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PART. I. — TEXTES DE L’ANCIEN TESTAMENT. — LIVRE D’ENOCH.

dans son ouvrage intitulé : Versuch einer vollständigen Einleitung in die Offembarum Johannis. Ce traité fut publié en 1832. Le docteur A. G. Hoffmann, professeur de théologie à Iéna, publia l’année suivante une traduction allemande des cinquante-cinq premiers chapitres du livre d’Enoch, avec une analyse complète et de nombreux commentaires.

Le docteur Laurence avait dit dans sa première édition (dissertation préliminaire) que les différentes parties de ce livre avaient pu être composées à différentes époques et par différentes personnes ; dans une seconde édition, le savant anglais fit la même observation, et désigna spécialement quelques-unes de ces parties qui lui paraissaient former des traités particuliers sur différents sujets ; et entre autres la vision du déluge, racontée par Noé et non par Enoch. Mais ce n’était encore que de simples hypothèses auxquelles il ne prétendait pas donner la valeur d’une véritable théorie. Depuis cette époque il a paru une publication des plus curieuses intitulée Enoch restitutus, essai dans lequel on s’efforce de séparer des livres d’Enoch, le livre cité par saint Jude, par le Rév. E. Murray, vicaire de Stamford, et chapelain de l’évêque de Rochester. Cet ouvrage est plein de conjectures ingénieuses, et a dû demander de grandes recherches.

Partant de ce fait qui est extrêmement probable, que ce livre n’est pas limité à un seul et même sujet, mais que c’est plutôt une combinaison de traités sur différents sujets, confusément arrangés, Murray s’efforce de les classer avec les chefs suivants : 1° l’ancien livre ; 2° la prophétie ; 3° le second ancien livre ; 4° le premier livre des vigilants ; 5° le second livre des vigilants ; 6° le premier livre des secrets, ou visions de la sagesse ; 7° le second livre des secrets, ou visions de la sagesse ; 8° la vision de Noé ; 9° le second livre de la vision de Noé ; 10° le livre de l’astronomie.

L’ancien livre, comme il l’appelle, ou celui qu’il regarde comme le plus ancien, est donné en entier ; nous l’avons ajouté à la fin de cette traduction, aussi bien que ce qu’il nomme la prophétie, et qui ne consiste qu’en treize versets seulement. Le second ancien livre comprend, selon le savant anglais, du chapitre xciii au civ inclusivement.

Murray regarde les autres livres comme extrêmement confus ; il indique néanmoins ce qu’il suppose en être des parties respectives. Il pense cependant que le livre de l’astronomie est plus suivi que tous les autres : le fait commencer au chapitre lxxi, et le finit au lxxxiie, en y comprenant toutefois quelques parties isolées comprises dans les chapitres iii, iv, v et les trois premiers versets du chapitre vie.

Mais quoique nous pensions avec le docteur Murray qu’il est hautement probable que le livre d’Enoch consiste en effet en différents traités sur différents sujets, cependant nous sommes loin de croire avec lui que tout a été dit sur cette matière. Nous croyons, au contraire, qu’il reste beaucoup à faire, mais nous avons eu l’honneur d’apporter notre pierre à l’édifice. Qu’un plus heureux continue notre œuvre et la perfectionne !

Dans notre dissertation préliminaire nous avons remarqué que le docteur Gesenius avait transcrit le manuscrit de Paris, et se proposait de publier le texte éthiopien avec une version latine : nous avons le regret d’annoncer que le savant orientaliste est mort sans avoir pu donner cette œuvre au public.

Mais de tous ceux qui ont parlé soit du texte éthiopien du livre d’Enoch, soit de la version qu’en a donnée Laurence, il n’en est point qui les ait appréciés avec plus de justice que le savant Silvestre de Sacy. Aussi nous nous plaisons à le citer en finissant : L’antiquité de cet ouvrage, dit-il, l’usage qu’en ont fait des écrivains respectables, l’autorité dont il a joui, les discussions auxquelles il a donné lieu, sont un motif assez puissant pour que le public éclairé en accueille une traduction complète, et même pour faire désirer l’édition du texte éthiopien accompagné d’une version et de notes critiques. Une partie du vœu que je formais alors, est remplie par la production que je viens de faire connaître. Il ne me reste donc plus qu’à souhaiter que M. Gesenius ou M. Laurence lui-même publie le texte de ce livre.


LIVRE D’ÉNOCH.

CHAPITRE PREMIER.

1. Voici les paroles d’Énoch par lesquelles il bénit les élus et les justes qui vivront au temps de l’affliction, quand seront réprouvés tous les méchants et les impies. Énoch, homme juste qui marchait devant le Seigneur, quand ses yeux furent ouverts, et qu’il eut contemplé une sainte vision dans les cieux, parla, et il prononça : Voici ce que me montrèrent les anges.

2. Ces anges me révélèrent toutes choses et me donnèrent l’intelligence de ce que j’avais vu, qui ne devait point avoir lieu dans cette génération, mais dans une génération éloignée, pour le bien des élus.

3. C’est par eux que je pus parler et converser avec celui qui doit quitter un jour sa céleste demeure, le saint et le Tout-Puissant, le Seigneur de ce monde.

4. Qui doit fouler un jour le sommet du mont Sinaï, apparaître dans son tabernacle, et se manifester dans toute la force de sa céleste puissance.