient à Bel . Elle comprend tous ceux qui portent la couronne et qui dirigent les em- pires. C'est d'elle que sortira le livre de l'Es- prit, qui, en apparaissant dans ce monde, y viendra jeter le trouble et la discorde . Alors on combattra pour l'or et l'argent ; alors on répandra le sang, et nos disciples mêmes seront égorgés. Mais malheur au Nazaréen qui lirait ou apprendrait à lire ce livre ! L'eau de l'abîme deviendrait son partage . Ils seront réduits en esclavage ceux qui ren- dent un vain culte à des images peintes et sans vertu, et pleines de désirs même pour les biens de ce monde . C'est de la terre que nous viennent les choses impérissables, et nous ne devons point en sortir . Mais que personne n'insulte un élu , un ami de la paix ! car persécution et trouble, tel sera son cha- timent ! Du reste, je vous en avertis , o mes disciples ! quiconque d'entre vous aura con- sacré son avoir à des images peintes et sans vertu , quiconque aura souillé la blancheur de son manteau et de celui de son épouse, deviendra la victime des sept planètes ; pré- cipité dans leurs abîmes , il ne verra plus la lumière ni la demeure d'Abatur ; et quicon- que aura courbé la tête devant les fausses images n'aura plus à attendre qu'un juge- ment sans appel , qui le condamnera . Donc, mes disciples, loin de vous ces fausses ima- ges, qui vous priveraient de la communica- Lion des mystères de lavar. Marqué du sceau du lourdain , signé du caractère de la Vie, revêtu de l'habit sans tache, qui de vous osera aller vers les voies de feu ! Ne devrait- il pas craindre d'être englouti pour toujours dans les flots de l'onde noire ? Parlez main- tenant de la voix que Bel a fait entendre . C'est elle qui, soulevant les uns contre les autres les puissants de ce monde , les excite à se livrer à des combats incessants , étei- gnant ainsi , par leurs guerres funestes , la vie de toute créature . Ils disent dans leur démence : Arrachez la vie de ce monde , que le fer lui ouvre une issue au sein de toutes les créatures . Et les œuvres de la vie dimi- nuant, la malice en est d'autant plus aug- mentée en ce monde, et la plupart, oubliant les sentiers de la vérité et de la vie, courent dans les chemins ouverts de Vénus , chemins maudits, qui conduisent à la mort éternelle. C'est là que se trouve toute impiété, toute souillure et toute impureté. Or, quiconque , enfant de la Vie , aura suivi le mauvais exem- ple et adoré ces chemins impudiques , perdra son âme à jamais. Quiconque pervertira par sa conduite le cachet de la Vie en lui , périra par le froid, privé de la chaleur de la Vie, qui le réchaufferait . Cependant Nerig a placó dans le ciel toutes ces divinités menson- gères, dont il est le père, et qui l'encensent outre mesure. Mais quant aux sept planètes , comme elles sont ses émules et ses rivales , Nerig les couvre d'opprobre. Il n'y a point de dieu, dit-il, dont la gloire soit plus bril- lante que la mienne ! Et roulant en tout temps dans son esprit le trouble , la discorde , les guerres civiles entre ses frères, il sou- lève les quatre coins de la terre , et la rem- plit de bruit et de tumulte , et ne se plaît sans cesse qu'au milieu du meurtre et du carnage. Cependant l'Esprit, toujours en guerre avec Nerig, lui dit un jour : Je t'ai donné un li- vre ; je t'ai révélé les secrets de la mort ; je t'ai mis en possession du sceptre et de la puissance, de l'autorité sur des sujets et de leur soumission envers toi . Je t'ai dit encore : Toute lumière viendra de toi ! Mais tu as promis à tes adorateurs de les introduire dans le paradis des délices , dans un lieu qu'ils contempleront avec des regards d'ad- miration ; et cependant tu les as réduits à une condition infime ; tu leur as enlevé le sceptre , la puissance , les biens et les ri- chesses de ce monde ; tu as livré leurs mains aux chaînes et leurs corps aux tourments de toute espèce. Et tu leur as dit : Je suis un dieu puissant, source de vie et de lumière ! Et malgré tes promesses tu as précipité dans les abîmes des ténèbres ceux des enfants de la lumière qui se sont confiés en toi ! Car , sache- le , ceux qui se nourriront de la chair des animaux tués, périront à leur tour par le glaive . Quant aux femmes , celles qui se seront revêtues de robes flottantes, ornées d'or et d'argent, encourront la mort éternelle, et ne verront jamais le séjour glo- rieux de la Vie ! Voilà ce que j'avais à vous dire sur la porte de Bel et sur ses œuvres . Je vais maintenant vous entretenir de la lune et de ses effets en ce monde. C'est d'elle que viennent les avortons, pères des avortons , ainsi que les lépreux des deux sexes . C'est elle qui dans tout l'univers fait tout ce qui est mal ; elle agrandit et diminue , elle exalte et humilic , elle élève et abaisse , elle rétrécit la mesure de la vie, elle abrége los

�149 150 PART. 1. - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT.- LIVRE D'ADAM. années, produit les mauvais jours, les mois et les années mauvaises, et répand dans les Ames tous les principes des erreurs . Les gé- nies qui en dépendent, Baivazek et Soiefme , se livrent, avec les femmes et les hommes , aux dernières abominations , et par des actes infames se lient d'un mutuel serment . Mais malheur à ces avortons ; ni eux , ni ceux qui les imitent ne verront la lumière ! Mais c'est assez de ces disciples de Seis ( la lune ) et de leurs œuvres impudiques ; c'est assez de tous ces insensés , dont le monde est rempli. C'est assez aussi de ces disciples de Nerig, qu'on appelle encore Abdelo- Arboio , divi- nité cruelle dont la colère est la ruine de sept âmes , et dont le trône domine l'univers ; c'est elle qu'adorent tous ceux qui portent le sceptre dans leur droite, qui dominent le monde, qui régissent les empires , qui font briller le glaive hors du fourreau, qui ver- sent à profusion le sang des fils d'Adam, s'enrichissent de leurs dépouilles , les traî- nent en captivité , sans les avoir achetés de leur propre argent ; qui séparent le fils de sa mère , la femme de son époux, le père de ses enfants ; qui portent la corruption et la violence , le fer et la flamme, persécutent par une guerre inces- sante les enfants de la Vie , et se disent à chaque instant : Extirpons la vie du monde sous le tranchant du glaive , et séduisons toute chair. Et c'est ainsi que les générations s'af- faiblissent, et que, dans un sens contraire , la malice des peuples et des nations entraî- nés à leur suite , s'augmente et se fortifie. Que dis-je ? les enfants mêmes de la grande famille de la Vie leur abandonnent leur Ame, se font leurs serviteurs , et , renégats de la Vie, leur mère , adorent les mêmes Abdolo Arboio, l'esprit impudique de Vénus, se font initier à leurs mystères de mort , blasphèment le nom sacré de la Vie, et se rendent coupables des abominations de toute espèce. Mais malheur à eux ! L'enfant de la Vie, qui rendra un autre empire à Ar- bojo, ne trouvera plus le salut de son âme ; privé de la vie qui l'échauffe , il périra de froid . Du reste , sachez que ce Nerig pour récompenser les génies qui lui sont fidèles, qui répandent en son honneur les louanges mensongères , et les prières impies , les élève à son tour , jusqu'au firmament du ciel. Mais quant aux sept planètes, ses col- lègues , ses émules , Nerig les accable d'im- précations et d'injures, et il dit : Non , il n'est pas de Dieu plus glorieux , plus puis- sant que moi ! Et pour soutenir ses préten- tions orgueilleuses , il excite sans cesse en ce monde les pillages , les meurtres , les guerres , les famines, les disputes, les com- bats, les persécutions , les troubles et les discordes, tandis que Abdolo Arboio de son côté perd par le feu ou le sang les âmes qui se contient en lui . L'Esprit à son tour livre de terribles,combats à Nerig : Je t'ai donné, lui dit- il, un livre , je t'ai dévoilé les secrets de la mort, je t'ai accordé la puis- sance, l'empire et l'adoration . J'ai fait plus : j'ai ajouté que toute lumière brillerait pour toi seul ? Et toi , tu as dit à tes adorateurs que tu les introduirais dans un paradis de délices, dans un lieu qu'ils contempleraient avec des regards d'admiration . Cependant tu les as réduits à une condition infime , tu leur a enlevé le sceptre, la puissance , les biens et les richesses de ce monde ; tu as livré leurs mains aux chaînes , et leurs corps aux tourments de toute espèce . Et tu leur as dit : Je suis un Dieu puissant, je vous mon- trerai la lumière , je vous nourrirai d'un miel délicieux et d'une huile suave ; je vous revêtirai de robes magnifiques ; je vous parfumerai des aromates les plus pré- cieux, et votre félicité sera sans bornes . Car nul Dieu n'est plus puissant que moi , qui vous promets tous ces dons magnifiques . Tu leur tenais ce langage , et tu as livré leurs mains aux chaînes , et leur corps à tous les tourments ! Les adorateurs de l'homme nou- veau, te diront -ils, que nous avons frappés du glaive, sont montés au séjour glorieux de la lumière ; et nous par une damna- tion épouvantable, nous sommes repoussés dans le sein des ténèbres , où nous ne trou- vons, pour alléger nos tourments , que l'eau noire et fangeuse . Abdolo Arboio réplique ainsi à ses serviteurs , et à tous ceux qui croient et espèrent en lui : En vous donnant successivement en ce monde , le sceptre , le pouvoir et la domination ; en vous soumet- tant toute divinité , toute nation et toute langue ; en vous laissant enfin l'univers , comme une proie assurée , je vous ai acquis à mon empire et à celui de l'Esprit, ma mè- re ; je vous ai dit alors : Vous serez ma nourriture aux jours extrêmes , à moi , à mon Seigneur, à mon père, Leviathan . Comprenez mieux ce que vous êtes : Votre puissance n'a pas été donnée à tous les hommes , la force de ceux qui vous sont soumis , n'est rien en comparaison de la vôtre ; sachez donc vous contenter de votre sort , car jus- qu'au grand jour du jugement, vous n'aurez plus d'autres explications de moi ! Je vous ai donné pour nourriture les plantes savou- reuses , le miel , les aromates , les mets les plus variés ; j'ai posé sur vos têtes les cou- ronnes les plus odorantes, les plus radieu- ses ; je vous ai revêtus des robes les plus magnifiques, et vous ai fait promener par toute la terre sur un char pompeux et bruyant, entourés d'une multitude de sujets soumis . Sachez donc qu'il ne sera donné à personne de pouvoir, maintenant que vous tes à moi , vous arracher de mes mains , pour vous conduire à une autre lumière que la mienne. Je vous ai fait l'histoire des sept planètes et des folies sans nombre auxquelles elles ont donné naissance . Gardez-vous de sui- vre leurs inspirations ; gardez - vous de souil- ler vos mains par l'effusion du sang, et vos lèvres par des baisers impudiques . Que la Vie et que l'arge de la Vie soient célébrés à jamais ! La Vie est pure dans toutes ses œu- vres, ainsi que le peuple des Nazaréens . La Vie est pure. Amen.

�151 152 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. CHAPITRE XVIII. Au nom de la Vie souveraine , aie pitié de moi , et exalte - moi , Seigneur , Berheio , fils des puissants, notre père ! Voici le mys- tère, voici le secret de la splendeur , créa- tion de Mano, le créateur des flanibeaux lu- mineux et des Jourdains . Parmi ces Jour- dains, il en est un , le seigneur de tous les autres , qui , secondé par une puissance mys- térieuse, a donné naissance à Netufto , divi- mité souveraine , éternelle . Netufto à son tour a appelé à l'existence le Seigneur très-haut, le maître de tous les génies ; celui - ci est le père de tous les apôtres envoyés pour an- noncer la bonne nouvelle . Son fils est Leh- doio, le seigneur de toute justice , qui a don- né le jour aux enfants bien -aimés de la pre- mière Vie. Tous debout devant son trône adorent et célèbrent par des actions de grå- ces Mano, le seigneur tout - puissant. Alors celui -ci leur dit : Levez- vous , allez dans le puissant Jourdain, dans ce fleuve limpide , appelez à l'existence le fils unique , formé sur un modèle impérissable , et qu'il est im- possible de concevoir. Il sera doux , hum- ble, tranquille et pacifique, et en tout point semblable aux génies qui habitent dans la lumière . A ces paroles, ils se levèrent tous, et réitérant leurs actions de grâces, ils lui répondirent Ce que tu nous as ordonné est juste et raisonnable. Ils se levèrent donc, et allèrent au Jourdain , à cette eau lim- pide , où ils appelèrent à l'existence le Fils unique, formé sur un modèle impérissable et impossible à concevoir . Lehdoio , sei- gneur de toute justice, issu d'un autre Leh- dojo, également seigneur de toute justice, qui avait reçu l'existence de la vie . Ainsi fut accompli ce qui avait été ordonné . Alors Ja Vie première se leva, et adorant le puis- saut seigneur Mano, elle dit : Voyons, don- nons l'existence au Fils unique , au seigneur Lehdoio, au seigneur de toute justice , issu d'un autre Lehdoio ; alors Mano lui répon- dit Va, revêts-le d'une étole de splendeur, couvre sa tête d'une tiare de lumière et de santé . Et la Vie reprit : Lève - toi, monte, et vois, ô notre Père , dans quel endroit incer- tain, cette création nouvelle se trouve . Et Mano répondit : Où trouver un génie plus puissant ? qui a plus de génies que toi à sa droite et à sagauche? Et la Vie lui dit: Lève-toi , sois la majesté dans la majesté. Mano lui répondit : Est -ce la majesté, dont tu m'as parlé ? Alors arriva Farvanko , ap- pelé encore Adakas Malolo , qui dit au puis- sant Mano Lehdoio : Quel est ton nom? Com- me celui -ci gardait le silence , il lui dit une seconde fois : Quel est ton nom ? Il répon- dit alors : Je suis Kabi Talio Lehdoio , le seigneur de toute justice . A ces paroles , Adakos Malolo l'embrassant tendrement , l'introduisit dans le sanctuaire , et lui mon- tra la majesté dans la majesté , et toutes les merveilles qui s'y trouvaient contenues . Lehdoio admira toutes ces merveilles , et à cette vue , saisi de tristesse et d'une émotion profonde, il tomba la face contre terre, et adora. Puis il dit à Farvanko , appelé encore Adakas Zivo : Celui qui révélera aux en- fants des hommes , ce spectacle magnifique, ineffable, infini, ne verra jamais la lumière : celui qui aura gardé dans son cœur ces beautés admirables , sera reçu dans le sé- jour de la gloire et de la lumière , et habi- tera dans ma splendeur. Alors Kabi Talio répondit à Farvanko : Qui arrachera le fétu de mes yeux , qui soulèvera le poids dont mon cœur est chargé? Oui , je parlerai de toi à la Vie , ta mère, j'appellerai sur toi son bienveillant souvenir. Alors Kabi Talio des- cendit dans le séjour de la première Vie, et lui dit Réjouis - toi dans le fond de ton cœur, et conserve le souvenir de ce que mes yeux ont vu . Et la Vie lui répliqua : Qu'as- tu donc vu? Et il lui répondit : J'ai vu la splendeur des splendeurs , et la lumière des lumières ; j'ai vu la clarté la plus pure et la plus éblouissante, à sa droite des mille mil- lions de créatures , à sa gauche des myria- des de myriades. Alors la Vie première se leva, et au milieu des majestés qui forment sa cour elle livra son cœur à tous les mou- vements de la reconnaissance . En enten- dant les actions de grâces qu'elle lui adres- sait , Mano appela à sa droite et à sa gauche des mille milliers de créatures , et adressant la parole à Farvanko qui , debout se tenait de- vant lui, il lui dit : Où est Kabi Talio ? Qu'on l'amène immédiatement en ma pré- sence. Farvanko lui répondit : Il sera fait comme tu l'ordonnes . Et prenant congé du roi de la lumière , il vint au séjour de la première Vie , et demanda : Où est Kabi Talio ? Où est Lehdoio , le seigneur de toute justice ? La Vie première lui répondit : Il est monté au séjour qu'habitent les créatures de la lumière, où quelques génies ont réclamé sa présence , pour être conservées dans la justice . Alors Farvanko ordonna à la Vie de chercher Kabi Talio . Enfin , il arrive alors Farvanko s'inclinant devant lui , s'écrie : Heureux le lieu d'où tu viens , béni et célé- bré à jamais, c'est celui qui t'a envoyé vers moi. Puis le prenant par la main, il le con- duisit à Mano qui, l'accueillant avec bonté, et lui donnant un baiser, lui ordonna d'al- ler trouver les Nazaréens , dans le séjour des ombres et de l'eau noire , et de leur dire : Quiconque d'entre vous cherchera à l'exem- ple de Mano, votre maître , à propager la vérité , recevra le baptême de sa propre main , mais celui dont le cœur ne répondra point aux paroles , ne verra ni le séjour de la gloire, ni la demeure de la Vie . Malheur au Nazaréen qui sera trouvé trop lourd dans la balance de ma justice ! Heureux au con- traire celui qui soutiendra le flambeau scru- tateur de ma lumière ! A lui le prix et le repos éternel . Gloire et louange à la Vie in- finie ! la Vie est pure , pure en Javar Zivo, et tous ceux qui sont ses amis. Amen . CHAPITRE XIX . Au nom de la Vie souveraine, que le rè- gne miséricordieux daigne m'accorder tout ce qui peut m'être utile et profitable, à mot

�LIVRE D'ADAM. 154 113 1 Or, ce fils a son tour appela à l'existence- des enfants qu'il créa à son image, qu'il re- droite et à sa gauche , et auxquels il commu- vêtit de sa propre lumière , qu'il plaça à sa niqua sa justice . De leur côté, ces enfants de seconde création résolurent de donner Faisons-nous des créatures, comme la Vie l'existence à d'autres êtres ; ils se dirent : nous est faite à nous -mêmes. Ils allèrent donc trouver leur père , la Vie seconde et lui di- rent Donne- nous le pouvoir d'appeler à tre face, notre famille , qui nous soient sem- l'existence d'autres créatures, qui soient no- blables, qui chantent nos louanges , et soient appelés enfants de la paix. Alors la Vie se- conde communiqua au premier-né des en- fants de la paix et à ses pères , le pouvoir dire l'eau et le feu vivant, et elle lui dit : Va, mystérieux qu'ils lui demandaient, c'est-à- engendre des créatures semblables à celles que tu as vues dans le séjour de la vie , semblables aux enfants de la paix. Alors la première Vie sortant d'une méditation so- Donne une apparence de splendeur et de lennelle, dit à l'ange de la vie , à Juzatak : lumière aux quantités, qui gémissent dans répondit : Ce que tu veux m'ordonner je le monde des ténèbres . L'ange de la Vie lui veux l'exécuter, et créer un monde, avant même que ces fils aient accompli leur des- sein ; avant qu'ils aient répandu le germe car je veux que ma famille soit créée la pre- qui doit donner la naissance à leur parenté ; contre ces créatures nouvelles, et m'a or- mière, car la vie m'a appelé, elle m'a armé donné d'aller en toute hâte dans ce monde, et m'a constitué le chef et le prince de tous ceux qui , fidèles observateurs du comman- dement de la Vie, sépareraient leur cause de celles des enfants des ténèbres . La Vie a- veau monde jaillisse de tes mains , pour ser- jouta : Hate toi , ange de la vie , et qu'un nou- vir de demeure à la vie. Après avoir dit ces paroles, elle lui donna un baiser et lui cum- vérité, dit- elle , sera désormais la gardienne muniquant la plénitude de la justice : La fidèle : observe seulement avec religion la parole , qui te sera révélée en ce monde , et la famille qui doit l'habiter. Tels sont les prends garde d'y conserver intact et entière ordres que la Vie donna à son ange , à luza- tak, surnommé encore lavar , Nemun , Nemat Heie , Dakar, Scheter et le Sauveur . Celui- ci , observateur fidèle, partit et créa un monde pour les fils de la paix, c'est -à-dire qu'il of- seconde avait donnée à un des enfants de la frit à son fils Fétahil la quantité que la Vie monde existant , féconde le néant de sa paix. Fétahil précipitant dans l'abîme le voix créatrice , et appelle à l'existence une nouvelle famille pour le séjour de la Vie. Au même instant, Ziv Késir et Néhur Férik recevaient l'existence; génies funestes qui interceptèrent à leur profit les généra- été interceptés . Après avoir créé le monde, tions de la Vie, comme eux-mêmes avaient anges pour être les serviteurs d'Adam et Fétahil façonna de ses propres mains des d'Eve son épouse. Il fit plus, il embellit PART. I. TEXTES DE L ANCIEN TESTAMENT. Adam Juhrum bar Scharat, à ma femme Mu- dalal fat Scharat, à mes enfants Adam , Beh- ram, Semat Adam Iuhrum, Sam et Bajan , fils de mon épouse Mudalal : à mon père lahia Baktiar bar Anhar Iasmin , à ma mère Scha- rat fat Anhar ; à mes frères Mehutam bar Scharat, Ram bar Anbar et Adam Juhano bar Anhar Jasmin , qu'il leur accorde à tous la rémission de leurs péchés, ainsi qu'à nos disciples les Mandaïtes qui , instruits de ces principes les auront mis en pratique au nom de la vie souveraine, la plus parfaite , la plus excellente, la plus élevée de toutes les créatures de la lumière, et la dernière de ses œuvres. Voici la doctrine mystérieuse, le discours de la lumière révélée , qui brille d'un éclat éblouissant, et dans laquelle le premierde tous a séparé Mano. Ayez con- fiance dans cette splendeur et dans cette lu- mière, au milieu de laquelle il a choisi sa demeure ; ayez confiance en ce Mano, habi- tant heureux de la gloire , et dont le nom mystérieux est Scharhabil . C'est de lui que vient toute splendeur ; c'est de lui que vient toate lumière . C'est de son âme que la splendeur a emprunté son éclat, et la lu- mière, sa clarté. Le sanctuaire de feu qu'il habitait s'est enflammé ; des sources bra- Jantes ont soudain jailli de cette fontaine , et une compagne de la Vie, Néra a reçu l'exis- tence . La vie elle-même a pris possession de toutes ces sources, berceau premier de sa compagne , et c'est par son aide , par ses secours puissants que celle-ci s'était deve- loppée et formée . C'est encore par la Vie, par son Verbe fecond , que la justice a pris naissance, cette justice éternelle, que rien ne peut égaler. La Vie a cru en son baptême, la Vie a cru en sa justice, et la prenant par la main et lui donnant le baiser d'amour et de satisfaction, elle se disait : C'est moi qui ai conféré la première le baptême , de tous ceux qui doivent croire en ce baptême et en cette justice. Quiconque partagera mes croyances, partagera mon héritage et pren- dra place sur mon trône, qui est le trône même de la Vie, du grand Mano, et du feu vivant . Elle dit encore : Je suis la Vie , cette Vie, principe nécessaire, source première de toute splendeur, de toute lumière , de toute perfection, qui avant tous ces étres subsistait en elle-même dans sa propre féli- cité . Or, cette Vie résolut d'appeler à l'exis- tence un fils , qui pût lui faire société . Elle connaissait déjà, elle avait désigné de toute éternité, ce fils , objet de ses prédilections ; elle connaissait encore de toute éternité les enfants auxquels ce fils chéri devait donner la naissance, et qui devaient être son sou- tien et sa consolation . Elle appela donc à l'existence ce fils formé à sa ressemblance , et le plaça dans sa propre demeure , jus . qu'au moment où à son tour il donnerait naissance à d'autres créatures . Quand la Vie eut produit ce fils bien-aimé, elle l'établit dans le Jourdain d'eau vive, émanant de la vie, le dota de justice, le revêtit de splen- deur, le couvrit de lumière, et le plaça dans sa : roore demeure, au-dessus du feu vivant .

�135 156 DICTIONMAIRE DES APOCRYPHES. leur demeure, donna la verdure eux monta- gnes à l'air ses habitants ailés, à la terre ses animaux sauvages, à la mer ses poissons ; il couvrit les campagnes de plantes utiles et d'arbres fruitiers, afin que l'homme et la femme trouvassent dans leur séjour tout à la fois ces aliments agréables et un spectacle délicieux ; rien ne devait leur nuire, tout devait servir à leur utilité ou à leur plaisir , et ce qu'il y avait de plus beau, et de meilleur dont la matière devait servir à leur image . Après avoir ainsi embelli le monde , séjour d'Adam, Fétahil lui donna un fils créé à son image comme Eve son épouse l'avait déjà été, et à sa ressemblance , et animé comme lui de son souffle. Or, les sept planètes es- sayèrent à imiter Fétahil ; mais ni Fétahil , ni les planètes ne purent donner l'anima- tion, la vie au corps d'Adam et Eve . Alors Fétahil alla trouver Abatur son père , et prit J'éon mystérieux que celui -ci lui avait don- né du séjour de la Vie. Ce génie, envoyé par la Vie, arriva à son aide , et souffla dans le corps d'Adam et d'Eve la puissance de la locomotion . Soudain, Adam ouvrant les yeux et les reposant sur Abel Zivo , com- mença à jouir de la vie. Alors, Fétahil et les sept planètes l'interrogèrent et lui deman- dèrent comment il avait reçu la vie . Adam leur répondit : C'est par la volonté du génie que la Vie a envoyé vers moi . Il ajouta : Je suis par la vertu de celui qui est ; Téon A- dakas est venu fondre sur moi , et m'a tiré du lieu d'où je venais. Alors Abel se montra à Fétahil, celui-ci voyant son œuvre perdue pour lui et en ressentant une douleur pro- fonde, s'écria Malheur, malheur à ces œu- vres dont tu t'es emparé ! Puis , laissant le monde qu'il avait appelé à l'existence , il alla trouver son père Abatur . L'éon su- prême indigné de ce vice le précipite dans l'abîme , jusqu'à la consommation des créa- tures. Et telle est l'origine des discordes d'Abatur et de Fétahil . Cependant plein de reconnaissance pour celui qui lui avait donné l'être et la vie , Adam s'inclina et ado- ra Adakas . Puis jetant les yeux autour de lui, il vit Eve parmi les êtres qui l'environ- naient, mais cette vue le couvrit de confu- sion, parce qu'il était nu . Alors Abel se dit en lui-même : J'irai et je couvrirai de vê- tements Adamet Eve , son épouse . Il les appela en effet, et leur donna à tous les deux des ceintures. Cependant Eve conçut et mit au monde un enfant ; car Adam, dans la vigueur de l'âge, s'était approché d'elle , et elle s'é- cria à cette vue : D'où vient donc cet enfant ? Comment a-t-il pu recevoir l'existence , sans le germe de l'homme , sans aucun des faits exterieurs qui accompagnent la conception? Et cependant sa voix est douce , et son vi- sage est gracieux ? Or , ce fils d'Adam et d'Eve fut appelé Abel par Adam. Celui-ci eut à son tour un fils qui se nomma Schetel , et Schetel engendra Enusch. Cependant Adam pensant au commandement qu'Abatur avait donné à son fils Haï-tahi , et qu'Abel leur avail communiqué, releva lui et son épouse, et ils quittèrent les vêtemerts dont Abel les

avait couverts, et qui cachaient le foyer de la vie, et ils se réunirent pour propager leur espèce ; et quand les neuf mois furent ac- complis, Eve , fécondée par un germe puis- sant , vit accourir à elle de nouvelles créa- tures, qui lui dirent : D'où vient Abel , d'où vient ce fils de la femme, né sans la partici- pation de son père ? N'est-ce pas cependant une loi absolue , nécessaire de la naissance des hommes sur la terre ? Puis Adam s'ap- procha encore de son épouse , qui enfanta après neuf mois deux jumeaux à la fois , un mâle et un femelle . Alors Abel dit à Adam : lève-toi, prends la laine des animaux qui doi- vent te servir de nourriture , et donne - la à Eve , ton épouse , afin qu'elle te fasse, pour toi et pour elle des habits pour cacher votre nudité. Et , en effet, Adam prit cette laine et la donna à son épouse ; celle-ci la fila et en fit des vêtements d'après l'ordre de Fétahil. Quand elle eut ainsi fait des habits pour se vêtir, un lit pour se coucher, les sept pla- nètes survinrent, et mettant en œuvre tous les secrets de leur art ténébreux , elles s'ef- forcèrent de pervertir Adam et Eve et de les détourner de l'obéissance qu'ils devaient à l'homme nouveau , de la foi qu'ils lui avaient promise. Dans ce danger pressant, l'homme nouveau eut pitié de ses enfants . Non- seu- lement l'ange de la Vie fit entendre sa voix au plus profond du cœur d'Adam , mais en- core l'éon Adakas dit aux sept planètes et à toutes les créatures conjurées contre le premier homme Venez toutes , venez ; es- sayez contre Adam et Eve le pouvoir de votre secours mystérieux , et replongeant Adam et Eve dans un sommeil léthargique , il ajouta : Voyons si tous vos secrets pourront les réveiller. Mais , malgré leurs efforts réu- nis , jamais ils ne purent ni ouvrir les yeux d'Adam , ni faire mouvoir ses pieds , ni ou- vrir sa bouche , ni étendre son bras pour prendre de la nourriture . Ainsi , Adam res- tait immobile, et Eve n'était pas fécondée . Mais moi , Adakas, je viens faire cesser cet état léthargique ; à ma parole , la vie revient dans l'homme et la femme, et l'embryon est formé. C'est moi qui ai façonné ses yeux, qui ai pétri sa cervelle , qui ai arrondi sa tête et tracé les contours de ses traits . C'est moi qui ouvre sa bouche et anime sa langue . C'est moi qui fais battre son cœur et inspire ses sentiments . C'est moi qui fais exister l'enfant dans le sein de sa mère , par ma vertu , par ma puissance ; ce ne sont point les efforts mystérieux des sept planètes ; ce n'est point l'esprit , création de Fétahil . Je nie le principe et la clef de tous les mystè- res ; le type premier du corps de l'homme , le propagateur véritable de la famille hu- maine. Sans moi , sans mon intervention , rien n'existerait, et l'enfant serait à jamais caché dans le sein de sa mère. Car tout l'art des sept planètes eût été inutile si je n'étais venu , si je n'avais fécondé, vivitié et tiré l'enfant du sein de sa mère . Cependant , Adam s'approcha une seconde fois de sa femme , et elle enfanta encore deux enfants, un mâle et un femelle . Elle conçut une troi-

�157 158 PART. I. -- TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT.- LIVRE D'ADAM. sième fois, et mit au monde trois enfants mâles et trois enfants femelles , qui furent les propagateurs de l'espèce humaine , et dont les noms sont écrits dans le Livre des Discours. Tels sont les commencements du monde, tels sont les premiers hommes, ap- pelés encore les élus et les bénis . Cepen- dant les sept planètes , plongées dans un morne silence , méditaient contre le fils de la lumière , de dangereux desseins ; réunies dans le séjour des ténèbres , dans un lieu où mon nom n'est jamais prononcé , elles se livraient à leurs projets ténébreux . Or mon nom est Adakas Mano , nom mysté- rieux, nom puissant . Le monde m'appelle Nebto , Tario Ferieto, Nehuro , Nemat Heie, Tano, Eschoto Haito ; mais il ignore mon véritable nom . Je suis Anathas Zivo ; mon origine est mystérieuse . Les génies , mes frères, enfants de la lumière , comme moi , qui me sont unis par les liens d'une étroite amitié, ont quitté ce séjour mystérieux et sont venus à moi , pour combler de tous les dons célestes l'enveloppe corporelle qui m'a servi de sanctuaire . Ils m'ont revêtu de splendeur ; ils m'ont entouré de lumière ; ils ont déposé sur ma tête une couronne d'innocence , et m'ont entin élevé jusqu'au séjour de la Vie . Alors, mes disciples, les pacifiques et les miséricordieux, ont reçu d'en haut le don d'instruire et d'éclairer les habitants d'un monde plein de mensonges et de prestiges. Cependant Adam, formé par les leçons d'Abel , s'écria : Bienheureux ceux qui resteront fidèles à Abel , Schetel et Anusch . Ils sont venus du séjour de la lu- mière , ils y retourneront un jour. Leur pè- lerinage sur la terre ne sera point marqué par les fautes et les erreurs de ce monde ; car, tout en vivant dans l'abondance des biens de toute sorte, ils ont cru s'abstenir de tout ce qui aurait pu souiller leur âme. Ils ne se sont point séparés du reste des hommes , cependant ils n'ont point marché dans leur voie , mais ils ont suivi celle que leur père leur avait tracée. Aussi , comme ils fuyaient avec soin la fraude et la malice, ils n'ont point eu de part à la contagion du siècle, et attaqués de toutes les manières par les sept planètes, ils ont remporté, avec le secours de leur père, sur elles , une vic- toire complète . Observez donc mes com- mandements , faites l'aumône, fortifiez-vous dans la foi , marchez en compagnie des trois hommes, et ne vous écartez point de leur doctrine. Or, Abel répondit à Adam : Adam, si tes enfants , en général , tous ceux qui devront naître de toi en ce monde , ne gar- dent fidèlement ma parole, il arrivera que , quoique laVie n'ait point créé ce monde pour les sept planètes, cependant elles profiteront de l'ingratitude de leurs esprits et ré- duiront leurs cœurs . Si , au contraire , ils mettent en pratique tes livres et tes exem- ples, alors quand nous quitterons ce monde, couronnés des lauriers que nous aurons conquis, nous serons accompagnés par les hommes justes , fidèles et miséricordieux, qui, loin d'obéir à la chair et au sang, n'ont écouté que notre voix ; el, n'enseignant que notre nom seul , ont accompli toutes les prescriptions qui leur avaient été imposées . Oui, ils monteront dans le séjour de la lu- mière, et ils y monteront par le chemin que nous avons tracé, par la voie que nous leur avons ouverte à travers la douleur et les an- goisses ; ils monteront à ce lieu de délices où ils jouiront de la même gloire que nous . Quand les sept planètes eurent entendu les recommandations qu'Abel prescrivait à Adam et à sa postérité, elles furent saisies d'indignation . L'esprit de Vénus , brisant le collier qui ornait son cou et la couronne qui entourait sa tête , s'écria : Donnez-moi la mission d'enlever et de perdre ce monde. Les autres planètes répondirent : Les en- fants des sept planètes se précipiteront dans ce monde avec les enfants des hommes ; et dès qu'ils seront parvenus à éveiller, à ex- citer leur orgueil , alors nous ferons ce qui leur fera plaisir, car nous sommes très- obligées. En entendant ces paroles , Abel et ses compagnons soufflèrent sur elles le feu de la discorde , et elles ne pouvaient s'en- tendre . Alors l'esprit et les sept planètes résolurent d'appeler à elles le messie du mensonge, qui devait persuader à toutes les créatures, à tous les habitants divers de la terre, à tous les enfants du monde , des lan- gues différentes , de corrompre la tradition orale . Mais au milieu de ce conseil des sept planètes, l'ange de la Vie se trouvait invisi- ble pour elles . Soudain , il va trouver ses enfants , affermir leur cœur, qui aurait pu Atre ébranlé, et les confirme dans la saine doctrine. Voilant en même temps la splen- deur naturelle de ces planètes , il éteignit le feu dont elles étaient entourées, et les livra à un autre feu , feu rongeur, tourment iné- . narrable . Ainsi furent prolongés les projets criminels des sept planètes et du Messie qu'elles avaient invoqué à leur aide. Cepen- dant, voulant donner aux heureux les pré- ceptes de la loi divine, j'appelai à moi les justes et les miséricordieux , et je leur dis en leur donnant le loi Mes bien-aimés, nourrissez-vous de tout ce que Fétahil a créé en ce monde : les fruits , les plantes , les animaux sauvages , les oiseaux du ciel , les poissons de la mer, tout est abandonné à votre usage ; mais rendez à votre Seigneur et votre Dieu ce que vous lui devez. Car, avant de recevoir la loi , Adam n'avait pas en- core pris de nourriture . Mais quand il eut la loi , Adam se leva avec toute sa fa- mille , et goûta de toutes les choses dont cette loi lui autorisait l'usage . Fétahil voulut encore qu'il pût se livrer sans crainte à ses penchants légitimes ; et nul être en ce monde ne pouvait nuire à Adam ou à sa race , soit parmi les fruits de la terre , soit parmi les oiseaux du ciel, soit parmi les bêtes sau- vages, soit enfin parmi les poissons de la mer. Or, Adam , pour harmoniser sa nature avec celle des êtres qui l'entouraient, eut toujours soin de prendre pour sa nourriture le mâle et la femelle de chaque espèce aussi bien des plantes que des animaux . Aussi reçu

�159 1GO DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. heureux que le monde sous la conduite du génie Félahil , qui daigna y placer son trone ! Ce monde n'était pas encore infecté le venin des sept planètes, et la terre par ignorant encore la tristesse , et la peine était encore une terre de lumière . Quant à l'es- prit et aux sept planètes, ils reçurent pour héritage le monde des ténèbres , ils furent destinés, eux et leurs créatures , à ne jamais voir la lumière . La Vie est stable dans sa demeure. La Vie est pure en toutes choses , ainsi qu'Abel , Schetel et Amesk. Gloire et louange à la Vie. Amen. Amen! CHAPITRE XX. Au nom de la Vie souveraine , la dernière , la plus parfaite des créatures de la lumière, la dernière de toutes ses œuvres . Salut, in- nocence et miséricorde me soient accordés à moi Adam Juhrum bar Scharat, à mon père Iahia Baktiar bar Anhar lasmin , à ma mère Scherat fat Anlar, à ma femme Mudalal fat Scharat , à mes frères Muhatam bar Scharat, Ram bar Anhar , Adam luhano bar Anhar las- min ; à mes enfants Adam Behram, Semat, Adam lubrun , Sam, et Baian , fils de ma femme Mudalal . Que les péchés leur soient à tous rémis ! La Vie règne dans la majesté; la splendeur dans le plus haut des cieux . Voici la doctrine mystérieuse d'Anusch , fils de Schetel , fils d'Adam, fils des genies et de la gloire. Je suis enfant du séjour de la lumière ; je suis un enfant d'une demeure ravissante, de la ville de toute félicité . Le génie Abel et Schetel, dans leur sagesse, m'ont appelé Lehdoio , génie supérieur , prince incomparable . Moi-même, juste ap- préciateur de mes conseils , je me suis nommé le génie bien-aimé , l'intelligence suprême qui embrasse le passé, le présent et l'avenir. D'autres m'ont encore appelé le génie Hadome, le Seigneur de toute justice; deux autres génies enlin m'ont honoré, l'un en me donnant le nom de fils explorateur, l'autre en me mettant à la tête de ses deux frères . Le premier, surnommé Sharhabil Zi- vo, m'a revêtu de lumière, et a daigné par moi éclairer de ses conseils mes frères . Le second , appelé Kahziel , a placé à la garde de ces anciens frères , des génies pour veiller sur eux, eloigner d'eux tout danger , et détourner toute calamité. Aussi a-t- on appelé ces génies Pères . Or un de ces pères , aimant son fils Anusch, lui dit : Va , splendeur première , qui t'es donné à toi - même la naissance, pour- suis lon œuvre , et conserve le zèle et l'ar- deur à qui tu dois l'existence . I appelle ensuite son fils Sehir Senier Zivo , qui était né de l'éon Sam Semiro , et il lui dit : Lève-toi, et charge de provisions de voyage le génie, ton père, ainsi que tes enfants ; revêts - les de la splendeur que je t'ai commu- niquée , et de la lumière, dont je t'ai entouré ; et enveloppe-les d'un manteau protecteur de flamimes , afin qu'ils partent, et sans craindre ni les dangers, ni les eaux de ce monde , ils aillent annoncer la parole de la Vie , et révéler les mystères de la Vérité . Car les dominations dece siècle roulent dans leurs esprits des projets ténébreux et mau- vais. Ils menitent, les mêines , de détruire mon œuvre , mais vains efforts ! Le Seigneur, le chef suprême et indépendant a dit : Vois le décret éternel , les trois génies descendront en ce monde , et propageront, dans ce séjour des ténèbres et de la mort , la race , le sexe et la parole de la Vie . Or les créatures qui s'y trouvent ne se doutent point de l'œuvre de miséricorde dont ces trois génies vont être les instruments ; à moi seul rien n'est caché . Car il a m'été révélé à moi , aux génies mes frères , et mes enfants, à ceux qui ont reçu la mission de porter la lumière dans les ténèbres , que quand la vie aurait été dé- posée au milieu de la terre , les âmes des élus, des prédestinés, des humbles, seraient élevées au séjour de la Vie , et que ces trois génies auraient les instruments de cette ré- génération glorieuse . Fondé sur cette réso- lution , l'ange de la Vie en a fait part à chacun de ses amis, et leur a dit : La mort règne dans ce monde où vous avez été . Mais voici que trois génies viendront du règne de la lumière pour vous annoncer la Vie, et vous préparer une demeure de gloire et de félicité. Or ceux qui croiront en cette pa- role de la Vie , qui lui rendront des actions de grâce , dépouilleront leurs vêtements de ténèbres , pour prendre un habit de gloire et de lumière . Il leur ajouta : Je vous ai parlé de la Vie que la Vie doit envoyer parmi vous; de la mort, des ténèbres , dans lesquelles vous êtes plongés. Sachez - le : ceux qui résteront dans leurs premier état , sans vouloir revenir à la lumière qui leur est montrée , ne verront jamais de leurs yeux le règne de la Vie , Les âmes de ceux qui , après avoir quitté le séjour des ténè- bres , abandonneront ensuite la lumière , tomberont dans des ténèbres encore plus épaisses qu'auparavant . Enfin l'ange de la Vie dit encore à toutes les créatures qui écoutaient et qui devaient écouter : Vous êtes toutes sujettes à la mort . Toutes , vous deviendrez ses victimes, vous qui à la vue du bonheur dont jouissaient les élus, mal- gré les prédications des trois génies , n'avez point ajouté foi à leurs paroles . Privées de la lumière que vous avez repoussée, loin de la vie que vous avez méprisée , plongées dans les abîmes des ténèbres , vous vous enivrez pleines de compassion en vous- mêmes . Pourquoi n'avons vous pas obéi à la parole que l'on nous prêchait , pourquoi n'avons nous pas suivi la voie que l'on nous montrait ? Vous direz : Nous avons entendu de nos oreilles ce qu'on nous annonçait mais nous ne l'avons point écouté Vous direz encore : Ah ! qui ira trouver nos enfants , pour les détourner de suivre notre voie ? qui leur répète ces paroles : Pourquoi faites vous les œuvres que nous avons faites? Ce sont ces œuvres qui nous ont précipités dans cette abîme de ténèbres . Ecoutez la parole des trois génies ; conservez la vie , et rendez témoignage de la Vie qui vient vous l'annoncer. Suivez , suivez la route qu'ils ont suivie, mais hélas, ils ne nous

�161 162 PART. I. LIVRE D'ADAM. - - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT . sera point permis d'aller vers nos enfants , de leur dire , que nous avons été jetées dans les abîmes , que nous avons été exclues pour toujours du séjour de la lumière , et que les portes des abîmes sont à jamais fermées sur nous ( 163) . Non , il ne nous est plus donné de remplir ce dernier devoir ! Jour et nuit le bourreau nous tourmente, jour et nuit on nous demande compte de ce que nous avons fait en ce monde . Ceux qui n'auront été pour leurs sembla- bles d'aucun secours , d'aucun objet d'édi- fication mourront privés de toute lumière, et parce que leurs œuvres auront été mau- vaises et souillées , ils seront réduits à l'état d'une chose vile , que l'on jette , et dont personne ne s'occupe ; mais vous, mes élus que vos œuvres soient immor- telles; alors vous ne périrez pas tout entiers . L'ange de la Vie dit encore au sujet des morts et des damnés : Oui, on punira les marchands, qui se seront associés d'intérêts , mais non de cœur ; on punira les frères qui se seront fait tort mutuellement, et n'auront point eu les uns pour les autres les égards que des frères se doivent . On punirà les nazaréens qui négligeant les paroles de la Vie , abandonnant la voie qui y conduit , auront suivi le sentier de l'erreur et du mensonge . C'est alors que leurs âmes, dé- solées , gémissantes, s'écrieront : Combien de temps encore, combien durera cette épreuve? Et l'ange de la Vie leur répondra : Chacun sera récompensé selon ses œuvres les na- zaréens et les impies . Alors les nazaréens se prosternant au pied de l'ange de la Vie, lui diront : Nous avons péché, entraînés et séduits par la méchanceté des anges de ce monde ; nous avons failli , daignez nous pardonner nos péchés ! délivrez - nous , ange de la Vie ! délivrez-nous de ce monde , séjour de ténèbres , dans lequel nous avons été jetés . Mais l'ange de la Vie répondra à toutes ces âmes plongées dans les ténèbres : Eh quoi! vous avez été baptisées en mon nom, vous avez été marquées du signe de Vie , et vous vous êtes écartées du chemin de la Vie, Vous avez marché au Jourdain au nom de l'esprit et du Messie , et vous voulez que je vous pardoune ? Mais s'il est parmi vous des âmes qui , fidèles à la Vie , ne se seront pas laissées séduire par les erreurs et les ballu- cinations de l'esprit et du Messie ; ces âmes , dis-je , recevront la récompense de leurs œuvres en ce monde . Mais à tous ces impies à quelque secte qu'ils appartiennent, qui auront été marqués du sceau de l'esprit et du Messie , adorateurs des divinités de ce monde, l'esprit et le messie diront : Vous tous, nos fidèles adeptes , nous vous intro- duirons dans un lieu de délices , où vous goûterez une félicité inaltérable . Mais l'ange de la Vie leur répondra : Ce jardin de délices où vous deviez parvenir, ce sont les ténèbres dans lesquelles vous êtes plongés ; voilà désormais votre demeure , c'est là que vous devez goûter cette félicité que l'on vous a promise. De jour en jour, de mois en mois, d'année en année, ces âmes seront tour- mentées davantage, etvousresterez enfermées dans ce lieu de désespoir jusqu'au grand jour du jugement, jusqu'à l'heure de la de- livrance . Mais écoutez - le : Quand le ciel et la terre seront consommés , quand la terre et les cieux , quand la demeure que vous habi- tez et qu'habitent les sept planètes , les apostats, l'esprit, le Messie , le soleil et la lune seront détruits , de même que ces sept planètes, et tous ces génies du ipal, seront anéantis , ainsi seront anéantis tous ceux qui auront professé le culte de ces anges des ténèbres. La mère de l'esprit elle - même, qui vous a révélé le mystère de la mort, la mère de l'esprit dis -je, périra . Pour vous après la mort, vous tomberez dans les ténèbres éternelles, car j'ai tout fait pour vous : Je vous ai appelés à une vie, qui ne connaît point de mort , à une lumière, qui n'a point de déclin . Je vous ai dit : Revêtez-vous de splendeur ; enveloppez -vous de lumière , marchez dans la voie de la Vie, je veux vous conduire dans un sentier où la mort n'est point à craindre où les ténèbres ne sont point à re- douter. Or vous ne m'avez point obéi, et la parole des génies n'a point été de votre goût. Non -seulement je vous ai parlé ainsi , mais vous avez entendu les mêmes exhor- tations de la bouche des enfants d'Adam et d'Eve, qui mettant leur confiance dans la Vie vous ont exposé sa doctrine ; qui vous ont annoncé la parole des trois génies aux- quels ils ont eu confiance; qui ont préféré la vie à la mort , et la lumière aux ténèbres ; qui enfin , par l'effet de cet amour se sont re- vêtus de lumière et de splendeur, et ont marché dans le sentier de la vie . Or vous avez été rebelles à leurs voix. Vous êtes ce- pendant des enfants d'Adam comme eux; pourquoi donc avez vous méprisé leur parole? pourquoi n'avez vous pas pris la route qu'ils vous indiquaient ? Maintenant, en suivant la route que votre cœur a choisie , vous êtes arrivés auprès de votre maître ; je veux que vous obteniez ce qui a su gagner votre confiance. Ces âmes folles de douleur et de rage mourront, seront consumées, périront, s'é- teindront enfin comme une lampe privée de l'huile qui l'alimente . Malheur à qui l'on pourra adresser ces reproches ; on ne fera pas plus de cas d'eux que d'une chose vile. et sans prix. Ceux qui commettront le meur- tre, qui verseront le sang des enfants des homines, qui les traîneront en esclavage , qui vendront ce qu'ils n'auront point acheté à prix d'argent, ou acquis par leur industrie ou leur commerce , qui pénétreront de force dans les maisons , et en violeront la sainteté , qui libres eux - mêmes n'auront point honte d'avoir des esclaves, celles aussi qui libres elles -mêmes s'entoureront d'esclaves , les hommes qui seront adultères, les femmes qui manqueront à la foi conjugale , tous ceux (163) Que d'allusions évidentes dans tout ce passage avec les paroles des damnés , des prophètes , es celle du mauvais riche du Nouveau Testament! DICTIONN . DES APOCRYPHss . I. G

�165 164 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . qui exerceront une domination tyrannique , qui lèveront une main coupable sur leur père, et pardonneront à un fils coupable, tous ceux - là, dis-je , verront tout échouer entre leurs mains ; rien ne leur réussira ; tout tournera à leur ruine. Ceux qui ont imité les œuvres abominables des anges re- belles, seront tous consumés, avec les dieux des ténèbres , avec leurs générations mau- dites. Puis le génie suprême, continuant ses exhortations , dit aux génies placés sous ses ordres , en les bénissant : Je vous bénis de la même manière que les pères bénissent leurs enfants . Allez dans le monde , jugez et prononcez sur le sort de toutes les âmes qui se trouvent dans le séjour des ténèbres et de la mort . Or, toutes celles qui écouteront avec soumission et respect la parole de la Vie, qui vous auront été fidèles, sortiront de ce lieu de misère et de désolation pour aller habiter dans le séjour de la Vie. Pour vous, dit -il, en s'adressant aux trois génies , Abel , votre frere aîné, sera votre maître et votre juge en ce monde ; heureux celui qui écoutera sa doctrine et obéira à sa parole ! Le génie supérieur dit encore aux trois gé- nies : Allez, retournez dans le lieu d'où vous sortez, parce que la Vie vous a préparé un temple rayonnant de splendeur et de lu- mière ; allez en toute conscience, et quand votre œuvre sera accomplie, votre visage rayonnera d'une clarté ravissante , et vous siégerez sur des trônes élevés au- dessus du monde, des génies et des rois ; allez donc , et soyez les prédicateurs et les apôtres de ia Vie. A votre parole, les âmes qui croiront monteront dans le séjour de gloire qui leur est préparé ; vous y viendrez vous-mêmes, introduits par l'ange de la Vie , car c'est par vous que les âmes, se dépouillant de leur enveloppe de chair et de sang, parviendront à la lumière éternelle . Il est vrai que les sept planètes méditeront contre elles de si- nistres complots, mais elles trembleront à notre vue , et joignant l'hypocrisie à leurs autres forfaits , elles s'efforceront de prendre et nos dehors et notre voix..Mais ne craignez point, et n'ayez point d'émotion. Elles di- ront Jetons le trouble par nos caresses , par nos séductions trompeuses , dans le cœur de ceux qui ne sont pas à nous ; entourons-les de notre amour, de nos fa- veurs, afin de les attirer à nous . Alors Abel le juste dit à ses frères, à ses enfants : Je vais me présenter au milieu d'elles . Elles me mettront à leur tête et m'adoreront com- me leur seigneur, et me promettront des sa- crifices , je les abandonnerai tout à coup à elles-mêmes. Alors pour elles désolation et désespoir , et cette désolation les séchera, et ce désespoir les consumera. C'est ainsi que je prédisais ce qui devait arriver à mes en- fants. J'allai donc, et je vins trouver les pla- nètes . Celles - ci accoururent à moi , et me dirent Viens, seigneur, toi qui es le sou- verain maître des dieux et de tout l'univers. L'esprit lui-même, tressaillant d'allégresse , vint à moi et me dit : Viens, tu seras le prince de ce monde . A ces paroles , l'esprit, aussi bien que les sept planètes , déposant à mes pieds les couronnes qui ornaient leurs têtes , se prosternèrent avec respect en me disant Accepte nos hommages et nos res- pects , accepte nos sacrifices. Alors je ré- pondis à l'esprit et aux sept planètes : Je ne viens point ici pour vous tromper, je ne viens point cacher ce que je suis. A ces mots l'esprit dit aux sept planètes : Cet hom- me n'est pas des nôtres ; il n'y a rien de commun entre lui et nous . Alors je cherchai à jeter le trouble dans son esprit, mais il ré- sista à mes efforts . Allons, dirent -ils , lut- tons avec lui de finesse et de ruse ; triom- phons par nos subtilités. Et ils cherchaient à un'enlacer dans leurs discours fallacieux ; mais j'étais plus rusé qu'eux ; ils avaient recours à l'adresse et à l'astuce , j'étais plus astucieux; ils employèrent la science et la sa- gesse , etje me montrai plus sage et plus sa- vant. Ils me dirent enfin : Raconte-nous ton histoire , et chante avec nous le chant de tes triomphes . Et je leur fis entendre un chant plus suave que tous les chants ; et par ce chant , et par ma narration , je supplantai tou- tes les sept planètes . Alors je les couvris de honte, parce que mes paroles ne ressem- blaient en rien à leurs paroles, et que mes chants n'avaient rien de commun avec leurs chants . Alors , debout au milieu d'elles , je les accablai de mes reproches, je les cou- vris de honte ; puis je me levai et les laissai à leurs propres pensées . Quittant ensuite la forme corruptible, je pris la forme pure que mes pères m'avaient donnée, forme qui ne connaît ni corruption ni déclin, forme ex- cellente et sans pareille . L'amitié de mes frères eut toujours pour moi des charmes , mais ils ne cherchèrent qu'à surprendre le secret de cette forme sans pareille, ils se dirent : Comment extirperous- nous cette fa- mille ? détruisons ce monde, et elle sera anéantie. Ils le disaient, mais il ne leur fut point donné d'accomplir ce dessein. Ils di- rent encore, que cette famille périsse par le feu . Mais le feu ne fut point en leur puis- sance. Ils ajoutèrent : Employons l'eau , elle sera détruite . L'esprit dit alors : Alors, re- tenons nos voix ; mais les anges des sept planètes s'écrièrent : Vains efforts ! ni le fer, ni le feu , ni l'eau ne peuvent exterminer ce monde ni la famille de celui qui y règne . Mettons en œuvre le serment que nous te- nous en réserve dans nos trésors . Mais cette tentative fut encore inutile ; car, comme ils puisaient dans leurs trésors ce serment des- tructeur, la Vie se souvint de ses enfants , et vint à leur aide . L'ange de la Vie revêtit Abel de splendeur et de lumière , afin d'aller au secours des fidèles en butte aux traits de l'ennemi . Déjà il était parti, et les sept pla- nètes l'ignoraient encore . Cependant l'ange de la Vie dit au génie Schetel : Abaisse tes regards sur Anusch, ton fils, sur ton frère le plus jeune, sur cette forme de feu vivant qui vous entoure ; qu'il aille rejoindre Abel; bientôt moi -même je vous suivrai . Ne erai- gnez point le glaive que brandissent contre vous les sept planètes . Que votre cœur n'en

�TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT . LIVRE D'ADAM. L 165 1 160 eux, et je leur ai entendu dire bien souvent que le inal et la corruption règnent en ce monde ; comment donc , seul , pourrai-je en venir à bout ? Je parlerai en figure ; je me servirai de paraboles , et je dirai Mes frè- res, qui vous a conduits jusqu'ici ? Qui m'a envoyé dans la tente des méchants ? Je di- rai encore Pour quelle fin ce monde gran dit-il ? pour quelle fin domine-t-il ? Si mes frères étaient ici avec moi , je pourrais les interroger . PART. I. soit point ému. Car me voici : qui pourrait subsister devant moi ? Non, ne redoutez pas les efforts des sept planètes ; que votre cœur n'en soit pas effrayé. Car me voici : qui peut subsister devant moi? C'est moi que la Vie a placé à votre tête ; c'est moi qui vous ai donné la lumière et la vie. Toutes les fois que vous me chercherez , vous me trouverez ; toutes les fois que vous m'invoquerez, je vous répondrai , et je serai près de vous. Telles furent les paroles de l'ange de la Vie à Schetel . Schetel s'y conforma religieuse- ment. Alors Abel lui dit à son tour : Suis- moi! Anusch marchera après toi, et toutes les âmes des justes qui feront profession de la Vie, prendront le chemin que tu leur montreras, le chemin que nous a tracé l'ange même de la Vie. Quant aux hommes grossiers, mar- chant sur les traces des sept planètes, ils méditaient l'extermination de ce monde et des hommes d'élite ; mais leurs efforts fu- rent inutiles, car l'ange de la Vie était là . Ce- pendant les anges de la colère voyant que mal- gréeux la tranquillité était rendue au monde, et que les trois hommespuissants continuaient à l'éclairer de leurs lumières et de leur doctrine, ils allèrent trouver El -El, et lui demandèrent la raison de ce séjour prolongé de ces hommes puissants, et de l'impuis- sance où ils étaient eux-mêmes de nuire au monde. Puis les sept planètes prirent du le- vain de leur trésor gardé par Ram et Rud, pour tenter la race d'Adam ; elles espéraient pousser à bout la patience des fils de l'homi- me, les soulever et les détruire . Mais l'exé- cution de ce projet criminel ne fut point en leur puissance. Alors elles rassemblèrent les différentes parties du monde. Mais l'esprit s'irritant contre le seigneur, El - El , dit aux anges de la colère : Ordonnez à Daniel, le génie du feu, d'incendier le monde ; peut- être le monde ne pourra point résister à ce fléau . En effet , le feu fut envoyé ; mais par l'interposition de l'ange de la Vie, il ne par- vint pas jusqu'à eux, et le monde reprit sa première tranquillité, et il ne fut pas donné aux anges des ténèbres de le troubler. Alors les anges de la colère allèrent trouver leur seigneur et lui dirent : Faudra-t-il donc que ces hommes demeurent à jamais dans ce monde qu'ils éclairent de leurs lumières, et sanctifient par leurs exemples ? Alors ils prirent encore du ferment gardé par Schur- baï et Sharhabil, de la famille d'Adam; et ils le répandirent sur le monde, et le monde en fut troublé. Mais l'ange de la Vie, em- brassant Schetel, auquel il voulait donner une mission importante , il le revêtit de splendeur et de lumière, puis il le condui- sit par tout le monde, et le plaça dans le sé- jour où avait habité Abel . Puis révélant aux ames la doctrine de la Vie, il donna à Anusch le vêtement que ses frères avaient porté et il lui dit : Ne crains point ; je te laisse seul en ce monde, mais n'en sois point ému, car je viendrai bientôt à toi. Et Anusch se di- sait à lui-même : Je suis seul ici bas ; voyons comment je pourrai ôter le mal de ce mon- de ? Mes frères y ont été ; j'ai grandi parmi J'ai levé les yeux, j'ai contemplé cet uni- vers, le ciel et ses étoiles éclatantes, le so- leil et la lune, les anges dominateurs du ciel, les douze enchanteurs, signes briliants du zodiaque , que le soleil visite tour à tour dans sa course, et dans lesquels la lune s'arrête successivement . Ces anges com- mandent à l'eau , au vent, au feu, à la terre, et à tout ce qu'elle renferme , aux monta- gnes, aux mers, aux plantes et aux arbres. Qui me dira où toutes ces puissances ont puisé leur origine ? comment elles subsis- tent ? comment elles se soutiennent? Qui me dira les alternatives de l'aurore et du crépuscule , de la nuit et du jour ? La lune, les étoiles, tous les feux de la nuit ne pro- duisent point le bonheur de l'homme ; ce- pendant elles ont sur lui une grande in- fluence. C'est elles qui font le pauvre et le riche, qui, intervertissant les conditions, font de l'homme libre un esclave , de l'esclave un homme libre , séduisant les âmes des hommes, les précipitent dans les plus gran- des erreurs, et se les attachent pour la vie éternelle. En contemplant ainsi l'organisa- tion de ce monde, je fus troublé, et, me prosternant contre terre, je me dis en moi- même : Voilà des maux de toute espèce que mes frères m'ont laissés dans ce monde , et ils ne viennent point pour m'en retirer. Ce- pendant l'ange de la Vie m'a promis de ve- vir à moi, et il ne l'a point fait. Et ce souve- nir de mes frères m'était douloureux, parce qu'ils m'abandonnaient et qu'ils ne venaient point me délivrer. Me verra-t - on avec l'en- veloppe que mes frères m'ont laissée en ce monde, et dont les méchants m'ont chargé? Je les entends qui appellent à eux les an- ges de la colère . La Vie alors s'est réveillé et elle a suscité des hommes qui , prêchant la parole de la dernière Vie , annonçan la doctrine des trois hommes éminents, on reçu de la Vie un gage précieux . Mais qu'il sont nombreux, ceux qui s'élèvent con tr nous, qui nous méprisent et nous insulten t! mais leurs insultes sont sans effet ! leurs me- naces sont vaines ! Cependant ils médite nt. quelque projet criminel contre moi. Qui im- plorer ? en qui avoir confiance ? J'attends la venue de l'ange de la Vie ; je l'appelle de to us mes vœux, afin qu'il me vienne en aide, qu'il ine délivre, moi et mes frères, du glaive et du feu de ce monde. Quoique petit, je suis encore plus vieux que mes frères, et bier que le dernier venu en ce monde , je les sur passe tous ; cependant je ne suis pas aussi éclairé qu'eux . Les méchants conjurent contre moi , haïssant la Vie dont je leur pré-

�167 168 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. che la doctrine ; ils se disent : Dans ce qui resplendissent dans le ciel . Sachez -le , monde qui nous appartient, on n'annoncera les douze enchanteresses du zodiaque , les point la parole de la Vie ! Bien plus ils ont sept planètes que le ciel éclaire , si Fétabil appelé à eux les anges de la colère , et ils ne les avait façonnées de ses propres mains, leur ont dit : Descendez dans cet univers ! Ils si les astres du jour et de la nuit ne leur ont dit à Noé : Construis-toi une arche, portaient leur lumière , n'auraient jamais été mande auprès de toi un architecte , coupe le que ténèbres . Quand le soleil se couche , la cèdre du Liban, et recueille le bitume du lune commence sa course paisible et silen- mont Iatur, et , après avoir terminé ton tra- cieuse . Or Fétahil a fait que le feu , qui n'é- vail, fais entrer dans l'arche un mâle et une tait qu'obscurité, fût alternativement jour et femelle de toutes les créatures ; car nous nuit, pour servir aux hommes d'indication voulons écraser la tête des trois hommes et et d'époque, pour distinguer les années, les détruire leur forme matérielle . Les sept pla- mois et les jours . Voilà le premier mystère . nètes pensaient pouvoir meitre facilement à Parlons maintenant de la tempête et de exécution leur coupable projet ; mais elles l'eau , et révélons leur origine . Fétahil a savaient que j'étais en ce monde pour m'op- tiré , par la vertu de l'eau et du feu, deux poser à l'accomplissement de leurs projets anges pour régler ce bas monde , commander criminels . Elles essayèrent donc contre moi à l'eau et à la pluie, au froid et au chaud, ces secrets ténébreux de leur science diabo- à la faim et à la soif. Ces anges sont des ser- iique , et , me déclarant la guerre, elles s'ar- viteurs de Dieu préposés au feu . Sache mèrent contre moi . Quand je me vis ainsi maintenant quel en est la nature et quel entouré d'ennemis, je m'enfuis , et , levant en est le créateur. Fétahil a tout fait, depuis les yeux vers le séjour de la lumière, j'ap- l'herbe des champs jusqu'aux grands er- pelai à mon secours l'ange de la Vie. Alors bres dont les fruits servent à la nourriture il me dit : Je viens à toi pour entreprendre des créatures . Connais encore la source ce que tes frères ne pouvaient exécuter. Et mystérieuse de l'eau , de la vie , du feu éter- depuis ce temps , les yeux fixés sur la route, nel . Tout vient du séjour de la Vie . Quand je regardais si mes frères venaient à moi , si la Vie se mit à l'oeuvre , le feu vivant fut mo- l'ange de la Vie venait à mon secours . Tout difié et l'eau fut frappée de stupeur. Mais à coup je vis la porte du ciel ouverte ; un rien n'était éclairé des œuvres de Fétahil, nuage lumineux rayonnait dans l'espace, que son père avait envoyé pour créer le ciel objet de terreur pour toutes les créatures . et la terre. Il avait fait ce que son père lui En même temps l'ange de la Vie descendit avait commandé, et il avait confirmé les œu- jusqu'à moi. A sa vue, j'ouvris mes lèvres vres de ses mains . Voilà les mystères du pour célébrer le Créateur de ce monde ; puis ciel , écoute maintenant ceux de la terre. La je cherchai à redresser mon corps qui s'é- terre tire son origine de l'eau noire. Par tait prosterné devant lui, à rassurer mon quel secret? Tu vas le savoir : Fétabil partit cœur que la crainte avait glacé , et à forti- avec les anges qui lui servaient d'escorte . fier mes jambes qui fléchissaient en sa pré- Quand il fut arrivé à l'eau noire, son père sence. Cependant l'ange de la Vie me dit : lui dit : Condense la terre , et que la terre Petit Anusch, pourquoi t'affliges - tu ? pour- soit. Or Fétahil , docile à la voix paternelle , quoi ton cœur est -il ému ? pourquoi don- songeait à obéir à ses ordres, quand l'esprit nes-tu enfin partout l'apparence de la ter- et les anges qui l'accompagnaient lui di- reur et de l'effroi ? Et moi , je n'osai pas rent Etends le firmament et commande à répondre . Alors l'ange de la Vie me dit l'eau que la terre apparaisse ! Il leur répon- encore : Petit Anusch, ne crains rien ; tu as dit : Mon père m'a ordonné d'en agir ainsi, redouté les dangers de ce monde, je suis j'approuve donc ce que vous m'avez dit . venu à toi pour t'en délivrer. Ne crains Alors, prenant une parcelle du feu vivant , point les méchants, ne crains point les dé- il la jeta dans l'eau noire . Aussitôt la terre Juges qu'ils soulèvent sur ta tête ; car leurs efforts seront vains : il ne leur sera pas. donné de te faire aucun mal . Or je t'apporte de la splendeur , de la lumière , pour qu'elle soit ton espérance et ta force à jamais . Ta forme sera un jour semblable à celle de tes deux frères aînés , qui sont maintenant dans le séjour de la Vie . Quand les méchants vi- rent Anusch revêtu de cette splendeur écla- tante, de cette lumière radieuse que l'ange de la Vie venait lui communiquer, ils se dirent : Non, ces trois hommes qui ont paru par ce monde ne sont pas de simples inor- tels ; c'est une splendeur, une lumière in- carnée ; et telle est la forme que doit un jour avoir le petit Anusch. Et l'ange de la Vie s'écria : Je suis venu pour mettre à nu tous les mystères des ténèbres , pour démas- quer les génies répandus dans le ciel, ceux des brillantes étoiles et de tous les astres s'épaissit . Puis il creusa les vallées, souleva les montagnes , et répandit les mers, don- nant à chaque élément les créatures qui de- vaient y résider : aux mers les poissons ; aux vallées et aux montagnes toutes sortes de plantes et d'arbres ; et afin que chaque chose se perpétuât sur la terre , il déposa dans le sein de toutes la semence qui doit la reproduire . Il fit également les animaux mâles et fe- melles, aussi bien les oiseaux que les qua- drupèdes . Quand cette œuvre de création fut achevée , l'esprit et les anges, qui étaient avec Fétahil , ignoraient pour qui ce temple magnifique était ainsi préparé et orné . C'est pourquoi Fétahil dit à l'esprit et aux anges qui étaient avec lui : J'ai créé une forme masculine et une forme féminine ; la pre- mière sera appelée Adam, et la seconde Eve . Il ne me reste plus qu'à donner la vie et le mouvement à ces deux formes . Mais l'esprit

�169 170 PART. I. ― - LIVRE D'ADAM. TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. et les anges ignoraient les ordres que Fé- tahil avait reçus de son père Abatur au sujet d'Adam et d'Eve. Car, quand la terre fut ainsi créée et placée entre les eaux supérieures et les eaux inférieures, on ne put trouver l'eau suave parmi toutes les créations de Fétahil. C'est pourquoi l'ange de la Vie dit au petit Anusch : Je sais bien , moi qui suis envoyé parla Vie , que l'eau suave manque sur la terre . Aussi , voici les paroles que j'ai adressées à la Vie souveraine : Envoie-moi dans ce monde pour prêcher les paroles de la Vie, afin que , si ceux qui ne voudront point boire de cette eau salutaire et suave doi- vent périr ; ceux au moins qui en auront goûté puissent vivre àjamais . La Vie lui ré- pondit : Lève-toi , prends ta course vers la source de l'eau , détournes- en le cours, et que cette eau vive et subtile , tombant dans l'eau profonde , en adoucisse l'amertume en s'y mêlant, et que les hommes qui la boivent deviennent semblables à la Vie souveraine . A ce commandement Tavril détourna en effet le cours de l'eau subtile , et la dirigeant dans l'eau amère , il en adoucit l'amertume , en sorte que les hommes se réjouissaient en la buvant. Ensuite l'ange de la vie dit au petit Anusch : Quand l'ange de la Vie aura dévoilé le mystère du feu vivant à ceux qui ne connaissent ni l'esprit, ni les anges de ce monde, quand je vous aurai dit quels sont ceux qui sont préposés à sa garde, Vous serez alors tirés de ce séjour des ténè- bres . J'ai du reste enlevé le feu vivant c'est- à-dire l'âme des hommes au milieu desquels vous vivez, et les élevant jusqu'au séjour de l'éternelle félicité , je les ai rendus au feu qui est leur principe et leur fin. Je leur ai laissé cette forme, cette apparence lumi- neuse que Fétahil a obtenue pour eux , afin qu'il continuassent à éclairer le monde par sa grâce et par ses lumières . Voilà ce que j'ai fait afin que le monde ne pérft point . Car, si je n'avais pas laissé cette splendeur à Fé- tahil, si je l'avais enlevé ainsi que ses frères, peut -être ce monde aurait péri sans res- source ; et d'épaisses ténèbres en auraient obscurci la surface , et les cataractes supé- rieures, ou les réservoirs d'eau dont Fé- tahil a entouré l'univers, coupant leur di- gues, se seraient répandus dans le monde et J'auraient englouti. Si donc il n'avait point façonné la terre de ses propres mains , c'en aurait déjà été fait d'elle ; or, petit Anusch, je t'ai révélé le mystère des méchants de ce monde, dont la vue t'a pénétré de chagrin et d'effroi. Je t'ai fait connaître celui du ciel et de laterre, et de tout ce qui a été créé, ou qui doit l'être. Je t'ai donné, la splendeur et la lumière ; pour te servir de vêtement, que je t'ai apportée du séjour de la Vie , et que les méchants ont comploté, mais en vain , de te ravir. Je t'ai comblé de toute espèce de faveurs, afin que tu ressemblasses à tes deux frères qui t'ont quitté pour retourner au sé-, jour de la Vie. Je t'ai donné toutes les ver- tus, la prudence, l'intelligence , la sagesse . Il est temps pour moi de retourner au séjour de la Vie, mais ne crains point , je revien- " drai pour te délivrer du mal et du péché ; du reste la Vie a les yeux fixés sur toi , sur les justes , les fidèles et tous les saints, qui auront écouté religieusement ta parole . Bientôt je te tirerai de tous les périls qui peuvent t'entourer, et je t'amènerai de ce monde ténébreux au séjour de la lumière , par la voie qu'a suivie le juste Abel , Se- hetel et l'ange de la Vie lui - même . Après ces dernière paroles , l'ange de la vie quitta Anusch et retournant au séjour de la Vie, il prit place à côté de son père , sous les yeux même de la Vie, Puis Anusch se leva avec joie, et environé de splendeur et de lumière, orné de toutes les vertus , il brilla dans ce monde de l'éclat le plus vif. Cepen- dant les sept planètes, à la vue du créateur de l'univers , génies coupables qui déjà avaient formés contre leurs frères de crimi- nels projets , me voyant entouré de gloire et de lumières se dirent entre eux : C'est en fuyant, c'est en se cachant , que les hommes d'en haut out monté plus haut que nous . Nous ne les avons jamais connus . Les voici pourtant couverts de gloire et de splen- deurs qui nous apparaissent dans tout l'é- clat de leur triomphe. Ils sont frères . En vain nous avons essayé contre eux le meur- tre et le feu ; rien n'a pu les atteindre . Ils sont maintenant à l'abri de nos coups . Les sept planètes se dirent encore : Non , nous n'avons rien pu contre les hommes d'en haut, ils nous surpassent nous devons le recon- naître. Les eaux se sont débordées contre eux, et ils n'ont rien senti . Alors les sept planètes se dirent une troisième fois : Es- sayons contre eux le meurtre et le feu : mais efforts impuissants, ni le feu, ni le meurtre n'eurent aucun succès. La Vie est éternelle ; elle est pure dans toutes choses . Purs sont les génies d'Abel , de Schetel et Anusch ; pur est le peuple des nazaréens , des man- daïtes qui ont reçu le caractère indélébile de la Vie, et qui, baptisés au nom de la Vie première, ont confessé la foi de Javar Zivo. La Vie purifie . Amen . CHAPITRE XXII Au nom de la Vie souveraine , béni soit le nom d'Adam Juhrun bar Scharat, de mon père Iahia Baktiar bar Anhar, de ma mère Scharat far Anhar, de ma femme Mudala? fat Scharat , de mon autre femme Samro fat Scharat, de mes frères Muhetam bar Scharat , Ram bar Anhar, et Adam luhano bar Anhar Iarmin, et de mes fils Adam , Behram , Se- mat , Adamı luhrun , Sam et Baian, enfants de Mudalal à eux tous rémission des pé- chés auprès des princes et des génies , en- fants de la lumière . Je suis Anusch bar Schetel bar Adam, issu d'un sang royal , habitant d'un séjour de gloire et de lumière, et le premier d'entre mes frères , libre d'une liberté absolue ; je vas où me conduit mon désir. Je trône dans un lieu de splendeur et de lumière ; je pense , je parle selon ma vo- lonté ; je contemple ce monde , le ciel , la terre , le soleil, la lune, les étoiles qui se lèvent et se couchent , sans avoir jamais de

�178 172 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . V repos :je vois la lumière qui les environne , la vertu dans laquelle elles résident. J'a- baisse mes regards et je vois deux génies , l'un Kanuno, seigneur de la splendeur , formé à l'école des anges, des douze anges qui les conduisent sur la montagne des té- nèbres ; l'autre, Talicro, inférieur au pre- mier, également seigneur de la splendeur , que ces anges font entrer par la porte de Jasono, dans le séjour préparé au créateur du ciel et de la terre . J'abaisse encore mes regards, et je vois la grande porte de Bun Fuo , et des mille milliers de splendeurs de- bout à sa droite et des mille milliers à sa gauche et une de ces splendeurs rayonnait du séjour de la vie. Quarante-deux de ces splendeurs lui servaient de cortége . A la vue de cette splendeur, je tremblai de tout mon corps , et mes pieds ne pouvant plus me sou- tenir, je me prosternai la face contre la terre. Alors un ange de splendeur se levant, et me prenant par la main , me releva, et me dit : Viens, Anusch bar Schetel bar Adam, issu d'un sang royal, habitant d'un séjour magnifique, et le premier d'entre tes frères . Viens, je veux te dévoiler les mystères de la Vie souveraine, et te faire connaître les hauteurs de la montagne de Solitude . Viens , je te montrerai le ciel , que les hommes dé- corent de ce nom pompeux , mais qui n'est véritablement que ténèbres ; séjour qu'A- batur par la vertu et par le nom de celui qui a créé le ciel et la terre , a choisi pour demeure. Viens, je veux te nommer les étoiles qui brillent dans ce ciel , les douze anges, qui commandent à l'orient du ciel et à la terre, aux ténèbres et à l'enfer . Viens je te ferai connaître ce que les hommes ont appelé terre , mais qui n'est autre chose que l'eau ténébreuse , qui coule goutte à goutte d'année en année, de mois en mois pour frayer un passage aux hommes. Viens, jete découvrirai les mystères variés de l'aurore , qui donne aux uns de la tristesse aux autres de la joie ; principe de la lumière , guerrier matinal, négociateur plein de jeunesse et toujours prêt au départ ; fidèle gardien du temps, seigneur du trésor de la lumière , dis- pensateur de ses rayons , et que douze anges conduisent par la main à travers le mont ténèbreux de Tatur, jusqu'au séjour glorieux du seigneur de toute splendeur. Viens, je te dévoilerai encore les diverses phases de la nuit , principe de l'eau pure, négociateur plein de jeunesse, toujours prêt à partir, fi- dèle gardien du temps, seigneur des trésors de la lumière, et dispensateur de ses rayons, que douze anges conduisent par la main à travers la mont ténèbreux jusqu'a la porte de Jason qui conduit au séjour du créateur de l'univers . Viens, je te montrerai mes frères, mes élus, qui sont aujourd'hui sur la terre , mais qui à la fin de leur temps , quit- teront cette terre d'épreuve, pour monter au séjour de la sagesse , de la force et de la gloire. Là ils seront revêtus de splendeur, et cou- ronnés de lumière , et leurs jours s'écoule - ont au milieu des fêtes , des jeux et des vo- luptés. Pour nous, disons et répétons san " cesse : La Vie est stable est fidèle ; la Vie est pure en toutes choses . Amen . CHAPITRE XXIII. Au nom de la Vie souveraine, honneur et gloire à la lumière ! Lalumière qui est aussi vérité , n'éclaire que le séjour de celui qui l'aime. Tu es élu de Dieu. O toi, qui apprends à toute ta famille à suivre le sentier de la justice. a Tu es parfait, & juste, et il n'est rien de mortel en toi. Tu es la voie des pacifiques , la voûte qui conduit à la lumière. Tu es la vie éternelle, qui habite dans le cœur du juste. Malheur à celui qui n'écoute point la parole du Seigneur, et qui dans son pèleri- nage s'arrête dans des hôtelleries retentis- sant de chants impudiques. Tu es le bouclier et la cuirasse des paci- fiques, vérité qui n'a point d'erreur. Tu es prudence et suavité, sagesse , qui inspire la paix et la reconnaissance à tous ceux qui aiment ton nom. Bienheureux , Seigneur, bienheureux celui qui est docile à ta voix , qui marche dans les voies. Tu es un jour de joie , qui ne connaît ni deuil , ni gémissement. Tu es la couronne d'innocence que tu as,placée sur la tête de tes illuminés. Tu es la langue de la bénédiction , qui célèbre chaque jour la Vie. Tu es le premier des éons qu'a créés la Vie, et auxquels elle a donné l'intelligence . Tu es la lumière des parfaits , qui est venue illuminer le monde . Tu es le remède souverain des douleurs de tous ceux qui aiment ton nom . Tu es l'œil devant qui se dissipent les fausses apparences, et qui pénètre dans l'a- venir sans fin . Tu es le fruit de goût agréable , qui ne connaît point la corruption . Tu es la clarté première , la plante fé- condée au séjour de la Vie. Tu es la Vie première, que la Vie a ti- rée de son propre sein. Tu es le Seigneur des trésors que la Vie a confiés à ta garde. Tu as fait entendre ta voix, et les morts sont sortis de leur tombeau , et les infrmes ont recouvré la santé . ♫ Montre-toi propice aux élus et aux paci- fiques , dont le cœur est la demeure de la vérité. La Vie est pure , et pur est celui qui est venu dans ce monde. CHAPITRE XXIV. C'est l'air qui fait vivre la terre et tous ses habitants ; mon cœur est éprouvé par les élus. Je suis élu ; je marcherai à la lumière de la Vie, qui me protége et m'environne de toutes parts. Tu es l'homme nouveau qui as fait naître en moi l'amour des nazaréens , et qui t'es montré bienveillant à mon égard en rappelant mon nom devant la Vie . . J'ai été éprouvé par la Vie , et elle m'a trouvé juste.

