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DICTIONNAIRE DES APOCRYPHES.

qui disparaîtront ainsi devant la face des élus.

CHAPITRE LV.

1. Après cela, j’aperçus une autre armée de chars, et ces chars étaient pleins de guerriers[1].

2. Portés sur l’aile des vents, ils venaient de l’Orient, de l’Occident et du Midi.

3. On entendait au loin le bruit de leurs chars roulant.

4. Et ce bruit était si grand, que les saints l’entendirent du ciel ; les colonnes et les fondements de la terre en furent ébranlées, et le bruit retentit en même temps des extrémités de la terre jusqu’à celles du ciel.

5. Alors tous se prosternèrent et adorèrent le Seigneur des esprits.

6. Ceci est la fin de la deuxième parabole.

CHAPITRE LVI. (Section 9.)

1. Alors je commençai à produire la troisième parabole[2], au sujet des justes et des élus.

2. Soyez bénis justes et élus, car votre destinée est glorieuse.

3. Les justes demeureront dans la lumière du soleil, et les élus dans la lumière de la vie éternelle, de cette vie dont les jours n’ont point de déclin ; les jours des saints ne seront point comptés ; ils ont cherché la lumière, ils ont trouvé la justice du Seigneur des esprits.

4. Paix soit donc aux saints par le Seigneur du monde.

5. Dès ce moment, on dira que les justes cherchent dans le ciel les secrets de la justice, et la part d’héritage que la foi leur promet. Car ils se sont levés comme le soleil sur la terre et les ténèbres ont disparu. Là, il y aura une lumière sans fin, et des jours innombrables. Les ténèbres seront dissipées, et la lumière grandira devant le Seigneur des esprits ; la lumière de la justice brillera sur eux d’un éclat sans pareil.

CHAPITRE LVII.

1. Dans ces jours là mes yeux aperçurent les secrets des éclairs et des foudres et leur jugement.

2. Ils brillent tantôt pour bénir tantôt pour maudire, suivant la volonté du Seigneur des esprits.

3. Je vis aussi les secrets de tonnerres, quand il tonne dans le ciel, et que la terre en retentit[3].

CHAPITRE LVIII.

1. Au quatorzième jour du septième mois de la cinq centième année de la vie d’Enoch, je vis dans cette parabole que le ciel des cieux fut ébranlé, et que les puissances trèsélevées, que des milliers de milliers et des myriades de myriades d’anges étaient dans une très-grande agitation. Et en regardant, je vis l’Ancien des jours assis sur son trône de gloire, et entouré des anges et des saints. Je fus saisi d’une grande frayeur, et comme frappé de stupéfaction ; mes jambes se dérobèrent sous moi, et je tombai prosterné la face contre terre. Alors l’ange saint Michel, autre saint ange, fut envoyé pour me relever.

2. Et quand je fus debout, je repris les des porter cette vision trop forte pour ma faisaints ne seront point comptés ; ils ont cher-blesse, et les agitations et ce tressaillement du ciel.

3. Alors saint Michel me dit : Pourquoi te troubles-tu de cette vision ?

4. Jusqu’aujourd’hui, c’était le temps de sa miséricorde et il a été miséricordieux

et patient envers les habitants de la terre.

5. Mais quand viendront le jour et les puissances, le châtiment et le jugement que le Seigneur des esprits a préparés pour ceux qui s’inclinent devant le jugement de la justice et pour ceux qui nient le jugement de la justice et pour ceux qui prononcent son nom en vain ;

6. Ce jour sera pour les élus un jour d’alliance, pour les pécheurs un jour de châtiment.

7. Dans ce jour on ferà sortir pour se repaître des méchants deux monstres, mâle, l’autre femelle ; la femelle s’appelle Léviathan ; il habite dans les entrailles de la mer, sur les sources des eaux[4].

8. Le monstre mâle se nomme Behemoth ; il roule dans un désert invisible ses replis tortueux[5].
  1. Il s’agit ici de l’armée romaine. — Voir la note d’Hoffmann, p. 403-406.
  2. La substance de cette troisieme parabole c’est le jugement que doit rendre le Messie. C’est Enoch qui porte la parole. Laurence rend, par le mot saints, l’expression éthiopienne qu’Hoffinann traduit plus exactement par le mot d’élus (auserwählten). Le mot saints laisse dans l’incertitude, s’il s’agit des anges ou des justes.
  3. Laurence compare le bruit dont il s’agit ici à celui que fait un mortier lorsqu’il broie quelque chose.
  4. Ces deux créatures gigantesques sont indiquées dans le livre de Job, ch. xi, et les commentateurs juifs ont cru aussi les reconnaître dans d’autres passages de l’Ecriture (Gen. 1, 21 ; Psal. XL, 10 ; Isa. XVII, 1). Ils ont à cet égard entassé les contes les plus ridicules. Voir Fabricius, Cod. apocryph. N. Test., 1, 534, II, 525 ; le Targum de Jérusalem, sur la Genèse, 1, 21 ; Buxtorf, Synagoga Judaica, cap. 40 ; Eisenmenger, Entdecktes Judenthum, 1711, 1, 399 ; II, 872 ; Luecke, Versuch einer vollst. Einl. in die Offenb. Joh. p. 168. D’après les rabbins, ces animaux seront servis à un grand festin qui inaugurera le règne du Messie ; mais le livre qui nous occupe ne dit rien à l’égard de cette circonstance.
  5. D’après les rabbins, Behemoth occupe cien séjour des descendants de Cain, lequel, après leur destruction par le déluge, est demeuré un désert. Suivant le Targum de Jérusalem, c’est Leviathan qui est le mâle.