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DIENNÉ, HIER ET AUJOURD’HUI

Bani, et l’appela El-Lamdou-Lillahi (À la louange de Dieu !), maintenant Hamdallaï. Enfin, pour sanctifier le lieu où naguère l’on dansait et buvait du dolo, il y fit élever une mosquée aujourd’hui existante, que le rigoriste voulut simple, nue, banale. Lorsqu’elle fut achevée, il lui donna comme grand iman son fils Ahmadou-Cheikou qui devait lui succéder au pouvoir, puis il ordonna la destruction de la vieille mosquée (1830).

Il en reste un monticule de ruines, encadré et maintenu par le mur de clôture. L’intérieur de l’édifice a totalement disparu : les travées, les plafonds, les galeries, les deux tours, sont totalement effondrés. En revanche, les gros murs des façades ont mieux résisté aux démolisseurs. Ils ne sont que partiellement entamés, surtout au nord et au sud. Grâce à eux, ainsi qu’aux souvenirs des vieillards, mon travail de reconstitution fut relativement aisé. On distingue assez nettement les deux rangées de fenêtres, la bordure de la terrasse formée par les dentelures du faîte, et l’emplacement des grands contreforts. Guidé de la sorte, l’on finit par retrouver les fondements des murs de travée et des tours-minarets et l’étendue de la cour.

Il est en outre possible de vérifier la haute antiquité du monument, et c’est là la seule consolation de sa destruction. La méthode, très simple, est celle des bûcherons lorsqu’ils disent l’âge d’un arbre d’après les cercles concentriques de son tronc. Sur les gros murs de façade qui ont normalement une épaisseur d’un peu plus d’un mètre, j’ai relevé des couches de recrépissages successifs qui ne mesurent pas moins de 90 centimètres d’épaisseur ! Or, d’après les vieilles maisons, les maçons comptent 12 centimètres par siècle, ce qui nous ramène à la fin du xie siècle, et cette date concorde avec celle que le Tarik nous donne plus haut. Enfin, je veux faire remarquer aussi, en faveur de la durée des constructions de Dienné, l’étonnante résistance des murs