�173 174 PART. I. - - LIVRE D'ADAM, TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. J'ai brisé le sceau de la terre , et j'en ai parcouru toutes les parties . J'ai visité la de- meure'des bons génies . Je suis le père et le fils des élus. J'ai vu la Vie , et la Vie a daigné jeter ses regards sur moi. Mes provisions de voyages m'ont été fournies par l'homme nouveau . Tel a été et tel sera le bon plaisir de la Vie. Elle a prédestiné tous ceux qu'aime l'homme nouveau . La félicité est pour les bons , la joie pour l'homme juste . Je l'atteste , mon âme est une émanation du séjour de la Vie . > Sa splendeur a brillé d'un plus vif éclat, et la lumière ne m'a point manqué . Moncœurabénila Vie, etlaVieme comptera au nombre des siens. J'ai conservé avec soin les biens que la Vie m'a donnés . J'ai brillé de la lumière même de la Vie, et elle m'a fait participer à sa propre splen- deur. Cette splendeur est pour moi un re- mède , cette lumière est mon plus ferme appui. La Vie est pleine de bienveillance pour tous ceux qui aiment son nom . Ma bouche bénit la Vie , qui m'a compté au nombre de ses enfants . J'ai prêté l'oreille aux discours des gé- nies , mes frères; j'ai jeté mes yeux sur eux. Je me suis approché d'eux , plein de force et de confiance . ◄ Schumaï , Nedbaï et Fervanko m'ont scellé du sceau même de la Vie . La vérité de la Vie, voilà quelle est ma couronne. La Vie souveraine sera propice à tous ceux qui sont marqués du sceau de la Vie. Bienheureux les élus et les pacifiques , en qui la vérité habite . La Vie est pure pour celui qui est venu jusqu'à vous . CHAPITRE XXV. Au nom de la Vie souveraine , gloire et honneur à la Vie. Je suis venu comme une perle précieuse ; j'ai illuminé les cœurs plongés dans les té- nèbres. 2 La splendeur a paru , et la lumière a été faite . Je me suis moqué des sept planètes , pour ce qu'elles avaient médité , et ce qu'elles avaient fait. J'ai habité dans le séjour même des sept planètes , et elles ne m'ont point re- connu . Bonheur aux élus , qui aiment la Vie . 1 Malheur aux sept planètes, qui cherchent à séduire les élus . La splendeur est la lumière primitive, qui n'aura jamais de déclin . La Vie est la première Vie , qui sera terrible. Heureux celui , qui aura écouté ta voix, el aura suivi tes sentiers . Oui , je l'aflirme, mon âme est une éma- nation du séjour de la Vie . Elle est belle et pure la couronne que Dieu a placée sur la tête du génie Abel. Mon cœur a recherché la Vie , la Vie ms. recherche à son tour. Du jour où Abel m'a appelé à l'exis- tence , j'ai célébré dans mes actions de grâce le séjour de la lumière . Son bonheur est la première félicité, celle dont les génies sont heureux. Ceux qui fréquentent les portes des sept planètes, n'entreront jamais dans les voies de la justice. La doctrine du nazaréisme est d'une profondeur infinie . Le fruit en est suave et immortel. J'ai entendu la voix de la Vie au milieu des oints du Seigneur. Cette voix est la voix souveraine ; elle se fait entendre , et tout se tait devant elle. Le sceau dont la Vie est marquée est le plus mystérieux et le plus sublime. Celui qui écoute la parole de la Vie, habitera au séjour de la Vie. La lumière est une porte agréable ; elle ne connaît point de fin . La Vie est pure . CHAPITRE XXVI . Au nom de la Vie souveraine . Le prince Artel a pris son vol ; c'est par lui que doit avoir lieu la consommation du monde. La maison menace ruine , et les biens sont sujets à être enlevés . a L'injure faite par une créature, est faite en même temps à toutes les autres. Elle est semblable aux mauvaises vignes qui ne produisent pas de fruits. Les sourds - muets soupçonnent tou- jours les autres hommes. Malheur au jour néfaste , qui ne luit en ce monde que pour les avortons. Ceux qui auront semé l'iniquité , récol- teront une moisson de mensonges . Ceux dont le cœur est rempli de ténè- bres , ont les yeux aveuglés , et ils ne ver- ront pas la lumière. Ceux qui ont embrassé l'erreur , n'en- treront point dans le séjour de la lumière . Ceux qui seront gravement affectés, se lamenteront chaque jour davantage . > Les douze étoiles et tous leurs disciples seront jetés dans l'abime où ils seront rete- nus éternellement . Ceux qui aiment les disputes , ne mon- teront jamais au séjour de la lumière . Ceux qui cachent leurs péchés perdent leurs âmes . Ceux qui sont infatués de leur propre mérite , ne prennent aucun soin de leurs femmes . L'homicide est un poison mortel . Les bons secours sont comme des eaux profondes qui ne se tarissent jamais. Ceux qui n'ont sans cesse que le mensonge sur les lèvres, ne voient jamais que le mal. Ceux qui sèment au milieu du monde et en public , voient leurs fruits se sécher. P Ceux qui retiennent les dehors de la justice, s'emparent du bien d'autrui . Qu'ils sachent , ceux qui prennent plaisir

�175 16 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . à contempler leurs corps , que ces corps ne sont que pourriture, proie future des ténè- bres. Se coucher et se lever, telle est la vie de l'homme sur la terre . L'homicide prend la porte de la mort. La Vie est pure. CHAPITRE XXVII . Au nom de la Vie souveraine , hommes Justes, fidèles, perspicaces , clairvoyants, je vous ai parlé dans mes prédications de tous ceux qui se sont séparés de vous, et ont abandonné ce monde de misère et de ténè- bres ; je vous ai parlé d'abord du roi de lu- mière, à qui soit honneur et gloire à jamais , des génies, des Jourdains et des majestés de tous les rangs . Je veux maintenant vous instruire sur les créatures de ténèbres , et sur celui qui en est le seigneur et maître . Ce sont des créatures hideuses et terribles ; des créatures à la forme malheureuse et maudite. Elles vivent en dehors des créa- tures de la lumière, loin de l'univers , dans un état digne de pitié. Du reste il y a une distance inlinie entre la terre des ténèbres et la terre de la lumière ; elles diffèrent essentiellement . Les ténèbres sont mau- vaises par leur propre nature ; et ce qui les anime est dans une rage perpétuelle , rusée, subtile ; mais ignorant le principe et la fin de toute chose . Du reste il n'y a que le roi de la lumière qui sache ce principe et cette tin, qui connaisse le passé et l'avenir. Il voit celui qui tombe dans le péché , mais sa volonté n'est point qu'il y tombe. Il dit : Garde-toi d'écouter Satan , l'ennemi acharné du monde, qui pèche par la force de sa na- ture ; car sa nature est mauvaise de toute éternité. Les créatures des ténèbres sont nombreuses, elles sont presque infinies . Je vous le répète , le séjour des méchants est vaste et immense . Nulle clarté n'en illumine les profondeurs . Les malheureux qui y ha- bitent ont pour nourriture la terre , pour désaltérer leur soif ils ont l'eau noire de l'enfer. Et, de cette même eau noire, le roi des ténèbres règne en tyran sur ces malheu- reux. Les ténèbres l'investissent et consti- tuent sa nature entière . Après avoir passé par les différentes phases de l'enfance, de la jeunesse et de l'âge viril , il a engendré des inille milliers de générations, et des myria- des d'enfants de colère et d'abomination . Aussi c'est lui dont le génie ténébreux a donné l'existence aux fascinateurs , aux diables, aux démons, aux esprits des étoiles, aux démons femelles, aux fantômes, aux spectres, aux avares, aux archontes , aux mauvais anges , aux exacteurs, aux sicaires, aux tympanistes, aux magiciens , aux en- chanteurs, aux sorciers, aux devins , aux satans de toute espèce . Toutes ces figures des ténèbres sont hideuses : elles diffèrent entre elles de genre , d'espèce , et de sexe ; et sont mâles ou femelles suivant les ténèbres qui les constituent . Mais tous ces êtres sont indistinctement obscurs, ténébreux, noirs, ignobles, rebelles , colères , superbes, pleins de fiel, contumaces, insensés, dans un état enfin de corruption abominable, et d'abomi- nable puanteur. Quelques-uns sont de plus muets , sourds, ventriloques, murmurateurs, amis des désordres et des guerres civiles . D'autres sont oppresseurs , excitateurs au mal, violents, piquants, colères, efféminés, sanguinaires , aimant à semer partout l'esprit de division , capables d'allumer les incendies. Ceux - ci sont sourds , trompeurs , pleins de fraudes, rapaces , rusés, magiciens , chal- déens , ouvriers de toute ruse , architectes de toutes mauvaises machinations , se plon- geant dans les meurtres , versant sans misé- ricorde le sang des hommes, inventeurs de toute action abominable , sachant toute es- pèces de langues et connaissant le passé et le présent. Ceux-là rampent presque sur leur ventre ; se glissent dans l'eau comme des serpents , se contractent , se meuvent comme des reptiles à plusieurs pieds, et sout armés de dents affreuses et redoutables . Les fruits de leurs arbres n'ont d'autre goût que celui du fiel et du venin ; leur verdure est comme le naphte et la poix. Or, le roi des ténèbres porte sur lui quelques -uns des traits qui caractérisent les créatures , ses sujets . La tête du lion , le corps du serpent, les serres de l'aigle , le dos d'une tortue , les mains et les pieds d'une sauterelle ; il ram- pe, glisse sur le ventre, marche sur les ge- noux, s'avance sur les pieds ; il rugit , il hurle, il crie , il siffle . Il connaît de même toutes les langues, et cependant sa science n'est que folie, son intelligence, que con- fusion ; tout est chaos en lui . Quoiqu'il igno- re complétement les choses passées et futures, il sait cependant ce qui arrive à ses créatures et dans les limites de son royaume. Du reste, il est plus puissant que toutes ses créatures, plus immense qu'elles toutes en- semble, plus robuste et plus fort . A sa vo- lonté il peut tour à tour cacher ou manifes- ter sa pensée . Nul parmi les générations auxquelles il a donné l'être, ne peut se sous- traire à la séduction de sa parole . Il ras- semble selon son bon plaisir, les diables, autour de lui , se métamorphose à son gré, il grandit son corps , il se rapetisse ; il prend la forme masculine ou féminine , et, par les ressources de son art , par les secrets féconds de ses enchantements, remplissant le monde de bruits par sa voix, ses vapeurs, son ha- leine, ses yeux, sa bouche, sa main, de son pied, de sa force , son fiel , sa colère sa pa- role, de terreur, son tremblement, ses mu- gissements, il épouvante toutes les créatu- res des ténèbres . Car sa figure est hideuse, son corps empesté, sa face contournée , et ses lèvres, d'une épaisseur monstrueuse , n'ont pas moins de cent quarante -quatre parasanges . L'haleine de sa bouche rougit le fer, et la vapeur qu'il exhale fait bouillir l'eau . Quand il lève les yeux , tout le monde tremble ; quand ses lèvres s'ébranlent, les montagnes sont agitées. Or, roulant dans son esprit des projets téméraires, il se disait

�177 178 PART. I. -- LIVRE D'ADAM. -- -ភ Mo

115 TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. à lui-même, montez, considérez les créatn- tures des ténèbres , combien elles sont infi- nies ; puis, se gonflant d'orgueil à cette vue, il ajouta : Qui est plus grand que moi, plus noble, plus excellent, plus puissant ? qui pourra me vaincre, qui pourra me surpasser en force ? Non, il n'est point mon pareil. Qui en effet serait plus puissant que moi ? Qu'il vienne, qu'il s'approche , je me lèverai, et je le combattrai , et il verra ce qu'il y a de force en moi ! Cependant il se cacha à la vue des créatures de la lumière apparaissant au loin sur les confins du royaume des tè- nèbres et de la lumière ; il se cacha comme les étoiles du firmament à un premier rayon du soleil , même la lune, à ce reflet de la terre de la lumière , comme les lumières de ce monde aux feux éclatants du jour ; et plein d'affliction et de colère , il s'écria : Pourquoi cette cruelle vision ? Pourquoi suis-je enfermé dans ce ténébreux séjour ? Séjour affreux, épouvantable, où ma nourri- fure est l'eau noire , eau bourbeuse et fétide . Je m'élèverai à cette terre si brillante, j'at- taquerai et j'en vaincrai le roi , et lui arra- chant la couronne de la tête, je la placerai sur la mienne ; et je deviendrai ainsi l'ange du ciel et de l'abîme . Il ajouta encore : Je me couvrirai de son vêtement , je prendrai sa nourriture ; sa boisson deviendra la mienne ; je détruirai sa demeure et j'habiterai à sa place. Car, y a-t-il quelque chose de plus fort que moi ? Qu'il se présente, et je l'exter- minerai . Enflammé de colère , il voulut dé- vorer toutes les créatures. Mais, aveuglé par a fureur, il heurta et chancela dans sa route . Cependant en un clin d'oeil il est aux extré- mités de son royaume ; et, faisant dans un seul jour une route qui demanderait cent années, il arrive aux dernières profondeurs de l'abime, Là, voyant au loin l'éclat du ciel, il voulut s'échapper de son cachot éternel , et, revêtant une forme lourde en apparence , il chercha une issue pour sortir, et n'en put pas trouver ; il chercha un chemin , et nul chemin ne s'offrit à ses yeux. Car la hauteur du ciel est infinie , et les enfants des hommes , les animaux qui vivent dans les profondeurs de l'abîme n'ont pas le droit d'en combler la distance. Cependant, frémissant de son impuissance, il écume comme un lion; il aspire après une proie , et il s'agite dans une anxiété infinie ; il hennit , il hurle, il ru- git. Les créatures de la lumière , en enten- dant ces hurlements épouvantables, en voyant les contorsions de l'ange de l'abîme , en contemplant ses légions rassemblées , souffraient comme le corps souffre quand un de ses membres est démis , comme l'écho répète le son qu'on lui confie. Alors la voix du souverain roi se fit entendre ; elle dit Aux créatures et aux majestés des génies : Apaisez-vous , ô génies ! et calmez-vous ; que la rage impuissante du démon ne trou- ble en aucun point votre placide tranquil lité . Qu'il se réplonge dans ses abîmes ; ses pensées ne sont que vanité , et ses projets ne réussiront jamais. Que la Vie soit connue et célébrée. La Vie, la Vie est pure . Amen . CHAPITRE XXVIII. Au nom de la Vie souveraine , les explica- tions seront données aux élus, et les révé- lations leur seront faites . Voici que je vais leur parler de l'univers et des actions des imposteurs . Prêtez votre attention à ce que je vous dirai des créatures de la lumière , et de tout ce qui est en eux. Je vous ai parlé des créatures des ténèbres , de leurs querel- les, de leurs divisions éternelles . Je vous ai parlé du roi souverain de la lumière, dont la puissance est infinie, de la terre de bénédiction, et des génies et des rois qui l'habitent , de ce séjour sublime situé dans un univers au -dessus de l'aquilon , source inaltérable de l'eau vive, qui inspire une joie éternelle à toutes les créatures, de la splendeur du soleil, de la douce lumière de la lune , de l'éclat des étoiles, de la clarté du feu , source de l'air vital du nord, de ce souffle agréable, père de tous les autres, qui réjouit et recrée toutes les créatures . Car si cet air un seul jour cessait de fécon- der le monde, tous les mortels qui couvrent la face de l'univers mourraient aussitôt . Si Vous me dites que le vent du nord n'apporte à la terre que frimats et froidure , sachez que rien de nuisible ne peut venir des ré- gions de la lumière ; sachez que sur la terre , il y a des montagnes hautes et escarpées , où se forment la neige et la grêle , qui tom- bent de ces montagne et se liquéfient l'hiver et non l'été. C'est de-là que vient le vent glacial , toujours gros de tempêtes ; l'homme qui se trouve sur son passage devient bien- tôt un cadavre immonde , car ce vent est mortel. Mais les douze étoiles enchanteres- ses sont impuissantes à nuire au fils du sep- tentrion ; car il n'y a là rien d'obscur , et les ténèbres y sont plus claires que le soleil lui- même. Cependant les étoiles sont elles- mêmes illuminées, mais leur éclat n'est que d'emprunt, elles n'ont point de lumière par elles - mêmes. Car toutes les créatures croient que le septentrion est élevé , comme ils re- gardent le midi abaissé sous leur pieds ; car c'est au midi que demeurent les enfants des ténèbres . Un océan immense enve- loppe tout l'univers, à l'exception de la par- tie septentrionale où se trouve l'eau vivi- fiante , dont la source est au séjour même de la lumière , au pied du trône de Dieu . Toutes les créatures en rendent témoignage , même les créatures stupides, et qui ne compren- nent point ce qu'elles attestent. Outre le vent du nord, il y a encore d'autres vents . Un vent brûlant qui pénètre les murailles les plus épaisses, traverse les portes , et souffle la pluie et les inondations . Car c'est d'un torrent sans cesse en ébullition que s'échap- pe sous les fondements des montagnes une vapeur d'eau chaude , qui liquéfie les glaces et les neiges de ces montagnes. Le torrent qui échauffe la terre des ténèbres s'appelle l'eau de Sivea, et l'eau Noire . C'est à l'aide de cette vapeur empestée que l'eau vive, et toutes les sources qui s'échappent du sein des mers , se trouvent tellement cor- rompues, que nul mortel ne peut en boire

�179 180 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHIES. impunément. Voici ce que l'on raconte de cette eau noire et torrentielle : elle bouil- lonne et se trouve dans un continuel état d'agitation ; malheur à qui l'approcherait de ses lèvres ; malheur à qui oserait s'y plon- ger ! L'odeur même en est morbifère ; elle rend l'homme imprudent paralytique . Voici maintenant comment les habitants, de la terre sont distribués sur sa surface : ceux qui sont élevés , c'est - à-dire , dans les pays septentrionaux , sont blancs de peau, ceux qui demeurent dans les pays situés au midi sont noirs, et d'une forme abominable, comme les démons . Car, quiconque a de l'intelligence , ne doutera pas un seul ins- tant que les créatures de la lumière n'habi- tent dans les pays septentrionaux, et qu'el- les ne sont ni dans le firmament ni dans l'univers. Car si elles se trouvaient dans le firmament , comme il périra avec la terre , leurs demeures périraient également . Ce n'est point là, non plus , qu'est le trône du roi de la lumière, car il serait comme s'il n'était pas . Cependant les tènébres se sont répan- dues sur les hommes, et leurs voies ont été obscurcies et ébranlées . Je résolus donc de détruire les voies de ce monde , et de ses habitants ; je décidai de les faire tous périr dans les eaux d'un déluge . Car à mesure que leurs générations se multiplient, leur malice s'accroît dans une proportion effrayante . Faites donc attention, aux élus , instruisez- vous par l'exemple du passé , et que l'in- nocence des mœurs vous ouvre l'entrée du séjour de la lumière . La Vie est pure . Amen . CHAPITRE XXIX . Bénis Au nom de la Vie souveraine . soient les noms d'Adam Iuhrum bar Idiarat, de mon père lahia Baktiar bar Anhas Ias- min, de ma mère Scharat fat Anhar, de mes frères Mahatam bar Scharat, Ram bar Anhan, Adam luhano bar Anhar Jasmin , de ma femme Madalal fat Scharat , de mon autre femme Samro fat Scharat , de mes fils Adain , Bahram, Limat , Anam Iuhrum, Sam, Baïan, enfants de ma femme Madalal. Au nom de ceux qui vivent dans les hauteurs sublimes au milieu des élus . Au nom et par la vertu de la Vie souveraine, nouvelle, excellente , dernière de toutes les créations . Au nom de Ja Vie seconde de luschamin , à la pureté sans tache, de la troisième Vie Abatur, dont le nom est l'ancien des anciens. Au nom et par la vertu de l'ange de la Vie , la plus par- faite des créatures de la lumière . Au nom des génies Schelmaï et Deddaï , qui sont pré- posés à la garde du Jourdain de la Vie et du grand baptême de la lumière, qui rendent témoignage aux âmes , et les signent du ca- ractère de la Vie. Au nom d'Abel, de Schetel et d'Anusch, trois fils de la famille vivante, Jucide , splendide , admirable et d'une gaîté perpétuelle . Nous prenons à témoin nos disciples contre les mandaïtes des deux sexes, et leurs enfants, qui , tout en connais- sant leurs devoirs, ne viennent point au jour du soleil, et à la première lumière du jour à la synagogue , n'observent aucun or- dre, ne pratiquent aucune vertu , sont sans religion , ne se conforment point à la doc- trine révélée, n'observent point les lois de la justice, malgré les préceptes , ne baptisent point leurs fils , et ne revêtent point leurs filles du caractère de la vie ; sans foi pour , la Vie souveraine et première , ils sont sans pitié pour les affligés et pour les pauvres, et manquent au plus sacré de leurs devoirs en ne conduisant pas la synagogue , à l'au- be du jour du soleil leurs femmes et leurs enfants . Mais d'un autre côté , nous prenons pareillement à témoin les mandaïtes fidèles de l'un et de l'autre sexe , leurs fils et leurs filles, qui aiment leur Seigneur, rendent té- moignage à la Vie souveraine et première, qui a été et qui sera ; baptisés dans les eaux du Jourdain, marqués du signe de la Vie, ils se rassemblent dans la synagogue à la première heure du jour du soleil, conser- vent ces ordres admirables dans leurs réu- nions, dans leurs prières, écoutent avec at- tention la prédication de la doctrine , s'ins- truisent et se corrigent mutuellement, bap- tisent leurs fils et leurs filles, les marquent du signe de la Vie , et , pleins de confiance dans la vie souveraine et première , condui- sent leurs femmes et leurs enfants dans la synagogue à la première heure du jour du soleil , et y envoient leurs serviteurs, sans faire la réflexion impie que le temps consacré à la prière est un temps perdu pour eux. Nous prenons encore à témoin la Vie souveraine, première, excellente , su- prême ; la Vie seconde Iuschamin à la pu- reté infinie , la Vie troisième, Abatur, l'an- cien, le sublime, le mystérieux , l'aîné du monde ; Medbaï et Schelmaï, les préposés du Jourdain , les seigneurs du baptême de la lumière , qui sont chargés de rechercher et de recueillir les âmes ; l'apôtre Tetahil , nommé encore Gabriel, qui , par la vertu de la Vie et des génies Abel, Schetel et Anusch, encore appelés Nubr, Rusch et Raut ; par la vertu de la Vie et la parole de ses pères, a étendu le Ciel , l'espace , sans avoir be- soin de colonne pour les soutenir, a conden- sé la terre de fluide qu'elle était, a attaché les étoiles au firmament, et a donné à la terre les plantes de toute espèce qui en font l'ornement et la vie , au soleil sa splen- deur , à la lune sa paisible et blanche clarté, acrééAdamparlavertude lavie, etluia donné Eve pour compagne et pour femme , les bénissant eux et toutes les créatures qui en devaient naître , afin que leur race ne pérît point en ce monde. En effet , cette race est encore celle des mandaïtes , de tous ceux qui, à leur baptême joignent les bonnes œuvres, les bons offices, les uns pour les autres , le témoignage de la Vie , la prédica- tion de l'ange de la Vie , la foi dans les trois hommes nouveaux , et la conduite enfin des vrais enfants de la lumière. Voici mainte- nant les prières ardentes qu'en humb.es disciples nous adressons au ciel : Que l'an- ge de la Vie nous arrache à ce monde plein de malice , qu'il vienne au moins habiter parmi nous, qu'il soit notre soutien et notre

�181 182 PART. L.TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. LIVRE D'ADAM. guide, notre consolateur et notre sauveur; qu'il nous délivre de la tyrannie des sept planètes, de tous les maux qui peuvent nous menacer et en ce monde , des dessins pervers des méchants, des langues médi- santes des traîtres, plus mielleuses que le suc des fleurs, mais plus piquantes que l'épée, de la verbérance de l'arme et de la mort éternelle. Et de même que la bénédic- tion a été donnée à la terre quand elle a été conservée par la main de Fétahit , au ciel, quand il a été étendu sous le nom de fir- mament, au soleil devenu roi du jour, à la lune , reine de la nuit, aux étoiles resplen- dissant au firmament, au vent plus de force , à l'eau vive , aux fruits de la terre, au pre- inier Adam, à Eve son épouse , à ses fils et petits-fils , aux apôtres, aux prophètes, aux élus, aux pacifiques, bénédiction qui a eu pour but d'appeler la lumière sur leurs hommes, leurs fils , leurs filles , leurs acqui- sitions, leurs négoces, leur terre, leur eau, leurs animaux , leur fortune, leur semence, leurs grains, leur champ, leur ville. Que l'ange de la Vie devienne pour nous dans ce monde pervers , l'hôte , le soutien , le con- solateur des mandaïtes, en sorte qu'ils ob- tiennent de lui ce qu'ils demandent, qu'ils trouvent ce qu'ils auront cherché, et qu'en faveur de leur mutuel amour, il leur accor- de tout ce dont ils auront besoin . Quant aux Inandaïtes qui s'insurgent contre le nom de l'ange de la Vie, qui manquent de foi et de confiance en lui , ils sont semblables à des arbres mauvais , qui boivent l'eau vive, mais qui ne donnent point de fruits, ils sont sem- blables à des loups ravissants, à des lions dévastateurs . Du reste, ceux qui ne s'as- semblent point dans les synagogues , qui ne pratiquent aucune vertu, qui n'observent point la justice, dont ils connaissent les de- voirs, qui ne payent point fidèlement la dime, qui n'envoient point leurs femmes et leurs fils aux synagogues, qui ne baptisent point leurs fils ni leurs filles à la première heure de jour du soleil , et ne leur confè- rent point le caractère de la Vie ; les man- daïtes qui se marient à des femmes adonnées au culte des douze portes , ou celles des mandaïtes qui prennent des maris adonnés aux mêmes abominations, sans que ni les uns ni les autres cherchent, par de sages insi- nuations, à s'attirer à la foi véritable , et à préférer la vie à la mort, la lumière aux té- nèbres, les bons aux méchants, ce qui est doux à ce qui est amer, lejour à la nuit, le jour du soleil à celui du sabbat, le naza- réisme au judaisme, le sublime à l'infé- rieur, le Jourdain d'eau vive à l'eau des té- nèbres ; les disciples indociles à leur mat- tre ; et sans attention pour les leçons qu'il donne; tous ceux enfin qui ont méprisé la parole de la Vie pour aimer celle des ténè- bres , qui haïssent la vie de la Vie et chéris- sent celle des ténèbres ; qui détestent la splendeur de la lumière , et lui préfèrent le séjour desténèbres; qui , rejetant les douceurs de l'eau vive du Jourdain , désirent l'amer- tume de l'eau des enfers; contre tous ceux-là, dirons-nous , infidèles de toute espèce, nous prenons à témoin la Vie souveraine , pre- mière, Juschamin , le père des éons, à qui est confiée la garde des eaux pures et pro- fondes de la lumière ; Abatur, l'ancien, le très-haut, le mystérieux , qui du haut de son trône élevé, voit tout et connaît tout , qui découvre tout ce qu'ont fait ou feront les créatures et les générations ; qui , pré- posé à la surveillance de tous les animaux tempère , avec une équité infinie, toutes leurs actions ; nous prenons à témoin Abel , Schetel et Anusch, le soleil et son éclat resplendis- sant, la lune et sa pâle clarté, le jour du so- leil , la parole et les commandements de la Vie, tous les disciples fidèles dont le carac- tère de vie fait la beauté, les prières, les discours, les paroles , les rayons de splen- deur , enfin tout ce que nous avons reçu de lumière en ce monde , sous quelque forme que nous l'ayons reçue ; le génie Anusch, qui est venu habiter parmi les vrais disci- ples, pour les arracher aux mauvais génies, leur donner le pouvoir de précher, de con- naître et de croire ; nous prenons à témoin le soleil et sa plendeur, la lune et sa pâle clar- té ; le vent et sa suavité, le feu et son éclat, la terre et ses productions, le ciel et ses ima- ges , les fidèles de ce monde , la synagogue et les disciples qui la fréquentent , le jour du soleil, la doctrine de la justice , les sources du Jourdain et tous ceux qui viennent s'y faire baptiser et se faire marquer du signe de vie. Nous en appelons à tous ces témoins, témoins véridiques, contre tous ceux qui , révoltés contre l'ange de la Vie, refusent de se faire baptiser et marquer du signe de la Vie, et qui sont aussi loin du sentier de la justice que de la voie de la vérité.Je vous le dis , ô mes disciples , à vous et à tous ceux qui ne croient point ou qui ne pratiquent point : Ceux qui s'abstiendront du péché , après en avoir été avertis , rendront hommage à l'ange de la Vie, le premier des apôtres, et accompli- ront fidèlement les commandements de leur seigneur et maître , ceux-là obtiendront la rémission de leurs péchés . Mais ceux qui n'agiront pas de la sorte , ils n'ont rien à es- pérer , et leurs péchés ne leur seront point remis ; loin d'en obtenir le pardon , il les leur faudra expier avec la dernière rigueur. Mais qu'ils soient vigilants sur eux-mêmes , attentifs et plus fidèles observateurs de la loi, et ils auront auprès d'eux un éon qui les en- couragera et les soutiendra contre les artifices incessants des sept planètes ; et pour eux , pour leurs femmes , leurs fils et leurs filles, tant passés que présents et futurs, les péchés seront à jamais remis . Il en sera de même des mandaïtes, mes disciples ; à eux et à tous les fidèles les péchés seront remis. La Vie est pure dans toutes ses œuvres. Amen . CHAPITRE XXX. L'esprit, ses fils et ses filles , et toutes les choses sujettes au péché. Dans tous les siè- cles des siècles. Amen . Au nom de la Vie . Cette doctrine est le mystère du génie Nébat ; c'est par lui que les génics ont reçu le germe , l'accroissen ent

�183 184 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . et la plénitude de l'être . Il a parlé une pre- mière fois, et sa parole féconde a appelé huit cents génies à l'existence . Deux d'abord apparurent, l'un appelé lavar, l'autre Halito . Dans une seconde création , Iuschamin et Schar Zivo s'échappèrent de ses mains . Une troisième donna naissance aux génies bien aimés, aux élus, aux pacifiques et auxdoux : les noms de ces génies sont : Sar et Semir , qui reçurent en même temps chacun une de- meure particulière . Tous ces génies gran- dissant et se développant se rangèrent à la droite et à la gauche de Nebat , et ce puis- sant créateur les couvrit de sa gloire . Créa- tures brillantes, glorieuses et sublimes , elles n'empruntent rien du sang et de la chair et elles ne sont point sujettes à la corruption . Après cette première création , lavar Semir seleva,etditàsonpère:Toiquiaslavie, tu es mon père très-glorieux , tout-puis- sant, infini . Grande est la splendeur de ta main droite , grande est la splendeur de ta main gauche ; tu es environné de lumière ; le Jourdain d'eau vive coule sans cesse de vant toi et pour toi . En entendant ces pa- roles , la Vie sourit avec bonté à lavar Zivo , et mettant une couronne d'innocence sur sa tête, il lui révéla sa doctrine . Ce fut dès- lors Albuschan Malolan . Ce fut encore Ma- lalo di Heie . Alors la Vie première se leva de son trône . Mais Malalo se prosternant de- vant elle comme devant son père , lui dit : Que tes œuvres en ce monde soient confor- mes à tes idées éternelles ; et sois - moi tou- jours favorable. Loin de toi de concevoir quelque chose de mal . Que mes bénédic- tions se réalisent et que les plaines de l'é- ther se peuplent des créatures de la lumiè- re. Je suis Bar lavar, je t'ai appelé à l'exis- tence par la vertu de mon père . C'est par son ordre que j'ai ajouté les ornements à tout ce que sa pensée avait conçu , et rien n'a été fait sans lui . Si tu accomplis à ton tour les ordres que je te donnerai, ton cu- vre prospérera, et ton image resplendira d'un éclat radieux et les génies sublimes que tu as engendrés seront élus et jouiront d'une paix éternelle ; cependant tu n'en brilleras pas moins , et l'éclat de la postérité ne fera qu'augmenter le tien . A ces paroles , les en- fants que la Vie avait engendrés se levèrent . Elle-même quitta son trône , et fécondée elle se mit en mesure de créer. Elle établit d'a- bord cinq cent soixante Jourdains : à chacun elle préposa deux gardiens , deux génies appelés Adatan et ladatan. Elle créa en mê me temps huit cent mille myriades de gé- nies et une foule innombrable de génies furent baptisés par elle dans le Jourdain . Or, tous ceux qui furent baptisés par elle et qui reçurent de sa main le signe de la Vie, furent au nombre de huit cent mille myria- des, ils furent en même temps établis dans la splendeur de la Vie . A leur tour ils se propagèrent, et chacuu donna l'existence à trois cent soixante créatures de la lumière. Or toutes ces créatures occupaient chacune le génie à qui elles devaient l'origine , et elles l'établirent chefet principe d'un mon ie . infini. Mais comme des myriades de génies avaient fixé leur demeure dans le monde de la Vie et dans le Jourdain , où ils avaient re- çu d'ailleurs le signe de la Vie, ils en re- poussèrent en même temps la haine , les disputes, les dissensions , les guerres, les tumultes et les divisions. L'eau de ce Jour- dain, au contraire, illuminée , fécondée par la splendeur que Nébal faisait jaillir sur elle , brillait du plus vif éclat, et donnait naissance à un nombre infini de créatures, issues ainsi de l'union intime de l'eau et de la splendeur de la Vie . L'eau devenait semblable à la splendeur, la splendeur à l'eau , et la région du Jourdain fut dès lors un séjour incomparable , et ses habitants beaux , couronnés de gloire , féconds et res- plendissant de lumière . Leurs formes s'har- monisent dans une ineffable union . Là plus de guerre, plus de ruses ourdies par le père des génies , plus même de splendeur découlant de luschamin, la Vie seconde . Là plus de cet orgueil superbe des grands génies contre les petits ; chacun, au contraire, humbles , sou- mis l'un pour l'autre, se communiquaient leurs lumières . A la vue de ces enfants de bénédiction , le Très-Haut tressaillit , et ceux- ci à leur tour tressaillaient d'allégresse et bénissaient le Seigneur leur Dieu, qui leur avait préparé ce bienheureux séjour . Alors la Vie première fit venir le génie lavar Zivo , et rappelant dans un seul nom les célestes rythmes de neuf cent mille myriades de gé- nies, leur donnant en plus une forme adaptée à ce nom, elle leur dit Vas , présente-toi dans cette forme aux regards de luschamin, la seconde Vie ; nous verrons ce qu'il dira et ce qu'il pensera . En effet , lavar s'en alla et se présenta devant la seconde Vie , en di- sant : Iuschamin, fils de Demutheje , mon père m'a envoyé vers toi . Mais la Vie pre- mière, qui est ton père, m'a fait cette re- commandation , elle m'a dit : Que luscha- min ne sache point qui tu es. En effet, la splendeur de la forme que la Vie première avait donnée au génie lavar , remplit d'ad- miration et de stupeur tout le séjour de lus- chamin ; son trône en fut ébranlé , et les légions qui se tenaient devant lui tremblè- rent. Pour lui , il voulut se lever, mais ses forces défaillirent, et il ne put envisager cette forme resplendissante . Son cœur fut ému et abattu. C'est pourquoi Javar, qui savait ce qui se passait dans le fond du cœur de Iuschamin, voila sa face ra- dieuse , détourna les yeux de la seconde Vie, et le prenant lui-même par la main, il dit : Du courage , mon fils , vois enfin la gloire et la splendeur d'un père plus glo- rieuse, plus splendide que la tienne. La Vie n'a pour toi qu'un bon souvenir . Elle m'a envoyé , moi son fils, vers toi , aussi son fils , dans ce lieu dont la majesté impose . Maintenant écoute ce que la Vie veut que je t'apprenne : Je suis ton seigneur et ton naitre Alors Fuschamin répondit : La Vie ne me connaît pas , comment pense -t- elle à moi ? Elle ne m'élèvera jamais jusqu'à elle , car je n'ai point de splendeur , et là lumière

�185 PART. I. 186 - LIVRE D'ADAM . ___ TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. ne m'environne point. Cependant lavar a fait qui gardait en ce moment le silence . Alors devant la Vie l'éloge de luschamin , et la ces trois tils de la Vie seconde dirent à leur Vie lui a exposé avec bienveillance la doc- père : Ce monde qui est si resplendissant de trine de la justice , doctrine qu'il a révélée gloire et de lumière est notre monde et le aussi aux génies ses enfants , qui trônent tien. Pourquoi donc n'y habitons - nous pas ? devant elle. Mais une seule pensée domi- Ils ajoutèrent : Pourquoi le séjour de la Vie nait dans l'esprit de luschamin : c'est qu'il n'est- il pas notre séjour ? Alors le père leur n'existe que ce qui est décrété , et l'être in- répondit : J'habiterai dans la demeure de la fini , sans bornes , ne se trouve nulle part. Vie ; arrêtez vous ici . Ils dirent : Nous ne Aussi la Vie ne se l'adjoignit point comme nous arrêterons pas dans un monde qui ne collaborateur dans l'œuvre de la création . t'appartient pas . Le père voulut les contrain- Cependant , c'était son fils ; elle ne s'irrita dre, mais ils opposèrent la force contre la for- pas trop contre lui. Mais elle sut , elle ce. Cependant c'était un mauvais conseil que lut dans son âme qu'il ferait un jour ce celui qu'ils voulaient lui donner; conseil , du qu'il avait décrété ; elle garda donc le reste , qu'il n'accepta jamais. Iuschamin silence , et résumant ses connaissances leur dit donc : Je me lèverai , j'irai au pied sous la forme de questions , elle se dit : du trône de la Vie première, et abandonnant Quand donc la Vie seconde donnera- t-elle ce monde je ferai ce que je voudrai , et je l'existence aux fils qu'elle a résolu de créer ? créerai selon ma volonté. Cependant la Vie Et lavar lui répondit : Ce qui plaira à la Vie, première, connaissant l'intention de la Vie la Vie le pourra faire . Pourquoi , & mon père, seconde , dit : La Vie seconde réussira dans adresses-tu des questions dont toi-même tu son œuvre une fois ; mais une seconde fois connais avant qui que ce soit la solution ? elle ne réussira pas. Cependant luschamin Alors la Vie lui répondit : Tu auras une ignorait cette parole de désaveu , et pour puissance sans bornes sur toute chose, et le ainsi dire de malédiction . Il se leva donc et revêtant d'un nouveau vêtement , elle ajouta communiqua sa splendeur , sa vertu , son à son nom de lavar celui de Tavirel et de intelligence , son éloquence et sa conception Sam Sémir Zivo , en disant : Va , mets à ceux de ses enfants qui avaient suivi fide- une barrière de feu vivant , splendide, lu- lement ses ordres. Il leur dit : Allez , faites mineux , entre les créatures sublimes qui ce que vous voudrez, et accomplissez vous- sont à nous et celles de la Vie seconde , afin mêmes le conseil que vous m'avez donné . qu'il y ait pour les uns et les autres une Ils partirent donc jusqu'aux extrémités barrière infranchissable. A ces mots, il cou- mêmes de la création , et là ils formèrent une vrit lavar d'un autre vêtement, et il le con- terre blanche, et lui donnèrent des bornes ; fia à deux génies, Usar Haï et Fetah Hai , en- mais malgré tous leurs efforts ils ne purent veloppés de splendeur et couronnés de façonner une terre resplendissante , comme lumière. Alors lavar, le même qui avait est la terre de l'éther. Du reste , la terre encouragé la Vie à créer selon son bon plai- qu'ils purent créer , ils l'embellirent de tous sir, se fit entendre aux génies, et les génies les ornements dont elle était susceptible. reçurent ses ordres, comme ils avaient reçu Ensuite ils appelèrent à l'existence quatre ceux de la Vie elle - même . La Vie seconde hommes choisis , qu'ils nommèrent les fils prit ensuite une résolution , et fut sur le de la paix. Mais au moment où le génie point de la mettre à exécution . Ce père des Bahalk se préparait à créer un monde , les éons se leva donc, et se disposa à tirer une deux frères lui refusèrent leur concours , et création nouvelle du premier Jourdain de n'écoutèrent ni sa voix ni ses remontrances. la vie . Mais les génies qui étaient préposés Le monde qu'il créa sans eux ne fut qu'un à sa garde, Adatan et ladathan, ne le lui monde sans essence , sans magnificence ; permirent pas . Ils lui dirent : Tu n'as pas création solitaire et sans forme . Cependant reçu le pouvoir de tirer aucune création du la vie souveraine avait formé Adam d'élé- grand Jourdain , qui, du reste , n'obéirait ments tirés du séjour de la lumière . De là , point à tes ordres . Elle lui répondit : De haine entre les deux Vies. Cependant Bahalk, quel côté me tournerai-je ? Appelle donc ce père des génies , avait eu un autre fis toi -même à l'existence des enfants , comme qu'il avait appelé Fétahil . Ce Fétahil se leva la Vie première m'a engendrée . Alors les gé- donc, et allant se placer dans l'eau mêlée de nies gardiens lui répartirent : Nous sommes feu, il se mit en devoir de créer l'eau vive. créations , nous ne sommes pas créateurs. Il se disait en lui-même : Moi aussi j'appel- Nous n'avons point reçu le pouvoir de rien lerai des génies à l'existence , et je ressem- créer ; nous sommes simplement tes gar- blerai à mon père. Il se mit donc à l'œuvre diens, et nous avons pour mission unique et créa d'abord les sept planètes, les corrom- d'observer soigneusement les projets que pus et les corrupteurs ; leur forme est sans tu pourrais méditer . Alors la Vie seconde beauté , et leur couleur celle du sang, et leur se retira, et s'arrêtant à la source du Jour- nom dans la bouche des impurs . Quant à dain inférieur , placé au-dessous du Jour- leurs âmes, dès qu'elles furent dans ce monde dain principal, elle créa trois enfants , par- elles se virent rongées par la tristesse ; car faitement semblables les uns aux autres , toutes ces âmes , quand les corps auxquels d'une forme identique , et tous trois égale- elles sont jointes seront consumés , ne se- ment sujets à la colère ; mais aucun d'eux ront point reçues en ma présence; pour elles n'était éternel . La Vie seconde les présenta le monde seul de la seconde Vie . Pour les ensuite devant le trône de la Vie première , âmes des Nazaréens, celles-là , elles auront ་

�487 188 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHIES part à la félicité de la Vie et au bonheur du génie lavar. Car de même que la Vie a en- voyé ce lavar à Fétahil et à tous les mauvais anges, de même la Vie viendra en aide aux hommes prudents qui espèrent en elle. La Vie est pure, amen . CHAPITRE XXXI. Au nom de la Vie souveraine . Je suis la lumière magnifique , la parole sublime , le fils du Verbe, qui suis venu à vous au nom du génie lavar . Les seigneurs m'ont appelé et m'ont honoré du commandement . Ils m'ont donné le nom d'Anusch , de fils des génies; ils m'ont armé des rmes et placé à la tête de mes frères. Ils m'ont donné pour compagnons des génies choisis et forts ; ils m'ont envoyé pour réveiller de leur som- meil les endormis , et ils m'ont dit : Va , rassemble les hommes sur la terre , choisis- toi des élus et retire-les du monde ; hommes justes , femmes fidèles , voilà tes élus . Prends leurs âmes , et élève - les au séjour qui leur est préparé et dont elles sont di- gnes. Explique-lear les saintes doctrines ; révèle -leur les mystères , afin qu'ils frappent d'étonnement et de vertige les sept planè- tes et leurs adeptes , afin qu'ils fassent par- ler sur son trône l'esprit Namrus , afin qu'ils glacent d'effroi les cœurs des mauvais gé- nies. Instruis les nazaréens , les mandaïtes et les élus que tu t'es choisis dans le monde , et qui, pour le nom de la Vie, ont souffert la persécution. Choisis pour tes élus les justes, et introduis-les dans le séjour de toute beau- té; confirme-les dans la foi et dans la charité, afin qu'ils ne défaillent point , afin qu'ils ne soient point ébranlés ; enseigne - feur les prières, les actions de grâces , car c'est ainsi qu'ils pourront faire partie de la grande famille de la lumière. Exhorte , encourage les âmes , afin qu'elles ne se laissent point entraîner aux séductions de Namrus. Quand tu parcourras l'univers, ne te laisse point ap- procher par les méchants , que ta splendeur n'ait point de déclin ; prends garde qu'ils ne te précipitent du firmament élevé dans le séjour de l'abîme. Par conséquent ne te dé- courage point et ne te plains pas d'être seul, car dès que tu courras le moindre péril , nous viendrons tous à toi , et nous t'aiderons à triompher de tous les obstacles . Enseigne donc aux nazaréens , aux mandaïtes, à tous ceux que tu auras élus sur la terre, enseigne- leur les prières et les actions de grâces , afin qu'ils prient en tout temps, et non pas seu- lement pendant le silence de la nuit , alors que la miséricorde est endormie . Ceux qui n'auront point invoqué la miséricorde en son temps resteront à la porte du séjour de la Vie jusqu'à ce que la porte du séjour d'Abatur soit ouverte. Alors seulement il leur sera donné d'y pénétrer . Ceux qui n'auront point adoré le Seigneur dans les jours qui lui sont consacrés seront punis dans le séjour d'A- batur. Je vais maintenant vous parler , o mes élus , des secrets que Namrus est venu porter dans le monde , du fiel et du mal qu'il a introduits dans la grande famille de la Vie . C'est lui qui a soufflé parmi mes disciples · les haines, les disputes et les discordes. Je vous en avertis donc, ô mes bien - aimés , ne vous laissez point aller aux erreurs de Namrus , ni à celles des Idolâtres, ni à celles des sept planètes. Celui qui se sera laissé tromper périra dans la caverne de l'eau noire ; celui qui aura commis les œuvres de ces mauvais génies , deviendra leur victime, et son nom sera complètement effacé du sé- jour de la Vie ; celui qui aura embrassé une religion de ténèbres, sera consumé dans une chaudière bouillante . Celui qui aura bu du vin dans une taverne, sera jeté dans les fers au milieu des ténèbres ; celui qui aura livré son coeur à l'amour de l'or et de l'argent, souffrira deux morts pour une. Celui qui, après s'être approché de sa femme , n'aura point fait ses ablutions , mais aura imité le serpent Léviathan , deviendra la victime du gardien de la lumière; son nom sera effacé du livre de vie ; et il sera maudit . Celui qui se sera approché de sa femme dans le temps de son flux mensuel, aura son nom effacé du livre de vie; il sera jeté dans d'épaisses ténèbres, et ses yeux ne verront jamais la lumière. Celui qui aura pris part aux festins des douze portes, se verra réduit, en quit- tant le monde, à disputer sa nourriture aux plus misérables animaux. Le père sera puni pour les péchés de ses enfants , jusqu'à ce que ceux-ci aient atteint l'âge de quinze ans, quand il ne les aura point conduits dans les assemblées religieuses , et ne les aura point réveillés de leur sommeil, et ne les aura point fait marcher dans les voies de la sagesse et de la justice ; mais passé ces quinze ans , les enfants seront punis pour leurs propres péchés. Alors ils seront dé- pouillés de toute gloire , de toute splen- deur , de toute lumière ; ils seront jetés dans un brasier ardent, parce que , après avoir reçu l'existence de la libéralité du génis Javar, ils ne lui ont pas consacré cette exis- tence; qu'ils ont rejeté le nazaréisme et sont devenus des enfants de l'enfer . Le père sera encore puni quand ses enfants iront contre ma défense consulter les devins et les magi- ciens . Maintenant laissez-moi vous parler de la gloire, de la vérité qui vous est venue du Seigneur. Celui qui n'aura point conservé dans sa mémoire le nom de la Vie, sera puni jusque dans le séjour d'Abatur. Celui qui se sera laissé entraîner aux séductions des devins, des magiciens et des sorciers , sera enfermé dans la montagne des ténèbres. Celui qui aura pris part aux festins des sept planètes , sera massacré même au pied du trône de Nérig. Celui qui aura touché à la nourriture des pauvres , en sera empoisonné comme d'un venin mortel . Mais celui qui se sera abstenu de toutes ces œuvres, verra le séjour de la lumière ; quant aux âmes placées par leur faute sous la garde des sept planètes, ces âmes , dis-je, ne verront ja- inais la lumière ; elles n'auront que l'eau de J'abîme pour étancher leur soif, et leur mi- sère sera infinie . Que ce grand malheur n'arrive ni aux hommes justes et fidèles, pi aux fidèles et saintes femmes, ni à tous ceux

�189 190 PART. I. - LIVRE D'ADAM. - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. qui payent les dimes, annoncent la parole de la Vie, et sont baptisés dans les eaux du Jourdain, et ont été marqués du signe de la Vie . J'observai donc fidèlement ce que mes pères m'avaient ordonné, et je parcourus le temps depuis le commencement jusqu'à la fin . Je vis donc que jusqu'à la construc- tion de Jérusalem , après le déluge , les âmes montaient au séjour de la lumière; mais dès que Jérusalem eut été bâtie , jusqu'à l'époque ou apparut Mahomet, je me choisis parmi vous des disciples et je les introduisis au séjour de la lumière. Mais après la pré- dication de ce même Mahomet , je me retirai de vous, mes disciples, et je montai au sé- jour de lajustice. Je le dis donc, et je le ré- pète : Heureux, deux fois heureux celui qui vit en faisant une continuelle attention sur lui-même. Car, quand la malice, quand l'a- bomination eut couvert la face de la terre, je me suis dérobé à cette vue . Ce qui ne m'a point empêché de plaindre le sort de mes disciples que j'ai laissés dans le monde ; car ce monde, dans sa folie , bénira l'éclat de ces perles, et cherchera à les séduire par les en- chantements qui sont en sa puissance . Mal- heur à ceux de mes disciples qui par leur faute se rendront indignes d'entrer dans le séjour de la Vie ! Du reste depuis le jour où l'abomination a été introduite dans le monde, jusqu'au jour de sa destruction les âmes monteront dans la lumière. Pour moi , à la vue du débordement de malice et de crimes. qui couvraient la face de la terre , je n'ai pas pu y rester plus longtemps ; je suis monté au séjour de la Vie qui m'a donné l'exis- tence, et je me suis dit : Heureux celui qui vivra dans une continuelle attention de lui- même ! celui-là n'aura point son pareil en ce monde . Il sera établi sur un trône au sé- jour de la lumière , et il sera élevé au rang de puissance dans le royaume de la Vie . La Vie est pure ; amen. CHAPITRE XXXII. Au nom de la Vie souveraine . Je suis la lumière magnifique , la vigne par excellence, la vigne de toute douceur, rejeton d'une souche bénie, plantée par les mains des Sei- gneurs. Ils m'ont entourés de splendeur, et cette splendeur est la mienne ; ils m'ont donné en outre une forme admirable ; ils m'ont appelé, m'ont placé à la tête de mes frères, et m'ont fait entendre leur voix . Ils 'adjoignent des compagnons pour me servir, ils m'ont dévoilé les mysteres de la splen- deur et de la lumière. Le Seigneur m'a ap- pelé, et après m'avoir donné ses comman- dements, il m'a placé dans un lieu secret et mystérieux, il m'a enseigné toute chose ; puis me bénissant, il m'a envoyé dans le Tarva en me disant : Va dans le Tarva donner tes instructions aux génies qui y habitent , communique leur la splen- deur et la lumière , afin qu'ils s'éclairent mutuellement : communique- leur la gloire, afin qu'ils se lèvent sous les auspices de la Vie; enfin expose - leur la doctrine véritable , afin qu'ils se rangent volontairement sous ta loi. Parle- leur de Tarva, et de toutes les - créatures de la lumière, de la grande lu- mière de la Vie , des génies , du séjour qu'ils habitent ; fais - leur connaître les vignes mystérieuses , les arbres purs et resplendis- sants , les Jourdains , les créatures du Sei- gneur tout - puissant, de la splendeur et de la lumière qui l'environnent . Parle - leur du pur Havran, à la voix pure et sublime ; par- le-leur de la terre d'Aïar , cette création ma- gnifique , éternelle de lavar ; de cet archi- tecte, d'Haï- Hin, dont la voix puissante et féconde a appelé à l'existence le séjour bril- lant que devait habiter le roi de la lumière , qui a disposé les génies à sa droite et à sa gauche. Parle-leur de Mano , le prince des seigneurs, du Jourdain dans lequel il a été. Pour moi Abel né de lavar, l'ange de la Vie , je me suis transporté dans le pur Tarva , j'y ai appelé à l'existence sept créatures de la lumière, sept anges éternels ; je ferai pour eux sept chambres limpides comme le cris- tal, temples magnifiques où devaient se cé- lébrer mes louanges, où je devais manifester la gloire que mon père m'avait communi- quée, en me disant : Quand tu iras à Tarva ne parle point aux génies, et ne leur parle point de la Vie seconde, d'où tu tires ton origine. Car il est le père de tout le mal, de tout le mensonge qui existe dans le monde, parce qu'ils n'ont point de loi, de science, de prudence, de gloire. Ne prodigue_point la parole céleste dans l'eau profonde , et ne t'arrête point avec les génies que Iu- schamin acréés, et qui ne connaissent ni le silence, ni le repos ; mais tu pourras commu- niquer avec les génies qu'à créés la Vie pre- mière . Docile à l'ordre de mon père, j'allai à Tarva, et j'en parcourus toute l'étendue. Je communiquai ma loi et ma gloire aux gé- nies bien-aimés ; je leur fis connaître mon nom . Je me tis connaître au roi de Tarva . Je fis connaître mon nom au génie lavar, à la grande lumière de la Vie , au génie Far- zufe, seigneur de la gloire, au génie Netuf- to ; je le fis connaître aux vignes, aux arbres du Jourdain. Je leur développai la science divine , la loi qui ne doit point périr. Apres cela, le roi de cette région se leva, et se pros- ternant devant moi , il m'adora et me souhaita toute espèce de bénédiction. Il me dit : Tes œuvres sont impérissables , cartu es le fils des puissants, le seigneur des génies , le père de tous les élus. C'est à ta suite que nous entre- rons dans les voies de la justice , dans les voies de la Vie souveraine , qui t'a élu , qui t'a établi le seigneur des génies , t'a placé à notre tête, afin que rien ne nous manquât . J'allai ensuite dans le monde de Tavriel , je pré- parai les génies et les majestés qui habitent dans ce monde , je leur exposai la doctrine de la vérité, et je les illuminai de ma lu- mière. A cette vue , luschamin se réjouit. Car rien de ce qu'il avait créé n'avait ni splendeur ni lumière . Ma splendeur éclaira encore Fétahil, dont le cœur est plein d'an- goisse, et les yeux de larmes. Il me dit : Viens avec moi , fils de la Vie magnifique , de la Vie première, le plus brillant de tous les génies . Pourrais-je jamais comparer mes

�131 192 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. jours à ceux des autres génies, qui sont établis dans la splendeur et la gloire gé- nies sublimes, dans une gaîté, dans une allégresse éternelle . Alors ceux qui étaient avec lui , s'écrièrent De jour en jour la splendeur de Aebel Zivo acquiert un nouvel éclat ; béni soit- il, lui qui visite nos domai- nes. Puisqu'il a daigné venir à nous, sa bonté nous ouvrira la route au séjour de la Jumière, et sa miséricorde nous pardonnera nos péchés . Ton nom est béni parmi les puissants ; et tes pères, ô Fétahil, habitant les ténèbres, n'oseront plus combattre con- tre nous. A ces mots, Fétahil se leva de son trône, et se prosterna ; puis il dit : Délais- sons ce monde, délaissons tout ce qu'il ren- ferme , avant que, par la miséricorde de l'ange de la Vie , la meilleure partie ne monte au séjour de la Vie . Quand cela sera fait, un cent seulement sur mille , deux seu- lement sur dix mille, pourront arriver à ce bienheureux séjour . Cependant les âmes des Nazaréens qui n'ont point pris part aux festins des fils de l'univers , ces âmes mon- teront au séjour de toute splendeur ; elles ne se sont souillées d'aucune impureté, n'ont reçu aucune tache, n'ont point opéré les œuvres du monde ; mais celles qui se sont mises au service de l'esprit , du Mes- sie, et des douze étoiles, celles -là, dis-je, n'ont à attendre que le feu éternel . Gloire et honneur à la Vie . Gloire à celui qui est venu dans ce monde . Amen. CHAPITRE XXXIII . Au nom de la Vie souveraine . Gloire à la lumière, gloire et louange jusqu'aux confins de l'eau vive , jusqu'aux confins des Jour- dains, sources et réservoirs purs de l'eau vive. Quand l'eau fut créée dans son lieu , quand le firmament se fut étendu , et la terre condensée, quand Adam eut reçu une exis- tence corporelle , des gardiens furent par- tout établis . Mais comme l'éon qui avait été préposé à la garde d'Adam avait voulu dé- tourner le cours de l'eau vive, et la mêler avec l'eau inférieure, de nouveaux gardiens furent institués pour conserver les choses dans l'état primitif, et rappeler en temps et lieu la parole de la Vie . Or les deux génies, auxquels était confiée la garde de l'eau vive , furent appelés Schelmaï et Nedbaï . Ils de- vinrent les compagnons d'Adam ; ils l'ins- truisirent, lui et sa postérité, de tous les secrets dont ils étaient les dépositaires , lui communiquèrent une science excellente , et lui enseignèrent à honorer la Divinité . Ce- pendant l'eau vive qui, partant du séjour de la Vie s'écoulait sur la terre , finit par se ternir et s'altérer ; alors pleine de tristesse et d'angoisse, elle dit à ses gardiens Schelmaï et Nedbaï Qui n'a donc privée de mon énergie primitive? qui m'a déplacée de mon lit? qui m'a enlevé cette science qui faisait ma gloire et qu'aucune autre science n'égale ? qui a défiguré en moi l'image des génies immor- tels, et enlevé le langage mystérieux des deux montagnes ? ce langage dont les génies puissants se servent pour s'entretenir ? Quand donc reverrai-je l'image des deux personnes qui s'adorent mutuellement ? car le lieu vers lequel je coule, est ténébreux . Ma force est devenue faiblesse ; je défaille et suis près de me précipiter dans l'eau in- férieure . Le mal est fait : les sept planètes ont conjuré ma perte ; ma race a été dé- truite ; je subis le jong des douze étoiles ; les cadavres s'entassent dans mes ondes ; les crimes sur la surface de la terre ; mon âme m'est devenue à charge ; les sept pla- nètes pèsent sur moi ; les âmes doivent pé- rir dans un déluge . Quand l'eau vive eut proféré ces plaintes et ces menaces aux gé- nies Schelmaï et Nedbaï , ceux - ci lui répon- dirent : Calme-toi , eau vive , et rassure-toi. Nous allons te parler du mal dont la Vie se- conde et Fétahil sont la source première . Quand Fétahil eut quitté l'eau noire , tous les maux et leurs conséquences déplora- bles inondèrent la terre . Mais, parce que toute chose est l'œuvre de la droite toute- puissante d'Abatur, la Vie pure , rien ne périt ni ne périra entièrement . Mais les ames ne descendront point dans l'eau noire , et ne seront point sous la dépendance des sept planètes . Pour toi , eau vive , dirige-toi vers l'apostat Hubar, annonce-lui la parole de la Vie , séjourne dans le monde, mêle-toi au commerce et à la société des âmes , et que , purifiées par tes ondes , elles reçoivent le signe pur de la vie , et soient à jamais soustraites à la puissance tyrannique des sept planètes. L'eau vive répondit à Schel- maï et à Nedbaï : Si je tombe dans l'eau qui consume , je ne serai plus pure aux yeux de Javar ; il me repoussera dans sa justice, et me renverra dans le séjour des ténèbres. C'est ainsi que je serai punie pour les péchés commis. Elle ajouta : Que dois -je penser des nazaréens ? Schelmai et Nedbai lui ré- pondirent : Il en montera un sur mille et deux sur dix mille au séjour de la Vie pre- mière. Quant à tous ceux qui seront souil- lés du mensonge, ils n'y seront point re- çus. Malheur à celui qui sera trouvé mort devant le tribunal de la Vie. Tenez - vous donc sur vos gardes, et protégez vos âmes contre les séductions des sept planètes . Ne ressemblez pas au génie Fétahil, qui en sortant de l'eau noire, n'a point reçu le si- gne de la Vie dans le Jourdain , n'a point été baptisé et n'a point été revêtu de la jus- tice éternelle . L'univers périra ; les choses de ce monde seront détruites , les globes se- ront renversés , et les barrières de la terre seront ébranlées ; et tous ceux qui auront négligé les avertissements célestes, qui au- ront operé les œuvres de l'iniquité et de l'orgueil, seront jetés dans les fers. C'est ainsi que finiront les génies des sept pla- nètes, ainsi que ceux des douze étoiles . Nul d'entre eux ne verra le magnifique specta- cle de la famille de la Vic . Quand tout sera ainsi détruit, quand l'univers ne formera plus qu'un iminense chaos, alors Iuscha- inin, Abatur et Fétahil viendront pour con- templer leur ouvrage ; mais à leur tour ils seront mis en jugement . Alors viendra Aebel Zivo ; il ouvrira les yeux aux coupables ;

�193 194 PART. 1. - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. LIVRE D'ADAM. nstruira Juschamin et Abatur et les bapti- yera dans le Jourdain de la Vie souveraine , Juis, buvant à longs traits les ondes salu- taires de l'eau vive, il retournera auprès de son père, et sera appelé le roi des génies . La Vie est pure Amen . CHAPITRE XXXIV . Au nom de la Vie souveraine , gloire et honneur à la lumière. Quand la lumière fut ravie au ciel , elle crut éclairer la terre . Or, le génie qui avait été donné à la lune lui communiqua la lumière, en lui prescrivant cet ordre : Si je t'ai donné des vêtements d'une blancheur éclatante, c'est afin que tu éciaires es ténèbres de la terre . Quand le disque du soleil sera masqué, ce sera toi qui apparaîtras pour le remplacer , et c'est sous tes auspices et par tes secrètes influen- ces que s'opéreront les mystères de l'amour conjugal. Tu as done illuminé la face de l'homme en germe , tu l'as délivré de toute douleur et de toute souillure ; tu l'as sous- trait aux influences malignes de ce monde ; parce que c'est sous ce voile mystérieux qu'a été contiée l'œuvre de la propagation de l'espèce . Continue donc à illuminer, à conduire, à affermir la famille humaine . Alors la lune répondit au génie de qui elle tenait son éclat : Je me cacherai chaque mois un seul jour, puis je m'environnerai de mes rayons , à la face de mes deux gar- diens. Si donc, pendant le temps où je voi- lerai ma face, les femmes se laissent appro- cher par leurs maris, si elles conçoivent , elles n'enfanteront que des monstres sourds , cou- verts de lèpres hideuses, sans pieds et sans mains , soumis à l'influence des sept pla- nètes et à tous les maux . Alors le génie dit à la lune Ce qui sera fait dans ce jour ne fera jamais partie de notre race. Puis il ajou- ta : Fais attention aux âmes qui sont dans ce monde qui t'a été confié . Après ces pa- roles, la lune fléchit les genoux, et prit congé du génie ; elle se dirigea vers le sé- jour d'Abatur, descendit dans ses stations, afin d'accomplir la révolution du temps . Dans ce jour elle voila sa face pour la terre , et pendant ce temps la terre, dans les ténè- bres, fut en proie à toutes les anxiétés, à toutes les terreurs. Mais bientôt, quittant cette station passagère , elle s'élança sur son char radieuse , brillante , et réjouit le monde de sa paisible sérénité . A sa vue, les hom- mes oublient leurs frayeurs , leurs angois- ses, leurs cœurs se rouvrent à l'espérance . Je vous le dis donc, ô mes élus, sachez sup- porter les persécutions et les privations de ce monde . Car ce monde périra bientôt, et deux vertes montagnes subsisteront à sa place . Alors la lumière perdra sa splendeur, la vérité même sera obscurcie . Quant aux âmes qui se seront laissées aller au culte des sept planètes , elles tomberont , et dans les larmes et dans les gémissements , elles leur diront : Quand nous étions dans ce monde , votre lumière éclairait toutes les créatures, et nous vous adorions comme des divinités. Pourquoi votre éclat s'est-il ob- scurci, pourquoi votre lumière s'est - elle DICTIONN. DES APOCRYPHES . I. changée en ténèbres ? Et à ces reproches les sept planètes ne feront point de réponse. Mais aussitôt un culte impie frappera ces Ames coupables : celles qui font partie de la famille de la Vie, et qui se seront laissé séduire , seront écrasées , et deviendront la proie du grand serpent qui s'appelle Ur. Pour vous, qui êtes fidèles , vous en serez délivrés, ainsi que les âmes de vos frères, de vos sœurs , et en général de tous les hommes justes et fidèles ; pour eux tous un jour se lève, c'est le séjour de la gloire et de la lumière . La Vie est pure. CHAPITRE XXXV. Au nom de la Vie souveraine , que la voix du pur génie Sane Zivo se fosse entendre, de ce génie que les seigneurs ont appelé à l'exis- tence et auquel ils ont donné des compagnons et des gardiens . Ils l'ont revêtu de splendeur et de lumière , et l'ont mis à la tête du trésor de la Vie, des génies ses frères , des sceptres, des Jourdains , des majestés et de tous les Eons. Ils lui ont accordé les mystères de l'existence de Sane Zivo , et lui ont fait con- naître le lieu qu'il habite . Ils lui ont égale. ment dévoilé les mystères de ce monde , mystères inconnus aux créatures mêmes do la lumière . Puis après avoir fait venir à eux Hamgai Zivo bar Hamgago Zivo, après lui avoir donné sept mystérieux compagnons pour le préserver des embûches de Jurbo, ils lui dirent : Tu protéges cette génération , prends garde aux âmes qui te sont confiées ; partes soins, elles arrivent au séjour qui leur est préparé. Si Jurbo s'enflamme de colère, que ta parole le calme et le subjugue , et ne te laisse point abattre ni par la crainte, ni par l'affliction . Car il ne sera donné à per- sonne de faire trembler l'Eon qui résidé en toi, et qu'aucun nuage de tristesse ne vienne l'assombrir. Ne t'émeus point par la pensée de la solitude ; car je t'ai donné des compa- gnons de justice , qui seront tes gardiens et tes protecteurs au besoin, et qui te délivre- ront de tout danger. Ils te feront échapper aux piéges de l'esprit, du Messie , des sept planètes , aux séductions corruptrices des douze étoiles et des éléments conjurés par les cinq étoiles de l'orgueil . Quand tu te verras accablé par la malice de tes enne- mis , lève les yeux vers nous , notre parole descendra jusqu'à toi. Quand les âmes qui te sont confiées seront en proie aux terreurs , aux angoisses, que ton cœur soit calme et impassible. Car les efforts des sept étoiles ne pourront rien contre toi . Quand la rage de tes ennemis grondera contre toi, le sei- gneur de la justice qui précède tes pas vien- dra à nous , et nous , nous viendrons à toi comme des libérateurs puissants qui te rem- pliront de force et de confiance , et nous t'en- seignerons les pratiques mystérieuses qui frappent d'épouvante les sept planètes. Il en est de même de tous ceux qui , habitant le même monde que toi , seront tes disciples ; nous les délivrerons des embûches des sept planètes, et nous leur ferons partager la Vie que nous l'avons communiquée . C'est toi qui seras le juge des Nazaréens . C'est par ta ver- 7

�195 196 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . tu, c'est en ton nom qu'ils parviendront au séjour de la lumière . Ils formeront une cour de justice dans l'air du septentrion , et sem- blables à une vigne plantée dans le séjour de la Vie , ils seront revêtus des vêtements des seigneurs , et établis dans les habitations splendides de la ville des génies. Mais mal- heur aux Nazaréens orgueilleux ; dépouillés de la vérité, de la force, de la parole de la Vie, ils seront frappés, et ne pourront être guéris , et deviendront les victimes éternelles des sept étoiles. La Vie est pure . CHAPITRE XXXVI. Au nom de la Vie souveraine , gloire et honneur à la lumière . Je suis Juko bar Ku- schto . Je suis parti de la maison de mon père ; je suis venu , environné de splendeur et de lumière, vers les élus, en qui il n'y a ni mensonge , ni défaut ; je suis venu pour leur apporter la parole de la Vie . De même qu'A- bel est le génie gardien de la race d'Adam, de même je suis le serviteur vigilant qui lui ai préparé un trône, et la gloire dont il doit être revêtu . Aussi Abel m'a- t-il préposé à tous ceux qui connaissent et aiment son nom . Aussi ai -je été chargé de porter au monde la parole de Vie, pure , magnifique , infinie ; je leur ai révélé les mystérieuses prières, charmes puissants contre les sept planètes et toutes leurs familles ; je leur ai livré les chaînes d'eau vive qui devaient lier toutes les divinités de ce monde, je leur ai fourni les glaives d'eau qui devaient faire trembler les puissances des ténèbres ; je leur ai donné les grands béliers qui devaient sou- mettre la race des méchants ; et enfin j'ai en- seigné aux justes et aux élus les moyens de supplanter les superbes de ce monde . Or, quand Abel, gardien fidèle de la race d'A- dam , m'eut établi , moi , Juko bar Kuschto , comine chef et prince des élus ; quand il m'eut placé, dis-je , à la tête des élus, les sept planètes et les douze étoiles chancelè- rent de leur char : puis, m'entourant de leurs prestiges, elles cherchèrent à répandre leur venin sur moi , et toute leur énergie fut anéan- tie . Tout ce que les justes ont demandé, ils l'ont toujours obtenu . Schetel et Abel , deux génies gardiens de la race d'Adam, furent les fondateurs du nazaréisme . C'est par eux qu'a été fait tout ce qui a été fait . Mais au- cune de leurs œuvres n'a été faite dans le monde ; aussi aucune n'a éprouvé de perte et n'a été privée ni de splendeur, ni de lu- mière . Or done, moi , Juka bar Kuschto , je vous avertis de ne point rendre inutiles les prières et les actions de grâces que je vous ai enseignées ; de ne point vous rendre in- dignes de la science que vous avez reçue . Car sachez-le, celui qui se sera rendu coupable d'un pareil crime deviendra la proie à la fois des flammes et de l'eau noire ; mais si jamais la persécution vous éprouve , invo- quez la parole de la Vie. De même quand vous aurez commis quelques fautes , redou- blez de prières, et récitez surtout celle qui contient soixante et un versets . Par ce moyen , vous éviterez les flammes éternelles , qu'au raient pu mériter vos péchés . Mais quand vos âmes auront quitté vos corps , la flamme céleste montera de la terre au ciel , ainsi que toutes les vertus, car tout cela est émané de la source de toutes choses, et retourne dans la ville des justes qui ont vécu sur la terre , et qui à leur sortie de ce monde vont habiter dans le séjour de la Vie , loin du lieu des ténèbres séjour des méchants . Quart aux disciples qui , en sortant de ce monde, ont encore l'âme souillée de quelque faute, ils seront jugés, et punis jusqu'au jour où ils auront effacé leurs taches par le repen- tir , alors seulement il leur sera donné de pénétrer dans la demeure d'Abatur. Mais celui qui n'aura point fait pénitence, il péri- ra , et il deviendra comme s'il n'avait jamais existé. Je vous le dis donc, hommes justes et fidèles, les germes des générations futures , fécondés , échauffés par ma grâce, monteront au séjour de toute lumière. Je vous ai fait ces révélations d'avance, afin que vous vous teniez sur vos gardes , et que vous ne vous rendiez coupables d'aucune fante . Malheur à qui ne profitera point de ces aver- tissements . Quand à ceux qui y seront fidè- les, ils seront retirés de ces lieux de ténè- bres, et introduits dans le séjour de la Vie et de la lumière. La Vie est pure. CHAPITRE XXXVII . Au nom de la Vie souveraine , gloire et honneur à la lumière. Les seigneurs m'ont appelé du séjour splendide de la gloire, ils In'ont communiqué leurs ordres ; ils m'ont donné la mission d'annoncer la parole de la Vie aux générations descendues d'Adam, de porter la lumière dans le monde, d'aller y semer la semence des seigneurs , de répandre les Jourdains pour arroser et féconder les plantes fortunées de la Vie , de leur distri- buer sans mesure les eaux célestes , la sa- gesse, la prudence, l'esprit de prières et d'ac tions de grâces , de leur donner à leur tour la mission d'annoncer au monde la doctrine de la Vie , de relever ceux qui sont tombés, de redresser les sentiers tortueux , de pro- fesser la science divine, émanée de Bebram, afin que les fidèles Nazaréens fortifiés, puis- sent parvenir enfin au séjour de la Vie. Car les Nazaréens justes , dévots et fidèles , ne resteront pas toujours en ce monde ; mais quand viendra le grand jour du jugement, ils seront jugés ainsi que toutes les autres créatures. Les justes monteront au séjour de la Vie, les méchants seront jetés dans la mer Erythrée . C'est dans cette mer que seront consumés l'esprit et le Messie , les douze étoiles et les sept planètes, pères des men- songes, maîtres d'une demeure qui doit tom- ber en ruine, d'un monde qui doit périr. Les Nazaréens non soumis , qui ont osé com- mettre le péché dans la demeure de la Vie, dont les corps ont été les instruments de pé- ché et de crime, qui n'ont pas su faire un digne emploi des trésors terrestres , quand ils viendront frapper à la porte de la maison d'Abatur, ils en seront repoussés , ne verront point le séjour de la lumière , ne seront point

