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L’INVASION MAROCAINE

implacable et fit périr huit de ses membres. Deux neveux d’Ahmadou-Ahmadou parvinrent seuls à sauver leur vie. L’un d’eux, Ahmadou-Abdoulay, réfugié dans l’est de la Boucle, est devenu aujourd’hui le modeste seigneur qu’était le père du fondateur de la dynastie et règne sur le petit pays de Fiou.

À notre point de vue, la dynastie foulbée s’est surtout distinguée par sa haine de l’Européen. En 1854, Ahmadou-Ahmadou s’acharna à la perte de Barth qui raconte abondamment les dangers courus et ne dut la vie sauve qu’au chef des Kountas, le cheik EI Bakay. Tout récemment encore, cette haine se manifesta. En 1891, un lieutenant d’infanterie de marine, M. Spitzer, ayant été envoyé en mission auprès d’Ahmadou-Abdoulay, faillit être assassiné pendant la nuit, et n’échappa que grâce à la vitesse de son cheval. Depuis, en présence de nos incessants progrès, ce roitelet a imploré très humblement son pardon et nous paye tribut.

La mort d’Ahmadou-Ahmadou ne devait pas tarder à être suivie de celle de son vainqueur. El Hadj Omar s’était installé dans la capitale du vaincu, à Hamdallaï, lorsque les Foulbés se soulevèrent et vinrent l’y attaquer, renforcés d’une armée de Kountas.

Le Toucouleur résista plusieurs mois, mais la ville fut prise finalement. Étant parvenu à s’échapper, il se jeta dans les montagnes voisines de Bandiagara, et là connut à son tour l’abandon du vaincu et subit le sort d’Ahmadou-Ahmadou ; cependant sa mort ne fut pas aussi courageuse que celle du Foulbé. Poursuivi par l’ennemi, il se réfugia dans une caverne. On l’y cerna. Le feu fut mis à une grande quantité de poudre accumulée à l’entrée, et il périt sous l’écroulement des rochers (1863).