Page:Dubois - Tombouctou la mystérieuse, 1897.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
DIENNÉ, HIER ET AUJOURD’HUI

édifiées en murailles que revêt un crépi spécial, elles forment alors des masses compactes, sans solution de continuité. Les demeures ainsi construites semblent avoir été taillées dans un énorme bloc de pierre, défient à merveille les pluies diluviennes et les venteuses tornades, et, avec quelque entretien, qui consiste uniquement en recrépissages, elles durent des siècles.

La glaise façconnée en briques se prêtait donc admirablement à retracer le souvenir des habitations du pays natal. Les lignes massives et simples de l’architecture égyptienne s’en accommodent on ne peut mieux. Dans la glaise on peut tailler grand, ainsi qu’en ces montagnes de la vallée du Nil où les Pharaons faisaient découper à même le roc leurs temples, les hypogées et les monolithes. Elle a en outre l’avantage de se laisser travailler plus facilement et plus vite que la pierre la plus tendre. Grâce à elle, les habitations purent être construites dans le style nilolique dès la fondation de la ville, dès l’arrivée des émigrants en cette île, alors que l’image et les traditions des demeures de là-bas étaient vivaces encore.

Les maisons de Dienné, avant toute autre, offrent l’essentielle caractéristique de l’art égyptien : la recherche de là forme pyramidale à laquelle les architectes antiques attachaient l’idée de solidité. Dans leurs silhouettes d’ensemble comme dans le détail, aux portes notamment, elle s’impose à l’œil. Partout dans les vieilles constructions les murs se présentent avec une légère inclinaison vers l’intérieur. Pas de fenêtres ou très exiguës. La lumière et l’air pénètrent plutôt par des ouvertures pratiquées dans le plafond ou la toiture. Alors que chez tous les peuples nègres voisins nous trouvons les habitations couvertes de toits bombés que commandent les terribles pluies hivernales, ici les toitures sont plates comme dans la vallée inférieure du Nil où il ne pleut pas ou rarement. Les Égyptiens ne surent guère construire de voûte. Les Diennéens l’ignorent. Le sommet des demeures est orné de cré-