�197 PART. I. 138 - LIVRE D'ADAM. - il verra la grande vigne fécondée par le puis- sant génie Javar , la grande vigne qui désal- tère toutes les âmes, qui les fait croître, qui les perfectionne , qui les réjouit, qui les rend dignes de faire partie de la famille de la Vie ; Schelmaï et Nedbas, assis sur un trône de nuages, dans une enceinte mysté- rieuse, préposés à la garde de tous les Jour- dains ; il verra enfin Juschamin, les quatre hommes nouveaux , enfants de la paix , qui doivent être les génies gardiens des Naza- réens, qui doivent les détacher du séjour des ténèbres, pour les conduire au séjour de la lumière et de la Vie. La Vie est pure. Amen. TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. initiés aux mystères ineffables de la science de la Vie première et souveraine, et tombe- ront à jamais dans le séjour des ténèbres. Ils connaîtront alors combien auront été vaines les pratiques secrètes, les livres magiques , les commentaires , en qui ils se seront con- fiés . Le baptême qu'ils auront reçu n'aura plus aucun effet, et les trésors de grâces re- tourneront dans le sein du seigneur Juro. Or celui qui sera repoussé du séjour de la lumière sera jeté dans la gehenne , où un feu ardent les consumera , et où la vue des souffrances des sept planètes rendra leurs souffrances encore plus affreuses . Mais le juste , le fidèle aura toujours sa lumière ; il verra le bonheur de sa race qui ne périra point. Il sera établi à jamais dans la splen- deur, sera revêtu d'une étole lumineuse , couvert d'une tiare de lumière toujours ra- dieuse, toujours magnifique, entouré d'un bonheur qui ne connaît ni le déclin , ni la dou- leur, ni les infirmités, couronné enfin d'une joie éternelle, qui n'aura jamais de déclin. Telle sera sa récompense, tel sera le prix de ses travaux. La Vie est pure . Amen. CHAPITRE XXXVIII. Au nom de la Vie souveraine , gloire et honneur à la lumière . La Vie, avec son pou- voir infini , a préposé le génie Javar à la mon- tagne de toute splendeur , et lui a révélé les mystérieux secrets qui concernent Juro et sa forme excellente, Rasbo et sa demeure radieuse, Jarzel Zivo, lieu de toute douceur, Jasmir et le séjour qu'il habite . Alors , Abel Zivo, prenant la parole et célébrant le grand et puissant Rasbo, qui, après avoir fondé une ville éternelle et lui avoir révélé ses secrets, l'avoir doté du baptême de vie et de l'huile onctueuse , lui avait manifesté ses ordres au sujet des Nazaréens , en disant : Vous tous qui devez quitter vos corps mor- tels pour passer à une autre vie , sachez que vous ne pouvez vous élever à nous que mu- nis du saint chrême , car tout ce qui vient du séjour de la Vie, comme tout ce qui y re- tourne, est saint et pur . Celui qui tentera de monter sans cette huile précieuse sera livré à la garde de Fétabil , et ne pourra monter qu'après avoir reçu soixante et un coups . Alors il sera placé au milieu des créatures de la lumière ; il verra la vigne de Tavul, qui croît arrosée par le Jourdain, dans la terre de Tarvam; il contemplera l'arbre de Tatagmur, qui grandit sur les bords du Jour- dain ; il reconnaîtra la vigne de Revaz , source de toute bénédiction, dont l'odeur parfumée délecte tous les génies, et il verra la vigne de Jasmir, qui croît dans la vigne d'Abel Zivo ; il admirera les sept enveloppes de splendeur, de lumière et de gloire qui pro- tégent ces vignes bénies ; il connaîtra les deux montagnes séjour de douceur et de pu- reté ; Javar Zivo, le seigneur de la Vie , la vigne première, ornement de la terre de la première Vie ; il verra la vigne de Schar, également plantée dans la terre de la pre- mière Vie ; la vigne de Ferun , qui se trouve dans la terre de Scharat Aebrat et Teschrat ; CHAPITRE XXXIX . Au nom de la Vie souveraine , honneur et gloire à la Vie . Moi qui fais le bonheur des génies , j'ai habité dans le cœur des justes . Or, le cœur dans lequel j'ai habité une fois, je le prépare, je l'illumine, je lui donne une liberté, une justice à l'épreuve de toutes les séductions des sept planètes ; car le cœur que j'ai illuminé se trouvera un jour dans la demeure de la lumière . Mais si ma doctrine ne vient point l'éclairer à jamais, il sera privé de la véritable lumière . J'ai cherché à pénétrer le secret de ma destinée . Qui donc m'a envoyé de là comme captif, qui m'a fait abandonner ma demeure native , qui m'a fait quitter mes parents , qui sont des seigneurs tout-puis- sants pour venir demeurer au milieu des enfants périssables ? Qui m'a placé au milieu de rebelles, toujours, toujours en guerre ? Pourquoi ai -je vu ces révoltes, ces divisions ? Qui m'a forcé de voir les ténèbres et cette eau fétide dont l'odeur suffocante est venue jusqu'à moi ? Agité par ces pensées , je me suis dit Narbo m'abandonne, le Très- Haut n'est plus avec moi ! Alors les seigneurs, sans s'indigner contre mes murmures , m'en- voyèrent le génie Narbo pour être men com- pagnon et mon soutien. En venant, il me délivra de tout mal , me révéla la parole de la Vie, me vengea des outrages du monde, m'appela de sa voix la plus douce, et pour calmer mon cœur agité , il me fit connattre les causes et les effets des persécutions de ce monde, et me dit : Génie plein de dou- ceur, je viens à toi , non point par la volonté des seigneurs , non par celle des génies qui règnent avec eux , mais je viens par l'ordre de ceux qui t'ont envoyé ici . Or, tu resteras dans ce monde , tu y grandiras tant qu'il plaira à ton père ; de même que c'est au bon plaisir de ton père de t'en dire le mysté- rieux motif. J'ai donc interrogé mon père pour savoir quels sont les deux génies qui L'ont envoyé en ce monde . Alors mon com- pagnon me répondit : Tu voudrais savoir qui t'a envoyé ici-bas ? je vais te le dire. Lève -toi donc , génie plein de douceur , monte à la demeure de tes pères , maudis la maison où tu as été élevé. Tant que tu y as vécu , en effet, tu as été le jouet des cept planètes et l'objet des persécutions des douze étoiles. Car elles disaient : Détruisons les œuvres de ce monde , vengeons -nous , ven-

�199 2010 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . geons - nous ! Telle était , en effet , le rôle qu'il leur était donné de jouer . Alors je ré- pondis à mon compagnon : Puisque tu sais que j'ai quelque souillure, tu me destines donc au séjour des pécheurs ? Il me répon- dit Génie plein de douceur, rien ne te manque, et tu es parfaitement pur . Alors je lui dis Mais alors , puisque tu reconnais que je suis sans péché, quelle récompense me réserves-tu ? A ces mots, le Père le dé- pouilla de son corps matériel, le revêtit de splendeur, lui posa sur la tête une couronne d'innocence, et l'arrachant à la prison de ce monde, il l'emmena dans la terre des sei- gneurs, et le plaça sur le trône qu'il occu- pait lui-même auparavant. Alors le génie s'écria : Je vais vous dire, puissants, je vais vous dire comment tout cela s'est fait ; vous m'avez envoyé dans ce monde périssable , afin de veiller à sa conservation . Mais les générations, tout en s'accroissant , n'ont fait que diminuer en bonté, en justice et en lu- mière. Ils lui répondirent : Nous ne le sa- vons que trop . Il ajouta : Laisse donc ce monde périssable et inaudit, et cesse de vou- loir y vendanger. Ils lui répondirent : Tu en es délivré ; heureux qui après toi pourra comme toi en sortir ! Gloire à la Viel la Vie est pure, pur est celui qui est descendu ici- bas. Amen. CHAPITRE XL. Au nom de la Vie souveraine , gloire et honneur à la Vie souveraine ! Voici ce que moi, Adam, je me disais à moi -même : Viens , je t'en prie , viens me révéler le temps où tu féconderas mon germe , où tu me donne- ras des compagnons . Eclaire-moi et je t'é- clairerai , et faisons société de splendeur et de lumière. Nous avons des génies à appe- ler à l'existence, nous avons des puissants à glorifier. En parlant ainsi , et pendant que je pensais à la lumière et que j'appelais avec ardeur la fécondation réelle du germe, me demandant si en multipliant la lumière à ma droite et à ma gauche je pourrais donner l'existence à des anges de vie, qui me se- raient dévoués , la forme à laquelle je m'a- dressais me répondit : Si tu donnes l'exis- tence à des anges de vie, tu auras, il est vrai , donné naissance à des êtres qui seront les chefs de ta race, mais le monde en souf- frira, car le mensonge se répandra aussitôt. Alors je répliquai à la forme : Si je fais des prières et si j'adresse des vœux , ce n'est point pour mettre au monde des créatures qui le troublent et le pervertissent . En disant ces mots, je m'inclinai et j'allai me réunir aux Eons . Cependant la lumière commença à se répandre ; bientôt une première création d'Eons se développe sous mes yeux, puis une seconde, puis une troisième , puis une quatrième . Mais à cette dernière création, le mal se répandit dans le monde . Alors ma forme me dit : Nous ne devons point pro- duire dans le monde une race qui doit en faire le malheur. Je lui répondis : Si la pos- térité que j'ai résolu de créer était telle , je l'anéantirais moi-même, et je mettrais à sa place les justes qui pratiquent la parole de la Vie . Tandis que ceux - ci s'élèveront par leurs vertus dans le séjour de la Vie , les au- tres traîneront dans ce monde des jours in- fortunés . Celui qui pourra se dépouiller des entraves du monde montera dans le séjour de la lumière ; celui qui y restera enchaîné restera dans le monde, sans espoir d'en sor- tir jamais . Appelons donc l'un et l'autre à l'existence le vigilant par excellence , en- voyons- le dans ce même monde, afin que par sa vertu il relève ce qui est prêt de tom- ber. Il délivrera les génies, comme nous l'aurons délivré nous-mêmes , et commencera par nous et pour nous la grande et noble fa- mille des élus. Les seigneurs m'ont donc envoyé ici - bas, c'est pour m'éclairer de leur sagesse ; ils m'ont donné le vigilant De- mouts pour veiller sur moi ; ils ont en- voyé vers moi l'amour Arhamin , qui ha- bitait parmi eux aussi , et Sahuto , la lu- mière de mansuétude , génies puissants , qui devaient me mettre en rapport avec mes amis , que je devais sauver , que je devais ar- racher aux séductions, aux perfidies des mé- chants . Or, ces génies puissants, soutiens de ma faiblesse , lumières de mon obscurité, me prodiguèrent leurs conseils , comme un père le fait à son fils, me couvrirent de ca resses comme une mère sur son fils bien- aimé ; et ils me dirent : Nous sommes en- voyés à toi avec tous les trésors de la splen- deur divine ; reviens donc promptement avec le vigilant Demouts , et apporte aux sei- gneurs, telle est leur volonté, apporte la plante mystérieuse des puissants. Pourquoi resterais - tu plus longtemps dans ce monde ? pourquoi demeurerais-tu pour les méchants? pourquoi dépouillant la robe pure de l'inno- cence , te couvrirais - tu de celle de la rébel- lion ? pourquoi, renonçant aux grâces mys- térieuses de ta forme, accepterais - tu l'appa- rence de la misère et de l'esclavage . Ne re- nonce donc point à la parole de Vie ; garde- toi d'aimer plus longtemps la parole des ténèbres . Quand ces paroles des seigneurs me furent rapportées, je me prosternai et m'écriai : Pourquoi me parlez-vous ainsi ? Mon cœur a-t - il hésité un seul instant dans la voie que vous lui avez tracée ? Voyez ! des pleurs amers coulent de mes yeux . Et en effet, la douleur m'arrachait des larmes, je chancelais de stupeur, et je disais : Comment le séjour des seigneurs a-t-il pu faire écho à la parole des méchants ? quand donc ai-je quitté ma robe d'innocence et de lumière pour revêtir celle de la perdition ? quand ai- je renoncé à la lumière pour aimer les ténè- bres ? Ils me répondirent : Nous t'avons dit ce que nous te dirons encore : point de con- cupiscence pour ce qui est périssable . Or, c'est la Vie seconde qui est la source du mal en ce monde. Ils appelèrent ensuite l'ange de la Vie et lui dirent : Viens vite, et garde tes enfants. Que ta main protectrice les bé- nisse encore. Alors l'ange de Vie me bénit en effet, me rendit ma lumière ; et moi je me prosternai devant la Vie ; et après cet acte de soumission, je me trouvai dans le monde

�201 LIVRE D'ADAM. PART. I. - 202 -

TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. annonçant à haute voix les mystères de la Vie. Et tous les génies, tous les puissants que j'allai trouver, se prosternèrent à leur tour, et chantant les louanges du génie Très- Haut, source de toute vérité , ils me dirent : Où vas-tu , fils de la lumière ? pour quel mo- tif la Vie t'a envoyé parmi nous ? Je leur ré- pondis : Je descends au plus profond des abîmes, au séjour des actions mauvaises , de la demeure des génies déchus . Ils me dirent alors Va, dispose , guide tes pas à ton gré et selon la justice ; mais viens avec nous, sois un des nôtres , deviens notre compa- gnon par la vertu de la Vie , et sois avec nous Je libérateur des élus . Car le Roi de l'Ether t'a béni . Après cela je m'enfonçai dans le sé- jour des méchants . A ma vue , ils se proster-, nèrent la face contre terre, et ils se précipi- tèrent dans la mer Erythrée, en disant : Que viens - tu faire parmi nous ? ta forme ne res- semble point àla nôtre . Et je leur répondis : Et comment sans moi trouverez -vous la lu- mière qui vous illuminera ? qui vous don- nera le parfum délicieux qui détruira l'o- deur fétide exhalée d'au milieu de vous ? La Vie m'a envoyé vers vous , et ma mission est d'élever jusqu'à elle la famille de ses élus . Ne repoussez donc pas les bontés des génies qui viennent à vous . La Vie est pure . Amen. CHAPITRE XLI. Au nom de la Vie souveraine , honneur et gloire à la Vie. Quand moi , Anusch , je vins dans ce monde , j'y prêchai la parole de la Vie, j'y seinai la semence de la Vie , je fis entendre ma voix , et je recherchai et réunis la grande famille des élus , je publiai la doc- trine de la Vie , je relevai ceux qui étaient tombés, et j'établis dans la lumière les dis- ciples humbles et soumis. Mais qui donc avait révélé à l'esprit du mal , au père du mensonge , que j'étais descendu en ce mon- de? Il l'a connu en effet à mes œuvres ; et portant la main à sa tête , il en arracha la Couronne et il m'invoqua . Mais la rage le dévorait, mais le mensonge sortait à flots de sa bouche ; il réunit ses enfants premiers- nés et leur dit : Venez , venez, mes enfants , écoutez ce que j'ai à vous dire , venez , et ré- veillez toute votre malice . Rassemblons dans ce monde la famille de l'homme qui est venu parmi nous. En effet, les sept planètes vin- rent aussi ; et , se tournant vers l'esprit im- pudique, ils lui dirent : Pourquoi rassem- blerions-nous cette famille ? Il leur répon- dit : Venez , unissons nos efforts , melons nos semences, invoquons les ressources mystérieuses que nous possédons , et fon- dons une Jérusalem . En effet , les sept pla- nètes s'accouplèrent avec l'esprit , leur mère à toutes, et par le mélange impur de leur semence, ils fondèrent une Jérusalem, où ils déposèrent la débauche, la corruption et l'adultère , en disant : Que celui qui habi- tera dans cette ville ne connaisse jamais le nom du vrai Dieu ! Les sept planètes se le- vèrent avec Namrus, mère du monde , et montant sur sept chars, ils quittèrent le fir- mament, descendirent sur la terre , et après l'avoir parcourue , ils arrivèrent à Béhtléhem . Alors l'esprit dit aux esprits de vanité et de superbe Mes enfants , élevons ici un tro- phée de nos chars ! Alors la voix d'Anusch se fit entendre de la nue ; elle disait à l'es- prit impudique : De cet endroit où sera ba- tie une ville, trois cent soixante - cinq dis- ciples sortiront. Et l'esprit étant assis , il gardait le silence ; puis il dit aux sept pla- nètes : Levez-vous, levez-vous, mes enfants , gardez -vous de bâtir cette ville impie, sa- crilége , impudique ! Descendez donc, remon- tez sur vos chars , éloignez -vous de cet en- droit maudit , et retournez dans le séjour des ombres et des ténèbres . Quand on y fut ar- rivé , l'esprit leur dit encore , aux enfants de l'orgueil et du mensonge Venez , mes en- fants , élevons un trophée en cet endroit. Mais du haut de la nue, la voix d'Anusch se fit de nouveau entendre , elle disait à l'es- prit De cette ville que tu veux construire , trois cent soixante-cinq disciples sortiront ; alors l'esprit impudique s'écría : Levez- vous , levez -vous , mes enfants , remontez sur vos chars, fuyez ce lieu maudit , et allons dans la ville de Kérak-Nunab. Quand ils y furent parvenus , l'esprit leur dit : Mes enfants, éle- vons ici un trophée ; mais du haut de la nue la voix d'Anusch se fit entendre une troi- sième fois , qui disait à l'esprit impudique : De ce lieu que tu choisis pour ta ville sor- tiront trois cent soixante-cinq disciples . Et l'esprit , écumant de colère , dit aux sept pla- nètes Levez - vous , levez-vous , nous som- mes dans la présence de la Vie souveraine . Les sept planètes se levèrent, et, remontant sur leurs chars , elles poursuivirent leur route, jusqu'à fatiguer les ailes de leurs roues ; entin , Namrus , la mère de ce monde , leur dit Mes enfants, plantons notre tente ici , et édifions une ville en ce lieu, car nous sommes arrivés ; et les sept planètes lui ré- pondirent Nous sommes épuisés , et les ai- les de nos roues sont hors de service : ce- pendant, puisque tu l'ordonnes , nous allons édifier une ville . Alors ils se réunirent, mi- rent en usage leurs prestiges et leurs malé- fices ; prenant bien garde de prononcer le nom de Dieu dans leurs pratiques diaboli- ques ; enfin ils fondèrent la ville de Jérusa- lem. Mais la voix du génie Anusch se fit en- core entendre , qui disait à l'esprit impudi- que De cette ville ' sortiront trois cent soixante -cinq disciples . L'esprit dit alors aux sept planètes : Venez , venez , mes en- fauts, heureux qui a Dieu pour compagnon . Les sept planètes fondèrent donc Jérusalem, y établirent des avortons, pères des œuvres de ténèbres , qu'ils appelèrent les anges gar- diens . Ils leur donnèrent l'empire sur les oiseaux du ciel et sur les poissons de la mer, et de plus le pouvoir d'obtenir tout ce qu'ils désireraient . Or les sept planètes étaient semblables à des colonnes inébran- lables, sur lesquelles s'élevaient le men- songe et la fraude . Cependant, ces avortons s'accrurent considérablement , et bientôt ils formèrent un grand peuple . Alors je des-

�205 204 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . cendis parmi eux , et prenant une apparence corporelle , j'entrai dans Jérusalem , et fai- sart entendre ma voix à cette ville ingrate , je ns des prédications , je guéris les malades, et je méritai le surnom de médecin éternel , de médecin de justice , de médecin désinté- ressé. Or, tous mes malades , je les fis entrer dans le Jourdain pour les baptiser et leur imprimer le caractère de la vie . Or, parmi ces malades je distinguai surtout les fils de Jakif et ceux d'Amin . Or , ces fils de Jakif et d'Amin, réunirent trois cent soixante-cinq disciples dans la ville de Jérusalem , qui massacrèrent impitoyablement mes disciples, malgré leur piété et leur religion . A la vue de ce massacre , enflammé d'une sainte co- lère, je montai au trône de la Vie . Et je dis à mon père ce qui s'était passé, et tous les crimes qu'avaient commis les sept planètes . Ace récit, la Vie me donna cette lettre écrite avec colère , et concernant Jérusalem . Qui a dit à l'esprit, père du mal et du mensonge, qui lui a révélé que l'aigle blanc est des- cendu dans Jérusalem ? Cependant l'esprit réunissant tous les membres de sa nom- breuse famille , rassemblant toutes les divi- nités des ténèbres , les sept planètes, lui disait Malheur à toi , ville de Jérusalem, parce que l'aigle blanc est descendu sur toi ; malheur aux avortons, car leur fin est pro- chaine Ensuite l'esprit impudique se leva et dit au génie Anuseh Un pareil malheur arrivera-t- il ? Au nom de la Vie, je t'en sup- plie , ne détruis pas cette ville qui est l'œu- (164) ! postérité, enfin tout animal qui avait outragé mes disciples . Ainsi fut accompli le grand jugement contre cette ville impie. Quant à mes disciples qui avaient souffert la persé- cution , la vérité leur fut donnée pour récom- pense. Et une de leurs joies fut de me voir fouler aux pieds l'impie Jérusalem . La Vie est pure ! CHAPITRE XLII Au nom de la Vie souveraine , gloire et honneur à laVie !...La couronne de sa tête est pureté ; c'est aux seigneurs qu'il la doit. Ils ont appelé à eux ce génie de toute douceur; ils l'ont introduit dans le lieu qu'ils habi- tent, et lui ont dit : Génie à la fois plein de force et de douceur , reçois la force qui vient de la Vie , place sur ta tête la couronne de toute pureté, lumineuse de gloire et d'inno- cence . Prends en main le sceptre , symbole du commandement , et que deux génies t'ac- compagnent ! Va trouver les justes , dont le cœur n'a ni malice ni mensonge . Porte leur la parole de la vie. Va trouver les justes , les fidèles, les bienfaisants ; fais-leur entendre la parole de la vie, qui réveillent ceux qui dorment . Révèle-leur les saints mystères . Fais-leur comprendre la Vie souveraine , parle -leur de la puissance de cette Vie . For- tifie ,enfin , les Nazaréens qui vivent dans le monde , afin que , revêtus des robes lumineu- ses de l'innocence , ils marchent sur tes tra- ces. Oui, donne -nous ta grâce, afin que les Nazaréens ne soient point les victimes de la vre de nos mains nuseh lui répon- perversité des méchants. Fais-nous partici- dit : Malheur à qui méprisera la lumière ! il mourra de mort ! Cependant, les avortons séchaient de frayeur ; ils se cachaient dans les lieux les plus obscurs, fuyant la ven- geance céleste . Namrus dit donc : Permets- moi seulement de briser la porte du mur ; et que près d'elle soient tués ceux qui ont offensé tes disciples . Alors frappant moi- même l'esprit d'un marteau de lumière , je lui dis Loin de moi, esprit impudique ! je suis venu dans la colère, c'est dans la co- lère que la Vie m'a envoyé pour détruire cette impie Jérusalem. Alors je renversai la première colonne , la colonne d'Israël , qui avait persécuté mes disciples . Je renversai successivement la colonne de Jakif, placée à la porte même de Jérusalem ; la colonne d'Adam, élevée au milieu de la ville ; la co- lonne de Zaban, élevée près du rempart ex- térieur ; la colonne de Zehmai , élevée près du mur intérieur ; la colonne Karkum, sé- jour habituel de tous les anges ; la colonne de Saaro, où se tenaient les gardiens de Jé- rusalem ; enfin je détruisis la ville entière, où le sang de mes disciples avait été répan- du; j'exterminai tous les avortons qui avaient persécuté la famille de la Vie , tous les oiseaux , tous les animaux immondes qui tiraient d'eux leur origine , les singes igno- bles, les loups dévorants, leur dégoûtante (164) Il paraît évident qu'il est fait ici allusion à la ruine de Jérusalem par Titus ; l'aigle blanc , per- sonnification du peuple- roi , ne permet point d'en perà ta bonté, que la Vie souveraine t'a com- muniquée. Donne-nous la sagesse céleste , afin que les Nazaréens sortent de leur en- gourdissement. Fais-leur connaître les créa- tures de la lumière , et les habitations mys- térieuses où trônent les seigneurs . Fais-leur connaître la Vie souveraine , les Eons , et la couronne céleste que la vie prépare dans sa demeure pour ceux qui la servent . Parle- leur du génie plein de douceur, et des trois autres génies qui le conduisirent de force dans le séjour des pécheurs. Les sept planè- tes à sa vue s'écrièrent : Il sera donc au mi- lieu de nous ; il sera retenu dans ce monde; il ne verra plus ni la planète , ni la vigne ad- mirable, ni la splendeur céleste, qui n'a point son semblable ici-bas, ni les pères, ni enfin les éons , ses frères, ni la Vie souveraine. Mais l'Eon plein de douceur répondit à ces paroles amères : Je suis la vigne admirable, plantée dans ce monde , et personne n'est là pour m'instruire, pour m'apprendre toutes choses . Cependant les seigneurs , qui connais- saient cet Eon plein de douceur, lui envoyè- rent Narbo, le restaurateur , et l'inondèrent pour manifester leur intervention divine , de lumière et de splendeur. J'ôtai donc ma cou- ronne , je me dépouillai de mon vêtement céleste, je cachai les caractères indélébiles dont mon cœur est marqué, et joyeusement douter . C'est donc une preuve que l'ouvrage n'est pas antérieur au premier siècle de l'Eglise . (An 70.)

�205 PART. 1. 206 - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. LIVRE D'ADAM . m'incarnai dans un corps humain ; mais encore fécondée . Je fis un dernier et sublime les sept planètes ue le connurent point. Mais bientôt la splendeur émanée de tout son être fit pâlir celle du monde ; alors les sept pla- nètes reconnurent sa présence . Le soleil per- dit sa splendeur , la lune ne retrouva plus sa påle clarté ; Nebu vit s'obscurcir son in- telligence ; Libat oublia son éclat crystallin, Kivan abandonna les rênes de ses coursiers , et brisa son collier , et Bel, laissant ses ar- mes inutiles, se couvrit la tête de poussière . Dieu et les empereurs se prosternèrent la face contre terre , et parcourant l'univers depuis la mer Erythrée, ils cherchèrent cet Eon qu'ils ne trouvèreut point , car il était remonté dans la maison des seigneurs . Bien- tôt ils l'aperçurent, et sa vue les glaça d'é- pouvante . Cependant l'Eon dit à la Vie : En quoi ai-je péché contre toi ? Tu m'as envoyé dans la demeure des pécheurs, et tu m'as privé de la présence de la Vie souveraine, de celle des Eons , mes frères , et des trésors des immortels . Les seigneurs ne répondirent pas ; mais voyant qu'il avait fait ce qu'ils lui avaient ordonné, ils l'enveloppèrent de leur propre splendeur, et le replacèrent sur son trône. Et pour que rien ne manquât à sa lu- mière et à sa béatitude, ils lui donnèrent trois génies pour lui servir de compagnons . Mais l'Eon reconnaissant , du trône élevé où il était placé, continua d'adorer et de célé- brer la Vie souveraine . L'ange de la Vie est pur ainsi que ses amis . Amen. CHAPITRE XLIII. Homélie sur la mesure absolue d'Adam . Au nom de la Vie souveraine , gloire et honneur à la lumière . Lorsque moi , Fétahil, je fus tiré de la source de toute splendeur, lorsque mon père , dans sa sagesse , m'eut appelé à l'existence , et m'eut couvert d'un vêtement de lumière, et m'eut placé sur la tête une couronne de gloire et d'innocence , il me dit Lève-toi , mon fils, va , condense l'eau noire , formes-en un univers terrestre , creuse pour les Jourdains et les torrents des puits et des abîmes, et forme le corps d'Adam, principe des corps de tous les êtres qui doivent un jour parvenir au séjour de la lumière . Va donc dans l'univers et prononce trois paroles puissantes : par la première , condense la terre , par la seconde , creuses-y des Jourdains et des torrents, et par la troi- sième, appelle à l'existence les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, et les semences de toute espèce et de tout genre. En effet, docile à l'ordre de mon père, je partis pour les contins de l'univers, etj'arrivai à la source de l'eau noire. Bientôt j'y pénétrai sans crainte. D'abord j'eus de l'eau jusqu'aux ge- noux, mais l'eau ne fut point fécondée ; j'a- vançai plus avant , l'eau m'arriva jusqu'aux cuisses, mais elle ne fut point fécondée : bientôt elle arriva jusqu'à mes lèvres , mais point de fécondation encore ; enfin je pro- nonçai sur l'eau le nom de la Vie et de l'ange de la Vie , j'y jetai le septuple vêtement de lumière , de splendeur et de gloire dont mon nère m'avait couvert , mais elle ne fut point effort ; j'ouvris sur l'eau la voix mysté- rieuse qui contient la parole de la Vie ; mais ce fut vainement. Que ferai -je donc avec cette eau rebelle, qui refuse de recevoir la parole fécondante de la Vie ? Qu'ai -je donc fait con- tre mon père Abatur , lui qui m'a jeté dans cet abime de toutes ténèbres, ou nulle créa- ture n'habite ? Je sortis donc du fond de l'eau noire , et je me rendis en la présence de mon père Abatur, pour lui demander l'explication de ces étranges mystères . A ma vue il se leva, et m'adressa les questions suivantes Le monde que tu viens de créer à quoi est-il semblable ? ce monde que ta voix puissante doit orner et embellir . Je lui répondis : Tu m'as envoyé dans ce monde fermé à la lumière , dans une eau qui re- pousse le germe fécond de la Vie. J'y suis entré cependant ; j'ai eu de l'ean jusqu'aux genoux, mais elle n'a point été fécondée ; j'y ai pénétré plus avant, l'eau m'est venue nécessairement jusqu'aux cuisses , jusqu'aux lèvres même ; mais elle n'a point encore été fécondée . J'ai fait plus : j'ai jeté dans cette eau mon vêtement de lumière et de gloire ; j'ai ouvert sur elle la voix mystérieuse de la parole et de la vérité, et cette fois encore l'eau est restée stérile . Après cette réponse à son père Abatur, Fétahil se répandit en actions de grâces , et il célébra la Vie pre- mière et seconde . Il monta ensuite en la présence de la Vie pour lui parler des œu- vres de ce monde terrestre, que j'avais ap- pelé à l'existence . Alors la Vie envoya le génie Abel Zivo aux montagnes de ténèbres. C'est là qu'il recueillit le levain qu'il ap- porta à Abatur. Celui-ci l'enveloppant d'une étoffe précieuse , le donna à Fétahil , en lui disant : Va, condense le globe terrestre , et déroule le firmament sur l'univers . Docile à cet ordre , Fétahil se leva , et se portant jus- qu'aux extrémités de la terre, il jeta dans l'eau le levain que son père lui avait donné. L'eau se coagula aussitôt dans un espace de douze mille parasanges, et des oiseaux fa- rent formés qui entouraient le monde en vo- lant . Cette coagulation est celle des justes qui devaient un jour être introduits dans le séjour de la lumière . L'eau se coagula de nouveau dans un espace de douze mille pa- rasanges, et il fut appelé le globe terrestre . De ma première parole je condensai la terre, et je déroulai le firmament d'une ex- trémité de l'univers à l'autre . D'une seconde parole je fis naître les Jourdains et les tor- rents sur cette terre. D'une troisième parole je créai les poissons dans la mer, et les oi- seaux dans le ciel , afin que les uns et les autres servissent la nourriture à Adam et à sa postérité. D'une quatrième parole, je pro- duisis les herbes, fes fruits, les plantes de toute espèce. D'une cinquième parole j'ap- pelai à l'existence tous les mauvais reptiles. De ma sixième parole je fis naître les ténè- bres ; de ma septième parole enfin , l'esprit et ses enfants. Quand je vis donc cette der- nière création de mon verbe , l'esprit et ses sept fils,je leur demandai : D'où venez-vous ?

�907 208 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . car votre nom n'est point connu dans la maison de mon père . Et vous , planètes, d'où existez -vous ? car il n'a pas été en mon pouvoir de ne point vous créer ? A ces ques- tions les sept planètes s'approchèrent de plus près pour mieux m'écouter. Alors l'esprit se présentant à moi , me dit : Nous venons à toi pour te servir à jamais comme des mer- cenaires , moi , mes fils , et toute ma famille . Gouverne ton empire ; nous sommes tes serviteurs et nous te suivrons partout . Féta- hil lui répondit : Si vous faites bien, je vous recevrai auprès de moi , et j'aurai soin de vous . Mais , si vous faites mal , je vous ferai rentrer dans le lieu d'où vous sortez . De plus, quand vous ferez bien , vous serez ap- pelés mes enfants , et je vous donnerai le pouvoir de faire les œuvres que mon père m'a confiées . En disant ces paroles, Fétahil se vit enlever subitement le monde , et lui- même fut jeté dans les fers, parce qu'il avait changé la parole de son père. En effet , au lieu d'accomplir exactement et fidèlement fordre que lui avait donné son père , il l'a- vait modifié aussi fut- il jeté dans un ca- chot ; un voile a été interposé entre lui et Abatur, afin qu'ils puissent s'entendre , mais qu'ils ne puissent point se voir. Quand le monde fut ainsi enlevé, et Fétahil jeté dans une prison , Abel Zivo fut envoyé pour ré- parer le désordre du premier créateur, orner le monde de Fétahil , et devenir le gardien d'Adam et d'Eve , son épouse , et de tous les êtres qui devaient en sortir . Gloire à la Vie qui est pure ; pur est celui qui a été envoyé . Amen. CHAPITRE XLIV . Discours sur Fétahil , lorsqu'il condensa la terre, et déroula le firmament . Au nom de la Vie , gloire et honneur à la lumière! Les Disciples interrogèrent l'hom- me qui était venu par l'ordre des seigneurs , disant : Voyons , dis-nous si tu es le fils des seigneurs ? Il répondit : Je suis sorti des sei- gneurs, qui m'ont envoyé dans ce monde . Il ajouta Voyez, je suis le génie du Très- Haut, je vais où l'on m'envoie ; or , les sei- gneurs m'ont envoyé ici pour éclairer les gens de bien. Le monde avait été enlevé , mais toutes les choses dont il était composé étaient faites avec un soin infini . C'est ainsi que je créai la matière solide du ciel et de la terre, du soleil et de la lune, du vent, du feu et de l'eau ; j'établis l'écoulement des eaux, et je répandis sur le monde aussi bien de la doctrine céleste que du souffle du vent , que de l'éclat des sept planètes . C'est encore moi qui viens instruire de toute vé- rité mes disciples fidèles ; et cette vérité les transformera en créatures lumineuses . Ceux qui m'ont vu ont tremblé ; ils ont été saisis d'effroi , comme à la présence d'une divinité . C'est à noi que Namrus , la mère du monde a dit : Accorde- moi la souveraineté de ce monde, et je te reconnaîtrai pour notre roi, et nous t'obéirons tous. Fétahil répondit à (165) Abatur. Namrus, cette mère du monde : Je suis venu ici par l'ordre des seigneurs , qui m'ont en- voyé ; or, ma mission a eu pour but unique ' d'instruire les élus, de relever ceux qui étaient tombés , de réveiller ceux qui dor- maient assis à l'ombre de la mort, du péché, de conduire au séjour de la Vie et de la lu- mière les vigilants et les miséricordieux . A ces paroles, Namrus éleva une voix gémis- sante, et se prit à pleurer . Elle disait : hélas! hélas ! ce génie superbe n'est donc descendu d'en haut que pour me dépouiller ; il vient m'enlever l'empire de ce monde et instruire et éclairer les justes , et leur tracer la voie du séjour de la lumière . Réjouissez- vous . O génie chantez les louanges du génie du Très-Haut qui vous visite ; voyez, jugez et suivez les sentiers de la vie . Gloire à la Vie qui est pure ; gloire à Celui qu'elle a envoyé vers nous ! Telles sont les questions adressées par les disciples au génie envoyé par les sei- gneurs . CHAPITRE XLV. Au nom de la Vie souveraine , gloire et honneur à la lumière ! La première Vie m'a appelé dans sa sagesse ; elle a mis le calme dans mon esprit, elle m'a revêtu de sa splen- deur, elle m'a couvert de sa lumière , elle m'a soutenu de sa force, et m'a dit : Va, sois en aide à la seconde Vie ; illumine son cœur, éclaire son esprit, révèle - lui les mys- tères de la paix, plus anciens que les niys- tères de la ccnfusion , fais-lui goûter la dou- ceur qui n'a point d'amertume , montre -la aux enfants de la Vie, les aînés des enfants des ténèbres , fais-lui comprendre le Jour- dain de la vie , la source de son innocence, le mystère de la couronne que la Vie a pla- cée sur la tête des génies , enfin fais-la bril- ler aux yeux des enfants de la première Vie , ses plus pieux adorateurs. A ces mots je me prosternai, et prompt à exécuter les ordres qui m'étaient donnés , je parvins au séjour de la Vie . A ma vue , Juschamin des- cendit de son trône , et venant à moi (165) , il me dit : Tu es la seule des puissances , tu as vécu dans le monde , tu lui as ouvert les portes, tu as préparé les voies aux fidèles, tu es le seigneur des trésauriers , parmi les- quels habite ta lumière ; tu as illuminé l'es- prit de la Vie Juschamin , tu as fortifié son cœur, tu lui as révélé les mystères de la paix, plus anciens que les mystères de la confusion , tu lui as fait goûter la douceur qui ne connaît point l'amertume , tu lui as expliqué toutes les œuvres de la Vie , la dernière et la plus parfaite de toutes les créatures . A ces mots étendant la main, j'embrassai Juschamin et l'interrogeai sur les créatures de la lumière . Je lui dis : Je t'ai donné le pouvoir de la grande voix de la Vie, par laquelle tu as reçu l'innocence ; je t'ai donné le pouvoir de sonder les mys- tères, de connaître la vérité , de découvrir le principe et l'origine de toute génération. Et

�200 PART. I. 210 -4 LIVRE D'ADAM. ― TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. maintenant dis-moi quel est l'homme qui écrit une lettre au génie déchu : à la lecture reçut le premier l'existence, quel est celui de cette lettre Fétahil sentit toute la clé- qui la lui a donnée, qu'y a-t-il enfin de vi- mence, toute la miséricorde de la première cieux et d'imparfait dans cette création ? Vie pour lui, et renvoyant les fascinateurs, Etonné de cette question , Juschamin répon- dissipant lui-même l'armée des anges dé- dit : Dans la première exécution il n'y a chus , il s'écria : Abel Zivo, c'est toi qui es rien eu de vicieux ni d'imparfait dans la l'auteur de tout cela ! Alors Abel Zivo, Aba- seconde, tout n'a pas été entièrement mau- tur, Juschamin et tous les bons génies se vais ; dans la troisième , a été formée la levèrent, et entrant dans le palais de Féta- splendeur que possèdent les génies ; dans hil , ils s'écrièrent : Quelle est suave l'odeur la quatrième, j'ai reçu l'existence, et c'est de l'Eon repentant, quelle est suave ! mais par moi qu'existe ce qui est vicieux et im- quelle est admirable la lumière de la Vie parfait . Alors je me disais en moi -même souveraine, quelle est sublime sa doctrine ! Quel discours tiendrai -je maintenant à Jus- Et le génie Abel leur répondit : Que votre chamin ? pour qu'il ne dise pas : Abel Zivo splendeur est éclatante , ô génies, mes frè m'a enlevé mes secrets qui sont mes riches- res, que votre clarté est lumineuse ! votre ses? C'est pourquoi je lui dis : Ton père t'a séjour est radieux ; votre gloire infinie ! Cé- couvert de splendeur ; il a disposé en ta fa- lébrons la Vie , qui est pure , et l'homme qui veur de tous les sceptres. C'est toi qui éclai- est venu ici. Amen . res la famille des bons ; c'est toi qui nous illumines nous - mêmes de ta splendeur et de ta lumière infinie. Or c'est la première Vie qui m'avait envoyé vers toi . Ensuite, je repris ma route , et j'arrivai au séjour de la Vie. Abatur à ma vue , se leva , des- cendit de son trône et ne parla en ces ter- mes Qu'ai-je fait pour mériter l'honneur de ta visite ? La Vie souveraine t'a comblé de bénédictions, & Abel Zivo ; les Eons Se- mirs l'ont confirmé dans la vérité . Alors , je le priai de remonter sans crainte sur son trône , et je lui dis : La vérité soit avec toi ; garde fidèlement mes discours ! et je partis . Bientôt j'arrivai chez Fétabil, qui descen- dant de son trône , s'écria en me voyant : O germe fécondé et grandi dans l'éther, qui t'a appelé, qui t'a envoyé ? Je lui répondis : La Vie souveraine m'a appelé, les excellents m'ont confirmé . Et je l'interrogeai en ces termes Pourquoi ta prière n'est-elle pas montée au séjour de la Vie souveraine, pour- quoi ton image ne brille- t - elle pas au séjour de la lumière ? Pourquoi enfin la Vie ne t'a- t-elle pas béni , et ne t'a point fait part de ses trésors ? Il répondit : Pourquoi me lève- rai-je , me soumettrai-je , célébrerai -je la Vie Souveraine ? Ma bonté n'est point agréable à ses yeux ! A ces mots Fétahil se ras- sied en pleurant , et adresse une con- Vocation aux génies des sept planètes , aux fascinateurs et à la foule des génies déchus, pères du trouble et de la discorde . A cette vue, Abel Zivo écrit une lettre à Abatur . Celui -ci se lève avec quatre cent mille my- riades de génies , venus à son appel . Abel écrit encore à Juschamin , le fils des rois . Juschamin, à la vue des fascinateurs et des mauvais génies, arme sa main d'un bâton trempé dans l'eau vive, et du glaive quitue les fascinateurs ; puis s'avançant vers Abel , il lui dit Laisse-moi frapper le génie Féta- hil ; qu'il soit précipité de son trône ; que ce glaive lui fende la tête, que ce bâton mys- térieux l'abatte au milieu de son armée, et que le feu de la révolte soit éteint àjamais. Il dit mais Abel Zivo lui répond : Calme ta noble ardeur, Juschamin , fils des rois ! La Vie souveraine fait taire sa justice en faveur de sa miséricorde . En effet, la Vie première CHAPITRE XLVI. Au nom de la Vie souveraine , honneur et gloire à la lumière ! Au départ de Behiro (l'élu) que la Vie avait appelé d'en haut , tous les génies, auxquels sont confiés les trésors de la sagesse, s'écrient de concert : Levons - nous, allons trouver l'ange de la Vie, et répondons à toutes ses questions . Faisons- lui connaître la doctrine de la Vie, qu'igno- rent les élus eux -mêmes , parlons - lui des bons Eons , du baptême de vie qu'ils ont reçu , jurons de parler à la lumière , qui n'a point révélé son nom aux génies , par le myrte antique, qui leur fournit des cou- ronnes et disons-lui : Lève -toi , viens avec nous dans le monde de la vie , Juschamin , voyons les œuvres qu'il a faites, et révélons- lui les troubles qui se sont élevés aux pieds mêmes des puissants . Ils dirent , et leur voix monta jusqu'au séjour des puissants . Cependant cinq cent cinquante mille génies allèrent du Jourdain vers l'ange de la Vie ; quatre cent quarante mille autres , de la terre candide et pure, enfin du trône infé- rieur du roi des génies, six cent soixante mille . Tous lui dirent : Pourquoi le roi de la lumière t'a-t- il appelé ? t'a - t- il établi roi de l'Ether ? Tu ne vas point au séjour de Juschamin , tu ne vas point rectifier ses œu- vres. Cependant que Juschamin sache bien que l'énergie de la Vie est meilleure que celle de la mort ; que le génie de la lumière est supérieur aux fils du géant Biouro ; que la splendeur des justes à plus d'éclat que celle des méchants . Tu as pris la pureté , et tu l'as jetée aux pieds des puissants ; tu as pris les bons génies, et tu les as envoyés dans des corps périssables ; tu as pris les parfums suaves, et tu les as répandus dans le monde, et tu as produit ainsi tout ce qui est vicieux et imparfait. Tu as envoyé le sézame élevé, principe de tout ce qui est mal ; tu as envoyé l'oeil de la génisse , prin- cipe de tout ce qui est défectueux ; tu as pris le narcisse , le myrte, la sauge, dans la terre pure d'Arvan, pour les transplanter sur l'é- lément périssable de ce monde ; tu as cueilli le millet pur et odoriférant au pied du trône du roi des génies, et tu l'as semé dans la

�211 212 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . boue ; tu as embaumé de parfums de toute espèce les âmes de ceux qui ne rêvent qu'au mal. Tu as pris letrésorde la Vie, et tu l'as prodigué sur une terre périssable ; tu as pris la langue de la Vie , et tu l'as mise dans la bouche des pervers : tu as pris la perle pure, et tu l'as donnée à des hommes qui ont préféré les cours de chair et de sang à la sagesse des seigneurs , à la voix envoyée d'en haut, à la parole éternelle , et qui t'ont fait responsable de ces œuvres . Tu as donné le son de la vie à une voix mortelle , la pa- role de la vie à une bouche qui doit se fer- mer ; la prière à un être qui doit s'éteindre . Tu as jeté la perle pure parmi les méchants , et la doctrine de la Vie parmi ceux qui ne veulent point croire . A ces mots , l'ange de la Vie descendit de son trône , et s'adressant à Abel, il lui dit : Lève-toi et dis à Juscha- min Prends la perle pure, et fais en sorte que les Juifs ne s'imaginent point que leur empire va finir, et que la famille de la Vie doit être extirpée de la terre . Dis - lui en- core A quoi sert un corps sans âme ? n'est- ce point un vase vide ? A quoi sert une vi- gne qui ne rapporte rien ? Or voici la parole que le roi suprême de la lumière a adressée à l'ange de la Vie : Pourquoi Juschamin a - t-il voulu connaître les mystères de la Vie ? Pourquoi Abel Zivo a-t-il voulu voir le trésor de la Vie ? A ces mots, l'ange de la Vie se leva et descendant de son trône , il se revêtit de soixante et un vêtements de splendeur, de lumière et de gloire ; puis éclairé par la sagesse des sei- gneurs, enrichi du trésor de la Vie que ses pères lui avaient donné, il se transporta vers Juschamin, et s'arrêtant dans son palais , il lui communiqua la moitié de sa splendeur. Soudain un grand bruit se fit entendre ; les sept planètes se prosternèrent ; la terre fut violemment ébranlée , le firmament fut roulé comme un store, et l'eau noire, coulant ça et là sous le trône d'Abatur, frappée qu'elle était de la splendeur de l'ange de la Vie, s'abaissa devant lui . Et les sept planètes se dirent Pourquoi resterions-nous les gar- diens du monde ? La moitié vient de nous être enlevée. Le génie Fétahil leur répon- dit Qui donc vous a enlevé cette moitié ? Je n'ai pas vu de splendeur, je n'ai point aperçu cette forme admirable , cette lumière qui fait parler la vôtre . Mais en disant ces mots, il tomba prosterné la face contre terre , et s'écria : Je suis dans les fers ! Constituez Juschamin le gardien de ce monde , et pré- parez- le à ses œuvres , principe du vice et de l'imperfection . Ainsi le veut Abatur, Aba- tur qui transforme la laideur en beauté . Il dit et Juschamin se leva de son trône , et chargea Fétahil de soixante et une chaînes . Celui-ci furieux , invoque son père Abatur, et lui dit : Que me veut Juschamin, pour- quoi me charge-t- il de fers ? L'ange de la Vie a laissé le deuil et la tristesse dans ce monde. Que me demandez -vous ? Vous m'a- vez précipité de mon trône , vous avez en- levé à mon cœur son appui. Il dit, et sa voix monta vers le séjour des puissants . Alors les puissants se levant de leurs trônes, dirent à l'ange de la Vie Pourquoi t'es-tu montré au monde dans toute ta magnificence, et puis , après y avoir laissé le deuil et la tris- tesse , as-tu porté le trouble au milieu des génies ? Or, puisque telle a été ta conduite, ordonne au génie Juschamin , ordonne-lui par le nom unique du roi de la lumière, par ton propre nom, par Abel Zivo , de partir, de descendre dans le séjour des ténèbres, et de réparer ce que l'élu a détruit . Dis lui : Que le soleil, lui , dont les rayons s'étendent si loin; que la lune, elle dont la blancheur est si remarquable, que Fétahil entin ignorent que l'âme est tombée , en entrant dans un corps, et que c'est dans le sang qu'elle fait sa de- meure . Dis lui et fais en sorte , ô Juscha- min bar Guro , que Fétahil entende, fortifie son cœur, romps ses chaînes, qu'il n'y ait plus rien en lui de vicieux ni d'imparfait. A ces mots Juschamin adora la Vie souve- raine . Puis il s'en alla et après avoir rompu les fers de Fétahil , il lui dit : Le juste croit en toi . J'ai reconnu ton innocence , et mes yeux ont entrevu ta splendeur . Non , nous ne t'oublierons plus pas même un seul jour, pas même une seule heure , et ton souvenir vivra à jamais dans notre cœur . En enten- dant ces paroles, Fétahil dit à Juschamin : Pourquoi l'ange de la Vie a - t - il plongé le monde dans la tristesse ? que lui demandes- tu ? Pourquoi m'as - tu jeté dans les fers ... A ces mots l'ange de la vie s'aperçoit qu'il y avait désunion entre Fétahil et Juschamin. Il envoya donc aux générations Abel Zivo, en lui disant : Hâte-toi , que Juschamin excite la parole de la concorde , et que le cœur de Fétahil s'ouvre à l'harmonie. Je partis donc, et j'arrivai à la demeure de Juscha- min , et je lui dis : pourquoi n'as -tu pas exé- cuté les ordres des légendes ? Pourquoi n'as- tu pas rompu les fers de Fétabil ? A ces mots, Juschamin reconnut que je lui révé lais un mystère . Il descendit de son trône, en venant à moi, il me dit : La voici enfin venue la splendeur infinie ; la voici qui il lumine le monde dans toutes ses parties . Les Nazaréens en entendant ces paroles, se réjouirent en disant : Quelle est agréable, quelle est suave la voix de la Vie , que nous venons d'entendre ! Alors appelant sur lui les bénédictions des grands génies, je lui dis Calme-toi et fais silence ! je t'ai ré- vélé un grand mystère : conserve - le soi- gneusement . Je t'ai parlé du trésor de la Vie, je vais maintenant te parler de toutes cho- ses ; des justes , nés de la chair et du sang, et des disciples qui préfèrent la parole de la Vie . Ecoute donc mes instructions : Quand vous serez accablé sous le poids de la ma- lice, voici , vous manderez le géant Fétahi !. Mais prenez-y garde , celui qui manquera au respect dû à Fétahil , deviendra la victime d'un grand malbeur. Plus tard cependant je lui promis d'introduire le mensonge et le mal dans le monde, mais quoiqu'il ait reçu cette permission , vous devez prier que la pensée du mal ne lui vienne point . Puis je me dirigeal vers la demeure d'Abatur. A la

�213 214 PART. I. LIVRE D'ADAM. -- TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. - vue de ma splendeur, il descendit de son troue, en venant vers moi , il me dit : D'où me vient ce bonheur de recevoir la parole suave de la Vie ? Cette voix qui est celle des génies de la lumière ? Je partis ensuite et j'arrivai à la demeure de Juschamin . Celui- ci, en me voyant, descendit aussi de son trône, et vint à moi, et me dit : Animé de cette haute prudence que la Vie lui avait communiquée . Je pris alors des parfums, que je mêlai dans l'eau du Jourdain . Il vint donc à moi, et des parfums que j'avais ap- portés, il composa une couronne odori- férante, en me disant : Enfant des plaines éthérées, qui t'a appelé à l'existence ? Je ré- pondis : C'est la Vie souveraine ; et ce sont les élus, qui m'out confirmé dans le bien, qui m'ont élevé un trône à la droite de l'ange de la Vie. J'ajoutai : Je te supplie , ô Vie sou- veraine, je te supplie de me faire participer à la gloire. Que le Seigneur m'accorde la grâce de confesser Juschamin , afin qu'il ne puisse point dire : C'est Abel Zivo qui m'a enlevé ma gloire et ma splendeur . A ces mots, la Vie souveraine me cominuniqua une force nouvelle, en me disant : Va, con- firme par tes paroles Juschamin , et qu'il ne dise point : C'est Abel Zivo qui m'a enlevé ma gloire et ma splendeur. Alors armé de cette puissance nouvelle , j'allai trouver Juscha- min et je lui dis : Les montagnes de splen- deur t'ont béni ; les collines de lumière t'ont confirmé . La terre lumineuse des ré- gions éternelles te bénit, et t'a préparé une demeure digne de toi ; o le plus fortuné des génies tes frères, toi qui es le chef de tou- tes les créatures de la lumière . Après ce dis- cours à Juschamin , je retournai à mon père. Mais, quand l'ange de la Vie eut aperçu ma splendeur, il fit entendre une parole qui re- tentit dans toute la voûte céleste , et il dit : Voici venir le génie Abel, semblable à Sche- tel quand il retourna auprès da ses frères, les adorateurs de la Vie souveraine . Et tous les génies se levèrent de leur trône , et ils me conférèrent leur baptême ; et ils me confir- mèrent de leur divine voix , et Schetel s'ap procha de moi et me dit : que ta forme brille d'un éclat intini ; et il posa sur ma tête une couronne resplendissante, et je fus placé sur un trône. Et comme on célébrait le nom de la Vie , on célébra aussi mon nom dans le séjour de la félicité éternelle . Gloire à la Vie , qui est pure ; gloire à celui qui est venu parmi nous! Amen . CHAPITRE XLVII . Voici encore une digression sur le dé- part de l'élu de la Vie , et sur son rappel au séjour de la vie . Au nom de la Vie , gloire et honneur à la Vie ! Moi qui suis une plante d'élite, je viens dans le monde . La Vie me dit en nie donnant mon mandat : Lève-toi , lève- toi,des- cends parmi les générations , va trouver les enfants de la paix , sources cependant de tout ce qui est vicieux et imparfait, préci- pice de désordre et de désunion. L'ange de la Vie dit alors aux élus qu'il s'était choisis : Donnez-moi un marieau de splendeur, et je briserai les enfants de ce monde, et je détrui- rai cette terre maudite , tout en réparant les pertes qui s'y trouveront, pour les élever au séjour de la Vie . L'ange de la Vie avait parlé, et sa voix s'était fait entendre de tou- tes les créatures. Alors les anges qui avaient créé le monde se prirent à pleurer; les hom- mes dont les familles en remplissaient la surface furent saisis d'effroi , et ils se lamen- tirent et ils se tordirent les bras comme des femmes. Cependant l'esprit impudique s'en alla, et revint sous la forme d'une jeune vierge, tandis que ses enfants se tordant les bras, s'arrachant les cheveux , et répandant des torrents de larmes lui disaient : Et toi aussi tu es triste , tu es accablé de douleur ! Pourquoi la Vie nous a-t -elle envoyé ce gé- nie ? Pourquoi, nous qui sommes les créa- tures et l'oeuvre de tes mains , ne nous pro- téges- tu pas ! L'homme nouveau leur ré- pondit: C'est dans sa colère que la Vie m'a envoyé vers vous ! Ce monde sera brisé comme un vase de verre , les habitants tom- beront et s'évanouiront comme la fumée , avec tout ce qu'ils possèdent ! Alors l'esprit du mal dit à son tour à ses enfants : Les tré- soriers du monde se sont examinés en ma présence , ils n'ont point vu l'avénement de la Vie . Point de découragement donc , si vous n'avez pas oublié l'art des prestiges, si vous êtes des démons, levez - vous , pre- nez les armes , et ne permettons point à l'homme nouveau de s'établir dans le mon- de ! Alors tous les enfants de l'esprit impie et corrupteur lui répondirent : Insensél ta forme pourra-t - elle s'opposer avec avantage à la forme lumineuse , splendide de l'homme nouveau ? La force nous manque pour com- battre avec lui ! Pendant que les méchants délibéraient ainsi, on entendit retentir dans l'espace le bruit du marteau de splendeur : le firmament en est ébranlé ; les cataractes de la pluie sont ouvertes, et s'écoulent en torrents sur la terre ; et l'esprit agité par des sentiments contraires s'écrie : Je vous chasserai de ma présence , je vous exilerai sur la terre. Cependant la splendeur de l'an- ge de la Vie apparaît. Le fracas de son ap- proche se fait déjà entendre sur la terre des méchants. L'esprit s'écrie encore au milieu de ses enfants agités : Prenez -y garde , mes fils , je vous chasserai , je vous jetterai dans le fond de la mer. La splendeur de l'ange de la Vie rayonnait toujours , il ajouta : Mal- heur à vous , malheur à vous ! car l'ange de la Vie vous prendra et vous précipitera dans la mer Erythrée . Cependant l'ange de la Vie s'approchant de plus en plus , l'esprit saisit ses enfants , et les enfonça dans une ouver- ture du firmament. Mais l'homme nouveau, l'envoyé de la Vie, accélérant sa course, ébranla la terre des méchants, et détruisit tout ce qui s y trouvait . Cependant les en- fants de la Vie tombèrent sur la terre, et roulèrent dans la mer dévorante , d'où l'es- prit ne put les tirer. L'ange de la Vie, sa- chant que sur la terre habitaient encore des génies du mensonge leur dit : D'où venez-

�211 212 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . boue ; tu as embaumé de parfums de toute espèce les âmes de ceux qui ne rêvent qu'au mal. Tu as pris le trésorde la Vie, et tu l'as prodigué sur une terre périssable ; tu as pris la langue de la Vie , et tu l'as mise dans la bouche des pervers : tu as pris la perle pure , et tu l'as donnée à des hommes qui ont préféré les cours de chair et de sang à la sagesse des seigneurs , à la voix envoyée d'en haut, à la parole éternelle, et qui t'ont fait responsable de ces œuvres . Tu as donné le son de la vie à une voix mortelle , la pa- role de la vie à une bouche qui doit se fer- mer; la prière à un être qui doit s'éteindre. Tu as jeté la perle pure parmi les méchants , et la doctrine de la Vie parmi ceux qui ne veulent point croire . A ces mots , l'ange de la Vie descendit de son trône , et s'adressant à Abel , il lui dit : Lève-toi et dis à Juscha- min Prends la perle pure, et fais en sorte que les Juifs ne s'imaginent point que leur empire va finir, et que la famille de la Vie doit être extirpée de la terre . Dis - lui en- core A quoi sert un corps sans âme ? n'est- ce point un vase vide ? A quoi sert une vi- gne qui ne rapporte rien ? Or voici la parole que le roi suprême de la lumière a adressée à l'ange de la Vie : Pourquoi Juschamin a- t- il voulu connaître. les mystères de la Vie ? Pourquoi Abel Zivo a-t-il voulu voir le trésor de la Vie ? A ces mots, l'ange de la Vie se leva et descendant de son trône , il se revêtit de soixante et un vêtements de splendeur, de lumière et de gloire ; puis éclairé par la sagesse des sei- gneurs , enrichi du trésor de la Vie que ses pères lui avaient donné, il se transporta vers Juschamin, et s'arrêtant dans son palais , il lui communiqua la moitié de sa splendeur . Soudain un grand bruit se fit entendre ; les sept planètes se prosternèrent ; la terre fut violemment ébranlée , le firmament fut roulé comme un store , et l'eau noire , coulant ça et là sous le trône d'Abatur, frappée qu'elle était de la splendeur de l'ange de la Vie , s'abaissa devant lui. Et les sept planètes se dirent Pourquoi resterions-nous les gar- diens du monde ? La moitié vient de nous être enlevée . Le génie Fétahil leur répon- dit : Qui donc vous a enlevé cette moitié ? Je n'ai pas vu de splendeur, je n'ai point aperçu cette forme admirable , cette lumière qui fait parler la vôtre. Mais en disant ces mots , il tomba prosterné la face contre terre , et s'écria : Je suis dans les fers ! Constituez Juschamin le gardien de ce monde , et pré- parez- le à ses œuvres, principe du vice et de l'imperfection . Ainsi le veut Abatur, Aba- tur qui transforme la laideur en beauté . Il dit et Juschamin se leva de son trône , et chargea Fétahil de soixante et une chaînes . Celui-ci furieux , invoque son père Abatur, et lui dit Que me veut Juschamin , pour- quoi me charge-t -il de fers ? L'ange de la Vie a laissé le deuil et la tristesse dans ce monde . Que me demandez -vous ? Vous m'a- vez précipité de mon trône , vous avez en- levé à mon cœur son appui. Il dit, et sa voix monta vers le séjour des puissants . Alors les puissants se levant de leurs trônes, dirent à l'ange de la Vie : Pourquoi t'es-tu montré au monde dans toute ta magnificence , et puis, après y avoir laissé le deuil et la tris- tesse, as-tu porté le trouble au milieu des génies ? Or, puisque telle a été ta conduite , ordonne au génie Juschamin , ordonne - lui par le nom unique du roi de la lumière , par ton propre nom, par Abel Zivo , de partir, de descendre dans le séjour des ténèbres, et de réparer ce que l'élu a détruit . Dis lui: Que le soleil , lui , dont les rayons s'étendent si loin; que la lune , elle dont la blancheur est si remarquable, que Fétahil entin ignorent que l'âme est tombée , en entrant dans un corps, et que c'est dans le sang qu'elle fait sa de- meure . Dis lui et fais en sorte , ô Juscha- min bar Guro , que Fétahil entende , fortifie son cœur, romps ses chaînes , qu'il n'y ait plus rien en lui de vicieux ni d'imparfait. A ces mots Juschamin adora la Vie souve- raine . Puis il s'en alla et après avoir rompu les fers de Fétahil, il lui dit : Le juste croit en toi. J'ai reconnu ton innocence, et mes yeux ont entrevu ta splendeur . Non , nous ne t'oublierons plus pas même un seul jour, pas même une seule heure , et ton souvenir vivra à jamais dans notre cœur. En enten- dant ces paroles , Fétahil dit à Juschamin : Pourquoi l'ange de la Vie a- t- il plongé le monde dans la tristesse ? que lui demandes- tu ? Pourquoi m'as -tu jeté dans les fers ... A ces mots l'ange de la vie s'aperçoit qu'il y avait désunion entre Fétahil et Juschamin. Il envoya donc aux générations Abel Zivo, en lui disant : Hâte-toi, que Juschamin excite la parole de la concorde, et que le cœur de Fétahil s'ouvre à l'harmonie. Je partis donc, et j'arrivai à la demeure de Juscha- min, et je lui dis : pourquoi n'as-tu pas exé- cuté les ordres des légendes ? Pourquoi n'as- tu pas rompu les fers de Fétabil ? A ces mots , Juschamin reconnut que je lui révé lais un mystère . Il descendit de son trône , en venant à moi, il me dit: La voici eufin venue la splendeur infinie ; la voici qui il- lumine le monde dans toutes ses parties . Les Nazaréens en entendant ces paroles , se réjouirent en disant : Quelle est agréable, quelle est suave la voix de la Vie, que nous venons d'entendre ! Alors appelant sur lui les bénédictions des grands génies, je lui dis Calme-toi et fais silence ! je t'ai ré- vélé un grand mystère : conserve - le soi- gneusement . Je t'ai parlé du trésor de la Vie, je vais maintenant te parler de toutes cho- ses ; des justes , nés de la chair et du sang, et des disciples qui préfèrent la parole de la Vie. Ecoute done mes instructions : Quand vous serez accablé sous le poids de la ma- lice , voici , vous manderez le géant Fétahi !. Mais prenez-y garde , celui qui manquera au respect dû à Fétahil, deviendra la victime d'un grand malheur . Plus tard cependant je lui promis d'introduire le mensonge et le mal dans le monde, mais quoiqu'il ait requ cette permission, vous devez prier que la pensée du mal ne lui vienne point . Puis je ine dirigeai vers la demeure d'Abatur. A la

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TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. LIVRE D'ADAM. vue de ma splendeur, il descendit de son Donnez-moi un marieau de splendeur, et je trône, en venant vers moi , il me dit : D'où briserai les enfants de ce monde , et je détrui- me vient ce bonheur de recevoir la parole rai cette terre maudite, tout en réparant les suave de la Vie ? Cette voix qui est celle des pertes qui s'y trouveront, pour les élever génies de la lumière ? Je partis ensuite et au séjour de la Vie . L'ange de la Vie avait j'arrivai à la demeure de Juschamin. Celui- parlé, et sa voix s'était fait entendre de tou- ci , en me voyant, descendit aussi de son tes les créatures . Alors les anges qui avaient trône, et vint à moi, et me dit : Animé de créé le monde se prirent àpleurer; les hom- cette haute prudence que la Vie lui avait mes dont les familles en remplissaient la communiquée . Je pris alors des parfums , surface furent saisis d'effroi , et ils se lamen- que je mêlai dans l'eau du Jourdain . Il vint tirent et ils se tordirent les bras comme des donc à moi, et des parfums que j'avais ap- femmes . Cependant l'esprit impudique s'en portés, il composa une couronne odori- alla , et revint sous la forme d'une jeune férante, en me disant : Enfant des plaines vierge , tandis que ses enfants se tordant les éthérées , qui t'a appelé à l'existence ? Je ré- bras , s'arrachant les cheveux , et répandant pondis : C'est la Vie souveraine ; et ce sont les des torrents de larmes lui disaient : Et toi élus, qui m'out confirmé dans le bien , qui aussi tu es triste , tu es accablé de douleur ! m'ont élevé un trône à la droite de l'ange de Pourquoi la Vie nous a-t-elle envoyé ce gé- la Vie. J'ajoutai : Je te supplie , ô Vie sou- nie ? Pourquoi , nous qui sommes tes crea- veraine, je te supplie de me faire participer tures et l'œuvre de tes mains , ne nous pro- à la gloire. Que le Seigneur m'accorde la téges- tu pas ! L'homme nouveau leur ré- grâce de confesser Juschamin , afin qu'il ne pondit : C'est dans sa colère que la Vie m'a puisse point dire : C'est Abel Zivo qui m'a envoyé vers vous ! Ce monde sera brisé enlevé ma gloire et ma splendeur . A ces comme un vase de verre , les habitants tom- mots, la Vie souveraine me communiqua beront et s'évanouiront comme la fumée, une force nouvelle, en me disant : Va, con- avec tout ce qu'ils possèdent ! Alors l'esprit firme partes paroles Juschamin, et qu'il ne du mal dit à son tour à ses enfants : Les tré- dise point : C'est Abel Zivo qui m'a enlevé ma soriers du monde se sont examinés en ma gloire et ma splendeur . Alors armé de cette présence , ils n'ont point vu l'avénement de puissance nouvelle, j'allai trouver Juscha- la Vie . Point de découragement donc, si min et je lui dis : Les montagnes de splen- vous n'avez pas oublié l'art des prestiges, deur t'ont béni ; les collines de lumière si vous êtes des démons, levez - vous, pre- t'ont confirmé . La terre lumineuse des ré- nez les armes, et ne permettons point à gions éternelles te bénit, et t'a préparé une l'homme nouveau de s'établir dans le mon- demeure digne de toi ; ô le plus fortuné des de ! Alors tous les enfants de l'esprit impie génies tes frères, toi qui es le chef de tou- et corrupteur lui répondirent Insensél ta tes les créatures de la lumière . Après ce dis- forme pourra-t- elle s'opposer avec avantage cours à Juschamin , je retournai à mon père. à la forme lumineuse , splendide de l'homme Mais, quand l'ange de la Vie eut aperçù ma nouveau ? La force nous manque pour com- splendeur, il fit entendre une parole qui re- battre avec lui ! Pendant que les méchants tentit dans toute la voûte céleste, et il dit : délibéraient ainsi , on entendit retentir dans Voici venir le génie Abel , semblable à Sche- l'espace le bruit du marteau de splendeur ; tel quand il retourna auprès da ses frères, le firmament en est ébranlé ; les cataractes les adorateurs de la Vie souveraine . Et tous de la pluie sont ouvertes, et s'écoulent en les génies se levèrent de leur trône , et ils me torrents sur la terre ; et l'esprit agité par conférèrent leur baptême ; et ils me confir- des sentiments contraires s'écrie : Je vous mèrent de leur divine voix , et Schetel s'ap chasserai de ma présence , je vous exilerai procha de moi et me dit : que ta forme brille sur la terre. Cependant la splendeur de l'an- d'un éclat intini ; et il posa sur ma tête une ge de la Vie apparaît. Le fracas de son ap- couronne resplendissante , et je fus placé sur proche se fait déjà entendre sur la terre des un trône . Et comme on célébrait le nom de méchants. L'esprit s'écrie encore au milieu la Vie , on célébra aussi mon nom dans le de ses enfants agités : Prenez-y garde , mes séjour de la félicité éternelle . Gloire à la Vie, fils, je vous chasserai, je vous jetterai dans qui est pure ; gloire à celui qui est venu le fond de la mer. La splendeur de l'ange parmi nous ! Amen . de la Vie rayonnait toujours , il ajouta : Mal- heur à vous , malheur à vous ! car l'ange de la Vie vous prendra et vous précipitera dans la mer Erythrée. Cependant l'ange de la Vie s'approchant de plus en plus , l'esprit saisit ses enfants, et les enfonça dans une ouver- ture du firmament. Mais l'homme nouveau , l'envoyé de la Vie, accélérant sa course, ébranla la terre des méchants , et détruisit tout ce qui s'y trouvait . Cependant les en- fants de la Vie tombèrent sur la terre, et roulèrent dans la mer dévorante , d'où l'es- prit ne put les tirer . L'ange de la Vie, sa- chant que sur la terre habitaient encore des génies du mensonge leur dit : D'où venez- CHAPITRE XLVII . Voici encore une digression sur le dé- part de l'élu de la Vie , et sur son rappel au séjour de la vie . Au nom de la Vie , gloire et honneur à la Vie ! Moi qui suis une plante d'élite , je viens dans le monde . La Vie me dit en me donnant mon mandat : Lève-toi , lève- toi, des- cends parmi les générations , va trouver les enfants de la paix, sources cependant de tout ce qui est vicieux et imparfait, préci- pice de désordre et de désunion . L'ange de la Vie dit alors aux élus qu'il s'était choisis :

�215 216 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . vous, vous qui demeurez dans ce monde ? qui vous a créés,vous qui corrompez les gé- nérations et les créatures ? Ils lui dirent : Ange de la Vie , nous te jurons ici que nous ne savons rien sur notre existence . Notre séjour est le séjour des ténèbres , séjour inaccessible à la lumière , séjour de l'obsti- nation et de la perversité , séjour de trouble et de discordes, séjour du mal et du men- songe. Alors l'ange de la Vie leur dit : J'a- bandonnerai à eux-mêmes les méchants, qui sont tous des enfants du mensonge, mais je garderai pour moi les vêtements dont vous allez vous dépouiller. Alors ils quittèrent leurs vêtements, et se prosternèrent la face contre terre, comme des rois vaincus qui passent de la lumière d'un triomphe aux té- nèbres d'une défaite ; comme des troupeaux qui quittent leurs frais pâturages pour en- trer dans les rues étroites des villes , comme des juges iniques , qui du haut de leur trône d'injustice et de mensonge , épuisent leurs semblables, et sont l'objet des malédictions. universelles. L'ange de la Vie leur dit en- core : Allez, soyez semblables à votre père , à votre aîné , qui vit dans les ténèbres , et que le vengeur a vaincu . Allez, soyez sem- blables au roi des ténèbres, qui a osé pren- dre les armes contre l'ange de la Vie , mais que l'ange de la Vie a jeté dans le fond de l'abîme. Allez , soyez semblables au chef de toutes générations sur qui reposent tous les autres chefs, de même que la terre re- pose sur ses épaules . Allez, soyez sembla- bles au Seigneur puissant, qui , né de la terre, a osé s'insurger contre le ciel , mais que les enfants de la paix , que les anges ont abattu à leurs pieds ; qui a su tromper tous ses disciples, qui leur prescrivit des jennes ridicules, un jeune de sept jours pour que son nom ne fût point oublié par- mi eux, un jeûne de quatorze jours à l'é- poque où l'ange de la Vie lui arracha le Sceptre de ce monde , un jeûne de vingt- huit jours , à l'époque où la grande syna- gogue tomba pour ne plus se relever, un jeune enfin pour le jour où il rendit l'es- prit, un jeune enfin de quinze jours , lors- qu'il se nourrit de la chair du juste . L'ange de la Vie dit enfin pour la dernière fois : Ce- lui qui sera fidèle à ma parole, qui aura confiance en mes promesses, celui -là mon- tera au séjour de toute lumière . Mais les méchants obstinés dans le mal , qui ne fe- ront point pénitence, ceux encore qui ob- serveront des jeûnes insensés , tous ceux enfin qui repousseront la voix qui les ap- pelle, seront effacés du livre de vie. La Vie est pure. CHAPITRE XLVIII. Au nom de la Vie souveraine , gloire et honneur à la Vie ! L'ange de la Vie élève la voix écoute la voix du héraut de la Vie. Que chacun prête l'oreille à ses prédications. Heureux qui se connaît et qui se conduit d'après les inspirations de son cœur ! Heu- reux les justes, parce qu'ils arrivent au sé- jour de la lumière ! Mais, malheur à celui qui , en donnant de bons conseils aux autres, ne s'en donne point à lui-même ! Malheur á celui qui montre aux autres la voie qu'il faut suivre, mais qui n'y entre pas ! car, cette voie, celui qui la suivra ne sera point con- fondu . Malheur à l'architecte qui bâtit pour les autres et non pour lui-mênie ! Malheur à ceux qui ont des yeux et qui ne voient point! Malheur au ventre que rien ne peut rassa- sier ! Malheur à la langue qui , sur la même affaire, rend deux jugements différents ! Mal- heur aux maîtres qui instruisent les autres et ne s'instruisent point eux -mêmes ! Mal- heur aux insensés, aux esclaves de leurs sottises ! Malheur aux sages dont la sagesse n'est bonne à rien ! Malheur aux empereurs qui peuvent tout faire et qui ne font point de bonnes œuvres ! tous, ils tomberont dans le feu éternel ; car les charbons que leurs mains pourraient écarter et éteindre se- raient rallumés par leurs lèvres impies. Malheur au cœur dépravé qui ne donne que de mauvais conseils ! quand le monde sera animé , il ne verra point la cité céleste et le séjour éternel de la lumière. Heureux celui qui fait le bien ! malheur à celui qui fait le mal Malbeur à celui qui ne fait point part aux autres des biens que le Seigneur lui donne, mais qui s'attribue même le salaire de l'ouvrier ! ses œuvres périront, et il s'é- garera dans sa route incertaine . Que vos mains opèrent donc les œuvres de la justice, et que votre cœur soit ferme dans la foi ; ce sera pour vous un gage assuré de vie et de lumière. La Vie est pure, pur est l'ange de la Vie , ainsi que tous ceux qui l'adorent. Amen. CHAPITRE XLIX . lumière ! Je suis sorti du séjour de la Vie, Au nom de la Vie, gloire et honneur à la de ce séjour de délices et de joies éternelles. Un génie de la maison de la Vie m'a accom- pagné dans ma route ; il tient à la main la noix qui contient la source de la Vie . Or cette noix est toujours verte. C'est de celte noix qu'il tirera les grâces dont i remplit mon âme. D'abord , mon cœur, jadis accablé par la tristesse, fut rempli d'une joie inef- fable, et mon âme s'épanouit ; puis, quand ils ont mis dans mes yeux la lumière, et à ma bouche la parole de vie, j'interrogeai mon père et lui adressai trois questions : je lui demandai quelle est la mansuétude qui ne connaît point de rigueur ; quelle est le cœur magnanime qui ne méprise point les petites choses ; quelle est enfin le chemin qui conduit au séjour de la lumière . La Vie est pure , et pur est celui qui est venu parmi nous. Amen. CHAPITRE L. Au nom de la Vie souveraine , gloire et honneur à la lumière ! Qui viendra, qui me dira, qui me fera connaître, qui m expli- quera la question suivante : Qui a jamais été au séjour de la Vie, qui a jamais été à la source de toute lumière , qui est plus an- cien, qui connaît mieux la Vie ? A ces ques-

�217 TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. PART. I. - 218 - tions , la Vie me reconnaît et me dit : La Vie a été au séjour de la lumière ; l'eau est sortie. de la Vie ; la splendeur est venue de l'eau ; la lumière de la splendeur, les génies ont tiré leur origine de la lumière , et ce sont eux qui, debout devant la Vie, chantent à jamais ses louanges . Or, l'homme juste , à cause de la force et de la splendeur que la Vie m'avait données; cet homme juste , dis-je , qui était venu à moi pour m'apprendre pour- quoi la maison qui me servait de demeure m'était échue en partage ; pour me faire con- naître celui qui avait crée la maison, de- meure des sept planètes ; pour me dévoiler enfin l'histoire de leur création , cet homme meparlaainsi:«Jeteledisàtoietàtous ceux qui sont justes et fidèles ; tu n'es point de ce monde, et ta race n'y séjournera point. La maison que tu habites actuellement n'est point une création de la Vie, et les sept pla- nètes qui y séjournent, ne monteront jamais au séjour de la lumière . Honore donc et cé- lèbre le lieu de ton origine ; bénis celui qui a mis dans ta bouche la parole de la vie . Con- voque les sept planètes, et ne crains point de prendre la place de ces créatures dont la nature n'est que honte et que corruption . La Vie est pure ; pur est celui qui est venu jus- qu'à nous . Amen . >> CHAPITRE LI. LIVRE D'ADAM. tant qu'il était en eux, leurs disciples et leurs adorateurs , l'esprit , dis-je , jetant dans sa colère , la couronne qui ceint sa tête , parla ainsi aux premiers nés de ses fils : « Vous , venez, mes enfants , et écoutez ce que je vais vous dire . Vous et moi , vomissons sur ces élus, nos ennemis, toutes sortes d'imprécations ; remplissons le monde d'a- dultères, d'homicides, de crimes de toutes sortes ; établissons des gardes , préparons des armes , et que par leur secours , le Messie ébranle le monde jusque dans ses fonde- ments. Il descendra donc sur cette terre ; sa parole lui gagnera des disciples auxquels il transmettra notre doctrine, et préconisera nos œuvres ; il instituera les festins impu- diques, étouffera la parole de la vie, et pour remplacer, dans le monde , le caractère et le baptême de la vie, qui ne se confère que dans le Jourdain, il leur donnera ces simu- lacres de baptême. Ce Messie orgueilleux et vain tarira les sources de la vérité ; il insti- tuera un nouveau culte qui mettra le feu aux quatre coins du monde, et persécutera à toute outrance les enfants de la famille de la vie, et déversera sur les Nazaré ns au lieu des aumônes qu'ils devraient recevoir à jamais, l'insulte et les injures . Or, pendant que les sept planètes se consultaient ensemble, Ne- bat bar Juhano sortit de son corps , et di- rigeant sa course à travers l'espace éthéré , Il ne s'arrêta que lorsqu'il fut parvenu à la demeure de l'esprit . A sa vue, l'es, rit descendit de son trône , et de ses mains les malédictions s'échappèrent, comme les sons s'échappent d'un instrument, pour n'y plus revenir. Ainsi ses prestiges, ainsi ses efforts se trouvaient anéantis . Alors cet esprit im- pudique dit à l'homme juste : Tu viens de l'univers ; je le sais ; mais où diriges-tu -ta course ? Quel est ton génie gardien ? Qui t'a fait sortir de ce monde ? En qui espères-tu ? Qui est ton Sauveur ? Où as -tú habité ? Tu as habité dans une maison qui m'est consacrée; cependant tu n'as fait aucune de mes oeu- vres ; tu m'as toujours refusé tes hommages . Ainsi tu nous as toujours traités avec dédain ; tu as méprisé la volupté ; tu as évité le feu de notre colère ; tu as éteint l'incendie que nous voulions allumer. Qui donc t'a fait sortir des ténèbres que nous avons amonce- lées sur le monde ? Qui a été ton maître ? Qui t'a planté ? Où est ton compagnon , ce- lui qui t'a nourri , qui t'a élevé ? Pendant que l'esprit parlait ainsi, le compagnon de Nebat bar Juhano survint , ordonnant à mon cœur de ne point se troubler. Namrus , la mère du monde , demanda encore : Qui t'a créé ? mais sans lui répondre, je montai au séjour de la lumière , me félicitant d'être l'enfant de la Vie . J'arrivai auprès des créatures de la lumière . Alors , l'esprit faisant tomber l'ar- me qu'il tenait à la main, s'écria : Après toi , génie , personne , non , personne ne parviendra plus désormais au séjour de la Vie. Ni ceux dont le cœur est perverti, ni ceux qui plongés dans l'amour désordonné des biens de ce monde oublient le culte de Javar, ni ceux qui refusent de payer la dire Je suis le génie , gardien de la terre, pere de Tarvan , le fils du Seigneur Nebat, qui tire son origine des deux montagnes . Je suis vêtu de splendeur ; j'ai été planté dans la terre de la lumière et arrosé des ondes pures de trois cent soixante Jourdains. Ma forme est celle de Javar -Zivo, génie sorti d'un lieu mystérieux, et que Ancux a planté. Or, cette forme, sans ombre ni ténèbres , n'a rien d'im- pur, rien d'imparfait, première grâce signa- lée de la seconde Vie. La Vie m'a appelé, m'a soutenu, m'a fortifié , m'a secondé comme une plante première ; elle m'a donné des gar- diens , elle m'a donné l'empire de la terre de Tarvan, m'en a dévoilé le mystère ; elle m'a fait connaître la terre d'Ajar, ainsi que son roi, plus ancien que celui de la terre de Tarvan, la terre de Nesab, la gloire qui l'en- vironne et les génies qui l'habitent ; enfin, elle m'a révélé les secrets de la lumière et m'a prémuni contre les efforts des méchants contre moi. Or, quand je suis venu dans la terre de la seconde Vie, mon premier soin fut de planter la plante des seigneurs, c'est à-dire, de séparer les élus, de les instruire , d'illuminer leurs yeux, de leur montrer le séjour qui leur était préparé, de les toucher par mes paroles , mes prières, mes actions de grâce, et de leur dévoiler enfin tous les mys- ères de la sainteté et de la justice . Ces élus, ressaillant d'allégresse, se livreront à leur our à la prédication de la parole, et , formant ane synagogue de justes, confirmeront la érité dans le monde, se fortifieront mutuel- ement dans la vie de la justice , et s'affermi- ont dans la voie qui mène à la Vie. Mais esprit, voyant qu'ils méprisaient les œu- res des sept planètes et leur enlevaient, au-

�219 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. et le salaire de l'ouvrier , et l'impôt légiti- me. Malheur à eux, et à tous ceux qui vi- vent dans la volupté , la débauche , l'adultère et la fornication ; victimes de sept fléaux , ils seront précipités dans les cachots des sept planètes! Toutes les eaux dont les âmes au- ront été trouvées mauvaises sécheront comme les cheveux de la tête . Celui qui re- fusera de croire en la Vie mourra de la se- conde mort, et sa forme obscurcie sera éter- nellement privée de la lumière . A ces paro- les , l'esprit tomba de son trône , et le génie vengeur, l'accablant du poids de sa splen- deur, le couvrit de honte et de confusion . L'esprit, ne pouvant soutenir l'éclat de tant de lumière, se précipita dans la mer Ery- thrée . Ensuite le génie me rendit la vie en pro- nonçant sur moi sept paroles mystérieuses, et me rendit vivant à mon père ; il me con- féra le baptême , m'affermit dans la voie du bien, me marqua de son sceau sacré , me re- vêtit d'une robe splendide et magnifique , plaça sur ma tête une couronne de lumière , et me plaça aussi auprès de mon père Jean, dans le séjour des bienheureux . Alors je vis la forme brillante des seigneurs, la lu- mière souveraine, le sceptre du Très-Haut ; je vis le puissant Abel Zivo , qui m'avait fait échapper aux embûches des sept planè- tes ; je vis la vigne par excellence , et j'en reçus l'explication ; enfin je fus placé au nombre des créatures de la lumière ; le gé- nie, en me conférant toutes ces grâces , me dit : Tous ceux qui marcheront sur tes tra- ces parviendront comme toi au séjour de la gloire et de la splendeur. La Vie est pure. Amen. CHAPITRE LII.

