Page:Arjuzon - Une seconde mère, 1909.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
79
CHEZ LA SORCIÈRE.

quelques gouttes de fleur d’oranger dans de l’eau sucrée, l’enfant, de plus eu plus agitée et fiévreuse, se met à gémir : « Oh ! là là, que je souffre ! Oh ! mon Dieu ! que j’ai mal au côté ! »

Jacques se désole et cherche à encourager sa sœur par de douces et tendres paroles, pendant que Lison, talonnée, par la peur, court à Bois-fleuri de toute la vitesse de ses jambes.

Où va-t-elle ainsi ? Chez le docteur Esculape, sans doute, pour le supplier de venir tout de suite auprès de la petite malade. Point. Lison, qui redoute plus que tout au monde la perspicacité du vieux médecin de la famille, va consulter « la Matelote ».

La Matelote est une très vieille femme, que l’on nomme ainsi parce qu’elle est la veuve d’un marin. Elle n’est guère estimée, on la croit peu honnête, mais elle passe, dans le pays, pour connaître des secrets merveilleux, ainsi que des paroles mystérieuses pour guérir tous les maux et même, si on est généreux, elle dévoile l’avenir à ceux qui lui laissent étudier les lignes de leurs mains.