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SATÉ ou SATI.

(satès, satis, l’héra ou junon égyptienne.)
Planche 19 (A)

Le nom égyptien de cette déesse est écrit de deux manières différentes dans les textes hiéroglyphiques. L’orthographe que présente la planche 19 est la moins fréquente. Ce nom, formé des trois éléments phonétiques ⲥⲧⲏ ou ⲥⲧⲓ, est suivi de l’uræus ou aspic, déterminatif habituel des noms propres de déesses, et le titre ⲧⲛⲑⲃⲡⲑ ou ⲧⲛⲑⲃ ⲛⲧⲡⲑ, dame du ciel, complète la légende.

Ce nom, que l’on retrouve aussi sur les grands monuments de l’Égypte, est extrait d’un bas-relief découvert à Thèbes par le comte de Belmore. Cette pièce de sculpture offre un grand intérêt par le rang et la réunion des personnages qui y sont figurés. On y distingue deux scènes principales : celle de gauche représente le cinquième roi de la XVIIIe dynastie, le pharaon Thouthmosis III (Mœris), la tête ornée du casque royal, faisant l’offrande d’une image de la Vérité et de la Justice, 1o au dieu Amon-Ra à tête humaine[1], qualifié de seigneur des trois zones du monde, et de résidant au milieu des régions de Oph (Thèbes et son nome) ; 2o à Thermouthis, ou la grande mère (Néith)[2], dame de la région d’Ascherro ; 3o au dieu Khons ou HHonsou[3], seigneur du ciel ; 4o à la déesse Hathôr[4], la Vénus égyptienne, assise à côté du dieu Khons, et le tenant dans ses bras. La partie droite de la stèle présente un nombre égal de personnages disposés d’une manière analogue ; mais c’est ici l’un des ancêtres du roi Mœris, le pharaon Aménôthph (Aménophis), le chef de la XVIIIe dynastie, qui, la tête ceinte du diadème et décorée de l’uræus des rois, fait l’offrande du vin au dieu suprême Amon-Ra à tête de bélier[5], seigneur de l’Oph méridionale, et au dieu Chnouphis[6], à côté duquel est assise la Junon égyptienne Saté[7] ; immédiatement après vient la déesse Anouké[8], qui, comme Saté, fut aussi, en effet, une des divinités parèdres de Chnouphis, d’après l’inscription grecque des cataractes. L’intention bien évidente du sculpteur a été d’établir, entre ces deux séries de personnages, une sorte de parallélisme fondé sur l’identité de rang et les rapports de fonctions entre ces

  1. Voyez notre planche 1.
  2. Voyez notre planche 6.
  3. Voyez notre planche 14 (D).
  4. Voyez notre planche 17 (B).
  5. Voyez notre planche 2.
  6. Voyez notre planche 3.
  7. Voyez notre planche 19 (A). Sujet de cet article.
  8. Voyez notre planche 20.