Au nom de la Vie souveraine , gloire et honneur à la lumière . Le génie chargé d'an- noncer la parole , le génie charge d'ins- truire Adam de toutes choses, lui dit Point de paresse, point de lâcheté. Aie sans cesse sous les yeux la parole de ton Seigneur et maître . Ne sois jamais le serviteur du monde. Fuis les plaisirs , repousse de ton cœur la femme impudique ; et de tes narines les par- fums trop délicieux qui énervent . Cepen- dant livre-toi aux plaisirs légitimes de la nuit , sans cependant te prêter aux caprices désor- donnés d'une femine ; point d'excès dans les repas ; point d'ivresse, telle est le comman- dement du Seigneur, ne l'oublie pas ! Que tu sortes, que tu entres , que tu t'assoies , que tu te tiennes debout, dans le repos comme dans le travail , dans les veilles comme dans le sommeil , pense avant tout à prier le Seigneur. Ne dis pas : Je suis le premier né ; et parconséquent toutes mes actions sont sages et raisonnables . Pense, ô Adam, que tout ce qui est mon- dain est devant Dieu comme s'il n'était pas; ne mets donc point ta confiance dans le monde ! Corrige ta balance, mets-en les pla- teaux en équilibre , choisis - en une entre mille , et deux entre dix mille . Tout passe ici- bas, excepté la vertu et les bonnes cu- vres. La femme verra se faner sa beauté, ses grâces , et tous ses agréments extérieurs. Les aromates et les parfums se dissiperont ; les plaisirs de la nuit auront un terme ; tou- tes les œuvres mauvaises ou inutiles s'éva nouiront comme si elles n'avaient jamais existé. En entendant ces paroles, Adam se troubla , il se mit à pleurer et dit au génie de la Vie Soyez béni , puisque telle est votre volonté. Mais pourquoi m'avez - vous envoyé ici-bas dans un corps périssable, dans un corps de boue, destiné uniquement à tomber en pourriture , sous l'action désor ganisatrice du temps ? Le génie lui répon dit : Calme toi, Adam, calme toi, père et principe de toute génération . Nul être ne peut détruire le monde dont l'existence est résolue . Lève- toi donc ; adore le Seigneur, fais en sorte que la Vie te purifie, te rachète, te fasse monter au séjour de la Vie. Amen. CHAPITRE LIII. Voici la voix de l'ange de la Vie ; voici la prédication qu'il adresse à ceux qu'il ai- me. O mes élus , leur dit-il , abaissez, humiliez votre coeur ; prenez garde à ces pa- roles ; faites régulièrement vos ablutions journalières, et que la justice seule épa nouisse votre âme de joie. Ne donnez point votre amour aux biens de ce monde. Car ceux qui auront attaché leur cœur aux ri- chesses périssables périront avec elles. Ai- mez, ô mes élus, aimez surtout la justice et la bienfaisance ; c'est par ces vertus qu'on traverse sans crainte la mer fatale de ce monde ; ceux qui sont sur le bord de cette mer, si féconde en orage, seront transportés d'un bord à l'autre par les soins des Eons eux mêmes . Humiliez donc vos cœurs, C justes et fidèles ; malheur aux méchants el aux menteurs, qui auront oublié de faire l'aumône et de payer l'impôt légitime . Mal- heur à eux des dragons épieront leur pas- sage ; et ils ne pourront arriver au séjour de la Vie. Gloire donc à la Vie ; car elle es pure ; pur est celui qui est venu au milieu de nous. Amen. CHAPITRE LIV . Je suis sorti du séjour de la Vie, de c lieu de délices et de félicité, afin de veni sonder et consoler les cœurs . Je viens visi ter les infortunés, et tous ceux qui sont tra vaillés par la tentation ; j'étudie le cœur d celui chez qui je demeure ; et l'âme de celu chez qui j'ai choisi mon domicile. Je pens à celui qui pense à moi ; je conserve la me moire de celui qui ne m'oublie pas, e j'exauce les voeux de tous ceux qui m'inve quent . J'accorde à la prière tout ce qu'ell demande , et au cœur reconnaissant tout c qu'il peut souhaiter. Je suis donc venu j'ai trouvé des cœurs justes et fidèles qu se sont ouverts à mes grâces . Je les ai éle vés jusqu'à l'assemblée des justes, et leur ait dit : Vous portez une agréab odeur ; la splendeur vous inonde ; glor fiez donc le Seigneur qui n'a que des mis ricordes pour les pacifiques. La Vie est pur Amen .

�221 LIVRE D'ADAM. PART. I. 922 ― - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. CHAPITRE LV. Du jour où j'aimai la Vie , où mon cœur se passionna pour la justice, je me gardai bien de mettre ma confiance dans ce monde; mon père, ma mère, mes frères , mes sœurs , mon épouse , mes enfants cessèrent d'être des finspour moi ; je ne m'appuyai plus ni surles édifices magnifiques, ni sur les vêtements précieux et les superbes parures, ni sur au- cune chose de ce monde . Puis je pensai aux générations que j'avais établies sur la terre , et je trouvai au milieu d'elles l'esprit, l'âme humaine , la plus excellente de toutes les créatures . Je franchis les plus hautes mon- tagnes, je m'enfonçai dans les vallées les plus profondes, et je rencontrai le génie Kuschto. Je le trouvai sur les confins du monde des créatures tenant trois petits in- sectes entre les mains. Il laissa s'échapper le premier, et soudain mes yeux furent éblouis d'une vive lumière ; le second s'en- fuit en son lieu, et j'eus de moi-même une connaissance parfaite ; enfin au départ du troisième , je fus enlevé dans le ciel, et in- troduit dans le séjour de la lumière . Colibri, le roi de la lumière, est pour nous plein de miséricorde . Gloire à la Viel Amen. CHAPITRE LVI L'élu d'en haut, le maître d'Adam et de ses enfants, a dit aux simples et aux igno- rants : Créatures simples et candides, en qui mettrez-vous votre confiance? Quand vous serez arrivés au bord de la mer Erythrée, de quelle manière comptez-vous la franchir? Quand vous serez parvenus à la montagne des ténèbres , de quelle manière pensez- vous la passer ? Quand le temps de quitter vos enveloppes corporelles sera arrivé, quelle sera votre provision de voyage ? Elles lui répondirent : Voici notre or et notre argent sera notre viatique . Voici nos richesses , nos fortunes nous servi- ront à fournir cette route ; voici ; ce que nous avons fait, ce que nous devons faire, sera notre aide et notre soutien dans ce temps-là . Alors l'élu d'en haut, le maître d'Adam et de ses enfants, dit à ces créatu- res simples et candides : Ne vous reposez ni sur votre or, ni sur votre argent, ni sur vos biens, ni sur vos richesses . Le sceptre que vous portez, l'empire que vous avez , ce que vous avez fait, comme ce que vous ferez , ne yous servira de rien. Alors les créatures et les générations se réunirent sous les yeux de l'ange de la Vie, et lui dirent : Au nom de la Vie, révélez-nous les secrets de la route. Je leur répondis : Que votre main répande l'aumône , que votre cœur de- meure ferme dans la foi et dans la justice. Soyez les adorateurs du roi de la lumière, et il sera plein de miséricorde pour vous. Voilà la provision dont vous devez v munir, voilà le véritable viatique . Gl la Vie! Amen . CHAPITRE LVII. Le génie s'inclina à porte de s'écria : Je suis le dor desd scribe des scribes , le sage des sages. Ce- pendant je suis devenu insensé ! Il dit en- core Quand viendra le dernier jour de re opprimés, eux qui ont été créés libres, et monde? quand soulageras-tu les tortures des qui ne le sont point? quand consoleras -tu les affligés, et ceux qui souffrent persécu- tion de la part des sept planètes ? quand ouvriras -tu les yeux à ceux que le monde a trompés, et qui n'aspirent qu'à voir la vé- rité? Sois béni , mon Dieu, toi qui es plein de miséricorde pour les pacifiques . Amen. CHAPITRE LVIII. Ce génie, de qui est-il le fils ? la forme est -elle son esprit élevé et sublime . Les mé- chants qui out comploté contre lui se di- saient Retenons ce génie parmi nous, afin que son cœur s'amollisse et afin qu'il oublie son Seigneur, ses commandements, la pra- tique des vertus, et que nous reprenions le sceptre de ce monde . Mais , moi, fort de la vertu même de mon Seigneur , plein des grâces de mon Créateur, je n'ai point oublié la pratique des vertus qui m'étaient propo- sées ; loin de me laisser aller à l'orgueil, je conservai l'humilité de cœur ; je ne célébrai point les œuvres de la chair, et , repoussant les pécheurs et le péché loin de moi , je sup- plantai les méchants en ce monde , en disant : Ne savez - vous donc pas , o méchants ! que ce monde m'est échu en partage ? et j'adorai et je célébrai le Seigneur, le futur compa- gnon de mon pèlerinage . Gloire à la Vie ! Amen. CHAPITRE LIX. O Kuschto (c'est-à-dire) ! ô vérité, je te rends témoignage . L'homme demande l'in- telligence ; mes yeux recherchent ta lumière. L'élu de la vie, qui est descendu parmi nous, a ordonné à mon cœur de rester calme, a mon esprit de tressaillir d'allégresse , à mes pensées de rester invariables ; il a ordonne au créateur des fluides de m'indiquer e tendue et les limites des fluides, a diens des mers de me préparer un trage cile , au constructeur des monta m'aplanir une route à travers les gnes , aux sculpteurs des images , Tu exprimeras les passions dans ges. A l'architecte des corps, toi , termine mon édifice, car al tôt en sortir ; le monde ser ses œuvres seront anéantie périront à jamais , les passeront à la lortu b perdra sa couronne ront traînés en ca ques, ils monter nais le

�235 221 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHIES . et ils sont tout disposés à faire ce que tu voudras. Dans cette espérance , je lui adres- sai cette question : Quel génie a- t -on fait participer à la vertu souveraine, qui doit devenir le salut des générations d'Adam ? Quel génie m'a fait participer à la puissance pleine de miséricorde , qui doit être d'un si grand revers pour toutes les générations fu- tures ? Quel génie a ouvert mes livres , les a illuminés d'une lumière éclatante comme les bords d'un fleuve éclairé par l'astre du jour? C'est de ces lèvres que s'échappent sans cesse, comme une eaulimpide, les prières , les homélies et les pieux discours. Qui m'a élevé au rang que j'occupe ? Ils ont admis mon âme auprès d'eux dans le séjour même de la vie , ils m'ont communiqué leur propre splendeur , ils m'ont revêtu de leur propre lumière . Or le séjour qu'habite le Seigneur, ce séjour que les bons doivent occuper, ne connaît ni défaut ni imperfec- tion ; l'astre qui l'éclaire ne connaît point de déclin , et les rayons de sa lumière ne craignent point les ténèbres. La Vie est pure. Amen. CHAPITRE LXI. Au nom de la Vie souveraine , je suis fi- dèle aux paroles du grand et puissant Eon, qui tient en ses mains les sept sceptres . J'y suis fidèle, et voilà pourquoi mon vêtement rayonne de la splendeur des grands, voilà pourquoi je brille de la vertu même des gé- nies. Je suis avec Anano, c'est-à-dire dans les nuages, et mes discours s'adressent aux régions mystérieuses de l'Ether. C'est moi qui ai donné l'existence à la grande splen- deur, qui ai fait couler les sept Jourdains, et qui ai préparé en eux de secrètes habita- tions. C'est moi qui ai expliqué la doctrine et la vérité éternelle, qui ai ouvert les voies du grand, du sublime Eou, dont la main puissante a élevé et confirmé les génies. Aussi ces génies sont- ils sans cesse à ado- rer, à célébrer la Vie . Du reste , c'est moi qui les ai placés sur leur trône , qui leur ai mis le sceptre entre les mains . Lorsqu'Adam, principe de toutes les générations, eut reçu l'existence, la doctrine de la Vie reçut un développement plus complet . C'est alors que furent créés les justes, en qui il n'est ni mensonge, ni ténèbres, ni haine, ni jalou- sie, ni discorde . Ces justes, dans une quié- tude parfaite, vivent dans une joie inalté- rable , sous la protection de leurs génies gardiens, au milieu de la splendeur, de la Tumière, de la vertu , de la vérité et de la racine du génie Javar, l'ange de la Vie. Par leurs discours, par l'abondance de leurs tré- sors célestes, les génies sont réjouis. A la porte du séjour de la Vie s'élève le trône du seigneur de la splendeur , les Jourdains coulent majestueusement au pied de ce trône ; et trois trônes inférieurs sont placés autour de ce trône suprême . C'est alors que furent créés les sept vignes , qui , plantées par Jukabar Zivo, brillent d'une splendeur sans égal . Enfin , c'est le même Eon, l'Eon tout puissant et suprême qui a communiqué à toutes les créatures issues de ces vignes, la splendeur, la lumière , la force et l'éner- gie. Ces créatures, sans cesse en présence de la Vie, habitent au séjour de la lumière, inondées de vérités, de science et de tous les dons de Javar, l'ange de la Vie. C'est alors que la Vie souveraine s'adressant au génie Abel Zivo , lui dit : Vas et développe aux êtres qui vivent dans les saintes solitu des les mystères des nuées , et de la splen- deur dont ils sont envirounés, par!e-leur des habitations célestes , des Jourdains créés dans l'espace , et de toutes les habitations brillantes , créations des génies ; parle - leur de la lumière de la vie, de la nuée dont le Très-Haut s'enveloppe ; parle- leur de la nuée qui environne Ferum Zuto , de la nue de Fahelo qu'Abel Zivo habite ; parle - leur de la nue par excellence, où trône le grand , le sublime Nétulte . Fais-leur connaitre tous les secrets de la véritable doctrine , les mys- tères des Eons et des génies ; enseigne - leur enfin les différentes prières par lesquelies ils pourront s'élever au séjour de la Vie. Mais s'il en est parmi eux quelqu'un qui manque à ces observances , il deviendra l'ha- bitant du séjour des ténèbres . De même que s'il se trouve quelque Nazaréen qui , au lieu de la sagesse de la Vie, fasse profession de la sagesse du mensonge, il sera compléte- ment consumé au grand jour du jugement, et son nom sera effacé du livre de vie. Gloire à la Vie qui est pure, pur est celui qui est venu à nous. CHAPITRE LXII. Au nom de la Vie souveraine , viens , ap- porte ce que la Vie a préparé pour nous, ap- porte ce sceptre éclatant qu'une splendeur infinie environne ; apporte - nous les pré- ceptes mystérieux qui doivent nous ins- truire en ce monde, et par lesquels nous célébrerons l'homme qui nous a créés ; donne-nous la plante que la vie a formée pour nous ; donne - nous les compagnons mystérieux qui doivent nous défendre dans tous nos moments d'épreuve ; donne- nous l'explication des prières qu'Adam répandit avec ses larmes dans ce monde . Explique- nous la vigne d'Ajar, et la parole de Vie descendue du séjour de la lumière . Explique- nous la bonté qu'Abel Zivo communiqua à Adam en ce monde . Voici la parole d'Adam , principe de toute génération : Je suis Adam , et Abel Zivo a été mon créateur, il m'a dé- livré en ce monde de l'oppression des sept planètes et de la persécution des douze étoi- les, principe de toute souillure . Mais ceux de ses enfants , ceux des Nazaréens qui se laissèrent séduire par ces génies maliaisants , qui se laissèrent surprendre par l'esprit , et aller à ses suggestions infernales, encour- ront la seconde mort ; leurs yeux ne verront point la lumière , et leurs pieds ne foule- ront point le sentier de la vérité . Malheur à ceux qui foulent le lieu de mon repos ; une grande oppression les attend . Malheur aux Nazaréens qui se laisseront ébranler par les sept planètes de ce monde , et qui s'eni-

�225 226 PART. I. - LIVRE D'ADAM. - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. vreront à leur calice . Ils tomberont tous dans une merde feu qui les dévorera. Quand à vous , âmes , qui rendez témoignage à la vie, je vous le dis ouvertement : Vivez dans a fermeté et la patience, jusqu'à ce que vo- tre temps soit arrivé . Ames, qui demeurez dans un corps périssable , je vous le dis à haute voix : Quand vous quitterez ce corps , quel témoignage présenterez -vous à la vie Souveraine? Que direz-vous à l'être vigilant qui vous aura fait sortir de ce monde? Que répondrez - vous aux gardiens et au maitre qui y demeure ? Que direz- vous au génie Annuh, au jour où il vous interrogera ? Que direz-vous au génie Abatur ? vous qui vous êtes revêtus en ce monde d'un vêtement de ténèbres : Je vais maintenant, & mes élus ! vous entretenir des sept vigilants enfants de Ur, le seigneur des ténèbres , de douze hypocrites aux vêtements bigarrés, égale- ment enfants des ténèbres , des vêtements blancs , dont les hypocrites ont cherché à se parer, et avec lesquels ils ont été baptisés. Celui qui aura participé , d'une manière quelconque, aux ténèbres et aux cœurs des ténèbres, sera jeté dans la Géhenne, dans un feu dévorant , que rien ne saurait éteindre . Au sortir de son corps, son âme sera envi- ronnée de ténèbres , et la portion de son hé- ritage sera avec les sept planètes . Celui, au contraire , qui aura gardé son cœur pur des ténèbres , et qui se sera abstenu de leurs @uvres, sera à l'abri de tous les maux que ie Messie a répandus dans ce monde . Il mon- tera au séjour de la vie souveraine , il verra Ja vigne parée de Sam et de Slarian, la vigne de Scher, il jouira d'une félicité sans borne. Ange de la vie, tu es pur aux yeux de tous ceux qui t'aiment , et qui traînent encore leurs jours sur cette terre périssable . Amen . CHAPITRE LXII. Au nom de la vie souveraine . Le premier jour, au premier lieu , à la première heure, lorsque Abatur fut venu et que Fetahil eut étendu le ciel , condensé la terre, déroulé le firmament, creusé les mers , élevé les mon- tagnes , peuplé les mers de poissons , les airs d'oiseaux, la terre , d'animaux de toute es- pèce; quand il eut enfin tiré du sein fécondé de cette terre les plantes et tous les arbres dont les fruits de goût différent devaient servir à la nourriture d'Adam et d'Eve , ce même Fétahil , après avoir pris conseil d'A- batur, créa à son image Adani et Eve, pour servir de principe à toutes les générations du monde. Dès lors , la durée de ce monde fut fixée . Ainsi depuis le jour de la création du premier homme jusqu'à la fin des créa- tures, il doit s'écouler quatre cent quatre- vingt mille ans . La durée des sept planètes et des douze étoiles fut également détermi- née. Cette durée fut divisée en sept pério- des, les unes plus longues, les autres plus courtes. La durée de chaque planète fut, en somine , de soixante-huit mille cinq cent soixante-onze années , cinq mois, quatre jours, six heures et quelques minutes et se- condes. Car douze enchanteurs influent sur DICTIONN . DES APOCRYPHes. I. ces sept planètes , comme celles-ci influent sur les douze enchanteurs. Or les enchan- teurs ont accordé neuf mille années à Jupi- ter et soixante- neuf mille années à Mars ; en tout soixante -dix-huit mille . Ils ont ac- cordé au Bélier douze mille années , au Taureau onze mille années, aux Gémeaux dix mille , au Cancer neuf mille , au Lion huit mille, à la Vierge sept mille , à la Ba- lance six mille , au Scorpion cinq mille , au Sagittaire quatre mille, au Capricorne trois mille, au Verseau deux mille , aux Poissons mille années. Ainsi , depuis la création d'A- dam jusqu'à la consommation dernière , il se passera deux cent seize mille ans . Quant aux années de la lune , elles ne dépasseront pas dix mille . De plus, depuis le jour où le monde restauré par Ram et Rud, sa femme, il y aura eu cent cinquante mille ans . Mais quand les vingt mille années accordées à Jupiter seront écoulées , le monde devien- dra la proie des flammes ; ensuite il sera restauré par deux personnages, Scurbaï et Scharbabil, sa femme. Depuis ce moment, jusqu'à la destruction du monde par un dé luge d'eau, il se passera cent mille ans . Après huit mille ans d'existence , une voix s'est fait entendre à Noé : Construis une ar che . Pour obéir à cet ordre divin, Noé ap pelle autour de lui des architectes , abat les cèdres de l'Haram et du Liban, et, pendant trois cents ans, construit une arche de cinq cents aunes de long, sur cinquante de large et cinquante de hauteur. Quand il a ter- miné ce travail , il rassemble les animaux de toute espèce, et il en introduit dans l'ar- che une paire , c'est-à-dire un mâle et une femelle. Puis, pendant quarante -deux jours et autant de nuits , les eaux supérieures du ciel et les eaux inférieures de la terre ne cessent de tomber sur la terre ; les collines sont couvertes, et le monde périt ainsi dans ce déluge . L'arche seule, flottant sur la sur- face de l'eau, erre çà et là pendant une an- née et dix mois. Le onzième mois , le dé- luge cesse, et l'arche, descendant avec les eaux, s'arrête sur le mont Kardan. Alors Ncé connaît que le déluge est terminé ; il laisse partir le corbeau en lui disant : Va, vois si le déluge est en effet terminé. Le corbeau part, trouve un cadavre , et , s'arrê- tant pour en faire sa pâture, il oublie la commission dont Noé l'a chargé. Celui-ci fait partir la colombe , en lui disant : Va, vois si le déluge est terminé ; cherche aussi ce qu'est devenu le corbeau que j'avais en- voyé. La colombe partit , et trouva le cor- beau perché sur le cadavre et le dévorant . Elle vit encore une branche d'olivier sur le mont Kardan et suspendue sur la surface de l'eau. Elle le prit dans son bec avec son fruit et l'apporta à Noé ; celui-ci connut alors que le déluge était terminé. Il maudit ensuite le corbeau et bénit la colombe . C'est ainsi que fut conservée la race humaine dans la personne de Scham et de son épouse Bieraïto. Après huit mille autres années , Jérusalem dut exister pendant deux mille ans, d'après les décrets éternels . Jurbo , que 8

�DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . les Avortons (les Juifs ) appellent encore Adonai , l'esprit qui Jemeure avec lui , ainsi que les sept planètes , tinrent conseil et résolurent de se former un peuple. A la voix d'Adonaï , les Juifs fondent une ville. de soixante parasanges de large , appelée Jé- rusalem. Après avoir vécu mille ans dans toutes les délices de la vie , ces Avortons ont à souffrir mille années de souffrances et de privations. Alors l'univers est encore une fois désolé ; alors est appelé Abraham le père des Avortons qui , avec toute sa famille, se rend dans la capitale de l'Egypte , gouver- née alors par un roi nommé Faroo. Dans ce séjour sur la terre étrangère, les Juifs ont toute espèce de maux à souffrir de la part des Egyptiens et de leur roi Faroo . Ces maux les décidèrent à partir . Dans leur sor- tie de la terre d'Egypte , Jurbo l'esprit, et Alloho ou le soleil, divinités qu'ils ado- raient , vinrent à leur aide. Car ces mêmes divinités traversèrent la mer à leur tête, et 'ouvrirent de telle sorte que l'eau s'accu- mula de chaque côté comme deux monta- gnes. Les Juifs passèrent donc à pieds secs, et arrivèrent ensuite dans une vaste soli- tude, qu'ils traversèrent pour arriver enfin à Jérusalem . Cependant le roi Faroo les suivit, accompagné de toutes ses forces, qui se montalent au nombre de soixante-dix mille myriades d'Egyptiens. Voyant la mer calme et tranquille et une route tracée au milieu de ses eaux , il n'hésita point de s'y confier avec toute son armée à la suite des Avortons. Mais les eaux revinrent dans leur place primitive , et le roi, toute sa cour et toutes ses troupes furent submergés . Quatre cents ans s'écoulèrent, jusqu'à ce que Jésus, fils de Marie, naquit à Jérusalem. Ce Jésus naquit donc d'une mère de son choix, et il devint le chef des Chrétiens . Quant aux rois qui ont régné depuis le déluge , avec la durée de leur règne et de leur vie, je vais maintenant m'en occuper. Gaïmurat, le premier de tous les rois , régna neuf cents ans ; il eut pour successeur Zar- dono-lato-Lahmurat, dont le règne fut de six cents ans. Vint ensuite Lafrech-Yisag, qui régna sept cent cinquante ans . Après sa ort, il y eut un intervalle de cent années. On vit ensuite régner successivement As- dahag- bar-Asfag, appelé le roi Bahran, qui Occupa le trône pendant cinq cents ans . Puis Faridun-bar-Tebjan, quatre cent cinquante ans . Puis Farcheus - Nacimam-bar - Arro, ap- pelé encore Karkum, pendant cinq cents ans. Kaïkubas , cinq cent trois ans ; Kaikas- ran-bar- Siavischam, soixante ans ; Agab- bar-Burzin , cinq cents ans ; Luhresp, trois cent soixante-cinq ; Guschtasp -bar- Luhrasp, quatre ans ; Adscher-bar-Esfaudiar , cent douze ans ; Nuraïtaseh-Hurizdan ou Scha- midas, quatre-vingts ans ; Aschgan- leatis , cent soixante-dix ans ; Daschmeschir ou Schlimun-bar-Davit, mille ans, c'est-à -dire nouf cents ans sur la terre et cent ans dans le ciel. Bruk, roi de la terre de Dalia, appelé oncore . Sandar -le- Pousain , quatorze ans , Aschak-bar-Aschkan, quatre cent soixante- trois ; Alazur- Lestar Kasram - Tobian ou Jardban, quatorze ans. A ces rois succédèrent ceux de Perse pen- dant un espace de trois cent quatre vingt- deux ans . Le premier de ces rois est Ad- schir Pabugan, pendant quatre - vingts ans. Puis successivement Schabur bar Adschir, soixante-deux ans ; Calank Hurney bar Scha bar, cinq ans ; Bahran bar Schabar , douze ans ; Iardiger bar Bahran , douze ans ; Scha- bur bar Iardiger, vingt ans ; Ferius bar Iar- diger, quarante ans : Bschdad cinq ans ; Ka- dar bar Ferus, quarante et un ans ; Kasiai bar Kabar, quarante huit ans . Hurtnes bar Kasraï , douze ans ; Karrau bar Karrau, le roi des rois , trente-huit ans. A cette époque Karrau disparut et son royaume tomba en dissolution. Or, depuis la destruction de Jérusalem jusqu'à l'avénement au trône de Perse de Yagdagir bar Behran, il se passa cinq cent quatre-vingt -quatre années des mille années accordées aux Poissons. Après ces mille années, le monde resta encore pendant sept cent un ans dans les Poissons, gouverné tant bien que mal par le roi de Per- se pendant deux cent dix ans . Ensuite il se passa six cent quatre -vingt-dix ans sans eau, ce qui occasionna une immense stérilité. Du reste , Dieu , c'est-à-dire le so- leil et les rois,par des signes certains , répé tés plusieurs années et plusieurs mois, a- vaient annoncé aux hommes que ce pays, c'est- à-dire la Perse, devait souffrir d'une grande stérilité. Ainsi on put s'attendre à cette stérilité quand après sept cent quatre- vingt-onze années dans les Poissons, le monde vint à manquer d'eau et le soleil eut laissé tout le pays dans une désolation com- plète. On put s'attendre à cette stérilité quand la sept cent quatre-douzième année, les Arabes de toutes les tribus fondirent comme une immense nuée, sur Babylone et lui enlevèrent toutes ses richesses . On put encore s'y attendre quand la sept cent quatre -vingt -treizième année , le roi des Ara- bes étant mort , d'autres arabes succédèrent aux premiers , et n'abandonnèrent le pays qu'après l'avoir dépouillé . On put s'y at- tendre quand la sept cent quatre-vingt - qua- torzième année , la terre éprouva par trois fois pendant un jour et une fois pendant la nuit une secousse épouvantable , et quand au milieu de l'année , à la vue de toute la terre, l'étoile de Bel se détacha du soleil . On put s'y attendre quand la sept cent qua- tre-vingt-quinzième année, un ours affreux sortit de la terre et dévora tous les hommes ; quand le roi des Arabes mourut , quand cet ours devint le seigneur de ce monde et y exerça toutes ses cruautés. On put s'y at- tendre quand ce roi de Babylone vint à la tour de Babel, y porta ses richesses , quand les heureux de Tyr allèrent à Fadakschar . On put s'y attendre quand la sept cent soixante-seizième année un fléau épouvan- table frappa les hommes et les animaux de la terre . On put s'y attendre quand la sept cent quatre-vingt-dix- septième année, deux chèvres hideuses se jouèrent à la fois tes

�PART. 1. 238 - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. — LIVRE D'ADAM.

bommes et des bêtes On put s'y attendre quand la sept cent quatre-vingt-dix-huitiè- me année une de ces chèvres parcourut la terre. On put s'y attendre quand la sept cent quatre-vingt-dix - neuvième année les serpents ne craignirent plus d'attaquer les hommes. On put s'y attendre quand la huit centième année, un mal caché, mystérieux, attaqua les hommes et les bêtes , pendant le mois de Sevaïs, le premier jour du mois , à la deuxième heure , trois homines de dix- sept cents furent préservés du fléau . On put s'y attendre quand la huit cent deuxième année les femmes par la pénurie d'hommes furent obligées de se livrer plusieurs à un seul homme . On put s'y attendre quand sept femmes pour avoir un époux se cachaient en embuscade au détour des rues et des places publiques , sans pouvoir en rencon- irer un. On put s'y attendre quand la huit cent troisième année , on répondait à celui qui s'informait de la durée du monde : quand Kervais se sera levé , et aura passé du scorpion au lion , le grand Euphrate se répandra dans le Tigre, la terre de Babel sera dérobée pendant cinquante années , en face de la terre de Gaukave , et dans cette der- nière terre , le moissonneur comme le se- meur seront réduits à implorer les cinq é- toiles. On put s'y attendre quand le Messie vint en ce monde, quand il s'en déclara le maître et le seigneur, qu'il y posa son trône, y exerça la justice, y créa des juges en O- rient et à l'Occident , et y exposa sa doctrine . Mais quand le monde aura passé huit cent cinquante années dans les Poissons, il arri- vera un grand cataclysme . Après les rois de Perse viendront les rois d'Arabie , qui ré- gneront pendant soixante -dix ans . Sous le règne de ces rois le monde deviendra trom- peur. Mais avec la vérité il perdra le repos, et il n'y aura plus de tranquillité possible pour les hommes libres , les esclaves, les en- fants des deux sexes , les femmes , et tous les troupeaux. De plus les sources de la vie se- ront épuisées, les enfants ne pourront de- venir pères ; les filles ne deviendront pas mères et les esclaves n'arriveront point à être maîtres . Ces rois arracheront la peau aux hommes, comme on le fait aux animaux , aux chèvres et aux onagres . Aussi à cette époque, on appellera heureux celui qui se sera conservé un seul fils unique , les mers seront fécondes en naufrages , elles verront s'engloutir dans leur sein , l'argent , l'or, les chevaux, les chameaux, les taureaux, les ânes, et toute espèce de richesses . Les ona- gres parcoureront les montagnes couvertes de neiges. Tout sera corrompu ; tout sera changé! Les riches deviendront pauvres et les pauvres riches, les hospices tomberont en ruines et les ruines deviendront des hos- pices. Le seigneur sera serviteur et le servi- ieur seigneur. Les maîtres tomberont au rang des esclaves et les esclaves s'élèveront au rang des maîtres . Tout sera bouleversé , la fraude , la ruine , l'artifice et tous les vi- ces régneront sur la terre. Les sanctuaires sacrés seront foulés aux pieds ; les temples des dieux seront profanés, l'homme jadis soumis et pieux se conduira avec arrogance. Le mal viendra et de la terre et du ciel et se répandra sur tous les hommes. La pluie ne tombera plus du ciel , la terre ne produira plus de fruits. Rien ne viendra en son temps. L'iniquité descendra sur la terre. La mort, les angoisses cruelles fondront sur le genre humain . Des feux continuels allumeront les nues et cependant les neiges tomberont constamment . De ville en ville, de cité en cité on aura de la peine à rencontrer trois voya- geurs. Le fils dévorera son père , et le chas- sera de chez lui avec ses sœurs ; la mère corrigera à tort sa fille et la traînera sans pu- deur en justice . Les mages et les scribes frauderont leurs serments ; les tabellions et les scribes , devenus voleurs de nuit, vien- dront dévaliser les caravanes et s'enrichir de leurs dépouilles. Les poissons périront dans les étangs et les mers ; l'eau même fera défaut. Les arbres et les plantes utiles se- rontdesséchées, il n'y aura plus de distance; l'éloignement deviendra voisinage et le voisi- nage éloignement . C'est la beauté extérieure et non les liens de parenté qui feront naître les anxiétés . Les hommes asticieux et méchants , infidèles à leurs paroles, se poursuivront les uns les autres comme des chiens dévorants qui n'épargnent pas même leurs compagnons . La parole sera l'instrument du mensonge, les femmes se livreront à des pratiques in- pudiques avec les jeunes filles ; les époux ne rougiront plus de l'adultère , on maudira son père et sa mère , le frère dressera des embuches à son frère, le fils à son père et l'esclave à son maître . La femme tuera son mari, et deviendra l'épouse d'un autre . Enfin la malice allant toujours croissant, les dé- mons, les mauvais génies supplanteront les hommes, et en deviendront les magiciens , et leur inculqueront leurs principes . Le mai ne fera donc que s'accroître, et le mensonge étouffera de plus en plus les génies de la vérité. On sèmera beaucoup et on récoltera peu ; on pensera posséder beaucoup de ri- chesses, mais ces richesses ne suffiront pas; on mangera, mais on ne sera point rassasié. Les sources de fécondité de la terre seront taries . Les arbres et les plantes se desséché- ront ; et les hommes dans l'impossibilité de trouver un aliment pour soutenir leur vie, se dévoreront les uns les autres . Ainsi les hommes qui habitent sous ces tentes , iront attaquer ceux qui habitent dans des maisons , s'empareront des villes , et subju- gueront tour à tour les Perses, les Parthes, les Romains , les Ségesuens et toutes les na- tions, quel que soit leur langage . Puis , ceux qui habitent sous les tentes , vainqueurs des habitants des villes , prépareront un grand sa- crifice , et après avoir immolé soixante et onze victimes humaines , ils en désireront six . Les fils se réuniront avec leurs pères et mères ; les femmes avec leurs maris , les frères avec leurs frères, et chacun fera la guerre à tout ce qui n'appartient pas à la même race. C'est alors que régnera à Ba- bylone la race de Gaukaïeusi, rois volup

�231 253 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHIES . tueux qui occuperont le trône pendant cin- quante ans . Kardusec qui leur succédera détrônera les rois arabes . Mais auparavant la guerre éclatera aux quatre coins du mon- de, et les rebelles Burboio et Semroio com- battront le roi de Babylone . Or , ceux qui de l'Occident à l'Orient s'avanceront contre Gaukaieuri seront au nombre de douze mille. Or , quand cette race de Gauka- ieuri aura régné vingt- cinq ans sur ses cinquante années , une montagne d'or sera découverte dans les déserts de Cernisak. Sept ambassadeurs et sept anges vien- dront l'inaugurer. Les rois se lèveront alors , et le constitueront le roi des rois . Ils lui diront Composons un empire unique , deviens notre seigneur , et nous deviendrons tes esclaves . Mais quand ils auront ainsi constitué ce nouvel état de choses , il vien- dra du firmament un nouveau roi . Les rois de la terre le verront ,.ainsi que le roi des rois, auprès duquel il se présentera , pro- phète mystérieux. Alors les rois de la torre diront au roi des rois : Que t'a dit celui qui est descendu du firmament ? Il leur ré- pondra Il est faux que ce roi m'ait parlé ; mais ils ajouteront : Excuse-nous , mais notre discours n'est point menteur , et ils lui diront Viens , lève-toi , et voyons-nous ensemble ( c'est-à-dire , bations -nous ), et ils se lèveront, et ils s'avanceront les uns con- tre les autres ; mais le Roi des rois se pré- cipitant contre ses adversaires , en fera un si grand carnage , que son cheval aura du sang jusqu'au mors . Mais bientôt revenant à lui , il s'écriera : Je suis un parricide ! pourquoi ai -je survécu à ce combat ? Alors des emmes vien- dront sur le champ de bataille et chacune cher- chera son mari parmi les cadavres . Celle quine le trouvera pas, jettera de désespoir toutes ses richesses dans les lieux les plus immondes. Cependant ce roi régnera encore douze an- nées, mettant toute sa confiance dans ce Dieu qui lui préparera une récompense immortelle. Ceux qui habitent dans les tentes seront pleins de vénération pour lui , et ceux qui habitent les villes reviendront chacun dans leur patrie, et verront luire sous son règne quelques rayons de bonheur. Cependant des inondations viendront encore jeter l'épou- vante parmi les hommes ; puis une guerre encore plus terrible éclatera dans le monde . Les plus braves y prendront part , et les hommes seront décimés. Quand elle sera terminée , un autre roi se lèvera , nommé Sarkiel bar Varzigas, qui occupera le trône pendant sept ans . Schirasus qui régnera vingt - sept ans. Pendant le règne de ces prin- ces , il n'y aura ni catastrophes , ni gueires , ni peste, ni disette . Chacun restera chez lui, et nul ne songera à dresser aux autres des embûches , car le trompeur sera rejeté. La terre deviendra alors un séjour de paix et de concorde, et l'étoile de la lumière l'éclairera pendant sept jours et sept nuits. Viendra ensuite le roi Vazan , qui régnera cinq ans . Sous ce monarque tout, s'embellira d'un éclat nouveau ; le culte reviendra en hon- neur; lestemples retrouveront leur ancienne • splendeur ; la justice et l'intégrité refleuri ront ; les hommes plus modérés n'ambition- neront point de vaines richesses . A cette époque , une seule mesure de vin suffira | pour désaltérer trente hommes , et une me- sure de froment en rassasiera cinquante. Chacun restera dans sa condition , et ne sera désireux que de bien faire . Quand les astres s'apercevront de cette perfection nouvelle , ils se précipiteront dans l'océan de déses- poir. L'eau des mers en sera rougie , et la femme qui en boira perdra sa fécondité , et après avoir corrompù des rois , elle viendra s'offrir aux gens du peuple en leur disant : Dormez avec moi ! Čes phénomènes seront suivis de beaucoup d'autres . Une trombe s'élèvera terrible , qui engloutira les pertes des hommes en un monceau de poussière. Alors le roi , convoquant son peuple , lui dira : Avez-vous vu et entendu ce qui est arrivé ? Or, les hommes ne sauront que ré- pondre à cette question . Puis le roi Vazan ira interroger les sépulcres et les cyprès qui balancent leurs têtes plaintives sur les toi- bes des morts ; il leur dira : Nous avouons que la cause de tous ces phénomènes nous sera toujours inconnue , mais avez-vous déjà vu quelque chose de semblable ? Et les sépulcres lui répondront : Ne savez-vous pas que de même que l'étoile qui brille au ciel tombera, de mème aussi des tempêtes épouvantables s'élèveront et submergeront les hommes sous des monceaux de pous- sière ? Tu sais bien que le monde est arrivé à son heure dernière ; tu es l'arbre que le roi du ciel, que Dieu a planté , qu'il a cul- tivé et entouré de tant de soins . Mais ne crains point ce qui doit arriver , car mort tu seras plus heureux que tu ne l'auras ja- mais été de ton vivant. Enfin viendra un roi prudent, nommé Sofobas -Burzan , qui ré- gnera jusqu'à la fin des créatures. Avec lui la bonne foi , la sagesse, toutes les vertus régneront, et le printemps sera éternel . Ce- pendant les sources de la vie seront épui- sées ; une eau verte et livide se répandra de l'Océan ; son odeur fera tressaillir les âmes qui sortiront de leurs corps . Alors les frères de Bel viendront à lui pour le revêtir de la robe de Fétahil , pour le couvrir de son manteau , pour le couronner de sa propre couronne , et le placer pendant quarante- deux ans sur son trône . Ils lui diront : Elè- ve-toi, jette loin de toi ton vêtement, quitte ton étole , et prends selon nos désirs la cou- ronne de Fétahil , la splendeur du soleil, la blancheur de la lune, l'éclat des étoiles , la vertu de l'eau , la force du vent, la clarté du feu, la compacité de l'air. Bel leur répon- dra Je siége sur un trône placé au soleil couchant , et vous me dites : Lève-toi , et dépouille-toi de tes vêtements. Cependant ils lui apporteront la robe, l'étole et la cou- ronne de Fétahil . Quand cet acte sera ac- compli , Léviathan sera rendu à la liberté. Alors il ouvrira sa gueule horrible et dévo . rera la terre, il dévorera les sept planètes , les douze enchanteurs du zodiaque, les cinq génies conducteurs , toutes les divinités, les

�233 234 PART. I. TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. LIVRE D'ADAM . - fantômes, les spectres , les fascinateurs , les diables et les démons . Tous ceux qui auront refusé de croire en la Vie première seront menés aux ténèbres , et mourront suffoqués par l'haleine empestée du monstre . Enfin tous les génies de la terre ou lumière vien- dront en ce grand jour, et sur les ruines de l'univers ils diront : Qu'il en soit fait ainsi à quiconque cherchera à imiter Fétahil dans son œuvre . Quant à notre monde , il subsis- tera encore des mille myriades d'années. Ce sera le monde de la lumière et de la splen- deur. C'est là qu'habiteront les âmes des hommes honnêtes, qui n'auront point retenu la vie première captive ; ils ne connaîtront point la seconde mort, ils converseront fami- lièrement avec la Vie, et leur bonheur n'aura point de fin . La Vie est pour les sages et les prudents ; la Vie est notre espérance , la Vie se communique à ceux qui l'aiment . La Vie est pure dans toutes ses œuvres et dans tous les siècles . Amen. Ici se termine ce livre de liturgie ; il a été achevé au nom de la Vie première , au nom de l'ange de la Vie , Yavar , du roi souverain de la lumière , le troisième jour de la se- maine, le treizième du mois des poissons de l'année mille quarante , dans le siége métro- politain, dans la chambre du trésaurier Ga- nam bar Mehatam bar Zakia , sous le préto- rat de Alahamad bar Mabarak. C'est moi qui l'ai écrit tout entier, dans la ville de Basra, fameuse par l'abondance de ses eaux , dans la maison du docteur Saadan bar Baktiar , qui eut pour frère Bulbul , auquel l'ange de laVie pardonna ses péchés , tandis qu'il n'a point accordé la même rémission au gou- verneur Ali Pascha bar Afrasiab . Le manuscrit n° 1713, de la bibliothèque de Colbert se termine autrement. Ici se termine ce livre de liturgie ; il a été achevé au nom de la Vie première , au nom del'ange de laVie ,Yavar , au nom du roi suprême de la lumière, aux noms d'Abel , de Schetel et d'Anusch, chef de toute famille , qui professe la foi en sa doctrine ; il a été achevé un samedi , le quatorze du mois de Fervanoio, le samedi de la semaine de l'an- née neuf cent soixante -huitième de l'ère de Mahomet, dans la ville métropolitaine d'Ha- vaiza, sous le gouvernement de Saïd, Sus- chad , fils de Baran , fils de Falah , fils de Muschin , fils de Mahamed , qui tous ont commandé en ces lieux. Du reste ce gouver- nement fut pour nous une époque de pros- périté et d'abondance ; ni l'huile ni la farine ne nous ont manqué ; les moissons ont été abondantes, et les récoltes magnifiques . Or , (166) Suivent dans les manuscrits une dizaine de notes que nous avons dû renoncer à traduire ; elles n'éclaircissent aucun point obscur ; elles ne con- tiennent rien de nouveau , et ne sont qu'une indica . tion sèche et sans développement des sources où F'auteur a puisé quelques unes de ses rêveries.C'est le gouverneur avait deux résidences , l'une à Havaïza , l'autre à Maschkek ; où se réunis- saient sans cesse une grande quantité de personnes , des disciples et des mattres mê- mes; parmi ces derniers se trouvaient Mon- seigneur Ram , fils de Monseigneur Adam Brandei , et le président du Nazaréisme Monseigneur Ram , qui tous les deux habi- taient dans la ville de Schavir , ville du pays de Karian . Salomon , fils de Gamar Gaïal , s'était mis à la tête du pouvoir dans Ma - schikulk, à la place du vieux Suschad . De même que dans Havaïza, Husayu Dinar s'é- tait emparé de l'autorité. Malheureusement il exerça ce pouvoir avec fierté , insolence et cruauté. C'est pourquoi l'émir Salomon se mit à la tête d'une puissante armée , vint au-devant de son ennemi , et après avoir tué le tyran et ses principaux adhérents , il ren- dit au monde la tranquillité e la paix ; et s'étant emparé de la capitale Haraya , qui s'était révolté, il y établit des chefs sévères , pour la punir et l'empêcher de se remuer de nouveau ; semblable en cela au roi Salo- mon, fils de David , qui avait commandé aux démons et aux géniés , et dont la puissante protection m'a délivré de tout danger. Or , nous avons eu à Havaiza, pour gouverneur 1° Monseigneur Iahia , fils de Iahia , fils de- Zehrun le madaite; 2° un homme, le premier de son rang , d'une race noble et illustre ,. distingué par ses lumières, chef de tous les mandaïtes , maître zélé et digne de tout élo- ge, je veux dire Iahia Mehatan, fils d'Anusch, fils de Zehrun , fils de Zakia , fils de Man- sur Ubadio, fils de Farasch , fils de lahia , fils de Nasir , fils de Iahia , fils d'Anusch , d'éternelle mémoire , à qui l'ange de vie a pardonné les péchés , et qu'il a environné Tui et les siens de splendeur et de lumière ; 3° le chef de notre ordre Iahia Mehatan , homme d'une haute sagesse , toujours le pre- mier à la prière , coloune inébranlable dans la foi , lumière de ses disciples , et miséri- cordieux pour tous les hommes . Son temps fut pour nous une époque de prospérité et d'abondance ; nous avions non-seulement des blés et des fruits en grand nombre , mais encore deux habitatious. Il donnait lui- même en aumône tout son superflu , et en soulageant ainsi les infirmes et les malheu-- reux, il leur disait : C'est aux disciples du Jourdain que je fais l'aumône , je donne mon superflu à mon seigneur, afin qu'il me fasse parvenir au séjour de la Vie. Or , ce voeu qu'il faisait chaque jour, il l'a vu s'exaucer, lui qui maintenant jouit auprès de la Vie d'uu bonheur sans fin . Amen ( 166) . un amas de noms propres qui n'a d'autre mérite, s' c'en est un, que de présenter la généalogie jusqu'au dernier degré de tous les auteurs inconnus qui ont traité la même matière et dont les ouvrages sont complétement oubliés ou perdus. ( Note du traduc- leur.)

�935 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. DEUXIEME PARTIE ( 167). CHAPITRE PREMIER. Gloire et louange à mon Seigneur , au nom de la Vie souveraine , parfaite , excel- lente, suprême entre toutes les œuvres ! Ton brillant brille d'un éclat éblouissant ; ion image règne en vénération auprès de ton père le Seigneur de toute grandeur. Que sont ces montagnes dont le front de- meure immobile dans sa hauteur infinie ? Quelle est cette eau , qui ne s'altère jamais , dont rien ne peut troubler l'inaltérable lim- pidité ? C'est la Vie qui donne à ces mon- tagnes leur immuable solidité ; c'est la Vie qui donne à l'eau sa fixité et son inal ! éra- bilité. O Vie sublime , quels sont ces hom- mes , ces frères qui ont passé en ce monde en faisant le ' bien , qui ont réveillé les in- telligences engourdies, surmonté les périls de toute espèce qui arrêtaient leurs pas, et que rien n'a pu abattre , ni les éclairs , ni le tonnerre , ni les tempêtes , ni les séditions et les fureurs des méchants ? Ces frères sont Abel , Schetelet Amnet, Nazaréens pacifiques et justes, qui ont multiplié les bonnes cu- vres, qui ont illuminé les intelligences ob- scurcies par les ténèbres, qui ont surmonté toutes les difficultés de ce monde , et que rien n'a pu ébranler , ni les éclairs , ni les tonnerres , ni les tempêtes , ni les fureurs des méchants . A la vue du spectacle de ces jus- tes luttant contre les orages de toute espèce , la Vie les a séparés dans sa sagesse, et du haut de sa splendeur, elle leur a dit : Levez- vous, introduisons la mort dans ce monde, qui est celui des méchants , séjour du mal et du mensonge . Adam est âgé de mille ans. Que ceux qui lui ont donné l'existence , le tirent de la prison de son corps . Il ne vieil- tira plus , il ne s'affaiblira plus, car ces pe- tits enfants, déjà si coupables envers lui , ne Tabreuveront plus d'outrages. Alors la Vie Souveraine et première appela et envoya avec ces ordres les génies Zavril et Kema- mir Zivo, le premier pour faire sortir les eaux des corps, le second pour les conduire au séjour de la Vie, afin que par leur office la mort fût introduite dans le monde , et que la justice fat communiquée à l'intelligence qui voudra bien la recevoir. Voici ce que la Vie demande encore : Quiconque mandera la mort, se posera par lui-même soixante-six obstacles qui l'empêcheront d'arriver à la Vie. Car la mort, cette maîtresse inexorable du genre humain , cette messagère des dé crets éternels, ne se laissera corrompre ni par les présents ni par les caresses ; elle ne prendra point un homme pour un autre. En suite , à ces deux génies , à Zavril qui devait délier les âmes de leur corps , à Kemamir (167) Cette partie forme avec la première une singularité trop frappante pour que nous n'en fas- sions pas mention . Chacune , en effet, commence à une des extrémités du volume qu'il faut ainsi re- tourner pour passer de l'une à l'autre . Cette dis- position bizarre, dit M. Gustave Brunet, peut être expliquée par une figure qui se fera mieux com- Yivi, qui devait leur servir de guide , la Vie souveraine dit encore : Demandez , allez dans ce monde , qui est le monde des méchants, dans ce séjour du mal et du mensonge. Al- lez trouver Adam , enseignez -lui la vrate doctrine , et dites-lui : Adam , le premier-né d'entre tous les hommes , qui es encore muet, stupide , sourd et endormi , lève-toi et sors de ce monde , séjour du crime et du mensonge. Déjà mille ans ont passé sur la tête, tu ne vieilliras plus , tu ne seras plus affaibli, et tes petits enfants, déjà si conpa- bles envers toi , ne t'abreuveront plus d'ou- trages . La Vie a parlé, et les génies obéis- sent aux ordres suprêmes. Zavril et Kema- mir Yivi sortent, l'un pour délier les âmes, le second pour leur servir de guide ; ils de scendent dans le monde, séjour du mal et du mensonge. Ils vont trouver Adam , lui an- noncent la parole de Vie , en lui di-ant : Adam, le premier-né d'entre les hommes , tu es muet, sourd , stupide , endormi ; eh bien au nom de la Vie ,lève-toi , et sors de ce monde, séjour du mal et du mensonge. Déjà mille ans ont passé sur ta tête . Tu ne dois plus vieillir , ni faiblir, et tes petits-fils déjà si coupables envers toi , ne t'abreuve- ront plus d'outrages . A ces mots , Adam s'é- chauffe , il se trouve environné , pénétré d'une chaleur vitale , une salive douce et onctueuse flatte agréablement son palais , tandis qu'il rejette au dehors une salive amère ; mais au lieu de se redresser, son dos s'arrondit en bosse ; à cette vue, le cœur na- vré de chagrin , les yeux humides de larmes, il pousse des hurlements affreux, il se dé- chire les flancs , et se désole , se traîne à terre, frappe sa poitrine , et s'écrie dans sa douleur : O parole que j'ai entendue , ó science infinie qui m'a ouvert les yeux ! Mille ans ont passé sur ma tête depuis que je suis en ce monde. Les patènès serout brisées avant les calices , les chaumes seront coupés avant les épis, et les humbles légu- mes cueillis avant les arbustes . La Vie dit à Eve : Montons à l'entrée de Feranch Zivo , sur la rive du Jourdain , le maître de la vie, et au sanctuaire de nos pères , et nous con- templerons les eaux du Jourdain. Mais Za- vril le libérateur des âmes, et Kemamir Zivo , dirent à la Vie souveraine et première : Toi qui sais tout , aucun mystère n'échappe à tes regards , aucun secret ne peut subsister de- vant toi . Tu n'as donc pas besoin qu'on t'ap- prenne quoi que ce soit . Or, voicí : Par ton ordre nous avons été chercher Adam , le pre- mier-né des enfants des hommes. Mais il conserve en son âme le goût et l'amour des biens et des jouissances du monde, il vou- drait y rester à jamais . Alors la Vie souve- prendre que toutes les descriptions : A. première partie. and ap Chacune des deux parties cominence ainsi avec le premier feuillet du volume, suivant le sens dans le- quel on le tient , et elles se rencontrent par leur a dans le corps du volume

�237 238 PART. I. TEXTES DE L'ANCIEN LIVRE D'ADAM. TESTAMENT. raine leur répondit : Descendez , retournez dans le monde , séjour des méchants , du mal et du mensonge . Annoncez la parole de Vie à Adam , et récitez-lui la sainte doctrine , dites-lui : Adam , nul homme n'est plus sa- vant que toi, nul homme ne pourrait t'ap- prendre ce que tu ne sais pas. Or donc , voici ce que nous te disons : Lève-toi , quitte cet univers , séjour du mal et du mensonge . Tu ne vieilliras plus, tu ne failliras plus, et tes enfants déjà si coupables envers toi , ne t'a- breuveront plus d'outrages. En effet, les gé- nies lui dirent : Adam, lève-toi , meurs com- me si tu n'avais jamais existé ; que ton corps devienne la pature des vers et de la corruption, comme s'il n'avait jamais été organisé. Quant à ton âme, elle montera au séjour de ses pères , dans le lieu de la féli- cité éternelle . Et Zavril le libérateur et Ke- mamirYivo descendirent dans le monde, sé- jour des méchants , du mal et du mensonge. Ils annoncèrent à Adam la parole de la Vie, lui revélèrent la divinité céleste, et lui dirent : Adam , nul homme n'est plus savant que toi, nul homme ne pourrait t'apprendre ce que tu ne sais pas. Voici donc, nous te disons : Lève-toi , quitte ce monde , séjour du mal et du mensonge. Tu ne vieilliras plus , tu ne t'affaibliras plus, et tes petits enfants, déjà si coupables envers toi , ne t'abreuveront plus d'outrages . Et ils lui dirent encore : 0 Adam, lève-toi , meurs comme si tu n'avais jamais existé, que ton corps devienne la pa- ture des vers et de la corruption , comme s'il n'avait jamais été organisé. Car voici : ton âme montera vers la patrie céleste , dans le séjour de ton père , dans le lieu de toutes délices . Et Adam lui répondit : O lecteur, qui m'annonces la vérité céleste ; ô docteur qui me donnes une instruction divine , j'ai déjà vécu mille ans, je voudrais en vivre mille autres . Allez donc à Schetel , mon fils, apprenez-lui, à son entrée dans le monde , car cet enfant qui n'a que huit ans n'a point encore connu de femmes , n'a point encore porté la tiare des hommes , n'a point porté encore l'épée du guerrier, ni répandu le sang humain ; apprenez- lui , dis -je, quel est le monde dans lequel il est entré. Alors Zavril le libérateur et Kema- mir Yivo s'adressant à la Vie souveraine , première , lui dirent : O Vie , notre mère , toi qui sais tout , toi par qui il n'est ni se- crets , ni mystères ; voici par ton ordre nous avons parlé à Adam , et Adam nous a en- voyés vers Schetel, son fils , en nous disant : J'ai vécu mille ans sur la terre , je voudrais vivre encore mille autres années . Allez donc à Schetel , mon fils , mon bien-aimé , âgé seu- lement de huit ans, qui n'a point encore connu de femmes, ni porté la tíare des hom- mes, ni l'épée du guerrier, ni répandu le sang humain. Alors la Vie souveraine et pre- mière leur dit : Descendez encore , allez dans ce monde, séjour du mal et du mensonge , annoncez à Schetel , fils d'Adam , la bonne doctrine, et dites-lui : Schetel , fils d'Adam, lève-toi ; meurs, comme si tu n'avais jamais existé, que ton corps devienne la pâture des vers et de la corruption, comme s'il n'avait jamais été organisé ; car ton âme retournera dans sa patrie , dans le lieu de félicité éter- nelle. Savril et KemamirYivo descendirent en effet en ce monde , séjour des méchants , du mal et du mensonge; ils annoncèrent la bonne doctrine à Schetel, fils d'Adam, et lui dirent : Schetel, fils d'Adam , lève-toi , et meurs , comme si tu n'avais jamais existé ; que ton corps devienne la påture des vers et de la corruption , comme s'il n'avait jamais été organisé. Car ton âme retournera dans sa patrie , dans le lieu de délices éternelles.. Schetel lui répondit : O docteur , qui m'an- nonces les grandes vérités , ô bon docteur, qui m'enseignes les mystères éternels, il y a à peine huit années que je suis en ce monde ; je n'ai pas encore connu de fem- me ; je n'ai pas encore porté la tiare des hommes et l'épée des guerriers , et mes mains n'ont point encore répandu le sang humain dans les combats. Allez donc vers Adam, mon père ; déjà mille ans ont passé sur sa tête ; qu'il ne vieillisse plus ; qu'il ne s'affaiblisse plus , et que ses petits -fils , déjà si coupables envers fui , ne l'abreuvent plus d'outrages . Alors ils lui répartirent : Schetel, fils d'Adam, nous avons annoncé les mêmes vérités à votre père Adam ; c'est lui- même qui nous a envoyés vers vous. Sche- tel leur répondit : Hélas ! je crains de mani- fester le désir que j'ai de ne point quitter mon enveloppe corporelle, et que la Vie ne- me punisse d'un semblable désir. Alors Schetel, fils d'Adam , se leva, et après avoir fait une longue prière , il dépouilla son en- veloppe de chair et de sang, se revêtit d'un vêtement de splendeur et couvrit sa tête d'une tiare de pure lumière , dont le vif éclat surpassait neuf cent quatre - vingt-dix mille myriades de fois celui du soleil et de la lune . Puis des vents célestes l'enlevèrent au milieu des myriades de Génies voltigeant à sa droite et à sa gauche , et le déposèrent sur un trône lumineux . Alors Schetel , fils d'Adam, fit cette ardente prière : Je vous en supplie , o Vie première, Vie seconde et Vie troisième, je vous en supplie , o Jutin Jufa- fin , Samo Mano Semiro, ô vigne éter- nelle, source de toute vie , arbre de sainteté- et de salut, faites qu'Adam , mon père , con- temple le séjour de gloire où je suis en ce moment ; que ses yeux se dessillent ; que ses oreilles entendent ; que son cœur ne soit plus endurci . Cette prière , partie du cœur de Schetel , monta au trône de la Vie souve- raine et première . Elle fut exaucée . En effet, Adam put contempler le séjour de gloire où son fils était transporté. Ses yeux se dessil- lèrent, ses oreilles entendirent, son cœur s'ouvrit à la vérité ; et cependant il s'écria : O mon Fils , suis la route qui te convient , moi je vais au monde que j'aime . Alors Schetel lui répondit : Esprit insensé, cœur stupidel avale-t-on jamais la salive immonde que la bouche a déjà rejetée ? L'enfant qui a quitté le sein de sa mère désire-t-il jamais d'y retourner encore ? Or voici : puisque j'ai quitté ce monde, sans avoir vu mes années

�239 240 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. s'accomplir, il en sera de même pour toutes les autres créatures ; l'embryon dans le sein de sa mère , l'enfant encore à la mamelle , la vierge timide, comme la femme qui aura en- fanté, le jeune homme comme le vieillard , tous goûteront l'amertume de la mort. Bien plus, les puissances de ce monde souhaite- ront de préférence la mort au jeune enfant, mais ils ne réussiront pas toujours . Cepen- dant , ainsi qu'il a déjà été dit, les vents célestes emportèrent Schetel , le fils d'Adam, et le placèrent sous la garde du trésorier Schelmaï. Celui-ci lui ouvrit aussitôt les portes des trésors éternels, et il en fit sortir Bar Gudo, le Seigneur de toute vérité . Ce Génie montra à Schetel la vigne merveil- leuse dont l'intérieur est splendeur , l'exté- rieur lumière , dont les racines sont une eau divine et vitale, les branches autant de Gé- nies sublimes , et les fruits , la nourriture délicieuse des âmes . Ces âmes mangent de ce fruit, sans en être troublées ; elles boi- vent de la liqueur que cette vigne dis- tille , sans craindre l'ivresse ; c'est à ces ra- meaux délicieux que viennent se rassasier et s'abreuver Aïar Zivo , le fils de la Vie sou- veraine , et Anusch , le prince des Génies. Du reste, tous ces habitants de la patrie cé- leste, jouissent d'une gloire et d'une fé- licité inaltérable et éternelle. Cependant Schetel, fils d'Adam, dit : La voie que j'ai suivie, la route par laquelle je suis arrivé, sera aussi la route, la voie que les hommes justes, fidèles, honnêtes et pacifiques , pren- dront à leur tour, dès qu'ils auront dé- pouillé leur enveloppe matérielle . Alors les Génies et les rois de la terre de lumière, et du séjour de la gloire, présentèrent la main à Schetel, fils d'Adam, et lui donnè- rent le baiser de paix . Voilà aussi le sort que je désire et que j'espère, car la Vie est pour tous ceux qui espèrent enelle . Disons donc : La Vie est pure , la Vie est immuable . Amen . CHAPITRE II. Au nom de la Vie . La Vie souveraine a envoyé dans sa sagesse , le Libérateur vers Adam , afin de le faire sortir de la prison de ce monde , de cette vocation de Fétahil , où les sept planètes exercent leur fatal et per- nicieux empire , afin de le dépouiller de ce corps périssable, de ce corps de boue et d'i- gnominie, que le moindre souffle renverse , et qui ne peut résister ni à la dent meur- trière du lion rapace, ni au flot de la mer en courroux , ni à la pointe d'une épée qui dé- chire, ni à la morsure du serpent venimeux. Et alors l'âme fut séparée du corps d'Adam. Cependant, cette âme s'entretenait avec l'es- prit et le corps , elle disait : Que faisiez-vous ici ? quel viatique aurons - nous dans notre route? car le Libérateur viendra bientôt pour nous arracher à ce monde. A ce dis- cours, ni l'esprit, ni le corps ne répon- daient. Cependant le Libérateur survint, qui réveillant Adam de son engourdissement, Jui dit : Lève-toi , Adam , dépouille ce corps périssable , cette robe de boue que tu as re- vêtue, ce vêtement corporel, ce corps im- monde auquel les sept planètes et les douze étoiles ont prodigué leurs faveurs, et pré- pare-toi à sortir de ce monde , car ton temps touche à son terme, et la durée de ton existence en ce monde est terminée . La Vie m'a envoyé vers toi pour te demander si tu voulais retourner au séjour de la vie , la pa- trie primitive de tes pères. A ces mois , Adam se prit à pleurer, puis d'une voix en- trecoupée de ses gémissements , il dit an Génie libérateur : Mon père , si je quitte ce monde , qui après moi en sera le gardien ? Que deviendra le compagnon d'Eve mon épouse ? Qui prendra soin des plantes que j'ai semées ? Qui habitera après moi la mai- son que j'ai bâtie de mes propres mains ? Quand le palmier donnera son fruit, qui le récoltera? Quand l'Euphrate et le Tigre se déborderont, qui par des canaux conduc- teurs en dirigera les eaux pour l'arrosement des plantes ? Quand les jeunes femmes en- fanteront, qui les soulagera ? Qui liera le taureau au joug, et le guidera pour labou- rer la terre? Qui rassemblera les béliers, qui les conduira au pâturage, et préparera la litière aux animaux ? Qui soutiendra les veuves et les orphelins ? Qui habillera le pauvre, et lui passera au cou une étole ? Qui délivrera le prisonnier , et rappellera à la vie le moribond ? Alors le Libérateur de la vie répondit à Adam : Viens, lève -toi , Adam, monte au séjour de lumière , ta pa- trie primitive , dans ce lieu où le soleil ne connaît point de déclin ni de ténèbres ; re- vets-toi d'un vêtement de splendeur ; enve- loppe-toi d'un manteau de lumière ; place sur la tête une couronne de pureté, d'inno- cence et de gloire ; ceins tes reins de cette eau mystérieuse qui calme et cicatrise tou- tes les douleurs ; viens prendre place au trône de splendeur que la Vie t'a préparé de toute éternité, et oublie la maison de ton père nourricier, dont tu as essuyé si long- temps les perpétuelles persécutions . Ne re- grette point ce lieu qu'il faut quitter, ear il doit périr ; encore un peu de temps, et il ne sera plus ; tout ce qui se trouve sera dé- truit, et rien de ce qui est ne subsistera. Vu que tout le mal ne fera que s'en accroître, l'indignation et la fureur agitera les peu- ples et les villes. Les enfants se lèveront contre leur père et les filles contre leur mère ; les frères s'égorgeront les uns les au- tres ; le mari abandonnera sa femme , et celle - ci oubliera son mari . Mais pour que le mal ne soit point sans remède , pour que la fureur qui anime les hommes puisse avoir des limites, pour que les orphelins , les veufs et les veuves puissent recevoir quel- que consolation, lève-toi, quitte ce monde, et quitte ce corps de boue. Alors , Adam ré- partit au Génie libérateur : Mon père , puis- que tu savais qu'il en devait être ainsi, pour- quoi m'as-tu emprisonné dans ce corps qu'il me faut quitter ? Mais quand je l'aurai aban- donné, qui en deviendra le gardien ? Quand il sera couché dans le sommeil du tombeau, qui viendra le réveiller, et lui apporter à boire et à manger? Quand le tonnerre gron

�241 242 PART. I. - - LIVRE D'ADAM, TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. dera, quand l'éclair sillonnera la nue , qui élèvera un temple pour le mettre à couvert ? Les tempêtes fondront sur lui; le soleil le brû- lera de ses rayons ardents ; les vents le cou- vriront de poussière . Les oiseaux du ciel dévoreront ce corps sans défense ; mes che- veux leur serviront de nid ; ils se nourri- ront de ma chair, et déchireront mes vête- ments. Qui donc y prendra garde ? Si donc, o mon père, tu veux que je parte avec toi, permets à mon corps de l'accompagner, qu'il soit mon compagnon de route , comme il l'a été dans ce monde. Du reste, o mon père, je n'ai personne autre qui doive m'accompagner; je n'ai ni or ni argent que je puisse emporter pour les dépenses de mon voyage . Le Libéra- teur répondit à Adam : O Adam , ô Adam, d'où vient ce chagrin , d'où viennent ces regrets sur ce corps de boue qu'il te faut quitter? Le corps est-il la vie ? Non , non , aussi ne peut- il monter au séjour de la vie . Adam répliqua au génie libérateur : Mon père , ange de la Vie, aie du moins pour agréable que Eve, ma femme, vienne avec moi , qu'elle m'ac- compagne dans mon voyage. Permets à mes fils et à mes filles de partager mon sort. Lorsque Eve, son épouse, eut entendu cette prière, elle se prit à pleurer et s'écria : Oui, Adam,je t'accompagnerai et je serai encore comme par le passé ta compagne. Cependant le libérateur de la vie dit à Adam : Le corps ne viendra point au séjour de la Vie . Pour toi ne mets ta confiance ni dans ton père, ni dans ta mère, ni dans tes frères , ni dans tes épouses, ni dans l'or et l'argent, à la Vie seule elle doit appartenir.Surtout que l'hom- me pense aux bonnes œuvres, car c'est se- lon ses œuvres que l'homme sera jugé . Car aussitôt sorties de la vie, les âmes subiront un jugement . Pour toi , Adam, que t'impor- tent des frères , des sœurs qui t'ont chargé d'outrages ? tes frères seront les génies , tes soeurs les majestés qui se tiennent sans cesse devant la Vie et qui lui adressent leurs prières continuelles . O Adam, qu'as- tu à faire d'or? cette matière vie qui périra bientôt ; qu'as-tu à faire d'argent, dont l'éclat doit sitôt passer ? Dans la route où je mar- che, il n'y a personne qui dresse des em- bûches au voyageur, personne qui déplace les limites des propriétés . Quant à ceux qui restent dans ce monde, les méchants, les am- bitieux, les avares, il y a une mer qui s'op- pose à leur passage dans ma route . L'hoin- me de bien, seul, pourra y entrer ; car ses bonnes œuvres l'accompagneront et le pré- céderont. Cependant, saches- le, la voie dans laquelle je marche est semée de ronces et d'épines ; sept murs, qui sont autant de montagnes , l'environnent de toute part. C'est là qu'est mon trône ; c'est de là que je choisis les âmes , et que j'en admets une sur mille. En entendant ces paroles , Adam se mit à pleurer. Cependant il quitta son corps ; mais, regardant en arrière, il vit le cadavre qu'il venait d'abandonner et auquel il ne de- vait plus retourner, et son cœur fut doulou- reusement attristé. Cependant il prit sa route au milieu des airs, semblable au pas- sereau qui abandonne son nid où il ne doit plus revenir ; semblable encore à un oiseau qui fuit les filets qui sont tendus de tous côtés ; semblable à l'animal qui fuit son re- paire ; semblable à la barque, jouet des vents et des tempêtes ; semblable au lion qui quitte sa tanière ; semblable enfin à l'escarboucle qui tombe d'une tiare. En partant, Adam s'é- cria : Malheur! malheur ! parce que mes frères m'ont repoussé loin d'eux , ils m'ont donné en ce monde une existence éphémère; m'ont emprisonné dans un corps qui ne peut résister ni à la morsure du lion cruel, ni aux atteintes perfides des sept planètes, dont l'impudence s'accroît chaque jour, et m'ont placé dans une tente de boue qui de- vait sitôt tomber en ruine . Ce sont mes frè- res cependant ; et quoique attaché à eux par, des liens si sacrés, je ne partage point leur sort ; moi seul me suis vu repoussé de leur société ; moi seul ai dû vivre sur la terre jusqu'au jour de ma délivrance . Maintenant donc, puisque telle avait été la volonté su- prême des génies, de m'introduire dans un corps de boue , pour m'en faire sortir sitôt, pourquoi ont-ils orné avec tant de soin ce temple, ma demeure passagère . Car,qu'il étai beau le corps qu'ils n'avaient donne ! quelle admirable structure ! quelle forme plus gra- cieuse , quelle couleur plus riante ! Où trou- ver un architecte, un peintre , un sculpteur plus habile que le créateur de ce corps ? II lui avait donné une tête haute et distinguée , une chevelure verdoyante , des traits nobles et divins ; il avait communiqué à cette tête une étincelle de son intelligence ; à son coeur une partie de sa sagesse. Il a allumé dans ses yeux un feu céleste ; il lui a donné une bouche pour célébrer la Vie à jamais, deux mains , pour se livrer à la pratique des bonnes, œuvres ; deux pieds , pour aller de l'Orient à l'Occident . Faut-il que cet ouvrage si magni- fique devienne la pâture des vers et de la corruption ? ses yeux ne sont plus que deux trous informes ; ses oreilles qui s'ouvraient à la parole de la Vie sont main- tenant fermées ; sa bouche d'où s'exhalaient sans cesse les louanges de la vie est muette aujourd'hui ; ces mains quitravaillaient saus relâche sont immobiles , et les passereaux ne craindront plus d'approcher de ce corps sans défense ; ses pieds qui marchaient avec tant d'ardeur dans la voie du bien , sont en- gourdis maintenant . Hélas ! hélasi je pleure de ne pouvoir plus animer ce corps ! Je me dis en moi - même : comment pourrais-je dé- sormais habiter un palais tombé en ruine ? J'ai secoué ce vêtement de poussière ; il est devenu la pâture des vers du tombeau , et sa poudre s'est envolée au gré des vents de ville en ville . Hélas ! les frères ne peuvent se ra- cheter les uns les autres ! S'ils le pouvaient, le corps ne connaîtrait point la mort, et l'a- me ne l'abandonnerait point ; si le père pou- vait racheter son fils, il n'y aurait point de succession en ce monde ; si le fils pouvait racheter son père, il n'y aurait point d'or- phelins ; si le mari pouvait racheter son épouse, il n'y aurait point de veuves . Le li-

