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HENRY DUNBAR

mais lourd dans son genre, et malgré leur splendeur, les chambres étaient tristes. Tout y était sombre et massif. La maison était vieille, et les cinq fenêtres faisant face à la rue étaient longues et étroites, et renfermaient dans leur encadrement de larges rebords en chêne. Les murs étaient couverts d’un papier vert foncé qui ressemblait à du drap. Les pas étaient assourdis par un sombre tapis de Turquie très-épais. Les volumineux rideaux qui abritaient les fenêtres et masquaient le grand lit en bois de rose sculpté étaient d’un vert paraissant presque noir à la lumière.

Les chaises et les tables massives étaient en chêne noir et recouvertes de tapis ou de coussins en velours vert. Quelques peintures de prix des vieux maîtres, dans des cadres en ébène à moulures d’or, étaient accrochées aux murs, à de grandes distances les unes des autres. Il y avait une tête de prêtre prise dans une grande toile de Spagnoletti ; un sénateur vénitien, par le Tintoret ; et l’Adoration des Mages du Caravage. Un crucifix en ivoire était le seul ornement de la cheminée, haute et construite à l’antique.

Deux bougies dans de vieux chandeliers en argent, brûlaient sur une table à écrire auprès de la cheminée, et dessinaient un cercle de lumière dans la chambre obscure. Tous les bagages de Dunbar avaient été déposés dans cet appartement. Il y avait des malles et des portemanteaux de presque toutes les formes et de toutes les dimensions, et un domestique achevait de les ouvrir quand le banquier entra dans la chambre.

— Vous coucherez ici ce soir, monsieur, je présume ? — dit le domestique interrogativement au moment où il se disposait à se retirer. — Mme Parkyn a pensé que ces appartements étaient ce qu’il y avait de plus convenable pour vous.

Dunbar jeta tout autour de lui un long regard pensif.

— N’y a-t-il pas d’autre chambre où je puisse cou-