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DE PARIS AU NIGER

plus, de l’eau abondante. Chaque soir on s’endort au bruit de quelque rapide du Bakoy, d’une cascade ou d’une chute.

Je ne sais rien de plus suggestif que cette route. Elle est la grande artère du Soudan. On y voit, au Jour le jour, passer et se résumer toute la vie de la colonie, en même temps que ce miroir reflète la vie, l’image rétrospective des grandes routes d’Europe, avant le temps des diligences. Sans les coupeurs de route, toutefois. Car depuis dix ans nous avons fait en ce pays d’énormes progrès, quant à la pacification. À cette époque, le lieutenant de vaisseau Caron y cheminant « campait toujours comme en pays ennemi avec des sentinelles la nuit ». Aujourd’hui on y est autant en sécurité qu’aux Champs-Élysées.

Non que les voitures y soient nombreuses. Mais bêtes et gens ne manquent pas. Ce sont en majeure partie des porteurs. Les uns se rendent à destination chargés de mil, de bagages, de caisses ; les autres reviennent, libres de fardeaux,
sur la route : halte de dioulas.
joyeux comme des écoliers en vacances, dansant et gambadant au son d’une flûte ou d’un tambourin qui les précède.