�245 214 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. bérateur de la vie lui répondit : Pourquoi ce chagrin, pourquoi cette tentation, à pro- pos de la perte d'un corps , œuvre de boue et de corruption ? Lève les yeux au ciel , re- garde la nuée lumineuse qui descend à ta rencontre, conduite par quatre hommes , en- fants de la lumière . Ne vois-tu pas sur cette nuée ces étoiles resplendissantes, ces traces lumineuses , ces couronnes de joie ? écoute la voix de ces génies, enfants de la lumière . En effet ils lui dirent : Pourquoi pleures-tu, O Adam? Adam leur répondit : Je suis un esclave sans maître, Ils ajoutèrent :0 Adam, tu es le fils de la Vie souveraine , le servi- teur de la Vie très-haute. Viens donc, ô élu de la Vie, pur, ô juste, appelé juste de la bouche même de la Vie , viens , monte à nous et prends place au milieu de ce nuage lumi- neux. A toi est réservée une demeure ma- gnifique, préparée par tes pères , car tu es venu d'eux , et ils t'ont arraché de ce mon- de corrompu , ouvrage de Fétahil . Alors Adam dit aux génies : Génies mes frères , si c'était l'effet de votre bonté , laissez - moi en- core une seule heure pour prier Eve mon épouse de m'accompagner. Quatre génies répondirent au chef de toutes les généra- tions : N'aie point d'inquiétude , Adam , et hâ- te-toi de jouir du bonheur préparé aux jus- tes. Dès que tu seras parvenu au séjour de la gloire, Eve ton épouse y parviendra à son tour, ainsi que toute ta famille . Alors toutes les générations seront consommées, toutes les créatures périront ; toutes les sour- ces et toutes les mers seront épuisées et les fleuves se tariront ; les montagnes tomberont; les collines seront abaissées , Babel sera dé- truite ; Borref s'évanouira comme si elle n'a- vait jamais existé, la Perse ne sera plus qu'un désert , la Romanie sera comme si elle n'avait jamais existée, la Chine et les Indes s'écrou- leront sur leurs fondements ébranlés , le pays des Samaritains et des Tyriens , ainsi que la montagne de fer , c'est - à -dire le pays montagneux de Chalybes, se mineront les uns les autres, mais au milieu de ces catas- trophes, malheur à qui serajugé coupable, il expiera son crime par sa mort ! Ainsi seront punis tous ceux qui en répandant le sang humain sur la terre, auront détruit un de leurs semblables ; qui auront consulté les de- vins, les sorciers, les diseurs de bonne aven- ture ; qui auront été adultères, voleurs, faus- saires, calomniateurs ,trompeurs , empoison- neurs, sacriléges , incendiaires . Alors pen- dant que la terre sera précipitée dans le tarbare, les étoiles, les planètes, le soleil et la lune iront chacun dans le lieu qui leur est réservé. Il en sera de même des quatre vents. Quant aux méchants ils iront dans le plus profond des ténèbres . Pour toi, Adam, tu seras heureux , car tu as quitté le séjour du deuil et de la tristesse pour le séjour de la lumière et des anges. Ne sois donc affligé pour ce monde qu'il te faut abandonner.Tes fils et tes filles te suivront bientôt, les uns plus tôt, les autres plus tard . Hommes, fem- mes, enfants , jeunes et vieux , tous connai- tront la mort . Par elle le roi perdra sa cou- ronne, et l'homme liore sa gloire et sa magni- ficence . Par elle la femme perdra sa beauté et ne se trouvera plus en face que d'un tom . beau. Monte donc, Adam , va te présenter au roi de la lumière, à la Vie première, et souveraine créatrice du monde où tu as vécu . Dis-lui ; Pourquoi as-tu fait ce monde ? pourquoi as-tu repoussé les générations loin de toi , et as-tu permis à la discorde de s'y introduire ? Pourquoi m'as-tu cou- vert de honte, en désolant cette terre dont tu m'avais établi le gardien ! Voilà que les sept planètes et les douze étoiles y comman- dent en souveraines, et font souffrir aux membres de ma famille toute espèce de per- sécutions . Si donc tel est ton bon plaisir, si une demande pouvait t'être agréable , que la désolation cesse dans ce monde, que la lu- mière y triomphe ; que le nom d'une famil- le n'y soit point anéanti , non plus que le tien , Vie première et continue ! Sauvez celte demeure d'Abel Zivor , sauvez cette pa- trie du Jourdain ; arrachez-le à la domina- tion des sept planètes, de l'esprit et du Mes- sie. Alors la Vie souveraine , première , dit au père de toutes les générations humaines : Tranquillise-toi , jouis du repos des justes . Voici le séjour qu'habitent Abel Zivo et les génies tes frères ; que ce soit désormais ta demeure. Eve y viendra à son tour, ainsi que tous les membres de ta grande famille. Vous serez tous heureux au pied du trône de la Vie souveraine, jusqu'au jour du juge- ment , jusqu'à l'heure solennelle où tu res- susciteras, car tu ressusciteras , ô Adam , non- seulement toi , mais encore ta famille. Con- sole-toi donc et sois heureux dans cette heureuse attente , la Vie est pure ! CHAPITRE III. Ceci est la parole de l'angede laVie , lors- qu'après la mort d'Adam il expliqua claire- ment ce qui devait arriver à sa race . Voici ce qui est décidé : Celui qui au moment de quitter son corps en aura du regret, celui qui aura trop aimé les biens périssables de ce monde , qui, parlant contre sa pensée , au- ra dit ce qu'il n'avait ni vu ni entendu, qui aura mis la division parmi ses frères, re- poussé le fils de son père, la fille de sa mè- re, prêté sur gage,abusé de l'innocence d'un enfant, changé la place des limites , en un mot, qui aura commis quelque action cri- minelle, sera maudit de l'ange de la Vie . C'est la voie d'Adam qu'il faut suivre , celui qui n'y veut point entrer, n'entrera point non plus dans le séjour de la gloire et du bon- heur ; son âme sera à jamais exclue du sé- jour de la lumière. LaVie est pour ceux qui la connaissent, qui espèrent en elle , qui l'aiment. La Vie est éternelle. La Vie est pure dans toutes ses œuvres. CHAPITRE IV. Au nom de la Vie souveraine . Ceci est le mystère, la doctrine sainte que l'ange de la Vie a révélée aux justes . Lorsque Adam , ar- rivé au terme de la vie , eut quitté ce monde, et que son épouse Eve , plongée dans la dou- leur et la désolation, eut passé de nombreuses

�245 216 PART. I. LIVRE D'ADAM. w TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. - années dans le deuil et les larmes, l'esprit survint , et se tenant devant elle , il lui dit : Pourquoi te désoles-tu , comme si tu n'étais qu'une veuve ordinaire ? Tu pleures la mort de ton époux ; tu te frappes la poitrine , tu verses des torrents des larmes . Mais qui donc as-tu perdu ? Pourquoi enfin cette im- mobilité, cette fixeté qui ressemble au der- nier degré du désespoir ? Puis, pour mieux la tromper simulant à son tour une douleur violente : Oui , dit-il , il faut nous lamenter. Malheur à la femme qui ne pleurera point son mari ! Alors moi Abel Zivo je vis de suite que le péché était sur le point d'entrer dans le cœur de la malheureuse Eve, et que ce péché lui fermerait l'entrée du séjour qu'habitait Adam. Alors la Vie m'appela a elle, et me dit : Ecoute, c'est toi qui a.intro- duit Adam dans le paradis, va donc trouver Eve, son épouse ; illumine son cœur , fortifie son courage , dis -lui que d'elle sortiront des créatures d'élite qui rendront témoi- gnage à la Vie, qui publieront la bonne nou- velle et la pure doctrine , et qui marcheront d'un pied ferme dans la voie difficile de la justice et de la Vie . Dis-lui encore qu'elle ira bientôt rejoindre et revoir son époux ; mais il faut qu'elle sèche ses larmes, qu'elle découvre sa tête voilée , qu'elle rende à son cœur agité par la douleur, le calme et la paix, et qu'elle prenne à son tour la voie sublime des enfants de la paix . Fidèle à ces ordres Abel Zivo se présente à l'épouse d'Adam ; il la trouve la tête couverte d'un rilice, plongée dans la douleur la plus vive. A sa vue Eve relève sa tête, et s'écrie : Que te semble de la perte que j'ai faite ? Le no- ble génie répondit : Le mari que tu as perdu est maintenant dans la gloire et dans la lu- mière. C'est donc de ta part une folie bien grande que de pleurer pour qui est heureux , que de te lamenter pour qui jouit d'une fé- licité sans borne ! Garde -toi donc de suivre en cela l'exemple des sept planètes , qui , par leur désespoir apparent, voudraient te plon- ger dans un désespoir semblable ! Puis de sa voix douce et suave il fit pénétrer la douce persuasion dans l'âme de la veuve affligée ; il la prémunit contre les suggestions étrangères, lui fit la peinture du bonheur dont son époux jouissait , et rendit à sa figure sa joie et sa sérénité . Il ajouta : Tu vois maintenant que ta douleur inspirée par les sept planètes, était insensée et sans but, tu as donc péché ; mais rassure -toi , ton péché te sera pardonné ; car tu n'as fait que céder aux insinuations perfides des sept planètes. Que tes yeux reprennent donc leur premier éclat ; lève-toi dans la joie et l'allégresse , et célèbre la perte que tu as faite, et adresse à ton époux des prières et des actions de grâces . Eve se leva en effet , chassant loin de son cœur les vains regrets , les douleurs sensibles, elle dit dans l'allé- gresse de son âme : Le génie me l'a an- noncé ces péchés me seront pardonnés ; car je n'ai fait qu'obéir à des suggestions étrangères . Je me suis assisedans le deuil ; je me suis abandonnée follement aux trans- ports d'une douleur sans objet . Puis elle ajouta en s'adressant à Abel Zivo : Pourquoi ne m'as-tu pas donné le baiser de paix qui réconcilie ? Cependant tu n'as pas dédaigné de venir à moi ; tu as consolé mon cœur af- fligé ; tu as séché mes larmes , étouffé mes sanglots, et ta voix suave, en pénétrant dans mon cœur, y a introduit le baume de l'allé- gresse. Alors moi , Abe! Zivo , je lui répondis : J'étais le guide et le gardien de l'être qui te servait d'époux ; c'est moi qui , à travers les épreuves sans nombre de ce monde, l'ai conduit sûrement ; je lui ai fait entrevoir le palais d'Abatur , dont la main bienfai- sante l'a soutenu dans la route ; je l'ai amené au pied du trône de la Vie seconde qui lui a communiqué sa splendeur ; je lui ai fait traverser les ruisseaux de la Vie , je l'ai fait assister au spectacle radieux des génies dans leurs demeures éternelles, je l'ai établi en- fin dans un séjour de gloire et de félicité. C'est alors seulement que je suis descendu vers toi. Eve répondit : Pourquoi n'ai-je pas eu le même bonheur ? nul n'a guidé mes pas ; nul ne m'a nourri de la parole divine , nul ne m'a révélé les sublimes mystères ! Je lui répondis : Je ne m'assieds point avec un ennemi ; je n'ai rien de commun avec lui . Eve me dit : Eh ! quoi, était-ce moi, était- ce Adam qui étions tes ennemis ? Abel ré- pondit : Ni toi ni Adam n'avez été mes enne- mis ; mais bien les sept planètes et les douze étoiles dont il a éprouvé si souvent la mali- gnité. Cependant ces génies du mensonge tentèrent un nouvel effort contre Eve . Alors l'Esprit leur parla ainsi : Eve a été séduite par la voix suave , entraînante de l'homme nouveau ; elle ne gémit plus au nom de son époux ; elle ne verse plus de larmes , elle s'est éprise d'amour pour cet homme nou- veau ; et notre nom n'est plus sur ses lèvres. Cessons donc de joindre nos larmes aux siennes et de gémir avec elle. Cependant Eve se leva, et faisant succéder les actions de grâces aux lamentations , elle dit à l'homme nouveau de la lumière : Eclaire- moi , éclaire -moi , ô créateur des génies , toi que mon père a distingué parmi tous les autres, toi qui m'as arraché le voile de deuil de dessus la tête, toi qui as tari la source de mes larmes, toi enfin qui m'as délivrée des sé- ductions entraînantes des sept planètes . Alors après avoir quitté Eve, je suis remonté vers mon père, pour lui raconter ce que les sept planètes avaient fait, ce que l'Esprit avait fait à Eve, à Adam et en général à tous les hommes ; pour lui dire comment il avait consolé la femme du premier homme, comme il avait séché ses larmes , et avait fait suc- céder les actions de grâces au chagrin . Ce- pendant Eve, consolée de sa douleur passée , se leva, et tournant sans cesse les yeux vers le séjour de la Vie et la route qu'avait sui- vie l'ange de la Vie, se disait tous les jours de sa vie Quand pourrai-je parvenir à ce séjour des bienheureux ? qui m'accordera la grâce que je désire de quitter ce corps de boue, et de monter par la voie des en- fants de la paix, par le sentier des hommes

�247 248 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. de la justice? Au moins quand j'aurai laissé ma dépouille mortelle, je pourrai , contem- pler l'homme que mes regards désirent , et admirer le lieu magnifique où réside l'ange de la ie, je pourrai voir les palais impéris- sables qu'il habite. Alors les sept planètes commencèrent à révoquer Eve qui n'en per- sista pas moins dans son action de grâces, et qui , invoquant l'ange de la Vie , répétait sans cesse : Hâte - toi , dange de la Vie, viens me délivrer de ce monde , séjour du mal et du mensonge. Les méchants conjurent con- tre moi ; chaque jour ils font de nouveaux complots pour me perdre ; chaque jour ils essayent contre moi leur art sacrilége ; ils disent exterminons les fils d'Adam ! Alors l'ange de la Vie apparut à Eve ; il la déli- vra du milieu impie où elle se trouvait, et consola ses peines . A sa vue , Eve se pros- terna la face contre terre, et s'écria : Sois le bien-venu , o mon seigneur , viens m'arracher à ce monde, délivre - moi de mon corps mor- tel et introduis -moi dans l'assemblée des bienheureux que tu présides. Mais il lui répondit Voici , la Vie m'a envoyé vers toi pour rétablir ton âme dans le trésor de ton père . Alors Eve tomba dans l'abattement et la tristesse pendant un jour et la moitié d'un jour. L'esprit en profita , il vint à elle et lui dit : Pourquoi as-tu quitté ta demeure , pourquoi as-tu abandonné ton palais ? Pour nous , nous demandions où nous devions le chercher, et en qui nous devions mettre notre confiance . Cependant Abel Zivo s'af- procha d'Eve, et fortifiant sa foi , tira son âme de son corps, et dit aux sept planètes : Levez-vous , recevez le fruit des œuvres de vos mains. L'Esprit répondit à Abel Zivo : Tu as tout pris, que peut-il nous rester ? L'ange de la Vie lui dit : Tes mains se sont reposées, tu n'as rien fait, que peux-tu exi- ger ? Alors l'Eon se prépara à retourner dans sa glorieuse patrie. Il dit encore à la famille d'Adam : Soutenez -vous mutuelle ment, et soyez, après mon départ, les gar- diens et les protecteurs les uns des autres. Je vais partir , afin de placer Eve dans une de- meure impérissable . Mais je reviendrai bien- tôt pour vous délivrer aussi , et vous con- duire au séjour de gloire qui vous est pré- paré. Cependant Eve s'écria : Que ta protec- tion ne m'abandonne pas ; voici , je vais monter à mon père , et m'asseoir sur le trône qui m'est préparé. Alors les enfants d'Adam se voyant délaissés sur la terre , fondirent en larmes , et s'écrièrent : Tu montes , tu nous quittes ; hélas ! que deviendrons - nous ? L'ange de la Vie leur répondit : Je pars pour confirmer votre mère ; mais confiance, je re- viendrai bientôt vers vous . Et je partis , et j'établis Eve dans le séjour éternel . Ensuite je dis à la Vie souveraine : O Vie souve- raine , envoyée dans le monde , j'ai été visiter les générations et les créatures ; j'ai délivré le jeune Schetel, je l'ai arraché à toutes les séductions, je lui ai donné une couronne de splendeur et je l'ai placé sur un trône de gloire ; j'en ai fait autant aux enfants d'A- dam , que j'ai élevés jusque dans la sainte de meure . C'est ainsi que la famille de la Vie fut confirmée . Quant aux sept planètes, elles commencèrent à le persécuter de nouveau . Cependant l'ange de la Vie , pour affermir les hommes contre leurs efforts impies , pour les prémunir contre leur séduction , leur dit : Soyez fermes , résistez courageusement ; car quí persévérera jusqu'à la fin, arrivera au séjour de gloire où Adam , où Eve son épouse, jouissent d'un bonheur sans fin . Telle est la volonté de la Vie . Par consé- quent, dès qu'une âme aura quitté son corps , que la joie brille sur tous les fronts ; malheur à qui verserait une larme ! mais heureux qui se sera réjoui ! Tout ce qu'il demandera , lui sera accordé ; il sera pour la puissance un autre Adam ! Gloire à la Vie . Elle est pure ainsi que son ange, ainsi que celui qui l'aime et qui lui obéit. Amen CHAPITRE V. Au nom de la Vie souveraine , au nom de l'ange de la Vie, la plus excellente de toutes les créatures. Il est la splendeur et la lu- mière, chargé d'éclairer l'âme au sortir du corps , de la dépouiller de ce vêtement de chair et de sang, de cette enveloppe gros- sière et de la protéger contre les persécu- tions et les oppressions du dehors . L'âme, aussitôt qu'elle fut sortie du corps, passa par la demeure qu'habite l'Eon Sado ; la mis- sion de ce génie est de flageller cruellement les âmes coupables, de les frapper avec des verges de feu, et de leur faire subir les sup- plices des flammes dévorantes . A la vue de ces tourments, l'âme émue et pleine d'épou- vante , se tournant vers la Vie souveraine , s'écria Est-ce là la vie que j'ai aimée ? est- ce là la justice que recherchait mon cœur? est-ce là la miséricorde dont j'étais animée ? Alors je lui répondis : Ne crains rien , & âme , mais monte au séjour de la lumière . Pourquoi as-tu invoqué la Vie souveraine et très-haute ? prends le nom et le signe sacré que tu as puisés dans l'eau limpide , d'où viennent des trésors de la splendeur du Jourdain et de la source de la lumière. A ces mots , les maudits tombèrent la face proster- née , et s'écrièrent : Va donc, ô âme bien- heureuse , monte vers la Vie souveraine qui t'appelle , mais souviens-toi de nous dans le séjour du bonheur. Alors je leur parlai en ces termes : Qui oserait parler de vous de- vant la Vie souveraine? Vous êtes des puis- sances rebelles et non des sujets soumis ; vous êtes des dieux révoltés et non des hom- mes. C'est à vos œuvres à parler de vous au Très -Haut. Je remonte donc au séjour de la lumière , et les génies, mes frères, me précé- deront. Cependant je les interrogeai, et leur demandai quelle était cette prison d'où j'étais sorti , et qui était celui qui y habitait. Les génies, mes frères, me répondirent : Cette prison est celle de Nebaz, une des puissan- ces du ciel ; c'est là que sont puisés les cri- mes de la terre, c'est là que sont peuplés les riches qui ne songent qu'à s'engraisser en ce monde ; les hommes qui aiment les dis- cordes ; les maris qui quittent leurs fem-

�249 TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. PART. I. - 250 - 8 mes, et les femmes qui abandonnent leurs maris ; tous ceux enfin qui protégèrent les œuvres de mensonge et d'iniquité. Ils sont là tourmentés par un feu dévorant qui ne s'éteint jamais ; ils y souffrent jus- qu'au jour du jugement, jusqu'au jour de la délivrance. Je franchis cette prison en me disant à moi - même : J'éviterai désormais

LIVRE D'ADAM. s'écria Est-ce donc là la Vie que j'ai aimée ? est-ce là la justice que j'ai pratiquée ? est -ce là la miséricorde dont j'ai été sans cesse pé- nétrée ? mais je lui répondis : Calme ton agitation , tu arriveras bientôt au séjour de la lumière. Pourquoi invoques-tu la Vie sou- veraine et très-haute ? Rends le nom, rends le signe sacré que tu as reçus dans le saint baptême, et qui viennent des trésors de la splendeur, de la source de toute lumière . En effet , l'âme rendit ce qu'elle avait em- prunté , un nom et un signe, et aussitôt les maudits, tombant la face prosternée , s'écriè- rent Va donc, ô âme bienheureuse, monte au séjour de la lumière, mais pense à nous quand tu seras face à face de la Vie souve- raine . Mais je leur répondis : Qui oserait parler de vous devant la Vie ? vous êtes des puissances rebelles et non des sujets soumis , vous êtes des dieux révoltés et non des hom- mes ! c'est à vos œuvres à vous recomman- der ! Cependant je repris ma route, toujours précédé par les génies , mes frères . Cepen- dant je leur demandai ce que c'était que cette prison , et qui était le génie qui l'habi- tait . Ils me répondirent : Cette prison appar- tient aux sept formes ( 168) que Fétahil a créées, qui sont vêtues de robes roses, cou- ronnées d'impudicité , et dont les bras nus sont toujours prêts au crime, et le cœur à la fornication . J'ajoutai : Dans cette prison , création de Fétahil, qui se trouvent enfer- més ? Ce sont, me répondirent, mes frères, ceux qui appartiennent à Famur, les vingt- huit immolateurs, qui, apportent des filtres au milieu des festins, qui assis autour de leur victime , en sucent le sang écumeux ; ce sont les devins, les empoisonneurs et les empoisonneuses, les adultères et tous ceux qui s'emparent du bien d'autrui ; ce sont ceux qui ouvrent les portes qu'ils n'ont point fermées, qui brisent le cachet qu'ils n'ont pas posé, qui prennent ce qu'ils n'ont pas fait, qui vendent ce qui ne leur appartient. pas, qui tuent leurs propres enfants et con- servent les enfants des autres ; ce sont tous ceux qui marchent dans les ténèbres , et qui commettent l'iniquité. Ils y sont tourmen- tés par un feu dévorant jusqu'au jour du jugement, jusqu'à l'heure de la délivrance. Je quittai donc cette prison en me disant encore J'éviterai désormais ce spectacle qui ne produit à mon âme attristée que et que désolation . L'âme partit donc pour explorer les lieux soumis à Sado . Là aussi sont tourmentées les âmes des méchants qui expient leurs crimes dans les ardeurs d'une fournaise ardente . A la vue de ces supplices. sans relâche , l'âme saisie d'effroi et de dou- leur, se tourna du côté de la Vie , et s'écria :: Est-ce donc là la Vie que j'ai aimée ? est-ce là la justice que j'ai pratiquée ? est- ce là la miséricorde dont j'ai été sans cesse péné- trée ? Mais je lui répondis : Calme-toi , & âme, tu arriveras bientôt au séjour de la lumière. Pourquoi invoques-tu donc la Vie souve- raine, éternelle ? Rends le nom, rends lo ces rencontres qui ne produisent en moi que des sentiments de peine et d'épouvante . Cette âme s'en alla donc, et continuant sa route elle arriva à une autre prison , de- meure de l'Eon Sado, autre vengeur provi- dentiel , qui punit les méchants , qui les fla- gelle avec un fouet de flammes , et les brûle avec un feu inextinguible. A la vue de ces supplices , l'âme émue et remplie d'épou- vante, tournant ses regards sur la Vie sou- veraine , s'écria : Est-ce là la Vie que j'ai ai- mée ? est-ce là la justice que mon cœur a pratiquée ? est-ce là la miséricorde dont j'ai été sans cosse pénétrée ? Alors je lui répon- dis : Rassure-toi , ô âme, tu arriveras bientôt au séjour de la lumière . Pourquoi invoques- tu ainsi la Vie souveraine et très-haute ? Rends ton nom, rends le signe sacré que par le baptême tu as puisé dans l'eau sainte qui vient des trésors de la splendeur , de la Vie et de toute lumière. Alors cette âme, ou- vrant son cœur , rendit ce qu'elle avait em- prunté, son nom et son signe sacré . Et les maudits tombèrent la face prosternée et lui dirent Va donc au séjour de toute félicité, mais quand tu seras face à face avec la Vie éternelle, pense à nous . Alors je leur parlai en ces termes : Qui oserait parler de vous à la Vie souveraine ? vous êtes des puissances rebelles et non des sujets soumis ; vous êtes des dieux révoltés et non des hommes. C'est à vos œuvres à vous recommander. Cepen- dant je continue ma route et les génies , mes frères, me précèdent dans ma marche. Et moi, je les interrogeai en disant : Quelle est cette prison et quel génie l'habite ? Ils me répondirent : Cette prison appartient à Nebu , le scribe plein de sagesse . C'est lui qui a présidé à ce livre , et qui a prononcé de sa propre bouche les malédictions contre les scribes infidèles. En effet, c'est dans cette prison que sont jetés les scribes qui voient de leurs yeux, qui entendent de leurs oreil- les , qui savent dans leur cœur, et dont les œuvres ne sont point en accord avec leur science. Ils y sont tourmentés par les ar- deurs du feu jusqu'au jour du jugement, jusqu'à l'heure de la délivrance . Cependant je quittai cette prison , et je me dis : J'évite- rai désormais de pareils spectacles , qui ne produisent en moi que des sentiments dou- loureux et pénibles . L'âme partit donc pour visiter d'autres lieux . Elle arriva à la prison occupée par l'Eon Sado , autre vengeur cé- leste, qui punit les méchants, les flagelle avec un fouet de flammes, et les brûle avec un feu inextinguible. A la vue de ces sup- plices, l'âme s'arrêta émue , épouvantée , elle journa les yeux vers la Vie souveraine , et (168) Aux sept péchés capitaux. • deuil

�951 152 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. signe sacré que tu as reçu au baptême dans l'eau sainte, et qui viennent des trésors de la splendeur, de la source même de la lumière . En effet , l'âme rendit le nom et le signe sa- cré qui lui avaient été donnés , et les maudits, se prosternant le front dans la poussière , s'écrièrent Va donc , ô âme bienheureuse, monte au séjour de la lumière ; mais quand tu seras face à face de la Vie souveraine , pense à nous ! Mais je leur répondis : Qui oserait parler de vous à la Vie souveraine ? vous êtes des puissances rebelles et non des sujets soumis ; vous êtes des rois révoltés et non des hommes ; c'est à vos œuvres à vous recommander ! et je continuai ma route , précédé des génies , mes frères . Cepen- dant je leur demandai ce que c'était que cette prison, et quels étaient ceux quí y étaient enfermés . Ils me répondirent : Cette prison est pour ceux qui rendent moins qu'ils n'ont reçu et qui prêtent à usure ; ils y sont tourmentés par un feu qui ne s'éteint pas. Je quittai ces lieux de désolation en me disant J'éviterai désormais un pareil spectacle, qui ne produit dans mon âme que des sentiments de douleur et d'effroi . L'âme partit donc pour explorer les lieux soumis à Sado, autre prison où sont punies les Ames des méchants au milieu d'une four- naise ardente . A la vue de ces supplices, l'âme saisie d'effroi et de douleur , se tourna du côté de la Vie , et s'écria : Est-ce là la vie que j'ai aimée ? est-ce là la justice que j'ai pratiquée ? est-ce là la miséricorde dont j'ai été pénétrée ? mais je lui répondis Calme- toi, ô âme, tu arriveras au séjour de la lu- mière . Pourquoi donc invoques -tu la Vie souveraine, éternelle ? Rends le nom , rends le signe sacré que tu as reçus par le baptême dans l'eau sainte, et qui viennent des trésors de la splendeur , de la source même de la lu- mière. Et en effet , l'âme rendit le nom et le signe sacré qu'elle avait reçus, et soudain les maudits, se prosternant le front dans la pous- sière, s'écrièrent : Va donc, ô âme bienheu- reuse, monte au séjour de la lumière , mais au moins quand tu seras face à face de la Vie souveraine, pense, pense à nous . Alors je leur répondis : Qui oserait parler de vous à la Vie souveraine ? vous êtes des puissan- ces rebelles et non des sujets soumis ; vous êtes des dieux révoltés et non des hommes. C'est à vos œuvres à vous recommander ! et je m'éloignai de ces lieux de désolation , précédé des génies, mes frères . Cependant j'interrogeai mes frères, en leur disant : Quelle est cette prison, et qui y sont enfer- més ? Ils me répondirent C'est la prison des sectateurs du Messie , fils du faux es- prit, qui s'est fait passer pour Dieu aux yeux des Nazaréens. C'est là que sont en- core les courtisanes , les jeunes femmes et les vierges, les célibataires des deux sexes , les hommes qui n'ont point recherché de femmes, les femmes qui n'ont point voulu de mari, ceux qui n'ont point tué leurs en fants , il est vrai , mais qui, par une fraude impie et sacrilége, tuent le germe de la vie dans le séjour même de la vie . Tous ils sont tourmentés sans relâche jusqu'au jour du jugement, jusqu'à l'heure de la délivrance. Je quittai ces lieux, l'âme navrée, et me di- sant à moi -même : J'éviterai désormais ces spectacles affligeants qui ne produisent dans mon cœur que des sentiments d'effroi et de douleur. Je continuai donc ma route, pour aller explorer les lieux soumis à Sado, autre prison où sont punies les âmes des méchants par les flammes d'une fournaise ardente. A la vue de ces tourments affreux , l'âme fut saisie d'effroi et de chagrin ; elle se tourna vers la Vie souveraine , éternelle , et s'écria Est-ce donc là la vie que j'ai ai- mée ? est-ce là la justice que j'ai pratiquée ? est-ce là la miséricorde dont j'ai été sans cesse pénétrée ? mais je lui répondis : Calme-toi, âme, tu arriveras bientôt au séjour de la lu- mière . Pourquoi donc invoques-tu la Vie souveraine , éternelle ? Rends le nom , rends le signe sacré que tu as reçus par le baptême dans l'eau sainte et qui viennent des trésors de la splendeur et de la source même de la Vie . Et en effet, l'âme rendit ce nom et ce signe sacré, et soudain les damnés se prosternè- rent le front dans la poussière , et ils s'é- crièrent Va donc , ô âme bienheureuse , monte au séjour de la lumière . Mais quand tu seras face à face avec la Vie souveraine , pense, pense à nous ! Alors je leur dis : Qui oserait parler de vous à la Vie souveraine ? vous êtes des puissances rebelles , et non des sujets soumis ; vous êtes des dieux révoltés, et non des hommes ? c'est à vos ceuvres à vous recommander ! Alors je quittai ce séjour des iniquités , précédé des génies , mes frères . Je leur de- mandai cependant quelle était cette prison et quels étaient ceux qui y étaient enfermés? Ils me répondirent : Cette prison appartient à Avat , l'esprit impudique . Cest là que sont enfermés ceux qui abreuvent les âmes d'i- niquités, qui répandent des prières de men- songe , qui ne mangent point de pain quand ils ont faim, qui ne boivent point d'ean quand ils ont soif, qui , assis dans le deuil et dans les larmes , rasent leur tête et ne sa- luent point ceux qui les saluent. Tous ils sont tourmentés par le feu jusqu'au jour du jugement , jusqu'à l'heure de la délivrance . Je quittai ce séjour de désolation en me di- sant en moi- même ; j'éviterai ces spectacles affligeants , qui remplissent l'âme d'effroi et de douleur. L'âme continua donc sa route pour explorer les lieux soumis à l'empire de Sado , lieu de tourments où sont punies les âmes des méchants , dans les ardeurs d'une fournaise ardente. A la vue de ces supplices affreux , l'âme saisie d'effroi se tourna du côté de la vie et s'écria : Est-ce là la vie que j'ai aimée ? est-ce là la justice que j'ai pratiquée ? est-ce là la miséricorde dont j'ai sans cesse été pénétrée ? Alors je lui dis : Calme- toi , tu arriveras bientôt au séjour de la lumière . Pourquoi donc invoques - tu la Vie souveraine , éternelle ? Rends le nom, rends le signe sacré que tu as reçus par le bap- tême de l'eau sainte , qui viennent des trésors de la splendeur, de la source même de la

�255 LIVRE D'ADAM. PART. I. TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. 954 - lumière. En effet, l'âme rendit ce nom et ce signe sacré, et soudain les maudits, se pros- ternant le front dans la poussière , s'écriè- rent : Va donc, âme bienheureuse , monte au séjour de la lumière , pense, pense à nous . Alors je leur dis : Qui oserait parler de vous à la vie souveraine ? Vous êtes des puissan- ces nouvelles , et non des sujets soumis : vous êtes des dieux révoltés , et non des hommes ! C'est à vos œuvres à vous recom- mander ! Et je quittai ces lieux de désola- tion , précédé des génies, mes frères, et je les interrogeai en disant : Quelle est cette prison, quels sont ceux qui y sont renfermés ? Ils me répondirent : C'est ici que sont renfer- més d'abord Fétahil, puis les princes mau- vais, les tyrans des peuples, tous ceux qui, assis sur un trône, gouvernent avec une verge de fer, qui répandent le sang des mal- heureux , absolvent les coupables , condam- nent les innocents , vendent la justice , per- vertissent le droit, ordonnent ce qu'ils n'ont point vu, commandent ce qu'ils n'ont point entendu , se servent de faux témoins et sont les fléaux de leurs peuples. Ils sont là tour- mentés jusqu'au jour du jugement, jusqu'à l'heure de la délivrance . Je quittai ces lieux de désolation en me disant en moi -même : J'éviterai désormais ce spectacle affligeant, qui ne fait naître dans mon cœur que des sentiments d'effroi et de tristesse . Je me re- mis donc en route et je parvins aux lieux où règne Abatur, le plus grand, le plus mysté- rieux de tous les génies, inconnu même à mes frères. Cependant je leur demandai quels étaient ces lieux, quels étaient ceux qui y demeuraient ? Is me répondirent : Cette prison est du domaine d'Abatur l'aîné, le plus grand, le plus mystérieux des gé- nies. C'est lui qui pèse les œuvres des hommes, qui pèse leur récompense comme leur punition ; et quand le bien l'emporte sur le mal, c'est lui qui envoie l'âme dans le séjour de la vie ; comme il la renvoie dans le séjour des ténèbres quand le mal l'emporte sur le bien . Je demandai encore quels étaient ceux qui se trouvaient dans cette prison d'Abatur ? Ils me répondirent : Ce sont les Nazaréens , mais non pas les Na- zaréens véritables : ce sont ceux qui n'ont point été assidûment à la prière publique le jour du soleil, qui ne se sont pas soumis àl'autorité, qui n'ont point annoncé la bonne nouvelle, n'ont point pratiqué de bonnes œuvres, ont refusé l'aumône aux pauvres , n'ont point ouvert leur porte aux malheu- reux, et par une hypocrisie mensongère ont voulu se faire passer pour Nazaréens . Alors l'âme s'arrêta saisie de surprise , et regar- dant autour d'elle elle vit Aïar Gufao bar Farïures Gufao, génie des eaux, fondement des âmes, cette mère des génies , vigne éter- nelle dont les rameaux sont autant de rayons de lumière , dont les âmes forment les feuilles. Et puis le magnifique spectacle du séjour éternel se déroula devant elle . Alors prenant cette ame par la main et lui donnant le baiser de paix, il l'introduisit auprès de la Vie, et la plaça sur le trône qui lui était préparé . Ainsi à la Vie revient ce qui appartient à la Vie, comme aux ténèbres ce qui appartient aux ténèbres. LaVie est pour ceux qui la connaissent, qui coopèrent en elle et qui l'aiment. La Víe est pure dans toutes ses œuvrés . Amen. CHAPITRE VI. Au nom de la Vie souveraine. La sagesse , la paix et la rémission des péchés soient à l'âme d'Adam Juhrem bar Schurat , à mon épouse Mudalal fat Sharat, à mes enfants Simat , Adam , Behram , Adam Zahrun et Sam, aux fils de Mudalal, à mon père Jahia Baktiar bar Anhar Jasmin , et à ma mère Scharat, aux âmes de mes père et mère , de mes frères et sœurs , tant ceux qui vivent que ceux qui sont morts. O doux Eon, ô Eon fort et fortifiant , & Eon qui tient la balance éternelle , réunis -nous tous avec toi. Amen . CHAPITRE VIII. Au nom de la vie, au nom de la lumière. Je suis l'Eon de la Vie souveraine , je suis l'Eon de la Vie très-haute et très-grande. Qui m'a établi sur la terre , qui m'a élevé au milieu de ce monde ? qui m'a enfermé dans un corps jusqu'aux pieds et aux mains ? Où puis-je aller ainsi ? Pourquoi m'a-t -on tiré de l'endroit où j'étais, pour me faire habiter un corps incomplet ? Ainsi mes pieds, ces pieds brillants sont cachés dans ce corps , ma bouche pure et radieuse est devenue la bouche d'un cadavre ; mes yeux, où respi- raient la lumière et la vie , ne sont plus que les yeux d'un assemblage de boue ; mon cœur, passionné pour la vie , anime un vase périssable, et mon intelligence y est obscur- cie ! Il faut que moi , le génie sublime, il faut que j'obéisse aux ordres de mon escla- ve ; il faut que je suive sa voie ! Mais cette voie, les sept planètes me permettront - elles d'y marcher ? Comment entendre, comment avancer , comment consoler mon cœur dé- solé? O que de dangers m'environnent ! Que d'embûches mystérieuses les sept planètes et les douze étoiles vont dresser contre moi ! Que faire, que répondre ? comment re- cevoir le conseil de mon père , dans le mi- lieu des ténèbres où je suis ? Ainsi parlait l'Eon, et sa voix monta au séjour de la lu- mière. L'ange de la Vie entendit cette voix, et soudain il envoya à lui le Libérateur, en lui disant : Va, & père libérateur, présente- toi devant l'éon que les réprouvés mépri- sent, et qu'à ta vue il brille d'un éclat nou- veau. En effet le libérateur voilant sa splen- deur, se présenta à l'Eon, au fils des puis- sants . Et se montrant à lui dans tout son éclat, il poussa un cri qui lui rendit le cou- rage. Console-toi , Eon , console-toi ; je viens à toi pour ne plus te quitter. Car ta voix est montée vers le séjour de la lumière, et on m'a envoyé vers tui . Lève -toi donc, sors de ce tronc informe où l'Eon t'a enfermé de ce corps dans lequel tu as grandi , et qui n'a ni pieds ni mains . Lève-toi , monte dans le lieu de ta demeure primitive, dans le sé- jour fortuné des génies. Habite parmi ces génies, tes frères, et déverse tes malédic-

�255 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHIES. K tions sur le monde où tu as vécu . Ta splen- deur sera ta sauve - garde, elle te précédera dans la voie de la vie et t'établira sur un trône inébranlable au règne de la lumière. Quant aux sept étoiles qui t'ont persécuté , il n'est point de félicité pour elles . La Vie est pure. Amen . CHAPITRE VIII. Je suis l'Eon de la Vie souveraine , de la vie très-grande et très-haute . Qui m'a jeté au milieu des mystères et des symboles ? Qui m'a placé au milieu des imperfections et des vices ? Qui m'a précipité au fond de ce gouffre ? Qui m'a mis sur cette terre pro- fane, dont les montagnes doivent être abais- sées, dont toutes les grandeurs seront hu- miliées, dont toutes les puissances seront confondues ? Ainsi parlait l'Eon quand son compagnon vint à lui , le fortifia et lui dit : Pourquoi ces questions sur ce monde que tu habites ? Ne sais-tu pas , ô Eon , qu'il n'ar- rive que ce que tu as résolu ? Ecoute, bien- tôt tu quitteras cette demeure d'emprunt ; bientôt tu monteras t'asseoir au milieu de nous . En disant ces paroles, ce compagnon , cet ange gardien fortifia l'ouvrage de l'Eon , qui, dès lors , ne prit pius garde ni aux re- prouvés qui l'entouraient, ni au monde pé- rissable au milieu duquel il se trouvait . Bientôt il quitta ce monde , où il avait connu la privation et la misère, et semblable à la colombe il s'envola vers sa véritable patrie , cù, pour prix de ses travaux, il fut placé sur un trône de lumière et de félicité. C'est alors que rempli d'un saint enthousiasme , il s'écria: Qu'elle est belle la parole de mon père qu'elle est admirable la voix de la Viel Fuyez, fuyez, planètes séduisantes et cor- ruptrices Le sort de cette terre maudite est le sort qui vous attend ! Votre demeure périra, mais moi je régnerai avec mon père ! Gloire à la Vie ! Amen. CHAPITRE IX. Je suis l'Eon de la Vie souveriane , de la Vie très - haute et très-grande ! Qui m'a jeté au milieu des combats de ce monde ! Qui m'a placé au milieu de ces ténèbres épaisses ! Pourquoi avoir déroulé sous mes yeux tan- tôt le spectacle d'un feu ardent et inextin- guible , tantôt celui d'une eau profonde, où se forment les corrupteurs et les méchants ? Pourquoi enfin m'a-t-on plongé dans cet abime sans fond , dont la vue m'a donné le vertige, et qui m'a fait oublier ce que j'é- tais , et m'a rendu sourd aux voix pater- nelles . Pendant que l'Eon se parlait ainsi en lui-même, le Réparateur se présenta à lui et lui dit On ne t'a point jeté au milieu des combats, parce que ton cœur se trouble, ni au milieu des ténèbres, parce que tes yeux sont aveugles ; et si l'on t'a fait apercevoir tantôt un feu dévorant, tantôt une eau pro- fonde, ce n'est pas pour que tu t'oublies toi- même. Toutes ces choses sont indignes de toi pourraient-elles avoir quelque influence sur toi ? Toi l'enfant de la Vie : t'éprendre pour ce qui n'a ni vie ni beauté ? Toi l'en- fant de la lumière pourrais -tu chérir les te- nèbres ? Que ton cœur se calme, que ton Ame se console . Tu es un architecte en ce monde ; tu dois contempler sans jouir, ni posséder. Bientôt nous viendrons à toi , bien- tôt nous t'arracherons à ce lieu d'exil, pour te conduire dans un palais resplendissant. Alors l'Eon consolé s'abandonna aux élans de la reconnaissance et de la joie ; il s'écria : Pourquoi ne chanterai -je pas les louanges de la Vie? Pourquoi ne publierai-je pas les bienfaits de mes pères ? Ce sont eux qui m'ont soutenu et protégé pendant le temps de mon exil sur la terre ; et quand le terme de mon existence est arrivé, ce sont eux qui m'ont envoyé le génie libérateur qui , de sa main puissante, m'a élevé au séjour de laVie. J'ai oublié le jour de l'exil et les générations caduques de ce bas monde , je jouis d'une félicité sans bornes, et ma reconnaissance n'aura pas de fin . Que la Vie souveraine soit bénie. La Vie est pure . Amen CHAPITRE X. Je suis l'Eon de la Vie souveraine , de la Vie très-grande et très-haute . Qui m'a tiré du trésor où j'habitais ? Qui m'a jeté au mi- lieu d'êtres périssables ? Les méchants se sont soulevés contre moi ; dans leur colère ils se sont écriés : Retenons - le prisonnier parmi nous et qu'il s'humilie devant nous ! Alors l'Eon dit : Ils voudraient me séparer de mon père ! Au moment où il prononçait ces paroles, le libérateur se présenta à lui et dit : Eon , ne sois point inquiet , et que ton âme ne se laisse point aller aux senti- ments de crainte et de douleur ; les méchants ne prévaudront point contre toi , ils ne pour- ront te retenir au milieu d'eux malgré toi, car la vertu de ton père , car le courage même de tes frères, seront toujours avec toi. En en- tendant ces paroles, l'Eon rassure ne se mit plus en peine des complots des méchants contre lui . Et rendant témoignage à Nebo, il se prépara à entonner un hymne de louange . Alors son libérateur bien-aimé se présenta encore à lui , mais cette fois pour le tirer de ce monde de misère et de larmes, et lui dit : Lève-toi . Eon , viens avec moi, retourne dans le séjour de la lumière, ta patrie ; revêts-toi de cette forme admirable , qui ne connaît ni imperfections, ni déclin, de cette forme qui est la forme des génies eux-mêmes. La Vie reçut le libérateur, et le fit asseoir sur le trône qui lui était préparé. LaVie est pure. Amen. CHAPITRE XI. Je suis l'Eon de laVie souveraine , de laVie très-haute et très - grande ; le fils de la splen- deur et de la gloire . Pourquoi m'a-t-on dé- pouillé de cette splendeur native ? Pourquoi m'a-t-on emprisonné dans un corps , corps fragile et périssable qu'il faut quitter quand on l'a pris une fois ? Oh que ce poison m'est pénible ! du fond du cachot , je ne puis plus voir la Vie ! Pendant que l'Eon exhalait ainsi ces plaintes, le libérateur vint à lui, et lui dit : Rassure-toi ; tant que tu seras enfermé

�257 258 PART. 1. - - LIVRE D'ADAM. TEXTES DE L'ANCIEN , TESTAMENT. dans cette prison corporelle , nous serons avec toi, et un jour nous t'élèverons dans ta palme véritable, et nous t'établirons sur le trône de gloire qui t'est préparé . Mais pour cela il faut que ton temps s'accomplisse. Alors je viendrai à toi et je te tirerai de ce monde. Ne te mêle dene point aux mé- chants, crains leur société ; fuis leurs conci- labules:leur puissance n'aura qu'un temps ; bientôt ils périront sans retour. Pour toi , tu es ma propre forme , cette forme excel- lente que les seigneurs m'ont donnée . Or c'est dans cette forme que je te sauverai . Quitte donc ton vêtement d'emprunt, car ceux qui ont formé des complots contre toi périront. Mais pour toi, la félicité n'aura point de bornes, tu habiteras à jamais dans le séjour de tes pères . La Vie est pure dans toutes ses œuvres. Amen . CHAPITRE XII. Je suis l'éon de la Vie souveraine , de la Vie très-haute et très -grande . Je jouis de la félicité même de mon père ; je brille de sa splendeur. Et cependant, comme si j'avais méprisé cette félicité , comme si j'avais dédaigné cette splendeur, j'ai été repoussé ; on m'a chassé du séjour paternel et préci- pité sur cette terre. Hélas ! le corps qu'on m'a donné tombera au moindre choc; les méchants vont me déclarer la guerre ; ma vie sera une vie de combats . Soulevés par les suggestions perfides des sept planètes, les impies vont se lever contre moi ? Pour- rai-je résister ? Puis-je quitter ce monde, retourner au séjour de mes pères , m'éclai- rer encore de leur splendeur, me réjouir de leur félicité et puiser aux mêmes trésors! Pen- dant que l'éon parlait ainsi , le libérateur vint à lui et lui dit : Tu demandes donc de participer encore à la félicité de ton père, de t'illuminer de sa lumière. Tu demandes de jouir encore de son trésor, de ces tré- sors infinis de son infinie sagesse ; eh bien ! voici les conditions de cette grâce : supporte avec patience les maux de ce monde ; com- bats courageusement les combats du Sei- gneur jusqu'à ce que ton heure soit arrivée. Alors je viendrai à toi dans une gloire et ane lumière infinie. Et en effet , je restai pa- tiemment au milieu des épreuves de ce monde; et quand le terme de mon existence fut arrivé, le libérateur vint à moi ; il m'ar- racha aux piéges des sept planètes ; il m'é- tablit au séjour des pacifiques. C'est alors que j'entrai en participation de la félicité et de la splendeur de mon père , je jouis de ses trésors infinis , je participai à sa sagesse. La Vie est pure. Amen. CHAPITRE XIII. Je suis l'éon de la Vie souveraine , de la Vie très-haute et très -grande.Qui m'a plongé dans cette tristesse infinie des mauvais anges, dont l'odeur est fétide , dont la forme est abominable ? Qui m'a jeté au milieu de ces génies du mal ? faut- il donc que je croisse et grandisse dans un milieu que je déteste, parmi des êtres dont j'abhorre les wuvres? Faut-il que je prenne leur forme, DICTIONN . DES APOCRYPRES. 1. que j'habite leur demeure ? Pendant qu'il parlait ainsi , le libérateur vint à lui , et lui dit : Oui, l'odeur de ces anges est abominable, et cette odeur, pas plus que leur forme, ne peut être la tienne . Mais tu as écouté ma voix, tu as entendu mes paroles, tu ne péri- ras pas ! Je viens t'apporter une bonne nou- velle . Supporte patiemment les misères de ce monde . Ils rougiront à leur tour d'une confusion éternelle, ces anges des ténèbres qui te font rougir aujourd'hui . Tu es ma forme, sois donc innocent comme je le suis . Que tes regards soient sans cesse tournés vers la patrie céleste . Nous serons avec toi , et notre lumière éclairera tes pas . A ces mots l'éon se répandit en actions de grâces, et il s'écria : O mon libérateur, j'ai supporté les épreuves de ce monde aussi longtemps qu'il t'a fait plaisir. Je les supporterai encore si c'est ta volonté. Mais aussi j'attends que dans ta sagesse tu m'envoies celui qui doit m'arracher à ce milieu diabolique , à ces anges du mal , dont la forme est abominable. En effet, mon libérateur est venu ; il ma tiré de ma prison corporelle, m'a conduit dans le séjour de la lumière , où il m'a établi sur un trône de gloire et de félicité . Gloire à la Vie, gloire à celui qui est venu à nous . Amen. CHAPITRE XIV. Je suis l'éon de la Vie souveraine, de la Vie très-haute et très-grande. J'ai été trou- ver les créatures de ce monde ; mais aucune ne m'a reconnu ; aucune n'a eu confiance en moi , jusqu'à ce que j'aie prisun corps maté- riel, jusqu'à ce que , devenu homme , je me sois tenu sur mes pieds. Mais cet Adam , dès qu'il eut vu le jour, maudit son Créateur ; il blasphéma son œuvre , œuvre qui ne fut complète que lorsqu'un autre monde eut été créé pour lui . Or ce monde était , comme son Créateur, plein de feu et de vie ; mais il n'était pas encore parfait. Il fallait , pour l'amener à son état de plénitude , la création d'un corps à l'apparence trompeuse , à l'exis- tence éphémère . Pour cela je fus chassé loin de mes frères, je fus précipité dans ce corps de boue, dans cette prison périssable . Quand pourrai-je en sortir ? quand la verrai-je dé- truite ? quand triompherai-je sur ses débris ? Alors je monterai au séjour de la lumière, ma patrie naturelle ; alors les sept planètes tomberont , leur puissance sera à jamais anéantie. Comme l'éon parlait ainsi , le li- bérateur accompagné de ses frères , vint à lui et lui dit : Lève-toi, éon, abandonne ce monde, cause de tes plaintes et de ta tris- tesse, et qu'un sommeil profond s'empare de ces puissances ténébreuses, qui ont pesé sur ton existence . Lève-toi, dis-je, revêts- t d'une splendeur abondante , environne-to de lumière , ceins la couronne qui console à jamais les angoisses des affligés . Cependant, en me voyant monter au séjour de la vie , les sept planètes, plongées dans le deuil, man- gèrent le pain de la douleur, et furent com me enchaînées par l'abattement et la dou- leur. Quant à l'éon , dès qu'il fut arrivé au séjour de la gloire, il oublia le deuil et les 9

�239 960 ICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. larmes, et, libre de toutes craintes, il jouit d'une félicité inaltérable. Gloire à la Vie auteur de cette félicité. Amen . CHAPITRE XV. Je suis l'éon de la Vie souveraine , de la Vie très-haute et très -grande . Je me disais : Pourquoi ma forme primitive a-t -elle été changée ? Ah ! qu'on me laisse revenir au séjour de paix, après lequel mon cœur as- pire qu'on me rende les réunions célestes et les saints entretiens, et les prières pleines d'effusion des pacifiques ; qu'on m'illumine de la lumière d'en haut , et que je sois enfin dépouillé de cette enveloppe d'opprobre. Combien de temps encore serai -je lié à ce corps de boue ? Quand mon libérateur vien- dra-t-il à moi ? quand abaissera-t-il vers moi ses yeux de miséricorde . Pendant que l'éon parlait ainsi , le libérateur vint à lui , et lui dit : Ta splendeur est celle de la Vie, splen- deur éclatante et radieuse . Pourquoi désirer une lumière qui ne peut avoir d'autre effet que d'amoindrir la tienne ? Non , rien n'est si hideux que ceux dont le cœur est rempli de vices . Alors l'éon de sa bouche pure et suave lui répondit : Hélas ! moi aussi j'é- tais dans une grande disette , mais tu m'as rendu l'abondance , tu m'as inondé de lu- mière , de force et de courage . Par ta grâce , par ta vertu, que tu m'as communiquée , par les rayons d'espérance dont tu m'as éclairé, j'ai cessé de m'inquiéter et sur les heures et sur les minutes qu'il me reste à vivre en ce monde, et sur la foule qui m'environne, et sur les sept planètes . Mon libérateur est ve- nu, qui m'a tiré de ce corps de mort pour me couvrir de splendeur et de gloire , et me placer sur le trône réservé à ceux qui ont remporté la victoire . Gloire à la Vie. Amen. CHAPITRE XVI. Je suis l'éon de la Vie souveraine , de la Vie très- haute et très-grande, plein de la doc- trine de mon père. Car c'est toi, ô mon père! qui as été mon maître, c'est toi qui as été mon libérateur. Puis l'éon ajouta : Dis- moi pourquoi tu m'as envoyé en ce monde ? Son père lui répondit : Je t'envoie dans un monde que les fils de la paix ont appelé à l'existence . Le fils continua : Si tu m'envoies dans ce monde , dis -moi lequel des génies l'a créé , et alors je supporterai tout le mal que j'y rencontrerai. Dans ce monde, ô mon père ! l'éon Fétahil est descendu ; et la vue du mal arracha à son cœur un profond sou- pir. I gémit de se voir dépossédé de son auréole de gloire, et , loin de venir à moi avec empressement, il ne daigna point ni me re- garder, ni me parler. Que de douleurs, que 'angoisses mon coeur n'a-t-il pas ressenties ! Mais ce qui m'a été le plus amer , c'est de n'avoir reçu ni consolation ni conseil de mon père . O mon père1 qu'il te plaise enfin de in'envoyer un compagnon qui m'éclaire , qui un'aide , qui me fasse arriver à ma demeure primitive. Mon père répondit : Quand tu connattrais le créateur de ce monde , tu n'ob- liendrais point ce que tu désires . A ces pa- roles, l'éon se dit à lui-même : D'après ce que dit mon père, je vois qu'il me faut de- meurer dans la prison de mon corps jusqu'à ce qu'il lui plaise de m'en faire sortir. Mais quand mon père y consentira, mon libéra- teur viendra , et je serai sauvé. Car ce n'est qu'avec dégoût que je supporte votre société impure, ô créatures de ce monde ! Votre so- ciété me fatigue, vos discours me font hor- reur , vos cœurs sont abominables à mes yeux . Je ne reste parmi vous que parce que telle est la volonté de mon père. Enfin , il m'a exaucé. Il a envoyé vers moi un compa- gnon ; mes yeux se sont ouverts , et ils ont vu la lumière ; et ma bouche a béni ce génie sans tache, en disant : Si j'ai jamais péché contre toi, laisse-moi dans ma prison char- nelle . Il me répondit : Tais-toi et console- toi , ô fils des grands ! que ton cœur ne perde point la paix. L'éon répondit : Je n'ai man- qué à aucun de mes devoirs ; quelle sera donc ma récompense ? Alors le compagnon tira l'éon de son corps, lui donna la science de la vie , la paix éternelle et le salut, et l'é- tablit dans le séjour de splendeur et de gloire réservé aux pacifiques. Gloire à la Vie qui est pure, gloire à celui qui est venu jusqu'à nous. Amen . CHAPITRE XVII. Je suis l'éon de la Vie souveraine , de la Vie très-grande et très -haute . Qui m'a cou- vert de ce vêtement corporel ? Combien de temps me faudra - t- il rester dans cette pri- son obscure, dans cette demeure de l'imper- fection et du vice , moi qui n'ai ni vice, ni imperfection ? Cependant celui qui m'a en- voyé en ce monde m'a éclairé ; aux rayons de sa lumière, j'ai supporté avec plus de pa- tience cet exil loin de la patrie ; et mon père n'a pas pu dire : Cet éon a oublié ce qu'on lui a recommandé ; cet éon est déchu de son état d'innocence ! Cependant, grâce à son père , l'éon obtint enfin ce qu'il avait demandé . I me tira de ce monde comme on tire un glaive de son fourreau, et dès ce moment il ne m'a- bandonna plus . Car il savait , ce bon père, que mon cœur était pur et qu'il n'y avait en moi ni vice, ni imperfection. Il me tira donc de ce séjour des mensonges et des fraudes, et m'établit dans le séjour de la Vie , au mi- lieu des trônes et des dominations, qui cé- lébraient mes louanges, en disant : Gloire à toi, ô éon qui as conservé pure la gloire de ton père Tu as été sauvé par sa grâce , et sa bonté pleine de justice t'a établi parmi nous . Oui, tu es digne d'un pareil honneur. La Vie est pure et adorable ! Amen . CHAPITRE XVIII. Je suis l'éon de la Vie souveraine, de la Vie très -haute et très -grande. Les méchants sont venus dans cet univers; ils y ont bâti leur demeure et y ont habité ; et nul d'entre eux ne m'a reconnu , et nul n'a été trouvé juste parmi eux . O Seigneur ! ô roi de la lu- mière qu'il te plaise de m'envoyer un ange protecteur, qui me relève si je tombe, qui me soutienne si je chancelle ; qui me défende

�201 262 PART. I. - - LIVRE D'ADAM. TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT . — contre les efforts des sept planètes . Pendant que l'éon parlait ainsi , le libérateur vint à lui, avec la mission de soutenir sa faiblesse, de guérir ses infirmités , de consoler ses dou- leurs , de préparer ses voies . Il lui dit , en lui montrant la route : Viens , viens ; d éon ! prends la route que je te montre , et qui est la route de la vie. Je viens te délivrer de ce monde de ténèbres, pour te placer sur un trône de gloire et de félicité Car, puisque tu as supporté la persécution de ce monde, tes péchés te seront remis . Reviens donc pour nous, Seigneur, reviens et que ton visage nous récrée comme il récrée les génies su- blimes de la lumière . Gloire à la Vie. Amen . CHAPITRE XIX. Je suis l'éon de la Vie souveraine , de la Vie très-haute et très-grande. Qui m'a con- duit dans ce lieu de ténèbres ? qui m'a con- finé dans ce séjour des rebelles ? Pourquoi, quand mon cœur y répugne, faut-il que je souffre la persécution des méchants ? Fau- dra -t- il donc longtemps encore habiter avec les lions et les serpents voraces ? Faudra- t-il que j'habite avec les enfants de l'iniqui- té, avec ces impies qui, ayant dépouillé toute crainte, disent audacieusement : Celui que nous devions redouter , nous le ferons trem- bler, et nous le réduirons sous notre empire. Mais l'éon dit aux sept planètes : Vains ef- forts ! la vertu de mon père , votre Seigneur, est avec moi ; vos coups ne viendront point jusqu'à moi ! Non , je ne vous crains pas, et mon bras finira par vous réduire . Mon bon- heur est plus grand que le vôtre , plus su- blime est ma parole, plus riches sont mes trésors. Alors les sept planètes, saisies d'ef- froi, se jetèrent de la poussière sur la tête, se déchirèrent leurs vêtements , et s'écriè- rent Chassons, chassons loin de nous cet éon. Comme elles parlaient ainsi , une voix se fit entendre d'en haut, qui, par des éloges flatteurs, excita, souleva le génie. Celui- ci se dressa furieux contre ses adversaires et leur fit de sanglants reproches. Aussitôt les méchants s'évanouirent de ma présencé, car la lumière fait fuir les ténèbres, et la vérité fait taire le mensonge. Non, cette vérité n'il- luminera point le cœur des pécheurs ; la per- sécution qu'ils font souffrir aux bons aura une fin, mais sa punition n'en aura pas ! Cepen- dant les sept planètes n'avaient pas été com- plétement repoussées jusque là , quand mon libérateur arriva, qui leur parla avec ri- gueur. Car tout a été parfaitement ordonné par les célestes puissances ; et la récom pense par eux fut attachée à la vertu et à la patience . Or , l'éon avait souffert patiem- ment les persécutions de toute espèce . Aussi le libérateur vint-il le délivrer, en disant : Viens , viens , ô éon ! je veux t'introduire dans le séjour des grands, dans le palais des puissances ; viens raconter aux sei- gneurs ce que t'ont fait souffrir les sept pla- nètes. En effet, l'éon abandonna sans regret le lieu de son exil, il se présenta devant le trône des seigneurs , et en leur présence il raconta tout ce que lui avaient fait supporter les sept planètes. Il leur dit : Vous savez que ces anges des ténèbres ont voulu me soumettre sous leur puissance ; mais mon libérateur est venu ; il m'a instruit , éclairé , sauvé, et je suis arrivé devant vous . Les sei- gneurs lui répondirent La puissance que tu as eue pour vaincre tes ennemis est le prix de la patience ; c'est par elle que tu es délivré pour toujours des sept planètes. Et ils me comblèrent d'amitié et d'honneurs . Gloire à la Vie. Amen. CHAPITRE XX. Je suis l'éon de la Vie souveraine , de la Vie très-haute et très-grande . C'est moi que mes frères ont choisi pour envoyer en ce monde, dans ce séjour mortel, au milieu d'une désolation dévastatrice . A la vue de cet éon , les sept planètes ouvrirent leur bouche d'iniquité , et de leurs lèvres s'échap- pèrent les abominations, comme les flots de la mer Erythrée . Pour moi , je ne puis m'em- pêcher d'éprouver une tristesse profonde en me sentant privé de mon libérateur. Car je me trouvais seul au milieu d'ennemis achar- nés, sans un compagnon pour combattre avec moi , sans une voix amie pour soutenir mon courage . Cependant ma voix monta vers le ciel ; mes cris furent entendus des sei- gneurs . Et alors une voix se fit entendre d'en haut , qui me disait : Qu'as - tu vu dans ce monde qui ait pu te frapper de crainte, Adam ! Pourquoi ce trouble, pourquoi cette inquiétude ? Ces anges d'abomination que tu redoutes , je les réduirai sous ta puissance. Je te soumettrai ces démons qui causent la tristesse . Je te dirai comment tu pourras les abattre. Leur bouche , semblable à la mer Erythrée, je la couvrirai de ténè- bres ; leurs lèvres , toujours ouvertes à l'im- piété , je les fermerai avec des chaînes de fer. Alors l'éon éleva à son tour la voix, et dit à l'ange libérateur : O mon père ! si dans le principe tout a été bien, pourquoi Féta- hil , déchu de son état primitif, a-t-il répandu dans ce monde les malheureuses semences de mort ? Le libérateur répondit à l'éon : O Adam ! calme ton cœur, bannis de ton es- prit toute inquiétude , prends garde de t'ir- riter de ce que tu vois ; prends garde de maudire Fétahil . Ce monde périra, ce firma- ment sera roulé comme un livre ; le soleil et la lune perdront leur éclat, et les étoiles tomberont du ciel . Voilà ce qui arrivera à l'oeuvre ; quant à l'ouvrier, quant à Fétahil , il recevra le baptême du Jourdain et oubliera les persécutions qu'il aura méritées . Alors tu t'inclineras devant ce Fétahil , et il sera placé au-dessus de toi . Ainsi parlait le libé- rateur à l'éon ; celui - ci cessa de blasphemer Fétahil , et il dit : Le libérateur est venu à moi ; il m'a éclairé, il m'a montré la voie, il m'a tendu la main , et m'a établi sur le trône qui m'était préparé au séjour de la Vie. Gloire à la Vie. Amen . CHAPITRE XXI. Je suis l'éon de la Vie souveraine, de la Vie très-grande et très-haute . Les puissants

�265 264 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . ont dit : Lève -toi , va dans la demeure des sept planètes, dans le séjour de ces anges rebelles , de ces génies de ténèbres dont les yeux ne connaissent point la lumière . L'éon leur répondit : Si vous m'envoyez auprès des sept planètes, dites-moi ce qu'elles font, di- tes-moi quels sont les aliments qui pour- raient détruire en moi les principes de la Vie, et dont je dois éviter l'usage. Les puis- sants lui répartirent : C'est vers les hommes justes et honnêtes, qui se nourrissent du pain de la Vie que nous t'envoyons. Que tes euvres soient donc à la hauteur . de la mis- sion que nous te confions . Vas donc, entre dans un corps mortel , et deviens le chef des . générations humaines . L'éon obéit, et il fit exactement ce qui lui avait été ordonné . II descendit donc dans la demeure des sept planètes, et après avoir été témoin de leurs œuvres de ténèbres, il entra dans un corps , chef- d'œuvre de beauté et d'harmo- nie . Aussitôt les méchants se réunirent selon leur habitude, mais leurs paroles étaient con- fuses et sans suite. Quant à l'éon, il les maudit, et leur parla en ces termes : En est- il un seul qui me ressemble ? Votre forme peut-elle être comparée à la mienne ? Où est votre bonté? Où sont vos efforts généreux ? Avez-vous jamais goûté l'aliment qui donne la vie? Encore une fois en est -il parmi vous un seul qui me ressemble? A ces mots, les , sept planètes, le front humilié, se dirent entre elles : Allons , maudissons cet éon, envelop- pons-le de nos séductions , terrassons-le et qu'il ne se relève plus . Alors Mana leur répon- dit : Vains efforts, 6 sept planètes , non, je ne succomberai point sous vos coups ; non , je ne serai point séduit par vos hallucinations ; non , vos ténèbres ne feront point pâlir ma lumière. C'est vous - mêmes qui tomberez dans vos propres filets . Pour moi , mes yeux sont fixés sur la Vie ; mon intelligence est pleine de la doctrine et de la vertu des puis- sants. Vos discours sont abominables, les miens sont pleins de vérité. J'ai suivi scru- puleusement les commandements des sei gneurs ; je suis un des saints du séjour de Ja Vie: vous êtes souillés et immondes . Qui vous fait espérer de pouvoir éviter la ven- geance céleste ? Moi , je monterai au séjour de la Vie ; vous , vous descendrez dans l'abî- me. L'éon , revêtu de blanc, fera son entrée au séjour de la gloire, et il invoquera le li- bérateur . En effet, ce libérateur est venu , il m'a sauvé des piéges que me dressaient les sept planètes ; et j'échappai à leurs perfides machinations, je brisai les fers dans lesquels ils voulaient me tenir enfermé . Et le libéra- teur répondit : Tu m'as dit : j'habitais dans un corps mortel , et mon libérateur est venu pour me faire asseoir sur un trône. Donne- moi donc, ô Vie souveraine, donne-moi une portion de ta splendeur, que j'en vêtisse cet éon et que je te l'amène digne de toi . Et l'éon se réjouit d'avoir échappé aux mains crimi- nelles des sept planètes. Il se dépouilla de son vêtement matériel pour revêtir la robe de l'innocence ; et assis sur un trône de gloire il me dit : Lève -toi, viens à ton éon , viens te réjouir avec celui que tu as sauvé, et que nos cœurs s'associent ainsi que nos voix pour chanter la Vie et la lumière , car l'éon a trouvé enfin ce qu'il avait cherché. Gloire à la Vie. Amen. CHAPITRE XXII. Je suis l'éon de la Vie souveraine, de la Vie très-haute et très-grande . J'étais au mi- lieu des trônes célestes , occupé aux saints entretiens, quand les puissants m'adressè- rent la parole, en me disant : Viens , ô éon, viens à nous , et écoute nos ordres. L'éon répondit : Me voici , dites ce que vous dési- rez de moi. Et ils lui dirent : Va, pars, visite le monde , car si tu n'y descends pas , qui sera son sauveur? où trouvera - t- il, sinon en toi, la splendeur dont il a besoin ? Prends donc pitié de ces habitants , et que ces générations ne deviennent point la victime du feu qui con- sume et ne s'éteint jamais . L'éon répon- dit : J'irai , je descendrai dans le monde . Les puissants ajoutèrent : Accomplis donc fidèle- ment l'ordre que tu reçois . Entre dans un corps mortel, grandis dans ce corps ; révèle ensuite les vérités célestes, les mystères qui régénèrent et qui sauvent , et que la famille humaine devienne la tienne ; monte par les airs au séjour de la Vie et du bonheur, quand le terme de son existence sera venu, quand le monde devra cesser d'être . Deux puissances seront préposées à leur garde , et leurs ef- forts soutenus des tiens sauveront le monde. Et l'éon obéit , et il n'omit aucune des cho- ses qui lui avaient été ordonnées . Il entra dans un corps , et se voila sous cette enve- loppe éternelle. Puis il révéla les mystères libérateurs . Adore donc les seigneurs , sois plein de vénération pour les puissances cé- lestes , dont la miséricorde a daigné nous con- soler et nous sauver. Gloire à la Vie. Amen. CHAPITRE XXIII. Je suis l'éon de la Vie souveraine, de la Vie très-haute et très-grande . En moi , point de flatterie, ni de mensonge ; je n'ai jamais pris part au discours des méchants, ni as- sisté à leurs conseils ; assis au milieu des seigneurs qui entourent la Vie, quelle faute ai -je donc pu commettre ? Qu'ai-je fait contre les génies cachés qui vivent dans l'esclavage des puissances de ténèbres , qui sont les vic- times momentanées des méchants ? On m'a envoyé en ce monde et il m'a fallu revêtir une vêtement de boue et de mensonge .Mais, lui fut-il répondu, nous n'avons pas voulu que tu fusses l'esclave des générations hu- inaines, ni que tu devinsses leur victime ; mais nous avons désiré que tu fusses pour elle un modèle de patience et de résigne tion . Ecoute, et que dans notre parole repose ta confiance ; tu reviendras dans la patrie céleste, tu reprendras ta place parmi nous, et nous te bénirons encore . L'éon répondit : Eh bien, seigneurs, s'il en est ainsi , que vo-- tre voix se fasse entendre à moi chaque jour, qu'elle m'encourage , qu'elle me soutienne, ensin que je ne tombe pas. Si vous daignez ainsi me soutenir de vos paroles intérieu-

�265 266 PART. i. LIVRE D'ADAM. --- TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. - res, rien ne pourra prévaloir sur moi ; les créatures mauvaises feront de vains efforts pour me réduire sous leur puissance, et les générations essayeront vainement de me dominer. Ce que j'avais dit plut aux sei- gneurs. En effet , chaque jour ils me firent entendre leur voix mystérieuse et puissante, chaque jour j'aurai soin de soutenir, d'en- courager mon cœur. Aussi l'éon ne changea- t-il rien à ce que les seigneurs lui avaient ordonné. Il resta dans la prison de son corps, il supporta patiemment le milieu dans lequel il fut forcé de vivre , aussi longtemps qu'il plut aux seigneurs ; et quand ils voulurent enfin me rappeler à eux, ils me dirent : Viens, Ô éon docile, viens, ô l'élu d'en haut, tu. as supporté avec patience les épreuves de ce monde , l'éon si digne de venir habiter avec nous . La Vie est pure. Amen. CHAPITRE XXIV. Je suis l'éon de la Vie souveraine, de la Vie très-haute et très-grande . Qui m'a re- poussé du séjour de la Vie ? qui m'a placé sur cette terre , au milieu même de mes en- nemis? Mes maîtres ignorent donc dans quel milieu ils m'ont jeté. Cependant leur génie partit d'en haut et s'approcha d'une colonne de chair, et il dit au mystérieux Adam ca- ché dans cette colonne de chair : 0 Adam, qui t'a chassé du séjour de la Vie , qui t'a jeté sur cette terre , au milieu de tes enne- mis? Tes maîtres ignorent-ils donc dans quel milieu ils t'ont placé ? Et s'ils t'avaient mieux connu , ils ne t'auraient pas sans doute re- poussé loin d'eux, et placé si bas au milieu des ennemis qui te haïssent. Alors l'Adam mystérieux répondit au génie : Non , non, ô mon père, les seigneurs me connaissent bien; ils savent à n'en pas douter dans quel milieu ils m'ont établi , ils savent que je ne puis rien contre le monde où ils m'ont fait descendre. A cette réponse, le génie se ré- jouit, et prenant Adam par la main , il le fit sortir de sa prison de chair, et l'enleva dans le séjour de la gloire pour le placer enfin au centre des trésors d'où il avait été tiré. La Vie est pure. Amen CHAPITRE XXV . Je suis l'éon de la Vie souveraine , de la Vie très-haute et très-grande . J'étais tran- quille au sein des trésors éternels, occupé de saints entretiens, quand on me tira de mon repos éternel pour m'envoyer sur la terre . Mais quand je vis ce monde à forme abominable, au cœur corrompu , je pris en dégoût et en horreur les hommes qui l'a vaient rendu tel, et je m'écriai : Je quitterai donc le séjour de la paix, pour habiter ce séjour du mensonge ? J'abandonnerai les saints cantiques, les hymnes de louanges , pour souiller mes lèvres par les chants profanes ? Je laisserai la vérité d'en haut pour entrer dans une prison de mensonge ? L'éon parlait ainsi , quand le libérateur ar- riva, environné de splendeur et de gloire, et lui dit Revêts ta robe de lumière , et bien que sur la terre d'exil, garde -toi d'ou- blier ceux que tu as laissés dans ta patrie, et de prendre part aux oeuvres des mé- chants . Entre donc dans ce corps , fais-en ta demeure , et que par toi naisse une géné- tion bénie, qui devienne la famille de la Vie. Et Adam lui répondit : Quelle force me donnes - tu pour revêtir la robe de lumière et d'innocence dont tu me parles ? quel se- cours aurai -je pour habiter dans une de- meure périssable ? Le libérateur répondit : Ta force sera la force même des seigneurs, ta sagesse viendra d'en haut , ce sera celle des créateurs mêmes du monde . Alors je partis, j'habitai sur la terre, et je me fis un scrupule de rien changer à tout ce qu'on m'avait ordonné . Et chose étonnante ! à mon entrée dans le monde , les méchants vinrent à moi, et me bénirent ; mais je les repous- sai avec dégoût et horreur, et leur dis : Que peuvent faire vos bénédictions à celui qui a reçu les bénédictions des puissances célestes ? A ces mots, les méchants dissimu lèrent leur rage , et tramant contre moi des projets criminels, ils se dirent : Allons, fei- gnons pour lui une amitié sans borne ; que- notre vue le séduise et qu'il tombe ! Mais Adam comprit leur pensée, et leur dit : Pourquoi cette amitié ? mes yeux et mon cœur ne sont pas pour vous ; c'est vers le ciel que je les lève . Tant que je serai parmi. vous, je ne serai point la dupe de vos men- songes. Cessez donc de dissimuler avec moi ! Alors le libérateur vint vers Adam , et lui dit Lève-toi, mets une robe de feu, et qu'une auréole de gloire soit ta couronne ! Monte ainsi dans le séjour de la Vie, au mi- lieu des trésors célestes , ta première patrie. Et Adam se leva, et il monta au séjour de la Vie, et, oubliant toutes les misères de ce monde, il dit aux puissances célestes : J'ai été séparé de vous, mais voici que je re- viens . Béni soit celui qui m'a délivré Bé- nie soit la Vie qui me l'a envoyé. Et toi, Adam, tu as noblement agi, et les œuvres t'ont mérité la grâce du salut ; il en sera ainsi de tous ceux qui imiteront les exem- ples ! Gloire à la Vie qui est pure ; gloire à l'ange de la Vie et à son compagnon. Amen. CHAPITRE XXVI Je suis l'éon de la Vie souveraine , de la Vie très -haute et très -grande . J'étais au milieu des nourriciers célestes, mystérieux et bénis . Bénis ceux qui leur ressemblent,. leur nom ne périra jamais ! Celui qui écou- tera leur parole , ne tombera point, et qui célébrera leurs louanges , ne participera point au destin du monde.. Or, l'éon dit aux sept planètes : Je n'habiterai point avec vous ; je ne me laisserai point prendre à vos piéges ; je ne m'inclinerai point devant vous comme un esclave devant son maître ; je repousserai votre sagesse ; je mépriserei votre protection, et votre doctrine, et vos œuvres me seront en horreur ! Non, je ne serai point compté parmi vous ; car je dé- teste vos œuvres, et tous les moyens que vous employez pour séduire et pour trom- per ! Je retourne dans ma patrie ; je vais

�267 268 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. entendre de nouveau les paroles vivifiantes des nourriciers célestes, mystérieux et bé- nis ; la gloire et la lumière seront mon vête- ment ; ma sagesse sera leur sagesse , et mon bonheur sera de faire à jamais leur sainte volonté ! La Vie est pure . Amen. CHAPITRE XXVII. Je suis l'éon de la Vie souveraine, de la Vie très -haute et très-grande . J'étais lumi- neux de la lumière même de mon libéra- teur, lorsqu'on m'a pris, comme un vil es- clave ; lorsqu'on m'a jeté en ce monde , au milieu des pécheurs et des réprouvés ! leurs discours sont abominables ; il n'y a point de concorde parmi eux, et l'amitié leur est complétement inconnue. Tous sont querel- leurs ; tous aiment les rixes et les dispu- tes. Que pouvait en eux la véritable doc- trine Aussi leur espèce n'est que ténèbres ; et leur conversation est enveloppée d'ob- scurité. Leurs demeures sont viles et misé- rables ; ils y sont entassés comme de hideux troupeaux Et je me mêlerais à vous ! Et je grossirais votre nombre ! et je participerais à votre malice, à vos iniquités ! Que m'im- porte votre appui ? il fait tomber celui qui s'y abandonne . Que m'importent vos œuvres ? elles sont impures, et je n'aspire qu'au pur séjour de la Vie ! Que m'importe votre de- meure , moi qui dois habiter un palais in- comparable ! Alors les sept planètes se di- rent entre elles : Dès que Adam aura quitté ce monde, dès qu'il sera monté au séjour de la Vie , notre splendeur sera éclipsée ; notre lumière s'obscurcira , et nous serons comme si nous n'avions jamais été . En effet Adam remonta au séjour de la Vie ; la Vie le baptisa dans les eaux pures du Jourdain , et le confirma pour jamais dans la grâce . Gloire à la Vie, qui est pure ; gloire à celui qui est venu à nous. Amen. CHAPITRE XXVIII . Je suis l'eon de la Vie souveraine , de la Vie très-haute et très -grande . J'étais un tré- sor caché, riche au milieu des plus riches. Pourquoi ai-je cessé de contempler ce trésor admiré de mon libérateur même? Pourquoi ai -je cessé de lire et de goûter la sainte Ecriture ? Pourquoi ai-je été envoyé dans ce monde ? Oh ! qu'elle est grande la beauté de ce que j'ai perdu ! Qu'il est abominable le spectacle auquel on m'a forcé d'assister ! J'ai pu lire et goûter la sainte Ecriture , et je suis obligé maintenant de contempler ces ténèbres épaisses. Quand pourrai -je en sor- tir! quand reverrai - je le monde admirable que j'ai quitté ? L'éon parlait ainsi , quand une voix se fit entendre du séjour de la Vie ; c'était la voix des puissants, qui lui dirent : Bientôt tu rece vras le trésor que tu as per- du , tu reverras là le trésor admiré de ton père lui -même. Car si tu es plein d'inquié- tude sur cette terre où nous t'avons en- voyé, nous sommes inquiets sur toi . Car tu es le fils par excellence, comme nous som- ines nous -mêmes les prophètes sublimes et magnifiques . Souviens-toi que tu es un éon, que tu as vu la Vie ; prens donc garde d'ai mer la mort,la malice et la perversité. Prends garde d'attacher ton cœur aux voluptés de ce monde , et d'abandonner la splendeur qui t'environne , d'oublier ceux qui t'ont en- voyé en ce monde . Alors l'éon n'ayant plus que du mépris pour Jurbo, pour les sept planètes, et pour toutes leurs abominations, abandonna leur séjour impie, et prit son vol vers sa patrie . Il disait : J'irai, et je re- verrai les terres célestes , selon la parole des puissants. J'irai , et je reverrai les sain- tes Ecritures admirées par mon père lui- levant au séjour de la Vie , il lui dit : Viens, même. Aussitôt le libérateur survint, et s'é- Ô éon, viens recevoir le trésor, les saintes Ecritures, objet de tes désirs. C'est à ta pa- tience que tu dois ce bonheur. Alors l'éon, s'abandonnant au sentiment de la reconnais- sance , bénit les puissants, en disant : Gloire à vous qui m'avez appelé à vous ! Voyez ce que peuvent votre grâce et votre vertu . Ils lui répondirent : Viens recevoir ta récompense, prends place sur le banc qui t'a été préparé. Gloire à la Vie. Amen. CHAPITRE XXIX . Je suis l'éon de la Vie souveraine , de la Vie très - haute et très -grande. Qui m'a mis en ce monde , qui m'a jeté sur cette terre nique de chair, de ce corps sujet à toutes de mensonge ? qui m'a revêtu de cette tu- les infirmités et à toutes les douleurs ? Pourquoi faut-il que je sois en butte aux prestiges et aux séductions de toute sorte ? Pourquoi m'a-t-on séparé de l'objet de ma joie , pour me plonger au milieu de ces na- tions perverses ? Il faut donc que j'habite avec les superbes et les menteurs ? Ab! que ne puis -je sortir de cette prison de té- nèbres, pour retourner au séjour de la lu- mière , ma véritable patrie ! Pourquoi ou- blierai-je ce que je dois aux puissances cé- lestes, pour appliquer mes mains à des œu- vres périssables ? Puis-je oublier avec quelle miséricorde la vie en a usé avec moi, elle qui ma protégé contre les méchants, qui m'a révélé les mystères de la lumière, et m'a fait entendre la voix aimée de mon sau- veur, voix éclatante , dont le son a fait trem- bler les impies? Ce sauveur m'a dit : 0) éon, courage; et tu monteras avec moi au séjour de la lumière . A ta vue , les méchants seront consternés ; à leur rage , oppose une dou- ceur inaltérable. Que ton cœur ne perde donc ni la paix ni la tranquillité ; et pour cela qu'il fufe le péché et la moindre tache. Fortifie -toi dans la sainte doctrine , et alors tu verras encore la slendeur céleste, tu re- vêtiras encore la tunique de lumière, et tu prendras place parmi les justes et les fidèles. Car, sache-le bien, de ta conduite ici -bas dépendra ton avenir là haut . Alors la Vie ajouta ces paroles concluantes Crois, es- père, et tu monteras au séjour de tes pères ! Gloire à la Vie, qui est pure ; gloire à celui qui est venu à nous ! Amen.

