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HENRY DUNBAR

de force de la part de cet homme de le soutenir sans broncher.

Car il ne broncha pas ; il rendit regard pour regard.

— Ne dites pas que vous m’avez oublié, Dunbar, — répondit-il, — ne dites pas que vous avez oublié une très-vieille connaissance.

Ceci fut dit après un moment d’arrêt pendant lequel les deux hommes s’étaient regardés avec autant d’attention que si chacun d’eux eût voulu lire au fond du cœur de l’autre.

— Ne dites pas que vous m’avez oublié, Dunbar, — répéta le Major.

Dunbar sourit. C’était un sourire forcé peut-être, mais enfin c’était un sourire.

— J’ai un très-grand nombre de connaissances, — dit-il, — et je me figure que vous avez dû éprouver des malheurs depuis l’époque où je vous connaissais si j’en juge par les apparences.

Les spectateurs qui entendaient tout commençaient à murmurer entre eux. Oui, en effet, c’était chose probable que si cet étranger avait jamais connu Dunbar et n’était pas tout à fait un imposteur, sa position avait dû être bien différente à l’époque où il connaissait le millionnaire.

— Quand et où vous ai-je connu ? — demanda Dunbar, les yeux toujours fixés sur ceux de son interlocuteur.

— Oh ! il y a longtemps… et dans un endroit bien éloigné d’ici.

— Peut-être était-ce… quelque part dans l’Inde… loin de ce pays, — dit le banquier très-lentement.

— Oui, dans l’Inde, loin de ce pays !… — répondit l’autre.

— Alors vous ne tarderez pas à vous apercevoir que je suis votre ami, — dit Dunbar. — Je suis toujours disposé à rendre service à mes connaissances de