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PART. II. — APPEND. — EPITRE DE SAINT PAUL AUX LAODICEENS.

grands tourments. Et Ialuham, le suivant de Sabaoth Adamas, qui donne aux âmes le calice de l’oubli, viendra alors, et apportant l’eau de l’oubli, il la donnera à cette âme pour qu’elle oublie toutes les choses qu’elle a vues et toutes les formes dans lesquelles elle est entrée. Et ensuite, le suivant du petit Sabaoth, le bon, apportera un vase plein de science et de sagesse, et dans lequel est l’affliction. Il le donnera à cette âme, afin qu’ils la jettent dans le corps où elle ne pourra dormir, mais où elle pourra oublier, à cause du breuvage d’affliction qui lui sera donné, et son cœur sera purifié, afin de chercher les mystères de la lumière jusqu’à ce qu’elle les trouve, selon l’ordre de la vierge de la lumière, afin qu’elle entre en possession de la lumière éternelle. »

Et Marie dit : « Un homme qui a commis un péché quelconque ou une faute quelconque, et ne trouvant pas les mystères de la lumière, sera-t-il soumis à ces supplices à la fois ? » Et Jésus dit : « Il les subira. S’il a commis trois péchés, il subira trois châtiments. »

Et Jean dit : « Un homme qui a commis tous les péchés et toutes les fautes, si à la fin il trouve les mystères de la lumière, peut-il être sauvé ? » Jésus dit : « Celui qui a commis tous les péchés et toutes les fautes, s’il trouve les mystères de la lumière, sera absous et ses péchés lui seront remis, et il deviendra possesseur des trésors de la lumière. »

Et Jésus dit à ses disciples : « Lorsque la sphère sera tournée, de façon que Cronos et Arès viennent après la vierge de la lumière et que Zeus et Aphrodite viennent à l’aspect de la vierge, tournant dans leurs orbites, ce sera son heure de joie, voyant ces deux étoiles de lumière devant elle, et toutes les âmes qu’elle peuplera dans le cercle des sphères des éons à cette heure pour qu’elles sortent dans le monde, seront bonnes et justes, et elles deviendront les mystères de la lumière jusqu’à ce qu’elles soient envoyées une autre fois pour découvrir les mystères de la lumière. Si Arès et Cronos viennent dans l’aspect de la vierge, laissant Jupiter et Aphrodite derrière elle, pour qu’elle ne les aperçoive pas, toutes les âmes que cette heure jettera dans les créatures de la sphère seront perverses et sujettes à la colère, et ne découvriront pas les mystères de la lumière. » Et quand Jésus eut parlé de la sorte à ses disciples au milieu de l’enfer, ils s’écrièrent en pleurant : « Malheur, malheur aux pécheurs sur lesquels pèsent l’indifférence et l’oubli des archons, jusqu’à ce qu’ils sortent des corps pour subir ces tourments. Aie pitié de nous, aie pitié de nous, fils du saint, aie pitié de nous, pour que nous soyons préservés de ces châtiments et des supplices réservés aux pécheurs ; aie pitié de nous, quoique nous ayons commis des péchés, notre Seigneur et notre lumière. »

Fin du livre de la Fidèle Sagesse.


ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX LAODICÉENS.

PRÉFACE.

On ne peut pas douter que si l’Église eût reconnu pour être véritablement de saint Paul la lettre que nous donnons ici au public, elle ne l’eût comprise au nombre de ses écritures canoniques, comme les autres épîtres de cet Apôtre. Le sujet qu’elle a eu d’en douter et de la rejeter au nombre des écrits apocryphes, c’est-à-dire, de ceux qui n’ont aucune autorité dans l’Église, n’est pas qu’elle y ait trouvé des erreurs contraires à la foi et aux bonnes mœurs, puisque certainement il n’y a rien dans cette lettre qui ne soit très-édifiant et qui ne puisse contribuer à soutenir le piété des fidèles et à nourrir leur religion ; mais c’est qu’elle s’est aperçue que la vérité de cette lettre n’était établie que sur l’équivoque de quelques termes latins du vers. 16, chap. iv de l’Épître aux Colossiens, qui semblent insinuer que l’apôtre saint Paul avait écrit une lettre particulière à l’Église de Laodicée. Mais cette équivoque est absolument levée par le texte grec, qui fait assez connaître que cette épître n’est pas écrite par saint Paul aux Laodicéens, mais par les Laodicéens à saint Paul ; au moins c’est le sentiment de saint Chrysostome et de Théodoret, dans leurs commentaires sur l’Épître aux Colossiens, qui supposent que l’Apôtre ayant reçu une lettre des Laodicéens, il l’avait renvoyée aux Colossiens afin de les édifier par les sentiments de foi et de piété qu’ils lui avaient marqués dans leur lettre ; cependant cette équivoque n’a pas laissé de faire croire à quelques Pères latins, comme à saint Grégoire le Grand, que saint Paul avait en effet écrit une lettre aux Laodicéens ; et c’est cette même idée qui a donné occasion à quelques hérétiques d’attribuer à l’Épître de saint Paul aux Éphésiens le titre de celle aux Laodicéens, comme Tertullien (lib. v, advers. Marc., cap. 11 et 17, pag. 476 et 481, édit. de Rigault)[1] en accuse Marcion ; ce qui prouve que si du temps de

  1. Prætereo bic et de alia Epistola quam non ad Ephesios præscriptam habemus, bæretici vero ad Laodicenos (contra Marcionem, lib. v, c. 11). Ecclesiæ quidem veritate Epistolam istam ad Ephesios