�$269 270 PART. I. --- - LIVRE D'ADAM. TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. CHAPITRE XXX. Je suis l'éon de la Vie souveraine , de la Vie très-haute et très - sainte. Les seigneurs m'ont renvoyé de leur séjour de gloire , afin que descendant en ce monde , je sanctifie la famille d'Adam , et que je détruise le mal répandu sur la terre. Les sept planètes le virent , et elles furent saisies d'effroi . Alors Adam leur dit : Que vous dirai -je , et que voulez-vous? et il ajouta : O race perverse, comment monterez-vous au séjourde la Vie? Bouches malignes, pourrez -vousjamais par- ler une langue sacrée ? Maudits, comment êtes-vous tombés du ciel ? Non, ce n'est point pour vous que je suis venu en ce monde; vous avez un roi qui ne relève point de la Vie, la Vie ne m'a point envoyé vers vous . Je suis venu afin de sauver de la perdition éternelle les œuvres de la seconde Vie; et ses mains sont pures. A ces mots, les anges des ténèbres cherchèrent à mériter ses bonnes grâces. L'un lui présenta l'eau, l'autre le vent, un troisième lui tressa une couronne, tous voulurent converser familie- rement avec lui . L'éon les parcourut tous du regard, et par pitié ne voulut point les détruire ; mais son cœur à leur vue se rem- plissait de tristesse . Pour les chasser , il rappelait à son esprit la doctrine céleste , uais ses efforts étaient vains. Alors il invo- qua sept fois la Vie souveraine , et la sup- plia de lui envoyer un compagnon . Il fut exaucé. La Vie le retira du milieu des mé- chants, le fit monter au séjour de la lumière , et il put enfin contempler la splendeur éter- nelle . C'est alors qu'il vit le pacifique par excellence, qui vint au-devant de lui et lui dit : Viens, viens, mon ami ; tu as supporté l'épreuve de ce monde ; tu n'y pouvais rester plus longtemps . Puis le prenant par la main il le fit asseoir sur le trône de gloire qui lui était préparé. Et tous les habitants de ce cé- leste séjour s'écrièrent : Béni soit le Sau- veur qui t'a délivré de la vie impure. Amen . CHAPITRE XXXI. Je suis l'éon de la Vie souveraine , de la Vie très-haute et très-grande. Qui m'a ren- voyé de ma demeure éternelle , pour me je ter au milieu des sept planètes ; au milieu des méchants irrités contre moi, qui chaque jour machinent des complots contre moi, en disant Emparons - nous de lui , qu'il de- vienne notre esclave , et la portion de notre héritage? Alors Adam troublé de ces mena- ces se dit en lui-même : Que vais-je deve- nir ? Les méchants m'environnent , ils veu- lent s'emparer de moi, me faire leur esclave , et la portion de leur héritage ! Mais comme il disait ces mots , le libérateur vint à lui et lui dit : Pourquoi t'inquiètes-tu de cette terre où tu habites ? Ne sais-tu pas que tu quitteras ce monde et que tu monteras au séjour de tes pères dans la demeure de la Vie ? Rassuré par ces paroles, Adam ne prit plus garde à ce que méditaient contre lui les méchants, et sa vie ne fut qu'un long ac'e de patience . Mais enfin il fut tiré de la val- lée des épreuves , et transporté dans le même lieu où règnent Mano et Demuto . C'est alors qu'Adam du milieu de la joie qui inondait son âme, maudit les sept planètes, et leur dit : Allez , allez , votre séjour est dans les ténèbres ; le mien est auprès de mon père : à vous le monde, à moi la Vie et la lumièrel Gloire à la Vie qui est pure ; ceux qui l'au- ront ne périront jamais ! Amen . CHAPITRE XXXII. Je suis l'éon de la Vie souveraine , de la Vie très-haute et très-grande . Je vivais au milieu des générations . Abel fut à la fois mon nourricier et mon sauveur. Fils de la splendeur et de la force, il fut mon soutien. C'est lui qui m'arracha à ce monde pervers , qui me délivra des mains des méchants . Que dis-je ? c'est lui qui éclaira ma vie, et me montra la voie de la lumière. C'est lui enfin qui m'a revêtu d'une robe resplendissante, et m'a fait asseoir sur un trône de gloire et de félicité . La Vie est pure . Amen . CHAPITRE XXXIII. Je suis l'éon de la Vie souveraine , de la Vie très-haute et très - grande. Qui m'a fait quitter ma demeure éternelle ? Qui m'a jeté au milieu des montagnes et dans le séjour de la mort ? Qui m'a privé de la présence de la Vie, de cette Vie excellente , qui ne con- naft point d'imperfection ? L'éon parlait ainsi quand le libérateur s'approcha de lui, et lui montrant la couronne, les trésors, le trône qui lui étaient préparés , lui dit : Si ton cœur n'était pas toujours uni à la Vie , tu n'aurais mérité ni cette couronne ni ces tré- sors. Je te les ai apportés , afin que tu pren- nes en patience ton séjour en ce monde . Sache que les œuvres de ton père , que les œuvres de la seconde Vie, périront . Pour toi, toutes les fois que quelque danger pres- sant viendra fondre sur toi , regarde en haut ; une voix se fera entendre, suis-en fidèle- ment les prescriptions . Alors soutenu par trois génies , l'éon supporta avec patience les épreuves de ce monde. Puis il fut dé- pouillé de son enveloppe matérielle , et con- duit toujours par les mêmes génies , au sé- jour de la lumière, où il prit place sur le trône qui lui avait été destiné . Gloire à la à nous. Amen. Vie qui est pure; gloire à celui qui est venu CHAPITRE XXXIV. Je suis l'éon de la Vie souveraine , de la Vie très-haute et très -grande . Qui m'a fait quitter ma demeure éternelle, pour me jeter au milieu des sept planètes ? Pourquoi m'a- t-on envoyé dans un lieu d'imperfection, d'opprobre et de mensonge ? Les mystères des ténèbres m'épouvantent , les chaines de l'iniquité m'accablent ? Pourquoi ai -je vu le palais des impies , et le spectacle affligeant de leurs fêtes impures ? Telles étaient mes plaintes, et la tristesse et la douleur s'em- paraient de mon âme, et je craignais d'ou- blier jamais les paroles des puissances cé lestes . Mais voici que soudain vint à moi le libérateur qui me dit : Je viens àtoi, d éon, pour t'exhorter à la patience et au courage ;

�271 272 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES suis la route que tu t'es tracée ; achève les Oeuvres que tu as commencées ; ne te laisse point séduire, garde ton cœur pur de toute corruption et de tout péché. En imitant ceux qui t'entourent , tu mériterais le même sort. Mais si tu t'en sépares, si tu fuis leur exem- ple, leurs efforts contre toi seront vains ; ils ne parviendront ni à te séduire , ni à te dé- tourner de la voie véritable. Je te délivre- rai des mains de ces méchants , et tes yeux ne verront point les ténèbres qui seront l'hé- ritage des impies . Car je ne cherche que les intérêts de la Vie. C'est par amour de la pa- trie que je t'exalterai, que je te révélerai les mystères de Sam et que je te montrerai Je nom par excellence ; le nom de la triple pureté. Que ton cœur soit donc sans inquié- tude ; oublie tes douleurs passées, et les persécutions de ce monde. Alors l'éon bé- nissant son libérateur, lui dit : Après m'a- voir éclairé de ta lumière , pourquoi me lais- ses-tu parmi les réprouvés ? Cependant il toucha bientôt au terme de son existence : alors il prit son vol et remonta dans sa pa- trie. Les génies précédèrent sa marche , d'autres vinrent au-devant de lui , lui ap- portant la splendeur qui illumine, et la lu- mière qui couronne, et ils le placèrent sur le trône de gloire qui lui était préparé. Nous aussi nous t'honorerons, nous te bénirons, nous exalterons ta miséricorde . Tu as été délivré, tu as été exalté ! Gloire donc à la Vie, qui est pure ; gloire à celui qui est venu à nous. Amen. CHAPITRE XXXV. Au nom de la Vie souveraine . Que la science éternelle, la paix qui donne la vie et le pardon des péchés, soient accordées à l'âme d'Adam Zichrum bar Schorat , aux âmes de mes pères , de mes seigneurs , de mes frères, de mes sœurs qui , délivrés de leurs enveloppes corporelles , n'y retourneront plus. Amen. CHAPITRE XXXVI . Oéon, ô doux éon, ô éon plein de man- suétude et de miséricorde , attire à toi tous ceux que la balance éternelle trouvera dignes de la récompense éternelle. Amen . CHAPITRE XXXVII. Au nom de la Vie souveraine . Magnifique est la lumière ! Quand le firmament eut été déroulé comme un livre, quand la terre eut été condensée , que le soleil et la lune eu- rent commencé leur course brillante, les sept planètes et les douze étoiles, réunissant leurs efforts, façonnèrent le corps d'Adam, mais il leur fut impossible de lui donner une âme. Cette âme vint enfin du séjour de la Vie, accompagnée de trois génies . Debout autour du corps du premier homme, ils al- laient y introduire cette âme divine, quand celle-ci, se répandant en larmes et en gé- missements, leur dit : Au nom du ciel,ô mes frères, attendez un seul jour, une seule heu- re, que ma voix monte au séjour de la lu- mière ; laissez-moi dire à mes frères : Qu'ai- je fait, quel est mon crime ? Vous m'avez chassé loin de vous, vous m'avez repoussé loin de ma demeure éternelle , vous m'avez privé de la maison paternelle ! Oh ! je sup- plie l'ange de la Vie de m'envoyer prompte- ment Tobo , afin qu'il me délivre de ce monde, qui me pèse déjà, afin qu'il détruise l'œuvre du mensonge , qu'il rende mon corps à son maître, et me laisse remonter au séjour de la Vie , ma patrie et mon origine. Oh ! que par son secours les méchants ne ferment point mes yeux à la lumière , et mes oreilles à la divine parole ; qu'ils ignorent à jamais ma céleste origine, et que mes re- gards se détournent de leurs œuvres d'ini- quité, et mes oreilles de leurs discours im- pudiques . Déjà je vois les peuples et les nations m'entourer de leur foule compacte, et répandre sur moi les flots de leur venin. Les idolâtres m'environnent , les méchants préparent contre moi leurs filtres et leurs séductions ; ils veulent étouffer en moi la mémoire des puissances célestes, me pré- cipiter dans le gouffre où tombent les im- pies, où je ne trouverais que d'affreux ser- pents pour me dévorer . Alors Tobo lui dit : L'âme de la Vie est pure ! Sois donc vigi- lante, et entre dans le corps qui t'a été pré- paré. Recueille-toi au milieu de ce sanc- tuaire ; mais qu'à ta vue le lion tremble et se cache, que le serpent s'enfuie et que le roi des ténèbres soit frappé de stupeur. Et l'âme lui répondit : Puisque tu veux que je m'enferme dans ce corps , que je me remette au fond de ce sanctuaire , donne-moi au moins une armée céleste , pour repousser mes persécuteurs. Et Tobo lui répondit : Pourquoi demandes-tu une armée céleste ? La Vie tirera pour toi de son trésor une ar- mure précieuse, la constance et la fermeté, qui reposent dans la justice. Il ajouta : C'est pour toi, ô âme bénie, que le firmament a été déroulé comme un livre, et que les étoi- les y ont été appendues. C'est pour toi que la terre a été créée, et que l'eau s'est coagu- lée. C'est pour toi que le soleil brille et que la lune répand sa douce clarté . C'est pour toi enfin que sont venues les sept planètes et les douze constellations, que les vents ont soufflé, que l'air s'est dilaté, et que la sagesse a illuminé ton cœur , afin qu'il ne perdit jamais la mémoire des bienfaits cé- lestes. Or il viendra un jour et une heure où les périodes seront bouleversées ; où les ombres s'épaissiront, la lune décroitra, et l'aurore et le crépuscule éprouveront de graves changements ; alors les jours, les mois, les saisons, les heures et les parties des heures seront comme s'ils n'avaient ja- mais été. C'est alors encore que la vigne la plus florissante se fanera, que l'or perdra sa valeur, que l'argent sera cherché en vain, que les maîtres et les seigneurs seront cons- ternés de quitter le monde, leurs biens, leurs enfants , pour aller brûler dans un feu dévorant , et que les enfants seront saisis de douleur en abandonnant le monde , et en voyant l'univers, objet de leur affection , ré- duit en poussière . Puis, au non de l'ange de la Vie, par sa vertu et son énergie, je

�273 274 PART. I. TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. -LIVRE D'ADAM.. - pénétrai dans le corps qui m'avait été pré- paré, comme dans un temple , et me choisis- sant aussitôt une compagne, je devins par elle le père des générations. Cependant les méchants irrités contre moi cherchaient à surprendre le mode d'existence de l'âme de la Vie. Alors je me suis éloigné d'eux ; mais l'ange du Seigneur me communiqua sa force , me revêtit de splendeur, m'enveloppa de lumière, me couronna d'innocence et de justice, et me dit : O âme, prends garde à tes paroles, prends garde de te mêler aux publicains . Gloire à la Vie qui est pure ; gloire à celui qui est venu à nous . Amen . CHAPITRE XXXVIII . MoncœuraaimélaVie, etmonâme a célébré le séjour de la lumière. Amen. CHAPITRE XXXIX . J'ai reçu des génies de la lumière les pro- visions pour mon voyage, et ces provisions sont la justice et la sagesse. Qui m'expli- quera l'existence de Fétahil , qui me dira la création du monde ? Pourquoi m'a- t-on fait quitter ma demeure éternelle , pour me faire habiter ce monde de mensonge et de ténè- bres ? ce monde rempli de méchants , au cœur endurci , couvert de ronces et d'épines, plein de prestiges, de ruses et de fourbe- ― ries. Les sept planètes, qui y fout leur de- meure, forment tous les jours de nouveaux projets contre moi ; elles disent : Ebranlous sa constance, obscurcissons sa sagesse ! mais je n'en tournai pas moins mes yeux vers la lumière. Elles disent encore : Que la flat- terie le livre à nos coups. Mais ma bouche n'en bénit pas moins la Vie ! Elles ajoutent : Prodiguons les mensonges ! mais je ne ces- sais de distribuer les aumônes , de pratiquer les œuvres de la justice et de la miséricor- de . Elles disent : Livrons- nous sur lui aux derniers excès, tuons- le : mais je restais toujours résigné et soumis à la Vie . Elles disent Faisons en sorte qu'il adore les sept planètes. Mais je ne cessais de marcher dans les voies de la justice et de la foi. Elles disent Cherchons à gonfler son orgueil ; mais mes regards furent sans cesse fixés vers le ciel, et mon âme, loin de se complaire en elle-même, n'eut d'autres soupirs que pour sa patrie, que pour le séjour de la Vie. Cependant la Vie , exauçant mes vœux , m'envoya le libérateur. Celui-ci m'apporta la robe d'innocence et de justice , et m'ouvrit les trésors de la splendeur et de la lumière. Puis, me dépouillant de mon enveloppe corporelle , je fus mis en possession des sour- ces de la Vie ......... (La fin de ce chapitre est perdue). NOTA . Cette seconde partie se trouve terminée comme la première par une liste fasti- dieuse des différents auteurs, avec leur généalogie, d'où la liturgie présente a été empruntée. Nous avons cru bien mériter de nos lecteurs en leur faisant grâce d'une traduction qui, en ne leur apprenant rien de nouveau, leur aurait fait passer en revue une suite de noms pro- pres, dénués de toute espèce d'intérêt historique ou littéraire. Suivent, dans l'édition de Norberg , quelques fragments que nous avons cru devoir tra- duire, soit, afin de rendre aussi complet que possible l'ouvrage le plus singulier qu'ait enfanté le gnosticisme ; soit, parce que quelques- uns d'entre eux éclaircissent des passages obscurs que le lecteur sera bien aise de voir expliquer dans l'ouvrage lui -même. FRAGMENTS DE LA SECONDE PARTIE DU LIVRE D'ADAM I. Tu es bienheureuse , o Ame , qui as quitté ce monde souillé et tout ce qu'il renferme, qui t'es dépouillée de ce corps fétide, et qui as fui sans retour la demeure des méchants, le monde des abominations, de ténèbres et de discordes sans fin ; milieu impur où vi- vent les sept planètes ; séjour des peines et des douleurs, auxquelles nul ne peut se soustraire, et dont tu as senti , pendant ta vie, les angoisses amères. Lève-toi , lève-toi , o Aine fortunée ; monte vers ta patrie véri- table, retourne à ta demeure primitive, au séjour de la félicité, où les génies t'ont pré- paré une couronne de joie et de bonheur. Prends place sur ce trône que la vie t'a pré- paré, dans le séjour de la lumière, au milieu des génies tes frères . Mais, quant au lieu de ton exil, charge - le de tes malédictions ; car les années que tu y as passées ont été des années de troubles et de persécutions inces- santes. Gloire à la Vie, qui est pure ; gloire à celui qui est venu à nous ! I I . J'ai visité mon royaume et je l'ai parcouru . La vue de ma splendeur fortifie les âmes ; ma lumière est pour elles une arme invin- cible : le parfum que je répands les fait tres- saillir. J'ai dit à l'une d'elles : « Tu pleures , tu gémis au milieu des méchants qu'en- traînent leurs vices : Eh bien ! quitte ce séjour de ton deuil ! à une autre qui appe- lait de tous ses vœux l'heure de la déli- vrance, je dis comment te délivrerai-je seule entre mille , seule entre dix mille qui t'entourent? mais elle redoubla d'instances :

�975 276 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.

Ouvre-moi , je t'en conjure , me dit-elle , ouvre-inoi la porte du salut ; j'appelle la Vie de toutes les forces de mon étre ; délivre ceux qui sont enchaînés, donne du pain aux pauvres, de la consolation aux affligés, du bonheur à tous ! Et alors je lui dis : Eh, bien ! reçois la récompense que tu demandes ; sors de la terre d'exil, monte de l'empire des té nèbres au séjour de la Vie suprême. III. - - Le génie. Courage, âme juste ct fidèle, élève-toi au-dessus du monde , réveille-toi du sommeil de la terre ! L'âme. J'entends ta voix, ô bon génie, je reprends courage, et je m'éveille ! Le génie . Sors de ta lé- thargie ; porte tes regards vers le séjour de la Vie ; lève tes yeux au séjour de la lumière ; méprise ce monde méprisable ; il ne ren- ferme rien qui puisse mériter un soupir de ton cœur. Vois les brigandages qui s'y com- mettent, ce dont tu n'es que trop souvent la victime ; vois la fureur des méchants en- voyés contre toi ; vois les flammes dé- vorantes qui t'entourent, qui te menacent , qui montent jusques au firmament ; vois les excès sans nombre de ces esprits armés les uns contre les autres ; vois ces montagnes d'orgueil que nul ne peut humilier ; ce mur d'obstination qui environne le monde, comme une ceinture de fer , et qu'aucune force ne peut abattre ; réveilles-toi donc, âme juste et fidèle, et ne cesse point de prêter l'oreille à mes paroles . Voici : ta route est à travers la grande mer. C'est là que s'arrêtent les brigandages ; c'est par là que sous ma con- duite tu traverseras, sans les redouter, le camp de tes ennemis, que tu franchiras sans en être troublé, les flammes dévorantes , et qu'enfin , toujours sous ma conduite , tu échapperas aux efforts réunis des pervers . Sans doute l'esprit de superbe et d'impu- reté ne verra qu'à regret ton passage à tra- vers la montagne d'orgueil , séjour habituel des sept planètes ; mais je te soutiendrai de mon courage , mais je te ferai parvenir , sans coup-férir, au séjour de la lumière et de la Vie . La Vie est pure. IV. Une bouche , jadis si pure, est devenue la bouche d'un corps matériel . Mes yeux , qu'é- clairait autrefois une lumière divine , doi- vent le guider maintenant; mon cœur, qui soupirait après laVie et la liberté, est jeté dans une prison de chair. Mon âme, que vivifiait un rayon même de la Vie , est enveloppée d'une écorce grossière . Mes pieds doivent soutenir ce corps . Mais que d'obstacles à toutes ces démarches me seront suscités par les sept planètes ! Comment obéirai-je aux commandements de mes pères? com- ment supporterai -je toutes ces épreuves ? comment tranquilliserai-je mon esprit trou- blé? combien de temps faudra-t-il queje prête l'oreille aux abominations des sept planètes et des douze étoiles ? quand retrouverai -je inon état primitif? comment obéirai-je à mon père Nebu ? Pendant que je parlais ainsi, l'ange de la Vie envoya vers moi son libérateur. Celui- ci m'apparut . et comme je lui demandai si je monterais bientôt au séjour de la lumière , il me dit : Con- sole toi , prends courage ; je suis venu à toi pour ne plus t'abandonner ; car ta voix est montée au séjour de la lumière , et on m'a envoyé vers toi. Lève-toi donc, ô éon, sors du corps où tu as été emprisonné et où tu as grandi . Lève - toi donc, retourne à ta pa- trie primitive, à la demeure des génies ; prends ta place au milieu d'eux ; et de ces hauteurs éthérées , maudis le monde où tu as vécu et où tu as failli perdre ta lumière . La Vie est pure. V. L'âme quittera son corps , quand son temps sera venu ; or mon heure est arrivée . Mes yeux sont humides de larmes ; mon cœur est dans l'anxiété , mais le libérateur n'écoute aucune plainte ; l'âme et le corps ne doivent point vivre éternellement en- semble. Quand cette âme sera dépouillée de son enveloppe matérielle , elle apparaîtra de- vant son juge suprême. Il lui faut rendre compte de toute sa vie. Or, voici ce qu'elle je n'ai commis aucun crime, aucun adul Jui répond: Que me demandes-tu , ô juge, tère ; je n'ai point cédé aux suggestions des méchants , je n'ai point répandu le sang humain, et mon esprit n'a point conçu de projets criminels ; jamais mes mains n'ont pris le bien d'autrui et ne se sont livrées à de coupables pratiques ; je n'ai point soumis mon esprit à mon corps ; je n'ai point ré- duit qui que ce soit en esclavage ; jamais je n'ai fait de faux témoignage ; jamais je n'ai dérangé la pierre qui sert de limites ; jamais non plus je n'ai consenti au men- songe ni par signe , ni par des paroles ; ni séduire par leurs paroles ; jamais enfin je les magiciens , ni les sorciers n'ont pu me n'ai eu deux maîtres. Mais j'ai fait l'aumône à l'indigent, j'ai secouru celui qu'on op- primait ; j'ai rassasié celui qui avait faim, j'ai habillé celui qui était nu , j'ai racheté le prisonnier, j'ai approvisionné le voyageur. VI. Voici l'heure de la délivrance; mon heure approche ; le nombre de mes jours est com- plet . Quand l'âme eut été introduite dans le corps , celui-ci put faire entendre des sons , alors les sept planètes l'entourèrent , et elles dirent : 0 âme, sors de ce corps , et nous t'introduirons en la présence des Publicains. Sors ! Puis ces séductrices , écumant de co- lère , se dressèrent devant moi , mais les œuvres de mes mains militèrent en ma fa- veur. Car, ô mon Seigneur , j'ai toujours marché dans le sentier de la sagesse . Cepen- dant les sept planètes entouraient mon corps. Mes yeux se couvraient de ténèbres ; je levai mes regards au ciel, quand je vis mon libérateur. Il m'appela à lui , et ne me quitta plus. Il m'éleva au-dessus des sept planètes et des Publicains , et me fit asseoir au nombre des pacifiques. Gloire à la Vie qui est pure; gloire à celui qui est venu parmi nous.

�277 278 PART. 1. LIVRE D'ADAM. - - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. VII . Une voix s'est fait entendre, voix lamen- table qui disait : Hélas ! après avoir été jetée nue dans ce monde, qui m'en a tirée , qui m'a rendue semblable au passerean qui cherche un asile ? Or cette voix, c'était la voix d'une âme qui du haut du ciel disait : O corps , qu'as-tu fait dans ce monde ? Moi, j'ai revêtu une robe de lumière , toi tu es resté ici-bas . Moi , j'ai vu poser sur ma tête une couronne éclatante de gloire, toi, tu n'es point monté avec moi au séjour de la Vie ; tandis que la lumière et la splendeur m'environ- nent, tu as été abandonné dans le séjour des ténèbres . Mes pieds sont brillants comme le soleil, tu es plus sombre que la boue dont tu as été formé. Ainsi parlait l'âme . Alors l'ange de la Vie lui dit : Viens, viens, ôâme bienheureuse, qui as su te conserver pure dans un corps impur ; viens , ô fille imma- culée, qui as su passer au milieu des mé- chants sans t'y corrompre . Ils t'ont insultée de leurs clameurs impies, mais tu as su échapper à leurs séductions , tu as su mé- priser leur rage impuissante. Puis il dit au corps : N'as-tu pas été tiré de la poussière ? Or les planètes qui t'ont persécuté, rendront un compte sévère de leurs iniquités à ton égard . Gloire à la Vie qui est pure; gloire à celui qui est venu au milieu de nous. VIII . Je suis encore enfant, et cependant ma vie est terminée ; la tristesse s'empare de mon âme. Quand j'aurai quitté ce monde på- rissable , les fascinateurs s'en indigneront ! stupides générations ! créatures simples et ignorantes ! qui par moi seront plongées dans le deuil Et cependant à moi la splen- deur et la gloire ! Cependant les méchants allèrent se plaindre à la Vie seconde . Celle- ci se leva de son trône , et bénissant la Vie première et souveraine , elle s'écria : Sois bé- nie , ô Vie souveraine, de ce que tu m'as en- voyé cette créature . Mais mes enfants , bais- sant la tête et fondant en larmes, me dirent : Tu nous fuis donc, tu retournes donc à ta pa- trie ! Oh ! quand te reverrons- nous ? Et il leur fut répondu . Quoi ? Les seigneurs ne m'avaient-ils donné une âme, que pour vieillir avec vous dans ce monde ? Puis, priez plutôt les seigneurs, les pacifiques , les maîtres de la vigne céleste: et ilslui dirent encore : A qui as-tu confié le soin des plants qui te sont chers ? Qu'ils héritent de ta vertu, de ton esprit ! Et cette grâce leur fut accordée . IX. Je suis l'éon de la Vie souveraine j'ai habité au fond de la mer. Pourquoi cepen- dant m'a-t-on donné des ailes ? n'est-ce pas pour prendre mon vol au séjour de la lu- mière ? X. A qui comparerai-je les bons quand ils sout sortis de leurs corps ? Ils sont sembla- bles au grillon , qui effleure le sol en ram- pant. A qui assimilerai -je les enfants des méchants, quand ils sont sortis de leurs corps ? Ils sont semblables aux frelons qui, à peine sortis de leurs œufs, ne sachant point composer leur miel, s'envolent vers la mon- tagne où ils meurent misérablement. Gloire à la Vie qui est pure. XI. Ta splendeur, ô âme , est la splendeur de celui qui siége sur les nuages , dans la jus- tice et dans la vérité . C'est cette splendeur qui soutient les anges et les génies . Mon ame a franchi le champ de bataille de la terre ; elle a abandonné la carrière des com- bats, elle est arrivée au séjour du salut, et ne s'est arrêtée qu'au prétoire . C'est alors que le préteur lui dit : O âme, pour quelle vertu as-tu quitté la terre ? à qui as-tu donné ton nom ? L'âme répondit : c'est par la vertu de la Vie, et c'est à l'ange de la Vie que j'ai donné mon nom . Le préteur ajouta : A quelle chose du monde, ô âme , te dois -je comparer? Je te comparerai à l'astre du jour, je te com- parerai à la tempête des hivers, qui menace le monde de sa ruine; je te comparerai à l'eau qui soulève par le vent des nuages. que dis -je ? L'âme est plus brillante que l'astre du jour , plus pure que l'astre de la nuit, plus puissante que la tempête , plus agréable que l'eau . Le préteur lui dit encore : Viens donc, ô âme, viens au séjour de la lumière que tu as mérité d'habiter . La Vie est pure. Amen . XII. La mer est enchaînée entre ses deux rives ; enchanteurs , les magiciens et les magi- les démons, les diables, les histrions , les ciennes, les mauvais génies de toutes sortes dix sont enfoncés dans un cachot profond au nombre de trois cent quatre - vingt- et chargés de chaînes . Mais les âmes sont inondées de la lumière des bons. XIII. Quelle colère enflamme le querelleur ! Quelle rage anime celui qui ne cherche que les procès Non, il ne marche point au flam- beau de la vie. XIV . Une lettre cacnetée est venue de ce monde ; lettre écrite sur la justice , et signée du sceau même des seigneurs . C'est l'œuvre des pacifiques, des justes, des fidèles, qui l'ont suspendue aux ailes de l'âme , et ont envoyé cette âme aux portes de la Vie . Quand elle y fut parvenue, elle fut enveloppée de splen- deur et de lumière , et le front ceint d'une couronne immortelle , elle s'avança aux sources mêmede l'eau vive , et aussitôt qu'elle eut goûté de cette eau, Sarak Zivo la prit par la main , la fit traverser cette eau limpide et pure, et la plaça au séjour même de la Vie. XV. Je me dépouille de mon corps ; car inon temps est arrivé, car mon existence est ter- minée ; ce corps va bientôt être déposé dans la terre . Celui qui l'a façonné, va le détruire, comme un vase fragile ; ou plutôt il va le transformer. Bientôt à son tour il sera en-

�279 280 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. veloppé d'un vêtement de gloire, et il s'é- chappera des mains des méchants comme une onde jaillissante. Les anges qui doi- vent m'emporter dans leur céleste demeure , m'ont dit : O âme , ton temps est arrivé. Lève- toi, viens comparaître devant le juge céleste . Lève-toi, quitte ce monde . Voici que ton roi vient au-devant de toi . Au séjour où il réside, le soleil ne connaît point de déclin , et sa clarté ne pâlit jamaís . C'est là que sont les Couronnes de gloire, c'est là que les bien- heureux, revêtus de robes étincelantes et lumineuses te féliciteront de ta bienvenue, et te feront asseoir au milieufd'eux . La Vie est pure. XV moi, qui allais quitter cette terre des ténè- bres; moi, qui allais m'envoler vers le séjour de la lumière, je leur dis : Malheur à vous, qui ternissez la beauté admirable de vos corps par d'indignes larmes ! Malheur à vous qui gémissez sur la délivrance d'une âme, tandis que les oiseaux du ciel l'accompa- gnent dans son vol audacieux ! Puis je pris mon essor sans être vu , sans être entendu : mais pour les méchants qui quitteront la terre, ils seront enveloppés d'épaisses ténè- bres, et n'auront pour cortége que des dé- mons et des mauvais génies. Or l'âme pure et limpide interrogera ces âmes des impies ; elle leur dira : Qu'avez-vous fait ? et elles répondront Notre tête s'est dressée fière sur laterre ; nos yeux ont pris plaisir aux Lève toi, ô âme , sors de ce monde ; voici spectacles du monde ; nos oreilles ont écouté ton roi qui vient à toi. XVII. Sors de ce monde, ô âme, car ton heure est arrivée . L'âme répondit à la voix des sei- gneurs : Laissez-moi dire un dernier adieu åmes enfants, à mes plantes favorites . Quand ils furent rassemblés autour de moi , je les recommandai aux seigneurs , et je leur dis : Je vous quitte, ô mes enfants, vous, plantes chéries, que ferez - vous quand je ne serai plus, assis à l'ombre des vignes ? Alors je eur communiquai ma lumière, et ils me dirent : Hélas ! tu nous quittes ! Instruis-nous au moins avant ton départ , des mystères sacrés , et de l'éon notre sauveur ; apprends nous ce que les seigneurs t'ont révélé . Il ré- pondit : Dès que j'aurai quitté ce monde , je vous parlerai de ces mystères et de l'éon votre sauveur. Puis il partit, et il se fit alors un grand trouble parmi les sept planètes . Toutes elles s'insurgeaient contre le monde, contre l'œuvre de Fétahil . Or quand moi- même j'eus laissé cette terre , créature de Fétahil , mes pauvres enfants ne se nour- rirent plus que du pain des sépulcres ; assis autour de mon tombeau, ils l'arrosèrent de leurs larmes, et en troublèrent le repos par leurs gémissements . Mais qu'ils y prennent garde quiconque aura déchiré sa robe à cause de moi , se sera souillé d'une faute ; quiconque aura répandu des pleurs sur ma mort, deviendra la proie des loups dévo- rants ; quiconque enfin se sera frappé la poitrine à cause de moi , sera lié sur la mon- tagne des ténèbres. Mon temps approche, mon heure est arrivée ; je vais partir. Gloire àlaVie! XVIII. Tant que je restai soumis à la lumière, mon corps fut le fidèle compagnon de mes œuvres ; aujourd'hui j'en suis dépouillé , mais mon espoir est dans la Vie . XIX. Je suis transporté dans des hauteurs su- blimes ; de là mes yeux contemplent l'uni- vers, il ne parait qu'un point à mon âme étonnée . Cependant mes fils pleurent sur mon départ ; ils se couvrent la tête de poussière , ils arrosent la terre de leurs larmes . Alors avec délices les paroles de la terre . Nos mains se sont trempées dans le sang de nos frères ; et notre cœur s'est nourri de corrup tion. Notre corps s'est souillé d'adultère , et planetes . Alors l'âme pure et fidèle leur ré- nos genoux se sont fléchis devant les sept partira : O méchants, si vos œuvres avaient été bonnes , votre cortège le serait aussi ! loin de moi done ! à Dieu ne plaise que je vous accompagne ! Cependant il arrivera peut-être que dans les plaines des airs ces ames maudites se rapprochent de moi ! mais je fuirai leur société ! ma société est avec les justes et les fidèles, avec ceux que précède et que suit la lumière, avec ceux qu'accom pagnent les génies de la vie , dont les rois du ciel sont les libérateurs, et qui exhalent autour d'eux un parfum suave et délicieux. C'est à ces âmes fidèles que l'âme de la Vie se plaît à dire : Mes sœurs, mes chères sœurs , laissez - moi m'adjoindre à votre sainte compagnie I laissez- moi jouir de vos admirables entretiens . Et ces âmes d'élite lui répondront : Qu'elles sont tes œuvres, âme, pour que nous t'admettions parmi nous ? Et elle leur dira : Mon père et ma mère ont fait l'aumône selon leurs moyens; mes sœurs ont toujours vécu dans la dé- cence et dans l'honnêteté ; mes frères se 'sont livrés avec zèle aux études sacrées . Alors ces âmes fidèles lui répondront : Saus ble ; mais, dis-nous , toi , qu'as -tu fait ? as - tu doute ce que tu dis de ta famille est vérita- mérité par tes œuvres à faire partie de notre société ? Et elle leur dira : Quand j'ai ren- contré l'un de vous, o hommes justes et tidèles, je n'ai pas hésité à l'appeler mon frère . Eh bien ! cette bonne amitié que j'a- vais pour mes frères et pour mes sœurs, ne mérite-t- elle pas que mes sœurs et mes frères en aient pour moi une semblable ? châtiment du pauvre, ne répandent point Ceux qui regardant la misère comme le juste l'aumône dans leur sein, n'auront d'autre partage que les ténèbres ; mais moi, j'ai aimé la Vie, j'ai placé ma confiance en elle. et dans l'apôtre de la Vie . Le jour du sabbat, le jour du soleil, j'ai pris mon vol, et j'ai frappé à la porte des synagogues ; j'ai fait l'aumône avec abondance , j'ai consolé la veuve et protégé l'orphelin; j'ai rassasié ce-

�281 282 PART. I. - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. LIVRE D'ADAM. lui qui avait faim , j'ai désaltéré celui qui avait soif; j'ai couvert l'homme nu ; j'ai ra- cheté le prisonnier, j'ai éclairé, protégé et approvisionné le voyageur Alors les âmes. justes m'illuminèrent de leur propre lu- mière , placèrent sur ma tête une couronne de gloire, une auréole de bonheur, et me firent franchir les abîmes qui me séparaient du séjour de la Vie. C'est là que je trouvai enfin l'âme du génie Behram bar Simat. La Vie est pure ! XX. Les enfants de la lumière proposerent à l'âme cette question : Dis-nous, ô âme , qui est ton créateur ? vigne du seigneur, qui t'a plantée ? Elle répondit : Celui qui m'a créée , celui qui m'a plantée, c'est un des enfants de la paix . Prenant une portion de matière excellente, il a fait de moi une créature su- blime, il a fait de moi un Adam complet et parfait ; il m'a enfermée dans une prison corporelle, garnie par une multitude de nerfs .Cependant l'âme ainsi enveloppée d'un corps attendait avec impatience l'heure de sa délivrance ; et elle se disait : Qui m'a jetée dans cet univers ? Depuis le jour où j'ai animé le corps mortel d'Adam, de combien de mystères n'ai-je point été le témoin ! J'ai vu l'eau qui vivifie le monde ; j'ai vu le so- deil, qui en est le flambeau ; j'ai vu la lune, qui divise et détermine les temps . Qui donc n'a envoyée en ce monde , en ce séjour des 1énèbres, moi , âme vivante et lumineuse ! qui m'a enfermée dans les limites étroites de cette terre ? qui t'a jetée , ô âme sublime, dans cette obscure prison ? qui t'a chargée de chaînes , ô âme immortelle ! qui t'a cou- verte d'une robe de deuil et de débauche ? Enfin l'ange de la Vie vint à moi , et me tira de ce monde. Il me dépouilla de cette cui- rasse charnelle qui empêchait mon essor ; la Vie, Ferho vinrent à mon secours, et je pus voir enfin la splendeur éternelle , la lumière sans tache et sans déclin de la patrię . La Vie est pure. XXI. Je suis un des enfants du ciel , mais ca- ché, mais emprisonné sous une enveloppe grossière de chair, sous un vêtement qui ré- pugne à la lumière . Dans cet état je vis au milieu des sept planètes , conjurées contre moi, et prêtes à profiter de l'impuissance où m'ont réduit les chaînes qui m'environ- rent. Oh ! que je supporte avec peine ce corps de boue ! oh ! que ce vêtement m'est pénible ! moi, l'enfant du ciel, pourquoi suis- je ainsi abaissé ! Cependant les sept planètes ne cessent de conspirer contre moi ; elles disent Allons ! qu'il succombe à nos efforts réunis ? elles le disent ! mais l'apôtre de la Vie vient à moi ; il me délivre de leurs mains homicides , et il met entre moi et elles, et Ur, leur chef et leur tyran , une bar- rière éternelle! Gloire à la Vie. XXII .. Ce qui était faible est descendu dans le cercueil ; ce qui était fatigué , s'est reposé dans le sépulcre. Quant à tes œuvres , ô âme, elles monteront avec toi , elles viendront rendre témoignage contre toi ! Non- seule- ment tes œuvres , mais les grâces que tu aura reçues ; les rives fleuries du Jourdain qui ont assisté à ton baptême, cette onde pure qui a coulé sur ton front ! Voilà tes té- moins ! voilà, pour toi qui as été fidèle, tes défenseurs ! Aussi la Vie te prendra par la main, et te dira : Viens à moi viens habi- ter le séjour de la paix , le séjour de la lu nière éternelle ! La Vie est purel XXIII. Une grande voix s'est fait entendre du haut des cieux, elle a dit : Que les chaînes tombent des bras des prisonniers ; que ceux qui pleurent , que ceux qui sont opprimés respirent enfin l'air de la délivrance ! Alors je partis pour le grand arsenal , pour le vaste cachot où sont entassés tous les malheu- reux ; je m'avançai vers le gardien et je lui dis : Dis-moi, geolier de cette prison, quelle est de tant de malheureux la nourriture et la boisson ? Il me répondit : A eux pour nourriture les fibres amères des racines , à eux pour boisson une liqueur fétide et em- poisonnée . Alors je lui dis : Geolier, brise les portes et les gonds de ces prisons ; que tous ces malheureux respirent enfin l'air parfumé de la délivrance. Docile à mon commandement, le geôlier ouvre les portes de cet ancien cachot où tant de misérables croupissaient entassés. D'abord s'ouvre la prison des adultères et des empoison- neurs . Puis celle des âmes faibles qui se sont laissé entraîner au mal . Enfin c'est la prison de ceux qui ont violé les limites. et ont cherché à s'approprier le bien d'au- trui . Mais au milieu de toutes ces âmes, je ne trouvai pas un seul juste . Alors je dis au geolier : Environne de nouveau d'un cercle infranchissable tous ces coupables , quels qu'ils soient ! Alors ceux-ci se voyant sur le point de rentrer dans leurs ténèbres éter- nelles, vinrent à moi, répandant des torrents de larmes , se livrant à tous les accès du plus affreux désespoir , et ils me dirent : Paix à toi , o bienheureux apôtre , grâce pour nous ! ne nous condamne pas ! Je leur répondis : Le Seigneur ne vous condamne point, c'est vous qui êtes vos propres juges ; c'est vous, ce sont vos actions criminelles qui vous condamnent ! Ce n'est point moi qui vous enchaîne , ce n'est point moi qui vous plonge dans ces cachots . La Vie est. pure. XXIV. C'est par la porte des élus, que les bénis parviendront au séjour de la lumière XXV. Quelle est cette âme ? C'est l'âme des firs- tes , des fidèles, des véridiques : elle est sans émotion et sans crainte ; elle ne craint ni les apparitions fantastiques, ni les mauvais génies. Quand elle quittera ce monde, quand elle arrivera au tribunal ( au prétoire ) des âmes, le juge ( le préteur ) lui dira : Quies-

�285 284 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. tu, âme, quel est ton nom ? Elle répondrá : J'existe par la vertu de la Vie , et mon nom est le nom même de l'ange de la Vie. Le juge repartira : A quelle chose de ce monde, ame, puis-je te comparer ? Je te compare- rai à l'astre du jour, je te comparerai à l'as- tre de la nuit, je te comparerai aux tempê- tes des hivers qui désolent le monde, à l'eau qui coule à flots sur la terre à l'heure de l'o- rage. Mais que dis-je ? Tu es plus éclatante que l'astre du jour, plus belle et plus pure que l'astre de la nuit, plus puissante que la tempête des hivers. Dis - moi maintenant quelle est la route que tu as suivie ? L'âme lui répondra : J'ai toujours suivi le sentier de la justice et de la vertu ; j'ai fui la voie large de l'iniquité . Le juge lui dira : Eh bien! ta récompense est celle de tous les justes qui ont marché dans les mêmes sentiers. Viens donc, ô âme fidèle , revêts-toi de la robe de splendeur et de gloire prends les ailes de la colombe, traverse les espaces ha- bités par les créatures, franchis l'épaisseur du firmament , et ne t'arrête qu'à là vue de la balance. L'âme lui répondra : C'est à la balance qu'il a été dit : Redresse le cours des étoiles, et pèse les œuvres et les récom- penses, puis donne à l'âme la félicité qu'elle aura méritée. Mais prends garde d'admettre au séjour de la Vie une âme imparfaite et commune. Nous sommes des captifs en ce monde ; aie pitié de nous ; pardonne-nous nos péchés. La Vie est pure ! XXVI. Quel es-tu, toi qui siéges au séjour des puiss puissances, qui du haut des splendeurs cé- lestes es venu à moi ? qui m'as envoyé sur cette terre, qui m'as jeté dans ce corps privé de pieds et de mains , c'est- à-dire sans mou- vement et sans vie ? Hélas ! je prendrai mon état en patience ; j'attendrai l'heure de la délivrance. Envoyez- moi à cette heure mon sauveur ; qu'il vienne rompre mes chaînes, qu'il vienne me conduire au séjour de la lumière. Alors mes maux seront terminés ; et je n'aurai plus à craindre d'être enfoncé de nouveau dans cette prison corporelle. La Vie est pure . XXVII . Je suis couvert d'une robe sans tache, d une robe d'innocence et de pureté. Aussi la Vie m'a-t-elle tendu la main. Elle m'avait plongé au milieu des ténèbres ; mais elle a apparu, et soudain les ténèbres ont été illu- minées . La Vie est pure. Fin des fragments de la seconde partie, et du livre d'Adam. N. B. L'obligeance d'un orientaliste distingué , M. Ernest Renan , nous met à même d'a- jouter quelques détails à ceux que nous avons déjà donnés sur les livres sacrés des Men- daites. Cet érudit a signalé (169) un manuscrit qu'il a rencontré à Rome, au musée Borgia . C'est le Divan des Mendaites , écrit dans un dialecte du syriaque , et contenant en représentations figurées, tout le système théologique de cette secte, avec un texte explicatif. Ces figures très- grossièrement tracées et cet écrit bizarre attestent le plus étrange renversement d'ima- gination. M. Renan n'a cité qu'un très-court passage de ce livre (170) , mais il a bien voulu nous communiquer une analyse succincte qu'il a faite de ce que présente le Divan des Mendaïles , et que nous insérons ici avec reconnaissance. « Pondération des âmes ; Dieu assistant à cette pondération , Gonraï et Bedut, les deux peseurs Seth , fils d'Adam, pesé dans la ba- lance ; Gabriel, Raphaël , Simet , fils de Ra- phaël , qui engendra la lumière ; deux fils de Simet, saints qui font la garde à l'entrée du paradis . Barque sur laquelle les âmes sont amenées à Dieu . Arbre mystique, dont les enfants morts en bas âge se nourrissent, afin qu'arrivés à leur pleine croissance , ils puissent paraître devant Dieu . Tigres gar- dant le chemin des âmes, laissant passer les bons , déchirant les méchants . Chiens enra- gés, serpents à deux têtes , gardant la mêine voie, ainsi que cinq démons , armés d'épées et de cymbales. Fontaine empestée , où les musulmans boivent dans l'autre vie . Lion terrible , à l'issue de la voie . Quatre esprits (469) Journal asiatique (5 série , t. II , p. 469) et Archives des missions scientifiques , 1850 . (170) En décrivant la croix qui s'élève comme un attendant les âmes pour les conduire dans la voie. Mahomet , sous la figure d'un géant enchaîné en enfer ; deux de ses parents, ar- més jusqu'aux dents, retenus avec lui . Es- prits impurs , qui font de la musique pour attirer les musulmans, et les précipiter en enfer auprès de Mahomet . Semenderié, ange de premier rang, assis sur un trône d'escar- boucle ; autour de lui, des femmes angéli- ques dansent et font de la musique ; femme de l'ange Semenderié ; trois femmes angé- liques, ses suivantes. Temple des démons ; Fatime , fille de Mahomet , gardienne de ce temple . Trois démons priant dans le temple. Ville des démons ; Gabriel , chef de nombreu- ses légions , accompagné de sbires et de bourreaux pour châtier les pécheurs ; ces démons courent les rues et les places , måt sur la barque du soleil, l'auteur du Divan ajoute si cette croix n'y était, le soleil et la lune feraient naufrage, faute de lumiè è.›

�285 286 PART. I. - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT.- LIVRE D'ADAM. pour prendre et punir les oisifs . Adam et Eve. Le soleil debout sur son navire ; pilote du navire du Soleil ; esclaves et soldats du Soleil ; deux fils du Soleil naviguant avec leur père. Croix lumineuse que , tous les jours , les anges mettent comme un mât sur le navire du Soleil, et dont la lumière illu- mine le monde . Si cette croix n'y était pas , le Soleil ferait naufrage , faute de lumière. L'ange Baram , inspecteur du Soleil et de la Lune , naviguant dans une barque près du navire du Soleil et de la Lune , pour voir s'ils marchent bien . La Lune dans son navire également surmonté d'une croix ; ange dres- sant cette croix ; pilote du navire de la Lune. » Dans son Histoire des langues sémitiques , dont le premier volume vient de paraître , M. Renan s'exprime ainsi : « L'idiome des livres mendaïtes est un chaldéen très - corrompu et fort analogue au talmudique . C'est à tort, que M. Norberg a voulu le rapprocher du syriaque . L'emploi du noun, comme performante du futur, est la seule particularité syriaque qu'on y remar- que ..... Il présente une foule d'irrégularités et d'anomalies d'orthographe, et c'est certai- nement le plus dégradé de la famille sémi- tique ; il représente dans cette famille , le patois , la langue abandonnée au caprice du peuple. Tous les livres mendaïtes que nous con- naissons, sont d'une rédaction postérieure à l'islamisme ; de nombreuses allusions à Mahomet et à ses successeurs ne laissent aucun doute à cet égard. D'autres allusions, mais beaucoup moins évidentes , en porte- raient la composition au 1x ou au x' siècle. Les Mendaïtes reconnaissent eux-mêmes que tous leurs livres sacrés furent détruits dansles persécutions qu'ils eurent à souffrir des pre- miers musulmans. On peut croire que la nouvelle rédaction reproduisit les traits es- sentiels de l'ancienne ; il est probable ce- pendant que plusieurs des fables ridicules qui nous choquent dans les livres des Men- daites , ne se trouvaient pas dans les textes primitifs. » Les doctrines des Mendaïtes et l'étrange mélange d'idées persanes , chaldéennes et gnostiques qu'elles présentent , seront mieux connues lorsqu'on jouira du fruit des recher- ches spéciales qu'a entreprises sur les lieux qu'habitent ces sectaires un jeune et zélé orientaliste , M. Joseph Chwolsohn ; son tra- vail est encore inédit, mais M. Kunig , mem- bre de l'académie de Saint-Pétersbourg, en a donné une intéressante analyse dans ses Mélanges asiatiques, t . I , p. 498 à 542 et 611 (171 ) Mahomet avait rangé parmi les sectes les Sabiens babyloniens les Harraniens feignirent d'appartenir à cette secte et restèrent sous ce dégui- sement, fidèles au paganisme éyro -hellénique de leurs maîtres. C'est un fait étrange qu'une peu- plade change de nom et se déguise, pendant plusieurs siècles, sous un nom qui lui était jusque-là étran- ger, sans emprunter ni la moindre tradition histori- que, ni le moindre rite, ni la moindre sentence mo- à 685.Cette publication étant fort peu répan- due en France, il ne sera point hors de pro- pos de donner ici une idée du rapport dont M. Kunig a donné lecture devant la classe des sciences historiques de l'Académie que nous venons de nommer a Le travail manuscrit que M. Chwolsohn communiqué à l'Académie de Saint - Pé- tersbourg, forme deux volumes comprenant 2900 pages environ ; il est rédigé en langue allemande , et son titre peut se traduire ainsi : Les Sabiens et le Sabisme , ou les païens syriens et lepaganisme syrien à Harranet dans d'autres contrées de la Mésopotamie à l'époque du Ca- lifat . Etudes pour servir à l'histoire du paga- nisme, d'après des sources inédites pour la plupart. L'auteur de ce travail important s'est at- taché à éclaircir l'histoire du sabisme , des doctrines primitives des habitants de la Chaldée , doctrines qu'un préjugé enraciné fait regarder comme synonymes de l'astro- lâtrie . Nul savant n'a encore embrassé en entier ce sujet difficile , à l'égard duquel les hypothèses les plus hasardées, les opinions les plus divergentes ont été mises en avant . Le plus instruit des géographes de notre époque, Ritter, convient qu'après avoir con- sulté un nombre considérable d'orientalistes et d'ouvrages orientaux , il n'a pu se former une idée claire du sabisme , et il engage les érudits à chercher à débrouiller ce chaos. Telle est la tâche qu'a entreprise le jeune savant auquel l'Académie de Saint-Péters- bourg a donné des éloges flatteurs, mais la question du sabisme, au point de vue géné- ral , doit en ce moment , nous demeurer étrangère. C'est à la fin du chapitre V de son œuvre, que M. Chwolsohn jette un coup d'œil sur les sabiens actuels ou les mendaïtes babylo- niens dispersés en Mésopotamie et dans la Perse méridionale. Il n'a pas fait une étude spéciale du mendaï et des livres sacrés écrits dans ce patois sémitique , mais il a recueili avec soinles renseignements que fournissent les orientalistes et les rapports des voyageurs , renseignements qui constatent la différence totale qui existe entre les sabiens mendaïtes et les sabiens harraniehs , secte païcano établie en Syrie , et qui, menacée par le ca- life Al-Mamour, de la peine de mort , em- brassa l'an 830 , le nom de sabiens babylon- niens du Coran (171). Selon le témoignage formel d'auteurs bien instruits , les sabiens harraniens parlaient le dialecte syriaque le plus élégant, tandis que les sabiens des marais ne se servaient que d'un dialecte corrompu rempli de locutions rale à ceux qui portaient réellement ce nom. Les re- cherches de M. Chwolsohn ont toutefois mis en lu- mière cette circonstance qui a jeté bien de la confu- sion dans les idées des écrivains auxquels elle était demeurée inconnue. Ces faux sabiens établis à Har ran, à Edesse, etc. , ont successivement disparu de puis le x siècle ; il est cependant possible que quelques-uns d'entre eux végètent encore sous un autre noni.

�287 283 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. vicieuses . La langue vulgaire que les Men- daïtes parlent entre eux est un jargon qui se rapproche plus de l'ancien chaldeen (ba- bylonien) que du syriaque ecclésiastique , et il peut par conséquent être désigné com- me un dialecte incorrect du chaldéen (ba- bylonien) . Les sabiens actuels se donnent le nom de mendaïtes. Ce nom signifie-t-il , d'après une étymologie hébraïque , Sectateurs du génie Menda ou disciples ? C'est ce qu'il serait difficile de décider. Quelque faibles que soient encore les étu- aes sur les livres sacrés des Mendaites, on ne peut douter qu'ils ne renferment des traces des doctrines des anciens Babylo- niens ou Chaldéens . Il est facile de compren- dre que ces doctrines se sont bien défigurées avec le temps, de sorte que les Mendaïtes ont un penchant particulier pour l'astrologie et la magie. En outre , il doit paraître peu étonnant qu'on rencontre dans le langage des livres sacrés des Mendaïtes des mots persans et une terminologie mythologique qui rappelle souvent celle des livres attri- bués à Zoroastre et des manichéens . Il est donc impossible de méconnaître les rapports internes existant entre les anciens Babyloniens et les Sabiens mendaïtes , et il serait plus que hasardé de détacher la doctrine et le culte mendaïtes du dévelop- pement historique du parsisme et du mani- chéisme. Il ne peut donc être question d'une tradition très-douteuse en elle- même d'après laquelle les Mendaïtes, après avoir été ex- pulsés de la Palestine , sous le règne des premiers califes , s'étaient réfugiés dans le pays qu'ils habitent actuellement. On en trouve des associations dispersées en diffé- rentes contrées de la Mésopotamie et de la Perse . Quelques-unes d'entre elles sont sou- mises aux Tures et aux Perses, tandis que d'autres, comme celle qui se trouve à Dovak, paraissent former des associations politiques et religieuses à part . Quoi qu'il en soit, ils sont trop nombreux pour être regardés comme les descendants immédiats d'une poi- gnée de colons fugitifs. Leur triste destinée paraît les avoir forcés à se déguiser, à l'instar d'autres peuplades de la Mésopotamie, sous divers masques. Ils sont connus chez les auteurs arabes du moyen âge sous les noms de sabiens ou de nogtasilah des marais , entre Wasith et Bas- sora, de Wimariens des marais , et de restes des Sabatéens. Wasith était leur capitale , et c'est en Mésopotamie ou dans la Chaldée propre- ment dite que l'ancien culte et l'ancienne doctrine de ce reste des Nabathéens (Babylo- niens) a été imbu du gnosticisme , où ce qui est plus exact , du gnosticisme persan, et cela à une époque antérieure à Manès .Ainsi on les a appelés avec raison des Gnostiques hors du christianisme, qui se sont rappro- chés , soit des chrétiens , soit des mahométans et même des guèbres actuels sans vou- loir passer ni pour les uns: ni pour les au- tres. Les autres métamorphoses des croyances des Mendaïtes étant presque inintelligibles n'entrent pas dans le cadre des recherches de M. Chwolsohn , qui se contente de porter l'attention sur un fait fort remarquable et bier propre à démontrer les rapports intimes entamés entre le parsisme et le mendaïs me. C'est par la méprise des navigateurs portu- gais qui se laissaient tromper par quelques particularités du culte mixte des Mendaites, qu'on les a désignés , au XVII siècle , par la dénomination de Chrétiens de Saint-Jean. Il n'importe qu'ils pratiquent encore , outre le sacrifice du bélier , de la poule et plusieurs autres coutumes magiques et su- perstitieuses , des lustrations fréquentes et variées, instituées suivant leur assertion , depuis la création du monde ; les mission- naires les plus judicieux du xvII siècle s'é- taient déjà aperçu que les Mendaïtes sont en substance des restes des anciens Chal- déens ( Babyloniens) et qu'ils ne méritent point , ni pour leurs lustrations extérieures , ni pour aucun autre motif, le nom de chrétiens. M. Chwolsohn , en joignant les résultats tirés des sources arabes aux observations de missionnaires bien instruits , n'hésite pas à regarder les associations nombreuses des Mendaïtes babyloniens (Chaldéens ) comme des païens déguisés . Opprimés et persécutés par les mahométans , ils se sont appliqués à substituer , pour se mettre à l'abri de la per- sécution , quelques personnages bibliques à leurs génies mythologiques. C'est ainsi que les Mendaïtes ont échangé, par exemple, les noms de leurs principaux génies , Mouhr, Rast et Rosch, contre les noms d'Abel , de Seth et d'Enoch. Et cependant ces trois génies durent avoir enseigné la doctrine des sept planètes ou des mauvais génies aux ancêtres des Mendaïtes . Cette confusion d'idées ne serait point intelligible, si les noms de ces trois génies Mouhr (Mithra) , Rast ( Razista) et Rosch ( Raveo) ne prouvaient eux-mêmes une origine persane. Les Mendaites actuels paraissent mena- cés d'une extinction totale ; il y a une qua- rantaine d'années que M. Silvestre de Sacy, ayant demandé sur leur compte des rensei- gnements à M. Rousseau , vice-consul de France à Bassora , recevait la réponse sui- vante : « Réduits au nombre de 4 ou 5000, oppri- més par les Persans et par les Turcs , les Sabéens vivent dans la misère et dans l'abais- sement. Ils ont plusieurs Scheikhs : un pour marier les filles vierges ; un autre pour celles qui ne le sont pas (le premier ne voulant pas se charger de cette cérémonie, y attachant une sorte de déshonneur) et un autre pour marier les veuves. Ils ne parlent ni n'en- tendent le syriaque ; la langue qu'ils em- ploient est la langue écrite, celle de leurs livres. Ils n'ont aucune traduction de leur Livre d'Adam en arabe, ni en turc, ni en persan. Ils se marient entre eux et ne souf- frent pas que leurs filles choisissent des époux hors de leur secte. Ils ne font plus de pèlerinage au Jourdain . Les musulmans

�289 PART. I. LIVRE DU COMBAT D'ADAM. - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. 290 - les maltraitent fort dans la but de leur ex- torquer quelque argent. >> Depuis 1812 , date de cette lettre , la posi- tion de ces malheureux ne paraît point s'être améliorée . ADAM . (Livre de la pénitence ou du combat d'Adam . ) Deux manuscrits syriaques faisant partie de la collection du Vatican , n° 58 et 164 , ren- ferment des fragments d'un ouvrage intitulé la Pénitence d'Adam ou le Testament d'Adam. Un orientaliste érudit , M. Renan , en a fait l'objet d'une notice insérée dans le Journal asiatique, 5 série, t . II (1853), p. 427-471 ; il regarde avec raison cet ouvrage comme n'étant pas dénué de quelque importance , puisqu'il appartient à un livre d'origine gnostique qui fut en possession d'une cer- taine vogue dans les premiers siècles de l'ère chrétienne. Le Pape Gélase , dans son rescrit de l'an 444, le mentionne comme apocryphe (Liber qui appellatur Pœnitentia Adæ apocry- phus) . Plusieurs critiques pensent que l'Apo- calypse d'Adam, mentionnée par saint Epi- phane dans son traité adversus Hæreses , était le même ouvrage que la Pénitence d'Adam . M. Renan montre d'ailleurs que le mot Pénitence (peravo ) désignait dans la littéra- ture apocryphe des révélations d'une certaine espèce, et qu'il était à peu près synonyme d'apocalypse. Ce savant regarde comme les plus intéressants de ces fragments ceux qui sont relatifs à la distribution du jour et de la nuit et aux liturgies mystiques qui y étaient attachées dans la vie paradisiaque. Il a employé, pour constituer le texte de ce livre, outre les deux manuscrits du Vati- can , et un manuscrit du musée britannique, quatre manuscrits arabes ( un du Vatican, trois de la Bibliothèque impériale), et après avoir donné le texte syriaque , il y a joint des notes et une traduction française ; nous lui emprunterons, pour donner une idée de cet écrit, les dernières paroles qui le terminent et qui sont placées dans la bouche de Seth : « Et moi, Seth, j'ai écrit ce testament , et après la mort de mon père Adam , nous l'ensevelimes, moi et mon frère, à l'orient (172) M. Renan observe qu'un des manuscrits arabes offre un préambule plits développé, et il le traduit de la manière suivante : Ceci est le testament d'Adam , le père du genre humain, adressé à son fils Seth. Cette révélation lui fut faite au temps où il était encore dans le paradis, etildit : Ecoute et renferme dans ton cœur , ô mon fils Seth, les instructions que je te donne par ce testa- ment, et transinets-les, à ta mort, à ton fils Enos ; que celui-ci les transmette à Caïnan, et Caïnan à Malaléel . Que tous vos descendants se conforment à ces prescriptions, et en soient instruits de généra- tion en géneration . La première chose que je te re- commande, mon fils , c'est que lorsque je serai mort, tu embaumes mon corps avec de la myrrhe et de la cannelle, et que tu le places dans la Caverne des trésors, au pied de la montagne, et que ceux de tes descendants qui vivront à l'époque où vous DICTIONN. DES APOCRYPHES . I. - du paradis, en face la ville d'Hénoch , la première qui fut bâtie sur la terre . Et les anges et les vertus des cieux firent eux- mêmes ses funérailles , parce qu'il avait été créé à l'image de Dieu . Et le soleil et la lune s'obscurcirent, et il y eut des ténè- bres pendant sept jours. Et nous scella- mes ce testament, et nous le plaçâmes dans la Caverne des trésors où il est resté jus- qu'à ce jour avec les trésors qu'Adam avait tirés du paradis , l'or, la myrrhe et l'en- cens . Et les fils des rois Mages viendront, les prendront , et les apporteront au Fils de Dieu , dans la grotte de Bethléem de Juda (172). » Le savant qui nous fournit ce passage , re- marque que la légende de la caverne des tré- sors est fort répandue parmi les chrétiens d'O- rient et même chez les musulmans . Elle est racontée avec plus de détails que partout ail- leurs dans la Chronique de l'arménien Denys de Telmahar, qui écrivait au vin siècle et dont l'ouvrage a été publié par M. Tull- berg (Upsal , 1850) . D'après ce récit, Adam et tous les patriarches autédiluviens furent enterrés dans cette caverne . Là aussi Adam et Seth cachèrent l'or, l'encens et la myrrhe que les mages devaient à Bethléem offrir au Sauveur. La connaissance de ces mystères se conserva de père en fils dans la race de Seth . Noé et ses enfants, à l'approche du dé- luge, retirèrent de la caverne les corps de leurs ancêtres et les trésors qui y étaient renfermés . Voici , tel que M. Renan l'a fait passer en français , ce qui concerne la distribution du jour. TESTAMENT DE NOTRE PERE ADAM. Heures de la nuit (173) . « Première heure de la nuit . C'est l'heure de l'adoration des démons ; durant tout le quitterez la région sacrée qui entoure le paradis, emportent mon corps avec eux, l'enferment dans une arche, le transportent jusqu'au point central du monde et l'y déposent . C'est en ce lieu que s'opé- rera le salut pour moi et toute ma postérité . Et après ma mort, o'mon fils Seth, tu gouverneras ta tribu sous la crainte de Dieu, et tu éviteras tout commerce, toi et ta famille, avec les enfants de Caïn le,meurtrier. Et apprends, mon fils , le détail des heu- res du jour et de la nuit, les noms de ces heures, quels sont les êtres qui, à chacune de ces heures, adressent à Dieu leurs louanges , comment ils doi vent prier Dieu, et à quelle heure doivent avoir lieu les prières et les prostrations. Mon Créateur m'ap- prit toutes ces choses, ainsi que le nom de tous les animaux qui sont sur la terre et des oiseaux des cieux. (173) Ces divisions des heures se retrouvent dans les Canons apostoliques des Copics publiés par M.Tat 10

�201 252 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. temps que durent leurs adorations , ils cessent de faire le mal et de nuire à l'homme, parce que la force cachée du Créateur de l'univers les retient. « Deuxième heure . C'est l'heure de l'adora- tion des poissons et de tous les reptiles qui sont dans la mer. « Troisième heure . Adoration des abîmes inférieurs et de la lumière qui est dans les abîmes et de la lumière inférieure que l'homme ne saurait sonder. Quatrième heure Trisagion de séraphins. Avant mon péché, j'entendais à cette heure, O mon fils, le bruit de leurs ailes dans le pa- radis ; car les séraphins avaient coutume de battre des ailes en rendant un son harmo- nieux dans le temple consacré à leur culte . Mais depuis que j'eus péché et transgressé l'ordre de Dieu , je cessai de les voir et d'en- tendre leur bruit, ainsi qu'il étaitjuste. «Cinquième heure . Adoration des eaux qui sont au-dessus des cieux . A cette heure , ô mon fils Seth, nous entendions , moi et les anges , le bruit des grandes eaux élevant leur voix pour rendre gloire à Dieu , à cause du signe caché de Dieu qui les agite . « Sixième heure . Assemblage des nuées et grande terreur religieuse qui marque le milieu de la nuit . << Septième heure . Repos des puissances et de toutes les natures pendant que les eaux dorment, et à cette heure , si l'on prend de l'eau, que le prêtre de Dieu y mêle de l'huile sainte et oigne de cette huile ceux qui souf- frent et ne dorment pas , ceux- ci sont guéris . « Huitième heure . Actions de grâces ren- dues à Dieu pour la production des herbes et des graines , au moment où la rosée du ciel descend sur elles . « Neuvième heure . Service des anges qui se tiennent devant le trône de la grandeur. Dixième heure. Adoration des hommes ; la porte du ciel s'ouvre afin d'y laisser en- trer les Prières de tout ce qui vit ; elles se prosternent, puis elles sortent . A cette heure, tout ce que l'homme demande à Dieu lui est accordé, au moment où les séraphins battent des ailes et où le coq chante. « Onzième heure . Grande joie dans toute la terre, au moment où le soleil monte du pa radis du Dieu vivant sur la création , et se lève sur l'univers . « Douzième heure . Attente et profond si- lence parmi tous les ordres de lumières et tam; les étoiles , les arbres , les eaux y ont, comme dans la Pénitence d'Adam , leurs heures d'adorations, (the Apostolical Constitutions in coptic,Londres, 1848, p. 80-88. ) Les mêmes idées se retrouvent dans les Constitutions apostoliques grecques (1. vIII, ch. 34, édit. de Cotelier, 1724, 1 , 420), et dans S. Hippo- lyti Opera, ed, Fabricius, Hamburgi, 1716, 1 , 255. L'historien Cédrenus y fait aussi allusion lorsqu'il parle du livre d'Adain . Nous transcrivons la ver- sion latine de ce passage, tel qu'il se trouve dans l'édition de Paris, in fol . 1647, p. 9. Adamus sexcentesimo anno cum resipuisset, patefactionedivinade Egregoribus et diluvio edoctus est, ac de pœnitenția , et incarnatione Dei atque d'esprits jusqu'à ce que les prêtres aient placé des parfums devant Dieu ; puis tous les ordres et toutes les puissances du ciel se séparent. >> Voilà pour les heures de la nuit. » Transcrivons encore les paroles qu'Adam adresse à Seth et ce qu'annonce l'auteur au sujet de la hiérarchie céleste . « Encore d'Adam, notre premier père. « Adam dit à son tils Seth : Tu sais, mon fils Seth, que Dieu descendra du ciel en terre à la fin des temps, qu'il naîtra d'une vierge, revêtira un corps , naîtra comme un homme, grandira comme un enfant ordinaire , fera des signes et de grands miracles , marchant sur les flots de la mer comme sur un plancher, commandant aux vents et les apaisant, faisant taire les flots par un signe , ouvrant les yeux aux aveugles, purifiant les lépreux, rendant l'ouïe aux sourds, la parole aux muets , res serrant les membres des paralytiques, re- trouvant ce qui était perdu , chassant les dé- mons, delivrant les possédés , ressuscitant les morts , arrachant au tombeau ceux qui y étaient enfermés . C'était lui , le Christ, qui me dit dans le paradis : Tu as cueilli du fruit qui recélait la mort . Et il ajouta : Adam, Adam, ne crains rien ; tu as voulu être dieu , je te ferai dieu, non pas maintenant, il est vrai, mais au bout d'un grand nombre d'an- nées . Je livrerai ton corps à la mort ; les vers et la pourriture dévoreront tes os . Je lui dis : Pourquoi , Seigneur ? Et il me ré- pondit : Parce que tu as prêté l'oreille à la parole du serpent , toi, et tes enfants , après toi, vous serez la pâture du serpent . Mais bientôt après ma miséricorde se révélera sur toi, parce que je t'ai créé à mon image , et jo ne permettrai pas que tu restes dans le scheol (le tombeau , les enfers) . A cause de toi , je naîtrai de la vierge Marie ; à cause de toi , je goûterai la mort, j'entrerai dans la maison des morts ; pour toi , je créerai une terre nouvelle et des cieux nouveaux , et j'en donnerai le domaine à tes enfants . Et après trois jours passés dans le tombeau , je re- prendrai le corps que j'ai revêtu de lui, puis montant au ciel , je l'y ferai asseoir à la droite de ma divinité et je te ferai dieu comme tu F'as voulu . Et je te ferai part de mes dons et je t'apprendrai, à toi et à tes enfants, qu'il y a une justice dans le ciel .... « Tu as entendu , mon fils Seth , qu'il vien- dra un déluge qui lavera toute la terre, à cause du crime des fils de Caïn qui , par de precibus quæ ad Deum ab universis creaturis diei ac noctis singulis horis perferuntur, ab Urielo qui angelorum princeps (archangelum Græci vocant) poenitentiæpræpositus est. Res ita habet . Prima diei hora, preces peraguntur primæ in cœlo ; secunda, preces angelorum ; tertia , volucrium ; quarta, jumen- torum ; quinta , bestiarum ; sexta , angeli assistunt omnesque discernuntur creaturæ ; septima, ad Deum angeli intrant et exeunt; octava, laudatio et sacrifi- cia angelorum ; nona , precatio et cultus ab homi- nibus ; decima, aquarum inspectio , precesque cœ- lestium ac terrestrium ; undecima , mutua confes- sio et exsultatio omnium; duodecima, interpellatio honiinum Deo accepta. ›

