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HENRY DUNBAR

monde lui a souri. Il n’a jamais souffert, lui, de ce faux pas dans la vie qui causa ma ruine. Il va revenir de l’Inde maintenant, je pense, et il verra le monde à ses pieds. Il sera riche à millions, j’imagine ; malédiction sur lui ! Si mes souhaits sont exaucés, chacune des guinées qu’il possède se changera en scorpion pour le piquer et le torturer.

— Henry Dunbar ! — murmura Margaret en elle-même ; — Henry Dunbar ! je me souviendrai de ce nom !


CHAPITRE III

La rencontre à la gare du chemin de fer.

Quand les aiguilles de la petite pendule que Margaret avait dans sa chambre marquèrent trois heures moins cinq, Wentworh se leva de son fauteuil et prit son chapeau sur une table à côté.

— Allez-vous sortir, père ? — demanda la jeune fille.

— Oui, je vais à Londres. Cela ne vaut rien pour moi de rester trop longtemps assis sans rien faire. Les mauvaises pensées viennent assez vite en tout temps, mais elles viennent bien plus vite quand on n’a qu’à tourner ses pouces. Ne prends pas cet air effrayé, ma fille : je ne vais faire aucun mal. Je sors pour flâner, et peut-être que la chance me favorisera en me faisant gagner quelques shillings à l’aide de n’importe quel travail qui s’offrira à moi.

— Je préférerais vous voir rester ici, cher père, — dit doucement Margaret.