Page:Dubois - Tombouctou la mystérieuse, 1897.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
196
TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

proprement dit, et par conséquent Dienné. Il n’en connut, et ne put en faire connaître que Tombouctou, la porte devant laquelle il se trouvait consigné par la nature.

Tombouctou a joué, à l’égard de Dienné, le rôle d’un vaste écran qui masquait la grande ville songhoï aux yeux du monde. C’est ainsi qu’elle s’est trouvée éclipsée dans la mémoire de l’Occident. Cette écrasante prépondérance est loin d’avoir cours au Soudan.

Au sud, la renommée de la grande ville songhoĩ s’étendait au delà du pays de Kong, jusqu’à l’océan Atlantique. Elle envoyait ses commerçants et ses marchandises jusqu’au bord de la mer. Quand les premiers Européens qui trafiquèrent entre le Benin et le cap Palmas demandaient d’où provenaient l’or et les produits qu’on leur offrait en vente, les indigènes, altérant le nom, répondaient toujours : « Cela vient de Djenné.» Aussi les cartes donnèrent-elles à toute cette côte le nom de golfe de Guinée.

Par ricochet, également, Dienné a donné son nom à une monnaie anglaise : la guinée. Elle fut ainsi appelée parce que les premiers exemplaires avaient été frappés avec de l’or provenant du golfe de Guinée.

De toutes les grandes cités nigritiennes Dienné a le moins souffert des longs temps d’anarchie que l’histoire nous a révélés. La décadence n’y est pas visible de prime abord, ainsi qu’à Niamina ou à Sansanding. Néanmoins, ici aussi, la domination toucouleur a cruellement sévi. « Ce n’étaient que vexations et spoliations, me dit le vieux chef de la ville ; El Hadj Omar était un brigand. Ses fils et ses généraux ont continué sa besogne. Aussi peu à peu la ville s’est vidée de ses premiers habitants. Il était temps que les Français arrivent. Le colonel Archinard a très sagement agi. Arrivé