�293 294 PART. I. - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. — LIVRE DU COMBAT D'ADAM. jalousie contre Lébora, ta sœur, a tué Abel , ton frère , car par suite du péché de ta mère Eve, ils ont été créés pécheurs . Et après le déluge, ce monde durera encore deux mille ans, et puis viendra la fin du monde. Encore du testament de notre père Adam (174). Quelle est la nature des puissances cé- lestes, quels sont les offices et les attribu- tions que le Tout-Puissant leur a conférés pour le gouvernement de ce monde ? écoutez- les , mes amis . Ces êtres forment différents ordres placés les uns au-dessous des autres, jusqu'à celui qui est immédiatement porté et miû par Jésus-Christ . « L'ordre inférieur est celui des Anges . L'attribution qui leur est confiée par Dieu est de veiller sur chacun des hommes . A chaque homme vivant en ce monde est ad- joint , pour sa garde, un ange de cet ordre inférieur tel est leur office . a Le second ordre est celui des Archanges. Leur fonction est de faire vivre tous les êtres par l'ordre de Dieu . Tout ce qui existe dans la création, soit animaux terrestres , soit animaux ailés, soit reptiles, soit poissons, en un mot, tout ce qui est dans ce monde, à l'exclusion des hommes, est confié à leur soin et à leur gouvernement . « Le troisième ordre est celui des Princi- pautés. Leur fonction est de se porter des lieux où les nuages montent des extrémités de la terre, selon la parole du prophète Da- vid, et de faire descendre la pluie sur la terre . Tous les changements de l'atmosphère, la pluie , la grêle , la neige , les pluies de poussière, les pluies de sang, sont produits par eux. A ceux -ci appartiennent aussi les tonnerres et les éclairs. « Le quatrième ordre est celui des Puis- sances. Leur fonction est le gouvernement des corps lumineux , comme le soleil , la lune et les étoiles . a Le cinquième ordre est celui des Vertus. Leur fonction est d'empêcher les démons de (174) Ce fragment ne se trouve que dans un ma- nuscrit syriaque ; on peut douter qu'il ait fait partie du texte primitif du Testament d'Adam. La doc · trine qu'il présente est un abrégé de celle de la Hiế- rarchie céleste de Denys l'Areopagite . (175 ) Il fait partie d'une collection importante de manuscrits rapportés d'Abyssinie par un intrépide voyageur allemand, et que possède la bibliothèque del'université de Tubingue. Un orientaliste fort distingué , M. Ewald, a donné deux notices intéressantes sur ces manus- crits dans une publication périodique allemande, consacrée aux études orientales : Zeitschrift fürdie Kunde des Morgenlandes, herausgegeben von Chr. Lassen, t . V. (Bonn. 1844) et Zeitschrift der deul- schen Morgenlandische Gesselschaft, t. I , p. 44, Leipsick, 1847. Les principaux ouvrages qu'il fait connaître sont : Le Koufalie, ouvrage où le savant Allemand croit reconnaitre la Petite Genèse, sans l'établir cepen- dant d'une manière formelle. Koufalie signifie en éthiopien division , et l'ouvrage a reçu ce titre parce qu'il commence par ces mots : Ceci est la division dujour. détruire la création de Dieu par envie pour les hommes . Car s'il était permis à la race maudite des démons de faire sa volonté pen- daut une heure , à l'instant ils bouleverse- raient toute la création ; si , dis-je , la puis- sance de Dieu ne veillait sur eux , et ne leur avait imposé des gardiens qui les empê- chent de faire le mal qu'ils désirent . « Le sixième ordre est celui des Domina- tions. Leur attribution est d'avoir l'inten- dance sur les royaumes . Entre leurs mains sont les victoires et les défaites, comme l'é- prouva le roi d'Assyrie ; en effet, lorsqu'il inarcha sur Jérusalem, l'ange descendit , dis- persa son armée impie, et en un instant il per- ditcent quatre-vingt-cinq mille hommes.Saint Zacharie (le prophète ) vít aussi un ange sein- blable à un homme monté sur une jument rousse, se tenant à l'omire au milieu d'un bouquet d'arbres, et derrière lui des che- vaux blancs et roux (montés par des anges) qui tenaient des épées dans leurs mains . Ju das Machabée aussi vit un ange monté sur un cheval roux, tenant dans sa main une coupe d'or ; et quand l'armée d'Antiochus l'impie aperçut cet ange, elle prit la fuite devant lui. Toutes les victoires et toutes les défaites, ce sont eux qui en décident , sur le signe du Dieu vivant qui leur a confié le soin de la guerre. Les autres ordres sont ceux des Trônes, des Séraphins et des Cherubins ; ce sont eux qui se tiennent devant la grandeur de Notre- Seigneur Jésus - Christ , font le service du trône, et lui adressent à toute heure leurs. hommages et leurs offrandes. Les chérubins portent le trône avec respect et tiennent le sceau . Les séraphins font le service de la chambre de Notre-Seigneur. Les trônes sont placés à la porte du Saint des saints . « Telle est en vérité la division des fonc- tions confiées aux anges qui ont le gouver- nement de ce monde. »> Il ne faut pas confondre le Livre de la Péni- tenced' Adam, avec un ouvrage (175) traduit de Le Gadela Adam ou Combat d'Adam (c'est l'ou- vrage dont nous parlons en détail ) . Le Masshafa Alistir, ou le Livre des mystères ; c'est un traité polémique contre les hérésies. La Taamra Jesu , ou récit de trente miracles opé- rés par Jésus-Christ . La littérature abyssinienne, composée en presque totalité d'écrits religieux , offre aux investigations des érudits un champ qu'ils commencent à défri- cher, et qui produira sans doute des fruits impor- tants. Il n'existe guère à cet égard que les ouvrages aujourd'hui bien arriéres de Ludolphe (Historia Ethiopica, 1681 , in-fol .; Lexicon Æthiopico-latinum , 1699), et la notice de Gésénius, sur la langue et la littératureéthiopienne dans l'Encyclopédie de Ersch et Grüber, t. 11 , p. 110. On consultera aussi une no- tice insérée dans le Foreign quarterly Review, no XLVII , intitulée : The Ethiopians, their origin and apocryphal books. Quant aux collections de manuscrits éthiopiens qui existent dans les grands dépôts publics , et qui sont loin d'être toutes bien connues, quelques-unes ont été l'objet de travaux spéciaux ; nous pouvons citer : J.D.Winkler: Keyfez Biblioth . reg Berolinensis

�295 296 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. l'éthiopien et publié en allemand par M. Dillmann, professeur à Tubingue : Das christ- liche Adambuch des Morgenlandes , Gottingue, 1853. Ce dernier écrit ,dont le vrai titre est le combat d'Adam et d'Eve (contre Satan), est une espèce de chronique qui embrasse toute la période de l'Ancien Testament et qui s'ef- force de réunir les légendes répandues en Orient sur Adam, sur le paradis terrestre et sur la vie des premiers patriarches ; il paraît traduit de l'arabe et ne remonte pas à une bien grande antiquité, car il renferme de nombreuses allusions à des usages ecclésias- tiques assez modernes. M. Renan observe ju- dicieusement que les traditions contenues dans ces divers écrits formaient un fond lé- gendaire commun à toutes les chrétientés de l'Orient et qui n'avait pas de rédaction bien arrêtée. C'est à un autre ordre de traditions qu'ap- partiennent les récits qui avaient cours au moyen âge sur la pénitence et sur la mort d'Adam , et qu'on peut lire dans divers ma- nuscrits de la Bibliothèque impériale .(M. Pau- lin Paris, Manusc . français de la Bibl . roy. t. 1, p. 124. ) Ceux-ci se rattachent au cycle du Saint - Graal, au sujet duquel on trouve de longs détails dans le Dictionnaire des Lé- gendes du christianisme (Migne ) 1855 . Ils ne doivent pas nous occuper ici en détail . Nous dirons seulement que d'après la légende de la Pénitence d'Adam , répandue au moyen âge et qui forme une épisode du poëme que nous venons de rappeler, Eve avait cueilli un rameau de l'arbre ; elle l'emporta en quittant le paradis et le ficha en terre : il en vint un grand arbre sous lequel fut tué Abel ; plus tard il fut employé à la construc- tion du Saint des saints dans le temple de Salomon ; enfin il fournit les branches des- quelles on fit la vraie croix. Il est probable que cette légende avait été empruntée par le Saint -Graal à l'évangile apocryphe d'Eve . M. Van-Präet en a fait de ces récits une Jongue analyse dans ses Recherches sur Louis de Bruges, Paris, 1831 , in-8 . M. Dillmann juge avec raison que le livre du Combat d'Adam est digne d'être connu comme réunissant les légendes répandues dans l'Orient au sujet des patriarches et qui remontent à une très-haute antiquité , et comme jetant un jour curieux sur les opi- nions répandues en Abyssinie . Cette composition se divise en trois par- ties : la première , plus étendue que les deux autres, renferme l'histoire d'Adam et Eve jusqu'à la mort d'Adam ; la seconde com- prend l'histoire des patriarches jusqu'à l'é- poque du décès de Noé ; la troisième em- brasse les périodes suivantes jusqu'à la mort de Jésus -Christ. L'ouvrage est d'abord æthiopica descripta. Erlangen , 1752, in -4° . Th. Pell Platt , Catalogue of the Ethiopic biblical manuscripts in the royal library of Paris and in the british and foreign Bible society, also some account of these in the Vatican library at Rome . With remarks and extracts. Londres, 1825 , in -4°. un récit coloré de la vie de nos premiers parents ; à la fin, il présente toute la séche- resse d'une chronique . Il représente l'homme avant sa chute comme la plus parfaite de toutes les créatures , élevé au-dessus des anges, exempt de tous les besoins corpo- rels , doué d'une connaissance universelle ; le ciel lui était ouvert ; il prenait part aux hommages rendus au Très- Haut . L'auteur montre les descendants d'Adam comme divisés en deux branches bien dis- tinctes les Caïnites se sont consacrés à Sa- tan ; ils vivent dans un pays fertile , mais très-éloigné de l'Eden ; ils se livrent à tous les plaisirs de la chair et à l'immoralité ; les Sethites, au contraire, habitent les monta- gnes, près du jardin ; ils sont fidèles à la loi divine et portent le nom de fils de Dieu, mais les ruses de Satan finissent par en sé- duire un grand nombre qui se mêlent aux Caïnites, et il n'en reste qu'un bien petit nombre qui restèrent sur la montagne sainte jusqu'à ce que le déluge vint châtier les ex- cès de la race humaine ; alors ils se réfu- gièrent dans l'arche qui , poussée vers l'Oc- gné, près du centre de la terre et des lieux eident, les conduisit dans un pays éloi- qui devaient servir de théâtre à la rédemp- tion du monde . Le transport par Sem et Melchisédech du corps d'Adam sur le mont Golgotha , la nou- velle guerre que Satan déclare à l'homme et qui a pour résultat de faire tomber celui-ci dans les erreurs de l'idolâtrie, la vie d'A- braham, sont les seuls points que la troi- sième partie raconte avec quelque dévelop- pement ; le surplus n'est guère qu'un ré- sumé chronologique où les récits légendai- res ont disparu . La recommandation de se tourner vers l'Orient au moment de la prière , le jeûne de quarante jours , la communion des en- fants, le sacrifice pour les morts, la sépara- tion des sexes dans l'arche , donnée comme un symbole de l'Eglise chrétienne ; bien des circonstances rappellent les usages du chris- tianisme en Orient à des époques reculées. L'absence de tout mot grec donne lieu de supposer que l'ouvrage ne découle point d'une source grecque ; il a dû être traduit de l'arabe , on remarque des expressions empruntées à cette langue, et il s'est proba- blement introduit de l'Egypte en Ethiopie. Bon nombre des légendes qu'il raconte se retrouvent dans les Annales du patriarche d'Alexandrie , Said Ibu Batrik ( Eutychius) , qui vivait aux siècle, dans l'Histoire des Sarrasins de George Elmacin , et dans les ou- vrages historiques écrits au x ' siècle par Grégoire Abulpharage (176) . Des récits semblables, mais moins éten- dus, se trouvent dans un autre manuscrit Catalogue ofthe Ethiopic mss. in the British Mu- seum , 1847 , in-fol. Une notice dans le journal l'Institut , 1858 , p . 60, sur les manuscrits de la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg. (176) Eutychii Contextio gemmarum, sive Ann lei

�207 ᏢᎪᎡᎢ, L. 298 - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. LIVRE DU COMBAT D'ADAM. éthiopien qui est également à la bibliothè- que de Tubingue : il renferme des écrits attri- bués à saint Clément le romain , et il semble être le même ouvrage que celui qui se conserve en arabe au Vatican et qu'Assemani , dans sa Bibliotheca orientalis Vaticana , désigne sous le titre suivant : Clementis libri vin qui Ariani appellantur. LE COMBAT D'ADAM ET EVE qu'ils eurent à soutenir après leur expulsion du jardin et pendant leur séjour dans la caverne des Trésors ( 177), selon l'ordre du Seigneur , leur créateur . Dien planta le troisième jour le jardin à l'orient de la terre , aux frontières orientales du monde , après lesquelles il n'y a rien à l'orient si ce n'est l'eau qui entourre la terre et qui touche aux confins du ciel . Au côté nord du jardin est une mer d'une eau douce et d'une pureté incomparable ; sa transpa- rence est telle qu'on voit toute la profondeur du monde , et que, lorsqu'un homme se baigne dans cette mer , la pureté de cette eau le rend pur et sa blancheur le rend blanc , lors même qu'il serait noir . Dieu avait fait cette mer parce qu'il savait que l'homme serait chassé du jardin , et que, parmi sa postérité, il y aurait des justes destinés à la mort ; au dernier jour , lorsque leurs âmes repren- dront leurs corps , ils se baigneront dans cette mer, et elle effacera les péchés de tous ceux qui auront fait pénitence . Quand le Sei- gneur chassaAdam et Eve dujardin , il ne vou- lut pas qu'ils habitassent du côté du nord , parce qu'ils se seraient baignés dans la mer et qu'ainsi purifiés de leur péché , ils au- raient oublié leur désobéissance passée et n'auraient plus songé à l'expier par le repen- tir . Et Dieu ne voulut pas qu'Adam habitat du côté du sud , parce que les douces odeurs de l'arbre seraient venues jusqu'à lui et que, consolé par ce parfum , il n'aurait pas fait pé- nitence . Le Seigneur, qui est compatissant et miséricordieux , et qui règle toutes choses dans sa sagesse infinie , voulut qu'Adam ha- bitat à l'ouest du jardin, car le pays qui s'é- tend de ce côté est très-étendu (178). Et le Seigneur lui ordonna de demeurer dans une caverne , qui est la caverne des trésors , au- dessous du jardin . Notre père Adam et Eve , lorsqu'ils sor- tirent du jardin et qu'ils en eurent franchi la porte , furent saisis d'effroi lorsqu'ils vi- (Arab. et Lat.) interprete Ed . Pocockio, Oxonii , 1658- 59, 2 vol. in-4°. G. Elmacini Historia Saracenica , Arabice et Latine reddita a Th. Erpenio, Lugd. Batav. , 1625, in- fol. Greg. Abul-Pharagii, Chronicon Syriacum edidit C. G. Kirsch , Leipzig, 1789 , 2 vol . in-4° ; Historia compendiosa dynastiarium (orientalium) , opera Ed. Pocockii, Oxford. 1663, 2 vol. in-4°. (177) La caverne des trésors , renfermant les ob- jets venant de l'Eden , et apportés à Adam par les anges, servit de sépulture aux premiers patriar- ches; il en est souvent question dans les écrivains orientaux . Il existe au Vatican un manuscrit syriaque qui , --- rent devant eux les rochers , les pierres pe- tites ou grosses et le sable ; ils tombèrent par terre et restèrent comme morts . Ils avaient été jusqu'alors dans le magnifique jardin tout planté d'arbres, et ils se trouvaient dans une terre qu'ils n'avaient jamais vue et qui leur était inconnue . Le Seigneur eut pitié d'eux et , lorsqu'il les vit étendus à la porte du jardin , il adressa la parole à Adam et lui dit : « J'ai réglé les jours et les années sur cette terre ; tu erreras sur sa surface et tu subiras les peines de ta désobéissance , et après cinq jours et demi , tu sera délivré . » Adam pleura et pria le Seigneur de l'éclai rer , et le Seigneur , touché de miséricorde pour Adam , qui était fait à son image , lui dit que les cinq jours et demi signifient 5500 ans , et qu'après ce temps , il viendrait le délivrer , lui et sa race. Et précédemment le Seigneur avait con- clu un pacte avec Adam . avant qu'il ne sor- tit du jardin et lorsqu'il était venu auprès de l'arbre dont Eve avait cueilli le fruit et lui avait donné à manger ; car notre père Adam , lorsqu'il dut quitter le jardin , se re- tourna pour voir l'arbre et vit que Dieu en avait changé la forme et qu'il était devenu tout désséché ; il fut rempli d'épouvante et il trembla , et Dieu , dans sa miséricorde ,. vint à lui et fit avec lui cette alliance . Et lorsque Adam était auprès de la porte du jardin il vit le chérubin qui tenait en sa main un glaive de feu, et le chérubin était irrité et détourna son visage à leur aspect ; alors Adam et Eve eurent peur, et ils pen- sèrent qu'il allait les tuer et ils tombèrent le visage contre terre . Mais il eut compassion d'eux, il alla vers le ciel et il dit au Sei- gneur : « Seigneur, tu m'as envoyé pour gar- der la porte du jardin armé d'une épée de entre autres compositions apocryphes , contient un écrit intitulé : Spelunca thesaurorum, hoc est Chro- nicon e Scriptura desumptum ab Adam usque ad Christum et in partes vi divisum quarum unaquæ- que res gestas per mille annos complectitur. Voy. Asse- mani, qui l'indique , Biblioth. orientalis , t. II, 498, et qui en donne de courts extraits, t. III, p. 281 (178) L'idée que l'Eden était placé aux extrém . - tés de l'occident, sur la montagne la plus élevée de la terre, se rencontre dans un grand nombre d'an- ciens auteurs. Voy. les hymnes de saint Ephrem şur le paradis; la Topographie de Cosmas Indicopleustes, publiée par Montfaucon ; Barcephas , De paradiso, dans la Bibliotheca maxima Patrum, t . XVIII , etc.

�299 390 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHIES. feu ; lorsque tes serviteurs Adam et Eve m'ont vu, ils sont tombés sur leur face et sont restés comme des cadavres . Daigne nous dire ce que nous devons faire de tes servi- teurs . » Et Dieu eût pitié d'eux , il envoya son ange pour garder le jardin , et la parole du Seigneur vint à Adam et Eve et les releva. Et le Seigneur parla à Adam : « Je t'ai dit que dans cinq jours et demi j'enverrai ma parole et que je te sauverai ; prends donc courage et relève-toi dans la caverne des trésors dont je t'ai déjà parlé . » Et quand Adam entendit cette parole du Seigneur, il fut consolé parce que le Seigneur lui avait dit qu'il le sauverait. Mais Adam et Eve pleurèrent parce qu'ils étaient expulsés du jardin leur première de- meure, et quand Adam vit combien son corps était changé , il pleura beaucoup ainsi qu'Eve, et ils eurent un grand repentir de ce qu'ils avaient fait . Et quand ils furent arrivés à la caverne des trésors , Adam pleura sur lui-même et dit à Eve : « Regarde cette ca- verne qui doit nous servir de prison en ce monde et de lieu de châtiment . Oh ! qu'est-elle en comparaison du jardin ? Qu'est son peu de largeur à côté de l'étendue qu'il avait ? que sont ces rochers auprès de ses belles prairies ? que sont les ténèbres de cette ca- verne auprès de la lumière du jardin ? qu'est ce toit de rocher auprès de la miséricorde du Seigneur qui nous couvrait ? qu'est ce terrain semé de pierres auprès du sol planté d'arbres chargés de fruits ? » Et Adam dit à Eve : « Autrefois mes yeux et les tiens pou- vaient regarder le ciel et les anges et célé- brer sans relâche les louanges du Seigneur ; aujourd'hui nos yeux sont devenus terres- tres et ne peuvent plus contempler ce qu'ils voyaient jadis . » Et notre père Adam dit à à Eve : « Oh ! comme notre corps est devenu différent de ce qu'il était le premier jour que nous demeurions dans le jardin . » Et Adam ne voulait pas entrer dans la caverne, et il n'y serait jamais entré si Dieu ne lui en eût donné l'ordre, mais il dit : « Si je n'y de- meure pas , je violerai encore le commande- ment du Seigneur. » Et Adam et Eve entrè- rent dans la caverne et ils se mirent à prier dans une langue qui est inintelligible pour nous, mais qui leur était bien connue. Et tan- dis qu'ils priaient, Adam leva les yeux et il aperçut la voûte qui recouvrait la caverne et qui lui dérobait la vue du ciel et de tous les ouvrages du Seigneur ; alors il pleura et il se frappa la poitrine jusqu'à ce qu'il tombât et qu'il restât comme mort , et Eve le vit comme mort et elle pleura . Ensuite elle se leva , elle étendit les mains vers le Seigneur et dit : « O Seigneur, par- donne-moi les péchés que j'ai commis et ne m'en châtie pas, car c'est ma faute si ton ser- viteur est tombé du jardin dans cette misère , et s'il se trouve dans les ténèbres au lieu de la clarté et dans la douleur au lieu du plai- sir; ô Seigneur, jette les yeux sur ton esclave qui est étendu par terre et ramène-le de la mort , afin qu'il pleure et qu'il fasse péni- tence pour la transgression de tes ordres qu'il a violés à cause de moi ; ne prends pas son âme , mais permets- lui d'accomplir la pénitence que tu as prescrite et de faire ta volonté avant sa mort . Mais si tu ne veux pas le réveiller, Seigneur, alors prends aussi mon âme et ne me laisse pas seule dans cette captivité , car je ne puis demeurer seule en ce monde. Seigneur, lui et moi ne sommes qu'un, et tu es notre créateur, nous ayant faits tous deux le même jour. Rends - lui la vie, Seigneur, pour qu'il soit avec moi dans ce pays étranger où tu nous as placés à cause de nos fautes, et si tu ne lui rends pas la vie, prends la mienne , afin que nous mour- rions tous deux le mêmejour. » Et elle pleura du fond de son cœur, et dans l'excès de son chagrin , elle tomba sur le corps de notre père Adam. Le Seigneur la regarda , et elle était comme morte par l'excès de son cha- grin, et voulant la consoler, il lui envoya sa parole, lui annonçant qu'elle devait se rele- ver, et elle se releva aussitôt . Et le Seigneur dit à Adam et Eve : Vous avez volontaire- ment violé mes commandements , de sorte que vous avez dû sortir du jardin que je vous avais assigné pour demeure ; vous avez voulu vous élever à la puissance et à la grandeur que je possède : aussi je vous ai fait décheoir de l'état de lumière où vous étiez et je vous ai bannis dans un lieu aride et rempli de pei- nes . Si vous n'aviez pas violé mes comman- dements et que vous eussiez obéi à ma loi, et si vous n'aviez pas mangé du fruit de l'ar- bre que je vous avais interdit, vous n'auriez pas éprouvé tous ces maux, mais vous avez été séduits par le méchant Satan , dans le- quel il n'est rien de bon, que j'ai créé , mais qui me hait et qui a voulu aspirer à la divi- nité, de sorte que je l'ai précipité du ciel , et il vous a amenés à me désobéir . Je suis le créateur de toutes choses et je n'ai pas voulu détruire mes créatures , mais comme elles m'irritaient grandement , je les ai frappées grandement , jusqu'à ce qu'elles fissent pé- nitence, et si elles persistent dans leur déso- béissance , elles tomberont dans la perte éter- nelle . » Et quand Adam et Eve entendirent les paroles de Dieu , ils pleurèrent encore plus et leur cœur se brisa davantage , et ils implorèrent, en gémissant, la miséricorde du Seigneur . Et Dieu eut pitié d'eux et il dit : « Adam, j'ai conclu mon pacte avec toi , et je ne m'en écarterai point, et je ne te ramène- rai pas dans le jardin , jusqu'à ce que mon pacte soit accompli , c'est-à-dire les cinq grands jours et demi. » Et Adam dit à Dieu : « Seigneur , tu nous as créés et tu nous as placés dans le jardin et avant que je te déso- béisse, tu as amené vers moi tous les ani- maux , afin que je leur donne des noms . Et ta grâce se reposait sur moi et je les nom- mai tous selon ta volonté et tu les avais ren- dus tous incapables de me nuire . Mais , Sei- gueur, à présent que j'ai violé ta loi, toutes les bêtes se lèveront contre moi , pour me dévorer ainsi qu'Eve , ta servante , et ma vie disparaîtra de dessus la surface de la terre . Je te prie, Seigneur, puisque tu nous as ex- pulsés du jardin et que tu nous as assigné

�301 PART. I. - LIVRE DU COMBAT D'ADAM. 302 - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. pour séjour une terre étrangère , de ne pas permettre aux bêtes sauvages de nous nuire .»> Et quand Dieu entendit ces paroles d'A- dam , il eut pitié de lui et il reconnut qu'il avait raison, car les bêtes sauvages l'auraient dévoré. Et Dieu ordonna aux bêtes et aux Ciseaux et à tout ce qui se meut sur la terre de se rendre auprès d'Adam et de faire al liance avec lui et de ne faire aucun mal ni à lui , ni à Eve , ni aux hommes justes et bons qui se trouveraient parmi ses descendants. Et tous les animaux parurent devant Adam selon l'ordre de Dieu, à l'exception du ser- pent contre lequel Dieu fut courroucé parce qu'il ne voulait pas venir avec les autres bêtes . Et Adam pleura et dit : « Seigneur, tant que nous étions dans le jardin , nos cœurs étaient dirigés en haut et nous con- templions les anges qui chantaient tes louan- ges dans le ciel , mais maintenant nous n'a- percevons rien de ce que nous voyions et quand nous sommes entrés dans la caverne, elle nous a caché la vue de tout ce que tu as créé. » Et le Seigneur Dieu parla à Adam et dit : Tant que tu as été dans l'obéissance , la lumière était en toi , aussi voyais- tu les choses les plus éloignées , mais depuis qu'elle t'a été enlevée , tu ne peux plus voir que ce qui est près de toi, selon la puissance de la chair. » Et alors Adam et Eve , en enten- dant cette parole de Dieu , se prosternèrent devant lui et le louèrent dans le trouble de leur cœur. Adam et Eve sortirent de la caverne des trésors et se dirigèrent vers le jardin et s'ar- rêtèrent pour le regarder. Et ils allèrent vers le sud du jardin et ils trouvèrent l'eau qui, sortant des racines de l'arbre de vie , arrose le jardin et de là se répand sur la terre et forme quatre mers. Et ils reconnurent que c'était l'eau qui sort des racines de l'arbre de vie. Et Adam pleura et se frappa la poitrine et dit à Eve: « Ah ! quelles peines et quelles douleurs as-tu amenées sur moi , et sur toi etsur notrerace.»EtEvelui dit:«Qui as-tu vu, et pourquoi pleures-tu ainsi , et me parles-tu de la sorte ? » Et Adam lui dit : Eve, ne vois-tu pas cette eau qui était près de nous dans le jardin , qui en arrose la sur- face et qui ensuite s'écoule au dehors ? Tant que nous étions dans le jardin, nous ne souhaitions point avoir de l'eau , mais au- jourd'hui que nous sommes dans un pays étranger, nous en avons besoin et elle est nécessaire pour notre corps . » Et quand Eve entendit ces mots , elle pleura avec Adam, et ils tombèrent dans l'eau et ils dé- sirèrent que leur vie finit, car leur déses- poir était extrême. Mais le Seigneur compa- tissant et miséricordieux eut pitié d'eux et il leur envoya son ange qui les retira de la mer et qui les mit sur le rivage comme morts. Et l'ange revint vers le Seigneur et dita O Seigneur, tes serviteurs ont perdu la vie ? » Et le Seigneur envoya sa parole à A- dam et à Eve et il les réveilia de leur mort. Et quand Adam fut revenu à la vie, il dit : « O Dieu, tant que nous avons été dans le jardin, nous n'avons pas eu besoin de cette eau ; mais depuis que nous sommes venus dans ce pays , nous ne pouvons nous en pas- ser.»EtDieuditàAdam:«Tantquetuas observé mes commandements, tu n'avais pas besoin d'eau ; mais aujourd'hui elle t'est nécessaire pour soutenir ton corps et le faire croître ; car il est devenu semblable à celui des animaux qui ont besoin de l'eau . »> Et quand Adam et Eve entendirent ces pa- roles du Seigneur, ils furent dans l'afflic- tion , et Adam pria Dieu de lui permettre de revenir dans le jardin et de le voir encore une fois . Mais le Seigneur dit : « Adam , j'ai fait un pacte avec toi , et quand il sera rem- pli , je te ramènerai dans le jardin , toi et les justes de ta race . » Et Dieu cessa de parler à Adam. Et Adam et Eve sentirent en eux une grande ardeur causée par la soif; mais AdamditàEve:«Ilnefautpasquenous buvions de cette eau , Eve ; car nous en mourrions . Si cette eau entre dans notre corps, beaucoup de fléaux nous frapperont, nous et notre postérité . » Et Adam et Eve ne burent point de cette eau , et ils n'en rem- plirent aucun vase, et ils revinrent dans la caverne des trésors . Et Adam ne pouvait voir Eve , à cause de l'obscurité, et il entendait seulement le bruit qu'elle faisait ; et , de même , Eve ne pou- vait voir Adam . Adam pleura et se frappa la poitrine, et dit : « Eve, es-tu là ? » Et Eve lui dit : « Je suis ici , dans les ténèbres . Et Adam se leva et dit : « Pense à la lumière qui nous enveloppait, tant que nous étions dans le jardin ; pense à l'éclat qui nous en- tourait alors , et aux arbres qui jetaient tant de clarté. Tant que nous avons été dans le jardin , nous ne connaissions pas la diffé- rence entre le jour et la nuit ; mais, mainte- nant que nous sommes venus dans cette ca- verne, l'obscurité nous enveloppe , parce que nous avons transgressé les ordres de Dieu ; nons ne pouvons plus nous voir, et la mort vaudrait mieux pour nous que cette vie. » Et Adam frappa sa poitrine, et Eve et lui pleu- rèrent et se lamentèrent toute la nuit et jusqu'à ce que le jour vint ; et Adam et Eve soupirèrent sur la longueur de la nuit, car c'était une nuit d'avril. Et Adam se jeta par terre, accablé de douleur , et il resta comune mort . Et quand Eve entendit le bruit que faisait sa chute , elle tâta autour d'elle avec les mains et le trouva comme mort ; et elle eut peur, elle resta sans parole et se plaça près de lui . Mais Dieu miséricordieux eut pitié d'eux, et la voix du Seigneur vint à Adam et le ranima et rendit la parole à Eve. Et Adam se leva dans la caverne et dit : « O Seigneur, pourquoi nous as-tu privés do la lumière, et pourquoi les ténèbres sont- elles venues sur nous ? Pourquoi nous laisses- tu si longtemps dans l'obscurité et sans pouvoir nous voir, et pourquoi nous punis- tu ainsi ? Lorsque nous étions dans le jar- din, il n'y avait point d'obscurité qui cachat Eve à mes yeux : elle me voyait et jela voyais ; mais depuis que nous sommes dans cette caverne , nous sommes séparés l'un de l'autre et nous ne pouvons plus nous voir. »

�303 304 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHIES. Dieu , qui est miséricordieux , entendit les plaintes d'Adam et lui dit : « Adam, tant que l'ange a été fidèle à mes ordres , la lumière était sur lui et sur ses légions ; mais lors- qu'il eut enfreint mes commandements, je lui retirai la lumière et il devint noir ; tant qu'il était dans le ciel , il ne savait pas ce que c'était que les ténèbres . De même , Adam, je t'ai privé de la lumière en t'expul- sant du jardin ; mais je n'ai pas voulu t'in- fliger une obscurité continuelle , car c'eût été comme si je t'avais privé de la vie . La nuit ne dure pas toujours ; elle se prolonge durant douze heures, et le jour revient en- suite. Ne pleure pas et ne te désole point, et ne dis pas en ton cœur que cette obscurité est trop longue et que je te châtie ainsi trop sévèrement ; prends courage et n'aie point peur. Cette obscurité n'est point un châti- ment j'ai fait le jour et je lui ai préposé le soleil pour l'éclairer, afin que toi et tes en- fants puissiez ainsi effectuer votre travail ; et pendant la nuit vous prendrez du repos, et c'est aussi pendant la nuit que les bêtes sortiront de leurs tanières et chercheront leur nourriture . Adam, l'obscurité est pres- que passée et le jour va paraître. » Mais Adam dit : « Seigneur, prends mon âme et ne me laisse plus voir cette obscurité, ou conduis-moi dans un lieu où il n'y ait pas de ténèbres. » Et Dieu dit à Adam : « Vrai- ment, je te le dis , cette obscurité disparaî- tra de devant toi au jour que j'ai fixé pour l'accomplissement de mon pacte , pour te sauver et pour te ramener dans le jardin . Et je te conduirai au royaume de la lumière vers lequel tu aspires et où les ténèbres sont inconnues , et c'est le royaume du ciel. >> Et le Seigneur dit encore à Adam : « Toute l'affliction que tu endures à cause de ta dé- sobéissance ne te délivrera pas de la main de Satan , ni ne te sauvera point ; c'est moi qui te sauverai quand je descendrai du ciel et que je prendrai la chair de ta race et que je me soumettrai aux douleurs que tu as su- bies. Et les ténèbres qui t'ont enveloppé dans cette caverne m'envelopperont au tom- beau, et je serai compris dans la race des enfants des hommes , afin d'effectuer ton salut. » Et Dieu cessa de parler à Adam . Et Adam et Eve pleurèrent et furent affligés de ce que Dieu ne leur permettait pas de ren- trer dans le jardin jusqu'à ce que les jours fussent accomplis, et surtout de ce qu'il leur annonçait qu'il devait souffrir pour les sau- ver. Et ils restèrent dans la caverne, priant et pleurant , jusqu'à ce que le matin vint éclairer leur visage . Et quand ils virent re- venir la lumière, leur crainte cessa et leurs cœurs furent fortifiés . Et Adam sortit de la caverne , et quand il fut à l'entrée et qu'il se fut tourné vers l'orient, et qu'il vit le soleil monter comme un globe de feu , il sentit son corps brûlé par cette chaleur et il craignit que ce ne fût un châtiment de Dieu . Il se frappa la poi- (179)Josèple (Antiq.Jud . 1. 1, c.1). parlede labeauté du serpent et des quatre pieds qu'il avait d'abord ; trine et tomba la face contre terre , et dit : « O Seigneur, ne me frappe pas et ne me brûle point, et n'ôte point ma vie de dessus la terre. Car il craignait que Dieu ne vou- lût le punir en lui infligeant les souffrances que lui causait l'ardeur brûlante du soleil. Et tandis qu'il était ainsi troublé, la parole de Dieu vint à lui et lui dit : « Adam, lève- toi ; le soleil est fait pour t'éclairer pendant lejour, selon que je t'ai dit dans la caverne et il se montre quand vient le matin , aussi vrai que je suis le Dieu qui t'ai consolé pendant la nuit. » Et Dieu cessa de parler à Adam. Adam et Eve sortirent de l'entrée de la caverne et allèrent vers le jardin . Et quand ils furent près de la porte du côté de l'occi- dent, celle par laquelle était entré Satan , qui les avait trompés, ils rencontrèrent le ser- pent dans lequel Satan s'était transformé, léchant tristement la poussière , et se trai- nant par terre sur sa poitrine , à cause de la malédiction du Seigneur qui était descendue sur lui . Autant il avait été élevé autrefois, autant il était abaissé alors ; il était au-des- sous de tous les animaux, se traînant sur sa poitrine et rampant sur son ventre ; lui qui avait été le plus beau de tous les animaux, était devenu le plus hideux ; lui qui avait mangé de bonnes choses était réduit à dévo- rer la poussière ; tous les autres animaux qui jadis, attirés par sa beauté (179) s'em- pressaient d'accourir auprès de lui , le fuyaient maintenant . Autrefois ils se réu- nissaient aux lieux où ils étaient, et ils bu- vaient où il avait bu , et maintenant ils le fuyaient dès qu'ils le voyaient;, car, par la malédiction de Dieu, il était devenu veni- meux, et ils ne buvaient pas de l'eau où il avait bu . Et quand le serpent maudit vit Adam et Eve , il releva la tête et se dressa sur sa queue , et ses yeux étaient rouges comme du sang, et il voulait les tuer. Et il vint d'abord vers Eve, et elle prit la fuite . Et Adam qui était là , pleura , car il n'avait pas de bâton dans la main pour frapper le serpent, et il ne savait comment le tuer. Mais son cœur s'enflamma à cause d'Eve , et il alla vers le serpent et le saisit par la queue . Alors le serpent se retourna vers lui , Adam, etluidit:«C'estàcausedetoiet àcause d'Eve qu'il faut que je me traîne sur le ven- tre, et par suite de sa grande force , il jeta Adam et Eve parterre, et il se plaça sur eux , et il voulait les tuer. Alors Dieu envoya son ange qui chassa le serpent et qui les releva. Et la parole du Seigneur vint au serpent et dit : « La première fois je n'ai fait que te condamner à ramper par terre et à te traîner sur ton ventre , mais je ne t'ai pas ôté la pa- role ; maintenant tu seras muet et tu ne pourras plus parler, toi ni ta race , car c'est toi qui as causé la faute de mes serviteurs et tu as maintenant voulu les tuer. » Et le serpent devint muet sur l'heure et ne put plus parler, et il vint, d'après l'ordre de Dieu , un tourbillon de vent qui l'emporta les rabbins et les musulmans ont débite à cet égard 'une foule de fables étranges.

�305 PART. I. - LIVRE DU COMBAT D'ADAM. 306 - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. loin d'Adam et d'Eve , et qui le jeta sur les rives de la mer d'où l'on va aux Indes . Et Adam et Eve continuèrent leur chemin pour trouver le jardin ; la chaleur brûla leur visage, et ils étaient tout en sueur et ils pleuraient devant Dieu . Et l'endroit où ils pleuraient était une montagne devant la partie orientale du jardin . Et Adam tomba du sommet de la montagne ; son corps et son visage furent tout déchirés , de sorte qu'il perdait beaucoup de sang , et il resta comme mort . Eve qui était resté sur la montagne pleura en le voyant étendu, et dit:. « Je ne puis vivre après lui , car tout ce qu'il a fait et tout ce qui lui est arrivé est le ré- sultat de ma faute , » et elle se précipita après Jui et elle fut déchirée par les pierres, et elle resta étendue comme une morte. Mais Je Seigneur Dieu est miséricordieux et il a l'œil ouvert sur ses créatures ; il eut com- passion d'Adam et Eve, et il dit à Adam : « Prends courage jusqu'à ce que tu aies accompli tes jours, car je te retírerai de ce monde pénible . » Et Adam répondit au Sei- gneur : « Tant que j'étais dans le jardin, je ne connaissais ni la chaleur, ni la fatigue, ni la souffrance, ni la crainte , et depuis que je suis venu dans ce pays , toutes ces afflic- tions m'ont frappé . » Et le Seigneur dit à Adam : « Tant que tu as observé mon com- mandement , ma lumière et ma grâce étaient sur toi, mais depuis que tu as désobéi à mes ordres, je t'ai placé dans ce pays aride et dé- pourvu de verdure. » Adam pleura et dit : Seigneur, ne me châtie pas de cette manière et ne me frappe pas avec tant de force , et n'exige pas de moi une pénitence comme mes péchés le méritent, car nous avons transgressé la loi que tu nous avais donnée , et nous avons violé tes commandements , voulant être comme des dieux, car l'ennemi nous avait trompés. Et Dieu parla de rechef à Adam et dit :« Il faut que tu souffres sur la terre la fatigue et la peine, que tu sois soumis à la maladie et à la mort, que tu travailles , que tu montes sur cette montagne, mais je pren- drai tout cela sur moi par miséricorde pour toi et atin de te sauver. » Et Adam pleura de rechef et dit : « Que Dieu prenne pitié de moi , et qu'il diminue mes peines et je me conformerai à ses volontés . >> Et Adam et Eve revinrent vers la caverne des trésors où était leur demeure. Et lors- qu'ils en furent assez rapprochés pour l'aper- cevoir, ils furent saisis d'une grande tris- tesse , et Adam dit à Eve : « Lorsque nous étions sur la montagne , nous étions consolés par la parole du Seigneur, et il nous parlait, et la lumière qui venait de l'orient nous éclairait. Mais maintenant la parole du Sei- gneur s'est retirée de nous, et la lumière qui nous éclairait commence à disparaître ; les ténèbres et les douleurs viennent sur nous, et nous sommes obligés de rester dans la caverne comine dans une prison ; les ténè- bres nous y couvriront et nous sépareront l'un de l'autre, faisant que tu ne me voies plus et que je ne te voie pas. » Et quand Adam eut dit ces mots, ils pleurèrent, ils étendirent leurs mains vers Dieu et , dans leur douleur , ils prièrent Dieu de vouloir retenir le soleil auprès d'eux , afin qu'il les éclairât et que les ténèbres ne revinssent pas sur eux. Et ils aimaient mieux mourir que revoir les ténèbres. Et Dieu fut touché de la douleur amère d'Adam et d'Eve , et de tout ce qu'ils souffraient dans une terre étrangère . Il ne fut donc pas courroucé con- tre eux, mais il montra sa miséricorde à leur égard, et il les consola comme ses en- fants parce qu'ils étaient ses créatures . Et la parole de Dieu vint à Adam et lui dit : Adam, lorsque j'arrêtai le soleil , i n'y eut plus d'heures, de jours , de mois et d'an- nées, et tu n'as pas accompli le pacte que j'avais fait avec toi, et tu dois subir encore de longs châtiments et tu n'as nul salut à attendre dans l'éternité ; mais j'étends sur toi ma miséricorde , et l'ordre des jours et des nuits suivra jusqu'à ce que les temps soient accomplis et que les heures de l'al- liance viennent. Alors je viendrai et je te sauverai , car je ne veux pas que tu sois troublé. Et quand je vois tous les biens dont tu as été en possession , et que tu as dû abandonner, je désirerai te faire grâce, mais je ne puis violer le pacte qui est sorti de ma bouche ; je te ramènerai dans le jardin, mais il faut que le pacte soit accompli pour que je puisse te conduire toi et ta race dans la terre de l'allégresse où il n'y a aucune douleur et aucune souffrance , mais où règne une joie perpétuelle , car il y a une lumière inaltéra- ble; où les chants de louange se font enten- dre sans cesse, et où se trouve un beau jar- din que tu pourras parcourir . » Et Dieu parla encore à Adam et dit : « Aie patience et retourne dans la caverne , car ces ténèbres que tu redoutes ne dureront pas longtemps ; elles ne dureront que douze heures , et quand elles auront pris fin , la lumière reviendra . >> Et lorsqu'Adam entendit les paroles de Dieu , Eve et lui se prosternèrent, et leur cœur fut con- solé. Et ils retournèrent dans la caverne , et les larmes coulaient de leurs yeux, le chagrin oppressait leur cœur, et ils désiraient que leur âme sortit de leur corps. Et Adam et Eve restèrent en prière jusqu'à ce que l'obscurité fût entière . Lorsque Satan, l'ennemi du bien, vit qu'ils priaient, et que Dieu leur parlait et les con- solait, il rassembla ses légions et se montra entouré d'une grande lumière et des rayons de feu dans ses mains . Et il plaça son trône à l'entrée de la caverne , dans laquelle il ne pouvait entrer à cause de leur prière , et il fit pencher la lumière dans la caverne de sorte qu'elle fut tout éclairée , et ses com pagnons cominencèrent à chanter des louan ges. Et Satan agissait ainsi afin qu'Adam , en voyant la lumière, crût que c'était celle du ciel et que Dieu avait envoyé ses anges le consoler. Et si Adam était sorti de la caverne, et que lui et Eve se fussent pros- ternés devant Satan , Satan aurait eu du pou- voir sur lui et l'eut une seconde fois éloigné de Dieu . Mais Adam dit à Eve : Vois cette grande lumière et cette multitude d'esprits ; pour

�307 308 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES « ils restent dehors sans venir vers nous et sans nous parler, et ils ne nous disent pas d'où ils viennent et qui les a envoyés. S'ils venaient de la part de Dieu , ils entreraient dans la caverne et nous feraient connaître le but de leur message . » Et Adam s'adressa à Dieu dans la ferveur de son cœur, et dit : Seigneur, est- il au monde un antre Dieu que toi, qui ait créé des anges et qui puisse les envoyer vers nous ? Nous voyons une foule d'esprits qui sont devant la caverne , et qui sont entourés d'une grande clarté, et qui chantent des cantiques de louanges ; s'ils appartiennent à un autre Dieu que toi, daigne m'en instruire , et s'ils sont à toi montre-moi pourquoi tu les as envoyés. »> Et quand Adam eut parlé ainsi , un ange du Seigneur lui apparut dans la caverne et lui dit : « Adam, ne crains pas ; ceux que tu vois, c'est Satan avec ses compagnons ; il voulait te séduire encore , comme il l'a déjà séduit une fois ; la première fois il s'est ca- ché sous la forme d'un serpent, et à présent il est venu vers vous sous la forme d'un ange , afin que vous vous prosterniez devant lui et qu'il put vous séparer de Dieu . » Et l'ange sortit de la caverne et trouva Satan à l'entrée , et il lui arracha le déguisement dont il s'était couvert, et il l'emmena dans sa forme hideuse devant Adam et Eve. Et quand ils le virent ils eurent peur de lui ; mais l'ange leur dit : « Adam, c'est depuis sa chute qu'il a cet aspect hideux, et il s'en dépouille les traits pour venir vers vous, et il prend les traits d'un ange de lumière. » Et l'ange chassa Satan, et il rassura Adam et Eve, et il leur dit : « Ne craignez pas, Dieu qui vous a créés vous fortifiera. » Et l'ange les quitta. Et Adam et Eve restèrent dans la caverne , plongés dans une grande affliction . Lorsque le matin fut venu , Adam et Eve prièrent et sortirent de la caverne pour chercher le jardin , car leur cœur s'y atta- chait et ils ne pouvaient se consoler de l'a- voir perdu. Et quand Satan le trompeur les vit aller vers le jardin , il rassembla ses com- pagnons et il vint sous la forme d'un an- ge, porté sur une nuée , afiu de les égarer. Et quand Adam et lui le virent, ils crurent que c'était l'ange du Seigneur qui venait pour les consoler de leur expulsion du jar- din ou pour les y ramener. Et Adam étendit les mains vers le Seigneur, le priant de lui faire connaître sa volonté . Et Satan, l'ennemi du bien, dit à Adam : « Adam , je suis unange du Dieu grand, et c'est ma suite qui m'en- toure. Le Seigneur m'a envoyé vers toi , afin que je te prenne et que je te transporte au nord du jardin , auprès de l'eau pure , et pour qu'Eve et toi vous y plongiez etpour que vous entriez dans la joie , qui vous attend dans le jardin. » Et cette parole entra dans le coeur d'Adam et d'Eve . Et Dieu retirait sa parole de dessus Adam ; il ne l'éclairait pas , mais il attendait pour voir s'il serait vaincu, comme Eve avait été vaincue , lors- qu'elle était dans le jardin . Et Satan appela Adam et Eve et leur dit : « Allons, marchons vers la mer. » Adam et Eve se mirent à le suivre, et il se tenait un peu éloigné d'eux. Quand ils vinrent du côté du nord, sur la montagne du jardin , dont la cime était très- élevée , et à laquelle aucun sentier ne con- duisait, le diable conduisit Adam et Eve au sommet de la montagne, et il voulut les en précipiter; car il cherchait à les tuer et à les faire disparaître de la terre, afin de rester, avec ses compagnons , seul maître posses- seur de la terre . Et Dieu , dans sa miséri- corde, vit Satan qui cherchait par ses ruses, à tuer Adam , et il vit qu'Adam était bon. Alors Dieu niaudit Satan, qui s'enfuit avec ses compagnons . Adam et Eve restèrent au sommet de la montagne ; au- dessous d'eux était le monde , qui s'étendait autour d'eux, et il n'y avait plus autour d'eux un seul des compagnons de Satan . Et Adam et Eve pleu- rèrent devant Dieu et implorèrent son par- don. Et la parole de Dieu vint à Adam et lui dit : « Sache et reconnais que Satan cherche à l'égarer, toi et la race qui viendra après toi . » Et Adam pleura devant le Seigneur, et le pria de lui donner quelque objet venant du jardin, afin d'avoir ainsi un signe qui pût le consoler. Et Dieu envoya son ange Michel sur la mer qui est du côté de l'Inde, afin qu'il en rapportât des baguettes d'or et qu'il les remît à Adam. Et Dieu tit que, lorsque ces baguettes d'or étaient, la nuit, auprès d'Adam , elles l'éclairaient afin que la crainte des ténèbres laissât son cœur . Et d'après l'ordre de Dieu , l'ange Michel alla chercher ces baguettes et les porta devant le Seigneur. Et le Seigneur commanda à l'ange Gabriel d'aller au jardin , vers le ché- rubin qui le gardait, et d'y prendre de l'en- cens et de l'apporter à Adam. Et l'ange Ga- briel, selon l'ordre de Dieu , descendit au jar- din et il dit au chérubin ce que Dieu lui avait commandé, et le chérubin fui permit d'en- trer et de prendre de l'encens. Et Dieu com- manda à son ange Raphaël de descendre, et de dire au chérubin de lui donner,de la myr- rhe pour Adam. L'ange Raphaël descendit et instruisit le chérubin de la volonté de Dieu , et il entra et prit de la myrrhe . Ainsi les baguettes d'or venaient de la iner des Indes , où sont les pierres précieuses , et l'encens du côté oriental du jardin, et la myrrhe du côté de l'occident du jardin . Et les anges apportèrent ces trois choses de- vant le Seigneur, à l'arbre de vie , dans le jardin . Et le Seigneur dit aux anges : « Plon- gez-les dans la source d'eau , et cette eau servira à Adam et à Eve pour les conso- ler un peu dans l'affliction qu'ils éprou vent, et donnez-les à Adam et à Eve, » et les anges firent ce que Dieu leur ordonnait et ils donnèrent les baguettes d'or, l'encens et la myrrhe à Adam et à Eve, sur le som- met de la montagne, où Satan les avait con- duits dans le dessein de les détruire . Et quand Adam vit ces objets , il se réjouit et il pleura , car il pensa que l'or était le signe du royaume d'où il avait été banni , l'encens le signe de la lumière qui lui était enlevée, et la myrrhe le signe du deuil dans lequel il était. Et Dieu dit à Adam : « Adam, tu

�309 PART. I. TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. -LIVRE DU COMBAT D'ADAM. 310 m'as demandé quelque chose venant du jar- din, afin de te consoler : voici que je t'ai donné ces trois signes, afin que tu te con- soles et que tu croies en moi , à mon alliance avec toi . Car je viendrai et je te sauverai , et des rois m'apporteront, lorsque je serai revêtu de chair, de l'or, de l'encens et de la myrrhe : de l'or comme signe de mon em- pire, de l'encens comme signe de ma divini- té, et de la myrrhe comme signe de ma pas- sion et de ma mort. Mais, o Adam, place ces choses avec toi dans la caverne , afin que l'or te donne de la lumière dans la nuit , et que l'encens te donne du parfum, et que la myrrhe te console dans la douleur. »Et quand Adam entendit ces mots de Dieu , il se pros- terna, ainsi qu'Eve ; ils bénirent le Seigneur et lui rendirent grâce de la miséricorde qu'il montrait à leur égard . Et Dieu ordonna à Michel, à Gabriel et à Raphaël , d'apporter à Adam ce que chacun d'eux avait été cher- cher, Et Dieu ordonna à Surjal et à Salatjal de reconduire Adam, et ils les emmenèrent du sommet de la montagne à la caverne des trésors. Et ils placèrent l'or au côté sud de la caverne , l'encens au côté de l'est, et la myrrhe au côté de l'ouest, tandis que l'entrée de la caverne était du côté du nord . Et les anges consolèrent Adam et Eve et ils s'en allèrent. L'or consistait en 70 baguettes, et il y avait douze livres d'en- cens et trois livres de myrrhe . Et ces choses restèrent auprès d'Adam , dans la Caverne des trésors, et c'est pourquoi elle s'appelle la caverne des objets ou des trésors cachés ; d'autres disent qu'on l'appelle ainsi à cause des corps des justes qui y sont . Et ces trois choses qui étaient avec Adam dans la caver- ne, jetaient sur lui une vive clarté le jour et la nuit, et il eut ainsi quelque consola- tion dans sa douleur. Et Adam et Eve restèrent dans la caverne des trésors , jusqu'au septième jour, sans man- ger des fruits de la terre et sans boire d'eau . Et quand le matin du huitième jour vint , Adam dit à Eve : « Eve, nous avons demandé à Dieu de nous donner quelque chose pro- venant du jardin , et il nous a envoyé ses an- ges, et ils nous ont apporté ce que nous de- mandions. Maintenant lève - toi , allons vers l'eau de la mer, que nous avons déjà vue ; nous y entrerons et nous prierons Dieu de nous faire encore une fois la grâce de nous ramener dans le jardin , ou de nous donner quelque chose qui nous console dans un autre temps que celui-ci.» Et Adam et Eve se levèrent, sortirent de la caverne et se ren- dirent sur le bord de la mer , où déjà ils s'é- taient plongés. Et Adam dit à Eve : «Descends dans l'eau dans cet endroit et ne le quitte pas durant quarante jours , jusqu'à ce que je re- vienne à toi , et prie le Seigneur, du fond de t cœur, et avec instance , de vouloir bien nous pardonner. Et j'irai dans un autre endroit etje ferai comme toi . » Et Eve descen- dit dans l'eau, comme Adam le lui avait com- mandé, et Adam , de son côté, descendit aussi dans l'eau . Et ils restèrent ainsi , priant le Seigneur de leur pardonner leurs fautes et de les ramener à leur ancien état. Et ils restèrent en prières jusqu'à ce que 35 jours furent passés. Mais Satan , l'ennemi du bien , les avait cherchés dans la caverne , et ne les y avait pas trouvés . Il les chercha et il les trouva qui étaient debout dans l'eau et il dit : « Adam et Eve sont ainsi dans l'eau pour prier le Seigneur de leur pardonner leur faute el de les re- mettre dans leur ancienne condition , mais je les amènerai sous ma puissance et je les tromperai , afin qu'ils sortent de l'eau et leur désir ne sera pas accompli . » L'ennemi du bien n'alla pas vers Adam, mais vers Eve et il prit la forme d'un ange de Dieu , louant le Seigneur et chantant ses louanges. Et il dit à Eve : « Joie à toi . Réjouis-toi et livre-toi à l'allégresse ; Dieu est pour vous. Il m'a en- voyé vers Adam et je lui ai apporté la bonne nouvelle du salut et je l'ai rempli de la lu- mière qu'il avait précédemment. Et Adam, dans la joie de sa restauration, m'a envoyé vers toi, afin que tu viennes à moi , pour que je te couronne de lumière comme lui , et il m'a parlé ainsi : Dis à Eve, si elle ne veut point venir à toi, et rappelle- lui le signe qui s'est manifesté sur la montagne , lorsque Dieu nous a envoyé ses anges qui nous ont portés dans la caverne , et qui ont enfoui l'or du côté du sud , et l'eneens à l'est et la myrrhe à l'ouest. » Et Satan ajouta : Allons, rendons - nous vers lui . » Et quand Eve entendit ces mots, elle se réjouit et elle crut que le sigue de Satan était vrai , et elle sortit de la mer. Elle alla vers Satan et elle le suivit jusqu'à ce qu'ils fussent venus au- près d'Adam . Alors Satan se fit iuvisible pour Eve , et elle ne le vit plus . Et elle avança et se trouva auprès d'Adam , qui était debout dans l'eau, afin d'implorer la iniséricorde de Dieu . Et elle l'appela. Alors Adam se re- tourna vers elle et il se mit à pleurer quand il la vit ; il se frappa la poitrine, et uans l'a- mertume de sa douleur il se plongea dans la mer. Alors Dieu jeta les yeux sur lui et sur sa misère, et sur le terme de sa vie, et la parole de Dieu vint du ciel , le fit sortir de l'eau et lui dit : « Remonte sur le rivage auprès d'Eve. » Et quand il fut remonté au- près d'Eve, il lui dit : « Qui t'a dit que j'é- lais ici ? » Et elle lui raconta l'histoire de l'ange qui lui avait apparu et qui lui avait donné le signe . Et Adain fut affligé et recon- nut que c'était l'œuvre de Satan , et Adam prit Eve et ils retournèrent à la caverne des trésors , et il y avait en tout quarante-deux jours depuis qu'ils étaient sortis du jardin. Et le quarante-troisième matin vint ; ils sortirent de la caverne, pleurant et désolés , leurs corps maigris et desséchés par la faim et la soif, le jeune et la prière , et lorsqu'ils furent sortis de la caverne , ils gravirent la montagne à l'ouest du jardin, et ils s'y pla- cèrent debout, priant Dieu et l'implorant pour le pardon de leurs péchés . Et Adam adressa ces paroles au Seigneur : O mon Dieu et mon créateur , tu as ordonné aux quatre éléments de se réunir , et ils se sont rassemblés d'après ton commandement. Et

�311 312 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES . " tu as étendu la main , et tu m'as formé avec les quatre éléments , me tirant de la pous- sière de la terre , et tu m'as conduit dans le jardin, un vendredi à la troisième heure , et j'étais brillant d'une lumière qui ne me quit- tait ni jour ni nuit . Et tu m'as donné la raison , et un cœur éclairé , et un esprit droit , et tu as fait comparaître devant moi tous les ani- maux, et les lions, et les autruches , tous les oiseaux du ciel et tous les êtres qui se meu- vent sur la terre, et que tu as créés dans la première heure du vendredi avant moi , afin que je leur impose des noms . Et tu m'as dé- fendu d'approcher de l'arbre de vie et de manger de son fruit , car tu m'as dit : A l'heure où tu en mangeras , tu mourras. Et quand tu me donnas cet ordre , Eve n'était pas encore créée , et elle n'était pas sortie de mon côté, et elle ne t'a pas entendu pronon- cer cette défense . Tu nous avais , Seigneur , accordé les dons de ta grâce et rassasié des faveurs de l'Esprit-Saint , de sorte que nous ne connaissions ni la faim , ni la soif, ni la douleur , ni la peine , ni la fatigue . Mais comme nous avons transgressé ta loi, Sei- gneur, tu nous as bannis dans une terre étran- gère , et de grands maux sont venus fondre sur nous. Nous te supplions , Seigneur , de nous donner quelque chose à manger ve- nant du jardin , afin que nous apaisions no- tre faim, et donne - nous de quoi étancher notre soif, car voici bien des jours que nous n'avons touché à aucune nourriture et que nous n'avons point bu d'eau , et nos corps se sont desséchés , nos forces se sont détrui- tes, et les fatigues et les larmes ont chassé le sommeil de nos yeux . Et nous n'osons plus, Seigneur, goûter des fruits des arbres, à cause de la crainte que nous éprouvons . Car la première fois que nous t'avons déso- béi,tuaseupitiédenousettunenousas pas fait périr, et maintenant , nous pensons en nous-mêmes : Aussitôt que nous aurons une seconde fois mangé dù fruit de l'arbre sans l'ordre de Dieu , il nous détruira alors , et nous effacera de la surface de la terre , et si nous buvons de cette eau sans un ordre de Dieu, il nous anéantira. Seigneur, je suis venu ici avec Eve pour te prier de vouloir bien nous donner quelque fruit du jardin, afin que nous puissions apaiser nos be- soins. » Et le Seigneur vit les larmes et les soupirs d'Adam, et la parole du Seigneur vintàAdam,etildit:«Adam,tantquetu as été dans le jardin , tu n'as connu ni la faim, ni la soif, ni la fatigue, ni les peines du corps , mais comme tu as violé mes com- mandements , tu as été exilé dans une terre étrangère, et tous ces maux sont venus tom- ber sur toi. » Et Dieu ordonna au chérubin qui gardait l'entrée du jardin avec une épée de feu , de prendre du fruit du figuier et de l'apporter à Adam. Le chérubin obéit à l'ordre du Sei- gneur ; il apporta deux figues avec deux ra- meaux, chaque figue tenant à un rameau , et elles provenaient des deux figuiers entre lesquels Adam et Eve s'étaient cachés, lors- que le Seigneur descendit au jardin, et que · la parole du Seigneur vint à eux :«Adam , où es-tu ? » à quoi Adam répondit : « Je suis caché derrière les figuiers , et quand j'ai entendu ton bruit et ta voix , je me suis ca- ché parce que je suis nu . »Et le chérubin prit les deux figues et il les apporta à Adam et Eve, et il les leur jeta de loin, car ils ne pouvaient s'approcher de lui , à cause du feu , et précédemment , c'étaient les anges qui tremblaient devant Adam et qui le crai- gnaient ; mais maintenant, c'était Adam qui les redoutait et qui tremblait devant eux. Adam prit une des deux figues , puis Eve vint et prit l'autre , et comme ils les tenaient en leurs mains , ils les regardèrent et les re- connurent, car elles provenaient des arbres entre lesquels ils s'étaient cachés , et Adam et Eve pleurèrent beaucoup . Et Adam dit : Eve, regarde ces figues et leurs rameaux . Avant que nous ne nous fussions revêtus des feuilles de cet arbre, nous étions cou- verts de la lumière , et maintenant si nous en mangeons , nous ne savons pas tout ce qui pourra en résulter pour nous, en fait de pei- nes et de souffrances . Il faut donc que nous nous en abstenions et que nous n'en man- gions pas , et nous prierons Dieu qu'il nous donne du fruit de l'arbre de vie. Et Adam et Eve s'abstinrent de manger de ces figues. Et Adam commença à prier Dieu et à le con- jurer de lui donner du fruit de l'arbre de vie, et il dit : « Seigneur, lorsque nous vio- lâmes ton commandement dans la sixième heure du vendredi , tu nous as privés de la lumière qui était sur nous , et nous ne pû- mes plus rester dans le jardin , et tu nous en as expulsés vers l'heure du soir. Sei- gneur, jette sur nous un regard de miséri- corde, et ne nous châtie pas comme le mé- rite notre désobéissance. Seigneur , donne- nous du fruit de l'arbre de vie , afin que nous puissions manger et vivre , et ne pas souffrir toutes les peines auxquelles nous sommes exposés sur cette terre. Tu as placé un chérubin pour nous interdire d'appro- cher de l'arbre ; accorde -nous , Seigneur, les moyens de vivre et de supporter les dou- leurs auxquelles tu nous as condamnés . » Et la parole du Seigneur vint à Adam , et dit : Adam, je ne puis maintenant te don- ner des fruits de l'arbre de vie que tu de- mandes, mais, lorsque les 5,500 ans seront accomplis , je t'en donnerai afin que tu en manges et que tu vives dans l'éternité, toi et Eve, et les fidèles de ta race ; je t'ai donné du fruit du figuier derrière lequel tu t'étais caché; va et manges-en , toi et Eve, car je ne veux pas repousser tes prières . Prends pa- tience, jusqu'à ce que le pacte que j'ai fait avec toi, soit accompli. » Et le Seigneur cessa de parler à Adam. Et Adam se tourna vers Eve, et lui dit : « Prends cette figue , et je prendrai celle -là et retournons à la caver- ne. » Et c'était l'heure du coucher du soleil . Et Adam dit à Eve : « Je crains de manger de cette figue , car je ne sais ce qui en résul tera pour nous. » Et Adam pleura et dit : « Dieu , apaise ma faim sans que j'aie be- soin de manger de cette figue , car si je la

�313 314 PART. I. LIVRE DU COMBAT D'ADAM. - - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. mange, je ne sais ce qui m'adviendra .» Et la parole du Seigneur vint à lui et dit : « Adam, pourquoi n'as- tu pas eu plus tôt cette crainte et cette prévoyance ? et pourquoi n'as-tu pas eu une peur semblable avant de me déso- béir ? maintenant que tu es dans un pays étranger , ton corps , semblable à celui des animaux, ne peut se soutenir sans une nour- riture terrestre qui lui rende les forces qu'il aurait perdues. » Et Adam prit une figue et la plaça sur les baguettes d'or , et Eve plaça l'autre sur l'encens. Et ces figues étaient très-lourdes ( 180) , car les fruits du jardin étaient bien plus gros que les fruits de cette terre. Et Adam et Eve passèrent toute la nuit en prières , selon leur habitude , jus- qu'à ce que vint le matin , et quand le soleil parut, Adam dit à Eve : « Allons vers la par- tie méridionale du jardin , à l'endroit où le torrent se divise en quatre mers , et prions Dieu de nous donner à boire de l'eau de la Vie. Et ils vinrent au bord de l'eau , et ils prièrent Dieu de jeter les yeux sur eux, de lear pardonner et d'exaucer leurs deman- des . Et Adam dit : « Seigneur , tant que j'étais dans le jardin , et que je voyais l'eau qui coulait sous l'arbre de Vie , mon corps n'avait besoin d'aucune boisson et je ne connais- sais point la soif, car j'étais vivant (immortel) et bien supérieur à ce que je suis mainte- nant. Mon corps est desséché par la soif ; donne-moi , Seigneur , de l'eau de la Vie , afin que j'en boive et que je vive. Seigneur , que ta miséricorde adoucisse mes souffrances et mes peines , et si tu ne veux pas me laisser rentrer dans le jardin , conduis -moi dans un autre pays que celui -ci . » Et la parole du Seigneur vint à Adam et dit : « Adam , tu demandes à être conduit dans un autre pays où il y ait du repos , mais tu ne peux encore pénétrer dans le royaume du repos ; ce ne sera qu'à l'accomplissement et l'expiration de ta peine ; alors je t'introduirai , toi et les Justes de ta race dans le ciel , et je te donne- rai à toi et à eux , le repos que tu implores aujourd'hui . Et quand tu dis : «< Donne- moi de l'eau de la Vie, » afin que tu en boives et qu'elle te fasse vivre , cela ne peut arri- ver maintenant ; mais le jour où je descen- drai dans l'empire des morts, où je briserai les portes de fer et romprai les verroux de fer , alors, dans ma miséricorde , j'amènerai ton âme et les âmes des justes dans le repos qu'ils goûteront dans mon jardin , jusqu'à la fin de l'accomplissement du monde. L'eau de la Vie que tu sollicites, ne te sera point ac- cordée aujourd'hui , mais au jour où je ver- serai mon sang sur ta tête , sur la terre du Golgotha , car mon sang deviendra pour toi à cette heure la véritable eau de la Vie , non- seulement pour toi , mais aussi pour tous tes descendants qui croiront en moi , et ils obtiendront ainsi le repos et la vie pour l'é- ternité . » Et Dieu dit encore à Adam : Adam, tant que tu as été dans le jardin , les souffrances que tu éprouves ne sont (180) Il y a dans le texte qu'elles étaient égales à un ..., suitun mot éthiopien que M. Dillmann dit point venues t'affliger : tu ne les as subies qu'après ta désobéissance à mes ordres ; maintenant, ton corps a besoin d'aliments et de boisson ; bois ainsi de cette eau qui coule près de toi sur la terre. » Et la parole de Dieu cessa de se faire entendre à Adam . Et Adam et Eve se prosternèrent devant Dieu , et s'éloignant de l'eau, ils se dirigèrent vers la caverne , et c'était le milieu du jour . Quand ils vinrent auprès de la caverne , ils aperçurent un grand feu , et ils furent effrayés et ils restèrent en arrière . Et Adam dit à Eve : « Qu'est-ce que ce feu auprès de notre caverne ? Nous ne connaissions pas la forme et le nom du feu jusqu'à ce que Dieu eût envoyé le chérubin qui a dans la main une épée ardente ; et nous avons été renversés par l'épouvante que nous avons éprouvée, et nous sommes restés comme morts . Et Dieu a envoyé auprès de la ca- verne où nous habitons le feu que tenait le chérubin. Dieu, dans sa colère contre nous, nous expulsera de la caverne . Nous avons encore violé un de ses commande- ments, puisqu'il ne nous permet plus d'y rentrer. Où est-ce que nous habiterons, et où fuirons -nous devant la face de Dieu ? Il ne nous a pas permis de rester dans le jardin et il nous a expulsés de ses do- maines , et il nous a assigné cette caverne pour demeure et nous y avons subi les té- nèbres et la douleur jusqu'à ce que nous ayons été consolés . Et maintenant qu'il nous exile dans une autre terre , qui sait ce que nous y trouverons ? Qui sait si les ténèbres n'y sont pas encore plus sombres qu'ici ? Qui sait s'il y aura dans cette terre des jours et des nuits ? Qui sait si elle est proche ou éloignée ? O Eve , peut-être que Dieu ne nous permettra pas de revoir le jardin , parce que nous avons violé ses commande- ments .Il nous bannira dans une terre étran- gère , autre que celle-ci où nous avons été consolés , et il tuera nos âmes, et il détruira notre vie sur la terre . O Eve , quand nous serons loin du jardin et de Dieu , commens devrons - nous le prier encore pour qu'il nous donne de l'or, de l'encens , de la myr- the et du fruit du figuier ? comment pour- rons-nous obtenir qu'il nous console encore et qu'il pense à nous, selon le pacte qu'il a faitavecnous?»Et Adamsetut. Etluiet Eve regardèrent encore vers la caverne et vers le feu qui l'entourait . Ce feu était l'œu- vre de Satan ; car Satan avait ramassé des branches sèches des arbres et les avait en- tassées auprès de la caverne et il y avait mis le feu, afin de brûler la caverne , de mettre Adam et Eve au désespoir, de leur enlever l'espérance en Dieu , et de les ame- ner à blasphémer contre Dieu. Mais la mi- séricorde du Seigneur ne permit pas qu'il détruisît la caverne , et le Seigneur envoya son ange à la caverne pour la préserver du feu . Et le feu dura depuis midi jusqu'au lendemain matin, jusqu'au matin du qua- n'avoir rencontre nulle part, et dont il ignore la sens.

