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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

vêtement qui « fasse de l’usage ». Parmi les étoffes soudanaises de luxe il faut citer : les bannes de Kano d’un tissu très fin (coton), saturées d’indigo, lustrées au pilon, d’un brillant métallique curieux : on en fait de très beaux turbans ; des pagnes bleus et blancs de Ségou (coton) ; des couvertures blanches du Massina ; des tentures multicolores de Douenza, de Dandi, de Houmbouri, du Niafonké, du Haoussa. Ces deux dernières catégories de tissus sont en laine, et atteignent parfois des dimensions considérables.

La seconde partie du chargement des flottilles comprend les produits spécialement destinés aux commerçants du Maroc, du Touat ou de Ghadamès : or, ivoire, plumes d’autruche, cuir brut, cire, encens, musc des civettes, indigo, gomme, etc. Quelques esclaves figurent également dans ces apports, mais en nombre insignifiant. L’or vierge, tant en poudre qu’en anneaux, tient une place importante ; cependant il est impossible de la fixer par un chiffre, même à l’heure actuelle où la statistique a fait son entrée à Tombouctou, car rien n’est plus facile à dissimuler qu’une marchandise aussi peu encombrante.

Les envois si dissemblables du Nord et du Sud étant connus, le régime du commerce tombouctien apparaît maintenant en toute sa simplicité : c’est un double va-et-vient des caravanes du Sahara et des flottilles du Niger. Entre deux régions aussi différentes que le Sahara et le Soudan, un énorme transbordement est nécessaire : les chameaux passent leurs charges aux bateaux ; les bateaux confient leurs cargaisons aux chameaux. Tombouctou est le lieu de ce transbordement. C’est un entrepôt provisoire sur la limite des plaines de sable et des vallées copieusement arrosées, une ville de magasins et de docks, et cela à tel point qu’aucun Tombouctien ne possède ni un seul chameau, ni une seule embarcation !

Quel sera dès lors le rôle de la population ? N’étant pas des