La Horde bonapartiste
- insolentia tua ?
Après le deux décembre et la traîtrise immense
Dont le César bandit couronna sa démence,
Le croirez-vous, Français, on ose conspirer,
Pour jeter la patrie en proie au fils de l’homme
Monstre en crime, plus grand que les Césars de Rome !
Gouvernement des loups, on veut te restaurer !
Qui veut faire hériter l’avorton du vampire ?
Qui veut ressusciter cet exécrable empire,
Dont Sedan a rompu les membres disloqués ?
Ce sont des malfaiteurs, des repris de justice,
Qui veulent que leur nom encore retentisse,
Qui se refont brigands pour être remarqués !
Eh bien donc qu’il en soit ainsi ! honte, infamie
À ces machinateurs, dont la horde vomie
Par l’or de Chislehurst nous travaille sans frein :
Qui vers notre ruine effrontément nous pousse,
Que la France indignée et maudit et repousse,
Et contre qui je lutte avec mes Voix d’airain !
C’est en vain qu’en leur antre ils menacent ma tête,
Que leur tourbe me crie, en sa fureur : « Arrête :
« Sinon, barde imposteur, ton jour est arrivé ;
« Sinon tu peux, serpent, faire venir un prêtre,
« Notre bras devant Dieu te fera comparaître,
« Le mot est dit : sur toi le poignard est levé ! »
Moi, poëte soldat, je battrais en retraite,
Traître à la voix d’en haut dont je suis l’inteprète,
Je ne remplirais pas ma sainte mission !
Qui, moi, je sortirais de cette noble arène
Où ma foi de son feu m’illumine et m’entraîne ;
Je m’anéantirais dans ma désertion !
Devant ces égorgeurs de notre pauvre France,
Que Verhuel second plongea dans la souffrance,
Que j’aime d’un amour invincible et fervent,
Qui, moi, mon glaive en main, retourner en arrière !
Jamais ! dût leur poignard me frapper par derrière,
Car nul d’eux n’oserait me frapper par devant !
- 15 novembre 1815.