�515 316 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. 2 rante-cinquième jour . Adam et Eve restèrent et virent le feu, et ils n'osèrent pas appro- cher de la caverne, parce qu'ils avaient peur. Et Satan apporta du bois et le jeta dans le feu jusqu'à ce que la flamme fût très -élevée, et elle co vrait toute la caverne. Et il pen- sait que la grandeur du feu détruirait la ca- verne. Mais l'ange du Seigneur la préserva. Et il n'osa pas maudire Satan, ni lui adres- ser des reproches , parce qu'il n'était pas son maitre. Il resta donc patient et sans répri- mander Satan, jusqu'à ce que la parole du Seigneur vint et lui dit : « Retire-toi, Sa- tan ; tu as persécuté mes serviteurs et tu veux les détruire . Si ce n'était l'effet de ma miséricorde, je ferais disparaître toi et tes bandes de dessus la terre, jusqu'à la fin du n.onde. » Et Satan s'enfuit devant Dieu ; mais le feu brûla dans la caverne, comme un feu de charbon , un jour entier encore , et ce fut le quarante - sixième jour après qu'Adam et Eve eurent été chassés du jardin . Et lorsqu'Adan: et Eve virent que la cha- leur du feu était un peu diminuée , ils se rapprochèrent de la caverne, mais ne purent y entrer à cause du feu. Et ils se mirent à pleurer à cause de la chaleur qui les empê- chait d'entrer dans la caverne, et ils furent effrayés. Et Adam dit à Eve : « Regarde ce feu qui jadis nous obéissait, et, maintenant que nous avons désobéi aux ordres de Dieu , quene nous obéit plus . Car notre nature a été changée, mais celle du feu est restée la même aussi a-t-il pouvoir sur nous , et il brûlerait nos corps si nous en approchions.» Et Adam adressa ses prières à Dieu en di- sant ; « Voici que ce feu nous sépare de la caverne dans laquelle tu nous a ordonné d'habiter , et nous ne pouvons y entrer . » Et Dieu entendit Adam, et il lui envoya sa pa- role et dit : « Adam, vois ce feu ; sa flamme et sa chaleur sont bien différentes de ce qu'elles étaient dans le jardin . Aussi long- temps que tu m'as été soumis, toutes les créatures t'obéissaient ; mais depuis que tu as violé mes commandements, toutes les créatures se sont soulevées contre toi . » Et le Seigneur dit encore : « Adam, vois comme Satan ta trompé. Il t'a promis que tu aurais la divinité et la puissance ; mais il n'a point tenu sa parole et il manifeste sa haine contre toi. Il a allumé ce feu afin de te brûler. Pourquoi , Adam, n'a-t-il pas rempli sa pro- messe à ton égard , mêine pour un seul jour? Bien plus , les avantages dont tu jouis- sais t'ont été enlevés , parce que tu as obéi à ses ordres . Adam , crois-tu maintenant que ce fût par affection pour toi qu'il t'avait fait ces promesses? Avait-il l'intention et la vo- lonté de te donner une grande élévation ? Non , il voulait te faire tomber de la lumière dans les ténèbres , de la hauteur dans l'a- baissement, de la gloire dans la honte, de la joie dans la douleur, et du repos dans la souffrance et la misère. » Et le Seigneur parla encore à Adam : « Vois ce feu que Sa- tan a allumé autour de la caverne ; c'est un signe qu'il entourera toi et tes descendants qui n'auront pas obéi à mes ordres ; et il vous châtiera par le feu, et, après votre mort, il vous conduira dans l'enfer, où son feu sera embrasé, et il n'y aura nul salut pour vousjusqu'à ce que je vienne , de même que maintenant, à cause de la grandeur du feu, tu ne peux rentrer dans la caverne , jus- qu'à ce que ma parole arrive et qu'elle t'in- dique un chemin . Et de même, au jour de l'accomplissement de l'alliance, ma parole t'indiquera la route qui te conduira au re- pos. » Et le Seigneur commanda au feu qui était autour de la caverne de s'ouvrir et de laisser passer Adam. Alors le feu s'ouvrit, selon l'ordre du Seigneur, et laissa un pas- sage pour Adam . Et Adam et Eve essayèrent d'entrer dans la caverne ; mais , lorsqu'ils furent au milieu du feu, Satan vint sous la forme d'un tourbillon de vent et poussa des charbons enflammés contre Adam et Eve ; et , comme leurs corps étaient nus , le feu fit souffrir leurs corps . Adam et Eve poussèrent des cris en sentant l'ardeur du feu , et ils dirent : « O Dieu , sauve-nous et ne nous consume pas avec ce grand feu ; ne nous châ- tie pas comme le mérite notre désobéissance à tes ordres. » Et Dieu vit leurs corps contre lesquels Satan avait dirigé les flammes , et il envoya sa parole à Adam et lui dit : « Re- connais-là l'amour que Satan a pour toi ; il t'a promis la divinité et la grandeur, et ne cherche-t-il pas à te brûler et à te faire disparaître de la terre ? Et moi qui t'ai créé, je t'ai sauvé de sa main . » Et le Seigneur dit à Eve « Vois comme Satan a accompli la promesse qu'il t'a faite dans le jardin, lors- qu'il t'a dit : Si vous mangez du fruit de l'arbre , vos yeux s'ouvriront et vous serez semblables à Dieu , et vous connaîtrez le bien et le mal . Et voici qu'il a brûlé vos corps avec le feu , et qu'au lieu de la gloire qu'il vous promettait, il vous a affligés de grandes souffrances. Et vos yeux ont vu le bien, et vous avez vu le jardin où je vous avais placés , et vous avez vu le mal que Sa- tan a fait venir sur vous . Il n'a pas pu vous donner la divinité, ni accomplir la parole flatteuse qu'il vous avait donnée ; au con- traire, il en est venu de grands malheurs pour vous et pour votre race qui viendra après vous. » Et Dieu ôta sa parole de des- sus eux. Et Adam et Eve entrèrent dans la caverne, encore pleins de frayeur à cause du feu qui avait sévi contre leurs corps. Et AdamditàEve:«Voiciquelefeuàbrûlé notre corps en ce monde ; que sera- ce lors- que nous serons morts et que Satan châtiera notre âme ? Notre délivrance est bien éloi- gnée, à moins que Dieu, dans sa miséri- corde, ne vienne et n'accomplisse son al- liance . » Et Adam et Eve entrèrent ensuite dans la caverne , et , quand le soleil fut cou- ché , la chaleur du feu s'y fit sentir, de sorte qu'ils ne purent dormir. Et Adam et Eve sortirent de la caverne, et ce fut le quarante septième jour après qu'ils eurent été expul- sés du jardin. Et Adam et Eve vinrent au pied de la montagne du jardin , et ils y dormirent comme précédemment. Et ils se levèrent et

�517 PART. I. LIVRE DU COMBAT D'ADAM. - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. 318 - ils prièrent le Seigneur de leur pardonner leurs péchés. Mais Satan , l'ennemi du bien , parla en son esprit : « Dieu a fait avec Adam un pacte pour le sauver de toutes les cala- mités dans lesquelles il est tombé ; il n'a point fait de pacte avec moi et il ne me dé- livrera pas de mes maux. Et il a promis à Adam et à sa postérité de les laisser habiter le royaume où j'ai été . Je tuerai Adam , de sorte que la terre lui sera enlevée et restera toute à moi ; et s'il est mort , il n'aura aucun descendant qui hérite du royaume céleste, et mon royaume me restera et Dieu devra m'y ramener moi et mes compagnons . » Et Satan appela aussitôt ses compagnons , et ils vinrent tous à lui et lui dirent : « Notre maître , qu'est-ce que tu veux exécuter ? » Et il leur dit a Vous savez que cet Adam que Dieu a tiré de la poussière nous a enlevé le royau- me : allons et tuons -le, en jetant sur lui et sur Eve un rocher qui les écrase. » Et ils lui obéirent et ils vinrent à l'endroit où Adam et Eve étaient pendant leur sommeil . Et Satan avec sa bande prit un grand rocher dont la surface était parfaitement unie et ne présentait aucun trou vide ; car il disait en son esprit : « Si le rocher avait un trou , ils pourraient se sauver par là lorsqu'il tom- bera sur eux. » Et Satan dit à ses compa- gnons : Prenez ce rocher et jetez- le sur eux, de manière qu'ils ne puissent y échap- per ; et quand vous l'aurez jeté , fuyez et ne vous arrêtez pas . » Et ils firent comme il leur avait ordonné. Et tandis que le rocher descendait de la montagne sur Adam et sur Eve, Dieu ordonna au rocher de s'arrêter et de former comme une tente au-dessus d'eux, afindenepasnuireàAdametàEve.Etil arriva selon l'ordre de Dieu . Mais tandis que le rocher tombait, toute la terre trembla de- vant lui et fut effrayée à cause de sa gran- deur . Et, par suite de ce tremblement et de cet effroi, Adam et Eve se réveillèrent et se trouvèrent sous un rocher qui les couvrait comme un toit, tandis qu'ils savaient qu'au- paravant ils n'avaient au- dessus d'eux que le ciel , et ils furent effrayés . Et Adam dit à Eve : Eve, pourquoi la montagne s'est-elle agitée , et pourquoi la terre a- t-elle tremblé , et comment ce rocher est-il venu former sur nous comme une tente ? Dieu nous punira- t-il et nous mettra - t-il en captivité, ou nous détruira-t-il avec la terre , dans sa colère contre nous, parce que , sans sa permission , nous sommes sortis de la caverne ? Car nous avons agi ainsi de notre volonté, et nous ne lui avons pas demandé si nous pouvions sortir de la caverne et venir ici . » Et Eve dit : Si la terre a intercédé pour nous, et si, à cause de ses prières, le rocher s'est ar- rêté au-dessus de nous, alors , malheur à nous, Adam , et notre châtiment est long ! Lève -toi et prie Dieu pour qu'il nous en- seigne ce que nous devons faire dans l'en- droit où nous sommes . » Et Adam se leva et pria Dieu pour qu'il voulût bien le guider dans ce combat ; et il demeura ainsi en prière jusqu'au matin . Et la parole du Seigneur se it entendre ainsi : « Adam, qui t'a recom- mandé de sortir de la caverne et de venir ici? » Et Adam dit au Seigneur : « Nous sommes venus ici à cause de la chaleur du feu qui nous tourmentait dans la caverne. >> Et le Seigneur Dieu dit à Adam : « Adam,tu as peur de la chaleur du feu pendant ne seule nuit : que sera-ce si tu es dans l'en- fer ? Mais, Adam , ne t'effraye pas et ne dis pas dans ton cœur que c'est moi qui ai placé ce rocher au-dessus de vous pour vous punir; c'est Satan , avec lequel tu as fait un pacte pour obtenir la divinité , qui voulait térra- ser. Et grand est ce rocher qu'il a jeté sur toi et sur Eve pour mettre fin à votre vie sur la terre . Mais moi , dans ma miséri- corde , voyant tomber ce rocher, je lui ai commandé de s'arrêter au- dessus de vous comme une tente et de ne vous faire aucun mal . Et c'est un signe, Adam : quand je viendrai sur la terre, Satan demandera au peuple de me tuer, et ils me mettront dans un rocher pour m'y enfermer avec une grosse pierre, et je resterai dans le rocher trois jours et trois nuits , et je ressusciterai le troisième jour. Ce sera le salut pour toi , Adam , et pour ta postérité et pour tous ceux qui croient en moi . Mais , Adam, je ne te reti- rerai pas de dessous le rocher jusqu'à ce que trois jours et trois nuits soient passés.»> Et le Seigneur ôla sa parole à Adam. Et Adam et Eve restèrent sous le rocher trois jours et trois nuits, comme Dieu le leur avait dit, parce qu'ils étaient sortis de la caverne et étaient venus à l'endroit où ils étaient sans la permission de Dieu. Et, après trois jours et trois nuits, Dieu ouvrit le ro- cher et les mena dehors. Leurs corps étaient desséchés , leurs yeux échauffés par les larmes et leurs cœurs accablés par le cha- grin. Et Adam et Eve revinrent dans la ca- verne des trésors , et ils y restèrent en prières jusqu'au soir . Et ce fut la fin du cin- quantième jour depuis qu'ils avaient été expulsés du jardin . Et Adam et Eve passèrent toute la nuit à prier le Seigneur et à implorer sa miséri- corde. Et quand vint le matin, Adam dit à Eve : « Allons , car il faut faire quelque chose pour notre corps . » Et ils sortirent de la caverne et se dirigèrent vers le nord du jardin, afin de chercher quelque chose pour couvrir leur corps. Et leur corps avait be- soin de guérir, et ils tremblaient par suite de la fièvre causée par le froid et la chaleur. Et Adam pria Dieu de leur montrer quelque chose qu'ils pussent employer à couvrir leur corps. Et la parole du Seigneur vint et lui dit : « Adam, prends Eve et rendez- vous au bord de la mer ; vous y trouverez les peaux de moutons que les lions ont dévorés ; pre- nez de ces peaux et faites - vous-en des vête- ments. » Et quand Adam entendit les paroles de Dieu, il prit Eve et il se dirigea vers le sud du jardin, du côté de la mer. Et tandis qu'ils étaient en chemin , avant qu'ils ne fussent arrivés , Satan, le méchant , entendit la parole que le Seigneur avait adressée à Adam. Et il se hâta de se rendre au bord de la mer, à l'endroit où étaient les peaux de

�319 320 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. noutons, et il voulait les prendre et les jeter dans la mer ou les brûler , afin qu'Adam et Eve ne les trouvassent pas . Mais comme il voulait les prendre, la parole du seigneur vint du ciel, et l'attacha près de ces peaux jusqu'à ce qu'Adam et Eve fussent arrivés. Et lorsqu'ils approchèrent, ils furent épou- vantés et la parole du Seigneur vint et leur dit : «Voyez-le, celui qui s'est transformé en serpent, et qui vous a trompés, et qui vous a enlevé les vêtements de la lumière et de la clarté que vous avez eus . Adam, voilà celui qui vous promis la grandeur et la divinité ; où est maintenant la gloire qu'il avait ? où est sa lumière ? où est son élévation ? Voici que maintenant sa forme est hideuse , et il est devenu réprouvé parmi les anges , et il sera appelé Satan. Adam , il voulait enle- ver ces vêtements et les détruire, et il ne voulait pas que tu les employasses à te couvrir. Où sont maintenant les biens qu'il vous promettait ? qu'avez-vous gagné à lui obéir ? Voyez ses méfaits contre vous et voyez paraître les preuves de miséricorde que je vous donne , moi qui vous ai créés. Je l'ai attaché jusqu'à ce que vous fussiez venus et que vous l'eussiez vu ; vous voyez maintenant sa faiblesse et comment il n'a aucun pouvoir. » Et le Seigneur relâcha Sa- tan de ses liens. Adam et Eve s'étonnèrent et pleurèrent devant Dieu à cause de leurs souffrances , et parce que leur corps avait besoin de vêtements terrestres . Et Adam dit à Eve : « Eve, voici les peaux de bêtes avec lesquelles tu dois te couvrir . Quand nous nous en serons revêtus, c'est un signe de la mort à laquelle nous sommes assujettis ; et de même que le possesseur de cette peau est mort et à passé, de même nous mourrons et passerons. » Et Adam et Eve prirent les peaux et revinrent à la caverne des trésors. Et quand ils y furent arrivés , ils se tinrent debout et ils prièrent selon leur habitude. Et ils pensèrent longtemps comment ils se feraient des vêtements avec les peaux ; et ils n'avaient nulle connnaissance à cet égard . Alors Dieu envoya son ange , pour leur en- seigner ce qu'ils devaient faire. Et l'ange dit à Adam : « Va prendre des épines sur des buissons, » et Adam fit ce que l'ange lui recommandait. Et l'ange étendit les peaux devant eux et il y enfonça les épines , et il pria Dieu pour qu'elles restassent fixées à l'endroit où il les avait mises . Et il en arriva ainsi par l'ordre de Dieu , et ils se revêtirent de leurs babits . Et dès cette heure, la nudité de leur corps fut soustraite aux regards de leurs yeux , et cela arriva à la fin du 51 jour. Et Adam et Eve , après que leur corps fut couvert, se levèrent pour prier Dieu , et pour lui rendre grâce d'avoir eu pitié d'eux et d'avoir couvert leur nudité ; ils ne cessè rent de prier Dieu pendant toute la nuit. Et Adam et Eve vinrent au côté de l'ouest du jardin où ils pensaient qu'il n'y avait pas de chérubin, et tandis qu'ils étaient au- près de la porte et qu'ils voulaient entrer, le chérubin arriva soudainement avec l'épée tranchante en sa main, et quand il les vit, il • les chassa au dehors et il voulut les tuer, car il craignait que Dieu ne ledétruisît, parce qu'ils étaient entrés dans le jardin . Et l'épée que le chérubin avait en sa main, jetait au loin des flammes ; mais lorsqu'il la leva sur Adam et Eve, elle ne jetait plus de flamme, alors il pensa que Dieu leur avait pardonné et qu'il voulait les ramener dans le jardin, et il resta immobile et rempli d'é- tonnement . Il ne pouvait remonter au ciel, car il savait que Dieu lui avait donné l'or- dre de les empêcher d'entrer au jardin ; il restait donc auprès d'eux , ne voulant pas les quitter, parce qu'il craignait qu'ils ne voulussent entrer dans le jardin sans l'ordre de Dieu et que Dieu ne le détruisit pour l'en châtier. Et Adam et Eve en voyant le cherubin qui venait vers eux, tenant en sa main l'épée flamboyante, furent saisis d'ef- froi , et ils tombèrent sur leur visage et ils restèrent comme morts. Et d'autres chéru- hins vinrent et ils étaient à la fois émus de joie et de douleur ; de joie parce qu'ils pen- saient que Dieu avait pardonné à Adam et qu'il lui permettait de rentrer dans le jardin et de revenir dans l'état de béatitude où il était primitivement ; de douleur parce qu'ils voyaient Adam et Eve étendus comme morts et qu'ils pensaient que Dieu les avait tués parce qu'ils avaient voulu s'introduire dans le jardin malgré l'ordre de Dieu . Et la parole du Seigneur vint à Adam et à Eve , et elle les ranima de leur mort , et elle dit : « Qui vous a amenés ici ? Voulez -vous rentrer dans le jardin d'où je vous ai expulsés ? Cela ne peut avoir lieu que lorsque le pacte que j'ai fait avec vous sera accompli . » Et Adam entendit la voix de Dieu et le bruit des an- ges qu'il ne voyait pas, mais de ses oreilles il entendait leur bruit, et Adam pleura et dit aux anges : « Esprits qui servez le Sei- gneur, voyez-moi . Tant que j'étais dans l'é- tat de lumière où j'avais été créé, je vous voyais et je chantais comme vous les louanges du Seigneur , et mon cœur était élevé au -des- sus de vous. Mais depuis que j'ai violé les ordres de Dieu , je suis tombé dans un état de misère et de douleur, et je ne vous vois plus, et vous ne me servez plus comme au- trefois, car je suis devenu semblable aux animaux. O anges du Seigneur, priez-le avec moi de me ramener dans mon ancien état, de m'affranchir de cette misère et d'éloigner de moi le calice de la mort qu'il m'a destiné parce que j'ai désobéi à ses ordres. » Lorsque les anges entendirent les paroles d'Adam, ils furent très-affligés, et ils mau- dirent Satan qui l'avait séduit et qui l'avait précipité de la béatitude dans la misère, de la vie dans la mort, et du jardin dans un lieu de souffrances et d'exil . Et les anges dirent àAdam:«TuasobéiàSatanettuasmé- prisé la parole de Dieu ton créateur, et tu as ajouté foi aux promesses de Satan . Nous savons ce qu'il a fait à notre égard avant d'être précipité hors du ciel. Il a rassemblé ses compagnons, et il les a trompés, etil leur a promis qu'il leur donnerait la divinité et un grand royaume, et il leur a fait toutes les

�321 PART. I. 322 -- TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMEN】 . —LIVRE DU COMBAT D'ADAM promesses qu'il t'a faites pareillement . Et ses compagnons ont cru que sa parole était vraie , et ils se sont révoltés contre Dieu . Et il envoya vers nous pour que nous nous soumettious à ses ordres et que nous obéis- sions à ses commandements ; mais nous ne le voulûmes point et nous repoussames son conseil. Et après qu'il eut combattu avec Dieu et qu'il l'eut outragé, il rassembla ses amis, et il combattit avec nous . Mais la force de Dieu était avec nous, et sans elle nous n'aurions pas été ses maîtres ; nous le précipitâmes du haut du ciel en bas, et sa défaite causa une grande joie dans le ciel . S'il était resté dans le ciel, aucun ange n'y serait demeuré ; mais, dans sa miséricorde, Dieu l'éloigna de nous, et le relégua dans un séjour de ténèbres . Il a combattu contre toi, Adam, il t'a trompé, et il a fait ainsi que tu as été chassé du jardin et soumis à toutes les peines que tu éprouves. Et la mort que Dieu voulait amener sur lui , il l'a amenée sur toi , Adam, parce que tu as écouté sa voix , et que tu as désobéi aux ordres de Dieu . » Et tous les anges bénirent le Seigneur , et le supplièrent de pardonner à Adam et de ne pas le détruire parce qu'il avait voulu ren- trer au jardin, et de l'assister en ce monde , afin qu'il pût échapper au pouvoir de Satan . Et la parole de Dieu vint à Adam , et lui dit « Adam , regarde ce jardin de la béati- tude et cette terre de misère , et ces anges qui remplissent le jardin , tandis que tu es seul avec Satan sur cette terre, en punition de ce quetu lui as obéi, au lieu de suivre ma loi. Si tu avais accompli ma volonté, tu serais avec mes anges dans le jardin ; mais en punition de ta faute , tu es relégué avec les anges qui sont pleins de malice , sur cette terre sur laquelle croissent les épines et les ronces. Adam , prie celui qui t'a séduit ; de- mande-luide te donner la divinité qu'il t'a pro- mise ; qu'il fasse pour toi un jardin comme ce- lui que je t'avais préparé ; qu'il t'environne de lumière comme celle que j'avais mise autour de toi ; qu'il te donne un corps comme celui que je l'avais donné ; qu'il t'amène dans un pays autre que celui que je t'ai assigné . I ne pourra, Adain, accomplir aucune de ces choses . Reconnais ma miséricorde envers toi, et ma bonté envers mes créatures , car je t'ai épargné après que tu eus enfreint mes ordres, et je t'ai promís que, dans cinq grands jours et demi , je viendrai et je te sauverai . »> Et Dieu dit encore à Adam et à Eve : « Allez, levez-vous , afin que le chérubin qui tient en sa main l'épée de feu , ne vous détruise pas. » Et Adam eut le cœur consolé par les paroles que Dieu lui avait dites , et il se prosterna devant lui . Et Dieu ordonna aux anges de conduire Adam et Eve à la caverne , afin de dissiper l'effroi dont ils étaient sai- sis. Et les anges prirent Adam et Eve, et leur faisant descendre la montagne, ils les accompagnèrent en chantant des cantiques et des psaumes , jusqu'à ce qu'ils fussent rendus dans la caverne. Et les anges commencèrent à les consoler et à les forti- fier, et ils remontèrent au ciel, retournant DICTIONN. DES APOCRYPHES. i . vers leur Créateur qui les avait envoyés. Et après que les anges eurent quitté Adam et Eve, Satan vint tout honteux et se tint à l'entrée de la caverne, et il appela Adam , disant « Adam, j'ai quelque chose à te dire . » Et Adam sortit dela caverne , et il pensa que c'était un ange de Dieu qui était venu vers lui pour lui donner un bon con- seil . Et quand il vit Satan , il fut épouvanté , car il le vit sous sa figure hideuse , et il dit : « Qui est là? » Et Satan répondit : « Je suis celui qui s'est changé en serpent et qui a parlé à Eve, et qui l'a amenée à suivre mes conseils. Et je l'engageai à te séduire et à manger du fruit de l'arbre, et à transgresser ainsi les ordres de Dieu. » Et quand Adam entendit ce discours , il dit à Satan : « Peux- tu faire pour moi un jardin tel que celui que Dieu avait créé pour moi , ou peux-tu me couvrir d'un vêtement de lumière comme Dieu m'en avait couvert ? Où est la divinité que tu avais promis de nous procurer ? où est l'accomplissement des paroles que tu nous as dites lorsque nous étions dans le jardin? » Et Satan dit à Adam : « Crois-tu que je puisse tenir les promesses que je fais et remplir les engagements que je prends ? Il n'en est rien, et moi-même je n'ai pu obtenir ce à quoi je prétendais . C'est parce que je suis tombé que vous êtes tom- bés aussi, et quiconque suivra mon conseil tombera. Je ne suis pas tombé comme toi , Adam , et je reste ton souverain , parce que tu m'as obéi et que tu as violé les ordres de Dieu . Et il ne te reste aucun moyen de te sauver de mes mains jusqu'au jour où Dieu t'aura pardonné. » Et il dit encore : « Nous ne savons pas le jour où il te pardonnera et l'heure où tu seras sauvé . Nous livrerons beaucoup de combats contre toi et ta race, et notre intention et notre volonté est de cher- cher à ramener sous notre loi tous les hom- mes qui sont sur la terre . Nous avons notre demeure dans le feu ardent , et nous ne re- nonçons pas à nos mauvaises actions , et c'est moi, Adam, qui ai répandu le feu au- tour de toi, lorsque tu entrais dans la ca- verne où tu demeures. » Et Adam pleura en entendant ces paroles, et il dit à Eve : « Ecoute ce qu'il dit, et comme il avoue qu'il n'a rien accompli de ce qu'il nous avait promis dans le jardin. Est-il vraiment de- venu notre roi ? Prions le Seigneur qui nous a créés de nous délivrer de ses mains . » Et Adam et Eve étendirent leurs mains vers le Seigneur, le suppliant de ne pas permettre à Satan de les vaincre et d'opérer son pou- voir sur eux, pour les éloigner du Seigneur. Et Dieu envoya aussitôt un ange qui chassa Satan loin d'eux , et c'était l'heure du cou- cher du soleil, à la fin du cinquante -troi- sième jour depuis qu'ils avaient été chassés du jardin . Adam et Eve rentrèrent dans la caverne et tournèrent leur visage vers l'Orient pour prier le Seigneur. Et avant qu'ils ne se mis- sentenprières,AdamditàEve:« Tuasvu toutes les épreuves auxquelles nous avons été soumis sur la terre ; prions Dieu qu'il 11

�323 324 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. nous pardonne nos péchés, et si nous res- tons ici pendant quarante jours et si nous mourons dans cette caverne , il nous sauvera . » Et Adam et Eve se mirent à prier le Seigneur avec ferveur , et ils restèrent dans la caverne , ne cessant de prier ni jour ni nuit, jusqu'à ce que leur prière sortit de leur bouche comme une flamme de feu. Mais Satan , l'ennemi du bien , ne voulait pas les laisser achever leur prière ; il appela l'ar- mée de ses compagnons et ils vinrent tous etildit:«Adam etEve quenousavons trompés vont prier jour et nuit le Seigneur, implorant son pardon durant quarante jours sans sortir de la caverne . S'ils accomplissent leurs prières , Dieu les délivrera de nos mains et les rétablira dans leur ancien état . Voyons ce que nous avons à faire . » Et ses compagnons dirent : « Tu es notre maître , Seigneur; fais ce que tu voudras . >> Alors Satan prit avec lui une multitude de ses compa- gnons , et il entra dans la caverne dans la nuit du quarantième de ces quarante jours, et il frappa Adam et Eve jusqu'à ce qu'ils restassent comme morts. Alors la parole du Seigneur vint à Adam et Eve et les réveilla, les tirant de leurs souffrances . Et le Seigneur dit à Adam : « Sois fort, et ne crains pas ce- lui qui est encore contre toi . » Et Adam pleura et dit : « Où étais-tu, Seigneur, lors- qu'ils nous frappaient si rudement, et lors- que de pareilles souffrances venaient sur moi et sur Eve, ta servante? » Et Dieu dit à Adam : Vois, c'est ton trésorier qui t'a dit qu'il te donnerait la divinité. Où est son amour pour toi ? où sont les bienfaits qu'il devait te procurer ? Qu'il vienne te consoler et te fortifier, et qu'il envoie ses armées pour te garder, car tu as suivi ses conseils, tu as mieux ainé lui obéir qu'à moi . » Et Adam pleura devant Dieu et dit : « Seigneur, nous avons péché, mais tu nous as punis sé- vèrement. Je te prie de nous délivrer des mains de Satan ; étends sur nous ta miséri- corde et conduis-nous hors de ce pays étran- ger.»Et DieuditàAdam:«Situavais prié avant de violer mes commandements , tu n'aurais pas été soumis aux peines que tu éprouves maintenant . » Et Dieu attendit qu'A- dam et Eve fussent restés quarante jours dans la caverne avant de les réconforter ; mais leur corps était affaibli par le jeune et par la prière , par la faim et la soif, car ils n'avaient préparé ni aliments, ni boisson depuis qu'ils avaient été expulsés du jardin . Et la faim ne leur laissait plus avoir la force de rester debout en prière , jusqu'à ce que les quarante jours fussent accomplis . Et ils restèrent étendus dans la caverne tandis que leur bouche se répandait comme un torrent de louanges du Seigneur . Et quand vint le quarantième jour, Satan arriva près de la caverue, revêtu de la plus éclatante lumière , ayant dans sa main un bâton de lumière, et lui - même , qui est si hideux, était beau de visage, et ses paroles étaient douces . Il prit cette apparence trompeuse , pour séduire Adam et Eve avant que le quarantième jour ne fût accompli . Car il avait dans la pensée que s'ils accomplissaient les quarante jours dans le jeûne et dans la prière , Dieu les ré- tablirait dans leur état primitif, ou que du moins il serait clément à leur égard , et qu'il leur donnerait quelque chose venant du jar- din , pour les consoler . Et Satan se présenta sous ces beaux dehors dans la caverne, et dit : « Adam, lève-toi , ainsi qu'Eve , et venez avec moi dans un beau pays, et ne résistez pas . Je suis de chair et d'os comme vous, et je suis la première créature que Dieu ait créée, et lorsqu'il m'eut créé, il me plaça dans le jardin , du côté du nord , à l'extrémité du monde, et il me dit: « Habite ici, et j'y habitai selon sa parole , et je ne violai pas son commandement . Alors il fit venir le sommeil sur moi, et il te tira, ô Adam, de mon côté, mais il ne te laissa pas habiter près de moi , car le Seigneur te transporta avec sa main divine , et te plaça dans le jar- din, du côté de l'Orient. Et je fus affligé de ce que Dieu, qui t'avait tiré de mon côté , ne voulait pas te laisser avec moi, mais Dieu me dit : « Ne t'afflige pas au sujet d'Adam que j'ai tiré de ton côté ; il ne lui est rien arrivé de fâcheux, et j'ai tiré de son côté une compagne que je lui ai donnée . » Et je me réjouis de ce que Dieu me disait. » Et Satan continua de parler à Adam , et lui dit : « Je ne savais pas que vous résidiez dans cette caverne, et j'ignorais absolument tou- tes les épreuves auxquelles vous avez été soumis, jusqu'à ce que Dieu m'eût dit : Vois, Adam que j'ai tiré de ton côté, et Eve que j'ai tirée de son côté, ont désobéi à mes commandements, et je les ai expulses du jardin, et je leur ai assigné pour demeure un pays d'affliction et de souffrances , parce qu'ils ont enfreint mes ordres et parce qu'ils ont écouté Satan . Et voici qu'ils font la pénitence qu'il se sont imposée jusqu'à aujourd'hui , le quatre -vingtième jour.» Et Dieu me dit : « Lève-toi , va vers eux , et conduis- les où tu habites et ne souffre pas que Satan s'appro- che d'eux et qu'il les batte , car ils sont maintenant dans une grande misère et acca- blés par la faim. » Et Dieu medit:« Quand tu les auras amenés à toi , donne - leur à manger du fruit de l'arbre de vie, et à boire de l'eau de la vie , et revêts-les de vête- ments de lumière , et rétablis-les dans l'état de grâce où ils étaient, et ne les laisse pas dans la misère où ils sont tombés, et ne t'afflige pas à leur égard et n'aie pas d'in- quiétude sur ce qui leur est arrivé. » Lors- que j'entendis ces paroles du Seigneur , je fus affligé, et mon cœur ne put se retenir à cause de vous, mon fils ; bien plus , lors- que j'entendis le nom de Satan , je trem- blais et je dis en moi - même qu'il voudrait aussi me prendre dans ses piéges , comme il avait pris mes enfants Adam et Eve. Et je dis : « O Dieu, si je vais trouver mes en- fants, Satan me rencontrera en chemin et combattra contre moi comme il a combattu contre eux. » Et Dieu me dit : « Ne crains point si tu le rencontres , frappe- le avec le bâton que tu as en la main et ne le redoute pas . » Et je répondis : « Cela ne peut être,

�325 PART. I. 326 - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT.- LIVRE DU COMBAT D'ADAM. car je suis vieux et hors d'état de me mou- voir ; envoie-moi tes anges afin qu'ils me soutiennent. » Et Dieu me dit : « Les anges ne sont pas de la même race qu'eux, et ils ne peuvent ; je t'ai choisi parce qu'ils sont de ta race et ton image ; ils écouteront tesordres.»EtDieumedit:«Situ n'as pas assez de force pour aller où je te dis, je t'enverrai un nuage qui te portera jusqu'à l'entrée de la caverne et qui t'y déposera . Et quand tu voudras revenir à moi , je t'enver- rai un nuage qui te rapportera. » Et aussitôt il donna ses ordres à un nuage qui m'enleva et me porta vers vous. Mon fils Adam, et toi Eve, voyez mes cheveux gris, et ma fatigue, et le long voyage que j'ai fait pour venir jusqu'à vous ; levez - vous, et allons ensem- ble à ce lieu de repos. » Et il commença à pleurer et à se lamenter devant Adam et Eve et il versait par terre des larmes comme de l'eau . Et quand Adam et Eve ouvrirent les yeux, ils virent sa longue barbe , et ils en- tendirent son langage affectueux et sédui- sant. Et ils écoutèrent sa parole , et ils cru- rent qu'elle était vraie, et il leur semblait qu'ils étaient réellement sortis de lui , lors- qu'ils virent sa figure comme leur figure , et ils crurent en lui. Et il prit Adam et Eve par la main, et il commença à les mener hors de la caverne . Et quand ils en furent un peu sortis , Dieu reconnut que Satan les avait vaincus et qu'il les avait séduits avant que quarante jours ne fussent accomplis, et il voulait les mener en des endroits éloignés pour les détruire . La parole de Dieu vint alors et elle maudit Satan et le chassa loin d'eux. Et la parole du Seigneur commença à se faire entendre à Adam et à Eve , et le Seigneur leurdit : «Qui est-ce qui vous a conduits hors de la caverne jusqu'ici » Et Adam dit à Dieu : O Seigneur, as-tu donc créé un homme avant nous ? Car lorsque nous étions dans la caverne , un beau vieillard s'est montré soudain devant nous, et nous a dit : Je suis envoyé par Dieu pour vous conduire au lieu du repos, et nous croyions , Seigneur , qu'il était ton envoyé, et nous l'avons suivi sans savoir où il nous mènerait. » Et Dieu parla de rechef à Adam : « Vois, c'est le père des connaissances mauvaises qui t'a expulsé ainsi qu'Eve, du jardin de la béatitude. Et maintenant comme il voit qu'Eve et toi vous vous livriez au jeûne et à la prière, et que Vous ne vouliez pas sortir de la caverne jus- qu'à ce que quarante jours fussent accom- plis, il a voulu vous faire violer votre vœu et détruire votre espérance , et vous amener de inanière à pouvoir vous détruire . Et comme il ne pouvait rien sur vous s'il ne prenait pas votre forme, il s'est approché de vous sous une forme humaine, et il a com- mencé à vous donner des signes que tout ce qu'il disait était vrai . Mais dans ma misé- ricorde et dans ma compassion pour vous, je n'ai pas souffert qu'il vous fit du mal, mais je l'ai chassé loin de vous. Et mainte- nant , Adam, prends Eve avec toi et retour- nez à la caverne, et restez-y jusqu'à ce que les quarante jours soient accomplis, et en suite rendez - vous à la porte orientale du jardin . » Adam et Eve se prosternèrent de- vant Dieu, le louant et lui rendant grâce de de ce qu'il les avait sauvés; et ils revinrent à la caverne, et c'était l'heure du soir à la fin du trente-neuvième jour. Et Adamı et Eve étaient accablés de fatigue, au point de ne plus pouvoir prier, car toute leur force avait été détruite par les veilles et la faim. Et ils passèrent toute la nuit jusqu'au ma- tin. Et Adam dit à Eve : « Lève-toi, nous irons devant la porte du jardin comme Dieu nous l'a recommandé . » Et ils lui offrirent leurs prières comme ils le faisaient chaque jour et ils sortirent de la caverne , et ils al- lèrent jusqu'à ce qu'ils fussent près de la porte orientale du jardin . Et Adam et Eve prièrent le Seigneur de les fortifier et de leur envoyer quelque chose pour apaiser leur faim . Et lorsqu'Adam et Eve eurent fini leurs prières , ils s'assirent , car ils n'a- vaient plus de force . Et la voix du Seigneur vint de rechef et dit : « Adam, lève-toi et va, et apporte les deux figuiers . » Et Adam et Eve se levèrent et allèrent jusqu'à ce qu'ils fussent auprès de la caverne. Mais le méchant Satan était irrité à cause de la consolation que Dieu leur avait donnée ; il était rentré dans la caverne et il avait pris les deux figuiers et les avait enterrés au devant de la caverne , de sorte qu'Adam et Eve ne pouvaient les trouver. Et Satan avait dans l'esprit de dé- truire ces arbres ; mais Dieu dans sa miséri- corde fit que la pensée de Satan ne put se réaliser et il fit sortir de terre deux arbres fruitiers qui ombragèrent la caverne par en haut ; et quand il vit ces deux arbres chargés de fruits , Satan fut affligé , il se plaignit et dit : « Il aurait été mieux pour moi si je les avais laissés où ils étaient ; voici que deux arbres chargés de fruits y sont venus et Adam peut en manger tous les jours de sa vie . J'avais dans la pensée , lors- que je les enterrais, de les détruire , mais Dieu a détruit mon projet et n'a pas voulu que ce fruit saint périt ; il a réduit à rien le plan que j'avais formé contre ses serviteurs . >> Et Satan se retira tout confus , parce qu'il n'avait pas accompli ce qu'il avait dans sa pensée . Mais Adam et Eve , lorsqu'ils s'ap- prochèrent de la caverne , virent deux figuiers chargés de fruits qui l'ombrageaient par en haut.EtAdamdità Eve:«Ilmesemble que nous sommes égarés : ces deux arbres , depuis quand sont-ils venus là ; il me semble que le tentateur veut nous séduire ; crois-tu qu'il est sur la terre une autre caverne que la nôtre ? Entrons dans la caverne ; si nous y trouvons les deux figuiers , ce sera la ca- verne où nous étions , et si nous ne les trouvons pas , cette caverne n'est pas la nôtre . » Ils entrèrent dans la caverne, et ils en visitèrent les quatre coins , mais ils n'y trouvèrent pas de figuiers . Et Adam pleura et dit à Eve : « Nous nous sommes trompés, car les deux figuiers qui y étaient ne se re- trouvent pas. Et Eve dit : « Jene saispas. » Et Adam se tint debout, il pria et il dit :« O

�327 328 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. Dieu, tu nous a commandé de retourner à la caverne, et de prendre les figuiers et de re- tourner vers toi , et nous ne les trouvons plus ; tu les as enlevés et tu as planté ces deux arbres ou bien nous nous sommes égarés sur la terre , ou le tentateur nous trompe par une funeste apparence . O Dieu, décou- vre-nous le secret des arbres et des deux figuiers. Alors la parole du Seigneur vint à Adam et dit : « Adam, lorsque je t'envoyai pour aller chercher le fruit des figuiers , Satan est venu à la caverne , il a pris les figuiers et les a enterrés devant la caverne , du côté de l'orient, et il avait dans sa pen- sée de les détruire ; ce n'est pas par suite de sa puissance que ces deux arbres sont venus, mais par un effet de ma miséricorde je leur ai commandé de sortir ; et je montre ainsi ma puissance et mes œuvres admirables. Et je voulais vous montrer l'impuissance de Satan et son mauvais vouloir, car depuis que vous avez été expulsés du jardin , il n'a pas laissé passer un seul jour sans entreprendre de vous faire quelque mal, mais je ne l'ai pas laissé remporter la victoire sur vous . » Et Dieu dit : « Désormais , repose -toi , Adam, sous ces arbres, et Eve aussi , lorsque vous serez fatigués , mais ne mangez pas de leur fruit , et n'en faites pas votre nourri- ture . »> Quand le quatrième jour d'après le qua- tre vingtième vint , Adam et Eve prirent les deux figues et les pendirent avec les rameaux auquels elles étaient attachées dans la ca- verne, afin que ce fût un signe de la béné- diction de Dieu , et afin qu'il attestat à leurs descendants les merveilles que Dieu avait faites à leur égard . Et Adam et Eve se tinrent debout devant la caverne, priant Dieu de daigner leur montrer des aliments afin qu'ils pussent réparer les forces de leur corps . Et la parole du Seigneur vint et dit à Adam : « Descends à l'ouest de la caverne jusqu'à ce que tu trouves une terre noire et limo- neuse ; tu trouveras là ta nourriture . » Et Adam entendit la parole du Seigneur , il prit Eve et descendit vers la terre noire , et il y trouva du froment en épis , et les épis étaient murs et bons à manger . Et Adam s'en réjouit. Et la parole de Dieu vint encore et dit : << Prends de ce froment , et fais-en du pain pour fortifier ton corps . » Et Dieu donna à Adam la sagesse dans son cœur , afin qu'il sût préparer le froment et en faire du pain. Et Adam accomplit tout cela, et il travailla et il fut très-fatigué , et il revint à la caverne plein de joie d'avoir appris comment il de- vait préparer le froment. Adam et Eve étant une fois venus aux champs defroment que Dieu leur avait mon- trés , et voyant que le froment était mûr et prêt à être coupé , ceignirent leurs vête- inents , mais, comme ils n'avaient pas de fer pour couper le froment, ils l'arrachèrent de terre et ils en firent un tas . Et comme ils étaient accablés de chaleur , de soif et de fatigue, ils allèrent sous un arbre pour y chercher de l'ombre , et le vent les rafraîchit, et ils s'endormirent. Quand Satan eut vu le travail qu'avaient fait Adam et Eve, il appela ses compagnons et il leur dit : Dieu a montré à Adam et à Eve ce froment , afin qu'ils l'emploient à soutenir leur corps. Et voyez , ils se sont fatigués et ils dorment maintenant ; allons, et mettons le feu à ce qu'ils ont ramassé, et enlevons le vase plein d'eau qu'ils ont près d'eux , afin qu'ils n'aient plus rien à boire , et ils mourront ainsi de faim et de soif. Et quand ils se réveilleront et qu'ils voudront aller à leur caverne , nous ferons qu'ils s'égareront, et ils éprouveront de grandes souffrances , et si , dans leur im- patience , ils offensent Dieu , il les anéan- tira de dessus la surface de la terre et nous n'aurons plus de tracas à leur égard . Et Satan et ses compagnons jetèrent du feu sur le froment qui fat réduit en cendres . Et par suite de la chaleur du feu , Adam et Eve se réveillèrent, et ils virent le froment brûlé et le vase qui avait été plein d'eau, se trouvait vide . Alors ils pleurèrent et retournèrent vers la caverne . Et tandis qu'ils gravissaient la montagne , Satan et ses compagnons vin- rent vers eux sous la forme d'anges qui chantaient des cantiques. Et Satan dit à Adam et Eve : « Adam , pourquoi as-tu tel- lement à souffrir de la soif et de la faim ? Il me semble que c'est Satan qui a incendié le froment. » Et Adam lui dit que oui . Et Satan parla encore à Adam : « Viens avec nous ; nous sommes les anges du Seigneur; Dieu nous a envoyés vers toi , afin de te mon- trer un autre champ de froment , plus beau queceluiquiaétédétruit,et ilya àcôté une belle source d'eau et beaucoup d'ar- bres , et c'est là que sera ta demeure . » Adam pensa que c'était vrai , et que c'était vrai- ment des anges qui lui parlaient , et il les suivit ainsi qu'Eve . Et Satan les égara , les faisant marcher durant huit jours , jusqu'à ce qu'ils tombassent par terre , comme morts de faim , de soif et de fatigue . Alors Satan s'enfuit vers ses compagnons , et les aban- donna. Et Dieu arrêta ses regards sur Adam et Eve , et il envoya sa parole et il les rap- pela de la mort . Et quand Adam se fut re- levé , il dit : « ô Dieu, as-tu brûlé le fro- ment que tu nous as donné , et as-tu envoyé tes anges qui nous ont égarés , et veux-tu nous faire périr ? Si telle est ta volonté, Sei- gneur , prends notre vie et ne nous châtie pas davantage . » Et Dieu lui dit : « Je n'ai point brûlé le froment et je n'ai point vidé le vase plein d'eau , et je n'ai point envoyé mes anges pour t'égarer, mais c'est l'œuvre de Satan que tu as reconnu pour ton chef, lorsque tu as violé mon commandement. C'est lui qui a brûlé le froment et répandu l'eau , et qui t'a égaré, et toutes les promes- ses qu'il t'a faites, sont mensonge et fausseté. Mais maintenant, Adam , reconnais ma bonne volonté pour toi . » Et le Seigneur commanda à ses anges , et ils rapportèrent Adam et Eve à l'endroit qu'ils avaient quitté , et ils trouvèrent le froment intact et le vase plein d'eau . Et ils regardèrent l'arbre , et ils y trouvèrent de la manne , et ils admirèrent la puissance de Dieu . Et les anges leur com-

�329 PATR. 1. LIVRE DU COMBAT D'ADAM. - 350 TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. - mandèrent de manger de la manne , lors- qu'ils auraient faim. Et Dieu maudit Satan , lui défendant de revenir et de détruire le froment. Adam et Eve prirent du froment , et ils en firent un sacrifice , et ils le portèrent sur la montagne , à l'endroit où ils avaient versé leur sang comme offrande , et ils mi- rent le froment sur l'autel qu'ils avaient construit. Et Adam et Eve se tinrent debout en pleurant , et ils dirent « Dieu , tant que nous étions dans le jardin , nos chants de louanges étaient l'offrande que nous te pré- sentions , et notre innocence montait vers toi comme l'encens . Mais maintenant , Ô Dieu , accepte de nous ce sacrifice , et ne nous repousse pas sans nous avoir montré ta miséricorde . » Et le Seigneur dit à Adam et Eve « Comme vous m'avez fait ce sacri- fice et que vous me l'avez offert , je ferai l'o- blation de ma chair , quand je viendrai sur la terre et que je vous sauverai , et je l'appor- terai perpétuellement sur l'autel , pour le pardon et pour la consolation de ceux qui seront dignes d'en prendre. » Et Dieu fit descendre du feu sur l'offrande d'Adam , et il y eut beaucoup de lumière et une grande clarté ; et ce fut le Saint-Esprit qui descendit sur l'offrande. Et Dieu ordonna à un ange de prendre une tenaille de feu , et d'accepter le sacrifice qu'offraient Adam et Eve. (Il y a ici une lacune dans le manuscrit, et le sens est fort obscur.) Et l'ange fit ce que Dieu lui avait ordonné, et les âmes d'Adam et Eve furent pleines de clarté et leurs cœurs remplis de joie, et ils louèrent le Seigneur, en lui rendant grâces. Et Dieu dit à Adam : « Que ce soit pour vous une habitude d'offrir un sacrifice lorsque l'affliction et la douleur viennent sur vous. Votre délivrance et votre entrée dans le jardin n'arriveront que lorsque les jours de l'alliance entre vous et moi seront accomplis. Et, dans ma miséricorde pour vous , je vous recevrai de nouveau dans mon jardin et dans ma grâce , à cause du sacrifice que vous avez offert à mon nom . » Et Adam se réjouit des paroles que lui adressait le Seigneur, et Eve et lui se prosternèrent de- vant l'autel et le baisèrent. Et ils revinrent à la caverne des trésors ; c'était la fin du 12 jour, après le 80 jour depuis qu'ils étaient sortis du jardin . Et ils passèrent toute la nuit en prières jusqu'à ce que vint le ma- tin . Et is retournèrent vers la caverne , et Adam dit à Eve dans la joie de son cœur sur le sacrifice que Dieu avait agréé : « Nous ferons un sacrifice trois fois par semaine , le mercredi, le vendredi et le dimanche, pendant toute la durée de notre vie, » et Dieu se réjouit de leur pensée et de ce qu'ils avaient arrêté entre eux . Et la parole du Seigneur vint sur Adam et dit : « Adam, tu as d'avance déterminé les jours auxquels les souffrances viendront m'assaillir lorsque je serai devenu chair, et ces jours sont le mercredi et le vendredi . Et le dimanche J'aurai accompli toutes les œuvres et atteint le ciel et j'y introduirai ceux qui auront cru en moi. Adam, accomplis ce sacrifice durant la durée de ta vie . » Et Dieu fit ainsi entendre sa parole à Adam, et Adam fit le sacrifice trois fois par semaine jusqu'à ce que sept semaines fussent accomplies. Et le dimanche qui était le 50' jour, Adam offrit un sacrifice selon sa coutume . Mais Satan qui déteste le bien , était plein de co- lère contre Adam et contre son sacrifice , parce qu'il avait trouvé grâce devant Dieu ; il s'empressa de prendre une des pierres les plus aiguës , et il parut sous la forme d'un homme; il alla vers Adam et Eve , tandis qu'Adam plaçait l'offrande sur l'autel et , les mains étendues, adressait à Dieu ses prières, et Satan le frappa au côté droit avec la pierre aiguë qu'il avait , et il en sortit du sang et de l'eau , et Adam retomba sur l'autel comme mort, et Satan s'enfuit. Alors Eve vint ; elle releva Adam et le posa au pied de l'autel tandis que son sang coulait de son côté , et elle se mit à pleurer sur lui . Et le sang d'A- dam avait coulé de son côté sur l'offrande. Et Dieu vit qu'Adam allait mourir, et il en- voya sa parole, et il le ranima, et lui dit : « Achève ton sacrifice , car il m'est très - agrée- ble. » Et Dieu dit à Adam : « Il m'en arrivera autant sur cette terre ; je serai blessé , et il sortira de mon côté de l'eau et du sang qui couleront sur mon corps ; c'est le sacrifice véritable , et il sera répandu sur l'autel comme un sacrifice parfait . » Et Dieu ordonna à Adam de terminer son sacrifice . Et quand il l'eut terminé, il se prosterna de nouveau de- vant Dieu et lui rendit grâces du signe qu'il lui avait montré . Et Dieu guérit ainsi Adam , le dimanche après la 7 semaine , le 50° jour. Adam et Eve retournèrent à la montagne et revinrent, selon leur usage , dans la caverne des trésors. Et Adam avait accompli 142 jours depuis qu'il avait été expulsé du jar- din. Et quand le matin fut venu , Adam et Eve sortirent de la caverne et allèrent du côté de l'ouest , à l'endroit où ils récoltaient le froment, et ils s'assirent à l'ombre sous un arbre. Et beaucoup de bêtes vinrent tout à l'entour d'eux , et c'était une ruse de Satan , l'ennemi du bien qui prit la forme d'un ange que deux autres anges accompagnaient, et ils étaient absolument comme les trois anges qui avaient apporté à Adam de l'or, de l'en- cens et de la myrrhe . Et ils allèrent vers Adam et Eve qui était assis sous l'arbre et ils les saluèrent , leur adressant de belles paroles , pleines de tromperie. Et lorsqu'Adam vit leurs belles figures, et qu'il entendit leurs douces paroles , il les conduisit à Eve , et son cœur était réjoui , car il les prenait pour les anges qui lui avaient apporté de l'or, de l'encens et de la myrrhe . Et comme la pre- mière fois qu'ils étaient venus vers lui, ils lui avaient procuré la paix et la joie , parce qu'ils lui avaient donné de bons signes , il pensait aussi qu'en venant à lui une seconde fois , ils lui donneraient d'autres signes qui le réjouiraient et il ne savait pas que c'était une perfidie de Satan . Il les reçut donc avec joie et s'assit avec eux. Et Satan dit : « Ré- jouis- toi , Adam, et pousse des cris d'allé- gresse ; voici que Dieu nous a envoyés vers

�331 332 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. toi afin de te dire quelque chose . » Et Adam dit : « Qu'est-ce que c'est ? » Et Satan dit : « Ce n'est pas une chose importante , mais c'est une parole de Dieu ; si tu ne veux pas l'entendre de nous , nous retournerons vers Dieu et nous lui dirons que tu n'as pas reçu sa parole . » Et Satan dit encore à Adam : Ne crains rien de nous, et qu'aucune frayeur ne te saisisse ; ne nous connais -tu pas ?»Et Adam dit : «Je ne vous connais pas ? » Alors Satan lui parla ainsi : « Vois , je suis l'ange qui t'a apporté l'or et qui te l'a remis dans la caverne, et celui-ci est l'ange qui t'a apporté l'encens , et ce troisième est celui qui t'a apporté la myrrhe . Mais nos compa- gnons qui vous ont porté à la caverne ne sont pas venus cette fois , car Dieu ne les a pas envoyés, etil leuradit:«Onn'apasbe- soin de vous. » Et quand Adam entendit ces paroles, il crut en eux et il leur dit : « Dites ce que Dieu vous a révélé , et je recevrai sa parole. » Et Satan lui dit : « Jure et fais le serment solennel que tu la recevras. » Et Adam dit : « Je ne sais aucun serment. »Et Satan lui parla ainsi : « Etends ta main et mets-la dans ma main . » Et Adam étendit sa main et la mit dans celle de Satan . Et Satan lui dit : « Dis, Aussi vrai que Dieu est le Dieu vivant, et le Seigneur qui a créé le ciel dans l'espace de l'air et qui à affermi la terre sur l'eau, et qui m'a formé des quatre éléments, je ne manquerai pas à mon engagement et je ne serai pas infidèle à ma parole. » Et Adamjura ainsi . Et Satan lui dit : « Vois, il n'y a que peu de temps depuis que tu es sorti du jardin ; tu ne connais rien de mal et de mauvais , et Dieu a dit : Prends Eve qui est sortie de ta côte, et épouse - la, afin qu'elle te donne des enfants, pour qu'ils te consolent et pour que le chagrin et l'inquié- tude s'eloignent de toi . » Et quand Adam entendit ce discours de Satan, il fut très affligé à cause de son serment, et il dit : « Est- ce que je dois commettre des impuretés avec ma chair et pécher contre moi - même ? Dieu me détruirait et m'anéantirait de dessus la surface de la terre . La première fois que je mangeais du fruit de l'arbre , Dieu m'expulsa du jardin , mais il éloigna de moi la mort ; mais si je pèche une autre fois, il mettra fin à ma vie sur la terre et me précipitera dans l'enfer et me punira longtemps . Je crois plu- tôt que Dieu n'a pas dit ce que tu rapportes et vous n'êtes pas des anges que le Sei- gneur a envoyés, mais tu es Satan qui , pour ne tromper, a pris la figure d'un ange . Eloignez -vous de moi ; que le Seigneur vous maudisse ! » Et Satan et ses compa- gnons s'enfuirent . Et Adam et Eve revinrent alacaverneet Adamdit àEve:«Quandtu verras ce que je fais , ne parle pas, car j'ai pé- ché contre Dieu , j'ai fait un serment en son nom redoutable, et j'ai une seconde fois placé ma main dans la main de Satan . » Et Adam étendit ses mains vers Dieu , le sup- pliant avec larmes de lui pardonner ce qu'il avait fait. Et Adam demeura ainsi en prière les mains étendues quarante jours et quarante nuits sans boire ni manger jusqu'à ce qu'il tomba par terre , accablé de faim et de soif. Et Dieu envoya sa parole à Adam et le releva de sa chute. Et il lui dit : « Adam, pourquoi as-tu fait un serment en mon nom et pourquoi as-tu une seconde fois fait un pacte avec Satan ? » Et Adam pleura et dit : Que Dieu me pardonne, car je l'ai fait par ignorance et dans la pensée que c'était un ange du Seigneur . » Et Dieu pardonna à Adam, et illui dit : « Méfie-toi de Satan. ■ Et le cœur d'Adam fut consolé, et il prit Eve, et ils sortirent de la caverne , selon leur habi- tude . Et depuis ce jour Adam eut en lui la pensée qu'il devait épouser Eve , mais il craignait de le faire de peur d'offenser Dieu . Et Adam et Eve allèrent au bord de l'eau et s'assirent sur le rivage comme font ceux qui se réjouissent . Et Satan était rempli d'envie contre eux , et il prit , ainsi que dix de ses compagnons , la forme de dix jeunes filles d'une beauté incomparable . Et sortant du fleuve , ils vinrent devant Adam et Eve , et ils dirent : « Nous voulons voir les visages d'Adam et d'Eve , qui sont sur la terre , et nous verrons s'ils sont beaux et s'ils sont différents des nôtres. » Et ils vinrent sur le rivage auprès d'Adam et d'Eve ; ils les saluèrent et ils restèrent devant eux saisis d'étonnement . Adam et Eve les contem- plaient très-étonnés de leur beauté , et ils dirent : « Y a-t-il donc un autre monde où il existe d'aussi belles créatures ? » Et les jeunes filles dirent à Adam et à Eve : « Oui, et nous faisons partie d'une création très-nom- breuse. » Et Adam leur dit « Qui est- ce qui fait que vous vous multipliez ainsi ? » Et elles dirent : « Nous avons des hommes qui nous épousent , et nous devenons enceintes , et nous avons des enfants , et ces enfants grandissent , et notre race ainsi se multi- plie. Et si tu ne nous crois pas , Adam, nous te ferons voir nos maris et nos enfants.» Et elles appelèrent leurs maris et leurs en- fants, et des hommes et des enfants sortirent de l'eau etse mirent chacun d'eux à aller vers sa femme et à prendre ses enfants . Et quand Adam et Eve virent ces choses , ils furent remplis d'étonnement . Et les jeunes filles direntàAdametàEve:«Vousavezvu nos maris et nos enfants ; et , Adam , il faut que tu fasses aussi ce que nous te dirons , afin d'avoir des enfants et de perpétuer ta race . » Et Satan pensait en lui- même : Dieu a défendu à Adam de manger du fruit de l'arbre , et Adam , ayant violé cette défense, a été soumis à de grandes peines et à bien des souffrances . Maintenant je viens le por- ter à s'approcher d'Eve sans l'ordre de Dien, et Dieu , dans sa colère , le détruira . » Mais Adam croyait offenser Dieu et il se mit en prière ainsi qu'Eve , et Satan et ses compa- gnons se replongèrent dans la mer. Et Adam et Eve retournèrent à la caverne selon leur habitude , et l'heure du soir était venue . Et ils se levèrent pour prier pendant la nuit , et Adam dit : « Seigneur , tu sais que nous t'avons désobéi , et depuis notre faute , nos corps sont devenus comme ceux des brutes.

�333 PART. I. - 334 TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. -LIVRE DU COMBAT D'ADAM. Fais-nous connaître ta volonté , Seigneur, et ne permets pas à Satan de venir nous trou- bler par des apparitions trompeuses, de peur qu'il ne nous amène encore à faire des choses qui t'offenseraient, et dans ta colère , tu nous ferais périr . » Dieu entendit la parole d'A- dam , et il dit qu'elle était vraie et qu'il n'é- tait pas en état de résister aux attaques de Satan , et la parole du Seigneur vint à Adam et dit : « Les peines que tu endures ne se- raient pas arrivées si tu n'avais pas provo- qué mon courroux en m'obligeant à te chasser du jardin. » Et il envoya à Adam l'ange qui lui avait apporté l'or , et celui qui lui avait apporté l'encens et celui qui avait apporté la myrrhe. Et les anges dirent à Adam : « Prends l'or et donne-le à Eve comme pré- sent de noce et fais un pacte avec elle , et donne-lui l'encens comme un gage que vous ne ferez qu'une chair. » Et Adam entendit lavoixdel'ange,etil prit l'oret illemit dans le pan du vêtement d'Eve , et ils firent un pacte ensemble en se frappant dans la main. Et les anges commandèrent à Adam et à Eve de passer quarante jours et quarante nuits dans la prière , et ensuite Adam pour- rait approcher de sa femme , car ce serait en pureté et non en impureté ; et elle lui don- nerait des enfants , et ils rempliraient et peu- pieraient la terre . Et Adam et Eve écoutèrent la parole des anges, et les anges les quit- tèrent . Et Adam et Eve jeûnèrent et priè- rent jusqu'à ce que quarante jours fus- sent accomplis , et ensuite ils dormirent ensemble comme les anges le leur avaient dit. Et depuis l'expulsion d'Adam du para- dis jusqu'à ce qu'il épousa Eve , il y eut 223 jours , c'est-à-dire sept mois et treize jours . Et ainsi fut accompli le combat de Sa- tan contre Adam et Eve . Ils travaillèrent la terre afin de satisfaire aux besoins de leur corps , et ils passèrent ainsi les neuf mois de la grossesse d'Eve , et lorsque vint le temps où elle devait enfan- ter, elle dit à Adam : « Cette caverne est un endroit pur à cause des signes du jardin qui s'y trouvent, et c'est pourquoi nous de- vons aller y prier. Allons auprès du rocher que Satan précipita sur nous, afin de nous tuer, mais qui , par la miséricorde de Dieu , s'est arrêté et qui a formé ainsi le toit de cette caverne . » Et Adam conduisit Eve à.la caverne . Et quand l'heure de l'enfantement fut venue , Eve souffrit de très -grandes dou- leurs, et Adam en eut une peine extrême , et elle fut troublée et vint près de la mort, afin que la parole du Seigneur s'accomplit en elle : « Tu enfanteras dans la douleur , ». Adam , lorsqu'il vit les souffrances qu'Eve éprouvait , adressa ses prières à Dieu et dit : « Dieu, épargne ta servante Eve dans les (181 ) Luva. Leu ou Lud ( nom qu'on trouve pour la sœur de Cain) sont des abréviations de Le- luda, nom que lui donne Barhebræus , lequel ap- pelle la sœur d'Abel Chinia; on trouve le nom de Chalmana dans les Révélations du faux Métbodius Bibliotheca maxima Patrum, t. II , p. 727 ) et chez quelques rabbins. D'après la Petite Genèse, citée par saint Epiphane (hæres. 39, n. 6) et d'après souffrances qu'elle endure et ne lui inflige pas la peine à laquelle tu l'as condamnée quand tu l'as expulsée du jardin ; ne la laisse pas succomber, Seigneur, mais regarde-la des yeux de ta miséricorde et délivre-la de ses souffrances . » Et Dieu épargna sa ser- vante Eve et la délivra , et elle enfanta son fils, premier né, et avec lui une fille, et Adam se réjouit de la délivrance d'Eve, ainsi que des enfants qui lui étaient nés . Et Adam assista Eve durant huit jours dans la cu- verne, et il appela le garçon Caïn et la fille Luva ( 181) . Le nom de Cain s'interprète dans le sens de celui qui a de la haine, car il haïssait sa sœur dans le corps de sa mère , avant qu'il ne vint au monde, et c'est pour- quoi Adam l'appela Caïn ( 182) . Et Luva s'in- terprète par la belle ; car elle était plus belle que sa mère . Et Adam et Eve attendi- rent que Cain et sa sœur eurent quarante jours, et alors Adam dit à Eve : « Nous fe- rons un sacrifice et nous l'offrirons pour les enfants. » Et Eve dit : « Nous ferons d'abord un sacrifice pour notre fils, et ensuite un pour notre fille. » Et Adam prépara le sacri- fice, et Eve et lui prirent leurs enfants et les portèrent à l'autel qu'ils avaient élevé, et Adam mit le sacrifice sur l'autel et supplia le Seigneur d'accepter son sacrifice, et Dieu agréa le sacrifice d'Adam. Et . Adam et son fils participèrent au sacrifice, mais Eve et sa fille n'y prirent point de part. Et Adam se releva et ils furent pleins de joie . Et Adam et Eve attendirent jusqu'à ce que les jours de la fille fussent complétés . Alors Adam offrit un sacrifice ; il prit Eve et les enfants , et ils allèrent à l'autel, et il apporta le sacri- fice selon son usage , et il supplia le Sei- gneur de le recevoir, et Dieu agréa le sa- crifice d'Adam et Eve . Et Adam et Eve , avec les enfants, prirent part au sacrifice . Et ils se retirèrent pleins de joie, mais ils n'allè- rent point à la caverne où Eve avait enfanté ; ils allèrent à la caverne des trésors , afin d'y porter les enfants et de les faire bénir par les signes du jardin, et ils revinrent ensuite à la caverne où elle avait enfanté. Et avant qu'Eve ne fût venue sacrifier , Adam était allé avec elle au cours d'eau dans lequel elle s'était jetée une fois, et ils s'y baignèrent , et ce fut la première fois qu'Adam et Eve se purifièrent de la maladie et de la faiblesse- qui étaient venues sur eux . Ils vécurent ainsi jusqu'à ce que les enfants fussent sevrés , et lorsqu'ils eurent été sevrés, Adam offrit un sacrifice pour ses enfants et pour leur âme , un autre sacrifice que le triple sacri- fice qu'il offrait chaque semaine . Et après qu'ils eurent été sevrés, Eve fut enceinte, et elle accomplit ses jours , et elle enfanta encore un fils et une fille , et elle ap- Eutychius (Annal. p . 15) la sœur aînée s'appelait Ava, la seconde, qui épousa Seth Azura ou Azrún. Le faux Méthodius appelle l'aînée Debbora. (182 ) D'après Josèphe, le nom de Cain signifie possession ou propriété ; et celui d'Abel deuil , sans doute d'après sa fin malheureuse. D'autres auteurs prétendent que le premier nom signifie batteur vu forgeur de fer, et le second souffle ou ombre..

�335 330 DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES. pela le fils Abel et la fille Aklejane (183) . Et après que quarante jours se furent écoulés, Adam offrit un sacrifice pour le fils , et lors- que le temps fut accompli , il en offrit un pour la fille, et il fit pour eux comme il avait fait pour les deux premiers nés. Les enfants commencèrent à grandir et Caïn était vio- lent et jaloux à l'égard de son jeune frère ; et souvent, lorsque Adam allait offrir un sa- crifice, il restait en arrière , et n'allait pas prendre part au sacrifice . Abel avait le cœur doux et était soumis à ses parents ; il les as- sistait pour le sacrifice , car il aimait le sacri- fice et il priait et jeûnait beaucoup. Et le signe suivant vint à Abel . Il alla à la caverne des trésors, il y vit les bâtons d'or, l'encens et la myrrhe , et il s'informa et demanda comment ces choses avaient été trouvées . Adam lui raconta ce qui s'était passé , et Abel resta avec son père toute cette nuit dans la caverne des trésors. Et dans cette nuit , Satan lui apparut sous la forme d'un homme et lui dit : « Tu engages souvent ton père à offrir des sacrifices, à jeûner et à prier, mais moi je te tuerai et mettrai fin à ta vie . » Abel re- poussa le diable et ne crut pas à sa parole et adressa ses prières à Dieu . Et quand l'heure du matin fut venue, un ange du Seigneur lui apparut et lui dit : « Ne cesse point de prier et de jeûner, et de faire offrir pour Adam des sacrifices à Dieu ; Dieu a écouté tes prières ; ne crains rien de celui qui t'a apparu dans la nuit et qui t'a si fort épou- vanté. » Et l'ange le quitta. Et quand le ma- tin fut venu , Abel vint trouver Adam et Eve, et leur raconta l'apparition qu'il avait eue ; et quand ils l'entendirent, ils furent effrayés , mais ils ne purent rien faire pour lui qu'es- sayer de réconforter son cœur . Et Satan alla voir Cain ; il lui apparut dans la nuit et lui dit :«Adam et Eve aiment ton frère Abel plus que toi, et comme ils l'aiment, ils veulent le marier à ta sœur la plus belle ; et toi , comme ils te haïssent, ils veulent te donner pour femme ta sœur qui est laide. Et moi, je te conseille : Tue ton frère, et alors il faudra bien que ta sœur te revienne . » Et Satan le quitta ; mais les paroles du mauvais restèrent dans son cœur, et il chercha souvent à tuer son frère . Et quand Adam vit qu'il haissait Abel, il chercha à apaiser son cœur et il lui dit : « Mon fils , prends ces graines et ces fruits et offre un sacrifice à Dieu , afin qu'il te pardonne tes fautes et tes péchés. (Ici, une lacune dans le texte.) Abel dit à son père Adam : « Viens avec moi pour m'enseigner à offrir un sacrifice . » (183) La Genèse ne dit rien des filles d'Adam . Parmi les traditions qui se rapportent au père de la race humaine, on peut en mentionner une fort ré- pandue parmi les nations Slaves. La croyance po- pulaire regarde comme fait démontré l'existence des Wilas, espèce de fées qui habitent les forêts, et voici comment elle raconte leur origine : ‹ Adam avait eu de son union avec Eve trente fils et trente filles. Dieu lui demandant un jour le nombre de ses enfants, Adam se trouva honteux d'avoir à énu- mérer tant de filles, et dans son embarras, il vou- lat en cacher trois , comme s'il était possible de Et Adam et Eve allèrent avec lui , et ils lui montrèrent comment il devait disposer le sacrifice sur l'autel , et ils adressèrent en- suite leurs prières au Seigneur pour qu'il agréât le sacrifice d'Abel . Et Dieu regarda Abel et il prit en gré son sacrifice , et il se réjouit à cause d'Abel , parce que son cœur était bon et son âme pure et qu'il n'y avait rien de faux en lui . Et ils descendirent de l'autel et ils retournèrent à la caverne . Abel, à cause de la joie que lui inspirait le sacrifice, en offrait trois fois par semaine ; Caïn n'ai- mait pas le sacrifice ; il en offrit un une seule fois après beaucoup de débats avec son père. Et il choisit pour le sacrifice le plus petit de ses moutons, et encore en était- il peiné. Aussi Dieu ne reçut pas son sacrifice, parce que son cœur était plein de corruption . Et ils restèrent tous ensemble dans la caverne où les enfants étaient nés, jusqu'à ce que Caïn eût quinze ans et Abel douze. Alors Adam dit à Eve : « Voici que les en- fants ont grandi ; nous devons les marier. » Et Eve dit à Adam : « Comment faut-il ma- rierCaïn?»EtAdamdit: « Nouslemarie- ronsàsasœur.»EtEvedit:«Jen'aimepas Cain, parce qu'il a le cœur dur ; attendons jusqu'à ce que nous ayons offert, dans ce but, un sacrifice au Seigneur. » Et Adam garda le silence. Alors Satan vint vers Cain, sous la forme d'un homme et lui dit : « Voici qu'Adam et Eve se sont consultés sur ton mariage , et ils sont convenus de te marier à la sœur d'Abel . Et si je ne t'aimais pas , je ne t'en instruirais pas . Mais si tu suis mon con- seil et que tu m'écoutes , je t'apporterai, le jour de ton mariage, de beaux vêtements d'or et d'argent, et mes proches t'assisteront. » Et Cain, plein de joie, dit : « Où sont tes proches ? Et Satan lui dit : « Mes proches sont dans un jardin au nord , où j'ai déjà voulu amener ton père, mais il n'a pas voulu y consentir. Mais si tu m'écoutes , et si , après ton mariage , tu veux venir avec moi, tuau- ras plus de repos et de bonheur que n'en a eu ton père Adam . » Et Caïn écouta les dis- cours de Satan. Et il vint à sa mère Eve; il la frappa, il la maudit et lui dit : « Pourquoi voulez -vous prendre ma sœur et la donner pour femme à mon frère? est-ce que je suis mort ? » Mais sa mère usa d'artifice et le ren- Voya au champ où il se tenait habituelle- ment. Et quand Adam apprit d'Eve ce que Caïn lui avait dit, il fut affligé , mais il se tut et ne dit rien. Et un autre jour Adam parla à son fils et dit : « Prends dans ton troupeau un beau bélier et amène-le à ton འ cacher quelque chose à l'oeil céleste qui voit tout. Dieu, pour le punir de sa faute, prit les trois filles les plus belles, et en fit des Wilas. Dès ce moment elles errèrent dans l'espace, et leur conduite ayant été sage, elles ne furent point condamnées à périr dans le déluge. Prévenues ainsi que Noé du cala- clysme universel, elles entrèrent avec lui dans l'ar che, et elles y restèrent jusqu'à ce que la colombe y apportât la branche d'olivier. De région en région, elles ont volé jusque dans les contrées qui s'éten dent entre le Danube et la mer Adriatique , et c'est la surtout qu'elles se plaisent.

�357 PART. I. - LIVRE DU COMBAT D'ADAM. 338 - TEXTES DE L'ANCIEN TESTAMENT. Dieu comme un sacrifice et je dirai à ton frère de faire à son Dieu un sacrifice avec les prémices de ses fruits. » Et ils entendirent ce que leur disait leur père Adam, et ils pri- rent chacun leur offrande et ils montèrent sur la montagne où était l'autel . Mais Caïn s'éleva contre son frère et le repoussa de l'autel et ne voulut pas le laisserapporter son offrande . Et il apporta la sienne avec un cœur plein de malice et de colère . Mais Abel se fit un autre autel avec des pierres, et il y apporta son offrande, avec un cœur plein de douceur et où il n'y avait aucune fausseté . Et Caïn était sur l'autel où il avait posé son offrande, et il criait hautement à Dieu qu'il pouvait accepter son offrande ; mais le Sei- gneur ne la reçut pas et il ne descendit au- cun feu céleste pour la consumer . Et Caïn resta sur l'autel , plein de colère et de dépit, et il regarda du côté de son frère Abel pour voir si Dieu avait agréé son offrande ou non . Abel pria le Seigneur d'agréer son offrande et le feu divin descendit et la consuma. Et Dieu agréa l'odeur du sacrifice d'Abel , car il l'aimait et se réjouissait en lui et lui envoya des anges de lumières, sous la forme de gens qui avaient participé au sacrifice , comme marque qu'il avait agréé l'odeur de son sa- crifice . Et ces anges consolèrent Abel et for- tifièrent son cœur. Et Cain vit tout ce qui se passait à l'égard du sacrifice de son frère et il en fut jaloux , et il ouvrit sa bouche, et blasphéma Dieu, parce qu'il ne voulait pas agréer son offrande . Et Dieu dit à Cain : Pourquoi détournes -tu ton visage ? sois droit afin que je puisse accepter ton offran- de ; ta colère n'est rien contre moi et retombe sur toi. Ainsi Dieu parla à Caïn après qu'il eut rejeté son offrande . Et Caïn revint vers ses parents, et il raconta, plein de courroux , tout ce qui lui était arrivé, et son père fut affligé, parce que Dieu avait repoussé le sa- crifice de Cain. Abel vint d'un cœur joyeux à ses parents et leur raconta que Dieu avait agréé son sacrifice , et ils se réjouirent et le baisèrent au visage . Et Abel dit à son père : « Cain m'a maltraité auprès de l'autel et n'a pas voulu me laisser déposer mon offrande ; c'est pourquoi j'ai construit un autel pour y offrir mon sacrifice. » Et quand Adam enten- dit cela, il fut très-afflige, car c'était l'autel sur lequel il avait sacrifié. Et Caïn rempli de jalousie et de courroux, retourna au champ. Satan vint à lui et lui parla : « Ton frère Abel s'est plaint à ton père Adamn de ce que tu l'avais violemment repoussé de l'autel, et vois, ils l'ont embrassé et se sont réjouis sur lui plus que sur toi . » Et Caïn fut rem- pli de courroux, mais il n'en fit rien aperce- voir, et il observa son frère jusqu'à ce qu'ils revinssent à la caverne . Alors Caïn dit à Abel : « Mon frère , la campagne est si belle et il y a de si beaux arbres que c'est un (184) Voy. à ce sujet S. Ephrem, Comment. in Cenesim, t. I. p. 43 (Romæ, 1732, 6 vol.) ; S.Jérôme, epist. 125 ad Damasum ; Fabricius, Cod. vet. Test. 1.1,p.121 et122. (185) D'après une légende arabe , Cabyl (Cain) plaisir de les voir ; viens - y, mon frère , afin que leur vue te réjouisse , et afin que tu bé- nisses mes champs et mes troupeaux , car tu es un juste et je t'aime, mon frère , mais tu t'éloignes volontiers de moi . » Et Abel con- sentit à ce que lui proposait son frère Caïn . Mais, avant de partir, Caïn dit à Abel : « At- tends-moi jusqu'à ce que j'aie pris un bâton . » Et Abel attendit dans sa douceur. Et Caïn, le perfide, prit un bâton , à cause des bêtes , et revint . Ils allèrent , et Abel parlait à son frère , et le consolait, et lui faisait tout oublier. Ils arrivèrent dans un endroit où il n'y avait nulle trace de troupeaux , et Abel dit à Caïn : « Voici que nous nous sommes fatigués, mon frère, et nous ne trouvons ni les arbres, ni les fruits , ni les végétaux verts dont tu m'as parlé; où sont tes troupeaux dont tu m'as en- tretenu , pour que je les bénisse ? » Et Caïn lui dit Mon frère, ils sont devant nous, et bientôt tu les verras ; marche devant moi jusqu'à ce que je te rejoigne. » Et Abel , dans son innocence, alla devant son frère , sans se défier nullement de lui . Et lorsque Caïn l'eut ainsi amené à faire ce qu'il voulait, il s'ap- procha de lui par derrière, et le frappa avec le bâton, redoublant ses coups jusqu'à ce qu'Abel fût tombé par terre. Et quand Aber fut tombé et qu'il vit que son frère Caïn voulait le tuer, il lui dit : « Mon frère , aie pitié de moi , et pense que le même corps nous a portés, que le même sein nous a nourris et que les mêmes soins nous ont éle- vés. Ne me frappe pas avec ce bâton ; si tu veux me tuer, prends une de ces grosses pierres, et tue moi d'un seul coup. » Caïn , le perfide et le meurtrier de son âme, prit une grosse pierre et frappa son frère sur la tête jusqu'à ce qu'il lui eut brisé le crâne. Et son frère, étendu devant lui, était tout couvert de sang , mais il n'éprouvait aucun repentir de ce qu'il avait fait (184). La terre sur laquelle était tombé le sang du juste Abel but ce sang et voulait engloutir Caïn , et la terre cria au Seigneur d'une façon mysté- rieuse afin qu'il tirât vengeance du meur- trier. Caïn commença à enfouir son frère dans la terre , mais il fut tout d'un coup saisi d'effroi et il frémit quand il vit comment la terre tremblait . Et il jeta le corps de son frère dans un trou et le couvrit de poussière; mais la terre ne voulut pas le conserver et elle le repoussa. Caïn creusa un autre trou et recouvrit le corps avec de la terre , mais la terre le rejeta encore, et une troisième fois elle rejeta le corps d'Abel ( 185) . Et le Seigneur fut irrité de la mort d'Abel ; le ciel tonna, des éclairs brillèrent, et la parole du Seigneur, descendant du ciel , vint à Cain et dit:«Caïn,oùesttonfrèreAbel?»EtCaïn répondit avec un cœur arrogant et des pa- roles rudes et fières : « Est-ce que je suis le gardien de mon frère ? » Et Dieu dit à Cain : étant embarrassé pour cacher le cadavre de son frère Haby! (Abel) qu'il venait de tuer, un corbeau lui suggéra l'idée e le cacher en terre, en tuant, devant ses yeux, un autre corbeau , et en creusant avec son bec et ses pattes un trou pour l'y placer


Cunegonde1 (d) 3 mai 2024 à 16:13 (UTC)Répondre