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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

vertit à l’islamisme en 1010, et que depuis lors tous les princes songhoïs sont musulmans.

Sous le règne de Dia Siboi, l’empire songhoï subit une première crise : il devient vassal de son voisin de l’ouest, le royaume de Mali, alors à l’apogée de sa puissance (1326) ; en outre une armée de Mossi traverse la Boucle pour aller piller Tombouctou et sépare à ce moment Dienné des autres pays songhoïs (1329).

Dia Siboï avait deux fils Ali Kolon et Suliman Naré. Le roi de Mali Kounkour-Moussa exigea que son vassal les envoyât à sa cour.

« C’était, et c’est encore la coutume au Soudan de faire servir le maître par les enfants des vassaux, dit le Tarik. Parfois, après avoir servi, ils retournaient dans leur pays ; parfois ils demeuraient en servage jusqu’à la fin de leurs jours.

« Kounkour-Moussa retint longtemps les Jeunes princes songhoïs. Cependant Ali Kolon voyageait de temps à autre à travers les États de Mali, sous prétexte de commerce, et pour augmenter ses revenus. C’était un garçon très intelligent, plein de prudence et de réflexion, débrouillard au surplus. Dans chacun de ses voyages il poussait plus au loin, et apprit ainsi à connaître les routes du pays, surtout celles qui menaient vers le Songhoï. Alors il décida dans son cœur de rentrer dans sa patrie, et à cet effet fit provision d’armes et de vivres qu’il cacha le long de la route qu’il comptait suivre. Ayant fait part de son secret à son frère, ils entraînèrent leurs chevaux à la fatigue et les nourrirent fortement. Un beau jour ils partirent. Dès que le roi de Mali connut leur fuite, il ordonna de les poursuivre et de les tuer. Ils furent rejoints, en effet, mais se défendirent si bien qu’ils purent atteindre le Songhoï.

« Ali Kolon fut proclamé roi et on l’appela Sunni, le libérateur. »